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Permettez-moi de brosser un tableau général. Je tiens la barre du ministère depuis environ trois mois et demi, et je crois qu'il est temps de vous donner une idée de mon point de vue quant aux priorités, à la position commerciale du Canada et à certaines des questions sur lesquelles moi-même, en tant que ministre, et vous, en tant que comité, devons nous pencher au cours des prochains mois.
Je dirais d'abord — et c'est d'ailleurs ce que nous affirmerons dans un rapport sur le commerce international qui sera publié jeudi — que les bilans commercial et économique du Canada ont été très bons, sinon excellents, ces dernières années. Dans ce rapport qui sera diffusé jeudi, vous constaterez que les exportations ont dépassé 516 milliards de dollars en 2005, ce qui est une somme record. De même, le compte courant affiche encore une fois un solde sans précédent. L'économie canadienne dans son ensemble a enregistré de très bons résultats sur le plan macroéconomique, que ce soit au chapitre de la création d'emplois, du taux de chômage ou de la croissance de l'investissement dans le commerce de détail.
En général, l'économie dans l'ensemble du pays s'est portée très bien, mais je tiens à formuler une mise en garde à l'intention des membres du comité, car la vigueur que l'économie a enregistrée, tant sur le plan des échanges commerciaux qu'au niveau macroéconomique, est attribuable à deux facteurs qui ne continueront peut-être pas d'être présents et de contribuer ainsi à maintenir cette vigueur.
Premièrement, les membres du comité savent que les prix des produits de base ont été très élevés ces dernières années, surtout les prix de l'énergie, mais également ceux de bien d'autres matières premières. Cela a contribué à stimuler énormément l'économie canadienne et à offrir la possibilité aux entreprises du pays de faire des affaires dans le secteur des ressources naturelles, mais cela a aussi d'autres répercussions. Les gens constateront que la valeur du dollar canadien est montée en flèche au cours des trois ou quatre dernières années. En effet, il s'est apprécié d'environ 40 p. 100, et la plupart des analystes attribuent cette hausse en majeure partie à la vigueur du marché des ressources naturelles. L'augmentation de la valeur du dollar se répercute sur l'ensemble de l'économie, surtout sur le secteur manufacturier, qui a subi le contrecoup de la vigueur de l'économie. Cette conséquence s'est manifestée dans les régions, car au Canada l'industrie manufacturière est concentrée dans les régions. Par ailleurs, mis à part l'excellent rendement de l'économie, certains conflits sont survenus, et nous devrions en parler aujourd'hui.
L'activité économique a connu un essor considérable, tout comme l'emploi et l'investissement, durant les 11 dernières années, grâce à l'ALENA. Nous avons conclu l'Accord de libre-échange nord-américain le 1er janvier 1995, je crois, et la plupart des gens pourront affirmer que l'ALENA s'est révélé très profitable pour le Canada ces 11 dernières années. Malheureusement, même si 97 p. 100 à 98 p. 100 de nos échanges commerciaux effectués en vertu de l'ALENA se déroulent très bien, certains différends liés à cet accord sont survenus, dont celui au sujet du bois d'oeuvre, qui est le plus connu.
Malheureusement, aux États-Unis, au Canada et au Mexique, le public a surtout entendu parler des différends commerciaux liés à l'ALENA plutôt que des aspects très positifs de cet accord. En effet, au pays, nous entendons beaucoup parler des éléments négatifs de l'ALENA à cause des différends commerciaux, et la situation est la même aux États-Unis. Il y a bien des réserves à l'égard de l'ALENA chez nos voisins du Sud de même qu'au Mexique.
Dans l'avenir, nous allons devoir accorder davantage d'attention aux moyens d'améliorer l'ALENA pour faire en sorte que le Canada continue de bénéficier des occasions que cet accord a permis de créer.
Lorsqu'on examine le contexte dans lequel le Canada devra réussir sur le plan commercial, force est de constater que la mondialisation a profondément modifié le paysage économique international. Nous vivons maintenant dans un monde où il ne s'agit plus vraiment de penser à quel bien exporter dans quel pays; il faut plutôt penser en fonction des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Les chaînes d'approvisionnement mondiales impliquent souvent l'exportation et l'importation d'énormes quantités de biens dans un même secteur. Nous vivons dans un monde où l'économie mondiale s'appuie sur des chaînes d'approvisionnement, ce qui entraîne des investissements, souvent dans de multiples pays.
