:
Bonjour, tout le monde. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 31e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes. Je me trouve sur le territoire du Traité no 1 et les terres du peuple métis. La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 23 juin 2022, le Comité commence son étude sur les allégations d'ingérence politique dans l'enquête sur la tuerie en Nouvelle-Écosse en 2020.
Pour le premier groupe de témoins de la journée, nous avons parmi nous l'honorable Bill Blair, ministre de la Protection civile, et M. Rob Stewart, sous-ministre du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Jusqu'à cinq minutes seront accordées pour faire des observations liminaires, et nous procéderons ensuite à des séries de questions.
Bienvenue à tous.
J'invite maintenant le à faire une déclaration liminaire de cinq minutes maximum.
Monsieur le ministre, vous pouvez commencer quand vous voulez.
:
Merci, monsieur le président.
Chers collègues, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. J'aimerais également souligner que je vous parle à partir du territoire traditionnel du peuple algonquin.
Les 18 et 19 avril 2020, un drame inconcevable a eu lieu en Nouvelle-Écosse. Les Canadiens ont tous été ébranlés par ces morts horribles et ont pleuré aux côtés des collectivités touchées. J'aimerais saisir l'occasion pour réitérer mon soutien et mes condoléances à l'égard des familles des personnes qui ont perdu leur vie dans ces attaques violentes ainsi que notre engagement à obtenir les réponses dont elles ont besoin.
Nous savons que les Canadiens méritent un compte rendu détaillé de ce qui s'est produit sur une période de 13 heures les 18 et 19 avril 2020. C'est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied une commission d'enquête indépendante, la Commission des pertes massives, qui a pour mandat d'examiner certaines des questions les plus pressantes sur le déroulement des événements et sur la façon de prévenir d'autres tragédies. Nous sommes impatients de voir les conclusions fondées sur les faits de l'enquête, que la Commission, d'après ce que j'ai compris, doit publier plus tard au cours de l'année.
Pendant que la Commission fait son travail, je demeure fidèle au principe fondamental de l'indépendance opérationnelle des forces de l'ordre au pays. Soyons clairs: je n'ai jamais orienté la GRC dans un dossier opérationnel, y compris pour ce qui est des communications publiques. Je ne lui ai pas demandé de publier certains renseignements, et on ne m'a pas promis que ce serait fait. Comme vous le constaterez dans toutes mes déclarations publiques pendant cette période, j'ai confirmé que la mention des armes utilisées était une décision qui relevait entièrement de la GRC.
Cela dit, ce que je veux faire ressortir aujourd'hui, c'est que la lutte contre la violence armée a été l'une de mes principales priorités au fil des années où j'ai eu l'honneur d'occuper les postes de ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé ainsi que de ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. C'était un élément clé de ma lettre de mandat, qui m'enjoignait à assurer la sécurité de nos collectivités en mettant en œuvre de nouvelles mesures de contrôle des armes à feu, y compris une interdiction des armes d'assaut. Le travail dans ce dossier se poursuivait depuis déjà un bon moment. Nous nous sommes d'abord engagés à débarrasser nos rues des armes d'assaut dans le tout premier discours du Trône en 2015. Nous avons réitéré cet engagement dans notre plateforme et dans notre discours du Trône de 2019. Dans le cadre de ce travail, alors que j'étais ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, j'ai appuyé le dans des consultations publiques sur la réduction des crimes violents impliquant des armes de poing et des armes d'assaut.
Au cours des dernières années, nous avons vu beaucoup trop d'exemples du mal que ces armes peuvent causer, par exemple à la fusillade de la mosquée de Québec. Un autre tireur a tué deux agents de police et deux civils à Fredericton. Au sud de la frontière, les AR‑15 ont servi à eux seuls à perpétrer les tueries de la boîte de nuit Pulse; de Sutherland Springs; de l'école secondaire Stoneman Douglas; et, c'est peut-être l'exemple le plus tragique, de l'école primaire Sandy Hook.
Dès le début, nous avons compris l'importance d'empêcher les gens qui veulent faire du mal à des Canadiens de se procurer des armes d'assaut. Le drame qui s'est produit en Nouvelle-Écosse n'a que renforcé notre détermination à progresser dans ce dossier d'une importance capitale. C'est la raison pour laquelle nous avons annoncé, le 1er mai 2020, un décret pour interdire plus de 1 500 modèles d'armes d'assaut et leurs variantes. Les armes à feu visées par ce décret ne peuvent pas être utilisées, vendues ou importées légalement au Canada. Nous avons créé une amnistie de durée limitée pour donner le temps aux propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi de se conformer aux nouvelles exigences.
Le décret du 1er mai était le résultat de nombreuses années de travail acharné de la part du gouvernement, y compris de fonctionnaires, et il a été élaboré à la suite de consultations publiques auxquelles tous les Canadiens pouvaient participer. Soyons clairs: ces armes sont conçues pour le champ de bataille, dans le but de tuer un maximum de personnes le plus rapidement possible. Elles n'ont pas de raison d'être au Canada.
La mesure est, et continue d'être, un élément extrêmement important de notre approche globale de lutte contre la violence liée aux armes à feu, mais ce n'est pas le seul. Nous avons mis en place des vérifications élargies des antécédents et un contrôle renforcé des personnes qui demandent un permis d'armes à feu, et nous avons fait d'importants investissements pour aider les provinces et les territoires à s'attaquer à la violence perpétrée par les gangs. Plus tôt cette année, mon collègue, le , a déposé d'autres mesures législatives pertinentes dont votre comité, je crois, sera saisi sous peu. La lutte contre la violence armée est un processus complexe et continu, un dossier qui nécessite une approche multidimensionnelle, et nous allons continuer d'assurer la sécurité des Canadiens en resserrant le contrôle des armes à feu.
Monsieur le président, je vais conclure, si vous le permettez, en répétant que je ne suis jamais intervenu sur le plan opérationnel et que je n'ai jamais offert la moindre orientation opérationnelle à la GRC dans mes fonctions de ministre de la Sécurité publique.
Je remercie chacun de vous. Je suis impatient de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup. Je pense que c'est une question importante et je vous remercie de la poser.
En tant que ministre de la Sécurité publique, je suis responsable d'organismes et de ministères qui relèvent de la Sécurité publique et du ministre de la Sécurité publique. Dans le cadre de ce rapport hiérarchique, je pense qu'il y a une démarcation importante et très claire. Le ministre ne peut jamais orienter des activités opérationnelles de la GRC ou lui en proposer. Le ministre ne peut pas lui dire, par exemple, ce qui doit faire l'objet d'une enquête, quelles accusations doivent être portées ni les aspects de ses fonctions opérationnelles sur lesquels elle doit se concentrer. C'est une démarcation que je connais très bien. J'ai été chef de police pendant de nombreuses années et je comprends la différence entre, d'une part, la gouvernance et la gestion, et d'autre part, les opérations d'un service de police. C'est une démarcation que j'ai toujours respectée et que je continue de respecter dans mes fonctions de ministre de la Sécurité publique.
