:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous n'allons présenter qu'un seul exposé. Beaucoup de personnes m'accompagnent afin de m'aider à répondre aux questions difficiles, mais nous allons nous limiter à un seul exposé.
Au nom de toute la délégation, je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de nous entretenir avec vous au sujet de l'initiative Canada-Corée, pour laquelle je dirige l'équipe de négociation canadienne.
Pour préparer le terrain à une discussion sur les négociations avec la Corée, permettez-moi d'abord de fournir un peu de contexte en prenant appui sur les observations que le ministre Emerson vous a soumises la semaine dernière.
Comme l'a souligné le ministre, et comme le corrobore le Rapport annuel sur le commerce international du Canada pour 2006, publié plus tard au cours de la semaine, le Canada se porte bien d'un point de vue économique et commercial; il enregistre une forte croissance, des niveaux d'exportation sans précédent, une hausse de l'investissement et une création d'emplois impressionnante. Cependant, le ministre a également incité à la prudence: il n'y a pas lieu de verser dans un optimisme béat, étant donné que ces résultats sont étroitement liés aux prix intrinsèquement instables de l'énergie et des produits de base et compte tenu de notre performance commerciale relative au-delà des marchés nord-américains, notamment en comparaison avec nos principaux compétiteurs.
Pour maintenir une croissance de l'emploi au pays et assurer notre prospérité, il faut faire davantage pour nouer des relations avec le monde et susciter l'intérêt des principaux partenaires commerciaux.
[Français]
En matière de politique commerciale, les efforts du Canada pour s'ouvrir aux marchés internationaux et y faire sa place se rattachent à trois volets clés: conserver et accroître son accès au marché américain; prendre part au processus de l'OMC; et mettre en oeuvre des initiatives régionales et bilatérales.
Je n'aborderai pas les deux premiers volets puisqu'ils sont déjà traités séparément par ce comité, sauf pour signaler que, historiquement, ils ont reçu presque toute notre attention.
Toutefois, la situation change et il est maintenant évident qu'il nous faut accorder une importance toute particulière à notre programme bilatéral au-delà de l'Amérique du Nord, y compris aux initiatives telles qu'un accord de libre-échange avec la Corée.
Parmi les principales raisons se trouvent la mondialisation continue de l'économie mondiale et le nombre accru de nouveaux agents économiques importants, les perspectives incertaines de négociation à l'OMC, et, surtout, l'activité en croissance rapide de tous nos partenaires commerciaux afin d'obtenir un accès préférentiel aux marchés traditionnels et émergents sur une base bilatérale.
[Traduction]
Alors, qu'en est-il de la situation du Canada au niveau bilatéral? Eh bien, outre l'ALENA, le Canada a conclu des accords commerciaux avec Israël, le Chili et, plus récemment, le Costa Rica. Avec le recul, nous pouvons tirer une certaine satisfaction de ces réalisations. Néanmoins, la réalité est que nous ne soutenons plus le rythme. Certes, le Canada, comme je l'ai mentionné, a conclu quatre ALE qui englobent cinq pays. Toutefois, les États-Unis en ont signé 12, qui regroupent 18 pays, et le Mexique a conclu 13 accords s'appliquant à 43 pays. Ces accords ont été en très grande partie conclus au cours des cinq dernières années.
L'Australie a également été très active en matière d'accords de libre-échange, et même des pays qui s'y opposaient habituellement, comme la Corée et le Japon, gagnent du terrain dans ce domaine. La dure réalité est que le Canada constitue le seul pays commerçant important à ne pas avoir conclu d'ALE en cinq ans, et que ces accords peuvent, et ont, des répercussions substantielles sur la compétitivité du Canada sur les marchés mondiaux.
À moins de pouvoir offrir un accès concurrentiel aux marchés mondiaux du Canada, nous risquons de perdre d'importants marchés d'exportation, de pénaliser nos investisseurs et fournisseurs de services et, à la longue, de faire du Canada un lieu moins attrayant pour l'investissement, tant intérieur qu'étranger.
