:
J'ouvre maintenant la séance.
Bonjour, tout le monde. Bienvenue à la 100e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
Avons-nous un gâteau, madame la greffière? C'est la 100e réunion. C'est un jalon.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément au Règlement. Des membres du Comité participent en personne dans la salle et d'autres à distance grâce à l'application Zoom.
Je rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité entreprend l'examen du rapport no 1 de 2023 du commissaire à l'environnement et au développement durable, intitulé « Les forêts et les changements climatiques », renvoyé au Comité le jeudi 20 avril 2023.
[Traduction]
Avant de commencer, comme nous le savons tous, le timbre retentira à 17 h 15 pour un vote à 15 h 45. Comme nous l'avons fait dans le passé, je vais demander le consentement unanime pour que nous siégions jusqu'à 17 h 30 et que nous votions à 17 h 45. Nous aurons ainsi plus de temps avec les témoins.
J'ai seulement besoin de deux ou trois minutes pour discuter des travaux du Comité à la fin. Si j'ai le consentement unanime, je vais le faire environ 10 minutes plus tard, à 17 h 20, pour vous donner plus de temps avec tous nos témoins. Comme vous pouvez le voir, nous avons une salle comble aujourd'hui.
Ai‑je le consentement unanime des députés pour poursuivre la réunion jusqu'à 17 h 30?
Oui, madame Khalid.
C'est une réunion que nous attendions, et je veux donc remercier tous les témoins de leur présence ici.
Du Bureau du vérificateur général, nous accueillons Jerry DeMarco, commissaire à l'environnement et au développement durable. Il est bon de vous revoir.
Nous avons aussi Marie-Pierre Grondin, qui est directrice, et Kimberley Leach, qui est directrice principale. Merci d'être ici aujourd'hui.
Du ministère de l'Environnement, nous accueillons Jean-François Tremblay, sous-ministre; Derek Hermanutz, directeur général à la Direction de l'analyse économique; et Lindsay Pratt, directrice, Inventaires et rapports sur les polluants.
Du ministère des Ressources naturelles, nous avons Monique Frison, directrice générale à la Direction du commerce, de l'économie et de l'industrie; Michael Vandergrift, sous-ministre, qui comparaît par vidéoconférence à partir de Londres; Glenn Hargrove, sous-ministre adjoint; et Jeff Labonté, sous-ministre délégué.
Je crois que chaque institution a une déclaration liminaire.
Monsieur DeMarco, vous avez la parole pendant cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à reconnaître que cette audience se déroule sur le territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe algonquin.
Nous sommes heureux de comparaître devant votre comité pour discuter de notre rapport sur les forêts et les changements climatiques, déposé à la Chambre des communes le 20 avril 2023. Je suis accompagné de Mme Kimberley Leach et de Mme Marie‑Pierre Grondin, qui étaient responsables de l'audit.
Notre audit porte sur la conception et la mise en œuvre du programme 2 milliards d'arbres et sur la façon dont le Canada fait le suivi des émissions de gaz à effet de serre provenant des forêts.
Le gouvernement fédéral a lancé le programme 2 milliards d'arbres pour lutter contre les changements climatiques, améliorer la biodiversité et favoriser le bien-être humain. Dans le cadre du programme, des arbres seront plantés partout au Canada, notamment sur les terres publiques, sur les terres autochtones, dans les municipalités et sur des terres privées, comme des fermes. Les coûts de la majorité des activités de plantation d'arbres sont partagés entre les partenaires du programme. Toutefois, certains groupes, comme les partenaires autochtones, recevront également des subventions pour soutenir le renforcement des capacités, souvent sans l'obligation de partager les coûts.
Même si Ressources naturelles Canada a presque atteint son objectif de planter 30 millions d'arbres en 2021, il a manqué de beaucoup son objectif pour 2022, soit la plantation de 60 millions d'arbres. Non seulement les retards dans la signature des accords avec les partenaires ont entravé considérablement la capacité du ministère à planter le nombre d'arbres qu'il avait prévu pour 2022, mais ils auront également une incidence sur l'atteinte des objectifs pour les années subséquentes, qui sont encore plus ambitieux.
[Traduction]
Depuis la fin de la période visée par notre audit, nous comprenons que certains progrès ont été réalisés en ce qui concerne la signature d'accords supplémentaires. Par contre, le ministère a annoncé qu'il comptait désormais les arbres plantés dans le cadre d'un programme d'un autre ministère, dont les objectifs sont différents, comme faisant partie du programme 2 milliards d'arbres. Si ce programme n'est plus axé sur la plantation de 2 milliards d'arbres supplémentaires, les bienfaits du programme s'en trouveront réduits.
De plus, dans sa conception du programme, le ministère n'avait pas défini d’éléments de financement propres à la restauration des habitats pour tous les volets de financement. Cela a conduit à des occasions manquées de renforcer la biodiversité et les bienfaits à long terme liés la restauration des habitats. Par exemple, pendant la saison de plantation de 2021, Ressources naturelles Canada avait financé plus de 270 sites en monoculture, ce qui représentait 14,4 % du total des arbres plantés. Les plantations en monoculture séquestrent effectivement le carbone et pourraient convenir dans certains habitats. Cependant, dans la grande majorité des circonstances, ce type de plantation ne favorise pas la biodiversité et ne produit pas d'autres bienfaits pour l'environnement et le bien-être humain au même titre que les plantations diversifiées.
Au‑delà du programme 2 milliards d'arbres, Ressources naturelles Canada, en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada, n'avait pas fourni de vue d'ensemble claire et complète du rôle des forêts canadiennes par rapport aux émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, les estimations des émissions variaient considérablement dans les rapports au fil des ans en raison des recalculs découlant des changements apportés aux données, ce qui modifiait la présentation des forêts comme une source nette d'émissions plutôt qu'un moyen de capter les émissions.
Nous avons constaté un manque de transparence à l'égard des effets des activités humaines et des perturbations naturelles sur les émissions des forêts. Plus précisément, les rapports des ministères sur les effets des changements apportés à la gestion forestière sur les émissions étaient incomplets. Les activités de gestion forestière, comme la coupe à blanc, la coupe partielle, le brûlage à plat et la création de réserves pour la biodiversité, n'avaient pas fait l’objet de rapports clairs ou distincts. En outre, les forêts du Canada deviennent une source nette d'émissions en raison des feux de forêt et des perturbations causées par les insectes. Un manque de transparence et l’absence de rapports exacts font en sorte qu’il est très difficile pour les décisionnaires de prendre des décisions éclairées et pour la population canadienne de demander des comptes au gouvernement.
Je termine ainsi ma déclaration liminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Très bien. Merci beaucoup.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de son invitation. Je tiens également à remercier le commissaire à l'environnement et au développement durable de son rapport d'audit sur les forêts et les changements climatiques.