La GRC est tenue de rendre des comptes aux Canadiens par l'entremise du gouvernement du Canada. La commissaire de la GRC me tient régulièrement au courant, à titre de ministre de la Sécurité publique, d'affaires importantes pour l'intérêt national, mais je ne peux jamais — et je ne le ferais jamais — lui donner la moindre orientation opérationnelle dans le cadre d'une enquête, ce qui comprend l'information communiquée au public. Comme il se doit, ces décisions sont prises indépendamment par le service de police compétent — la GRC dans ce cas‑ci — et ne sont pas une chose dans laquelle j'interviendrais.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre de la Protection civile et monsieur le sous-ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Je tiens à présenter mes condoléances aux proches et aux familles des victimes. Même si la tuerie a eu lieu en 2020, je pense que le fait d'en réentendre parler, compte tenu de la Commission des pertes massives et de tout ce qui est publié chaque jour dans les médias, rouvre, chez ces personnes, des plaies qui n'étaient pas tout à fait fermées. Je pense donc beaucoup à ces personnes, et, par respect pour elles, j'estime qu'il est important d'être transparents, de leur donner le plus d'information possible et de répondre à leurs questions dans toute la mesure du possible. Le fait qu'il y ait des allégations d'ingérence politique est assez grave. Ces personnes méritent donc d'avoir des réponses à leurs questions.
Je vais aller droit au but.
Monsieur le ministre, vous avez dit des choses intéressantes tout à l'heure en réponse aux questions de mes collègues conservateurs. Selon le rapport sur la tuerie et le récit du surintendant Darren Campbell, la commissaire de la GRC, Mme Brenda Lucki, aurait dit, lors d'une réunion du 28 avril 2020, qu'elle vous avait promis, ainsi qu'au , qu'elle allait rendre publiques les informations sur les armes utilisées lors de la tuerie, même si cela pouvait compromettre l'enquête, comme l'a affirmé M. Campbell, parce qu'elle savait que vous alliez édicter un règlement deux jours plus tard et que le dévoilement des armes utilisées aiderait votre gouvernement.
Avez-vous réellement eu, avec Mme Lucki, ces conversations au cours desquelles vous lui auriez demandé de dévoiler publiquement le type d'armes utilisées?
:
Il n'y a qu'une série de faits. Je n'ai pas demandé à la commissaire de divulguer cette information. Elle ne m'a pas promis de le faire.
Vous faites également référence à une conversation qu'a eue la commissaire avec ses subordonnés en Nouvelle-Écosse, et des informations là‑dessus ont circulé. Je n'ai pas participé à cette discussion et je n'ai pas connaissance de la teneur de la discussion. Il vaudrait mieux poser ces questions à ceux qui y ont participé.
Cependant, je peux dire sans équivoque et avec une absolue certitude que je n'ai pas demandé à la commissaire de la GRC de divulguer ces informations, et elle ne m'a pas promis de le faire. En fait, chaque fois qu'on m'a posé la question à chaque événement médiatique.... Il existe de nombreuses entrevues médiatiques avec moi qui ont été enregistrées lorsqu'on m'a posé des questions, y compris le jour où nous avons annoncé le décret. Ce jour‑là, j'ai dit de façon très explicite que nous ne divulguerons pas ces informations. Décider du moment de la divulgation relève entièrement de la GRC. Par la suite, en Chambre — et vous pourrez le constater si vous consultez le hansard —, les députés du parti conservateur m'ont questionné à plusieurs reprises sur les informations concernées. J'ai répondu que la GRC menait son enquête et que lorsqu'elle l'aurait conclue, elle divulguerait les informations comme bon lui semblera.
Comme je le faisais alors, je continue de défendre fermement l'indépendance opérationnelle de la GRC lorsqu'elle prend des décisions opérationnelles en rapport avec ses enquêtes.
:
Merci, monsieur le ministre. Je suis désolé, mais mon temps sera bientôt écoulé et j'aimerais changer de sujet. Je ne veux pas répéter bon nombre des questions qui ont été posées.
M. Noormohamed vous a demandé d'expliquer avec soin la relation entre le et la GRC. Votre réponse était très claire. Le problème, monsieur le ministre, c'est que d'autres gouvernements, les gouvernements précédents, tant conservateurs que libéraux, ont eu des ministres qui ont donné des directives opérationnelles à la GRC. Nous l'avons vu sous le gouvernement Chrétien, dans les années 1990, dans le cadre du Sommet de l'APEC. Des directives ont aussi été données dans les années 1950 par le gouvernement Diefenbaker dans le cadre d'un incident à Terre-Neuve.
Je crois que le problème, monsieur le ministre, réside dans l'interprétation de la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada, et plus particulièrement du paragraphe 5(1), qui prévoit essentiellement la nomination d'un commissaire « qui, sous la direction du ministre, a pleine autorité sur la Gendarmerie et tout ce qui s'y rapporte ».
Je paraphrase un peu, mais c'est essentiellement assez vague. Êtes-vous d'accord pour dire que cet énoncé dans la loi qui régit la GRC est vague?
:
Oui, monsieur. Nous reconnaissons cela. Merci.
Je sais que notre temps est limité, donc allons droit au but. Vous vouliez un examen, pas une enquête. Ensuite, quand l'enquête a pris forme, vous en avez profité, monsieur, pour nommer des commissaires forts intéressants, soit, étrangement, M. MacDonald, le cousin de l'une des personnes abattues de même qu'un libéral bien connu, qui a suspendu les accusations contre Gerry Regan; Mme Fitch, dont le père était agent de la GRC, qui a été cheffe de police pendant cinq et était membre du conseil d'administration de la GRC; et Mme Stanton, qui a écrit un livre en 2021, publié avant la tenue de la Commission, sur la nécessité de changer le déroulement des enquêtes publiques.
Ne s'agit‑il pas là, dès le départ, d'une ingérence politique, monsieur?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, la directrice des communications stratégiques à Halifax, Lia Scanlan, a déclaré que des représentants du gouvernement, dont vous, alors que vous étiez ministre de la Sécurité publique, et le Trudeau, évaluaient ce qu'ils pouvaient dire et ne pas dire. Or, il s'agit ici d'une tuerie, d'une tragédie où — je pense que vous serez d'accord avec moi — les policiers sont les mieux placés pour déterminer quoi dire.
Vous avez notamment parlé de transparence et d'indépendance de la police nationale et, comme M. Hardie le disait un peu plus tôt, les policiers n'ont souvent que quelques minutes, quelques secondes, avant de prendre une décision. Manifestement, ce sont eux qui sont les mieux placés pour expliquer les décisions qu'ils ont prises.
Entendre que le gouvernement voulait contrôler le message, cela envoie l'image que, au lieu de penser aux victimes, il pensait à son programme politique.
Je me demande si vous êtes conscient que c'est ce qui a été perçu par la population.
:
Tout d'abord, je n'ai jamais rencontré cette personne et je n'ai jamais eu de conversation avec elle. À aucun moment je ne lui ai donné, et le gouvernement ne lui a pas donné, de directives sur ce qu'elle pouvait ou ne pouvait pas dire. Je ne comprends pas cela et je n'ai aucun fait sur lequel me baser pour déterminer pourquoi ces propos ont été tenus, car ce n'est tout simplement pas vrai.
De plus, je pense qu'il est important de comprendre le contexte auquel le sous-ministre a fait référence. Dans les jours qui ont suivi cette fusillade, le public était extrêmement préoccupé par ce qui s'était passé et les familles, la communauté, les Néo-Écossais et la population de tout le Canada avaient grand besoin de comprendre ce qui s'était produit et pourquoi cela s'était produit. Il était très important de partager avec le public les renseignements qui pouvaient l'être.
