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Merci de nous accueillir.
Monsieur le président, c'est un grand privilège pour moi. C'est la troisième fois je crois que je comparais devant le comité en à peu près trois mois.
Aujourd'hui, je vais commenter l'exposé habituel qui accompagne notre rapport. Soyez prévenu que ce qui apparaît à l'écran n'est pas en tout point identique à la copie papier que vous avez, en anglais seulement.
[Français]
On en est à traduire les diapositives en français, mais vous pouvez regarder la présentation parce que toutes les diapositives sont dans le rapport. Cette présentation est plus générale.
[Traduction]
Il s'agit en fait de l'exposé que j'ai donné au Forum des politiques publiques il y a à peu près trois semaines, en réponse à Advantage Canada, que le gouvernement a rendu public en novembre. Il y a beaucoup de recoupements entre Advantage Canada et notre rapport, mais ils ne sont pas identiques. La réflexion va dans le même sens, mais ils ne sont pas identiques.
Donc, très rapidement, nous avons maintenant publié notre rapport en quatre volumes. Voici à quoi ressemble le volume un. Il s'intitule Mission Possible : Un rendement phénoménal de l'économie canadienne sur la scène mondiale. On peut le trouver en anglais sur notre site Web. C'est avec plaisir que nous vous remettrons des copies papier des quatre volumes.
Gilles, vous avez aussi le résumé, au cas où les gens voudraient le voir.
M. Gilles Rhéaume: Oui, je l'ai distribué.
M. Glen Hodgson: L'hypothèse de base — et nous avons des preuves pour l'étayer — est que le Canada accumule du retard sur le plan de la création de la richesse dans son économie depuis 15 ans au moins maintenant.
Nous perdons du terrain, selon nous, pour deux raisons : il y a d'abord le changement structurel de l'économie mondiale — ce que j'appelle les plaques tectoniques dérivantes de l'économie mondiale; il y a ensuite le fait que le modèle des affaires internationales a changé. Il y a à peu près cinq ans, j'ai créé une expression pour décrire le phénomène, que j'appelle le commerce d'intégration, ce qui signifie que les entreprises repositionnent des maillons de leur chaîne d'approvisionnement dans le monde à cause de l'abaissement des obstacles au commerce depuis 20 ou 25 ans.
En voici des illustrations. Vous voyez ici le taux de croissance de la productivité du Canada par rapport aux autres pays de l'OCDE, les principaux pays industrialisés, depuis 1999. Vous pouvez voir où nous nous situons : nous sommes représentés par la barre rouge près des deux tiers du tableau, vers la droite. La croissance de la productivité des États-Unis est plus forte. Vous pouvez voir que des pays comme la Slovaquie, la Corée et l'Irlande connaissent un taux annuel de croissance de leur productivité qui est deux ou même trois fois le nôtre. Avec un effet cumulatif dans le temps, cela signifie notamment que le salaire réel ne progresse pas très rapidement.
La dernière fois, M. Julian a parlé de la disparité des revenus et du fait que le revenu des ménages ne progresse pas. C'est la conséquence directe de notre très piètre performance en matière de productivité par rapport à la plupart des autres pays. La différence est encore plus frappante lorsque l'on compare le Canada aux États-Unis. Vous voyez ici une comparaison de la productivité du Canada et des États-Unis sur 25 ans. Voici où nous sommes et voilà où sont les Américains. Cela se traduit par un écart d'environ 8 000 $ à 9 000 $ par habitant partout au pays. C'est l'équivalent de ce que l'Ontario consacre à l'éducation par étudiant.
Cela montre donc que si nous pouvions combler l'écart de productivité, nous pourrions avoir un système de santé et un système d'éducation de très haut calibre. Cela se traduit en fait en richesse sociale. Les données de 2006, qui sont très préliminaires, montrent que le Canada a encore reculé largement derrière les États-Unis. C'est très frappant — la seule période sur ce tableau de 25 ans où le Canada a été à égalité avec les États-Unis était en 2005, et c'était au moment où les États-Unis voyaient leur devise connaître une grave correction.
Pour ma part, j'estime ridicule l'idée de combler l'écart avec les États-Unis. Je pense qu'il faudrait plutôt essayer d'empêcher l'écart de se creuser davantage. Cette première étape serait déjà un grand pas en avant. Nous nous situons actuellement à 83 p. 100 du niveau de productivité des États-Unis. Des années d'analyse nous le montrent. De fait, il existe un très large consensus. La quasi totalité des économistes du pays s'entendent sur les données et sur le pronostic.
Du côté du commerce d'intégration, ceci vous donne des indications qui expliquent pourquoi le Conference Board et moi-même sommes fermement convaincus que les investissements étrangers sont un moteur déterminant du commerce international d'aujourd'hui. Les deux barres illustrent les taux de croissance annuels d'IED — Investissement étranger direct — des exportations et du PIB. Il est aisé de constater lequel est le facteur déterminant aujourd'hui, l'élément à la croissance la plus rapide : c'est l'investissement international, qui est près de deux fois supérieur aux exportations et qui est plus du double du PIB.