Cela crée un nouveau monde pour le commerce international et pour le Canada dans ce domaine. Cela signifie que le Canada ne doit plus simplement se concentrer sur les exportations ou les importations ou la balance commerciale. Il doit porter son attention sur le mouvement des capitaux d'investissement à l'échelle mondiale. Je ne parle pas uniquement des investissements au Canada, qui sont bien entendu importants et que nous voulons voir s'accroître, mais aussi les investissements canadiens à l'étranger, car les deux sont nécessaires pour que les entreprises et les travailleurs au Canada puissent contribuer aux résultats commerciaux et au développement de chaînes d'approvisionnement mondiales efficaces.
Ce sont là les défis auxquels nous sommes confrontés, et cela signifie que le Canada a beaucoup de travail à accomplir, notamment en ce qui a trait à la structure de nos accords commerciaux.
Nous savons tous que le Canada dépend d'un système commercial fondé sur un ensemble de règles qui soit stable et sûr. C'est un système de la sorte qui permet à un petit pays commerçant comme le Canada de prospérer au sein d'une économie mondiale dominée en grande partie par les États-Unis et par des puissances émergentes comme la Chine et l'Europe, et de participer à cette économie d'une manière assez juste et équitable.
Nous devons donc porter notre attention sur l'OMC, qui est le cadre au sein duquel les règles régissant le commerce sont établies de manière multilatérale. Il s'agit de la seule entité dans le monde qui fournit un véritable cadre législatif international qui définit les règles du commerce et de l'investissement.
L'ALENA s'est révélé extrêmement important, comme je l'ai dit plus tôt. Mais il faut se rappeler que l'ALENA n'est pas un accord fondé sur un cadre législatif international. Il s'agit d'un accord conclu entre trois partenaires, mais les différends liés à l'ALENA, comme nous le savons très bien, sont réglés en fonction des lois intérieures.
Lorsque les gens parlent du chapitre 19 de l'ALENA, qui concerne le règlement des différends, c'est qu'ils se demandent en fait si les Américains appliquent correctement leurs propres lois. Ceux qui pensent que dans le cas du conflit sur le bois d'oeuvre, par exemple, nous devrions lutter jusqu'au bout, et chercher à tout prix à remporter nos batailles juridiques en vue de sauver le chapitre 19 de l'ALENA font erreur. Cela ne fera qu'amener le Congrès américain, qui est de nature protectionniste, à modifier ses lois ou à en adopter de nouvelles pour qu'il soit plus difficile de remporter des causes en vertu du chapitre 19.
C'est le chapitre dont nous disposons sur le règlement des différends dans le cadre de l'ALENA. Il n'est pas parfait, mais c'est mieux que rien.
Le chapitre 19 présente certains avantages, comme je l'ai affirmé la dernière fois que j'ai comparu devant le comité. Il nous permet de récupérer des droits de douanes après avoir remporté une cause. Mais l'ALENA doit être amélioré; et pour cela, il faut de la collaboration et de la bonne volonté au sein des partenaires en vue d'en faire un instrument plus efficace. Ce sera là une priorité.
Je tiens à signaler que le Canada a pris du retard au cours des dix dernières années sur le plan de l'établissement d'accords bilatéraux de libre-échange. Par exemple, les États-Unis et le Mexique ont conclu de nombreux accords de libre-échange avec d'autres pays. Les États-Unis ont conclu 12 accords avec 18 pays. Dans le cas du Mexique, il s'agit de 13 accords avec 43 pays. Pour sa part, l'Australie est un autre pays qui a signé une multitude d'accords de libre-échange. De son côté, le Canada n'a conclu qu'un seul accord de libre-échange au cours des cinq dernières années, à savoir avec Porto Rico.
Si vous croyez comme moi que la prospérité de notre pays dépendra fondamentalement des échanges commerciaux, nous devons veiller à la réussite du cycle de négociations de l'OMC. Nous devons aussi négocier de manière plus énergique des accords bilatéraux de libre-échange. Les accords de libre-échange signés par nos partenaires commerciaux créent des avantages pour nos concurrents dans des marchés tiers. Nous ne pouvons pas laisser les entreprises canadiennes être désavantagées à cause de la prolifération d'accords de libre-échange.
Je vais terminer par la question de la compétitivité. Les gens ont constaté qu'on a beaucoup parlé ces dernières années de la productivité au Canada. Nous n'affichons pas de très bons résultats à ce chapitre. Bien que notre bilan soit très bon sur le plan macro-économique, notre position concurrentielle n'est pas très solide et nous reculons par rapport aux États-Unis et par rapport à d'autres économies dans le monde qui connaissent une croissance fulgurante.
