:
Bonjour à tous. J'ouvre maintenant la séance.
Je vous souhaite la bienvenue à la 133e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément au Règlement. Les députés peuvent participer en personne dans la salle et à distance grâce à l'application Zoom.
J'aimerais demander à tous les députés et aux autres participants en personne de consulter les cartes situées sur leur table pour prendre connaissance des lignes directrices visant à prévenir tout incident de retour de son.
[Français]
Veuillez garder à l'esprit les mesures préventives en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
[Traduction]
Veuillez n'utiliser que les oreillettes noires approuvées qui se trouvent devant vous. Maintenez votre oreillette éloignée des microphones et lorsque vous ne l'utilisez pas, placez‑la face vers le bas sur l'autocollant prévu à cet effet. Celui‑ci se trouve sur votre table, juste à votre droite ou juste à votre gauche, dans le cas de M. Green. Bienvenue, monsieur Green.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du rapport 6 de la vérificatrice générale du Canada, intitulé « Technologies du développement durable Canada », tiré des rapports 5 à 7 de 2024 et renvoyé au Comité le mardi 4 juin 2024.
[Traduction]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Du Bureau du vérificateur général, nous accueillons Karen Hogan, vérificatrice générale du Canada — ravi que vous et votre équipe soyez parmi nous aujourd'hui — ainsi que Mathieu Lequain, directeur principal, et Ewa Jarzyna, directrice.
De Technologies du développement durable Canada, nous avons Paul Boothe, président du conseil d'administration, et Sheryl Urie, vice-présidente, Finances. Merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
Chacun d'entre vous disposera de cinq minutes pour formuler ses observations liminaires. Nous allons commencer, comme nous le faisons habituellement, par la vérificatrice générale, qui, si j'ai bien compris, fera une déclaration relativement brève.
La parole est à vous, madame Hogan.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme le savent les membres du Comité, j'ai comparu la semaine dernière pour parler de ce rapport. Lors de cette comparution, j'ai lu une déclaration liminaire aux fins du compte rendu. Elle était exhaustive. Elle comprenait nos conclusions concernant non seulement Innovation, Sciences et Développement économique Canada, mais aussi la Fondation du Canada pour l’appui technologique au développement durable.
Je n'ai vraiment rien de particulier à ajouter à mes observations liminaires et, afin de mieux soutenir le Comité, je vous rends le reste de mes cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Honorables membres du Comité, mesdames et messieurs, mon nom est Paul Boothe. Je suis un sous-ministre retraité et professeur de finances publiques vivant à Dundas, en Ontario. Je suis accompagné aujourd’hui par Sheryl Urie, vice-présidente des Finances de Technologies du développement durable Canada. Je vous remercie de l’avoir autorisée à participer à la réunion à la place du directeur général par intérim, M. Ziyad Rhame, qui a un important engagement familial à respecter cet après-midi.
Monsieur le président, le 4 juin, le gouvernement du Canada m’a nommé président du conseil d’administration de la Fondation du Canada pour l'appui technologique au développement durable — c'est long à dire —, pour un mandat d’un an. J’ai été nommé au conseil d’administration en même temps que deux autres sous-ministres à la retraite, Cassie Doyle et Marta Morgan.
Le même jour, la vérificatrice générale a publié son « Rapport n° 6: Technologies du développement durable au Canada » et le a également publié un rapport du cabinet d’avocats McCarthy Tetrault sur les pratiques de la Fondation en matière de ressources humaines.En outre, le 4 juin — c'était une journée bien occupée —, le ministre de l'Industrie a annoncé une nouvelle directive en matière de gouvernance pour la Fondation, en vertu de laquelle les programmes et le personnel de la Fondation devaient être transférés au Conseil national de recherches.Le ministre a également annoncé que le financement de la Fondation destiné aux jeunes entreprises du secteur des technologies propres reprendrait immédiatement.
J’espère qu’en répondant à vos questions aujourd’hui, je pourrai vous faire part de ce que nous avons l’intention de faire en tant que nouveau conseil d’administration en vue de reprendre le financement ainsi que de planifier et d’exécuter le transfert de la programmation et du personnel de la Fondation vers le Conseil national de la recherche. Toutefois, je tiens à vous informer que le nouveau conseil d’administration accepte les recommandations de la vérificatrice générale. En reprenant le financement d’entreprises en démarrage dans le domaine des technologies propres, nous nous inspirerons de son rapport pour mettre à jour nos pratiques relatives à la tenue des dossiers et à la gestion des conflits d’intérêts. En outre, nous travaillerons avec le ministère d’Innovation, Sciences et Développement économique pour veiller à ce que l’accord de contribution reflète pleinement l’objectif du gouvernement pour le financement que nous versons, et nous veillerons à ce que toutes les décisions de financement futures soient pleinement conformes aux termes de l’accord de contribution.
Bien que nous n’en soyons qu’au treizième jour de notre mandat en tant que nouveau conseil d’administration, nous avons travaillé dur pour comprendre le travail et les opérations de la Fondation ainsi que les recommandations du rapport de la vérificatrice générale. Le personnel de la Fondation a travaillé avec diligence à l’élaboration d’un plan d’action concret pour répondre aux préoccupations exprimées par la vérificatrice générale. Je suis convaincu que nous serons en mesure d’atteindre le double objectif de reprendre le financement d’une manière conforme aux recommandations de la vérificatrice générale et de planifier et d’exécuter le transfert des programmes et du personnel de la Fondation au Conseil national de recherches.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Je vais commencer par poser des questions à Mme Urie.
Je vais commencer par faire un bref résumé. En 2019, le a choisi le président de Technologies du développement durable Canada — que le public connaît sous le nom de caisse noire verte — après que Technologies du développement durable Canada ait obtenu en 2017 un audit de gouvernance favorable du Conseil du Trésor et de la vérificatrice générale. Il me semble que la culture de cet organisme a beaucoup changé, et nous avons entendu des témoignages qui allaient dans ce sens, le concept auquel le ministre Bains et son bureau ont fait référence, à savoir la gestion des conflits. Un certain nombre de directeurs ont effectué des transactions qui ont... Selon le rapport de la vérificatrice générale, près de la moitié de toutes les transactions, sur les 420 effectuées entre 2017 et 2023, donnaient lieu à des conflits d'intérêts. C'est assez étonnant, car je pense que ces directeurs représentaient moins de la moitié du secteur des technologies vertes, et pourtant, ils ont réussi à obtenir près de la moitié du financement, si l'on conjugue les 90 conflits non déclarés, les 96 conflits déclarés et les 58 millions de dollars dépensés en dehors des dispositions de l'accord de contribution.