C'est donc dire qu'au lieu de parler de commerce extérieur et d'investissements, on devrait parler d'investissements et de commerce extérieur, en vue de créer un climat au Canada propre à attirer notre juste part d'investissements étrangers, tout en prenant des mesures destinées à encourager les entreprises canadiennes à investir à l'étranger pour se positionner dans le monde.
Ce n'est là qu'un autre élément qui illustre le commerce d'intégration. Ceci vous montre — c'est une diapo très chargée mais je vais vous l'expliquer très rapidement — le contenu national de nos exportations en fonction de divers secteurs.
Tout à fait à gauche, nous avons les combustibles minéraux, c'est-à-dire le pétrole et le gaz, et on peut voir que le contenu national est, bien entendu, très élevé. Nous importons un peu d'équipement technologique pour appuyer les secteurs pétrolier et gazier, mais c'est très élevé.
Tout à fait à droite, il y a l'industrie automobile. C'est en deça de 50 p. 100. En fait, le contenu canadien dans bien des véhicules fabriqués au Canada se situe à peine entre 32 et 33 p. 100. La majorité des véhicules est en réalité composée de pièces et de services provenant de l'étranger. Cela témoigne de la grande intégration nord-américaine de l'économie mondiale.
La courbe rappelle quelque peu une selle. Il y a le contenu canadien au titre des ressources et des services qui est élevé, puis le secteur manufacturier, où les niveaux de contenu canadien sont très faibles, un plus grand degré d'intégration, essentiellement au sein de l'Amérique du nord.
Encore une fois, cela confirme, en partie, l'importance du concept du commerce intégré. Bien entendu, j'ai passé dix ans de ma vie à Export et Développement Canada. Il est désormais impératif qu'EDC tente, dans son modèle commercial, de trouver un moyen d'appuyer les entreprises canadiennes à l'échelon international, en gardant à l'esprit le fait que nous sommes profondément intégrés au chapitre des investissements et des importations, qui sont un élément clé de l'exportation.
Dans le volume un de notre rapport, nous signalons quelques difficultés immédiates, et comme vous le constaterez, nous avons placé la durabilité en tête de liste.
Notre projet a duré trois ans et demi. Nous ne sommes pas arrivés à nos conclusions du jour au lendemain, c'est effectivement une question à laquelle s'intéresse le Conference Board depuis longtemps. En fait, Gilles s' occupe de ce dossier depuis 15 ans. Nous sommes convaincus qu'il faut trouver un moyen d'atteindre le juste équilibre entre la croissance économique et la protection de l'environnement. Les recommandations contenues dans notre rapport abordent cette question de front.
Deuxièmement, les grands déséquilibres qui caractérisent l'économie mondiale actuellement constituent un risque immédiat. La dernière fois que j'ai vérifié les chiffres, les États-Unis accusaient un déficit du compte courant de quelque 900 milliards de dollars. Cela représente 6,5 p. 100 du PIB américain. La désépargne aux États-Unis est massive, c'est-à-dire que les Américains consomment beaucoup plus qu'ils n'épargnent, mais le reste du monde, jouissant d'un surplus de liquidités, a les moyens de continuer d'alimenter la consommation et les habitudes d'investissements américains. Cet argent est provenu du Japon, puis de la Chine. Aujourd'hui, ce sont les pays du golfe, exportateurs de pétrole, qui sont la source de ces fonds.
Pour l'instant, la conjoncture semble être en équilibre, mais le déséquilibre est tellement prononcé qu'un jour, les investisseurs risquent de se réveiller et de décider de ne plus injecter des stocks massifs d'épargne dans l'économie américaine. À ce moment-là, il faudra opérer un ajustement, qui sera douloureux, et qui ne sera pas facile, ni direct, comme nous le signalons.
Troisièmement, il y a la suspension des négociations de cycle de Doha. Nous avons une petite lueur d'espoir d'ici à juillet, quand le mandat de négociation du président américain arrivera à échéance, mais nous pensons qu'il y a une chance sur trois, voire une chance sur cinq, que le cycle aboutisse.
Compte tenu des déséquilibres et de l'excédent que nous affichons avec les États-Unis, si le cycle de Doha échoue, nous aurons alors à composer de nouveau avec un congrès américain très protectionniste, et c'est pourquoi nous devons réfléchir immédiatement aux intérêts économiques du Canada. Vous connaissez le dossier beaucoup mieux que moi, et vous savez ce que cela signifie en pertes d'emploi et de coûts économiques. Nous devons être très conscients du fait que si nous n'agissons pas dans un cadre multilatéral, il nous faudra renégocier des accords commerciaux bilatéraux.