J'ai eu un certain nombre de conversations avec mon homologue de la Nouvelle-Écosse, et nous avons entendu les familles. Je me suis aussi entretenu avec un certain nombre de mes homologues. En fait, le député de a pris la parole à la Chambre, et un autre député, , s'est également levé à la Chambre, pour exprimer son inquiétude face au manque de renseignements fournis par la GRC et pour nous exhorter à rendre l'information publique. En réponse à ces questions, j'ai indiqué qu'il s'agissait d'une décision de la GRC et qu'elle seule pouvait déterminer quels renseignements seraient divulgués. J'ai compris, tout comme maintenant, leur préoccupation très sincère quant à la nécessité de partager plus de renseignements.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'aimerais revenir sur ce que je considère comme un manque de précision de la Loi sur la GRC, plus précisément sur le paragraphe 5(1). Lors de notre échange précédent, j'ai cité deux exemples: le gouvernement Diefenbaker avec la situation à Terre-Neuve, et le gouvernement Chrétien dans les années 1990 avec le sommet de l'APEC. Bien que je comprenne que pour vous ce paragraphe soit clair comme de l'eau de roche, il s'agit de deux cas dans lesquels il a été clairement démontré que le gouvernement de l'époque a donné des directives opérationnelles à la GRC.
Je pense que ce que l'on allègue ici, si nous regardons les notes du surintendant Campbell, n'est pas tant l'existence de directives opérationnelles, mais plutôt de directives en matière de communication. Vous avez dit très clairement que les limites de l'influence que peut avoir un ministre sur la GRC en ce qui concerne les questions opérationnelles sont très claires. Je pense qu'il y a une petite marge de manœuvre ici, une interprétation légèrement différente.
Ce qui m'intéresse à présent, c'est de savoir comment éviter que cette situation ne se reproduise. Le professeur de droit Kent Roach a suggéré dans les médias l'adoption d'une disposition législative exigeant que les directives ministérielles soient rendues publiques et librement accessibles, de sorte que toute directive donnée par le ministre à la GRC soit disponible et ouverte, et que les gens puissent y lire ce qu'ils veulent. On satisferait ainsi au besoin du public de savoir quand un ministre donne une directive en vertu du paragraphe 5(1).
Monsieur le ministre, seriez-vous favorable à une telle exigence et, dans la négative, pouvez-vous expliquer pourquoi?
Je ne peux m'imaginer ce que les Néo-Écossais ont vécu pendant cette folie meurtrière de 12 heures et je reconnais qu'il y aura beaucoup de guérison à faire pour aller de l'avant.
Chaque jour, mes employés font de leur mieux avec les circonstances auxquelles ils sont confrontés, mais, bien sûr, nous pouvons toujours faire mieux. Voilà pourquoi la Commission des pertes massives a été créée. Son objectif est de « fournir des recommandations utiles pour assurer la sécurité des collectivités à l'avenir ».
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler de certains des enjeux importants qui ont été soulevés à la suite de cet incident.
Tout d'abord, je tiens à être claire: je ne me suis pas ingérée dans l'enquête sur cette tragédie, et je n'ai pas non plus subi d'ingérence politique. Pour être plus précise, on ne m'a pas demandé de publier des informations sur les armes utilisées par l'auteur de la fusillade pour faire avancer le dossier de projet de loi sur le contrôle des armes à feu.
Le gouvernement fédéral a‑t‑il fait pression pour obtenir des renseignements sur cet incident? Oui. Cela n'est pas surprenant, puisqu'il s'agit de la pire tuerie de masse de notre histoire. Il était de ma responsabilité de tenir les fonctionnaires concernés au courant de l'évolution de la situation tout en préservant l'intégrité de l'opération.
Ces demandes de renseignements et de mises à jour consistaient-elles de l'ingérence politique? Non. Le en était très conscient lorsque je me suis entretenue avec lui, et il n'a jamais cherché à s'ingérer dans l'enquête.
Je comprends que certains employés de la GRC puissent avoir différents points de vue à la suite de la réunion du 28 avril. Cela dit, j'étais la seule officière de la GRC à m'entretenir avec le , d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement et aussi parfois avec le . Je suis donc la seule à pouvoir parler de la nature de ces demandes, de ces échanges d'information et de mes intentions au cours de cette réunion en question.
Il est essentiel de préserver l'intégrité des enquêtes policières. J'ai plus de 35 années d'expérience dans les forces de l'ordre, et je ne voudrais jamais compromettre ou chercher à influencer le processus d'enquête, pas plus que je permettrais à des représentants du gouvernement de donner des instructions ou d'influencer des enquêtes de la GRC.
Je rends des comptes au sur le plan administratif, mais la GRC opère de façon indépendante. Ce principe existe pour empêcher qu'il y ait un contrôle politique direct et précis des activités opérationnelles de la police; la responsabilité de prendre des décisions opérationnelles incombe uniquement à des agents de police.
Le fait de tenir le gouvernement au courant en lui transmettant des renseignements précis et opportuns ne constitue pas de l'ingérence. Il s'agit de la procédure normale, et ces mises à jour situationnelles sont fournies sans compromettre l'intégrité opérationnelle des enquêtes.
Oui, j'ai fourni des renseignements sur le type d'armes trouvées en possession de l'auteur de la fusillade le 23 avril — cette information était pour le et le — en précisant qu'ils ne devaient pas être diffusés davantage, car l'enquête était encore en cours. J'ai transmis d'autres renseignements également, mais les représentants du gouvernement ont été avisés qu'ils ne pouvaient être envoyés aux médias avant que la GRC les divulgue. Il s'agissait notamment de renseignements sur le nombre et les noms des personnes décédées, les répliques d'uniformes de police, le véhicule, l'incident à la caserne de pompiers, les antécédents de l'auteur de la fusillade, ainsi que sur les armes utilisées et saisies.
Avant la conférence de presse en Nouvelle-Écosse prévue le 28 avril, j'ai indiqué au gouvernement ce qui serait publié. On m'a alors demandé si les renseignements divulgués comprendraient ceux sur les armes. Quand cela m'a été confirmé par mon équipe de communications, j'ai relayé cette information à la cheffe de cabinet du et au sous-ministre de la Sécurité publique.
En ce qui concerne mon utilisation du mot « promesse » lors de la réunion que j'ai eue avec mon équipe après la conférence de presse, à ce moment et dans ce contexte précis, j'essayais de faire comprendre que j'avais confirmé au que les renseignements sur les armes seraient divulgués lors de la conférence de presse — chose qui avait été confirmée à la suite de l'information que j'avais reçue.
Or, cela ne s'est pas avéré en raison d'un problème de communication, et j'ai eu l'impression d'avoir mal informé le et, par extension, le . Le contexte était difficile, exigeant et évolutif. Tous faisaient de leur mieux pour fournir le maximum d'informations au gouvernement, au public et aux médias sur cet événement horrible.
Cet incident a eu lieu à peine un mois après que la COVID‑19 a été déclarée pandémie mondiale. La pandémie a fondamentalement changé la façon dont nous avons géré cet incident.
