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Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité.
Je me nomme Dan Paszkowski et je suis président de l'Association des vignerons du Canada, que je désignerai du nom d'AVC au cours de cet exposé. Luke Hartford, le vice-président de l'AVC, m'accompagne.
L'AVC est l'association nationale de l'industrie vinicole canadienne. Les entreprises vinicoles que nous représentons sont responsables de plus de 90 p. 100 de la production annuelle de vin au Canada. Nos membres sont présents à tous les maillons de la chaîne de valeur du vin: viticulture, gestion agricole, récolte du raisin, production de vin, embouteillage, recherche, ventes au détail et tourisme.
Notre industrie croît et évolue dans le contexte d'une révolution mondiale qui touche la culture du raisin, la production et la mise en marché du vin et les goûts des consommateurs. Nos membres ont injecté de considérables investissements à long terme intrinsèquement liés au terroir, ou à la terre. Un vignoble nouvellement planté ne commence à produire qu'après un minimum de quatre années et, contrairement à d'autres entreprises manufacturières, un vignoble ne peut tout simplement se déraciner et se délocaliser vers un autre pays. Nous sommes très liés à la terre.
Aujourd'hui, on recense au Canada plus de 400 vineries, implantées dans six provinces, qui font vivre environ un millier de vignerons et soutiennent environ 11 500 emplois.
Le Canada est un marché vinicole en rapide expansion, où les ventes annuelles totales représentent environ 460 millions de litres, d'une valeur de près de 6 milliards de dollars. Depuis 2003, la consommation par habitant a crû de presque 40 p. 100, pour atteindre aujourd'hui 16,2 litres, environ 20 bouteilles par personne, ce qui fait du Canada un marché extrêmement attrayant pour tout pays qui voudrait y vendre ses produits vinicoles.
Malgré une base de consommateurs croissante et sophistiquée, les vins importés continuent de dominer le marché, avec 68 p. 100 du total. Cette domination étrangère est l'inverse de ce qu'on voit dans la plupart des autres grands pays producteurs de vin, comme l'Espagne, où les vins espagnols représentent 96 p. 100 de la part du marché en Italie, où les vins italiens accaparent 94 p. 100 du marché.
L'avenir de l'industrie vinicole canadienne dépend en bonne partie de sa capacité à s'adapter constamment à l'évolution du marché intérieur et mondial. Il y a 20 ans, face à la concurrence étrangère et après la signature de l'Accord de libre-échange canado-américain, les viticulteurs canadiens ont introduit d'importantes innovations, notamment l'utilisation de raisins de meilleure qualité, l'établissement des normes de la Vintners Quality Alliance, la VQA, le développement du tourisme viticole et la promotion du vin de glace.
L'intensification de la concurrence étrangère a transformé l'industrie vinicole canadienne et rehaussé la compétitivité de l'industrie du raisin et du vin au Canada. Cela ne s'est pas fait sans coût. Aujourd'hui, la concurrence étrangère a fait baisser les ventes de vin canadien, qui sont passées de 49 p. 100 en 1987, avant le libre-échange, à 32 p. 100 actuellement. L'industrie a toujours pour objectif de récupérer 50 p. 100 du marché total d'ici 2020.
Même si l'innovation demeurera un moteur de succès essentiel, notre défi immédiat consiste à améliorer l'accès aux marchés intérieurs comme aux marchés internationaux, à élargir notre clientèle et à offrir à nos vignerons des outils oenologiques et des processus d'approbation comparables à ceux dont disposent nos concurrents internationaux.
Une des grandes priorités de CA2 doit être la libre circulation interprovinciale des marchandises. Au Canada, les obstacles interprovinciaux au commerce du vin sont bien présents. En raison d'une loi fédérale, la Loi sur l'importation des boissons enivrantes, qui remonte à 1928, il est toujours illégal de livrer ou d'expédier du vin d'une province à l'autre au Canada.
De plus en plus, les consommateurs canadiens souhaitent pouvoir acheter du vin de la façon qui leur plaît, et s'attendent à pouvoir le faire — que ce soit à leur société des alcools, dans une salle de dégustation, dans un club de vin ou par Internet. Le consommateur d'aujourd'hui réclame la commodité et un plus grand choix de vins canadiens.
Les connaisseurs de vin forment un réseau social interactif qui devient rapidement de plus en plus vaste. Pour les vineries, les médias sociaux constituent un outil efficace de commerce électronique. Cependant, notre capacité d'utiliser efficacement ces outils de marketing modernes est grandement entravée par la loi fédérale.
Il y a 80 ans, l'objectif visé par cette loi fédérale n'était pas de décourager le commerce interprovincial, de miner la compétitivité du Canada ni de restreindre la croissance du marché. Cependant, elle a eu pour conséquence malheureuse qu'un touriste canadien d'une autre province qui visite une vinerie ne peut rapporter du vin chez lui. Qui plus est, un amateur canadien ne peut directement commander de chez lui du vin à une vinerie située dans une autre province que la sienne.
Il est essentiel d'apporter à la Loi sur l'importation des boissons enivrantes des modifications, telles que proposées dans le projet de loi , de manière à accorder aux consommateurs canadiens une exonération personnelle raisonnable les autorisant à commander du vin auprès d'une vinerie de l'extérieur de leur province, et à se le faire livrer directement chez eux. En aiguillonnant l'intérêt des consommateurs et en élargissant l'exposition aux vins canadiens, on pourrait stimuler les ventes et le tourisme, créer de nouveaux emplois, favoriser la croissance économique et hausser les recettes fiscales au niveau fédéral comme au niveau provincial.
Depuis 2000, l'industrie vinicole canadienne profite du Programme Agri-marketing d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et des initiatives qui l'ont précédé. Agri-marketing a favorisé la participation à de prestigieuses compétitions oenocoles internationales et à la conception de matériel promotionnel et il a contribué à attirer au Canada d'influentes et respectées personnalités du monde du vin, dont des rédacteurs et des sommeliers étrangers venus faire l'expérience du vin et des régions vinicoles du Canada.