Je pense que vous étiez la personne chargée des finances pendant tout ce temps. Le vice-ministre était présent la semaine dernière et il a convenu que, dans de nombreux cas, ou dans certains de ces cas, l'argent devrait être remboursé parce qu'il est allé à un nombre démesuré de ces directeurs et, dans de nombreux cas, en dehors des limites fixées par le Parlement relativement aux dépenses.
Le libéral vous a‑t‑il demandé, à la fois à l'actuel président par intérim et à vous-même, en tant que directrice financière, d'exiger le remboursement d'une partie de cet argent?
Les questions précédentes portaient en grande partie sur notre volet de financement de démarrage. Ce volet a été conçu pour fournir des fonds dans tout le pays aux petites collectivités et aux entrepreneurs qui n'ont généralement pas accès aux différentes sources de financement offertes par le gouvernement. Le volet du financement de démarrage recherchait des partenaires dans tout le pays. Nous n'avions jamais reçu de demande de Terre-Neuve et de l'Île‑du‑Prince‑Édouard, ou de certaines de ces régions, et c'était vraiment l'objectif du volet de financement de démarrage. On avait imaginé sa création avant que le président précédent ne rejoigne le conseil d'administration.
Ce programme a permis à Technologies du développement durable Canada d'augmenter l'octroi de fonds à des femmes entrepreneures. Nous leur avons également permis d'accéder à un fond plus important et peut-être à un plus grand bassin de financements du gouvernement qui sont accessibles à de nombreux entrepreneurs à travers le pays, mais pour lesquels ces petits entrepreneurs ne pouvaient pas présenter de demande,
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Il m'est difficile de commenter la façon dont la transition a été mise en place et comment s'est faite la nomination des membres du conseil d'administration, car je ne connais pas du tout les détails de cela.
Lorsque je pense à la destination, à savoir un ministère fédéral, je crois que cela augmentera la responsabilité et la transparence concernant l'utilisation des fonds, et que cela aidera à éliminer certains des conflits d'intérêts potentiels actuels puisque les membres du conseil d'administration doivent être des experts dans le domaine.
Je pense que l'une de mes préoccupations sera alors de savoir comment le Conseil national de recherches s'assurera d'avoir l'expertise voulue pour faire ce que le conseil d'administration faisait. Comment s'assurera‑t‑il que les projets sont réellement innovants et qu'ils font appel à de nouvelles technologies? Comment s'assurera‑t‑il que les projets contribueront réellement à améliorer la qualité de l'eau et de l'air, et à atténuer les changements climatiques?
J'espère que le Conseil national de recherches veillera à s'attacher l'expertise nécessaire pour évaluer, sur la base du mérite, ce que chaque projet devrait recevoir.
Si on remonte plus loin que 2017, il semble y avoir eu des cas de conflits d'intérêts assez importants, notamment en ce qui concerne un projet d'Enerkem. Mme Méthot siégeait à la fois au conseil d'administration d'Enerkem et au comité d'évaluation de Technologies du développement durable Canada, ou TDDC, et Enerkem est l'entreprise qui a bénéficié de la plus grande subvention de la part de TDDC. Je pense qu'elle a reçu 56 millions de dollars pour son projet. J'ai ce chiffre ici. Ce projet ne se retrouve évidemment pas dans votre rapport, puisqu'il a été achevé le 31 mars 2017. Malheureusement, il n'a pas été étudié dans le cadre de votre audit, mais je pense que c'est un cas intéressant.
En fait, la contribution de TDDC était de 63 600 000 $, alors que Mme Méthot, je le rappelle, siégeait à la fois au conseil d'administration d'Enerkem et au comité d'évaluation de TDDC.
J'ai une question qui s'adresse à vous, madame Urie.
Vous avez répondu à mon collègue que vous alliez évaluer les projets pour ensuite déterminer si vous alliez essayer de recouvrer les fonds. Allez-vous évaluer tous les projets? C'est une question qu'on a posée plusieurs fois à M. Kennedy, la semaine dernière.
J'aimerais savoir si vous, en tant que vice-présidente des finances de TDDC, ou l'équipe qui va être transférée au Conseil national de recherches, allez évaluer tous les projets, d'abord pour déterminer s’ils étaient admissibles. On sait que la vérificatrice générale n'a pas pu le faire.
Allez-vous engager une firme? Comment allez-vous procéder?
Madame Hogan, dans votre accablant rapport, vous dites avoir découvert que 76 millions de dollars ont été attribués de façon non conforme. Les membres du conseil d'administration de TDDC ont siégé, délibéré et voté sur l'attribution de ces fonds à des sociétés dans lesquelles ils avaient des intérêts. Nous sommes en présence de cas patents de conflits d'intérêts, de corruption éhontée.
Vous avez fourni au Comité une liste des membres du conseil d'administration et des entreprises qui ont reçu ces fonds. Les entreprises de l'une des membres du conseil d'administration, Andrée-Lise Méthot, qui est une ancienne collègue et amie de longue date du ministre de l'Environnement et du Changement climatique, , ont reçu plus de 50 millions de dollars en financement de TDDC, un octroi au sujet duquel elle a voté alors qu'elle siégeait au conseil d'administration de l'organisme. J'ai recensé un certain nombre d'autres entreprises dans lesquelles Mme Méthot a des intérêts et qui ont reçu de l'argent de TDDC pendant qu'elle siégeait au conseil d'administration de l'organisme.
Avez-vous examiné le financement reçu par MineSense Technologies Ltd., une entreprise qui s'est vue octroyer 4 millions de dollars de TDDC et qui compte Mme Méthot parmi ses investisseurs?