Enfin, il y a des marchés émergents, qui nous livrent concurrence tous les jours. La Chine a maintenant dépassé le Canada en tant qu'exportateur aux États-Unis sur une base mensuelle. Dans trois ans, et la tendance se maintiendra, la Chine deviendra plus importante pour les États-Unis que le Canada. Le revers de la médaille est que le marché de consommation y est énorme, et que les entreprises canadiennes doivent trouver une façon d'exploiter ce filon.
Permettez-moi de vous montrer un petit graphique qui illustre l'ampleur du déficit du compte courant américain actuel. Le déficit dure depuis longtemps. En fait, il a commencé avec Bush, père, et se poursuit actuellement avec Bush, fils. Je crains que ce soit au prochain président américain de régler ce problème. L'ampleur du déséquilibre est sans précédent, dans l'histoire de l'économie.
Là encore, je pense qu'il existe un consensus très fort parmi les économistes. Nous savons quelle est la nature du problème. Comment le résoudre alors? Dans les trois volumes de notre rapport, nous exposons cette stratégie. Je vais les parcourir très rapidement, car je les ai déjà abordés.
La première stratégie consiste à faire de la productivité et de la compétitivité une priorité nationale au Canada. J'ai passé six mois à esquisser ce graphique pour vous donner une illustration d'une éventuelle stratégie nationale en matière de productivité.
Au coeur de la stratégie, il y a le capital humain, l'investissement physique et l'innovation. Toute entreprise, toute organisation et toute politique publique doit s'articuler autour de ces axes, mais à cela doit s'ajouter un environnement opérationnel national. L'économie canadienne est très balkanisée, en ceci que nous avons créé des barrières aux limites territoriales des provinces. Il y a un manque d'harmonisation de la réglementation fédérale et provinciale; nous avons érigé toutes sortes de petites barrières à la concurrence qui font que nos entreprises ont de la difficulté à atteindre une taille optimale qui leur permette d'être concurrentielles sur la scène mondiale.
Parallèlement à cela, notre économie s'est désormais intégrée à celle de l'Amérique du nord, et bien entendu, nous faisons partie de l'économie mondiale. Donc, une stratégie nationale doit prévoir un plan qui tient compte de ces variables. On doit trouver une façon d'intégrer tous ces éléments dans une stratégie nationale.
La deuxième des cinq stratégies figurant au volume un découle du fait que nous croyons qu'il est impératif de créer un marché canadien unique. Cela implique des réformes et des ajustements sur bien des fronts, une meilleure harmonisation de la réglementation et une réduction des barrières entre les provinces, barrières aux mouvements des personnes, des biens et des capitaux.
Nous devons élaborer des stratégies en matière d'innovation au sein des entreprises et des pouvoirs publics afin de promouvoir la création de connaissance et d'innovation au Canada.
Nous devons en outre réformer notre régime fiscal en faveur d'une plus grande productivité. À ce propos, nous proposons des mesures comme les crédits d'impôt sur le revenu gagné, comme l'a recommandé le groupe de travail municipal à Toronto, et l'élimination de l'impôt sur le capital, mais nous prônons également une meilleure harmonisation de notre régime fiscal à l'échelle des trois ordres de gouvernement. On peut dire que les villes sont pour le moment les victimes du déséquilibre fiscal. En effet, les villes ne disposent pas de la même assiette fiscale que les deux autres ordres de gouvernement. C'est pourquoi notre troisième volume met cette question en relief. Les médias se sont beaucoup intéressés la semaine dernière à notre travail sur les villes.
Enfin, il y a les investissements dans l' infrastructure et la nécessité de garder ouvertes nos frontières. Nous sommes en train d'effectuer une étude très intéressante au Conference Board qui examine les conséquences des attentats du 11 septembre sur le commerce et tente de déterminer si nos frontières sont aussi efficaces qu'elles devraient l'être. Comme vous pouvez le voir, le graphique montre la performance relative du Canada en R-D au sein du groupe de l'OCDE. Il est triste de noter que nous représentons la petite ligne noire au bas du graphique. Nous avons tellement de retard que l'écart est frappant. Des petits pays comme la Finlande nous dépassent de loin au titre de l'investissement dans la R-D, et l'essentiel de cet investissement est fait par le secteur public. Le secteur privé, quant à lui, ne représente que le tiers de l'investissement total en R-D au Canada.
La troisième stratégie consiste à repenser notre main-d'oeuvre. Nous avons effectué beaucoup de recherche sur la politique d'immigration et sur la nécessité de retenir nos travailleurs vieillissants, de changer nos attitudes envers les travailleurs âgés, de bonifier l'investissement dans l'éducation et, somme toute, de souscrire au concept de l'apprentissage à vie. Nous proposons donc un plan d'action exhaustif. Je n'entrerai pas dans les détails pour le moment.