Dans le cadre de notre programme de développement des échanges commerciaux, nous allons devoir nous pencher sur le lien qui existe entre le commerce et la compétitivité. Cela signifie que nous allons devoir examiner un grand nombre de questions de politique concernant notamment la fiscalité, la réglementation, l'investissement dans l'infrastructure, le système de transport de la porte d'entrée et l'infrastructure en ce qui a trait à l'accès à large bande et à l'accès à l'économie de l'information. Tous ces domaines contribueront de façon essentielle à l'amélioration de la position concurrentielle du Canada.
En somme, parmi les principaux pays industrialisés, le Canada est celui qui dépend le plus des échanges commerciaux, ce qui signifie que nos résultats commerciaux seront à l'origine de notre réussite ou du mauvais rendement de notre économie. C'est donc dire que tout dépend de notre position concurrentielle et des progrès que nous réaliserons sur le plan de l'établissement d'accords commerciaux. Nos échanges commerciaux seront le moteur de notre économie et de la création de la richesse et ils détermineront notre capacité à financer nos programmes sociaux et à offrir les types d'emplois que souhaiteront nos enfants et nos petits-enfants.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de vous être libéré pour comparaître encore une fois devant nous. Il y a quelques semaines, nous avons discuté avec vous du conflit sur le bois d'oeuvre. Vous comparaissez déjà à nouveau devant nous au sujet du Budget principal des dépenses — et je vous en suis reconnaissant — en compagnie de hauts fonctionnaires, à qui nous souhaitons également la bienvenue.
Monsieur le président, j'ai deux questions à poser au ministre, et s'il reste du temps pour d'autres questions, ou avant de quitter pour le vote, je sais que M. Maloney aurait quelques questions à poser lui aussi, ou peut-être pourra-t-il les poser lors de la deuxième ronde.
Le gouvernement précédent s'était penché sur une initiative qu'on avait appelé Commerce-CAN. Je sais que vous connaissiez bien cette initiative. Je crois savoir — et vous aurez peut-être davantage de détails à nous donner — qu'il s'agissait d'une initiative visant à accroître le budget du ministère de 470 millions de dollars en cinq ans, à expliquer aux petites et moyennes entreprises les enjeux que présentent les nouveaux marchés, à présenter le Canada comme un partenaire potentiel dans le marché de la haute technologie et comme un pays où on peut investir en vue de bénéficier de l'ALENA, à aider des petites et moyennes entreprises à percer certains des marchés nouveaux et émergents, et à accroître la présence des délégués commerciaux et des personnes qui travaillent au sein de votre ministère, qui, d'après ce que je sais, accomplissent un travail extraordinaire dans des circonstances difficiles, notamment en Chine.
Un de nos collèges a proposé de faire passer de cinq à 25 le nombre de postes en Chine, car ce pays compte 53 villes de plus d'un million d'habitants. Vous savez cela, monsieur le ministre, mieux que nous. J'aimerais savoir ce que compte faire votre ministère en ce qui concerne l'initiative Commerce-CAN. Pensez-vous obtenir ces fonds supplémentaires, et si c'est le cas, de quelle façon utiliseriez-vous cet argent pour améliorer le travail que j'estime extraordinaire qu'accomplit votre ministère dans les divers endroits dans le monde et ici même au Canada?
Je vais vous poser tout de suite, monsieur le ministre, ma deuxième question pour éviter de vous interrompre. La dernière fois que vous avez comparu devant nous, nous avons parlé des entreprises de deuxième transformation du bois. Vous avez déclaré — et je crois que c'est une déclaration très positive — que vous vouliez nommer une personne chargée de s'occuper directement des préoccupations de ces entreprises. Je sais qu'elles ont encore d'importantes préoccupations en ce qui concerne l'entente potentielle sur le bois d'oeuvre. Avez-vous déjà nommé quelqu'un pour travailler avec elles, par exemple, à l'établissement d'un quota ou d'une disposition visant à les protéger advenant la conclusion dans l'avenir d'une entente visant à régler un autre différend.
Aussi, vous avez parlé d'examiner des moyens pour faire en sorte que les entreprises canadiennes, qui vivent une période très difficile, puissent récupérer les dépôts plus tôt que le permettrait le mécanisme normal, qui est assez complexe. C'est ce que vous avez dit, en admettant que dix, neuf ou douze mois ne sont peut-être pas acceptables. Avez-vous des nouvelles à ce sujet-là.
Merci.
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Au sujet de Commerce-CAN, nous sommes en train d'effectuer une évaluation stratégique. Je dois dire que j'ai toujours été en faveur, et je le suis encore, d'une augmentation des ressources consacrées au développement des échanges commerciaux, dont s'occupe le ministère du Commerce international et des Affaires étrangères, la Société pour l'expansion des exportations et la Corporation commerciale canadienne. Nous avons besoin d'une plus grande présence sur le terrain et d'un plus grand nombre de personnes qui comprennent l'utilité pour le secteur privé d'obtenir de la part de fonctionnaires de l'information qui lui procurera de nouveaux débouchés, l'aidera à établir des partenariats, etc. Je suis tout à fait en faveur de cela.