:
Eh bien, madame Hogan, j'aimerais insister sur le fait qu'il s'agit là d'un conflit d'intérêts flagrant. Comme vous l'avez expliqué, le fait de siéger à une réunion et d'approuver le financement d'une entreprise dans laquelle vous avez des intérêts est un exemple patent de conflit d'intérêts, et dans le cas de Mme Méthot, c'est au moins 50 millions de dollars qui ont été accordés. C'est ce que vous avez relevé.
Et ce n'est pas tout, puisque, aux termes de la Loi sur la Fondation du Canada pour l'appui technologique au développement durable, il est interdit à un membre du conseil d'administration de recevoir un financement de TDDC pour une entreprise dans laquelle il a des intérêts. Nous ne parlons pas seulement de conflits d'intérêts. Nous parlons également du non-respect d'une loi.
Pour les besoins du compte rendu, je vais vous demander de nous revenir afin de nous indiquer si, en ce qui concerne les conflits d'intérêts et le non-respect de la loi par Mme Méthot, vous avez pris en compte, non seulement les 4 millions de dollars qui sont allés à MineSense Technologies, mais aussi les 7,1 millions de dollars... En fait, je vais peut-être vous fournir une liste. Seriez-vous prête à le faire? Quand on fait le calcul, ce sont des millions et des millions de dollars de plus qui ont été attribués de cette façon.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Madame Hogan, je vous remercie encore de votre excellent rapport. Je sais qu'il s'agit d'un rapport inhabituel à certains égards, mais à d'autres égards, il porte sur des thèmes dominants sur lesquels votre bureau se penche souvent: le manque de documentation, des décisions délibérées ou non et les structures de gouvernance déficientes.
Je comprends que la situation est inhabituelle, parce qu'on parle d'une organisation indépendante. Normalement, votre bureau vérifie des ministères et des sociétés d'État. Pourriez‑vous nous parler de la nature de la structure de cette organisation? Le cas échéant, quelles difficultés votre bureau a‑t‑il rencontrées dans cet audit? En particulier, cette organisation est liée à un ministère fédéral, mais de quoi ces liens avaient‑ils l'air?
Je suis aussi curieuse d'en savoir plus sur la fonction de surveillance. Qu'avez‑vous observé à ce propos? Y avait‑il des vérifications périodiques? J'essaie de bien comprendre comment fonctionnait TDDC durant ses premières années.
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Votre question comporte de nombreux éléments. Je vais tenter de ne rien oublier.
Une fondation constitue une organisation encore plus indépendante du gouvernement fédéral qu'une société d'État. En soi, cela la rendrait inadmissible à un audit de mon bureau. Nous ne vérifions pas la fondation en tant que telle. La raison pour laquelle nous pourrions auditer une fondation, c'est que son financement vient exclusivement des coffres du gouvernement fédéral. C'est l'accord de contribution que le gouvernement du Canada et la fondation ont signé qui m'a permis d'aller voir si l'on dépensait les fonds publics avec prudence.
Les liens avec le ministère faisaient en sorte qu'Innovation, Sciences et Développement économique Canada devait surveiller la conformité avec l'accord de contribution, qui prévoyait cette structure de conformité. Il n'était pas juste question de recevoir les plans d'entreprise ou les procès‑verbaux, que le ministère recevait effectivement, mais aussi de vérifier la conformité avec l'accord de contribution pour s'assurer que la fondation dépensait les fonds publics de manière prudente.
Vous avez parlé de choses inhabituelles. Cette relation était inhabituelle. C'est très inhabituel pour un ministère d'avoir des liens si étroits avec une organisation qui est encore plus indépendante du gouvernement qu'une société d'État.
La structure d'entreprise qu'a établi Technologies du développement durable Canada est inhabituelle. Il y a non seulement un conseil d'administration, mais aussi un groupe de membres qui se veut autonome et qui nomme ses propres administrateurs. Il s'agit d'une structure d'entreprise inusitée. Nous avons constaté que le respect de la loi y était contestable. En fait, nous avons notamment constaté que le conseil d'administration de la fondation ne veillait pas à ce qu'elle continue de se conformer aux divers aspects de sa loi habilitante.
J'espère que j'ai répondu à tous les éléments de votre question.
:
Je vous remercie. Une des résultantes de votre travail, c'est l'apprentissage.
J'aimerais entendre Mme Urie.
Monsieur Boothe, je vais peut‑être vous demander votre point de vue ensuite.
Madame Urie, d'après votre expérience, quels étaient les freins et contrepoids internes dans votre examen des projets? À quoi cela ressemblait‑il, selon vous? Est‑ce que vous surveilliez ce processus de près?
:
Le processus d'approbation commence au dépôt de la demande d'une entreprise qui veut obtenir des fonds. Le processus de vérification suit son cours, au fond, jusqu'à ce que la demande arrive au conseil pour approbation. Les approbations du conseil et du comité sont vraiment la dernière étape. Il y a toutes sortes d'étapes avant cela, avant même qu'un projet n'en arrive là.
Nous vérifions en détail l'admissibilité des projets, pour voir s'ils respectent les objectifs de financement. Les entreprises qui réussissent à cette étape font ensuite une vidéo pour faire valoir leur projet, et d'autres critères d'admissibilité s'appliquent à partir de là. Dans cette vidéo, on présente les partenaires de l'entreprise, les plans de financement du projet, et ses avantages sur le plan environnemental. À cette étape‑là, nous pouvons refuser le financement à une entreprise. Si une entreprise franchit cette étape, elle passe au processus de diligence. Nous tenons alors des entrevues en profondeur avec la direction, nous examinons la technologie en détail, et nous discutons avec les partenaires de financement et les partenaires du projet, ainsi qu'avec des experts ou des examinateurs externes qui nous donnent leur avis indépendant sur les critères d'admissibilité du projet.
:
Oui, madame. J'ai travaillé chez Deloitte. J'y ai fait une grande partie de ma carrière. On le fait avec le client.
[Traduction]
C'est le processus de vérification de l'acceptation du client dans le cadre d'un engagement.
[Français]
Cela se fait avec le client, et non avec la tierce partie, en l'occurrence les entreprises liées à la centaine de projets, sinon vous n'auriez pas grand monde, effectivement.