La quatrième stratégie, et c'est celle qui vous intéresse le plus, c'est la nécessité de réintégrer le commerce international et l'investissement dans une stratégie nationale en matière de productivité.
Je vois que certains d'entre vous sont en train de tourner les pages maintenant. Sachez que mon exposé n'est pas identique au document que vous avez, mais vous trouverez tout cela dans notre rapport si vous le lisez.
Les éléments constitutifs d'une stratégie nationale en matière d'investissement commercial impliquent, à votre avis, de redevenir un acteur principal dans le secteur de l'investissement étranger. Gilles, peut-être aimeriez-vous dire un mot à ce sujet, puisque c'est vous qui avait fait la recherche là-dessus.
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Je vais maintenant parler du commerce des services parce que notre part du commerce constituée de services est en fait en déclin alors que dans le reste du monde, il progresse. Il y a un immense paradoxe ici. En effet, les services représentent 70 p. 100 de notre économie nationale. Or, ils ne représentent que 12,5 p. 100 de nos exportations. Cela s'explique en partie par la part importante que représentent les richesses naturelles mais aussi, croyons-nous, parce que nous ne nous sommes pas vraiment penchés sur les services de façon stratégique. Cela nous ramène à la balkanisation de l'économie nationale. Notre économie est à trop petite échelle. Il y a trop de protection et si vous accordez trop de protection au pays, vos entreprises ne sont pas positionnées pour s'aventurer dans le monde et soutenir la concurrence internationale. Il n'est pas étonnant que les services n'aillent pas mieux et il y en fait très peu de débat national ou de discussion au sujet du commerce des services. Pourtant, c'est à cela que la plupart d'entre nous consacrons. En effet, 70 p. 100 de notre main-d'oeuvre travaille dans les services.
Cela nous amène au troisième point : adopter le commerce d'intégration. Il nous faut maintenant comprendre que l'on ne peut pas traiter les exportations et les importations comme deux éléments distincts. On ne peut pas séparer les investissements à l'interne des investissements à l'externe. On ne peut pas séparer les ventes des filiales étrangères des exportations. Tous ces éléments font partie d'un tout et quand notre milieu des affaires pense affaires internationales, il essaie de se rendre le plus efficace et concurrentiel possible et il faut que la politique du gouvernement leur emboîte le pas. Nous devons nous assurer que tous les instruments de la politique gouvernementale viennent appuyer le commerce d'intégration plutôt que le modèle traditionnel selon lequel les exportations étaient une bonne chose mais qu'on ne voulait pas vraiment importer trop parce que cela faisait concurrence à l'industrie nationale.
Le fait est que les importations sont essentielles aux exportations et essentielles au fonctionnement de l'économie nationale. Ériger des barrières artificielles aux importations ne fait qu'accroître les coûts et nous rendre moins concurrentiels.
Quatrièmement, et c'est peut-être la chose la plus importante, il faut repositionner le Canada comme leader lors des négociations multilatérales. Nous sommes convaincus que l'on nous a évincés du petit cercle fermé des négociations commerciales. Nous ne faisons plus partie de ce que l'on appelait la quadrilatérale. Nous en avons été écartés par l'Australie et la dure réalité est que nous avons été incapables de nous en prendre à certaines des vaches sacrées de notre économie, comme la gestion de l'offre — et Gilles pourra vous en parler mieux que moi — et même des secteurs comme la construction navale... Si vous ne pouvez pas offrir quelque chose en échange lors de négociations commerciales, vous ne pouvez pas vous attendre à obtenir en contrepartie un meilleur accès au marché. C'est la situation dans laquelle se trouve le Canada actuellement. Aujourd'hui, nous ne sommes pas perçus comme un joueur sérieux dans les négociations commerciales parce que nous ne sommes pas perçus comme étant disposés à ouvrir notre économie nationale à d'autres. Si vous ne vous ouvrez pas, vous allez demeurer en reste.
Nous croyons également que si Doha échoue, il faudra trouver une stratégie de rechange. Par exemple, resserrer les liens de l'ALENA, l'élargir pour y englober plus de secteurs, examiner des choses comme les barrières non tarifaires ou l'harmonisation de notre réglementation sur celle des États-Unis, et encore une fois, la réglementation est une manière très insidieuse et habile d'exclure des produits des marchés. Il faudrait aussi songer à d'autres marchés prioritaires, libéraliser les échanges sur d'autres marchés mondiaux, parce que les États-Unis sous la conduite de George W. Bush, ont signé 13 accords bilatéraux de libre-échange et nous pas un seul. Nous en avons signé trois depuis l'ALENA.
Actuellement, nous ne sommes pas vraiment de la partie. Les pays comme l'Australie, l'UE, la Chine, recherchent activement des formes de libre-échange régional bilatéral. Il faut que le Canada réintègre la partie.