Cette question est nullement spéculative, monsieur le président. Les entreprises canadiennes nous disent qu'elles perdent des ventes sur les marchés étrangers en raison des ALE conclus entre d'autres pays, et il s'avère de plus en plus que le Canada doit prendre des mesures correctives et urgentes afin d'offrir des chances égales à nos entreprises. Ainsi tournés vers l'avenir, non seulement nous continuerons à renforcer nos liens dans le cadre de l'ALENA et à oeuvrer afin d'obtenir le succès des négociations à l'OMC, mais il nous faudra également accorder davantage d'importance à notre programme régional et bilatéral, dont les initiatives telles que l'accord de libre-échange avec la Corée.
Outre la Corée, le Canada a engagé des négociations sur le libre-échange avec quatre pays de l'Amérique centrale — le Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua — qui, si je ne m'abuse, seront examinées la semaine prochaine par le comité. Des négociations sont également en cours avec les quatre pays de l'Association européenne de libre-échange — l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse — et Singapour. Faire avancer notre programme de négociations et nous préparer à coopérer avec de nouveaux partenaires, voilà un volet de la politique commerciale du Canada qui revêtira de plus en plus d'importance au cours des mois et années à venir.
Permettez-moi maintenant de m'étendre sur l'initiative lancée avec la Corée — qui est l'objet des délibérations du comité aujourd'hui — qui, à notre avis, est non seulement importante en soi pour créer de nouveaux débouchés en Corée, mais l'est aussi d'un point de vue stratégique pour ouvrir la porte aux entreprises canadiennes sur la grande région de l'Asie-Pacifique.
Avec une population de 48 millions d'habitants et un PIB de 890 milliards de dollars, la Corée est le plus grand des quatre tigres de l'Asie. Après s'être remise rapidement de la crise financière asiatique de 1997, la Corée est devenue la onzième économie du monde et la douzième plus importante nation commerçante.
En bref, il s'agit de l'initiative d'ALE la plus ambitieuse que le Canada a entreprise depuis la signature de l'ALENA il y a plus de dix ans.
Ce que nous visons, c'est un accord global et de haute qualité, sur le modèle de l'ALENA. Il comprendra des chapitres sur le commerce des marchandises, les règles d'origine, les procédures douanières, la facilitation des échanges, les services, l'investissement, etc. Fidèle à sa pratique en la matière, le Canada recherche, parallèlement à l'accord de libre-échange, la conclusion d'accords de coopération dans les domaines de l'environnement et du travail. Dans les domaines essentiels de l'accès aux marchés pour les biens, les services et les investissements, nous cherchons à obtenir un plan d'application globale et un niveau d'ambition élevé en ce qui concerne les engagements en matière de libéralisation.
Compte tenu des préoccupations de nos intervenants, nous continuerons de mettre un accent particulier, dans le cadre de ces négociations, sur les barrières non tarifaires, comme les problèmes de réglementation et de transparence. Fondamentalement, cette initiative vise à accroître les débouchés pour les entreprises canadiennes. La Corée est déjà la septième destination, en importance, des exportations du Canada. L'an dernier, nos exportations ont atteint 2,8 milliards de dollars, un record en huit ans. En comparaison, c'est plus que le total de nos exportations vers le Brésil, l'Inde et la Russie.
La Corée est en train de devenir un important marché de services pour le Canada; nos exportations de services ont atteint environ 600 millions de dollars en 2003, la dernière année pour laquelle nous avons des statistiques. L'investissement bidirectionnel se chiffre actuellement à plus d'un milliard de dollars. Les flux d'échanges commerciaux et d'investissements sont déjà vigoureux et en plein essor, mais un ALE pourrait générer beaucoup plus d'affaires grâce au démantèlement des barrières tarifaires et réglementaires et des autres obstacles au commerce qui limitent les débouchés.
La Corée continue de pratiquer des tarifs relativement élevés — 12 p. 100 en moyenne contre seulement 3,9 p. 100 au Canada. Par conséquent, l'élimination des tarifs dans le cadre de l'ALE entraînerait des débouchés considérables pour le Canada et, on peut l'affirmer, aurait des répercussions extrêmement favorables pour le pays.