Je vous demande donc, encore une fois, quelles seront vos pratiques pour vous assurer qu'il n'y aura pas de conflit d'intérêts entre les employés qui vont travailler à la vérification de l'admissibilité des projets et Deloitte. C'est plutôt clair, comme question.
Si vous ne pouvez pas y donner une réponse maintenant, veuillez la transmettre au Comité par écrit.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Urie, j'aimerais poursuivre dans la même veine.
Tout à l'heure, en réponse à certaines questions que vous ont lancées les libéraux, vous avez dit considérer ce programme de financement de démarrage comme très réussi, comme un franc succès, puis vous avez dit que l'une des frustrations à l'égard de ce programme était les critiques dont il faisait l'objet. Franchement, je trouve que c'est un peu déconnecté de la réalité. Nous sommes ici en raison du rapport de la vérificatrice générale sur la corruption épouvantable et tous les conflits d'intérêts impliquant des proches du Parti libéral nommés ici et là, qui approuvent du financement de dizaines de millions de dollars pour eux-mêmes. Je dirais donc des critiques que vous entendez autour de cette table ou que vous lisez dans le rapport de la vérificatrice générale que c'est peut-être l'une des principales raisons pour lesquelles le programme fait l'objet de tant de critiques, à juste titre.
J'aimerais revenir sur ce que M. Perkins a dit plus tôt au sujet du remboursement de l'argent des contribuables pour les projets qui étaient jugés inadmissibles. Vous avez dit que vous n'aviez pas encore fait les démarches, que le gouvernement n'avait pas communiqué avec vous à ce sujet et que vous n'aviez pas encore communiqué avec qui que ce soit pour récupérer l'argent parce que vous étiez en train d'évaluer tout cela. Il y a 10 projets, par exemple, d'une valeur de 59 millions de dollars, selon la vérificatrice générale, qui n'étaient pas admissibles. Ils n'étaient pas admissibles à cet argent.
Que devez-vous étudier de plus avant de leur demander de rembourser l'argent?
:
Le ménage qui s'impose ici risque d'être un simple dépoussiérage si vous ne pouvez pas vous y engager. La vérificatrice générale a indiqué que les règles relatives aux conflits d'intérêts n'avaient pas été respectées et que ce n'était pas... Je vais vous lire un extrait de la loi. Je sais que vous venez d'entrer en fonction, soit il y a deux semaines, mais je pense qu'il s'agit d'une question sérieuse et, franchement, simple.
Sous la rubrique « Conflits d'intérêts », la loi stipule ce qui suit:
Pour l'application de la présente loi, un titulaire de charge publique se trouve en situation de conflit d'intérêts lorsqu'il exerce un pouvoir officiel ou une fonction officielle qui lui fournit la possibilité de favoriser son intérêt personnel ou celui d'un parent ou d'un ami ou de favoriser de façon irrégulière celui de toute autre personne.
Sous la rubrique « Prise de décision », la loi stipule ce qui suit:
Il est interdit à tout titulaire de charge publique de prendre une décision ou de participer à la prise d'une décision dans l'exercice de sa charge s'il sait ou devrait raisonnablement savoir que, en prenant cette décision, il pourrait se trouver en situation de conflit d'intérêts.
C'est ce qui figure dans une loi du Parlement du Canada.
Je ne donne ni nom ni chiffre, mais si quelqu'un était reconnu coupable d'avoir violé la loi et les règles sur les conflits d'intérêts — la vérificatrice générale parle d'au moins 90 cas représentant 76 millions de dollars —, ne pensez-vous pas que les Canadiens pourraient être frustrés? Dans le cadre du ménage qu'on vous a demandé de faire, vous ne pouvez même pas me dire que si quelqu'un se trouve en situation de conflit d'intérêts, connaissait les règles, les a enfreintes et a obtenu l'argent, cet argent doit revenir aux contribuables.
Je vous repose la question. Si des gens se trouvent en situation de conflit d'intérêts et qu'ils ont enfreint les règles de la loi, l'argent devra‑t‑il être retourné aux contribuables?
J'aimerais maintenant poser une question à M. Boothe.
Compte tenu de la réponse qu'a donnée la vérificatrice générale, une préoccupation a été soulevée au sujet de la transition par rapport à l'organisation indépendante qu'est TDDC: sous le CNRC, il sera peut-être difficile d'accéder à l'expertise dans le secteur des technologies propres.
J'espère que vous serez en mesure de nous informer sur la façon dont le CNRC va pouvoir relever ce défi qui a été mentionné afin de veiller à ce que, au moment de la transition, on ne perde pas cette expertise importante pour pouvoir fournir ce type de financement.
:
J'ai écouté attentivement les observations de la vérificatrice générale et — étant donné que j'accepte toutes les constatations de son rapport — j'ai hoché la tête à un moment donné. C'était lorsqu'elle a parlé de la loi, que je trouve très complexe. Le problème des conflits d'intérêts y est intégré, car il s'agit d'un si petit secteur, et pourtant on demande à tous ces spécialistes de donner leur avis, puis aux membres du conseil d'administration, qui ont tous une expertise dans le secteur, de prendre une décision. Il me semble que, dès la création de la loi, en 2001, le problème y a été enraciné. Je ne recommanderais certainement pas l'adoption de ce type de mesures législatives, mais les choses sont ainsi faites.
L'autre chose qui a retenu mon attention, c'est la préoccupation qu'elle a exprimée, ou du moins le risque qu'elle a relevé, à savoir que, dans un ministère, on ne puisse pas disposer de l'expertise nécessaire, ou du moins, compte tenu des règles plus strictes en matière de conflits d'intérêts que nous, en tant que fonctionnaires... Si je n'étais peut-être pas aussi préoccupé par ce risque, c'est parce que, lorsque je pense à l'époque où j'étais sous-ministre à Environnement Canada, je supervisais le Service météorologique du Canada, bien que je ne sois pas météorologue, ainsi que le Service canadien de la faune, bien que je ne sois pas biologiste de la faune.