Cinquièmement, la politique étrangère doit soutenir cette action. Notre position là-dessus, c'est que les États-Unis sont prioritaires. C'est notre partenaire le plus critique. Il faut penser à nos rapports avec les États-Unis chaque jour, mais il faut établir un axe parallèle vers la Chine et les marchés émergents parce qu'ils constituent le nouveau centre de la croissance économique, sans oublier le Japon et l'UE, qui sont nos partenaires traditionnels. Il est absolument essentiel que le Canada réfléchisse à tous les aspects de sa politique étrangère avec la Chine, l'Inde et le Brésil ainsi que les autres grands marchés émergents.
Quand à savoir où il faut commencer, nous pensons que l'option numéro deux est la meilleure, mais la plus difficile. Nous comprenons très bien qu'il est très difficile pour les élus de recommander à la population de s'attaquer aux vaches sacrées, là où il y a le plus de résistance, mais c'est ce qui rapportera le plus en créant un marché unique au pays, en augmentant l'efficacité de notre économie nationale, en définissant une politique de commerce et d'investissement à longue échéance et en s'attaquant au problème d'une main-d'oeuvre vieillissante.
Maintenant, Gilles, je pense que je devrais te céder la parole pour parler brièvement du volume deux.
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D'abord, si l'on envisage la situation sous l'angle de la performance économique et les occasions d'exportation de ces dernières années, on peut penser que notre prospérité économique dépendra pendant encore au moins 10 ou 15 ans de nos abondantes ressources naturelles. Certes, le marché international nous ouvre des perspectives, mais nous avons encore beaucoup de mal à en tirer parti.
Du côté des produits forestiers, les villes qui vivent de ces usines connaissent des difficultés et continueront à en connaître tant que nous n'aurons pas renouvelé notre secteur des produits forestiers. Le renouveau sera en effet essentiel. Pour le favoriser, il faudra cependant fermes des usines, et partant, nous doter d'une stratégie de soutien aux collectivités affectées. Il faudra aussi investir davantage dans des usines plus modernes et plus grandes.
Une des choses que notre étude de la situation des usines de pâtes et papier nous a révélé, c'est qu'elles étaient vieilles et petites en comparaison de celles d'autres pays. Il faut que cela change, et nous devons donc encourager l'industrie à agir dans ce sens. Il faut aussi que le secteur des produits forestiers se diversifie et trouve de nouveaux débouchés. Ainsi par exemple, on pourrait transformer la fibre ligneuse de manière à obtenir des produits biochimiques et bioénergétiques. La bioénergie pourra d'ailleurs aussi offrir des occasions pour traiter de questions telles que le changement climatique.
Dans le secteur agroalimentaire, le plus gros obstacle est la suspension du cycle de Doha. Tant que nous ne réussirons pas à corriger notre système commercial et à le libéraliser, l'agroalimentaire languira. Au pays, il importe aussi qu'il innove et qu'il offre des produits à valeur ajoutée.
Les perspectives sont excellentes pour les aliments transformés, les aliments de grande qualité et les aliments de catégorie pointue, tels que ceux à faible teneur en glucides, ceux à forte teneur en protéines et les aliments préemballés. Ces derniers sont porteurs d'avenir, non seulement dans le monde industrialisé mais aussi dans les économies émergentes, où les classes moyennes en pleine croissance cherchent des aliments de meilleure qualité. Nous devons en profiter, mais il nous reste certains obstacles réglementaires à surmonter. Les processus d'approbation réglementaires sont en effet lents et lourds et ils entravent les efforts d'innovation de l'industrie.
Dans le secteur minier, le cours des métaux a considérablement augmenté.Il y a d'excellentes perspectives d'avenir pour le Canada dans le marché mondial. Le problème le plus grave que ce secteur connaisse chez nous est l'épuisement progressif de nos réserves depuis deux décennies. Il faut donc que nous trouvions de nouvelles mines, et, à cette fin, il faudra qu'on autorise et qu'on soutienne la prospection. Des défis se poseront sur le plan environnemental, et nous abordons d'ailleurs le sujet dans notre rapport. Il faudra qu'on mette sur pied de vigoureux programmes de gérance de l'environnement, parce que ces activités se dérouleront vraisemblablement dans des zones écosensibles.
À propos du secteur énergétique, compte tenu de nos abondantes ressources, notre pays pourrait devenir une superpuissance énergétique, mais non sans entraîner à terme de lourdes conséquences pour l'environnement. Toutefois, nous pouvons également devenir une superpuissance de l'énergie propre, pourvu que, tout en exploitant nos ressources énergétiques, nous élaborions une vigoureuse stratégie de production de nouvelles technologies écologiques. Des projets pilotes en ce sens ont déjà été lancés, il s'agit d'en tirer parti et d'améliorer les choses grâce à la recherche et au développement. Si nous réussissons, cela ouvrira d'excellentes perspectives pour le Canada, non seulement pendant la décennie à venir mais jusqu'en 2030 ou 2040.