En premier lieu, j'estime que nous devons nous concentrer sur la structure de nos accords commerciaux. Autrement dit, en ce qui concerne la Chine, nous devons véritablement réaliser des progrès, et je dois dire que nous progressons bien sur le plan d'un accord de protection et de promotion des investissements étrangers. La structure doit être mise en place. Nous sommes sur le point de signer un accord de coopération dans le domaine de la science et de la technologie avec la Chine. Je le répète, nous devons créer une structure d'investissement dans le cadre de laquelle nous pouvons encourager nos entrepreneurs et nos entreprises à faire des affaires à l'étranger.
Les modifications à apporter à la structure doivent être notre priorité. Nous sommes en train d'élaborer des propositions semblables à l'initiative Commerce-CAN, que le gouvernement examinera. Nous devons absolument nous pencher là-dessus.
Quant aux entreprises de deuxième transformation, nous avons engagé un sous-traitant, M. Doug Ketchison. Il se concentrera uniquement sur les questions liées à la valeur ajoutée et sur les façons de faire en sorte que, grâce à des améliorations à l'accord, ces entreprises soient traitées de la manière la plus avantageuse possible. C'est parfois complexe, comme vous le savez peut-être, car certaines entreprises de deuxième transformation ont des tenures forestières. Cela complique les choses, comme vous n'êtes pas sans le savoir, car ce sont les détenteurs de tenures forestières qui sont réellement la cible de cette attaque protectionniste.
Pour ce qui est des dépôts, tandis que nous sommes en train de régler les derniers détails juridiques d'un accord, nous continuons d'examiner comment nous pourrions faire en sorte que les dépôts soient récupérés plus rapidement que ce serait le cas normalement. Comme vous le savez, si nous continuons les procédures, il faudra des années avant de pouvoir récupérer l'argent, et peut-être même que nous ne l'obtiendrons jamais. Je crois que nous pouvons réussir à obtenir un paiement accéléré, et nous sommes en train d'étudier des façons d'y parvenir.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence. Puisqu'on parle des crédits, on va élargir un peu la discussion. J'ai, moi aussi, quelques questions sur la négociation concernant l'entente-cadre sur le bois d'oeuvre, mais il y a d'abord deux choses que j'aimerais savoir.
Premièrement, dans l'Énoncé de politique internationale qui avait été déposé par l'ancien gouvernement, il y avait un volet sur le commerce international. Est-ce que ce document a toujours une certaine valeur, ou est-ce que le gouvernement conservateur a l'intention de se donner une nouvelle politique en matière d'affaires internationales et, évidemment, de commerce international? Si oui, comment les parlementaires y seront-ils associés?
Deuxièmement, vous avez souligné le fait qu'il y a une montée du protectionnisme aux États-Unis, mais en général, dans le monde occidental, et je dirais même sur toute la planète, il y a une méfiance à l'égard de ce qu'on appelle la mondialisation, la libéralisation des marchés. On le voit à l'OMC, et ce ne sont pas simplement des protestataires, ce sont des pays comme le Brésil et l'Inde qui se dissocient d'une dynamique qui allait de soi il y a quelques années. En ce qui concerne la Zone de libre-échange des Amériques, c'est complètement mis de côté, en particulier par le MERCOSUR. Même L'ALENA est contesté dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, particulièrement au Mexique. Les gens se méfient comme de la peste du Partenariat nord-américain pour la prospérité et la sécurité; on ne sait pas ce que ça veut dire exactement.
Tout cela m'amène à vous demander quel genre d'effort de transparence le gouvernement et le ministère ont l'intention de faire concernant les négociations en cours à l'OMC avec la Corée et avec les pays d'Amérique centrale? On a souvent l'impression, sans vouloir accuser personne, qu'on court après l'information. Par exemple, en ce qui concerne les services, la situation a débloqué. J'ai rencontré monsieur Gero et lui ai posé la question. J'ai appris que la situation avait débloqué. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas me répondre, c'est que je n'avais pas eu l'occasion de lui poser la question.
Il me semble qu'il y a un mécanisme à mettre en place avec les parlementaires et avec les groupes de la société civile, afin d'avoir une idée juste des enjeux et des négociations qui sont en cours.