[Traduction]
Les recommandations dans cet audit sont importantes. Comme on le voit dans notre réponse et notre plan d'action, les recommandations nous aideront à mettre en œuvre le programme. Nous nous réjouissons également des discussions que nous avons avec le commissaire à ce sujet.
[Français]
Les forêts et les autres solutions fondées sur la nature font partie intégrante de la lutte contre les changements climatiques. Les arbres procurent de nombreux avantages à long terme: la revitalisation des zones ravagées par les incendies, la création d'emplois verts et l'amélioration du bien-être de générations de Canadiens.
Le programme 2 milliards d'arbres est long, complexe et ambitieux. À mesure que nous avançons, nous gardons à l'esprit notre principe fondamental, qui est de planter les bons arbres aux bons endroits et pour les bonnes raisons.
Nous avons réalisé des progrès dans la mise en œuvre de ce programme. Nous avons signé ou sommes en train de négocier des accords pour planter plus de 393 millions d'arbres. Nous avons affecté des fonds aux organisations et aux gouvernements des Premières Nations, des Métis et des Inuits, ainsi qu'aux organisations ayant de multiples distinctions. Nous tenons compte des besoins et des priorités propres à chaque distinction.
[Traduction]
Nous avons cherché des moyens de soutenir la plantation urbaine, ce qui permettra d'améliorer la qualité de vie des Canadiens dans les petites et grandes villes.
Ces progrès sont conformes aux engagements pris dans le cadre de notre plan d'action de la gestion, en réponse à l'audit. Nous avons par exemple élaboré un plan opérationnel et des orientations à l'intention des demandeurs concernant la plantation en monoculture.
Ayant compétence sur 90 % des forêts du Canada, les provinces et les territoires sont des partenaires clés dans la mise en oeuvre de l'objectif du gouvernement de planter deux milliards d'arbres. En travaillant en étroite collaboration avec eux, nous avons maintenant signé neuf accords de principe et huit accords de contribution, soit cinq accords de principe et quatre accords de contribution de plus qu'au moment de l'audit, et d'autres sont à venir. Le s'est entretenu avec ses homologues pour réitérer son engagement à travailler avec eux. Nous cherchons à soutenir leurs projets, qu'il s'agisse de restaurer l'habitat d'espèces en péril, de se rétablir après un incendie de forêt ou d'adapter et d'aider à gérer leurs forêts dans un contexte de changement climatique.
Comme je l'ai mentionné, c'est un programme à long terme, et nous devons constamment réfléchir aux ajustements que nous devons apporter. Cela dit, la saison des incendies de forêt nous a amenés à repenser la façon d'accroître la couverture forestière du Canada. Nous devons réfléchir à la manière de concrétiser l'engagement de deux milliards d'arbres à la lumière du contexte actuel et sans précédent, et à la façon de garantir la résilience de nos forêts face à un climat en changement. Nous interagissons activement avec tous les partenaires au sujet de la meilleure façon d’aller de l’avant.
En ce qui concerne le carbone forestier, nous continuerons à travailler en partenariat avec Environnement et Changement climatique Canada, ECCC, pour produire des estimations de gaz à effet de serre de classe mondiale, en utilisant une méthodologie étayée par plus de 100 documents de recherche évalués par des pairs. Nous poursuivons nos efforts pour rester au fait des dernières avancées dans ce domaine. Par exemple, dans le cadre de son investissement dans les forêts et les travailleurs forestiers, le budget de 2023 prévoit des fonds pour améliorer nos données et nos rapports sur les forêts.
Là encore, ces progrès sont conformes aux engagements que nous avons pris dans le cadre de notre plan d’action de la gestion des audits en réponse aux recommandations sur la déclaration du carbone forestier. Nous continuons à collaborer étroitement avec ECCC pour améliorer la transparence des rapports sur les émissions historiques et les projections des émissions du secteur forestier.
Nos discussions régulières avec des experts forestiers et des intervenants nous permettent de disposer des meilleures connaissances scientifiques et des meilleures données et pratiques exemplaires accessibles, et nous permettent de déterminer les domaines dans lesquels nous pouvons nous améliorer. Nos outils de modélisation continueront d’évoluer grâce à l'examen des experts et aux processus d'évaluation par les pairs.
Nous sommes fiers que nos méthodes de déclaration soient conformes aux pratiques exemplaires reconnues à l'échelle internationale, comme le commissaire l'a souligné. Cela signifie que nous produisons un rapport dressant un portrait d'ensemble qui reflète collectivement les impacts humains, comme l'exploitation, la restauration, la suppression des incendies et la conservation. Cette méthode est conforme aux lignes directrices en matière de déclaration de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Pour conclure, aucune solution aux changements climatiques n'est viable sans les forêts. Le gouvernement reste déterminé à atteindre les objectifs du programme 2 milliards d’arbres et nous continuons à nous adapter aux réalités du terrain, en adoptant une approche flexible.
Merci beaucoup. Je suis impatient d'entendre les questions du Comité.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à reconnaître que nous sommes réunis aujourd'hui sur les terres non cédées du peuple anishinabe algonquin, les gardiens des terres et des eaux de cette région depuis les temps immémoriaux.
[Traduction]
Mes collègues et moi sommes vraiment heureux de rencontrer le Comité pour discuter des recommandations émises par le commissaire dans le rapport no 1 intitulé Les forêts et les changements climatiques. Le rapport fait surtout le point sur le programme 2 milliards d'arbres.
Pour atténuer les changements climatiques au Canada, il est essentiel que nous plantions des arbres à grande échelle. Les arbres captent le carbone. Ils restaurent les habitats fauniques et la biodiversité. Ils rendent les forêts et les collectivités environnantes plus résilientes aux phénomènes climatiques comme les inondations et les feux de forêt. Les Canadiens l'ont vu l'été dernier.
Ressources naturelles Canada et Environnement et Changement climatique Canada accueillent favorablement les conclusions du rapport. Les ministères ont officiellement accepté les recommandations et ont élaboré des plans d'action en conséquence.
[Français]
Tout d'abord, nous convenons qu'il est essentiel que les rapports sur le carbone soient examinés de façon indépendante. Le Canada rend compte de ses émissions et de ses absorptions annuelles dans son rapport d'inventaire national sur les gaz à effet de serre, qui est présenté chaque année dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
[Traduction]
Environnement et Changement climatique Canada rend aussi compte de ses projections d'émissions de GES pour 2030 et des effets de ses politiques dans les rapports biennaux qu'il soumet, également dans le cadre de la Convention-cadre.
Ces deux rapports comprennent les émissions et les absorptions qui découlent de la gestion des forêts canadiennes. Ils font tous deux l'objet d'un examen technique approfondi, fondé sur la science et indépendant, conformément aux lignes directrices internationales. De plus, ils sont publiés en ligne par souci de transparence.