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Très brièvement, le troisième volume sur les villes a été publié la semaine dernière. Nous sommes devenus une nation fortement urbanisée. Très souvent, notre perception des choses est en retard par rapport à la réalité, mais c'est un fait que la moitié des Canadiens vivent maintenant dans les dix plus grandes villes de notre pays. Les deux tiers des emplois créés au Canada au cours de la dernière décennie l'ont été dans ces mêmes dix grandes villes et 80 p. 100 de notre PIB provient des villes.
Vous savez, lorsque quelqu'un d'un centre d'études et de recherche comme le Conference Board vient sur la Colline parlementaire, il observe certaines choses intéressantes. Ainsi, il existe des comités parlementaires de toutes sortes, mais y en a-t-il un qui a pour mandat d'étudier les villes? Dans l'histoire de nos institutions politiques, nous avons toujours dû nous efforcer de suivre le rythme de l'évolution de notre économie. À titre d'exemple, nous pensons que tous les ordres de gouvernement ont compétence lorsqu'il s'agit des villes. À cet égard, nous ne nous conformons pas à la Constitution, d'après laquelle les villes relèvent des provinces, car le gouvernement fédéral s'est déjà considérablement engagé à l'endroit des villes. Il l'a fait par l'entremise des programmes d'établissement des immigrants et grâce à son investissement dans l'enseignement postsecondaire et par d'autres moyens encore.
Il faut que nous investissions davantage dans des choses comme les infrastructures et l'écologie industrielle. Dans notre rapport, nous précisons d'ailleurs que les deux choses sur lesquelles nous devons absolument faire évoluer les mentalités sont les infrastructures urbaines et tout particulièrement les transports.
Certaines choses sont vraiment saisissantes. Vous savez, j'ai l'occasion de parcourir notre pays quasiment toutes les semaines. Or, dans le pays tout entier, Vancouver est la seule ville actuellement où l' aéroport est desservi par un système de transport rapide. Lorsqu'on atterrit à l'Aéroport international Pearson, on est frappé par le fait qu'il faut faire une course en taxi de 60 $ pour se rendre en ville et qu'on ne dispose pas de lien ferroviaire. C'est la même chose à Montréal. La ligne ferroviaire VIA est située à un kilomètre, mais en 50 ans, nous n'avons pas encore trouvé le moyen de prendre le train jusqu'à Dorval, jusqu'à l'Aéroport international Trudeau. C'est vraiment frappant. Il est absolument impératif d'investir dans ce genre d'infrastructure à notre avis, et aussi d'accorder de l'importance à toute cette idée de l'écologie industrielle.
En fait, il faut que nous concevions davantage nos villes comme des systèmes clos. Plutôt que de déverser des ordures à la périphérie de nos villes, il faut trouver un moyen d'utiliser ce genre de sous-produit, d'en faire des intrants pour produire autre chose. Il nous faut donc concevoir nos villes de manière très différente.
Nous nous efforçons toujours de terminer nos exposés sur une note optimiste. C'est d'ailleurs justifié, car, à notre avis, il n'est nul besoin d'attendre que quelqu'un vienne résoudre nos problèmes à notre place. Nous avons une bonne idée des défis que nous devons relever et avons déjà en main les instruments dont nous avons besoin. Il s'agit vraiment que les gouvernements, les parlementaires, le secteur privé et même de petits centres d'étude et de recherche comme le Conference Board fassent preuve de leadership, c'est-à-dire qu'ils cernent les difficultés puis qu'ils offrent des possibilités.
Ce n'est pas à nous qu'il incombe d'agir. Si nous sommes ici, c'est vraiment pour stimuler le débat. J'espère d'ailleurs que nous aurons réussi à apporter quelque chose à vos délibérations. Nous avons en main beaucoup de documents et encore d'autres diapositives, mais je pense que nous allons maintenant répondre à vos questions.
[Français]
Merci beaucoup.
:
C'est une excellente question, à laquelle j'ai d'ailleurs longuement réfléchi au cours des ans.
Commençons par les faits. La part canadienne du marché chinois de l'importation n'atteint que 1,6 p. 100. Nos exportations ont même peut-être diminué au cours de 2006. Par ailleurs, les importations de la Chine connaissent une croissance annuelle de 20 p. 100 à 25 p. 100 ce qui signifie que notre part du marché est en train de rapetisser plutôt que de s'élargir. Certes, nous avons connu une hausse rapide du cours des produits de base, mais il a ensuite plafonné puis reculé de nouveau.
Il faut que nous concevions avant tout la Chine comme un marché d'investissement. Une entreprise qui désire réussir dans ce pays doit d'abord savoir qu'elle ne pourra probablement pas expédier en conteneur là-bas la majorité des choses qu'elle produit ici et obtenir que les Chinois les consomment. Cela viendra un jour, mais il faudra que l'on considère de plus en plus la Chine comme un marché où il faut d'abord et avant tout investir.