Malheureusement, la réalité, c'est que le processus de partage de renseignements entre les collègues de la Nouvelle-Écosse et mon bureau dans les heures et les jours qui ont suivi la fusillade n'a pas été à la hauteur. Voilà pourquoi j'ai organisé une réunion lors de laquelle j'ai exprimé ma déception et ma frustration, en plus de préciser mes attentes. Au cours de la réunion, on m'a informée du problème de communication et du fait que la divulgation de cette information nuirait à l'enquête en cours. J'ai alors considéré l'affaire close et je n'y ai pas donné suite. Cela a été clairement relayé au ministre. En fait, cette information n'a pas été divulguée avant des mois, ce qui appuie mon affirmation de non-ingérence.
En ce qui concerne la réunion du 28 avril, elle était nécessaire. J'avais besoin d'informations plus précises et opportunes, et il était important que mon équipe comprenne mes attentes pour les étapes à venir. Le fait qu'il s'agissait d'une téléconférence n'a pas aidé. Je n'ai pas pu constater de visu l'effet de mes paroles sur les participants à la réunion. Au début de la pandémie, nous n'avions pas accès aux plateformes virtuelles que nous utilisons désormais.
La réunion n'a pas été organisée au moment idéal, et j'aurais dû faire preuve d'une plus grande sensibilité envers les participants — on parle d'employés qui travaillaient dans un milieu très stressant et très chargé en émotions et qui venaient de conclure une importante conférence de presse. Dans ce contexte, je regrette le moment choisi et la façon dont j'ai mené la discussion, mais cette dernière était néanmoins nécessaire.
Ce n'est qu'un an plus tard que j'ai appris que cette réunion avait soulevé des préoccupations quant à une ingérence politique et que mon approche et mes interactions avec mon équipe étaient remises en question. Si j'avais su que mes paroles et mon approche avaient eu un tel effet, j'aurais certainement rectifié le tir plus tôt. C'est comme cela que je fonctionne.
Je tiens à être claire: je ne me suis pas ingérée dans l'enquête, on ne m'a pas donné d'instructions, et je n'ai pas été influencée par des représentants du gouvernement pour divulguer des renseignements, et, plus important encore, sur l'orientation de l'enquête. J'ai veillé à ce que l'indépendance opérationnelle soit préservée dans toutes mes interactions avec le gouvernement, et je continue à le faire.
Pour conclure, je tiens à souligner que la GRC s'est engagée à soutenir l'important travail de la Commission des pertes massives. Tout mécanisme servant à examiner et à améliorer nos opérations est essentiel.
Merci.
:
Merci, monsieur le président. Bonjour.
Je vous remercie de me permettre de comparaître devant vous aujourd'hui.
Tel qu'indiqué, je m'appelle Brian Brennan, et je suis le sous-commissaire des services de police contractuels et autochtones. À ce titre, je suis responsable du programme des services de police contractuels et autochtones de la GRC, ce qui comprend la supervision de la prestation des services de police locaux dans les trois territoires canadiens et dans toutes les provinces, à l'exception de l'Ontario et du Québec. Je suis en poste ici, à Ottawa.
Pour mettre les choses en contexte, avant d'occuper ce poste de sous-commissaire, j'étais commandant en Nouvelle-Écosse, que nous appelons la Division H. À titre de sous-commissaire, il m'incombe de me tenir au courant des situations graves ou importantes qui se produisent sur le terrain dans nos divisions, et, au besoin, de fournir des conseils à ce sujet, afin d'assurer un niveau de service uniforme et des réponses cohérentes aux problèmes opérationnels qui découlent de nos responsabilités policières de première ligne. Dans l'ensemble de la GRC, six commandants divisionnaires relèvent directement de moi, y compris les quatre commandants des provinces de l'Atlantique.
Dans le contexte de la tuerie de masse de 2020, cela veut dire que j'appuyais la Division H en collaborant avec les secteurs d'activités de la Direction générale nationale pour veiller à ce que les demandes opérationnelles à l'appui de la Division soient traitées, et en fournissant des comptes rendus à l'État-major supérieur et aux autres commandants. Je m'entretenais régulièrement avec la commissaire, ainsi qu'avec la commandante de la Nouvelle-Écosse et son équipe afin de recueillir des informations et de soutenir leur réponse, y compris les efforts visant à fournir du soutien et des ressources à la Division provenant d'autres secteurs de la GRC au pays.
Je me suis concentré sur les opérations policières plutôt que sur les communications publiques. Naturellement, de nombreuses questions ont été posées sur ce qui se passait sur le terrain et sur les informations que la Division était en mesure de fournir. La commissaire voulait des mises à jour régulières et opportunes sur l'évolution de la situation pour pouvoir faire son travail et s'acquitter de ses responsabilités à titre de commissaire. Cela était approprié et attendu.
Sur ce, je serai heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir à ce sujet.
Merci, monsieur le président.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Lucki et monsieur Brennan, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il s'agit d'un sujet sensible pour plusieurs personnes, et je pense que les personnes qui veulent obtenir des réponses à leurs questions méritent de les avoir ou, du moins, d'obtenir des éclaircissements relativement à ce qui s'est passé. Des allégations d'ingérence politique sont toujours une chose sérieuse. Nous essayons donc de comprendre vraiment ce qui s'est passé, à l'aide de plusieurs versions.
Il est souvent question des notes prises par M. Campbell. Je vais également en faire mention, parce qu'on y retrouve des éléments qui soulèvent des questions importantes. J'aimerais d'ailleurs entendre vos commentaires à ce sujet, madame Lucki.
Madame Lucki, dans un communiqué que vous avez publié, vous avez assuré que vous ne prendriez jamais de mesures ou de décisions qui pourraient compromettre une enquête.
Considérez-vous que le fait de dévoiler publiquement le type d'armes utilisées avant que l'enquête ne soit terminée, comme dans ce cas-ci, est le genre de chose qui peut compromettre une enquête?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à la commissaire et au commissaire adjoint de se joindre au Comité afin de nous aider à passer en revue ce qui s'est produit en avril 2020.
Madame la commissaire, vous avez déclaré que, dans votre esprit, il ne s'agissait pas d'une promesse, mais d'une confirmation que l'information allait être divulguée lors de la conférence de presse.
Je sais qu'il y avait beaucoup de pression. Il y avait beaucoup de pression de la part du public. Il y avait beaucoup de pression de la part du gouvernement fédéral pour essayer d'obtenir ce genre d'information.
Compte tenu de la nature même de la relation que le entretient avec la commissaire de la GRC, je présume que, pour certaines personnes, le simple fait pour le ministre de vous demander si, oui ou non, l'information sur les armes à feu allait être divulguée lors de la conférence de presse pourrait être perçu comme une influence indue.
Voyez-vous comment cela pourrait être perçu par certains membres du public?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais reprendre là où j'ai laissé tout à l'heure et revenir sur les notes de M. Campbell. Je vais le citer à nouveau.
[Traduction]
La commissaire a ensuite dit que nous ne comprenions pas, que c'était lié à une nouvelle loi sur le contrôle des armes à feu qui allait augmenter la sécurité pour les policiers et le public. Elle était très contrariée et, à un moment donné, le sous-commissaire (Brian) Brennan a essayé de calmer l'atmosphère, mais cela n'a eu que peu d'effet.