Le fait est que les bons sous-ministres sont des spécialistes de la gestion de spécialistes. Le CNRC devra toujours s'assurer que les spécialistes qui donnent leur avis ne se trouvent pas en situation de conflit d'intérêts, ou que les conflits sont gérés correctement, ce qui ne fait pas disparaître le problème complètement. Cependant, il me semble que l'avantage sera qu'on aura un sous-ministre très limité quant à ses propres affaires financières et aux déclarations de conflits d'intérêts et que l'on devra compter sur lui pour accéder à l'expertise qu'il faut pour prendre les décisions.
Il s'agit d'un risque, mais c'est un risque auquel les sous-ministres sont sans cesse confrontés.
:
Je suis désolé, monsieur Boothe. Je ne vous ai pas posé de questions sur la loi, car il n'y a pas un seul président de ce conseil depuis sa création, en 2001, qui s'est retrouvé en conflit — pas un seul — avant Mme Annette Verschuren, et elle a été nommée malgré les objections de l'équipe de la haute direction, qui a dit au sous-ministre adjoint, au sous-ministre et au cabinet du ministre qu'ils ne devraient pas nommer un membre du conseil qui était en situation de conflit, mais c'est pourtant ce qu'ils ont fait.
Je n'en reviens pas que des ministres qui ont comparu devant notre comité aient agi comme Navdeep Bains qui, en imitant le sergent Schultz, a affirmé qu'il ne savait rien et qu'il ne se souvenait de rien. Sa seule responsabilité était de nommer des libéraux corrompus au conseil d'administration. Il n'était pas responsable de superviser ces libéraux corrompus au sein du conseil. Je trouve consternant que tous les intervenants concernés aient déclaré que ce n'est pas de leur faute et qu'ils ont simplement laissé les choses arriver.
Je pensais qu'à titre d'ancien sous-ministre, vous seriez consterné par le fait qu'un sous-ministre, quel qu'il soit, comparaisse devant le Comité et affirme qu'il ne savait rien, qu'il n'a jamais exercé aucune surveillance, même si son sous-ministre adjoint était présent à chaque réunion, et qu'il n'a jamais tenté de comprendre ce qui se passait. Il est inconcevable qu'un sous-ministre adjoint qui assiste à chacune des réunions du conseil d'administration… À moins que ce ne soit parce qu'il demandait à l'un des présidents précédents un emploi à l'extérieur du gouvernement. Peut-être était‑il en situation de conflit.
Il est incroyable de penser que nous allons retrouver les mêmes vieilles histoires, les mêmes méthodes de gestion, la même approche, le même mode de pensée selon lequel ce n'est pas grave parce qu'il s'agit d'entreprises légitimes, que tout le monde est en situation de conflit et que tout le monde dans ce secteur est en situation de conflit de toute façon. La moitié de toutes les transactions effectuées au cours de la période d'audit présentaient un problème, et il est absolument impossible que les quatre membres du conseil qui ont fait cela contrôlent la moitié de toutes les entreprises de l'ensemble du secteur des technologies vertes. Il se trouve simplement que la moitié dans laquelle ils avaient des intérêts a réussi à passer à travers le système.
Voyons donc. Il s'agit d'une conspiration de corruption et d'escroquerie au détriment des contribuables, et personne— pas un seul ministre ou sous-ministre actuel — au sein du gouvernement ne semble s'en soucier et vous, à titre d'ancien sous-ministre des Finances, ne semblez pas vous en soucier, mais on vous a pourtant confié la responsabilité de cette affaire.
:
D'accord. Je vous en suis reconnaissant.
Ma question s'adresse à la vérificatrice générale. Il y a un dénommé Chris Wormald. Il était l'analyste chargé de l'examen des activités pour le consultant externe, et il a présenté des rapports — nous en avons des copies — selon lesquels un certain nombre de ces projets ne devraient pas être approuvés et admissibles au fonds. Puis, en l'espace de quelques mois seulement, il a présenté un rapport disant: « Oh, désolé, j'ai changé d'avis; ces projets devraient être approuvés. » Il se trouve que ceux sur lesquels il a changé d'avis appartenaient tous financièrement à l'un des administrateurs.
En tant que vérificatrice générale, avez-vous examiné en profondeur ce type, Chris Wormald, dans le cadre de l'analyse sur la gouvernance, ainsi que tous ces projets qui ont été écartés et rejetés, puis mystérieusement remis sur la table, et qui se trouvaient à appartenir aux administrateurs?
:
Je ne peux pas dire avec certitude ce que le avait en tête lorsqu'il a pris cette décision. Il est certain que les ministres reçoivent des conseils de leur ministère, mais ils ont aussi d'autres considérations.
Un transfert au CNRC — et la vérificatrice générale y a fait allusion — aide à régler certains des problèmes de conflits d'intérêts parce que la fonction publique a des règles très claires et strictes à ce sujet. J'ai été titulaire d'une charge publique pendant de nombreuses années, et j'en ai fait l'expérience moi-même. Pour ce qui est des rapports et de la comptabilité, le transfert au CNRC simplifiera beaucoup les choses.
Il y a des synergies. Le Programme d'aide à la recherche industrielle, ou PARI, a beaucoup en commun avec les programmes de TDDC. Les gens qui y travaillent sont sur le terrain. La plupart d'entre eux sont dans le secteur privé ou proviennent du secteur privé. Ils font affaire avec des compagnies du secteur privé, parfois les mêmes. Il y a des synergies, et lors de notre réunion préliminaire, le CNRC l'a reconnu. Cependant, il sera complexe de transformer des gens du secteur privé en une organisation du secteur public. Il y a beaucoup de travail à faire.
:
Je ne sais pas trop quoi dire à toutes les petites organisations de l'industrie des technologies propres. Ce que j'examinais, c'était la façon dont la Fondation gérait ces conflits d'intérêts.
Je crois sincèrement que dans la Loi sur TDDC, il y avait un conflit inhérent. Le fait de veiller à ce que les membres du conseil d'administration aient l'expertise nécessaire dans un si petit marché à créneaux entraînait des conflits inhérents. C'est pourquoi je me serais attendu à un processus beaucoup plus rigoureux en matière de gestion des conflits d'intérêts.