Cela ne conviendra certainement pas à tout le monde car c'est très risqué. Il faudra en effet agir par l'entreprise de coentreprises, se trouver un partenaire local en qui on puisse avoir confiance. Il faut aussi protéger sa technologie et sa propriété intellectuelle. Les Chinois s'améliorent constamment à cet égard, ils gèrent mieux la propriété intellectuelle, mais il leur reste encore des progrès à accomplir.
Tout naît vraiment avec l'idée du commerce intégré, il s'agit de comprendre comment la Chine peut s'intégrer à votre chaîne d'approvisionnement et comment votre entreprise peut s'incorporer à la chaîne d'approvisionnement chinoise. Il faut presque concevoir cela comme un triangle. Vous avez mentionné les États-Unis, et vous avez tout à fait raison de parler du risque que nous courons d'être délogés sur le marché américain par les marchandises chinoises à coût plus faible. Ainsi par exemple, je songe à un secteur comme celui des pièces d'automobiles, qui, au cours des cinq ou dix prochaines années, subira certainement une très forte concurrence de la part du marché chinois des pièces d'automobiles courantes.
Par ailleurs, les entreprises américaines ont trouvé le moyen de s'implanter en Chine. On rapporte que quelque 55 p. 100 des exportations chinoises sont en fait fabriquées dans des usines appartenant à des intérêts étrangers, majoritairement américains.
Par conséquent, nous avons commencé à prendre pied sur ce marché, mais ce n'est pas encore très clair. Il faut que nous trouvions le moyen d'aller plus loin et obtenir que les compagnies canadiennes puissent s'implanter directement là-bas. Cela me ramène à la Société pour l'expansion des exportations, où j'ai déjà travaillé.
Depuis longtemps déjà, la SEE peut venir en aide aux entreprises qui veulent investir à l'étranger. J'étais fonctionnaire au ministère des Finances au début des années 90, quand le Parlement a décidé d'accorder à l'organisme les pouvoirs dont il avait besoin pour le faire. Cela dit, en tant qu'actionnaire, le gouvernement a été très peu disposé à donner suite à cet engagement, et même le conseil d'administration de la SEE a été réticent.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux de vous revoir. Vous avez tous les deux été très éloquents.
Des voix: Oh, oh!
M. Peter Julian: Je suis en désaccord avec vous sur la plupart de vos remarques, mais j'abonde dans le même sens que vous sur certains points. Je tiens toutefois à souligner aux fins du compte rendu que vous avez déjà eu droit à cinq ou six heures du temps du comité. Il y a bien des gens de la Colombie-Britannique qui voulaient témoigner devant notre comité pendant nos audiences sur cette capitulation qu'a été l'entente sur le bois d'oeuvre et qui ont été évincés par le gouvernement. Le gouvernement a donc accordé davantage de temps au Conference Board — trois fois plus — qu'à toute la province de la Colombie-Britannique dans le cadre des audiences du Comité du commerce international. C'est un problème fondamental car Ottawa a tendance à boire l'eau de son propre bain et nous nous retrouvons toujours avec les mêmes idées.
L'an prochain marquera le 20e anniversaire de ce qu'on a appelé l'Accord de libre-échange. Or, nous savons que c'était plutôt l'accord visant à réduire la taille du gouvernement, à mettre l'accent sur les relations avec les États-Unis à l'exclusion des autres pays et ce que nous constatons maintenant, bien sûr, c'est que les sociétés font des profits records mais que la plupart des familles canadiennes gagnent moins d'argent. En dernière analyse, l'idéologie qui a été privilégiée n'a rien donné de bon. Le résultat est un échec.
Dans votre mémoire, je constate que vous tentez de jeter le blâme sur d'autres secteurs plutôt que sur les véritables causes du problème. Vous parlez de productivité et il ne fait aucun doute que c'est un élément dont il faut tenir compte dans les investissements. Puis, vous nous comparez aux États-Unis et vous dites que les Américains sont plus productifs. Mais il ne faut pas oublier que les États-Unis connaissent les mêmes tendances que nous : la perte, comme l'a indiqué M. André, d'emplois dans le secteur manufacturier et l'érosion de la classe moyenne. Les Américains sont peut-être plus productifs, mais n'oublions pas la question des soins de santé. Aux États-Unis, 60 millions d'Américains n'ont pas les moyens de se payer des soins médicaux.
Il y a donc de plus en plus de richesse qui se retrouve aux mains d'un groupe de plus en plus petit de gens, poursuivre sur cette voie n'a aucun sens pour la plupart des Canadiens. Aux États-Unis, cela a été un des principaux enjeux, sinon le principal enjeu, des élections de mi-mandat qu'ont perdues les Républicains. Dans leur campagne, les Démocrates ont préconisé le rétablissement des emplois manufacturiers et l'aide à la classe moyenne.