[Français]
Vous avez dit, madame la commissaire, que vous n'étiez pas fâchée et que vous étiez une personne relativement calme. Je ne veux pas vous contredire, puisque je n'étais pas à cette rencontre. Or, M. Campbell y était et, à la lumière de ses notes, il vous contredit. Ma question va donc s'adresser à M. Brennan.
Monsieur Brennan, est-ce exact que vous avez dû essayer de calmer la tension? Il est vrai que, parfois, les esprits peuvent s'échauffer au cours de rencontres.
Selon les souvenirs de M. Campbell, vous auriez essayé de calmer un peu les choses.
Est-ce exact?
:
Nous reprenons nos travaux.
Notre troisième groupe de témoins se compose de Mme Lee Bergerman, ancienne commissaire adjointe et commandante de la GRC, Nouvelle-Écosse, et de Mme Sharon Tessier, ancienne directrice générale, Services nationaux de communication de la GRC. Elles témoigneront à titre personnel. Nous entendrons aussi le surintendant principal Chris Leather, officier responsable des enquêtes criminelles de la GRC, Nouvelle-Écosse.
Vous disposez d'un maximum de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions. Chaque témoin de ce groupe présente son propre exposé, ce qui durera trois fois cinq minutes.
Bienvenue à tous.
J'invite maintenant chaque témoin à faire sa déclaration préliminaire. Nous allons procéder dans l'ordre indiqué sur l'avis en commençant par Mme Bergerman.
Vous avez la parole pour cinq minutes. Allez‑y, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Lee Bergerman. J'ai pris ma retraite plus tôt cette année alors que j'occupais le grade de commissaire adjointe. J'ai servi à la GRC pendant 36 ans.
Le 28 avril, j'étais une membre active, commandante de la Division H.
Les 18 et 19 avril 2020 en Nouvelle-Écosse, un homme armé a tué 22 innocents au cours d'une fusillade qui a duré 13 heures et qui a pris fin lorsqu'il a été abattu par des membres de la GRC. Il s'agit là de la tuerie la plus sanglante de toute l'histoire du Canada. Elle a bouleversé la vie entière d'un grand nombre de personnes.
Le 28 avril 2020, dans le cadre de mes fonctions de commandante de la Division H, j'ai rendu visite aux détachements que cet incident meurtrier avait le plus durement touchés. Ils se trouvent dans le Nord-Est de la Nouvelle-Écosse, où la plupart de ces meurtres ont été commis.
Comme vous pouvez l'imaginer, bon nombre de nos premiers intervenants ont été profondément touchés par cet événement. Ils souffrent du décès de leurs concitoyens qui vivaient dans les collectivités où ils travaillaient. Nous avons nous-mêmes perdu la gendarme Heidi Stevenson, que le tireur a tuée pendant la fusillade. Nous étions également très inquiets pour le gendarme Chad Morrison, que le tireur avait gravement blessé. Vous comprendrez donc qu'un grand nombre de nos policiers et des membres de la collectivité étaient traumatisés.
Dans mes fonctions de commandante, il m'incombait de rendre personnellement visite à nos membres pour leur offrir du soutien, d'évaluer les besoins des collectivités touchées par ces événements et d'élaborer des plans d'action pour soutenir les personnes qui en souffraient. Je devais également concevoir des stratégies pour assurer les ressources nécessaires à l'avenir.
Le 28 avril, à la fin de mes visites aux membres de ces détachements, je suis retournée au quartier général de la Division H à Dartmouth. Peu de temps après mon retour au bureau, j'ai regardé la conférence de presse du surintendant principal Campbell, qu'il avait préparée pendant des jours avec l'aide de notre équipe des communications. À l'époque, la Division H était fortement critiquée pour ne pas avoir transmis assez de renseignements sur cette fusillade sanglante.
Cette conférence de presse était extrêmement importante. Elle fournissait non seulement à la GRC, mais au grand public, les premiers renseignements sur le déroulement de ce carnage qui avait duré 13 heures. Le surintendant principal Campbell a parfaitement présenté les faits et a très bien répondu aux questions des nombreux membres de la presse qui se trouvaient là.
Après cela, j'ai félicité Lia Scanlan, directrice des communications de la Division H, et le surintendant principal Campbell pour leur excellente présentation des faits. Comme l'enquête était en cours, ils avaient été obligés de taire de nombreux détails.
Peu après cela, Mme Scanlan est revenue dans mon bureau pour me dire que le sous-commissaire Brennan l'avait appelée et lui avait dit que dans cinq minutes, nous devrions participer à une conférence téléphonique avec la commissaire. Mme Scanlan était visiblement bouleversée, car le sous-commissaire Brennan lui avait semblé très fâché et qu'il exigeait que le surintendant principal Leather, le surintendant principal Campbell et moi-même participions à cet appel. Nous nous sommes réunis dans ma salle de conférence, et la commissaire, le sous-commissaire Brennan, Sharon Tessier de l'administration centrale et Dan Brien se sont joints à nous par téléconférence.
La commissaire a lancé la discussion, et il était évident qu'elle était très en colère contre mon équipe. Le ton de sa voix et les propos qu'elle a dirigés contre chacun de nous indiquaient clairement qu'elle était fâchée, qu'elle sentait que nous lui avions manqué de respect et que nous avions agi contre sa volonté. Je tiens à mentionner que je me suis sentie très confuse dès le début de cette discussion, parce que je n'avais pas été mise au courant d'autres conversations qui avaient eu lieu la veille et pendant la journée du 28 avril 2020. À un moment donné de la téléconférence, j'ai demandé au surintendant principal Leather s'il comprenait pourquoi la commissaire disait ces choses. Il était évident que le surintendant principal Leather était tout aussi étonné que moi du ton et du contenu de la conversation.
Vers la fin de la téléconférence, le surintendant principal Campbell a quitté la salle visiblement ébranlé, et Mme Scanlan, profondément bouleversée, avait les larmes aux yeux. Après l'appel, j'ai parlé brièvement avec le surintendant principal de ce qui s'était passé, des répercussions négatives de cet appel sur nos employés et du caractère inapproprié du contenu.
Lorsque j'ai quitté le bureau peu après cette conversation, j'ai appelé le sous-commissaire Brennan pour lui dire à quel point j'étais déçue de la façon dont mon équipe venait d'être traitée ainsi que du ton inapproprié et des commentaires formulés pendant la téléconférence. Voyant les effets dévastateurs que cette téléconférence avait eus sur mon personnel, j'ai informé le sous-commissaire Brennan que la tenue de la téléconférence et son contenu représentaient à mon avis une erreur très grave de la part de la commissaire et que je pensais que la commissaire ne s'était pas rendu compte des effets que ses commentaires avaient eus sur notre personnel.
Je dis tout cela sans motivation personnelle. Je n'avais jamais eu de querelle avec la commissaire Lucki. Je la considère comme une amie et je peux dire en toute honnêteté que cette rencontre ne reflétait pas du tout le style de direction et de gestion que je connaissais d'elle.