Le marché coréen est particulièrement important pour le secteur agricole et les secteurs liés aux ressources naturelles de notre économie; on s'attend à ce qu'un ALE entraîne des gains dans certaines branches d'activité telles que l'agroalimentaire, les pêches, les métaux, les produits métallurgiques, les produits forestiers et les produits ligneux, le charbon et autres minéraux. Rien que dans le secteur agricole, les tarifs moyens appliqués par le Corée sont de l'ordre de 53 p. 100, un niveau beaucoup plus élevé que celui des tarifs canadiens. Dans le secteur des pêches, les tarifs moyens sont de 17 p. 100 alors qu'ils sont un peu plus de 1 p. 100 au Canada.
Néanmoins, cette initiative ne vise pas uniquement les ressources naturelles. Nous nous attendons aussi à réaliser des gains dans divers secteurs industriels, notamment les produits chimiques, le domaine aérospatial, le transport urbain, la production d'électricité, les appareils médicaux, les cosmétiques, les bâtiments préfabriqués, les biens environnementaux, les machines et l'équipement, pour n'en citer que quelques-uns.
De même, nous croyons qu'il existe des possibilités dans le secteur des services, où 80 p. 100 des nouveaux emplois sont créés aujourd'hui au Canada. À titre d'exemples, on peut citer les services financiers, la haute technologie et les services environnementaux.
[Français]
Un accord de libre-échange créerait également un environnement plus sûr et plus prévisible pour les investisseurs canadiens en Corée et aiderait également à attirer des investissements coréens au Canada, ce qui, à son tour, aiderait à ouvrir aux entreprises canadiennes les portes de marchés voisins, comme la Chine et le Japon. Le commerce intrarégional connaît en effet une croissance exponentielle, et la Corée pourrait devenir une porte d'entrée de tout premier plan.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, le programme des accords de libre-échange bilatéraux du Canada est également guidé par la nécessité de faire en sorte que les entreprises canadiennes puissent affronter la concurrence à armes égales.
La Corée est peut-être une nouvelle venue dans le monde des accords de libre-échange; cependant, elle a déjà conclu des accords avec Singapour, le Chili, l'Association européenne de libre-échange et la plupart des membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est.
De surcroît, la Corée mène actuellement des négociations avec le Japon, le Mexique et l'Inde, et j'aimerais attirer tout particulièrement l'attention du comité sur le lancement récent de négociations entre la Corée et les États-Unis. Manifestement, cela fait monter les enjeux pour nous et souligne l'importance de préserver la compétitivité canadienne sur le marché coréen.
[Traduction]
Où en sont rendues les négociations?
Depuis le début des négociations en juillet 2005, nous avons tenu cinq séances de pourparlers avec les Coréens, à des intervalles d'environ deux mois; la prochaine est prévue pour la fin du mois à Séoul. Jusqu'ici, nous avons fait de bons progrès, mais nous nous heurtons de plus en plus aux questions qui préoccupent le plus chacune des parties et qui s'avéreront plus difficiles à régler à mesure que les négociations avanceront.
Je tiens à souligner que contrairement à certaines allégations voulant que le gouvernement précipite ces négociations, nous progressons à un rythme pausé et prudent. Avant même d'amorcer les négociations, le gouvernement a procédé à une analyse approfondie, incluant des pourparlers exploratoires tenus entre les deux pays et l'organisation de vastes consultations nationales, ici au Canada. Ce processus consultatif, lancé en janvier 2005, a révélé qu'un vaste éventail de secteurs économiques dans tout le Canada appuyait fermement la conclusion d'un ALE avec la Corée.
Le gouvernement a accordé, et continue d'accorder, une grande importance à la tenue de vastes consultations avec les intéressés dans le cadre de cette initiative. Nous ne sommes pas astreints à un échéancier fixe ou arbitraire. Nous sommes évidemment conscients des autres initiatives que mène la Corée, mais nous prendrons le temps nécessaire pour conclure une bonne entente pour le Canada. L'accent est donc mis sur la qualité, et non sur la rapidité.
Nous réalisons certes des progrès, comme l'a indiqué le ministre Emerson aux médias, mais nous avons encore du travail à faire, pour lequel nous aurons besoin de temps.