Il était difficile, au mieux, de parcourir de nombreux procès-verbaux pour voir quand un conflit d'intérêts avait été déclaré et pour ensuite déterminer si quelqu'un avait voté ou participé à une conversation au sujet d'une entreprise qui lui avait causé un conflit d'intérêts. Il était clair que le fait de ne pas avoir de système pour gérer cela était à l'origine de bon nombre des problèmes de conflits d'intérêts.
Je pense qu'il s'agit de s'assurer qu'il y a de la rigueur, surtout lorsque des fonds publics sont en jeu.
:
Donnez-moi une seconde.
Y a‑t‑il consentement unanime pour permettre au NPD et au Bloc de disposer de cinq minutes plutôt que de deux minutes et demie pour ce tour?
Des députés: D'accord.
Le président: Très bien.
Monsieur Green, sachez qu'il s'agit d'un comité où règne la collaboration et que nous accordons souvent plus de temps aux deux troisièmes partis, mais je souligne que ce que vous proposez est quelque chose dont je n'ai jamais entendu parler. D'ailleurs, à ma connaissance, la vérificatrice générale comparaît toujours avec des témoins. Elle ne comparaît jamais seule.
Est‑ce bien le cas, madame Hogan?
Dans certains cas, il y a eu un chevauchement du financement. Il faut tenir compte de cela.
Dans ce cas, il était question des projets du volet Amorçage, qui ne suivait pas l'entente de contribution. De plus, il s'agissait aussi de cas liés au financement supplémentaire résultant de la COVID‑19. Tout ce financement a été voté en bloc plutôt qu'au cas par cas, ce qui est requis par l'accord de contribution avec le gouvernement.
:
Aucune prime n'a été versée. D'accord.
En 2021, des informations qui ont été corroborées ont indiqué que des primes totalisant 96 000 $ avaient été versées au président et chef de la direction et que des primes de 48 000 $ avaient été versées à chacun des vice-présidents. Vous avez dit que les membres du conseil d'administration n'avaient rien reçu. Or, chaque membre a reçu pour 11 000 $ de primes.
Ce sont des centaines de milliers de dollars en primes. Pourriez-vous confirmer que des primes ont été versées en fonction des objectifs de financement qui ont été atteints, ou autrement dit, en fonction de l'argent distribué?
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La transition y contribuera de deux façons.
Tout d'abord, même si nous travaillons à la transition des programmes et du financement vers le Conseil national de recherches du Canada, ou CNRC, nous mettons quand même en œuvre les recommandations du rapport de la vérificatrice générale. Une tenue de dossiers renforcée, des processus plus rigoureux en matière de conflits d'intérêts et toutes ces mesures accompagneront les programmes vers le CNRC. Les programmes devront être modifiés parce qu'ils se retrouveront dans un ministère, qui comporte une structure différente, mais bon nombre d'entre eux pourront être utilisés parce que nous aurons encore besoin des conseils d'experts. C'est à ce niveau qu'il faut gérer les conflits d'intérêts.
L'autre élément, c'est que les futurs employés du CNRC qui travailleront au financement de Technologies de développement durable Canada, ou TDDC, ou de technologies propres devront toujours être prudents dans la gestion de leurs conflits potentiels perçus ou réels. Le fait de se retrouver au sein d'un ministère facilitera la reddition de comptes, comme j'en ai déjà parlé. De plus, le travail que nous faisons pour mettre en œuvre le rapport de la vérificatrice générale aidera le CNRC à bien financer les technologies propres à l'avenir.
Madame la vérificatrice générale, je sais que votre audit ne remonte qu'à 2017. J'aurais voulu qu'elle remonte plus loin, mais je veux vous expliquer pourquoi... On a parlé plus tôt de Cycle Capital. Je comprends que TDDC n'a pas payé Cycle Capital, mais Cycle Capital est une société de capital de risque qui détient beaucoup d'entreprises. Si on remonte à l'établissement de Cycle Capital en 2009 jusqu'aux années visées par votre rapport, on voit que les entreprises qu'elle détient ont reçu 213 millions de dollars, soit une part considérable du fonds occulte vert totalisant un milliard de dollars.
Après avoir reçu la première tranche de 100 millions de dollars, la propriétaire-fondatrice a été nommée au conseil d'administration, en 2016, de sorte que les entreprises dans lesquelles elle avait investi avaient déjà 100 millions de dollars. Le processus de nomination semble très déficient lorsque quelqu'un dont le portefeuille d'investissements avait déjà reçu 100 millions de dollars est considéré comme une membre adéquate au conseil d'administration. N'en pensez-vous pas autant?
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Je ne veux pas étirer la soirée. La motion va de soi, et nous avons eu beaucoup de discussions au cours d'un certain nombre de réunions. Le rapport de la vérificatrice générale indique très clairement que près de la moitié des transactions effectuées au cours des cinq ans faisaient l'objet d'un conflit d'intérêts. Il est impossible statistiquement que quatre administrateurs représentent la moitié de l'ensemble de l'industrie et que ce soit un simple hasard que la moitié des fonds déboursés de la caisse noire d'un milliard de dollars soit allé à leurs entreprises.
D'après les preuves, il est très clair qu'il y a eu une influence massive de la part de ces administrateurs libéraux tout au long du système, même en faisant en sorte que leurs projets rejetés soient présentés à nouveau afin qu'ils puissent être financés, au moyen de fonds établis par le conseil d'administration, en ne respectant pas du tout les conditions que le Parlement a établies pour cet argent. Nous voulons que l'argent soit remboursé. Il a été donné à des entreprises qui avaient un accès privilégié indu et qui ont bénéficié de favoritisme de la part des administrateurs nommés par les libéraux et le . Ils s'en sont servis pour garnir leurs propres comptes bancaires au détriment des contribuables.
Ils ont enfreint deux lois du Parlement. Ils ont enfreint la Loi sur les conflits d'intérêts pour les titulaires de charge publique, qui dit que vous ne pouvez pas occuper un poste de titulaire de charge publique et en profiter personnellement, à part les petites allocations de quelques centaines de dollars par mois que vous pouvez obtenir pour siéger à un conseil d'administration. Vous ne pouvez pas en profiter, ni vous ni votre famille. La loi sur TDDC dit également que vous et votre famille ne pouvez pas profiter des décisions du conseil d'administration et de l'organisation lorsque vous en faites partie. Elle ne dit pas que si vous vous récusez, il est acceptable de profiter des décisions du conseil d'administration — vous votez pour mon projet, je vote pour le vôtre et lui vote pour le sien, et nous formons ainsi une famille heureuse qui se partage l'argent. Il s'agit clairement d'un complot visant à frauder le contribuable dans l'intérêt personnel des administrateurs, et c'est pourquoi l'affaire sera confiée à la GRC.