En ce moment, les TCA sont en campagne contre l'accord de libre-échange avec la Corée. Ils ont peur pour le secteur de l'automobile. Est-ce qu'ils ont raison ou tort? Je ne suis pas en mesure de leur répondre, mais il est certain que cela aura un effet négatif dans plusieurs régions, en particulier dans le sud de l'Ontario, s'il n'y a pas suffisamment de transparence et si les préoccupations de la population ne sont pas prises en compte.
L'autre question que je voulais aborder concerne la loi de mise en oeuvre de l'entente-cadre avec les Américains dont vous avez parlé. Lorsque je vous ai questionné à ce sujet à la Chambre, vous avez parlé d'un avis de voies et moyens. Je voudrais donc savoir, s'il nous reste du temps, s'il y aura ces deux choses et quel sera le rôle l'une et de l'autre.
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Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, les analystes ont été presque unanimes à dire que l'ALENA a été très avantageux pour le Canada. Au cours des dernières années, les médias et les nombreux enjeux comme celui du bois d'oeuvre en ont terni l'image aux yeux des Canadiens. La plupart des gens y associent des problèmes importants.
Comme je l'ai dit également dans mon introduction, la même attitude prévaut aux États-Unis et au Mexique. L'ALENA crée une entente et un cadre pour le libre-échange, mais un cadre fondé sur la législation interne. Si l'un ou l'ensemble des pays fait preuve de mauvaise volonté, les lois nationales peuvent évoluer et être modifiées de manière à nuire à l'ALENA. Il est donc très important de faire en sorte que les parties à l'ALENA continuent de faire preuve de bonne volonté, pour éviter de nuire à l'ALENA par l'adoption de règlements, l'adoption de lois qui peuvent être conformes à l'ALENA, mais qui détruisent l'accord.
C'était la première fois, à Acapulco, que la commission de l'ALENA se réunissait pour parler de l'avenir de l'accord et de la façon dont nous pourrions travailler en plus grande collaboration pour en faire un instrument plus positif et dynamique. Nous avons reconnu que l'Amérique du Nord avait la chance de créer des chaînes d'approvisionnement intégrées qui, si elles fonctionnent sans obstacle et sans perturbation aux frontières, peuvent rendre l'industrie nord-américaine plus compétitive face au monde extérieur.
Selon moi, nous devons nous servir de l'ALENA pour que notre industrie automobile ou nos industries technologiques fassent partie de chaînes d'approvisionnement efficaces, sinon nous allons en payer le prix sur la scène internationale. Dans l'économie mondiale d'aujourd'hui, la compétitivité vient davantage des regroupements d'entreprises et du déplacement des produits, des intrants et des personnes — des capitaux, des idées, des renseignements échangés entre une foule... Des milliers d'entreprises sont regroupées pour former une chaîne d'approvisionnement.
La concurrence vient de là, beaucoup plus que de l'efficacité d'une usine isolée, que ce soit une usine de fabrication d'automobiles ou une scierie. L'efficacité des manufactures est certes importante. Toutefois, dans l'économie mondiale, la compétitivité générale vient davantage de l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et de la manière dont cette chaîne intègre les fournisseurs jusqu'au niveau du marché, sur le plan de la logistique, du transport et ainsi de suite.
J'aimerais remercier le ministre de comparaître devant le comité. Je remplace Peter Julian aujourd'hui.
J'ai quelques questions au sujet du bois d'oeuvre, de l'ALENA et du libre-échange. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé de la création de nombreux emplois et d'un bon climat, mais également des effets du dollar canadien.
Je suis originaire du nord de l'île de Vancouver et je représente des travailleurs de l'industrie forestière. Malheureusement, bon nombre d'emplois ont été perdus en raison des exportations de billes de bois. Des travailleurs ont perdu leur emploi dans les scieries à cause du litige sur le bois d'oeuvre. La hausse du dollar a aussi des incidences sur certaines usines de papier Kraft. Ces effets se font sentir. Je veux seulement vous donner une idée de la région d'où je viens.
Je vois qu'un arbitre indépendant de Londres a été nommé pour régler la question du bois d'oeuvre. Est-ce dans ce budget? Cette personne a-t-elle été nommée dans l'entente? Ces coûts sont-ils prévus dans ce budget? Combien de fois ferait-on appel à cette personne, le cas échéant? Nous ne faisons qu'entendre ces choses. Un budget a-t-il été alloué? Pourquoi ferions-nous appel à un arbitre indépendant si un mécanisme de règlement des conflits est déjà prévu dans l'accord de libre-échange?
En Colombie-Britannique, la rumeur veut qu'il existe une autre version de l'entente que les Américains ont présentée à leur gouvernement. Si c'est vrai, comment allons-nous concilier cela? Y aura-t-il des coûts supplémentaires associés à la négociation de cette entente? L'échéancier du processus de règlement sera-t-il prolongé? Quelles seront les conséquences financières?