Permettez-moi d'aborder de front maintenant certaines des questions qui ont été soulevées relativement au secteur automobile et à la perspective d'une relation de libre-échange avec la Corée.
Le ministre Emerson a souligné à maintes reprises que le gouvernement reconnaissait le rôle notable que joue l'industrie automobile dans l'économie canadienne. Étant donné l'importance de ce secteur, nous avons mis en place un groupe consultatif spécial qui se consacre à ce dernier afin d'appuyer les négociations. Ce groupe se réunit régulièrement — comme il l'a fait ici, à Ottawa, la semaine dernière — pour veiller à ce que les points de vue de l'industrie soient bien compris et qu'ils se reflètent dans la mesure du possible dans nos négociations.
En effet, les vues de l'industrie ont beaucoup contribué à définir notre approche à l'égard des négociations et ce, dès le début. Par exemple, le secteur automobile canadien est préoccupé par les obstacles qui freinent l'entrée au marché coréen; c'est pourquoi le gouvernement a fait en sorte que les mesures non tarifaires soient abordées en priorité dans les négociations et c'est pourquoi nous avons créé un groupe de travail distinct traitant exclusivement des questions relatives au secteur de l'automobile dans le cadre de la structure des négociations Canada-Corée.
L'Industrie s'inquiète également des incidences qu'aurait l'élimination des droits au Canada sur les importations en provenance de la Corée. Comme je l'ai dit plus tôt, nous consultons étroitement l'industrie et tenons compte de ses préoccupations dans les positions que nous présentons à la table.
J'ajouterais que notre analyse permet de penser que les répercussions néfastes sur le secteur automobile qui pourraient découler d'un ALE avec la Corée seront probablement très limitées, compte tenu de divers facteurs. Parmi ceux-ci, mentionnons la structure actuelle des échanges, les droits de douane relativement peu élevés — qui diminueraient encore davantage si les négociations du cycle de Doha aboutissaient —, le fait que la vaste majorité des véhicules fabriqués au Canada — environ 85 p. 100 — sont exportés aux États-Unis, et la nouvelle usine de Hyundai en Alabama, qui devrait bientôt fournir des véhicules en franchise de droits au Canada aux termes de l'ALENA.
Bien que certains aient laissé entendre qu'un ALE avec la Corée n'est pas souhaitable en raison de l'important déficit qu'enregistrent nos échanges bilatéraux de véhicules avec ce pays, nous estimons qu'il n'est pas réaliste de s'attendre à ce que le Canada affiche une balance commerciale positive avec tous les pays et dans tous les secteurs.
En réalité, le Canada connaît un important excédent commercial mondial pour ce qui est des produits automobiles. Toutefois, nos véhicules sont presque entièrement distribués aux États-Unis, avec lesquels nous avons enregistré un excédent commercial de 26 milliards de dollars l'an dernier dans ce secteur. Il est vrai que nos exportations d'automobiles vers la Corée sont faibles, mais il convient de noter que le Canada n'est pas un grand exportateur de véhicules motorisés vers les marchés d'outre-mer. Plus de 99 p. 100 de notre production d'automobiles est vendue sur le marché nord-américain.
Le but d'un ALE n'est pas d'éliminer les excédents ou les déficits commerciaux de certains secteurs, mais plutôt d'accroître les occasions d'échanges et d'investissements bilatéraux pour les deux parties. Comme je l'ai indiqué, nous estimons qu'il existe d'importants débouchés pour le Canada en Corée, y compris pour le secteur automobile. En effet, nous croyons que l'établissement de règles plus strictes en matière d'investissement et l'élimination des droits pourraient accroître considérablement les débouchés pour les fabricants canadiens de pièces automobiles.
[Français]
En terminant, monsieur le président, les négociations de libre-échange constituent un instrument de plus en plus important pour promouvoir les intérêts commerciaux du Canada dans le monde entier et pour assurer la prospérité sur le plan national.
Nos concurrents négocient des accords à un rythme encore jamais vu. Le Canada ne peut tout simplement pas rester inactif. Parmi les négociations que nous menons actuellement, aucune n'offre des avantages potentiels aussi importants que nos négociations avec la Corée.