De plus, le Programme Agri-marketing a étayé la participation de l'industrie vinicole canadienne aux discussions sur les politiques commerciales internationales. Ces efforts ont favorisé l'harmonisation des normes nationales et internationales, l'élimination des obstacles au commerce et le partage d'informations assurant la prise de décisions basée sur une assise scientifique. Agri-marketing a également contribué à accroître notre présence dans les marchés traditionnels, à augmenter nos exportations dans les marchés en émergence, à promouvoir le vin canadien dans les ambassades et consulats du Canada partout dans le monde et à rehausser notre image de marque et nos ventes à l'échelle internationale.
Considérant la férocité de la concurrence mondiale, CA2 devrait continuer d'apporter à Agri-marketing le soutien nécessaire à un programme bien financé, opportun et favorable aux entreprises, tenant compte des réalités du commerce.
Partout dans le monde, les producteurs de vins étrangers bénéficient de l'aide financière de leurs gouvernements nationaux et régionaux, qui appuient des programmes d'aide à l'exportation et au marketing intérieur pour faire mousser les ventes de vin et le développement économique. Dans l'Union européenne par exemple, le programme de réforme du secteur du vin a consacré 1,2 milliard de dollars à la mise en marché des vins sur la période 2008 à 2012. Nos concurrents étrangers bénéficient de fonds publics pour venir faire du marketing au Canada. Chaque année, pour promouvoir leur image de marque oenocole et nationale, des pays viticoles organisent des campagnes de dégustation de leurs vins dans les grands centres du Canada. Grâce à ces opérations fructueuses, ils augmentent leur part de marché et nouent des relations avec des détaillants clés, en l'occurrence les sociétés des alcools.
Pour aider l'industrie vinicole canadienne à raffermir son marché intérieur, nous recommandons au gouvernement fédéral de proclamer officiellement la semaine précédant la journée de l'Action de grâce comme étant la Semaine nationale du vin et de l'alimentation. Une telle désignation inciterait les producteurs agricoles, les associations industrielles, les collectivités, les détaillants, les restaurants et toute la population canadienne à se tourner vers les producteurs locaux et à prendre conscience de l'excellente qualité des vins et des aliments produits par les entreprises agricoles du Canada tout entier. Cela créera également de nouveaux débouchés intérieurs et stimulera la demande en produits cultivés chez nous, avec de considérables retombées économiques pour les entreprises locales.
Pour appuyer la proclamation de la Semaine nationale du vin et de l'alimentation, le gouvernement fédéral devrait commanditer des activités de développement des marchés intérieurs. Citons à titre d'exemple les programmes antérieurs tels que « Canada à la carte », qui ont fortement contribué à promouvoir les produits vinicoles et alimentaires du Canada. On pourrait également, aux mêmes fins, ajouter un volet intérieur au Programme Agri-marketing.
Enfin, le Canada a raffermi sa relation avec ses partenaires internationaux clés et continue d'harmoniser ses exigences et ses normes techniques. Les additifs et les aides à la transformation étant un élément essentiel de la compétitivité future de l'industrie vinicole canadienne, Cultivez l'avenir 2 devrait encourager une révision des processus d'approbation actuellement en place, pour permettre le recours à des équivalences internationales basées sur de judicieuses données scientifiques. C'est particulièrement le cas des additifs et des aides à la transformation que les viticulteurs canadiens n'ont pas le droit d'utiliser, mais dont la présence dans les vins étrangers vendus au Canada est autorisée par les ententes existantes sur les pratiques oenologiques
Le gouvernement fédéral doit déterminer et surveiller les aspects dans lesquels le Canada tire de l'arrière par rapport aux autres pays vinicoles, et allouer les ressources nécessaires à une meilleure harmonisation pour stimuler la compétitivité et la création d'emplois.
Je vous remercie. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de m'avoir invité.
Je m'appelle Kevin Klippenstein. Je suis le président de l'Organic Farming Institute of B.C. Nous sommes situés à Cawston, en Colombie-Britannique, la capitale de l'agriculture biologique du Canada.
L'Institut a créé trois cours à ce jour: les rudiments de la gestion biologique du sol et des cycles des éléments nutritifs; les pratiques de gestion biologique du sol et la transition aux méthodes biologiques; et une formation pratique à la gestion biologique du sol. Nous élaborons aussi un autre cours sur les cultures basses qui sera prêt au printemps 2012.
Ma femme Annamarie et moi exploitons aussi un jardin maraîcher biologique prospère en Colombie-Britannique que nous avons commencé à cultiver à partir de zéro il y a 10 ans, sur 5 acres de terre. Nous avons maintenant 40 acres en culture de différents fruits et légumes et nous vendons toute notre production dans les marchés fermiers de Vancouver. Le 18 novembre, on nous a décerné le titre de Jeunes agriculteurs d'élite du Canada pour 2011.
L'agriculture biologique offre des solutions attrayantes aux difficultés actuelles dans le domaine agricole. L'agriculture biologique est un régime à faibles intrants qui a beaucoup à offrir à tout le secteur agricole en fait de méthodes novatrices pour réduire les coûts des intrants et la dépendance chez les producteurs. L'agriculture biologique repose sur la science de la rotation des cultures, le cycle des substances nutritives et la lutte antiparasitaire intégrée. Il est prouvé qu'elle améliore la biodiversité et la capacité de récupération de la ferme et des environs, qu'elle séquestre le carbone dans le sol et réduit la consommation d'énergie de la ferme et qu'elle peut réduire le lessivage des substances nutritives dans nos cours d'eau. Voilà des difficultés auxquelles tout le secteur agricole cherche des solutions.
À mon avis, une priorité de Cultivons l'avenir 2 devrait être d'encourager des jeunes et de nouveaux agriculteurs à s'engager dans l'industrie. La production biologique tend à offrir un modèle financier attrayant et un marché en plein essor, une demande élevée des consommateurs et un revenu décent pour les familles agricoles. L'agriculture biologique attire beaucoup de nouveaux venus en agriculture ce qui nécessite, en retour, une somme considérable de transfert de connaissances, de mesures de soutien à l'infrastructure et de services de vulgarisation. L'Organic Farming Institute a commencé à créer des cours parce que nous avons constaté un besoin d'éducation et que nous avons voulu le combler.