Les 168 projets conflictuels et les 10 qui ne relevaient manifestement pas de la vérificatrice générale… À mon avis, cet argent doit être remboursé. C'est une utilisation abusive de l'argent des contribuables à des fins personnelles par des proches du Parti libéral. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé cette motion.
Nous ne pensons pas que ce soit difficile. La liste est là. La vérificatrice générale l'a. Le montant d'argent est là. Ce n'est pas aussi compliqué qu'on le dit. Ils ont reçu l'argent dans des circonstances qui n'étaient pas justifiées et il devrait être remboursé.
Je m'inscris en faux contre la quantité de mésinformation et de désinformation que les conservateurs colportent au Parlement par l'entremise des comités — pas seulement celui‑ci —, de la Chambre des communes et des médias sociaux, partout. Ils essaient de mettre à profit une politique d'agitation. Je vois qu'ils sourient et qu'ils rient les uns et les autres. C'est formidable. Je suis ici pour la soirée, et je suis tout à fait disposée à en parler pour comprendre pourquoi nous sommes ici à faire ce que nous faisons.
Lorsque je regarde le texte de la motion, ce qui me préoccupe, c'est à quel point les conservateurs sont désespérés en ce moment pour établir un lien entre n'importe quel type de scandale et le gouvernement et pour demander au de récupérer les fonds. Il faut absolument rendre compte de l'utilisation de l'argent des contribuables. C'est la raison d'être de notre comité. Je suis tout à fait d'accord. Cependant, procéder de la façon dont les conservateurs le font en ce moment est très douteux ou, comme dirait mon ami Michael Cooper, très suspect.
Des voix: Oh, oh!
Mme Iqra Khalid: Là où je veux en venir, c'est que nous devons savoir si le a la capacité de récupérer ces fonds, comme le dit la motion, et si notre comité a la capacité de demander au ministre de les récupérer. La motion contient une liste de montants. Personnellement, j'aimerais savoir d'où viennent ces chiffres. Nous devrions être en mesure d'en discuter avant de décider ce qui va suivre.
Le rôle de notre comité n'est pas de punir les gens, de se livrer à des chasses aux sorcières et de se substituer à la magistrature. Le rôle de notre comité est d'examiner les rapports de la vérificatrice générale et de trouver de meilleures façons pour le Parlement et le gouvernement de rendre compte à la population de la façon dont ils dépensent l'argent des contribuables.
Compte tenu de ce qui s'est passé ici, d'après ce que j'ai lu des recommandations de la vérificatrice générale, il faut faire preuve d'une plus grande diligence raisonnable. Il doit y avoir une meilleure reddition de comptes au sein des organisations. Il faut faire la distinction entre les gens et les organisations. Nous ne pouvons pas et ne devrions pas dénigrer le gouvernement et la fonction publique à cause des manquements de quelques pommes pourries.
Ce que nous devrions faire, c'est nous concentrer sur la façon dont nous pouvons améliorer le processus. C'est le rôle de notre comité. Nous devrions nous concentrer sur la façon de nous assurer que nous faisons de notre mieux pour améliorer les processus et nous assurer que les recommandations de la vérificatrice générale sont mises en œuvre par les divers organismes qu'elle a audités. TDDC en fait partie.
Je suis en train de lire le paragraphe 6.26 du rapport. La vérificatrice générale fait la recommandation suivante:
Pour faire suite à une recommandation formulée en 2017 par la commissaire à l'environnement et au développement durable de l'époque, Technologies du développement durable Canada devrait améliorer sa fonction de remise en question des avantages projetés du point de vue de l'environnement et du développement durable.
TDDC a accepté en partie la recommandation et a dit dans sa réponse:
TDDC utilise un processus solide pour quantifier les bénéfices environnementaux potentiels projetés dans 12 domaines d'impact, à trois moments différents du cycle de vie d'un projet. Le processus suit des normes reconnues. Une évaluation d'ISDE en 2018 a révélé que TDDC disposait d'un processus d'examen et de remise en question substantiel pour évaluer les bénéfices environnementaux proposés dans les propositions de projet.
Pendant la diligence raisonnable, les informations disponibles sont utilisées pour quantifier les impacts environnementaux, puis celles‑ci sont examinées et remises en question de manière approfondie par le personnel formé de TDDC. Après approbation, des experts externes interviennent pour affiner les estimations environnementales à deux reprises au cours du projet.
La projection des bénéfices environnementaux des nouvelles technologies précommerciales est sujette à des incertitudes. Les informations limitées nécessitent des estimations d’impact à long terme, généralement de 10 à 15 ans. Les bénéfices estimés peuvent varier considérablement à mesure que la technologie progresse vers la commercialisation.
Je pense que les étapes décrites dans ce rapport sont des éléments que nous, les membres du Comité, devons examiner plus à fond. En ce qui concerne ces étapes, l'organisme TDDC déclare qu'il renforcera encore sa documentation sur la diligence raisonnable afin de décrire clairement le processus d'analyse critique des avantages environnementaux. Si cette motion n'avait pas été proposée, j'aurais aimé parler aux représentants de TDDC de ce qu'ils entendent précisément par là. Ils se sont ensuite attribué une date limite de septembre 2024 pour atteindre cette étape. TDDC continue de soutenir qu'en décembre 2024, elle mettra en œuvre les processus améliorés, y compris tout processus amélioré d'analyse critique des avantages environnementaux.
Après avoir parcouru ce rapport, je pense que ce qui importe vraiment à notre comité et qui est vraiment sa fonction, ce n'est pas d'être un organe judiciaire ni de dicter ou d'exiger quoi que ce soit. Il s'agit de formuler des recommandations fondées sur les témoignages que la vérificatrice générale et les ministères concernés apportent concernant la manière d'améliorer les processus de notre fonction publique et de dépenser l'argent des contribuables, ainsi que la manière de continuer à travailler ensemble plus efficacement pour faire en sorte de demander des comptes au gouvernement.