Les rapports internationaux peuvent être assez complexes et difficiles à suivre. C'est pourquoi le Canada doit veiller à ce que l'information soit facile à comprendre par le public, et c'est le cas en particulier pour les décideurs. Environnement et Changement climatique Canada doit démontrer plus clairement comment les changements apportés et à apporter aux pratiques de gestion des terres influent sur les émissions prévues, par exemple.
[Français]
En 2022, le ministère a commencé à publier sur son portail de données ouvertes de l'information détaillée sur l'utilisation des terres, les émissions forestières et les projections de comptabilisation.
Environnement et Changement climatique Canada se penche également sur d'autres façons de fournir des données ouvertes supplémentaires, en plus de l'inventaire national et du rapport biennal.
[Traduction]
C'est pourquoi la coopération est si importante pour nous.
Le ministère s'efforce de cerner comment améliorer ses rapports sur le carbone et obtenir les observations complémentaires qui l'aideront en ce sens.
Environnement et Changement climatique Canada a mobilisé des experts et d'autres acteurs dans le cadre de plusieurs initiatives et continuera de le faire. De plus, le ministère discute avec des groupes environnementaux qui ont publié des rapports critiquant la façon dont le carbone forestier est déclaré au Canada. Nous nous pencherons sur les questions soulevées et les améliorations proposées par ces partenaires dans les prochaines versions du plan d'amélioration interministériel pour les estimations des émissions de gaz à effet de serre des forêts et des produits ligneux récoltés.
Ensemble — Ressources naturelles Canada et nous —, nous envisageons d'utiliser plus de renseignements contextuels pour rendre compte des progrès réalisés en vue de la cible de gaz à effet de serre de la Stratégie fédérale de développement durable pour 2022 à 2026.
Le commissaire a raison. La lutte contre les changements climatiques au Canada passe nécessairement par les forêts. Il est primordial que nous réussissions à planter les 2 milliards d'arbres visés par le gouvernement pour atteindre nos cibles. Et l'amélioration de la façon dont notre ministère rend compte des données scientifiques liées aux émissions forestières y contribuera. Environnement et Changement climatique Canada et Ressources naturelles Canada s'engagent fermement à surmonter les défis.
Je tiens à remercier tous les membres du Comité et le commissaire pour leur travail exceptionnel. Je serai ravi de discuter de ce sujet avec vous.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur DeMarco, je vous remercie de votre rapport.
Avant de commencer, je vous félicite pour votre nomination, monsieur Vandergrift. Je crois que c'est le troisième ministère que vous représentez en comité.
Monsieur DeMarco, vos observations sur les échecs de Ressources naturelles Canada et d'Environnement Canada semblent correspondre de très près aux problèmes que vous avez soulignés dans votre étude sur l'hydrogène vert. Quel est le problème au sein des ministères? S'agit‑il d'un manque de communication? Y a‑t‑il un manque de leadership? Est‑ce le fait de ne pas avoir désigné un ministère responsable?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins ici présents qui sont prêts à nous apporter des éclaircissements sur ce rapport très important dont nous sommes saisis.
Des feux de forêt dévastateurs ont touché des familles, des collectivités et des entreprises partout au Canada l'été dernier, et les experts nous mettent en garde contre une saison des feux de forêt qui pourrait être tout aussi dommageable l'été prochain. En fait, la situation pourrait être bien pire encore étant donné la mince couverture neigeuse.
Monsieur Vandergrift, le programme des deux milliards d'arbres finance‑t‑il la plantation dans les zones déboisées ou touchées par les feux de forêt?
:
Oui, certainement. Merci, monsieur le sous-ministre.
RNCan mène un certain nombre d'activités pour appuyer les interventions en prévision des prochaines saisons de feux de forêt. Le soutien à la prise de décisions est l'un des aspects essentiels. Nous travaillons avec les provinces et les territoires pour recueillir des données et établir des modèles de prévision du comportement des incendies qui faciliteront les interventions sur le terrain. Nous sommes très actifs sur ce plan. C'est certes pour nous un domaine d'intervention prioritaire, et la planification à cet égard va bon train. Nous y travaillons en collaboration avec d'autres ministères, comme Sécurité publique Canada et Environnement et Changement climatique Canada.
Le gouvernement a consenti récemment différents investissements pour lutter contre les feux de forêt. Il est ici question d'environ 1 milliard de dollars au total au cours des dernières années pour des éléments comme l'équipement, la formation et le programme Intelli-feu pour les collectivités, que le sous-ministre a mentionné. Nous misons en outre sur la recherche et sur la modernisation des systèmes d'information.
Il y a aussi la mission « GardeFeu » à laquelle nous travaillons avec Environnement et Changement climatique Canada et l'Agence spatiale canadienne en vue de contribuer aux efforts de surveillance à long terme. Nous sommes également en train de mettre sur pied un centre d'expertise sur les feux de végétation, qui verra le jour dans un proche avenir. Il y a donc beaucoup d'activités en cours dans ce domaine.
:
Je vous remercie de la question.
Comme M. Vandergrift l'a mentionné dans sa déclaration préliminaire, nous avons signé d'autres ententes de principe et accords de contribution avec les provinces et les territoires. Pour le financement que nous verserons aux collectivités autochtones, nous avons établi une approche fondée sur les distinctions, en ce sens que nous avons tenu compte des besoins particuliers et des différentes priorités des communautés des Premières Nations, métisses et inuites partout au pays. Nous avons également conclu une entente avec la Fédération canadienne des municipalités afin qu'elle puisse appuyer la plantation dans les petites villes qui ne disposent pas nécessairement à l’interne de la capacité de le faire à grande échelle.
Nous continuons de signer des ententes avec divers partenaires comme les provinces, les territoires, les ONG, les associations communautaires et les villes. À l'heure actuelle, nous avons quelque 200 ententes en place ou en cours de négociation pour la plantation d'environ 380 millions d'arbres.
:
Je remercie les témoins d'être présents, malgré, parfois, la distance géographique.
Plusieurs questions ont été soulevées dans ce rapport. Les objectifs sont-ils trop ambitieux? Parle-t-on d'écoblanchiment? Plusieurs doutes ont été soulevés, parfois même par les parties prenantes qui ont pris connaissance de ce rapport avec intérêt. Une question m'a d'ailleurs été soumise par l'une d'elles, que j'aimerais poser parce que je la trouve particulièrement intéressante.
Un récent article scientifique mentionné la semaine dernière dans The Hill Times indiquait que le gouvernement sous-estime les émissions liées à l'exploitation forestière, et ce, de près de 100 mégatonnes par année. C'est quand même important.
D'ailleurs, monsieur le commissaire, vous avez soulevé des inquiétudes quant au manque de transparence concernant la déclaration des émissions de gaz à effet de serre issues de l'exploitation forestière. Pourriez-vous brièvement nous en dire davantage, s'il vous plaît?