Quand je me suis établi sur une ferme il y a 10 ans, il n'y avait pas beaucoup de cours sur l'agriculture biologique. Nous avons besoin de programmes de mentorat et d'apprentissage pour les nouveaux venus dans le secteur. Nous avons personnellement créé un programme de mentorat efficace sur notre ferme. Il fonctionne depuis les cinq dernières années sans aide gouvernementale. Nous avons déjà formé plus de 20 jeunes agriculteurs. Cultivons l'avenir 2 devrait traiter de l'appui à ce genre de programmes. Agriculture Canada doit aussi maintenir des programmes d'aide comme le Programme des jeunes agriculteurs d'élite pour reconnaître les chefs de file en agriculture et aider à promouvoir l'excellence dans le domaine.
Un deuxième domaine prioritaire consiste à améliorer l'infrastructure et les services destinés à l'agriculture biologique. Cultivons l'avenir doit rétablir les postes d'agent de vulgarisation en agriculture biologique. Les services de vulgarisation et de diffusion devront [Note de la rédaction: inaudible]... pour grandir avec le milieu de l'agriculture biologique et la faveur du public. C'est essentiel pour les nouveaux et jeunes agriculteurs qui commencent à peine à s'y retrouver dans le processus de certification et dans la réglementation qu'il faut respecter, ainsi que pour les agriculteurs d'expérience qui diversifient leur production pour réduire leur risque.
Cultivons l'avenir devrait investir dans l'infrastructure matérielle à la ferme pour faciliter l'utilisation de technologies permettant de prolonger la saison de culture, dont des serres à arceaux, des serres conventionnelles et des technologies géothermiques et solaires; et des choses, comme de l'équipement de transformation d'aliments, qui améliorent la capacité des agriculteurs d'entreposer leurs récoltes, par exemple des réfrigérateurs, des congélateurs et des séchoirs. Notre ferme est rentable parce que nous avons installé nos propres réfrigérateurs, congélateurs et séchoirs pour l'entreposage d'hiver. Nous utilisons des serres à arceaux pour prolonger la saison de culture et l'énergie solaire et géothermique sur notre ferme pour nous permettre de vendre nos fruits et légumes à l'année.
Une troisième priorité consiste à faciliter la mise en place de marchés fermiers permanents. Les marchés permettent à de petites fermes familiales d'être compétitives sur le marché en leur offrant un endroit où elles peuvent vendre leurs produits localement, tout en réduisant le bilan de carbone. En vendant aux marchés fermiers, l'agriculteur obtient directement un meilleur rendement ce qui l'aide à cultiver toute l'année et à ne pas dépendre d'un emploi d'appoint pour continuer à exploiter la ferme.
Prenons notre cas pour exemple. Depuis que nous nous sommes lancés en agriculture il y a 10 ans, nous avons vendu 99 p. 100 de tout ce que nous avons cultivé dans des marchés fermiers. C'est ce qui nous a aidés à réussir en nous assurant des rentrées de fonds à l'année. Les marchés fermiers locaux représentent aujourd'hui plus de 1 milliard de dollars de ventes à la grandeur du pays et génèrent plus de 3 milliards de dollars de retombées économiques. Je sais que cette année seulement, les ventes des quatre principaux marchés de Vancouver dépassent déjà 4 millions de dollars.
L'infrastructure permanente est très importante pour aider les agriculteurs, nouveaux et établis, à être compétitifs, mais c'est absolument essentiel en Colombie-Britannique où la plus grande partie des fruits et légumes produits est destinée au marché de l'exportation. Il y a très peu d'infrastructures qui permettraient aux grands producteurs de la Colombie-Britannique de vendre à la population de la province. Il n'y a presque pas d'infrastructures, sauf de petits distributeurs et de petits acheteurs dans des marchés fermiers en plein air incertains où les petits producteurs peuvent vendre sur le marché intérieur. Sans points de vente ni marchés sûrs pour vendre sur le marché intérieur, les petits agriculteurs n'ont pas la sécurité nécessaire pour agrandir leur exploitation agricole, créer des produits ou développer leur clientèle, etc.
En Colombie-Britannique, le problème est particulièrement criant parce qu'il y a plus de 20 000 petits agriculteurs dans la province. C'est ainsi que l'agriculture s'est développée en Colombie-Britannique, sur de petites parcelles et dans des endroits où un faible pourcentage seulement des terres est arable. La Colombie-Britannique compte plus de petits agriculteurs que n'importe quelle autre province canadienne. Comme vous le savez, le coût des terres à l'acre y est plus élevé que dans n'importe quelle autre région ou province. Pour permettre aux petits agriculteurs d'être compétitifs, il faut créer de nouveaux marchés intérieurs et mettre en place une nouvelle infrastructure pour rendre la chose possible.
Une quatrième priorité consiste à uniformiser les règles du jeu dans le secteur de l'agriculture biologique en Colombie-Britannique en réglementant l'appellation « biologique ». Les règles du jeu sont inégales et les consommateurs s'y perdent sur le marché des produits biologiques de la Colombie-Britannique à cause de la mise en oeuvre de la réglementation nationale. En Colombie-Britannique, les exploitations ayant obtenu une certification nationale ne peuvent attribuer à leur produit d'autre étiquette que « biologique » tandis que n'importe quelle exploitation non biologique, peu importent ses pratiques, peut aussi qualifier ses produits de « biologiques » à moins que l'ACIA ne juge que cette appellation est fausse et trompeuse. Des exploitants ayant obtenu une certification régionale peuvent continuer d'utiliser l'expression « produits certifiés biologiques » pour tenter de distinguer leurs produits de ceux d'autres producteurs qui formulent des allégations non fondées. À notre avis, il faut prévoir dans Cultivons l'avenir 2 des mesures de commercialisation accrues pour faire connaître les pratiques biologiques.
Une cinquième priorité concerne les OGM. Il faut faire disparaître les organismes génétiquement modifiés ou les cultures transgéniques. Nous ne connaissons pas encore toutes les implications de ces produits ni les conséquences qu'ils auront sur notre alimentation. Il est capital pour les agriculteurs de pouvoir conserver leurs semences. La capacité de grandes sociétés de posséder des semences, ou l'ADN dans des semences — qui peuvent ensuite contaminer le champ d'un autre agriculteur — fait en sorte qu'il est vraiment difficile pour les agriculteurs de conserver leurs propres semences.