Pour ce qui est du libre-échange, vous avez dit aussi à plusieurs reprises que l'ALENA n'était pas parfait — et nous l'avons toujours su. Je crois que les négociations ont été entreprises pour régler certains problèmes. Toutefois, vous parlez d'examiner toutes les questions de politique gouvernementale touchées par des accords commerciaux; vous engagerez-vous à examiner davantage les accords de commerce équitable? Convoquerez-vous des témoins pour explorer certains processus assujettis aux règles du commerce équitable qui seront bénéfiques pour l'économie d'autres pays avec lesquels nous avons des accords commerciaux et qui sont également meilleurs pour l'environnement? Les produits équitables connaissent du succès. Ils s'inscrivent dans l'opinion publique, et c'est quelque chose que le gouvernement doit explorer, selon moi.
Merci.
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Merci beaucoup, et bienvenue au comité. C'est bien qu'une personne du nord de l'île vienne nous parler de foresterie.
Concernant l'arbitre indépendant, l'accord-cadre prévoit un mécanisme d'arbitrage extérieur à l'ALENA. Comme vous le savez, le chapitre 19 de l'ALENA porte sur le principal mécanisme de règlement des conflits, mais quand vous allez au chapitre 19, il y a toutes sortes de problèmes.
Il n'est pas nécessaire d'être très persuasif ou d'avoir de solides arguments si vous êtes du côté américain et que vous voulez faire adopter un droit compensateur ou un droit antidumping. En fait, nous avons vu que les arguments pouvaient être peu convaincants. Toutefois, des droits provisoires peuvent être imposés pendant des années; les entreprises paient ces droits et peuvent attendre jusqu'à cinq ans, comme nous l'avons vu, avant que les droits soient réduits à un niveau même modeste.
Le chapitre 19 constitue un moyen encombrant de régler les conflits. On espère qu'en ayant une entente, tout d'abord, les litiges seront de nature relativement technique et n'auront pas l'effet d'une bombe à neutrons. Il vaudrait mieux les régler par un mécanisme d'arbitrage dans le cadre de l'accord lui-même. Je crois que ce serait beaucoup moins coûteux que le mécanisme prévu dans le chapitre 19, simplement parce qu'on ne dépendrait pas autant des grands cabinets d'avocats de Washington, de Toronto ou d'ailleurs pour faire le travail.
Vous dites qu'un arbitre de Londres a été nommé. À ma connaissance, aucun arbitre n'a été nommé et il n'y a pas d'arbitrage en cours. Toutefois, l'accord prévoit que les arbitres ne doivent pas être des Nord-Américains pour éviter qu'il y ait un parti pris réel ou apparent. C'est ce qui se passe ici.
Vous parlez de la position du Canada et de la contre-position des États-Unis. C'est vrai. En fait, ce que l'on voit souvent dans ces négociations, c'est le Canada qui présente une position, puis les États-Unis qui en présentent une autre. Chacun veut tenir le crayon lorsque l'entente est rédigée, parce qu'on croit que celui qui tient le crayon a un avantage.
À l'heure actuelle, nous essayons de fusionner le texte américain et le texte canadien. C'est là où les négociations se corsent. Nous examinons ce que les Américains aimeraient voir dans l'entente détaillée et nous essayons de concilier cela avec la position canadienne. On espère en arriver à une entente avantageuse.
Nous prenons bonne note de vos préoccupations en matière de politique gouvernementale et de commerce équitable. Nous sommes bien conscients de cela. En effet, lorsque le Mexique est entré dans l'ALENA, on y a inclus une disposition pour tenir compte de certaines préoccupations au sujet de la main-d'oeuvre et de l'environnement au Mexique. La même chose s'appliquerait à d'autres accords de libre-échange. Nous voudrions certainement garantir qu'aucun autre pays ne profiterait d'un certain laxisme dans les pratiques environnementales, les normes du travail ou la protection de la propriété intellectuelle pour faire concurrence à nos entreprises. C'est un aspect dont nous tenons compte.
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Permettez-moi d'abord de dire que nous ne négocions pas avec la Corée à la hâte. Nous travaillons à cet accord depuis plus d'un an, je crois. Nous avons tenu des consultations auprès de l'industrie.
Nous travaillons en étroite collaboration avec l'industrie de l'automobile. Comme vous le savez, des fonds publics ont été injectés par centaines de millions de dollars dans l'industrie automobile canadienne. Nous avons travaillé de près avec elle pour ce qui est des mesures de protection de l'environnement. Nous l'avons amenée à jouer un rôle de leadership concurrentiel en Amérique du Nord et je crois que c'est une chose généralement reconnue maintenant.