Je regrette donc que nous en soyons arrivées là, mais comme j'étais la commandante de la Division H à ce moment‑là, je me sens dans l'obligation de parler au nom de nos membres pour présenter les faits et ma compréhension de la situation. Je tiens à souligner que je témoigne au meilleur de mes souvenirs personnels dans l'esprit d'équité et de respect de la vision et des valeurs de la GRC, qui me sont chères.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à participer à cette discussion.
Il y a plus de deux ans, des familles, des amis, des collectivités, des premiers intervenants et des membres de la Gendarmerie royale du Canada ont été victimes d'un carnage dévastateur qui a profondément ébranlé les habitants de la Nouvelle-Écosse et l'ensemble de la population canadienne. Deux ans plus tard, mes collègues de la Gendarmerie royale du Canada et moi-même sommes encore profondément ébranlés par la gravité sans précédent de cette tragédie. Aujourd'hui encore, je ne cesse de penser aux victimes, à leurs familles et aux personnes qui ont bravé ce danger.
Mon mari est originaire du Cap-Breton, et nous y passons plusieurs mois chaque année. Mes enfants sont tous étudiants et diplômés de l'Université St. Francis Xavier en Nouvelle-Écosse. J'ai vu chez mes proches et chez mes amis le chagrin, la dévastation et le désarroi causés par le carnage perpétré dans cette province. Leur sentiment de perte est très profond.
J'ai été invitée ici aujourd'hui à discuter d'allégations d'ingérence politique dans l'enquête sur la tuerie en Nouvelle-Écosse en 2020. Les 18 et 19 avril, j'étais à plus de 1 000 kilomètres de là. J'ai donc eu la chance de ne pas me trouver dans l'œil de la tempête. J'étais directrice générale des Services nationaux de communication de la GRC à Ottawa. Les équipes responsables des communications de partout au pays travaillaient en étroite collaboration avec moi, mais elles relevaient de leurs commandants divisionnaires et travaillaient en partenariat avec leurs collègues de première ligne qui leur transmettaient des renseignements sur les questions opérationnelles.
Nous fournissions des conseils et de l'orientation. Les responsables des communications ne peuvent généralement pas choisir l'information que les experts leur transmettent ou exiger certains renseignements. Nous travaillions dans un esprit impartial. Nous protégions notre intégrité opérationnelle tout en respectant le protocole de communication qui nous oblige à tenir nos partenaires de Sécurité publique et du Bureau du Conseil privé bien au courant des faits. J'ai également transmis régulièrement des renseignements à nos cadres supérieurs, notamment à la commissaire.
Je respecte profondément le travail de la Gendarmerie royale du Canada — mon père était un membre régulier, et mon fils l'est aussi — et j'en sais assez sur la complexité du maintien de l'ordre pour reconnaître que je suis loin d'être experte en la matière. Toutefois, j'ai travaillé pendant plus de 30 ans dans différents ministères, alors je sais comment gérer la communication pendant les situations de crise.
De ce fait, au lendemain du massacre d'avril 2020, ma position était claire. Je recommandais fortement que l'on divulgue l'information sans tarder, tout en reconnaissant la nécessité de retenir certains renseignements pour préserver l'intégrité opérationnelle. Mon objectif était de maintenir la confiance du public envers notre organisme et, plus précisément, envers la GRC de la Nouvelle-Écosse. Nous devions donc avant tout faire preuve d'ouverture et de transparence, communiquer les renseignements que nous pouvions transmettre et expliquer pourquoi nous ne pouvions pas présenter tout de suite certains détails. Mon but était de donner des précisions au public sans divulguer les renseignements qui auraient pu nuire à l'enquête en cours. Je devais pour cela maintenir un équilibre extrêmement délicat.
Voilà pourquoi je recommandais que l'on divulgue constamment des renseignements aux médias et au public, rapidement et ouvertement. Certains de ces renseignements concernaient les armes utilisées. Comme le public était au courant de la présence d'armes à feu, j'ai recommandé que l'on fournisse le plus de détails possible. En temps de crise, il ne faut surtout pas garder le silence, parce qu'on risque d'alimenter les doutes, les rumeurs et les spéculations. On ne gagne pas la confiance d'autrui en ne disant rien.
Le 28 avril, j'ai participé à la réunion convoquée par la commissaire pour discuter des flux de communication. J'ai pris ma retraite en novembre, alors deux ans après l'incident, il m'est très difficile de vous en parler, car je n'ai plus accès à tous les renseignements échangés pendant cette période, comme les courriels et les documents de communication. Je vous dirai tout ce dont je me souviens.
Je me rappelle que la réunion était désagréable. La commissaire Lucki était posée, mais très évidemment fâchée et insatisfaite de nos activités globales de communication. Je ne peux pas vous dire ce que les autres participants ressentaient, mais cette conversation m'a profondément troublée. Personne n'aime entendre son patron lui dire qu'il n'est pas satisfait de son travail, surtout après avoir fait tant d'efforts.
Pendant la réunion, j'ai dit que j'avais indiqué à la commissaire que pendant la conférence de presse qui avait eu lieu plus tôt ce matin‑là, nous fournirions plus de précisions sur les armes, mais de façon assez générale. Je lui avais dit que les choses se passeraient d'une certaine façon, mais ce n'est pas ce qui s'est produit. Si je me souviens bien, c'est ce qui l'a incitée à convoquer cette conférence téléphonique peu après la conférence de presse. En ce qui concerne les pressions politiques, je ne me souviens pas des commentaires exacts de la commissaire, mais je me rappelle qu'elle était irritée d'avoir dit au ministre que nous présenterions plus de renseignements sur les armes, comme je le lui avais dit.
Je ne suis pas ici pour réévaluer mes actes et ceux de mes collègues. Nous agissions tous à partir d'expériences, de perspectives et d'opinions différentes. Nos collègues de la Nouvelle-Écosse subissaient d'énormes pressions. Il est évident que nous n'avons pas communiqué assez clairement. Cela arrive lorsqu'on travaille à un rythme effréné et à distance et quand de nombreuses versions et discussions circulent en même temps. Je vous présente ces choses pour vous expliquer le contexte et non pour trouver des excuses.
Voilà donc le point de vue à partir duquel je participerai à la discussion d'aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions le mieux possible.
Merci, monsieur le président et membres du Comité.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs membres du Comité permanent de la sécurité publique.
Je suis le surintendant principal Chris Leather. Je suis l'officier des opérations criminelles de la Division H de la GRC, en Nouvelle-Écosse, et j'occupais ce poste en avril 2020. Je suis policier depuis plus de 32 ans et officier breveté depuis 2014. C'est pour moi un honneur de comparaître devant vous aujourd'hui avec mes collègues, Mme Bergerman et Mme Tessier.
Avant de présenter mes observations préliminaires, je voudrais souligner les effets terribles qu'a eus la tragédie de Portapique des 18 et 19 avril 2020 sur notre pays, sur la Nouvelle-Écosse, sur ses collectivités et, bien sûr, sur les victimes et leurs familles. Le public et nos membres en souffrent encore aujourd'hui. Ils ressentiront tous cette douleur pendant de nombreuses années. Il s'agit là du pire carnage que le Canada ait jamais connu, et nous serons à jamais marqués par cet acte de violence insensé perpétré par un seul tireur. Je suis cependant fier du dévouement, de l'engagement et de la résilience dont nos membres ont fait preuve pendant ce carnage ainsi qu'à l'heure actuelle, face à des événements et à des critiques aussi horribles.