L'apport d'OGM a été une cause de conflit dans le secteur de l'agriculture biologique puisque les agriculteurs craignent la contamination. Par exemple, nous cultivons plus de 200 variétés de tomates. Vous savez peut-être, ou peut-être pas, qu'on trouve sur le marché une tomate dotée d'un gène de poisson pour la faire durer plus longtemps sur l'étalage. Nous ne voulons pas que ce gène entre dans nos champs et contamine nos semences. Nos 250 variétés de tomates et plus sont le clou du spectacle dans les marchés et une grande source de revenu pour notre ferme. Si elles étaient croisées avec un gène de poisson ou d'animal, nous perdrions notre certification biologique et notre réputation sur le marché. Nous ne pouvons pas légaliser la contamination provenant d'aliments génétiquement modifiés non approuvés. La présence adventice est inacceptable et injustifiable.
Quant à l'étiquetage, pour des raisons de compétitivité, l'étiquette de tous les aliments devrait énumérer les ingrédients, y compris ceux qui sont génétiquement modifiés et transgéniques. Le consommateur a le droit de faire un choix éclairé lorsqu'il achète des aliments. L'étiquetage des éléments nutritifs de tous les aliments conditionnés ou transformés devrait inclure les ingrédients génétiquement modifiés ou transgéniques qu'ils renferment.
Pour conclure, comme agriculteurs et comme éducateurs, nous croyons que Cultivons l'avenir 2 devrait investir dans ce qui suit: l'étiquetage des produits et aliments génétiquement modifiés et transgéniques; l'aide destinée aux agriculteurs pour conserver leurs propres semences; l'éducation du consommateur sur l'agriculture biologique aux échelons national et provincial; la création de marchés permanents et de l'infrastructure nécessaire pour vendre sur le marché intérieur; l'amélioration de l'infrastructure et des services destinés à l'agriculture biologique, par exemple les agents de vulgarisation en agriculture biologique et l'infrastructure matérielle à la ferme; et l'investissement dans les jeunes et les nouveaux agriculteurs au moyen de programmes d'apprentissage et de mentorat, d'aide à l'accession à la propriété et des services éducatifs.
Je vous remercie de votre attention. Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité.
J'ai préparé un exposé qui vous sera distribué. Je n'ai pas eu le temps de le faire traduire.
Nous examinons la compétitivité du point de vue d'une école d'administration des affaires. J'ai aussi été agriculteur pendant 20 ans, j'examine donc aussi la question sous cet angle. Nous essayons entre autres de déterminer à quoi ressemblera l'agriculture de l'avenir et si les agriculteurs vont être compétitifs sur la scène internationale, puis nous réfléchissons aux implications des résultats de cet examen pour Cultivons l'avenir. Je vais donc passer en revue le portrait de l'agriculture de l'avenir, selon moi, puis je parlerai des implications.
Pour être compétitifs, les agriculteurs et les sociétés agroalimentaires du Canada — et je crois que nous devrions réfléchir à tout cela — doivent accorder beaucoup plus d'attention au marché qu'ils ne l'ont fait. Ils doivent être plus internationaux — et cette tendance se maintiendra. Ils doivent aussi établir des rapports plus étroits avec leurs clients, les uns avec les autres et avec le public. Les personnes assises à mes côtés illustrent très bien la façon dont vous pouvez mettre sur pied une entreprise prospère de cette façon.
Nous voyons des exploitations beaucoup plus diversifiées qu'avant dans le secteur agricole, et cette diversification n'est pas toujours liée à l'agriculture. Nous observons aussi une transition à l'égard de l'utilisation des ressources, parce que l'agriculture devient une affaire multimillionnaire et des agriculteurs l'abordent comme d'autres chefs d'entreprise le font, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas besoin de posséder toutes les ressources qu'ils utilisent pour exploiter leur entreprise. Nous constatons aussi que les agriculteurs cherchent vraiment à exploiter leur entreprise de façon beaucoup plus responsable et durable, et cette tendance se maintiendra.
Les agriculteurs ont aussi des responsabilités envers la société, et ces responsabilités engendrent des possibilités. Ainsi, nous voyons que nous devrons nourrir neuf milliards de personnes et cela signifie que de nouveaux marchés explosent dans le monde entier, en particulier en Inde et en Chine. Des éléments de cette situation sont vraiment attrayants. Nous en apprenons toujours plus sur le lien entre l'alimentation et la santé, et cela se traduit par de nouveaux débouchés pour les agriculteurs et les sociétés agroalimentaires — et ce secteur d'activité continue de se développer.
Toute la question de remplacement du pétrole est un facteur et ce, pas tant dans le domaine des biocarburants mais vu certaines découvertes vraiment intéressantes dans le domaine des bioproduits et par rapport à des produits chimiques biologiques, parce que vous pouvez alors insérer de la biomasse tôt dans le processus et vous n'avez pas à modifier le reste de la chaîne d'approvisionnement.
Ensuite, d'autres grands facteurs concernent les adaptations que les agriculteurs peuvent adopter pour faire partie de la solution afin de réduire les changements climatiques.
Quand nous pensons aux agriculteurs — aux agriculteurs compétitifs et prospères de l'avenir — nous les groupons dans deux catégories. Les agriculteurs dans ces catégories devront savoir très clairement et bien saisir sur quels plans ils doivent être compétitifs. Certains sont des acteurs dans des marchés de produits de base mondiaux: ils sont présents sur les marchés de produits industriels ou sur les marchés de l'énergie. Vous êtes un fournisseur de produits de base dans cet espace et vous devez donc mettre l'accent sur les coûts, être très productif tout en étant sensible aux changements dans les marchés mondiaux. Par ailleurs, on voit des agriculteurs présents dans des marchés de créneaux à valeur élevée. Dans un tel cas, vous devez différencier votre produit et être extrêmement innovateur. Pour ce faire, vous devez être branché sans cesse sur les consommateurs, déterminer leurs besoins et leur livrer la marchandise. Les exploitations des deux groupes devront être durables, plus durables et responsables qu'elles l'ont été dans le passé et la santé jouera un grand rôle, en particulier dans les marchés de créneaux.
L'autre élément qui sera déterminant à l'avenir — je ne suis pas sûr que tous les acteurs du secteur l'aient bien saisi —, c'est qu'il y a vraiment trois niveaux de gestion en agriculture. Le premier est la gestion de l'exploitation agricole traditionnelle, ce que je faisais quand j'exploitais ma ferme et ce que les agriculteurs font actuellement. Nous sommes assez efficaces dans ce domaine, mais quand vient le temps de créer des coopératives, de créer des réseaux pour joindre des clients qui ne jurent que par le biologique ou par l'achat local, c'est tout à fait différent, parce que les paramètres changent. Ainsi, le fait de savoir gérer des réseaux et d'être efficace en matière de gestion de réseaux... [Note de la rédaction: inaudible].