Si vous examinez les relations entre le Canada et la Corée, vous devez constater que la Corée va fabriquer un grand nombre de véhicules aux États-Unis. Ces véhicules pourront entrer en franchise au Canada dans le cadre de l'ALENA. Quatre-vingt-cinq pour cent des véhicules canadiens sont vendus aux États-Unis à l'heure actuelle. La menace qui guette le secteur de l'automobile en Corée n'est donc pas aussi effrayante qu'on voudrait le laisser croire.
Il ne fait aucun doute — et nous avons travaillé de près avec le secteur automobile à ce sujet — qu'il y a des barrières non tarifaires au commerce en Corée qui sont difficiles à surmonter. Nous avons rencontré des représentants de l'industrie ici et aux États-Unis et des représentants du gouvernement américain pour voir comment le Canada et les États-Unis peuvent garantir que tout accord de libre-échange que l'un ou l'autre des deux pays pourrait conclure serait équitable et assurerait une protection suffisante au secteur de l'automobile et à d'autres.
Je dois toutefois faire remarquer que l'industrie automobile dit essentiellement « Nous n'aimons pas le libre-échange parce que les Coréens ne seront pas équitables et nous ne pourrons pas pénétrer le marché canadien; par conséquent, des critères quantitatifs doivent être instaurés. Nous voulons une certaine pénétration du marché coréen avant d'abaisser les tarifs canadiens. »
Or, si on applique les mêmes critères aux échanges Canada-États-Unis, les critères de balance commerciale dont parle Stanford dans un article paru dans le journal ce matin, nous aurions de graves problèmes. Les Américains voudraient que tous les emplois que nous avons amenés au Canada retournent aux États-Unis, puisque nous avons une balance favorable avec les Américains. À mon avis, il serait illogique de faire valoir cet argument à l'égard de la Corée sans vouloir l'appliquer à nos autres partenaires commerciaux, mais nous travaillons avec eux et nous croyons que nous pourrons conclure une entente.
L'éventuel accord de libre-échange Canada-Corée offre des avantages importants au Canada. Nous les avons quantifiés et avons élaboré des modèles. Ils s'élèvent à plus de 500 millions de dollars et pourraient même être à la hauteur de 1,5 à 2 milliards de dollars par année. Nous n'essayons donc pas de conclure un accord de libre-échange qui nuira au Canada — bien au contraire.
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Bonjour, monsieur Emerson.
Vous nous avez démontré récemment que le commerce international était votre priorité, au-delà des campagnes électorales. Je vous en félicite.
Indépendamment des bonnes performances qu'on peut avoir comme gouvernement, particulièrement votre ministère, lorsqu'on rencontre la population, elle nous juge en fonction des pertes d'emplois subies dans certains domaines. C'est surtout cet aspect que les gens nous reprochent. Quelles que soient nos grandes politiques, si les gens sont touchés par des pertes d'emplois, leur jugement est très négatif face au gouvernement. Ils se demandent comment il se fait qu'on ne protège pas nos emplois.
C'était mon préambule pour vous parler de l'industrie du vélo, où il y a eu beaucoup de pertes d'emplois récemment à cause de l'importation de vélos. Le Tribunal canadien du commerce extérieur a étudié toute la question de long en large. Il a fait la constatation, que vous connaissez sûrement, que la production nationale a diminué de 23 p. 100 et qu'il y a eu une baisse de production de plus de 259 000 unités. La situation est donc très grave. C'est pourquoi le Tribunal canadien du commerce extérieur a décidé que le Canada devrait imposer des mesures de sauvegarde de 400 $, et moins pour des vélos de moindre coût, pour protéger l'industrie du vélo et préserver les emplois.
Vous savez qu'une industrie située dans le comté même du ministre de l'Industrie a subi de lourdes pertes d'emplois. La réponse que vous avez déjà donnée à la Chambre était à l'effet que vous vouliez préserver un prix le plus bas possible pour le consommateur. Toutefois, c'est un choix difficile à faire devant des pertes d'emplois d'ouvriers canadiens.
J'aimerais que vous précisiez un peu votre réponse à ce sujet. Pourquoi refusez-vous d'appliquer le jugement du Tribunal canadien du commerce extérieur?
J'ai déjà mentionné que pour être concurrentielles dans l'économie mondiale d'aujourd'hui, les entreprises canadiennes doivent participer avec efficacité et efficience aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Pour ce faire, elles doivent véritablement avoir accès à des systèmes de transport et de logistique concurrentiels à l'échelle internationale.