Nous avons conclu, dans la deuxième partie de notre rapport, qu'il y avait un manque de transparence concernant les estimations des émissions de gaz à effet de serre. On a pu constater que les estimations variaient d'une année à l'autre. Par exemple, à la pièce 1.8, on peut voir que pour une même année, selon différents rapports, on parle d'« émissions ajoutées à l'atmosphère », mais qu'à la suite d'un nouveau calcul, on parle d'« émissions retirées de l'atmosphère ». Cela pose problème. Ce n'est pas transparent ni exact. Il y a un manque de cohérence avec…
:
Je vais commencer. Je céderai ensuite la parole à mes amis de Ressources naturelles Canada, qui s'occupent de gérer la révision du cadre.
Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a de la complexité dans le calcul des forêts et de l'importance des forêts dans la question des émissions de gaz à effet de serre. Nous le reconnaissons. Il est beaucoup plus complexe de faire rapport sur les forêts que sur d'autres sources d'émissions.
Ce que nous faisons est toujours revu. Nous publions un rapport qui est examiné à l'international de façon annuelle. Notre méthode est revue et respectée à l'échelle internationale. Elle est également revue par des pairs indépendants de façon continuelle.
Ce n'est donc pas que nous faisons mal les choses. Il y a un défi sur le plan de la transparence, c'est vrai, quant à la manière dont nous communiquons. Le commissaire mentionnait notamment les provinces, et ce sont des choses que nous sommes en train d'examiner.
Pour répondre à la question concernant le cadre, je crois que les gens de Ressources naturelles Canada, en collaboration avec nos équipes, sont en train de travailler avec les provinces et avec les intervenants sur une révision du cadre.
[Traduction]
Je vais les laisser répondre à cette question.
:
Je vous remercie, monsieur Tremblay.
[Traduction]
Oui, nous sommes en train de revoir l'approche comptable. Les consultations sont tenues dans le cadre de cet examen.
La situation est notamment difficile du fait que deux ou trois approches différentes sont utilisées à l'échelle internationale. Nous avons recours au Canada à la méthode du niveau de référence. Il existe une foule d'excellentes raisons de privilégier cette approche qui est véritablement fondée sur la science. Cependant, elle offre moins de transparence que l'approche dite « nette-nette », une méthode plus simple qui est basée sur les chiffres nets.
Nous sommes en train d'examiner tout cela. Nous consultons les intervenants du milieu et différents experts pour...
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens moi aussi à remercier le commissaire à l'environnement pour ce rapport et toutes les personnes présentes aujourd'hui pour ce travail important.
Je pense que cela doit s'inscrire dans la réalité que nous vivons en cette ère des conséquences marquée par le changement climatique. Nous devons malheureusement en faire le constat. Ma propre famille a dû composer avec de nombreux feux de forêt au cours des cinq dernières années dans le nord de l'Alberta. La situation s'aggrave sans cesse, et l'année dernière a été la plus horrible de toutes. J'ai vu des aînés s'enfuir de leur maison, cernés de toutes parts par les incendies. Dans bien des cas, les mesures d'urgence n'étaient pas en place pour leur venir en aide. Je me réjouis de pouvoir dire que bon nombre des efforts de reconstruction déployés par les collectivités ont été menés à bien. Nous avons perdu plus de la moitié du territoire de l'établissement métis d'East Prairie, l'une des plus grandes communautés à occuper un secteur boisé dans la partie sud de la forêt boréale au Canada.
Les Albertains n'ont pas été les seuls à subir les conséquences des feux de forêt. Les centres urbains de partout au Canada ont été affectés par la fumée et par d'autres effets environnementaux comme jamais auparavant. Cela ne s'est pas limité aux régions où les incendies ont éclaté. Edmonton suffoquait des suites des feux de forêt qui ne pouvaient pas être contenus dans le Nord. On a constaté le même phénomène au Québec. Cela s'est produit en même temps que des inondations sans précédent.
Les Canadiens doivent savoir que lorsque nous parlons de changement climatique, nous parlons justement de cette situation tout à fait dramatique et terrible dans laquelle nous nous trouvons. Ce qui me frustre depuis de nombreuses années, surtout depuis que je suis député, c'est que je sais que nous avons des programmes conçus pour aider à lutter contre le changement climatique, mais que ces programmes, et notamment celui‑ci qui vise la plantation de deux milliards d'arbres, se heurtent sans cesse à de nombreuses incohérences qui font obstacle à l'objectif de réduction des émissions.
À titre d'exemple, nous voyons dans le rapport qu'il y a un échéancier dont il faut tenir compte. La pièce 1.4, à la page 7 du rapport, illustre le temps qu'il faudra pour que les arbres plantés deviennent des puits de carbone et commencent à contribuer à la captation d'une partie de nos gigantesques émissions. Je me demande toutefois si nous parviendrons à planter tous ces arbres en assurant une diversité suffisante et en nous inspirant des valeurs d'humanisme si importantes pour une forêt, comme on peut le constater dans des forêts naturelles comme la forêt boréale.
Monsieur le commissaire, premièrement, en ce qui concerne le graphique présenté dans votre rapport à la pièce 1.4, quelles sont les données que vous avez analysées, qui tenaient compte ou non des enjeux liés aux pratiques actuelles de gestion forestière par l'être humain? C'est une partie de votre rapport que je voudrais que vous fassiez ressortir. Deuxièmement, en quoi les considérations démographiques exposées ici vont-elles évoluer du fait que les cibles ne seront pas atteintes?
:
Merci de nous rappeler le visage humain de tout cela.
Nous parlons des graphiques, des arbres et de tout le reste, mais il n'y a pas si longtemps, le ciel était orange ici même à Ottawa, comme à Edmonton et ailleurs, en raison de l'effarante saison des incendies que nous avons connue. Les incendies qui faisaient rage au Canada ont eu des répercussions non seulement ici, dans le sud du pays, mais aussi aux États-Unis.
Cela témoigne bien des conséquences catastrophiques que peut avoir le changement climatique. Ce n'est pas un enjeu purement théorique. Nous commençons à en constater les effets dans notre vie quotidienne, et le phénomène touche toutes les collectivités, et surtout celles qui vivent dans des milieux forestiers.
Pour revenir à vos questions, si on réussit à planter deux milliards d'arbres supplémentaires et si les nouvelles ententes de principe et les nouveaux accords sont respectés, ce qui est toujours un élément positif, alors nous nous attendons à ce que les retombées commencent à se faire sentir, comme je l'ai dit plus tôt, vers 2031 ou 2032, alors que nous verrons les petits arbres plantés aujourd'hui devenir suffisamment gros pour se transformer en puits de carbone.
Cependant, il n'y a pas que des arbres dans une forêt, et je pense que vous le comprenez aussi. Certaines communautés y puisent aussi leurs moyens de subsistance en bénéficiant de la biodiversité qui y est associée. Il a été très décevant de constater que l'on ne souscrivait pas pleinement à notre recommandation visant à offrir des mesures incitatives pour encourager les travaux de restauration des habitats dans le cadre de tous les volets de financement.