J'en reviens à votre mémoire. J'en appuie certains aspects qui rejoignent les idées du NPD, par exemple, investir dans l'éducation et dans l'infrastructure. Cela ne fait pas de doute. Je ne puis toutefois pas appuyer certaines de vos autres idées — abandonner notre secteur agricole et poursuivre l'intégration avec les États-Unis alors qu'il a été prouvé que l'ALENA n'a pas profité aux Canadiens. Dans les deux semaines qui se sont écoulées depuis votre dernière comparution, nous avons entendu des représentants du Chili, un gouvernement progressiste, de l'Allemagne et de la Suisse. Ces pays définissent le commerce dans un contexte tout à fait différent. Ils parlent peut-être d'échanges commerciaux, et les Conservateurs diront qu'ils emploient les mêmes termes qu'eux et que, par conséquent, ils pensent comme eux, mais dans ces pays, on a prévu une excellente protection pour certains secteurs comme l'agriculture, comme vous le savez. De plus, l'investissement en recherche-développement est bien davantage axé sur les orientations publiques. Autrement dit, le secteur public joue un rôle important et crucial.
Ma question est donc très simple : puisqu'il faut sortir des sentiers battus et que, manifestement, l'expérience des 20 dernières années n'a pas donné les résultats escomptés, quelles leçons pouvons-nous tirer des pays où le secteur public est fort et protège certains secteurs comme le secteur agricole quand c'est dans l'intérêt du pays, et pourquoi cela ne se reflète-t-il pas dans votre mémoire?
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Nous ne nous sommes pas penchés sur des marchés précis du point de vue de l'importation ou de l'exportation. Nous avons établi un principe. Une des difficultés que pose la libéralisation du commerce, à terme, c'est qu'il ne s'agit plus de tarifs. Le monde actuel est un monde où les tarifs sont pratiquement inexistants, à quelques exceptions près. Les tarifs sont bas, et ils ne constituent plus la barrière qu'ils constituaient il y a 25 ans.
Ensuite, on commence à examiner les barrières non tarifaires, qui consistent toutes en des normes et des processus réglementaires. Cela nous ramène alors à la question initiale : sommes-nous prêts, à l'échelon intérieur, à faire face à la situation et sommes-nous en fait en mesure de comprendre les formes très subtiles de protectionnisme qui existent dans d'autres marchés.
S'agissant des importations, il est clair qu'on cherche à faire affaire avec ceux qui peuvent nous offrir des produits bon marché. Les Chinois n'éprouvent aucune difficulté à l'heure actuelle à exporter énormément de produits au Canada. Nous accusons un déficit commercial de 20 milliards de dollars avec la Chine actuellement.
De toute évidence, les barrières ne proviennent pas de marchés où l'on peut se procurer des produits très élémentaires, qu'il s'agisse des matières premières ou des produits de l'acier de base, et c. Il n'existe pas vraiment de barrières dans ces marchés. Les barrières se trouvent plutôt dans des formes de commerce beaucoup plus complexes.
Pour ma part, j'attacherais une importance au potentiel de croissance sous-jacent du marché d'exportation et au degré d'alignement culturel. C'est ce qui déterminera où nous allons faire du commerce.
Je vous donne un exemple : le Canada tente de conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne depuis peut-être 25 ans et nous n'avons pratiquement pas réalisé de progrès, même si cela nous permettrait de bénéficier énormément au chapitre des importations et au chapitre de l'accès aux marchés européens.
Pourquoi n'avons-nous pas réalisé de progrès? Pour deux raisons : parce que nous sommes quantité négligeable par rapport aux États-Unis, pour dire le vrai, avec lesquels les Européens préféreraient faire leur commerce, et parce qu'il s'agit de barrières non tarifaires.
Il n'y a pas vraiment de réponse facile à votre question. Il faudrait examiner ce qui motive la libéralisation des échanges bilatéraux et régionaux. Je vous donne l'exemple de l'Europe. Ma thèse est qu'il très peu probable que le Canada finisse par conclure un accord de libre-échange avec l'UE à moins que nous ne le fassions en tant que partenaire des États-Unis, car c'est seulement à ce moment-là qu'il y aura convergence des intérêts réglementaires des deux côtés de l'Atlantique, et alors là, nous pourrions réaliser des progrès réels au titre des barrières non tarifaires.
Il est facile de cerner des marchés en particulier. Il y avait un article cette semaine sur la ZLEE, la zone de libre-échange européenne, et sur la façon dont le Canada pourrait se tailler une place. La ZLEE compte deux pays, peut-être quatre? C'est une fraction infime de notre commerce global. Pour vous dire franchement, compte tenu de la rareté des ressources humaines nécessaires pour mener des négociations, à quoi bon?