Le gouvernement reste déterminé à conclure un accord qui permette de promouvoir l'ensemble des intérêts canadiens sur ce marché. Pour ce faire, nous continuerons de consulter étroitement tous les intéressés canadiens.
[Traduction]
Cela étant dit, monsieur le président, ma délégation et moi serons heureux d'entendre vos observations et de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Dans votre document, vous mentionnez, et je cite: Le but d'un ALE n'est pas d'éliminer les excédents ou les déficits commerciaux de certains secteurs, mais plutôt d'accroître des occasions d'échanges et d'investissements bilatéraux pour les deux parties.
Si on équilibrait les échanges dans tous les secteurs de sorte, par exemple, qu'il y ait autant de riz coréen au Canada que de riz canadien en Corée, cela n'aurait pas de sens. Cependant, il faut s'assurer que, dans le cadre d'un accord de libre-échange, les retombées soient aussi importantes pour le Canada que pour l'autre pays concerné. Lorsqu'on négocie un accord de libre-échange, il s'agit de sécuriser l'accès aux marchés. En fait, l'ALENA était une des principales raisons pour lesquelles le Canada voulait négocier.
Dans le cas de la Corée, ce n'est pas tellement évident, considérant les échanges qui se font. Nous exportons essentiellement des produits agricoles, des minéraux, des métaux, de la pâte de bois. Finalement, ce sont des matières premières nécessaires à l'industrie manufacturière coréenne. Donc, on ne sécurise absolument rien, puisque les Coréens en ont besoin. Même avec la croissance chinoise, ils sont encore plus avides de s'assurer de pouvoir obtenir ces matières premières.
Par contre, ils exportent des véhicules, des pièces d'automobiles, des appareils électriques, des ordinateurs, du caoutchouc et de l'acier. Alors, il me semble que dans le contexte d'un accord avec la Corée, ce qu'on est en train de sécuriser, c'est l'accès à des produits coréens sur le marché canadien, bien plus que l'inverse.
Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi la Corée est devenue soudainement une cible de choix pour la négociation d'un accord de libre-échange, à moins que ce soit, comme vous l'avez mentionné, la porte d'entrée vers d'autres accords avec le Japon, la Chine et des pays du Sud-Est asiatique.
Dans ce contexte, je comprends encore moins pourquoi le Canada, à la rencontre de l'APEC à Santiago en 2004-2005, a refusé la proposition qui avait été faite d'ouvrir une négociation dans le cadre de la communauté économique des pays d'Asie-Pacifique. Je n'arrive pas encore à comprendre pourquoi la Corée plutôt qu'un autre pays.
Le dossier du chantier maritime a été abordé, mais vous n'en avez pas parlé dans votre exposé. Alors, je voudrais savoir très concrètement où en sont les négociations.
Finalement, vous avez parlé, évidemment, d'occasions d'affaires et d'investissements. Je voudrais m'assurer que dans le cadre de cet accord de libre-échange, on ne retrouve pas ce que nous avons dans l'Accord de libre-échange nord-américain et que ce comité a dénoncé à plusieurs reprises, soit le mécanisme prévu au chapitre 11 concernant la protection des investissements.
Nous sommes en faveur de la protection des investissements étrangers ici et de la protection des investissements canadiens à l'extérieur. Cependant, nous pensons que le mécanisme prévu dans l'ALENA est excessif, parce qu'il donne aux entreprises la possibilité d'amener des États devant des groupes spéciaux. Nous préférons le mécanisme prévu à l'OCDE.
Donc, en ce qui concerne la protection des investissements étrangers, quelle formule envisagez-vous, si vous en envisagez une?
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Je vous remercie beaucoup.
Je suppose que je vais répondre aux questions dans l'ordre où elles ont été posées. Je m'efforcerai d'être le plus bref possible.
Travaillons-nous de concert avec les États-Unis? Certainement, mais pas dans le cadre de négociations formelles. De toute évidence, étant donné la nature intégrée des économies canadienne et américaine, nous marquons un intérêt plus que passager aux faits nouveaux qui surviennent dans les négociations entre les États-Unis et la Corée. La première série de discussions a eu lieu la semaine dernière, à Washington. La consultation est très étroite et de nature informelle, mais je communique plutôt régulièrement avec le négociateur en chef des États-Unis. Nous nous parlons à l'occasion et nous nous tenons au courant de ce qui se passe.