Ressources naturelles Canada n'a pas accepté cette partie de notre recommandation, même s'il est assez évident que, du point de vue de la résilience des communautés, une forêt plus diversifiée est plus bénéfique pour la biodiversité et la santé humaine.
:
Je vais peut-être commencer.
Tout d'abord, nous voulons vous assurer que nous sommes tout à fait conscients des répercussions des feux de forêt sur les gens de votre communauté. Vous avez souligné là des considérations de la plus grande importance.
En ce qui concerne la biodiversité, nous offrons des incitatifs supplémentaires dans le cadre des programmes avec les provinces et les territoires pour soutenir des projets qui accroissent la biodiversité et qui assurent le maintien des habitats.
Ce sont des arbres qui coûtent plus cher à planter, et il faut en arriver à trouver la façon optimale d'utiliser les fonds pour atteindre l'objectif global. C'est ce qui explique nos efforts pour favoriser la biodiversité et la protection de l'habitat par l'entremise de certains accords provinciaux et territoriaux seulement. C'est notre approche dans l'état actuel des choses.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui. Je vous remercie de cet audit.
Comme vous le savez peut-être, je représente une région du Nouveau-Brunswick, et la foresterie occupe une place énorme dans notre quotidien, à Miramichi. Le Nouveau-Brunswick est la province canadienne la plus couverte de forêts. Le secteur forestier demeure la plus grande industrie du Nouveau-Brunswick, il contribue à l'économie à hauteur de plus de 1,5 milliard de dollars par année et représente 5 % de l'économie provinciale. L'industrie forestière génère plus de 24 000 emplois à temps plein et de nombreux emplois saisonniers. Ma mère plantait des arbres. Elle a commencé quand j'avais une douzaine d'années et a continué jusqu'à mes 17 ou 18 ans. C'était un travail très difficile. Elle en parlait tout le temps. Mon père est bûcheron, et le père de ma mère travaillait sous contrat pour l'une des plus grandes papetières du Canada à l'époque, une ancienne usine Repap.
La priorité accordée par la province à la biodiversité et les gains réalisés grâce à l'initiative du patrimoine naturel ont permis de protéger juridiquement 10 % des terres et de l'eau douce de la province. Le Nouveau-Brunswick se trouve dans une position unique, puisque la moitié des forêts y est de propriété publique, ce sont des terres de la Couronne, tandis que l'autre moitié appartient à des intérêts privés. Le système de gestion des terres de la Couronne dépend de milliers de personnes chaque année, du gouvernement, des titulaires de permis de coupe de la Couronne, des Premières Nations, des entrepreneurs, des camionneurs, de nombreuses petites entreprises et du public.
En moyenne, on estime que les forêts publiques productives de trois millions d'hectares croissent d'environ 3,1 mètres cubes chaque année. Cela signifie que tous les 10 ans, le contenu de près d'un camion de transport de bois pousse sur chaque hectare. Plus de 900 000 hectares de terres forestières de la Couronne au Nouveau-Brunswick sont conservés et protégés. C'est l'équivalent de plus de 1,5 million de terrains de football.
Au cours des 10 dernières années, 13 000 hectares ont été plantés en moyenne chaque année sur les terres de la Couronne. La superficie totale cumulative des plantations sur les terres de la Couronne représente aujourd'hui environ 16 % des forêts de la Couronne. Le programme annuel de plantation d'arbres est un investissement dans l'avenir de la forêt exploitable au Nouveau-Brunswick. C'est dans le plan d'aménagement forestier à long terme qu'on prévoit le nombre d'hectares plantés chaque année, de manière à assurer l'équilibre entre les espèces d'arbres dans la forêt, l'habitat requis pour les animaux et l'intérêt à maintenir un approvisionnement durable en bois à long terme.
Voici une statistique importante: 210 millions de semis seront plantés au Nouveau-Brunswick d'ici 2030. Il y a une autre statistique intéressante au sujet des feux de forêt. Chose incroyable, 97,6 % des feux de forêt en 2022 au Nouveau-Brunswick ont été causés par les humains: par les humains et non par les changements climatiques.
La raison pour laquelle je fournis tout ce contexte sur l'industrie forestière au Nouveau-Brunswick, c'est que je veux vous montrer que nous sommes un véritable chef de file en matière de gestion forestière, qui comprend la plantation d'arbres.
Vous avez un peu répondu à ma question plus tôt dans vos délibérations. Cette question s'adresse aux gens de Ressources naturelles Canada, mais si quelqu'un d'autre est mieux placé pour y répondre, je n'y vois pas d'inconvénient.
J'ai remarqué qu'il vous a fallu jusqu'à maintenant, soit jusqu'à la troisième année de votre programme, pour établir neuf relations de principe avec les provinces et les territoires, dont huit ont signé. Il y a une raison pour laquelle ce programme est un échec à bien des égards. L'objectif de deux milliards d'arbres plantés est loin d'être modeste, mais comme ma propre province pourrait en planter le quart, c'est réalisable. Le problème et la raison pour laquelle vous avez échoué, je crois, c'est que vous avez essayé de réinventer la roue. Les provinces font déjà ce qu'il faut. C'est là que doit se situer votre relation.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette relation n'est pas la première que vous avez établie et nous dire si vous en avez une actuellement avec la province du Nouveau-Brunswick?
:
Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord remercier tous les témoins qui sont ici aujourd'hui. Je tiens également à remercier la vérificatrice générale pour ce rapport important.
La conversation d'aujourd'hui me rappelle vraiment mon travail antérieur de commissaire scolaire local, au cours duquel j'ai commencé une plantation annuelle d'arbres dans ce qui est maintenant le parc urbain national de la Rouge. Je me souviens que les enfants étaient tellement enthousiastes à l'idée de se salir les mains, d'aller planter les arbres pour la journée. C'était non seulement une expérience enrichissante pour eux, mais aussi une bonne chose pour l'environnement. Nous renforcions notre biodiversité locale et contribuions à un corridor écologique. C'était une initiative qui valait vraiment la peine, que j'ai pu aider à coordonner quand je siégeais à la commission scolaire.
Pour faire le lien avec cette entreprise colossale de Ressources naturelles Canada, qui dirige le programme de plantation de deux milliards d'arbres, je dirais que c'est extrêmement ambitieux. Ce programme est déployé à l'échelle du pays. Il nécessite une collaboration avec les provinces et les territoires dans un effort pangouvernemental.
Comme le a pour mandat de favoriser la plantation de deux milliards d'arbres, les représentants de Ressources naturelles Canada peuvent-ils nous expliquer comment les autres ministères et programmes, comme Parcs Canada et le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone, contribuent à l'avancement du projet de plantation de deux milliards d'arbres?
