:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Je désire remercier le Comité d'avoir accepté de reporter ma comparution étant donné qu'il m'a été impossible d'assister à la séance du 30 janvier dernier. Malheureusement, ma fille a été subitement été très malade et j'ai dû en prendre soin.
M. Tremblay, qui est le premier vice-président en matière de politiques, de recherche et de relations publiques, a parlé en mon nom lors de cette séance. Il se joint de nouveau à moi aujourd'hui. Il est à ma gauche et M. Steven Mennill, premier vice-président, Assurance, est à ma droite.
Au lieu de répéter ce que M. Tremblay a dit il y a deux semaines, j'aimerais plutôt répondre à certains témoignages faits par d'autres personnes.
Tout d'abord, j'aimerais clarifier le rôle de la SCHL dans le secteur du financement de l'habitation par rapport à celui d'autres ministères fédéraux, en particulier le ministère des Finances.
[Traduction]
Contrairement à certains témoignages, la SCHL n'établit pas les règles de l'assurance prêt hypothécaire. Cette responsabilité revient plutôt au ministre des Finances.
À titre de conseillers du gouvernement du Canada en matière de politique du logement, nous offrons cependant des conseils au ministre sur les changements potentiels et leur incidence sur la stabilité financière et les marchés de l'habitation au Canada. La plupart du temps, nos conseils et nos analyses sont fournis en toute confidentialité. Puisque les décisions stratégiques en matière de financement de l'habitation peuvent avoir une incidence sur le marché, cette fonction est gérée distinctement de nos activités commerciales, et il n'est pas toujours approprié de mener de vastes consultations sur ces changements.
Nous appuyons également les travaux du Comité consultatif supérieur du sous-ministre des Finances en ce qui a trait aux questions liées au logement. Ce comité constitue un forum de discussion sur les questions stratégiques visant le secteur financier, notamment la stabilité financière et les vulnérabilités systématiques.
Permettez-moi maintenant de vous parler de certaines questions qui ont été soulevées directement au sein de votre Comité par des témoins précédents.
Certains témoins ont fait part au Comité de leurs préoccupations quant aux changements aux règles de l'assurance prêt hypothécaire annoncés par le le 3 octobre. Je peux confirmer que nous avons effectivement fourni des conseils stratégiques aux représentants du ministère des Finances et au ministre des Finances au sujet de ces changements, et que nous soutenons pleinement ces mesures lorsqu'elles contribuent à la croissance économique à long terme du Canada.
On a également affirmé aux membres du Comité que les changements annoncés le 3 octobre avaient nui aux accédants à la propriété et à certains intervenants de l'industrie, car leurs modèles opérationnels ont subi des perturbations. On a même laissé entendre que les changements avaient eu des conséquences inattendues.
Toutefois, comme je l'ai dit dans mon commentaire publié dans le Globe and Mail du 17 octobre, les résultats visés par ces changements à la politique étaient entièrement prévus. Nous nous attendions en effet à des niveaux moins élevés de concurrence dans certaines régions, ainsi qu'à une hausse modeste des taux hypothécaires. Nous comprenions aussi de quelle façon les changements toucheraient la capacité d'emprunt des accédants à la propriété.
En ce qui concerne la concurrence, nous devons veiller à ce que les mesures de soutien de la concurrence assurent la stabilité financière. Une bonne politique publique nécessite des compromis équilibrés et mesurés entre des objectifs divergents. Selon nous, le régime d'assurance hypothécaire donnait lieu à un stimulus indésirable au sein du marché. Ainsi, nous nous sommes efforcés d'éliminer les déviations au lieu d'en ajouter.
Nous étions également d'avis qu'il était nécessaire de prendre des mesures au sujet du niveau d'endettement des ménages canadiens, qui atteint maintenant le sommet historique de 167 % du revenu disponible. Selon la Banque du Canada, il s'agit du plus grand facteur de vulnérabilité dans notre économie.