L'élément absolument essentiel, c'est tout ce qui concerne le leadership du secteur, parce que les chefs de file sont ceux qui définissent les stratégies de recherche, qui définissent les stratégies commerciales et qui communiquent avec vous, les décideurs, pour essayer d'influer sur les politiques. D'après les résultats d'études et d'après mon expérience, les agriculteurs ont parfois de la difficulté à mettre de côté leur chapeau d'agriculteur pour porter celui de chef de file du secteur. De fait, c'est l'une des raisons pour lesquelles nous lançons un programme de perfectionnement d'une semaine intitulé « Moi, le chef de la direction », strictement destiné aux administrateurs d'organisations agricoles, parce qu'à notre avis, il y a là un besoin énorme.
Qu'est-ce qui aidera les agriculteurs à être compétitifs à l'avenir? Des études de marché pour connaître leur clientèle, au pays et à l'étranger, puis des initiatives ciblées de développement de marchés.
Certaines politiques en vigueur fonctionnent ainsi: si vous voulez percer sur un nouveau marché, nous allons vous aider, mais si vous vous contentez de développer le même marché, nous n'allons pas vous aider. Ce n'est pas logique, si vous voulez vraiment tirer parti du marché chinois, par exemple.
Nous devons soutenir l'innovation, tant par rapport aux produits qu'aux processus, et nous n'avons pas tendance à nous concentrer autant sur l'élément « processus » de l'équation. Le travail que nous avons fait avec les transformateurs d'aliments montre qu'ils accordent une importance égale à ces deux éléments.
Je recommande d'investir dans les nouvelles technologies, les nouveaux produits et des outils de gestion du risque qui gèrent rapidement et efficacement des risques réels et de ne pas gaspiller d'argent sur d'autres aspects.
Pour ma part, entre autres choses, j'aimerais voir un changement en matière de priorités et d'investissements: au lieu de dépenser presque tout notre argent dans des programmes de gestion des risques de l'entreprise, la GRE, j'aimerais que nous discutions vraiment de quelques-uns des nouveaux débouchés. Dès que nous formons un groupe de discussion, ce qui en ressort, c'est toute une panoplie de points sur de nouveaux débouchés, de nouveaux marchés et des problèmes liés à la réglementation. Quand les gens pensent à l'avenir, ils ne pensent pas au revenu agricole. Pour eux, c'est la base, mais ils ne pensent pas que c'est ce qui va déterminer leur avenir.
Nous nous sommes beaucoup penchés sur le revenu agricole. J'aimerais vous donner un aperçu de la nature des différences que nous avons observées entre les petites et les grandes exploitations agricoles: si vous prenez les petites fermes ayant un revenu inférieur à 100 000 $ — il y en a 73 000 — et les comparez aux 2 000 plus grandes fermes ayant un revenu de 2,5 millions de dollars et plus, vous constaterez le déclin des petites fermes et l'essor considérable des grandes fermes. Entre autres choses, on peut voir que les 73 000 agriculteurs ont vendu pour environ 2,9 milliards de dollars de produits tandis que les ventes des 2 000 grandes entreprises agricoles ont atteint près de 12 milliards de dollars. Les petits agriculteurs doivent avoir près de 18 $ d'actifs pour produire chaque dollar de revenu comparativement à 2,31 $ d'actifs pour les grandes exploitations agricoles. Du point de vue de la compétitivité, le déséquilibre est considérable. De plus, quand nous examinons le revenu d'appoint, les petits agriculteurs se situent à environ 111 p. 100 des ventes, c'est-à-dire qu'une plus grande partie de leur revenu provient de l'extérieur de la ferme plutôt que de leur production agricole. Pour les plus grandes fermes, le pourcentage se situe à environ 0,5 p. 100. L'écart est donc énorme.
Cela signifie qu'il faut vraiment voir les politiques différemment, parce qu'il est absolument impensable qu'une seule politique favorise la compétitivité de ces deux groupes. Nous voyons parfois de petits agriculteurs compétitifs, s'ils s'attaquent à des marchés attrayants, mais comme groupe, ils perdent essentiellement toujours de l'argent. Il y a cette courbe de la population qui ressemble à ceci, et cette courbe du revenu qui ressemble à cela.
Par ailleurs, si vous examinez la situation par rapport à l'investissement et la façon dont l'investissement va évoluer, vous constaterez que les grandes exploitations agricoles — celles dont les revenus sont supérieurs à 1 million de dollars — investissent près de 300 000 $. Les plus grandes investissent plus de 500 000 $. Les petits agriculteurs investissent annuellement 7 000 $ à 10 000 $ en moyenne. Il est donc évident que l'écart va demeurer.
Nous commençons à nous inquiéter un peu du niveau d'endettement que les exploitations agricoles supportent et de l'augmentation du prix des terres.
Que devrions-nous faire pour être plus compétitifs? Je crois que nous devons nous demander si nous voulons mettre tout notre argent, ou la plus grande partie de notre argent, dans les programmes de GRE. À mon avis, nous devrions en transférer une partie pour investir davantage dans l'innovation, dans l'amélioration de la productivité à tous les niveaux et dans la recherche et le développement. J'entends par là une partie de la recherche fondamentale, par exemple sur les cultures et l'élevage. Nous délaissons ce domaine, mais je crois encore que c'est un fondement important. Nous devons investir dans le développement de nouveaux marchés et également dans la transformation industrielle des aliments.
Qu'est-ce qui marche? Il s'agit vraiment de se concentrer sur des objectifs clés et des marchés clés. Nous en avons eu quelques bons exemples. J'y reviendrai.
Il est important d'avoir une perspective régionale à l'intérieur d'un cadre national. Nous avons remarqué que les cadres nationaux sont excellents pour établir une politique, mais que les conseils d'adaptation régionaux ou provinciaux, et les organes de cette nature, semblent constituer un très bon modèle parce que vous avez des intervenants de l'industrie qui connaissent le secteur, qui connaissent les entreprises et qui peuvent faciliter l'investissement direct.