:
Nous avons cinq types de partenaires. Il y a d'abord les ministères fédéraux, parce que les ministères fédéraux, comme vous le dites, font des semis, notamment Parcs Canada et Anciens Combattants. Nous avons des partenariats avec plusieurs ministères dans le cadre du programme visant à planter des arbres supplémentaires. Ces plantations doivent vraiment aller au‑delà des plantations prévues. Par exemple, le ministère de la Défense nationale fait un peu d'entretien sur son territoire, mais cela ne compterait pas nécessairement pour nous, parce que ces arbres ne s'ajoutent pas à ce qu'il planterait normalement.
En ce qui concerne le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone, les arbres plantés par les provinces et les territoires grâce à ce fonds s'ajoutent aux plantations habituelles, et les rapports fournis par les provinces et les territoires nous permettent de savoir combien d'arbres ont été plantés. Il y a donc une certaine clarté dans ces rapports qui nous permet d'inclure ces arbres dans nos calculs pour respecter l'engagement du gouvernement de planter deux milliards d'arbres.
Au départ, le plan était que d'autres programmes ministériels puissent contribuer au programme de plantation de deux milliards d'arbres. Quand il s'agit vraiment d'arbres supplémentaires et qu'il y a suffisamment d'information dans les rapports pour attester qu'ils ont bel et bien été plantés, nous pouvons les inclure dans nos calculs.
Je mentionnerai d'abord l'annonce dans le budget de 2023 d'un montant supplémentaire de quelque 370 millions de dollars pour les programmes destinés au secteur forestier axés sur l'innovation, la décarbonation, la recherche de nouveaux produits et de nouvelles façons de faire, et l'amélioration des données utilisées pour estimer les émissions de carbone, comme certains de nos collègues ici présents en ont parlé.
À RNCan, nous avons également depuis longtemps des programmes et des mesures d'intervention pour lutter contre les infestations de ravageurs, qu'il s'agisse de la tordeuse des bourgeons de l'épinette dans l'Est ou du dendroctone du pin ponderosa dans l'Ouest. Comme mon collègue M. Hargrove l'a mentionné, nous investissons par ailleurs dans la gestion des feux de forêt.
:
C'est bien de voir un programme qui a un horizon à si long terme, parce que parfois, au gouvernement, nous avons tendance à trop nous concentrer sur le « court terme ». C'est un thème central de la leçon n
o 8 de notre rapport de 2021 sur les leçons tirées en matière de climat, sur lequel nous avons comparu devant ce comité il y a environ deux ans.
Je ne voudrais pas décourager les ministères d'entreprendre des projets à long terme, même s'il leur faut un certain temps pour en récolter les fruits. C'est pourquoi nous avons inclus la pièce 1.4, qui dit qu'il ne faut pas se limiter à 2030 et voir qu'il s'agit d'une source de carbone; il faudra peut-être attendre jusqu'en 2040, 2050 ou 2060 pour voir les fruits du travail réalisé au cours de cette période.
Cela en vaut la peine. Ce programme devrait permettre de planter bien des arbres en plus de ceux qui seraient plantés de toute façon, comme nous venons de l'entendre. Il y a lieu de nous demander si cela comprend les arbres financés à l'aide du Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone. Le ministère a choisi de les inclure dans les calculs depuis cet été. Nous ne le savions pas au moment de publier notre rapport. Il y aura évidemment moins d'avantages s'il ne s'agit pas uniquement d'un programme de plantation d'arbres, mais aussi d'un programme de comptage d'arbres. Nous pourrons en parler davantage plus tard.
Cela dit, il vaut certainement la peine d'investir à long terme dans la plantation d'arbres.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux revenir à la question où je m'étais arrêté, sur les obstacles. Je crois qu'un témoin de Ressources naturelles Canada vient de mentionner un obstacle à la diversification. C'est le fait qu'il coûte trop cher de créer des forêts diversifiées ou de favoriser des plantations d'arbres diversifiées. C'est une préoccupation assez importante et cela envoie un signal d'alarme à l'égard de ce programme, parce que cela crée une grande vulnérabilité compte tenu des nombreux facteurs à prendre en considération pour créer une forêt en santé.
Bien sûr, on peut créer une grande forêt en monoculture, mais elle va mourir. Elle ne sera pas viable. Et au bout du compte, si elle meurt, cela va générer plus de carbone. Je pense que la diversité est essentielle pour qu'une forêt soit en santé et qu'elle devienne un très bon puits de carbone. Je pense que c'est un élément important dans la discussion.
Ma question s'adresse aux gens de Ressources naturelles Canada. Quels coûts vous assureraient de pouvoir planter les arbres que vous vous êtes engagés à planter, en plus de veiller à une bonne diversification? Combien d'argent vous manque‑t‑il pour cela?
:
Merci, monsieur le président, et merci, monsieur Nater.
J'allais revenir à mes questions sur le Nouveau-Brunswick.
Le Nouveau-Brunswick est un chef de file en matière de modélisation à long terme des ressources forestières. À mon avis, nous sommes les plus avancés à cet égard. Je ne suis pas un expert en la matière, mais nous sommes très bons en foresterie. Je pense que l'occasion que vous avez manquée ici — et c'est l'une des principales raisons de votre échec —, c'est que chaque province a son propre plan forestier et que la gestion de ces différents plans n'est pas la même partout. Je suis sûr qu'elle diffère beaucoup d'un plan à l'autre. Il y a des Premières Nations et des communautés autochtones qui possèdent une expertise en la matière. Il y a des entreprises spécialisées. Les provinces disposent de terres publiques et privées. Les conditions sont propices. Nous avons l'expertise et la main-d'œuvre nécessaires pour planter plus d'arbres.
Je vais revenir à ma question initiale, et elle s'adresse à qui voudra bien y répondre. Je veux simplement qu'on me réponde par oui ou non. Avez-vous signé une entente avec la province du Nouveau-Brunswick?
:
Merci de cette réponse. Je pense simplement que si l'on considère cette expertise, la bureaucratie ne va jamais aller planter ces arbres. Je pense qu'il s'agit d'une initiative de 3 milliards de dollars. L'argent était là, à tort ou à raison, à mon avis, pour atteindre cet objectif.
La raison pour laquelle vous êtes en retard, c'est que la province numéro un en matière de gestion forestière est le Nouveau-Brunswick. Votre priorité absolue aurait donc dû être d'établir quels arbres le Nouveau-Brunswick voulait planter et quels arbres il avait besoin de planter, de conclure un accord dès le départ et de passer ensuite aux autres provinces. Je pense que vous auriez signé ces accords beaucoup plus rapidement si vous aviez procédé de la sorte.