Ce qui me cause le plus de difficultés, c'est qu'en faisant preuve de partisanerie ou en ayant recours à des manigances au sein du comité des comptes publics, nous faisons dérailler l'important travail de la vérificatrice générale et l'important travail que chacun d'entre nous accomplit, individuellement et collectivement, au sein du Comité. Si nous dépolitisons le travail que nous faisons, nous aurons plus de succès, et nous continuerons de renforcer la confiance dans nos institutions démocratiques. Toutefois, à ce stade et compte tenu de la motion proposée, je sais exactement quels sont les objectifs visés, et ceux‑ci ne s'inscrivent pas dans...
M. Rick Perkins: C'est une question de reddition de comptes.
Mme Iqra Khalid: Je me réjouis que vous m'interrompiez, monsieur Perkins. C'est vraiment regrettable.
Comme je le disais — et vous avez prouvé mon argument, monsieur Perkins —, nous devons dépolitiser ce processus, et nous devons veiller à ce que le travail du Comité se poursuive de manière appropriée afin de garantir que nous atteignons les objectifs de ce travail.
Je sais exactement ce que les conservateurs essaient de faire. Ils ont regardé sous chaque pierre ou chaque caillou et...
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Merci, monsieur le président.
Même si les députés de son parti m'ont manqué de respect, je vais continuer de parler de ce qui compte pour les Canadiens.
Ce que nous faisons ici ce soir, c'est utiliser les ressources de la Chambre des communes pour faire avancer le discours des conservateurs, qui affirment que c'est un scandale et qu'il y a quelque chose qui cloche. Le député d'en face, qui continue de piailler contre moi, a dit que c'est une conspiration et que cette conspiration se poursuit.
Nous devons faire mieux pour les Canadiens. Nous sommes le Comité des comptes publics. Nous devons trouver de meilleures façons d'établir un consensus et d'examiner le travail du gouvernement. Comme vous l'aurez remarqué, j'ai dit « gouvernement », et non pas « gouvernement libéral ». Je parle des gouvernements qui ont précédé le nôtre et des gouvernements à venir. Nous devons demander des comptes à tous les gouvernements. Si nous ne sommes pas en mesure de le faire, et si nous commençons, comme je l'ai observé au cours des derniers mois et des dernières années, à utiliser les comités pour faire avancer des théories conspirationnistes, nous aurons des problèmes. Je pense que notre pays est mis à mal par ce genre de discours. La stratégie politique de l'agitation est celle qui porte le plus atteinte à notre démocratie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme je le disais, l'objectif de cette motion semble très clair. Nous avons consacré des réunions à cette question dans des conditions respectables pour essayer de comprendre ce qui s'est produit et ce qui a mal tourné, et nous avons examiné les rapports de la vérificatrice générale pour trouver de solides moyens de faire en sorte que les organisations comme celle‑ci rendent des comptes, fassent leur travail de façon stable et atteignent les objectifs pour lesquels elles ont été créées.
L'objectif de cette motion est très clair.
M. Rick Perkins: [Inaudible]
Mme Iqra Khalid: Allez‑y encore. Je vous en prie. Chahutez pendant que je parle.
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Je me demande, monsieur le président, pendant combien de temps quelqu'un peut continuer de faire du chahut alors que j'essaie de donner mon point de vue. Je respecte habituellement, mais pas toujours, tous mes collègues, peu importe le côté où ils siègent. Je fais de mon mieux pour écouter et comprendre leurs points de vue. Il est très irrespectueux de crier de l'autre côté pour me déstabiliser alors que j'essaie de faire valoir mes arguments à propos d'une motion qui a été présentée alors que nous avions des témoins ici. J'avais pour eux des questions qui portaient précisément là‑dessus pour m'aider à comprendre comment les recommandations dont je parlais étaient mises en œuvre par cette organisation et quels processus avaient été suivis pour éviter que ce qui s'est produit ait une incidence sur la confiance des Canadiens envers nos institutions démocratiques, y compris celle‑ci.
Nous savons à quel point les changements climatiques sont importants. Nous savons à quel point il est important de veiller à ce que les entreprises canadiennes de technologies propres possèdent l'avantage dont elles ont besoin pour être des chefs de file mondiaux dans la lutte contre ce qui s'avère être le principal défi dans nos vies. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les députés d'en face essaient de me réduire au silence, de faire du chahut pendant que je parle, de m'intimider jusqu'à ce que je me soumette, ou peu importe ce qu'ils tentent de faire. Il m'arrive moi aussi souvent de ne pas aimer ce qu'ils ont à dire, mais je ne les intimide pas pour autant, contrairement à ce que font maintenant des députés. Je ne les interromps pas, je ne crie pas et je ne cherche pas de moyens de mettre fin à une discussion qui est saine.
Je vais revenir à mon point, et j'espère que les députés d'en face vont écouter, car je propose un autre point de vue. Je pense qu'il est possible, lorsque nous ne nous entendons pas sur certaines choses, de discuter et de parvenir à un consensus ou à un esprit de collaboration sans être désagréables, sans chahut et sans chercher à dénigrer les autres. Il est fort possible que M. Perkins soit un député respectable et honorable qui sert très bien sa communauté.
M. Matthew Green: J'invoque le Règlement. Elle induit le Comité en erreur.
Des voix: Oh, oh!
Mme Khalid Iqra: Je ne suis pas d'accord avec M. Green. M. Perkins est effectivement un député très honorable. Il est passionné et se soucie des autres.
J'espère qu'il comprend qu'au Comité, peu importe notre parti, nous faisons de notre mieux pour faire la bonne chose pour les Canadiens et pour veiller à ce qu'il y ait une reddition de comptes. La meilleure façon d'y parvenir pour nous consiste à renoncer à la partisanerie. Ce que cette motion nous montre, c'est que la partisanerie persiste. Nous devons faire mieux.
Lorsque la Chambre s'est ajournée hier...