[Français]
Les emprunteurs hautement endettés sont plus susceptibles d'être des jeunes accédant à la propriété. Compte tenu de la possibilité qu'ils aient peu d'expérience de travail en raison de leur âge, ils pourraient aussi être plus susceptibles de perdre leur emploi en cas de ralentissement économique. Bref, il s'agit d'un groupe de Canadiens vulnérables qui connaîtrait des difficultés financières si l'économie se dégradait ou si les taux d'intérêt montaient considérablement.
[Traduction]
À la lumière de ce que nous savons sur l'effet de richesse et l'accélération financière, leurs difficultés financières pourraient, en cas de ralentissement économique, avoir des retombées sur l'économie en général.
Il est important de comprendre que les changements annoncés le 3 octobre ne visaient pas à créer une flambée des prix des maisons sur les marchés de la région du Grand Toronto et de Vancouver, comme l'ont laissé entendre certains témoins. En fait, notre objectif était d'éviter les conséquences négatives à long terme pour l'économie canadienne.
Depuis maintenant plusieurs mois, la SCHL signale la présence de signes probants de conditions problématiques dans l'ensemble du marché de l'habitation au Canada. Il est vrai que les niveaux d'endettement sont élevés à Toronto et à Vancouver, et ces villes seront donc touchées davantage par les changements. Toutefois, comme l'a indiqué la Banque du Canada dans sa Revue du système financier de décembre, la proportion de ménages fortement endettés a continué de grimper dans de nombreuses villes, et c'est un problème à l'échelle du pays.
Les simulations de crise imposées aux emprunteurs visent à s'assurer que ceux-ci peuvent faire face à une hausse des taux d'intérêt. Cette mesure ne touche que les emprunteurs qui sont fortement endettés ou qui le deviendraient après l'achat de leur maison, peu importe où ils vivent. La nécessité pour certaines personnes de retarder l'achat de leur première maison, de décider d'acheter une maison plus petite, de louer un logement ou de ne pas bouger est un compromis essentiel pour assurer la croissance économique et la stabilité financière de tous les Canadiens.
À l'heure actuelle, grâce à près de 1 000 milliards de dollars en assurance hypothécaire, au régime d'accession à la propriété et à d'autres programmes fédéraux et provinciaux, nous croyons qu'il existe des appuis importants pour les accédants à la propriété. Il est possible d'abuser des bonnes choses.
Je peux assurer aux membres du Comité que la SCHL continue de surveiller étroitement les marchés de l'habitation de partout au pays, et que nous continuons d'offrir au gouvernement des conseils d'expert fondés sur nos recherches et nos analyses, afin de faciliter l'accès au logement et de contribuer à la stabilité financière.
[Français]
Je vous remercie encore de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Siddall, d'être ici aujourd'hui.
Au cours des 22 derniers jours, j'ai eu l'occasion de marcher environ 900 kilomètres pour visiter 41 collectivités des Premières Nations, et j'ai été très heureux de constater que la SCHL construit des maisons en partenariat avec de nombreuses collectivités. Certaines d'entre elles avaient d'excellents logements.
J'ai rencontré de jeunes hommes, notamment un jeune appelé Moose, qui étaient très fiers de construire de nouveaux logements dans leur collectivité, et je suis très fier de l'engagement pris par notre gouvernement à cet égard. Toutefois, j'ai aussi observé la présence de nombreux défis en ce qui concerne, par exemple, la location de logements dans les collectivités. Je ne peux pas établir de corrélation en ce moment — je dois étudier les données que j'ai recueillies et ce que j'ai appris —, mais il semble que certaines collectivités perçoivent un loyer chez les occupants des logements de la SCHL, alors que d'autres ne le font pas, et à première vue, il semble exister une corrélation avec la qualité à long terme de ces logements.
Nous pouvons en discuter un peu, mais j'aimerais d'abord savoir ce que fait la SCHL en collaboration avec les collectivités des Premières Nations à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins d'être ici aujourd'hui. Je vous suis certainement reconnaissant d'être venus pour aider les membres du Comité à mieux comprendre votre point de vue.