Je retourne en Nouvelle-Écosse demain afin de témoigner pendant deux jours devant la Commission des pertes massives. J'ai aussi enregistré dernièrement une déclaration audio de 10 heures pour l'avocat de la Commission afin de décrire mes rôles et mes responsabilités pendant et après la tragédie de Portapique. Je continuerai à contribuer à la modification de politiques, de lois et de la culture et j'effectuerai tout ce qu'on me demandera de faire.
Nous attendons avec impatience le rapport final que la Commission des pertes massives doit publier en novembre de cette année afin de donner suite à ses recommandations. Nous savons qu'il y a de nombreux domaines à améliorer et bien des lacunes à combler. Je sais que ce rapport post-événement sera essentiel pour accroître la sécurité publique et la confiance envers la GRC.
Je veux que le Comité sache que nous avons rapidement cerné les problèmes. Lorsque nous le pouvions, nous avons commencé à combler des lacunes afin d'améliorer notre organisme et d'en soutenir l'évolution. Nous le faisons de concert avec nos homologues du gouvernement provincial, avec les chefs de police municipaux de la Nouvelle-Écosse, avec nos collègues agents des opérations criminelles, avec des commandants de partout au Canada et, bien sûr, avec les collectivités que nous servons.
La GRC est le service de police provincial de la Nouvelle-Écosse. Nous servons à la demande de la province de la Nouvelle-Écosse, du public et du ministère de la Sécurité publique du Canada. Nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Nous serons heureux de servir les Néo-Écossais en cette qualité pendant les années à venir.
Comme je suis l'officier responsable des enquêtes criminelles et que je suis, en fait, le commandant adjoint de la GRC en Nouvelle-Écosse, tous les groupes et programmes opérationnels, sauf la Police fédérale, relèvent de moi. Cela comprend tous les services de maintien de l'ordre et les services de police spécialisés de la GRC, ce qui comprend, sans toutefois s'y limiter, les policiers en uniforme, notre équipe d'intervention d'urgence et notre programme d'incidents critiques ainsi que les gestionnaires des communications opérationnelles et les répartiteurs. Toutes ces personnes ont joué un rôle essentiel dans notre intervention à Portapique.
Je crois comprendre que le travail de ce comité vise à déterminer s'il y a eu de l'ingérence politique à la GRC liée à la législation sur les armes à feu adoptée par le gouvernement fédéral en mai 2020. J'ai participé à la téléconférence du 28 avril convoquée par la commissaire Lucki et à laquelle participaient aussi le sous-commissaire Brennan, Mme Tessier, M. Dan Brien, la sous-commissaire Bergerman, le surintendant principal Campbell et Mme Lia Scanlan. Comme je l'ai dit dans ma déclaration à la Commission des pertes massives, je suis prêt à répondre aux questions sur ce que j'ai entendu au cours de cette téléconférence, sur mes rôles et responsabilités qui ont mené à cet appel du 28 avril ainsi que sur les discussions cruciales que j'ai tenues ensuite avec mes collègues, soit la commandante Lee Bergerman, le surintendant principal Darren Campbell et la directrice des communications Lia Scanlan.
Je vous dirai pour le moment que cette téléconférence était très propice, puisqu'elle avait lieu à peine 10 jours après la tragédie. Son contenu profondément émotif incluait une allusion à des mesures législatives sur le contrôle des armes à feu que la commissaire attendait. Elle avait été convoquée quelques minutes après l'importante conférence de presse que le surintendant principal Campbell a donnée pour faire le point, efficacement et de façon exhaustive, sur l'enquête criminelle intitulée Opération H‑Strong et sur les échéanciers de cette enquête.
Je tiens également à souligner que je n'étais pas au courant des importantes conversations qu'avaient tenues le surintendant principal Campbell, Mme Scanlan, Mme Tessier et Dan Brien, des Services nationaux de communication, le soir du 27 avril et le matin du 28 avril au sujet des armes à feu utilisées par le tireur afin de préparer la conférence de presse que le surintendant principal Campbell allait donner le 28 avril. J'ai été vraiment renversé par la discussion de la téléconférence, et j'ai dû amorcer après coup plusieurs discussions pour comprendre le contexte des commentaires que j'y avais entendus.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins d'être avec nous aujourd'hui. Nous leur en sommes très reconnaissants.
J'aimerais revenir sur certaines réponses qu'ils ont données à ma collègue, un peu plus tôt.
Je suis d'accord avec ma collègue pour dire qu'il est un peu curieux que les gens de la GRC de la Nouvelle‑Écosse se rappellent la réunion du 28 avril d'une façon différente des gens de la GRC nationale. Je voudrais justement revenir là-dessus.
Je m'adresserai d'abord à Mme Bergerman.
Madame Bergerman, pourriez-vous revenir plus en détail sur la façon dont s'est passée cette réunion? Tout à l'heure, vous avez affirmé que la commissaire de la GRC semblait subir des pressions de la part du gouvernement, du ministre de la Sécurité publique, du , ou de leur cabinet respectif, pour que certains renseignements à propos des armes utilisées soient dévoilés publiquement. Vous avez parlé notamment du calibre et du modèle de ces armes.
Qu'est-ce qui vous a fait croire ou penser que Mme la commissaire subissait des pressions de la part du gouvernement? Pourriez-vous revenir en détail sur votre pensée ou sur votre réaction à ce moment-ci? Est-ce que cela reflète un peu ce qui se trouve dans les notes de M. Campbell?
:
Je dirai à la députée, par l'entremise du président, qu'il est important de situer un peu le contexte d'avant l'appel du 28.
Vers le 22 avril, j'ai reçu un coup de fil de la commissaire me demandant directement l'« inventaire », faute d'un meilleur terme — des armes à feu —, la liste des armes, les marques, les modèles et les numéros de série. En fait, c'est à compter de là que je me suis trouvé mêlé à ce dossier et c'était une demande que j'ai, bien sûr, prise au sérieux, car elle venait directement de la commissaire.
C'était contraire à la norme de communication avec un agent des opérations criminelles, mais, encore une fois, dans les circonstances et compte tenu de la gravité de la situation, cela ne m'a pas semblé tout à fait étrange, car il était logique que la commissaire fasse part de cette information à son comité de la haute direction à Ottawa, aux sous-commissaires et à leurs équivalents.
C'était le 23 avril que Mme Bergerman et moi avons eu une conversation avec la SiRT. La SiRT, c'est l'équipe d'intervention sur les incidents graves, qui supervise les activités policières, comme l'Unité d'intervention structurée ici en Ontario pour les cas de décès survenus sous la garde ou aux mains de la police. Il est ressorti très clairement de notre conversation avec le directeur de la SiRT que nous serions autorisés à fournir un inventaire des armes à feu à la commissaire pourvu qu'il ne sorte pas de la GRC — cela ne se discutait même pas. C'était l'entente et tel était l'engagement que nous avons pris envers le directeur de la SiRT, que j'ai transmis à Mme Bergerman, qui a dû l'envoyer à Ottawa, je suppose.
Tel était le contexte de la préparation, puis, de fait, pendant plusieurs jours, jusqu'au 28, et dans le sens de ce que Mme Bergerman a dit, il n'a plus été question de l'inventaire ni des notes d'allocution, et on n'avait plus le moindre intérêt, dans ma perspective, pour le dévoilement public de l'inventaire des armes à feu, à l'intérieur du gouvernement ou ailleurs.