Le projet des deux milliards d'arbres est clairement en retard, et je ne sais pas si sa réalisation est même pensable, mais il aurait été possible de le mener à bien en faisant les choses correctement. Manifestement, les investissements sont là. Or, trois milliards de dollars ne peuvent pas être consacrés uniquement à des questions de bureaucratie. Il s'agit de planter des arbres physiquement et manuellement, avec des êtres humains et du matériel. Les arbres doivent être plantés. Ils ne seront pas plantés par des gens comme... Je ne vais pas aller les planter. Vous n'irez pas les planter non plus.
Vous aviez l'expertise et l'argent. C'est ce que je veux dire. C'est pourquoi vous échouez.
Allez‑y, monsieur Nater.
:
Merci, monsieur le président. Je vais essayer de faire bon usage de mes deux minutes.
Tout d'abord, je constate que le programme de plantation d'arbres le plus réussi à l'échelon municipal en Amérique du Nord se trouve dans le comté de Wellington, qui est dans ma circonscription, Perth—Wellington. Ce programme fait un travail exceptionnel depuis deux décennies. Je voulais faire un peu de réclame à ce sujet et gaspiller un peu plus de mon temps, qui est en train de s'envoler.
Monsieur le vice-ministre Vandergrift, quand Ressources naturelles Canada a‑t‑il pris connaissance du projet du gouvernement de planter deux milliards d'arbres? À quelle date avez-vous pris connaissance de cet engagement?
Je voudrais passer au commissaire, M. DeMarco.
Au paragraphe 1.37, vous abordez la question de la permanence et vous soulignez le fait qu'il n'y a pour l'instant aucun engagement à faire en sorte que ces arbres demeurent dans le sol.
Je suis curieux au sujet de ce que vous avez dit à savoir que le bilan carbone deviendrait négatif d'ici 2030, à peu de chose près. Lorsque vous avez fait votre modélisation et que vous vous êtes penché là‑dessus, quelles considérations avez-vous prises en compte concernant la permanence des arbres qui ont été plantés jusqu'à présent et qui seront plantés à l'avenir?
:
Dans le cadre de ce programme visant la plantation de deux milliards d'arbres, nous disposons d'un certain financement destiné au renforcement des capacités et à l'exécution des travaux scientifiques et de recherche.
L'un des projets que nous avons entrepris consiste à évaluer la capacité de survie des semis distribués à l'aide de drones, ce qui pourrait être un moyen de faire face aux pénuries de main-d'œuvre ou aux difficultés d'accès aux sites où nos partenaires voudraient planter. Nous ne disposons pas encore des résultats de ce projet pilote, lesquels nous renseigneraient un peu mieux sur la capacité des plants à survivre en nombre suffisant pour que cela en vaille la peine. C'est en tout cas une question dont nous discutons avec nos partenaires.
Les provinces et les territoires, par exemple, ont déjà mis en place des systèmes pour disposer de la main-d'œuvre nécessaire à la plantation habituelle, sur laquelle ils peuvent également compter pour cette plantation additionnelle.
:
L'un des aspects de tout cela est évidemment la production de rapports sur les émissions de gaz à effet de serre. Des préoccupations ont été soulevées pour s'assurer que les rapports officiels du Canada concernant les estimations des gaz à effet de serre sont aussi transparents et précis que possible.
Parmi les mesures que nous avons prises récemment, il y a un plan pour veiller à ce que les données sur les forêts qui figureront dans la prochaine édition du Rapport d'inventaire national du Canada soient plus détaillées en fonction des provinces et des territoires.
Nous avons récemment fait l'objet d'un examen par une équipe d'experts internationaux. C'était en septembre. Nous attendons le rapport de recommandations. Nous examinerons très sérieusement ces dernières et nous les mettrons en œuvre au fil du temps.
Nous examinons attentivement comment nous pouvons améliorer le texte du rapport afin que ce sujet très complexe soit expliqué plus clairement à ceux qui liront le rapport.
Enfin, nous procédons également à la mise à jour du plan d'amélioration des estimations de l'information forestière, qui, nous l'espérons, sera rendu public dans un avenir proche.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le commissaire, je veux vous remercier d'avance de votre patience, car je pratique mon français.
[Traduction]
Je vais essayer de poser des questions en français.
[Français]
Selon un article du Journal de Québec, le gouvernement du Québec demande au gouvernement fédéral de revoir la disposition du programme qui stipule que les arbres plantés ne peuvent pas être récoltés à long terme. En substance, il demande que les arbres plantés dans le cadre du programme 2 milliards d'arbres puissent être coupés.
Pensez-vous que cette proposition de modification permettrait au programme d'atteindre ses objectifs déclarés, à savoir l'augmentation de la couverture forestière et la restauration de la nature?
:
Oui, nous pourrions ajouter quelques éléments.
Il est vraiment important d'avoir des partenariats forts avec les provinces et les territoires. Nous continuons la discussion. Comme cela a déjà été mentionné, nous avons conclu quelques ententes et nous continuons les discussions avec d'autres provinces et territoires. Québec est une des provinces et nous continuons de travailler avec elle.
Cette lettre constitue un nouveau développement pour nous. Le ministre Wilkinson a demandé à ses homologues, au mois d'août, je pense, d'en arriver à des ententes et d'accélérer les discussions. Le Québec a donné cette réponse, que nous avons reçue cette semaine. Nous allons continuer les discussions avec la province et nos homologues afin d'en arriver à une solution.
:
Cette question a été soulevée après la présentation de notre rapport. Dans notre rapport, aux paragraphes 1.19 et 1.20, nous avons relevé l'état d'avancement de la plantation d'arbres au cours des deux premières années. C'est ce que reflète le tableau de la page suivante.
C'est important, en particulier pour ce comité, le Comité des comptes publics: notez, à la page 30 de notre rapport, que nous avons obtenu de l'entité, du ministère, « la confirmation qu’elles nous ont fourni toutes les informations dont elles ont connaissance et qui leur ont été demandées ou qui pourraient avoir une incidence importante sur les constatations ou la conclusion contenues dans le présent rapport », ainsi que « la confirmation que les faits présentés dans le présent rapport sont exacts ». Il s'agit d'une étape très importante du processus d'audit. On ne nous a pas parlé de ces dizaines de millions d'autres arbres.
Peut-être ne connaissaient‑ils pas le chiffre exact, mais il incombait au ministère de nous dire qu'ils n'allaient pas compter 16,5 millions d'arbres pour 2022, mais des dizaines de millions d'arbres supplémentaires. Il s'avère que ces dizaines de millions d'arbres supplémentaires ne provenaient pas du programme « 2 milliards d'arbres ». Ils provenaient du Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone et avaient déjà été plantés et financés dans le cadre de ce programme.
Si l'on comptabilise deux fois les arbres provenant d'autres programmes d'autres ministères, il ne s'agit pas d'une augmentation. Il s'agit d'un double comptage. Il est évident que les avantages pour la biodiversité, le piégeage du carbone et la santé humaine sont moindres si l'on compte deux fois le même arbre dans deux programmes différents.