L'un des meilleurs conseils que j'ai reçus, c'est de réfléchir aux gens, et non pour les gens. Lorsque je lis ceci, il semble que votre organisme réfléchit pour les gens. Vous dites qu'il a « également fallu prendre des mesures au sujet du niveau d'endettement des ménages canadiens, qui atteint maintenant le sommet historique de 167 %... » C'est probablement vrai, mais cela ne résout pas nécessairement le problème de l'endettement hypothécaire.
De nombreux témoins ont comparu pour nous dire que lorsqu'une personne peut entrer sur le marché... N'oubliez pas qu'un grand nombre de baby-boomers sont entrés sur le marché avec des taux d'intérêt dans les doubles chiffres. Ils l'ont fait parce qu'ils étaient d'avis, premièrement, qu'un domicile leur permettrait d'héberger leur famille et d'assurer leur sécurité. Deuxièmement, ils jugeaient que cela leur permettait de faire des épargnes forcées, si l'on peut dire, et d'avoir le privilège d'accéder à la propriété — un point important, selon moi.
Je crois que dans vos commentaires, vous tentez de présenter la situation pour qu'on pense, en quelque sorte, que l'endettement hypothécaire représente la source du problème, mais nous avons entendu très clairement que l'accès à l'endettement lié aux cartes de crédit et l'accès aux prêts de financement pour acheter une voiture ou d'autres biens non durables, contrairement à un domicile, posent un problème.
Lorsque vous dites « les emprunteurs fortement endettés sont plus susceptibles d'être de jeunes accédants à la propriété », ne dites-vous pas également que lorsque les gens entreront enfin sur le marché, ils seront plus âgés et ils seront tenus à l'écart du marché plus longtemps? J'essaie seulement de me faire une idée de la situation que vous décrivez.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je vous remercie beaucoup, monsieur Siddall ainsi que vos collègues, d'être ici parmi nous aujourd'hui. Je trouve vos propos très éclairants.
Dans votre allocution, vous avez dit qu'il est possible d'avoir trop d'une bonne chose. Je suis d'accord avec cette philosophie. Parfois, il faut modérer notre ardeur à nous endetter pour acheter une maison.
Vous avez mentionné que votre objectif n'était pas de créer une flambée des prix des maisons sur les marchés du Grand Toronto et de Vancouver, mais bien d'éviter les conséquences négatives à long terme sur l'économie canadienne. Vous faites cela parce que vous voulez vraiment cibler les Canadiens qui sont vulnérables à des facteurs exogènes dans l'économie canadienne. Il s'agit de personnes très endettées.
Monsieur Siddall, plusieurs témoins ont dit qu'il ne faut pas paniquer et que la situation n'est pas comme celle qui avait cours aux États-Unis en 2007-2008. Lorsqu'on regarde les indicateurs, par exemple les arriérés de 90 jours, on s'aperçoit qu'on n'est pas dans une situation semblable.
Je vais vous poser une question pour commencer notre discussion.
Si les arriérés de 90 jours ne sont pas un bon indicateur de risque pour l'avenir, quel indicateur considérez-vous comme étant utile pour prévoir l'avenir?
:
Je vais dire deux choses, si vous me le permettez, pour répondre à la question.
Tout d'abord, les décisions ont été prises par le à qui nous avons donné des conseils, de sorte que je ne mérite pas d'éloges pour ces changements, mais bien entendu, nos conseils allaient dans ce sens. Ce que j'ai dit concernant le fait « d'abuser des bonnes choses » correspond à mon interprétation.
Les arriérés ne sont pas considérables, en fait. On parle d'environ un tiers de 1 %, et les indicateurs montrent que la tendance est à la baisse et non à la hausse dans notre pays. Il y a des cas de défaut de paiement, qui tendent à la hausse dans quelques secteurs. C'est un autre indicateur dont nous tenons compte en raison de la recherche dont j'ai parlé en répondant à la question de M. Albas, soit le niveau d'endettement global.