Je crois que les industries automobiles des deux pays s'intéressent vivement à ce genre de coopération entre les gouvernements. Il y en a eu plus particulièrement dans le secteur automobile, puisque nous avons eu l'occasion d'entendre de première main les préoccupations des deux industries lors d'une rencontre avec les deux gouvernements.
Quant aux différences qui existent dans la position de l'industrie automobile américaine par rapport à celle du Canada, à nouveau, il vaut peut-être mieux laisser les membres de l'industrie que vous entendrez cet après-midi vous les exposer. Manifestement, nous partons d'un tarif plus élevé au Canada. En effet, il est de 6,1 p. 100 au Canada, alors qu'il n'est que de 2,5 p. 100 aux États-Unis.
Dans la mesure où vous parlez des trois grands, au Canada, ce sont des filiales de sociétés mondiales dont le siège se trouve aux États-Unis. Ce sont des entreprises mondiales aux intérêts mondiaux. Vous pourriez soutenir que l'industrie américaine s'intéresse davantage à l'exportation parce qu'il s'agit de sociétés mondiales; il est peut-être moins probable que des automobiles seraient envoyées directement de l'usine canadienne vers la Corée. Vous pourriez donc en déduire que l'industrie américaine s'intéresse davantage aux exportations alors que l'industrie canadienne est plus sensible aux importations. À nouveau, il vaut peut-être mieux poser ces questions aux membres de l'industrie.
Elles ont eu des positions plutôt analogues dans la plupart des dossiers liés à l'initiative coréenne. Dans les pourparlers que nous avons eus avec le gouvernement, nous avons entendu les deux industries exposer à peu près les mêmes points de vue — une préoccupation prédominante à l'égard des mesures non tarifaires appliquées sur le marché coréen.
Vous m'avez demandé, je crois, comme troisième question, ce qui arriverait si nous n'avions pas d'accord de libre-échange et quel genre de modélisations ou d'analyses quantitatives ont été faites. Essentiellement, l'analyse que nous avons effectuée au début, avant le lancement, a révélé que pareil accord offrirait des avantages plutôt considérables au Canada. Je crois que l'analyse interne, qui s'appuyait sur une modélisation de CGE, faisait état de gains de plus de 500 millions de dollars. D'autres études effectuées, qui cherchaient à intégrer un certain élément dynamique, situaient cet avantage à plus de 2 milliards de dollars. Tous ces modèles ont tendance selon moi à légèrement sous-estimer l'impact de la libéralisation des échanges, simplement en raison des limites inhérentes à la modélisation.
Dans mon exposé, je crois avoir énuméré tous les tarifs élevés qui demeurent en vigueur dans les divers segments de l'économie coréenne. Ce que nous perdrions, c'est l'occasion de les faire abaisser à zéro pour les entreprises canadiennes et la probabilité que les Coréens livreraient leurs produits ici dans le cadre d'arrangements préférentiels pour tous leurs concurrents. Si les Américains réussissent à négocier un accord et que nous y tournons le dos, non seulement n'aurons-nous pas profité des préférences tarifaires prévues dans l'accord, mais nous serions également aux prises avec des obstacles de la concurrence que n'affronteraient pas les États-Unis et tous les autres avec lesquels négocie la Corée. Comme j'ai essayé de vous l'expliquer, c'est le genre de scénario qui ressort d'autres négociations. Ce serait simplement une reprise.
Pour ce qui est de la question posée par M. Watson concernant la part du déficit occupée par le secteur automobile, je crois savoir que la valeur actuelle des importations d'automobile de la Corée s'établit à 1,6 milliard de dollars environ. Nous n'exportons presque rien, de sorte que ce serait un déficit du secteur automobile.
À nouveau, comme je l'ai mentionné dans ma déclaration liminaire, nous affichons un énorme surplus dans le commerce automobile. Par rapport aux États-Unis uniquement, le surplus est de 26 milliards de dollars. Donc, ce principe selon lequel il faudrait que la balance commerciale soit équilibrée avec chaque...