Je suis un chercheur. Je suis bien financé, mais il y a une petite enveloppe, environ 1,25 million de dollars, qui sert à financer cinq réseaux à la grandeur du pays. Je sais que des compressions sont prévues. Je me demande pourquoi vous ne voudriez pas que certains des gens les plus intelligents au pays fassent de la recherche sur des questions d'orientation en matière d'agriculture. Je ne vois pas vraiment la logique.
Nous avons aussi besoin d'un meilleur accès aux données de Statistique Canada. Ce ministère pose un grand problème par rapport à son financement...
Les défis comprennent l'absence d'une stratégie nationale; la structure du secteur, comme je l'ai dit; les retards en matière d'innovation et de productivité. Les obstacles réglementaires et interprovinciaux au commerce m'apparaissent des enjeux importants, et ils ont été soulevés. Je trouve encourageant que le Conseil de coopération en matière de réglementation tente d'améliorer l'harmonisation avec les États-Unis. C'est vraiment positif. En ce qui concerne l'accent tout particulier mis sur les programmes de GRE, le moment ne serait pas mal choisi pour faire une transition, puisque la situation est plus rose pour tous les agriculteurs qu'elle ne l'a été depuis un assez grand nombre d'années. Il y a un manque de réseaux de distribution pour aider les petits agriculteurs à tirer parti des possibilités d'écouler localement des produits biologiques. Nous devons mettre sur pied ces réseaux. Un autre défi tient au leadership au sein du secteur. Un autre risque considérable pour la compétitivité future est la valeur élevée des terres et des quotas.
Je vous remercie beaucoup.
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Nous voulons modifier la Loi sur l'importation des boissons enivrantes depuis bien des années. Nous avons d'abord tenté de collaborer avec les sociétés des alcools afin d'établir et de mettre en oeuvre une exonération personnelle, sans succès. Leur solution consistait à tenter de vendre davantage de vins canadiens à 100 p. 100 dans leurs magasins de détail au Canada. Ils ont eu un certain succès, mais pas au point de renforcer notre compétitivité ni d'augmenter notre part de marché au Canada.
En ce qui concerne le projet de loi de M. Albas, notre meilleur point de comparaison est avec les États-Unis. En 2005, une décision de la Cour suprême a ouvert les frontières au commerce du vin entre les États. Depuis 2005, 37 États ont modifié leurs lois de manière à autoriser la livraison directe au consommateur, y compris 70 p. 100 des États soumis à un régime équivalent au régime des sociétés des alcools que nous avons au Canada.
Dans l'ensemble, le marché de la vente directe aux États-Unis représente environ 2 p. 100 de la production totale de vin, dont 1 p. 100 serait constitué du vin acheté en salle de dégustation — autrement dit, le type de ventes que nous faisons actuellement. Lorsque le marchand de vin vend une caisse de vin à un touriste à sa vinerie, il ne sait pas du tout si ce consommateur est un résident de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique. Une vente est une vente.
L'autre 1 p. 100 des ventes directes aux États-Unis est constitué du vin que le marchand de vin expédie à une salle de dégustation dans un autre État, par l'intermédiaire d'un club de vin, en passant par Internet. Croyez-le ou non, vous pouvez vendre du vin sur Internet aux États-Unis, ou cela se fait par téléphone ou sous cette forme d'expédition directe. C'est ce que nous voulons faire au Canada. Nous pensons que cela représenterait probablement là aussi 1 p. 100 environ des ventes totales de vin canadien.
En ce qui concerne les vins canadiens à 100 p. 100, et non les assemblages de vins canadiens et importés, 95 p. 100 de ces assemblages se vendent moins de 10 $ la bouteille. Il en coûte à peu près 4 $ pour expédier une bouteille de vin de la Colombie-Britannique vers l'Ontario, ou inversement. Vous vous retrouvez donc avec des vins qui dépassent probablement les 15 $.
Si vous gardez cet ordre de grandeur de 1 p. 100 des ventes totales de vins VQA au Canada, on parle probablement d'environ 25 000 à 30 000 caisses de vin par an. La quantité est petite comparativement aux ventes totales de vin au Canada, qui s'élèvent à près de 500 millions de litres, mais ce serait extrêmement bénéfique pour les petits et moyens établissements vinicoles dont la plupart n'ont pas accès au réseau des sociétés des alcools. Leur potentiel de croissance s'en trouverait renforcé, grâce à l'amélioration de leur marge bénéficiaire, et les consommateurs canadiens auraient la chance de goûter les vins fantastiques que nous avons, ce qui encouragerait les sociétés des alcools à vendre davantage de vins 100 p. 100 canadiens. Par conséquent, quand les sociétés des alcools vont élargir la sélection de vins sur leurs tablettes elles vont en vendre plus.
Les vins dont nous parlons ne sont pas vendus dans le réseau des sociétés des alcools. S'ils l'étaient, vous ne voudriez pas les acheter et payer les frais de transport de 4 $ la bouteille. Ces vins ne sont pas disponibles parce que les sociétés des alcools ne les tiennent pas.
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En ce qui concerne la stratégie, il y a plusieurs initiatives. L'Institut canadien des politiques agroalimentaires en a une; la Fédération de l'agriculture en a une; et le Conference Board du Canada commence à s'intéresser à ce domaine. Les thèmes communs que vous retrouvez dans une stratégie nationale en matière d'alimentation, c'est que d'une façon ou d'une autre, nous devons faire en sorte que cette industrie demeure compétitive sur la scène internationale, parce que nous sommes en concurrence. Nous vendons beaucoup dans le monde entier et nous devons rivaliser avec les importations. C'est ressorti très clairement.
Le deuxième volet de cette stratégie globale a tendance à mettre l'accent sur le lien entre l'alimentation et la santé. Il s'agit donc de déterminer d'abord ce que nous faisons pour éliminer les ingrédients malsains puis, deuxièmement, pour ajouter davantage d'ingrédients sains, et ce que nous faisons pour changer les habitudes de consommation des gens et leur façon de voir l'alimentation également.
En ce qui concerne l'avenir, quoi que nous fassions, il faut que ce soit durable, et les agriculteurs comprennent le concept de durabilité parce qu'ils n'ont pas le choix. Néanmoins, le respect de l'environnement revêt beaucoup plus d'importance et cet essor sera stimulé par plusieurs sources. Par exemple, l'initiative de Walmart va changer la façon dont beaucoup de gens devront composer avec cet aspect. Il y a donc ces trois éléments.