Mon portefeuille comprend la porte d'entrée du Pacifique pour l'Asie, c'est-à-dire toute une série d'installations et de corridors de transport, surtout dans l'Ouest du Canada, qui, si nous investissons comme les autres investisseurs qui investissent des milliards de dollars, permettront aux entreprises canadiennes de participer à des chaînes d'approvisionnement juste à temps, à devenir fournisseurs de ces chaînes d'approvisionnement, à les gérer et à se positionner comme des concurrentes de calibre mondial.
J'ajouterais aussi que le concept de la porte d'entrée a des incidences dans tout le pays. Les gens se souviendront que lorsque le port de Vancouver a fermé l'été dernier, les répercussions se sont fait sentir jusqu'au centre du Canada, à Toronto, à Montréal et même à Halifax. Nous devons mettre l'accent sur le fait que les portes d'entrée et les systèmes de transport seront cruciaux, non seulement dans l'Ouest, mais partout au Canada. D'ailleurs, il y aurait un potentiel de porte d'entrée du genre dans l'Est canadien, comme il y en a dans l'Ouest canadien.
Je tiens à souligner que le concept de la porte d'entrée pour les transports dans l'Ouest canadien se fonde sur l'idée que nous pouvons transporter des biens et des services entre l'Asie et toute l'Amérique du Nord, pas seulement le Canada. Par exemple, si l'on envoie des conteneurs au port de Prince Rupert, on peut ensuite les envoyer par train vers Chicago pour distribution sur le marché des États-Unis. On peut faire la même chose à partir de Vancouver. Le fait que des produits à destination des États-Unis ou des produits provenant des États-Unis et à destination de l'Asie passent par notre réseau de transport nous permet de développer un réseau de transport beaucoup plus efficace que si nous dépendions seulement de la circulation canadienne.
Encore une fois, on crée un réseau de transport et un avantage concurrentiel dont peuvent tirer profit les entreprises canadiennes. La même chose serait possible dans l'Est canadien. Nous avons le corridor Windsor-Detroit. D'une certaine façon, c'est une porte d'entrée. Montréal se positionne également comme une porte d'entrée pour les transports, tout comme Halifax.
Il y a donc beaucoup de possibilités et le lien avec la compétitivité est très direct.
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Je veux revenir sur la décision du Tribunal canadien du commerce extérieur concernant les mesures de sauvegarde, parce que, on le comprend très bien, les mesures de sauvegarde constituent un geste temporaire pour permettre à l'industrie de se remettre sur pied. Je suis allé visiter l'usine de Raleigh à Waterloo. Ils ont maintenant des robots qui font des soudures, mais cela prend de l'argent et un peu de temps. Il me semble qu'il était raisonnable de permettre à cette industrie de se retourner pour faire face à la concurrence vietnamienne et chinoise.
Vous avez décidé plutôt de prendre le parti des distributeurs; c'est votre choix.
Maintenant, le secteur du meuble est en train de faire une démarche en vue d'obtenir des mesures de sauvegarde. Quel message leur envoie-t-on? Peu importe que vous arriviez à faire la preuve ou non devant le Tribunal canadien du commerce extérieur, on ne l'appliquera jamais. D'ailleurs, on n'a jamais appliqué une seule mesure du Tribunal canadien du commerce extérieur concernant les mesures de sauvegarde. Alors, aussi bien dire que le Canada n'utilise pas ce que les règles internationales lui permettent d'utiliser pour protéger temporairement son industrie. C'est un très mauvais signal que vous envoyez à nos manufacturiers.
Pour ma part, j'ai été extrêmement déçu de cette décision. C'est certain qu'il n'est jamais agréable d'utiliser des mesures de sauvegarde, mais j'imagine que les gens du secteur du meuble doivent être bien inquiets face à la perspective de dépenser de l'argent pour payer des services d'avocat, tout en sachant qu'au bout du compte, même s'ils remportent une victoire devant le Tribunal canadien du commerce extérieur, en ce qui concerne les mesures de sauvegarde, il est peu probable qu'on y aura recours.
Dans quel contexte pourriez-vous donner suite à une décision du Tribunal canadien du commerce extérieur? Les réponses que vous nous avez données seront toujours vraies: cela augmentera le coût pour les consommateurs qui veulent acheter ce genre de vélo, les distributeurs ne seront pas contents. C'est vrai aussi pour les meubles. Les distributeurs trouvent sûrement que les meubles en provenance de la Chine sont une bonne chose pour eux, cela donne une gamme plus variée. Alors, dans quelles circonstances le gouvernement pourrait-il accepter qu'il y ait des mesures de sauvegarde?