:
Parlons-nous de la seconde moitié du rapport, sur la comptabilisation du carbone forestier?
Mme Valerie Bradford: Oui.
M. Jerry V. DeMarco: Les incohérences sont illustrées dans le graphique 1.8, où trois lignes montrent que, selon l'année du rapport — 2019, 2020 ou 2021 — le calcul du puits de carbone forestier ou de la source de carbone forestier varie pour la même année et la même variable. Nous y trouvons des incohérences importantes et un manque de transparence et d'utilité pour les décideurs en ce qui concerne le rôle de la sylviculture et des forêts dans la comptabilisation du carbone au Canada. Il faut mettre de l'ordre dans ces domaines.
Je dois dire que le Canada est l'un des trois plus grands pays forestiers du monde. Nous devons faire les choses correctement. Le Canada a une très grande responsabilité dans ce domaine, compte tenu de la quantité de terres forestières qu'il possède. Nous ne devrions pas assister, d'une année sur l'autre, à des fluctuations brutales indiquant que les émissions d'une année donnée ont été nettes négatives ou nettes positives. Ce point doit être clarifié. Cette question a une incidence considérable non seulement sur les chiffres des émissions nettes, mais aussi sur la manière dont nous pourrions gérer les forêts si nous disposions de meilleurs renseignements.
:
Je vous remercie. Je crains que ce soit tout le temps dont nous disposons pour les questions. Je tiens à remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Monsieur Vandergrift, je veux vous remercier de vous être joint à nous depuis l'étranger. Je n'aime pas beaucoup Zoom et des séances virtuelles, mais je vous suis reconnaissant d'avoir pris le temps de vous joindre à nous dans ces circonstances. J'encourage toujours ceux qui se trouvent dans la région de la capitale nationale à se présenter en personne, mais vous ne pouviez pas le faire.
Je sais qu'il est tard là où vous êtes, alors j'espère que vous aurez le temps de dîner ce soir avant de vous préparer pour la nuit. Il y a beaucoup de bons restaurants à Londres, comme je suis sûr que vous le découvrirez.
Je vais maintenant permettre aux témoins de se retirer.
Je vais aussi suspendre la séance pendant 30 secondes, afin que vous puissiez quitter la salle, puis je reviendrai tout de suite après pour m'occuper des travaux du Comité. La séance est suspendue.
:
Merci, monsieur le président.
Je serai très bref.
De toute évidence, ce que nous avons vu la vérificatrice générale présenter cette semaine est une démonstration épouvantable d'incompétence et de corruption potentielle. Ce que nous avons observé, c'est un manque effroyable de documentation et de franchise. J'estime que nous devons nous pencher sur cette question.
Je vous fais remarquer qu'aujourd'hui, pendant la période de questions, a prononcé des paroles selon lesquelles nous devons nous assurer que « chaque document est disponible ». À cette fin, j'aimerais présenter une motion concernant la production de documents. Elle sera distribuée aux membres du Comité dans les deux langues officielles.
Je propose:
Que, étant donné que la vérificatrice générale n’a pas été en mesure de vérifier correctement les sous-traitants utilisés par GC Strategies et d’autres entrepreneurs dans le cadre d’ArriveCan et que l’ombud de l’approvisionnement a constaté que 76 % des sous-traitants utilisés dans le cadre d’ArriveCan n’ont pas effectué de travail réel, le Comité:
a. ordonne à l’Agence des services frontaliers du Canada, à l’Agence de la santé publique du Canada, à Services publics et Approvisionnements Canada et à tous les autres ministères et organismes gouvernementaux impliqués dans ArriveCan de fournir une liste complète des sous-traitants qui ont reçu du travail dans le cadre d’ArriveCan, le service fourni et le montant total payé dans le cadre des contrats de sous-traitance dans les sept jours suivant l’adoption de la présente motion;
b. ordonne aux principaux entrepreneurs d’ArriveCan, notamment GC Strategies, Dalian Enterprises Incorporated, Amazon Web Services, Inc., Microsoft Canada Inc., TEKsystems, Inc., Donna Cona Inc., BDO Canada LLP, MGIS Inc., 49 Solutions, Makwa Resourcing Inc./TPG Technology Consulting Limited, et Advanced Chippewa Technologies Inc. de fournir une liste complète des sous-traitants qui ont reçu des travaux dans le cadre d’ArriveCan, des services fournis et du montant total payé en vertu des contrats de sous-traitance dans les sept jours suivant l’adoption de la présente motion;
c. ordonne à la vérificatrice générale de fournir une liste complète des 21 « autres » contractants, qui ont reçu un total de 6 millions de dollars, identifiés dans la pièce 1.1 de l’application ArriveCan, le service fourni et le montant total payé en vertu des contrats dans les sept jours suivant l’adoption de cette motion; et
d. ordonne à GC Strategies et à tous les ministères, agences et sociétés d’État concernés de produire une liste complète des sous-traitants utilisés, du service fourni et du montant total payé en rapport avec tous les contrats reçus par GC Strategies depuis 2015, dans les sept jours suivant l’adoption de la présente motion; et
e. fasse rapport de cette motion à la Chambre pour information.
Je crois qu'il est assez clair qu'il s'agit d'informations dont le Comité a besoin et de questions auxquelles le public canadien mérite d'avoir des réponses.
Je vous remercie de votre attention, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Étant un député qui a participé à ce scandale particulier pendant près de deux mois... Le besoin en matière de transparence et de reddition de comptes se fait de plus en plus pressant.
Il était troublant d'entendre la vérificatrice générale, qui a des dizaines d'années d'expérience en matière d'audit, déclarer aux Canadiens et aux parlementaires que ce scandale particulier était l'un des pires exemples de mauvaise tenue de dossiers et de mauvaise gestion. Un certain nombre de ministères ont joué un rôle dans la création de cette application désastreuse, et les coûts exorbitants qu'elle a entraînés sont inquiétants à bien des égards, mais surtout pour les contribuables.
Nous n'avons aucune idée du coût exact de cette application. Nous savons qu'il dépasse largement les 60 millions de dollars, mais le montant exact est totalement inconnu en raison des documents manquants — des documents qui auraient dû être mis à la disposition de la vérificatrice générale. Un budget aurait dû être établi, mais cela n'a pas été fait.
Tout le concept de supervision ministérielle, en particulier en ce qui concerne le ministre responsable de la sécurité publique, le ministre responsable de la santé publique, le ministre responsable de l'approvisionnement et la présidente du Conseil du Trésor... Ils doivent assumer leurs responsabilités, car c'est sous leur surveillance collective qu'a été développée cette application, une application qui s'est avérée être un véritable désastre.
Je soutiens de tout cœur la motion concernant la production de documents qu'a présentée mon collègue, M. Nater, car de nombreuses personnes doivent rendre compte de ce qu'elles ont fait.