Quant aux avantages pour le pays d'avoir une stratégie nationale en matière d'alimentation, premièrement, une telle stratégie doit brosser un tableau assez global et dire: voilà les grandes cibles. Nous voulons augmenter nos exportations de tant. Nous voulons développer l'agriculture biologique locale de tant. Nous devons avoir des cibles précises, mais à un très haut niveau.
Si vous le faites — et c'est pourquoi je me suis beaucoup entretenu avec des chefs de file de l'industrie — il est alors facile pour les gouvernements de demander quelles politiques s'harmoniseraient avec cette stratégie, de façon logique, et quelles politiques seraient en réalité un obstacle. Des problèmes liés à la réglementation sont des obstacles évidents à une saine alimentation, par exemple, et à la possibilité même de parler d'une saine alimentation.
Il y a donc cette interaction entre les deux. J'ai encouragé les trois principaux groupes qui s'y intéressent à se réunir — et ils commencent lentement à le faire, mais pas très rapidement — pour élaborer une stratégie nationale en matière d'alimentation pour dire: voici ce que nous allons faire. Je crois que l'ICPA est probablement le plus avancé, mais la Fédération de l'agriculture progresse assez bien aussi.
De façon réaliste, est-ce que cela va réorienter Cultivons l'avenir? J'avais participé aux consultations nationales sur le sujet et je n'ai pas vraiment l'impression que la stratégie nationale en matière d'alimentation va entrer en jeu assez tôt pour influer vraiment sur Cultivons l'avenir. Toutefois, des éléments sont très clairs: que pouvons-nous faire pour favoriser davantage l'innovation au moyen de Cultivons l'avenir; que pouvons-nous faire pour favoriser le développement des marchés internationaux et quelles sortes de programmes pouvons-nous mettre sur pied pour favoriser la durabilité? Voilà les éléments importants, et également dans le cadre des programmes de GRE, nous devons les analyser pour déterminer ceux qui sont logiques et ceux qui ne donnent probablement pas exactement ce que nous voulons.
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Merci beaucoup, Larry et merci à tous d'être ici
J'adresserai mes questions à Annamarie et Kevin, si vous le voulez bien.
Premièrement, félicitations pour le prix des Jeunes agriculteurs d'élite du Canada. Vous avez aussi remporté le prix des Jeunes agriculteurs de la Colombie-Britannique, donc chapeau. Merci, et merci d'être ici.
J'ai visité votre ferme et je comprends pourquoi... J'ai vu comment vous êtes passés de votre lot double de 5 acres sans expérience à quelque 40 acres, une belle maison et un rôle de mentor. C'est une réussite incroyable.
Merci de nous avoir fait part de votre position sur les OGM.
J'aimerais que vous retraciez un peu le parcours de votre réussite et que vous nous donniez vos recommandations. Vous êtes aussi très engagés dans l'Organic Farming Institute. Kevin, vous en êtes le président. Vous avez mentionné que vous aimeriez offrir un autre cours sur les cultures basses au printemps. Je crois que les membres du comité seraient intéressés d'entendre comment vous vous y prendriez. Je sais qu'il s'agirait d'un cours en ligne, avec une formation pratique complémentaire.
L'autre point qui m'intéresse, c'est cette idée de mentorat à la ferme. Vous accueillez des gens qui vivent, travaillent et acquièrent de l'expérience sur votre ferme avant de se lancer en agriculture. Quel rôle le gouvernement pourrait-il jouer pour rendre le programme encore plus efficace?
Et ma dernière question: si je me souviens bien, vous cultivez presque à l'année grâce à votre aménagement de serres. Comment le gouvernement peut-il aider des agriculteurs à le faire pour que nous puissions avoir des fruits et légumes frais à l'année?
C'est probablement assez pour mes cinq minutes. Allez-y.
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À l'Organic Farming Institute, nos cours sont tous conçus pour être en ligne. Des gens d'un peu partout au Canada et à travers le monde peuvent les suivre. Nous avons eu des inscriptions d'étudiants d'autres parties du monde.
Les cours sont assez approfondis, avec vidéos. Les étudiants peuvent communiquer par courriel avec un enseignant qui note tous les travaux. Jusqu'à présent, nous avons produit un contenu sur la gestion des sols pour que les gens sachent comment gérer le sol de façon à produire des aliments sains. Nous sommes passés à l'étape suivante de la production de cultures basses. Ce cours va enseigner aux gens comment gagner leur vie avec des cultures basses.
Nous avons obtenu une aide financière par l'intermédiaire de la SIBAC pour prendre cinq acres de terre et en faire une entreprise rentable en plantant de l'ail ou des tomates pour les vendre directement, ou ce genre de choses. Nous nous proposons d'élaborer des cours au cours des prochaines années pour aider les agriculteurs à faire de l'argent. Nous parlons de cultures basses, de viticulture biologique et de production en serre à l'année. Nous voulons commencer à offrir des services de planification d'entreprise.
Pour l'Institut, l'objectif primordial est d'intéresser des jeunes à l'agriculture — ou même des vieux qui veulent prendre leur retraite à 50 ans et devenir agriculteurs, ce qu'on voit beaucoup. C'est ce qu'ils veulent faire de leur retraite.
Je pense que la deuxième question portait sur notre programme de mentorat et la façon d'aider des gens à s'établir sur une ferme. Je suppose que l'élément le plus important, c'est le prix des terres et l'aide. Il n'y a vraiment rien pour aider les gens — du moins pour ce que nous en savons — à y accéder par l'intermédiaire du gouvernement. Un programme axé sur la carrière paye 50 p. 100 du salaire, mais il s'agit en réalité d'un programme de mentorat. Il ne comporte pas vraiment de formation comme telle.
Nous avons fait le pas de plus et offert une formation sur les tracteurs, la gestion d'entreprise et les techniques de marketing au moyen de l'ASC, ou l'agriculture soutenue par la communauté, pour vendre par l'intermédiaire des marchés fermiers et traiter avec les restaurants et les distributeurs.
Aide-moi un peu s'il te plaît.
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C'est une observation très intéressante parce que le programme d'assurance-récolte fonctionne bien: il est sensible aux besoins, relativement rapide et bien compris. Les producteurs sont généralement satisfaits de ce programme.