Je me ferai l'écho des commentaires de Mme Bergerman au sujet de la surprise de voir cela apparaître, le 28, comme enjeu qui avait essentiellement été réglé par la transmission de cet inventaire et sa retransmission pour discussion à l'interne.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Dans l'un des courriels qui ont été révélés récemment, nous avons vu que la commissaire de la GRC avait dit au chef de cabinet ou au cabinet du ministre de la Sécurité publique que l'information portant notamment sur les pistolets et les fusils utilisés par le tueur ne devait pas aller plus loin que le bureau du ministre et celui du .
Or, ce que nous comprenons de la réunion du 28 avril, quelques jours plus tard, c'est que cette position avait complètement changé et que la commissaire semblait fâchée ou contrariée par le fait qu'on n'allait pas rendre publique cette information.
Je m'adresserai d'abord à Mme Bergerman.
Selon vous, madame Bergerman, qu'est-ce qui a fait que la commissaire change ainsi d'idée? Y a-t-il eu des conversations, avec vous, peut-être, ou avec les cabinets de ministres, qui ont fait qu'elle change radicalement sa position?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais peut-être céder une partie de mon temps à Mme Damoff s'il y a une question à laquelle on n'a pas vraiment répondu.
Nous sommes aux prises avec le brouillard de la guerre. La situation évolue sans cesse. L'information arrive au compte-gouttes, parfois sans être confirmée.
Surintendant principal Leather, à un moment donné, on vous a demandé si le tireur présumé était connu de la police, et vous avez répondu que non. D'accord. Ce genre de choses se produit, et ce, de façon plutôt régulière.
Madame Bergerman, si la commissaire n'était pas satisfaite de la conférence téléphonique qu'elle a eue avec vous le 28 avril, ce n'est peut-être pas parce que l'information sur les armes à feu n'a pas été divulguée, mais parce que ce qui s'est produit est un nouvel échec dans le processus de communication, un de plus, ce qui bien sûr a mis votre ministère sous pression et a mis la commissaire sous pression.
N'est‑ce pas une explication vraisemblable?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais laisser d'autres personnes parler de la motion dans son ensemble, mais je propose que nous supprimions « le ministre de la Justice et procureur général du Canada et ses fonctionnaires ». Nous ne croyons pas que ce soit pertinent par rapport à ce dont nous discutons aujourd'hui et à la motion originale qui a mené à la présente réunion.
La question liée au ministère de la Justice concerne les documents. À ce jour, plus de 75 000 documents ont été divulgués dans le cadre du processus. Le ministère l'a déjà fait. L'examen et la divulgation des documents sont des travaux entrepris par des fonctionnaires du ministère de la Justice et ne concernent aucunement le ou son cabinet. En fait, il serait inapproprié, comme vous le savez, monsieur le président, que le ministre donne des instructions à cet égard. L'examen des documents protégés par le privilège, ce qui comprend les documents confidentiels du Cabinet, le secret professionnel de l'avocat, d'autres privilèges et des renseignements personnels, constitue le processus habituel utilisé par le ministère, et non par le ministre ou son cabinet, dans toutes les enquêtes sur les litiges.
De plus, la production de documents qui suit l'examen est un processus technique exigeant en main-d'œuvre qui se déroule de façon continue et qui doit faire l'objet d'un tri en fonction des délais de production et des besoins immédiats de l'enquête pour les audiences à venir.
Je peux assurer aux députés que tous les documents liés à la réunion du 28 avril 2020 ont été divulgués à la Commission. Le ministère de la Justice et le gouvernement collaborent avec la Commission des pertes massives pour veiller à ce qu'elle reçoive tous les documents pertinents en temps opportun.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord pour garder le nom du . Il est question de ses fonctionnaires, qui seraient probablement les mieux placé pour répondre à des questions précises.
Il est bien documenté dans les médias que les quatre pages les plus précieuses des notes du surintendant Campbell, qui sont bien sûr à l'origine de la tenue de cette réunion du Comité ont, pour une raison ou une autre, été rendues publiques avec retard. Je pense donc qu'il est utile d'entendre le ministère de la Justice.
Ma seule autre objection à la motion — et elle est mineure — concerne simplement le libellé « au plus tard le mercredi 31 août » de cette année. Nous sommes tous très occupés dans nos circonscriptions ces jours‑ci, alors j'aimerais simplement demander si nous, membres du Comité, pourrions préciser les dates, afin que nous puissions planifier nos semaines en août en conséquence et ne pas simplement laisser la porte grande ouverte jusqu'au 31.
C'est tout ce que je voulais dire, monsieur le président.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
La raison pour laquelle je pense qu'il est important de retirer le nom du et la mention des fonctionnaires de la motion, c'est parce que notre temps est limité. D'ailleurs, aujourd'hui, j'aurais préféré continuer à poser des questions aux témoins, car je sais qu'il y aura une autre séance de ce comité.
En fait, le ministre va dire tout simplement ce que M. Anandasangaree a exprimé, soit que la décision n'était pas la sienne, mais celle de ses fonctionnaires. Alors, nous allons gaspiller cinq ou sept minutes si nous insistons pour lui poser des questions, car il répétera la même chose.
En ce qui a trait aux fonctionnaires, au vu des explications qu'ils ont données au lendemain de la publication des notes du surintendant de la GRC en Nouvelle‑Écosse, M. Campbell, je pense que plusieurs autres personnes pourraient donner des explications plus intéressantes et plus éclairantes pour les Canadiens et, certainement, pour les parlementaires.
C'est simplement par souci d'efficacité que je propose de questionner seulement les témoins figurant sur le reste de la liste. Nous obtiendrons ainsi beaucoup de clarifications sur ce qui s'est passé entre les deux bureaux de la GRC.
:
Monsieur le président, je veux simplement parler des préoccupations de M. MacGregor au sujet du calendrier général d'ici la fin du mois d'août.
Je remercie Mme Dancho d'avoir donné au président la possibilité d'entendre des témoins. Nous savons également qu'il y a une période en août, surtout la première semaine d'août, et aussi vers la fin du mois, pendant laquelle la Chambre effectue l'entretien de son système, alors nous essayons de tenir compte de cela. Encore une fois, je félicite Mme Dancho de l'avoir souligné.
J'hésite un peu à fixer une date précise, simplement parce que nous savons déjà que deux témoins n'ont pas pu comparaître aujourd'hui, mais je vais vous donner, monsieur le président, la possibilité de travailler avec la greffière pour essayer de trouver une date qui conviendrait à ces témoins. Toutefois, nous devons tous organiser nos emplois du temps dans nos circonscriptions. Bon nombre d'entre nous ont déjà des obligations, et si la greffière pouvait nous communiquer une date avec plus que deux jours de préavis, ce serait beaucoup plus facile pour nous, plutôt que de simplement laisser le calendrier ouvert pour le reste de l'été.
J'aimerais entendre ce que M. MacGregor a à dire à ce sujet, mais je pense que nous devrions laisser au président le soin de trouver une date et de nous aviser en temps opportun afin que nous puissions nous organiser en conséquence.