Le programme Agri-investissement est lui aussi très facile à comprendre parce que vous touchez un certain pourcentage des ventes, jusqu'à un plafond. Je ne suis pas tout à fait convaincu que tous les agriculteurs en ont vraiment besoin, mais c'est une autre question.
Quant au programme Agri-stabilité, j'ai travaillé un peu en collaboration avec l'OCDE, qui a recommandé d'insister davantage sur le programme Agri-investissement et moins sur le programme Agri-stabilité, qui prend beaucoup de temps et qui est imprévisible. Les agriculteurs ne savent pas quand ils vont toucher leur argent, ni combien d'argent ils vont toucher, et les paiements arrivent un an et demi plus tard. Entre-temps, les agriculteurs ont peut-être survécu, ou peut-être pas. L'argent arrive, ils disent que c'est agréable, mais...
Il n'est pas nécessaire de tout supprimer, mais je crois qu'un changement de cette nature serait probablement logique. Je crois que le programme Agri-relance fait probablement ce qu'il est censé faire. Lorsqu'il y a une catastrophe, qu'une région est inondée et qu'aucun agriculteur ne peut ensemencer ses champs, ou que tout est détruit par la sécheresse, le gouvernement peut réagir assez rapidement. Les paramètres ne sont peut-être pas assez bien définis.
Je suis heureux de l'entendre. Je l'ai entendu de la part de plus d'un producteur. Beaucoup de gens que je connais disent que c'est bien de recevoir de l'argent du gouvernement, mais qu'ils ne s'y fient certainement pas pour faire leur planification.
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Les idées intéressantes ne manquent pas à ce sujet, et on voit les choses différemment aujourd'hui, comparativement à l'époque où vous étiez contraints de trouver de l'argent pour continuer.
Je vais passer aux Klippenstein.
Je veux vous féliciter pour le prix des Jeunes agriculteurs d'élite. De fait, j'étais en nomination pour ce programme en « 03-04 » en Saskatchewan. Je n'ai pas gagné, mais c'est un bon programme.
M. Valeriote: En 1903?
Des membres: Oh, oh!
M. Randy Hoback: Vous n'allez pas le compter dans mon temps, n'est-ce-pas?
C'est intéressant. Nous sommes tous issus du même programme des Jeunes agriculteurs d'élite, mais nous sommes aux deux extrémités de l'échelle en ce qui concerne les différents types de production.
En tant que législateur, mon rôle ici est de faire en sorte que les Canadiens ont accès à des aliments sûrs et à des aliments qu'ils peuvent se payer. Lorsque nous jouons notre rôle de promulguer des lois ou des règlements sur la salubrité des aliments, c'est primordial à nos yeux. Nous ne nous soucions pas vraiment de savoir si c'est biologique ou pas. Nous ne nous soucions pas vraiment de savoir si c'est génétiquement modifié ou pas, parce que la science nous prouverait si c'est sûr ou pas. Il m'est difficile de dire, et de vous entendre dire, que nous devrions nous débarrasser de tous les agriculteurs qui cultivent des OGM, simplement pour que nous puissions avoir un secteur biologique basé sur un marché.
Vous dites essentiellement que vous commercialisez des produits biologiques parce que vous pensez qu'ils sont plus sûrs, mais nous n'en avons pas de preuve scientifique. Si nous en avions, nous le ferions. En tant que législateurs, nous le dirions si une catégorie d'aliments n'était plus sûre à consommer.
Nous en revenons donc à ce que vous faites vraiment, c'est-à-dire commercialiser un produit, et vous le faites en vous fondant, peut-être, sur les impressions des gens, ou leurs souhaits ou leurs désirs. C'est parfait, c'est le libre marché, mais c'est difficile pour moi, comme législateur, de dire que je peux vous appuyer, parce que je ne le peux pas.
Puis je reviens à vous, parce que ce sera vraiment difficile à l'avenir, tandis que nous verrons apparaître de plus en plus de cultures génétiquement modifiées et de variétés différentes. La luzerne est un bon exemple. Je peux prendre la luzerne génétiquement modifiée et dire probablement qu'on peut la consommer sans danger et tout le reste. Il y a toutes sortes de raisons dans le secteur biologique de ne pas le faire, mais il ne semble pas y avoir de volonté dans le secteur biologique d'examiner la présence adventice, parce que ses acteurs ne commercialisent que des produits biologiques, et la définition d'un produit biologique peut se situer à 90 p. 100, ou elle peut se situer à 85 p. 100. Le secteur peut trancher sur ce que l'étiquette biologique voudra dire pour le Canada, mais il semble peu disposé à le faire.
Comment pouvons-nous aller de l'avant? Y a-t-il une façon d'aller de l'avant? La réalité, c'est que les OGM sont là pour rester. Comment allez-vous survivre? La réalité, c'est que vous serez forcés de survivre avec la présence adventice. Comment allez-vous réagir à cette situation?
En tant que président, je vais exercer ma prérogative de poser deux ou trois questions de suivi.
Monsieur Paszkowski, je reconnais et je comprends votre frustration à l'égard de la question transprovinciale. Je vous souhaite bonne chance dans votre combat. On aurait dû régler ce problème depuis longtemps dans beaucoup de provinces.
Au départ, j'ai été agriculteur dans mon autre vie et cela m'agaçait toujours. Nous étions voisins du Québec, qui appuie son agriculture beaucoup plus que la province de l'Ontario le faisait. J'accorde le mérite au Québec pour cela, mais d'autres problèmes transfrontaliers étaient injustes pour l'Ontario. Le plus tôt tous ces problèmes seront éliminés, le mieux cela vaudra. Je vous souhaite bonne chance.
Monsieur et madame Klippenstein, félicitations pour le prix que vous avez obtenu. À mes yeux, c'est très prestigieux. Un couple dans ma circonscription a remporté la version ontarienne de ce prix. C'est très louable, donc toutes mes félicitations.
J'ai une ou deux questions. Ma femme s'occupe de la plupart des courses pour notre famille, mais comme je suis à Ottawa, j'en fais un peu aussi. Quand nous allons à l'épicerie, que ce soit ma femme ou moi, si l'étiquette ne dit pas « biologique », nous supposons que ce ne l'est pas.
Est-ce là une hypothèse raisonnable?