De plus, je devrais dire que notre cadre d'analyse du marché de l'immobilier est un modèle qui indique des signes de conditions problématiques et qui analyse quatre facteurs : la surévaluation, la construction excessive, la flambée des prix des maisons, et j'ai oublié l'autre...
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Monsieur Siddall, je vous remercie de votre présence.
Je dois dire que je ne peux pas croire que nous ayons entendu environ 12 heures de témoignages — de gens qui sont dans le domaine, qui vivent cela tous les jours —, et que vous nous dites essentiellement aujourd'hui qu'ils ne savent pas de quoi ces gens parlent, que vous, vous êtes ici à Ottawa et que vous en savez plus qu'eux. Je ne crois pas avoir déjà entendu un exposé aussi arrogant de toute ma vie.
Je pense que vous voudrez peut-être prendre une minute pour revenir sur vos propos et dire qu'il est possible que ces gens, qui vivent ces problèmes chaque jour, en sachent sur ce qui se passe. Vous dites « cela pourrait se produire », « si cela se produisait » et vous vous basez sur un livre. Je suis consterné.
En Alberta, nous sommes dans une situation où il y a eu des pertes d'emplois pendant deux ans, et c'est sans précédent au pays, et pour ce qui est des saisies, les choses n'ont presque pas changé. Compte tenu de ce qui se passe en Alberta depuis les deux dernières années, comment justifiez-vous les recommandations que vous avez faites au ?
:
Je veux tout d'abord m'excuser si je vous donne l'impression d'être arrogant. Ce n'est pas du tout mon intention.
Nous avons des gens qui travaillent dans toutes les provinces du pays, dont l'Alberta, et nous écoutons nos collègues et tous les intervenants qui comparaissent devant vous. Certains d'entre eux sont nos clients, en fait. D'autres sont nos compétiteurs, et nous les écoutons avec attention.
Je me suis mal exprimé si vous avez pensé que nos conclusions ne se basent simplement que sur un livre. J'y ai fait référence pour illustrer ce qui me préoccupe pour l'avenir, et je répète cette préoccupation.
Je dois dire que le problème qui nous inquiète le plus, c'est le chômage. C'est l'aspect qui amène une personne à perdre sa maison. C'est le risque auquel nous sommes confrontés.
Les économistes parlent d'externalités négatives. Les gens au Canada paieront résolument leur maison, de sorte qu'il est inquiétant que nos taux d'arriérés soient très faibles, en fait, en ce sens qu'une personne sauvera sa maison en n'achetant pas de voiture, de réfrigérateur ou en économisant sur l'épicerie. C'est ce qui se passe au Canada. Il en résulte une baisse dans la consommation. Lorsque nous réduisons notre consommation, nous réduisons l'activité économique. Lorsque nous réduisons l'activité économique, quelqu'un perd son emploi. C'est ce qui nous inquiète.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
En fait, la seule opinion qui a été exposée ne correspond pas tout à fait à celle que M. Liepert vient d'exprimer. En fait, nous avons exprimé de vives inquiétudes, et j'entends par nous les députés de notre côté, particulièrement pour les contribuables qui assument une grande partie de ces assurances. Si le marché devait s'effondrer ou si les gens n'étaient plus en mesure de payer leur hypothèque, ce serait les contribuables qui en paieraient le prix.
Au sujet des mesures de soutien gouvernementales, vous en avez parlé et vous en avez parlé aussi avec mon collègue, mais vous avez dit qu'il y avait beaucoup de mécanismes de soutien sur le marché des hypothèques. Vous venez de faire une analogie. Pouvez-vous nous en parler plus en détail pour que les Canadiens, ceux et celles qui investissent dans une maison comprennent? De même, quels sont les risques si les modèles sont adéquats et que l'endettement est trop élevé? Quelles seraient les conséquences d'un effondrement du marché ou même d'une diminution de la capacité des gens de payer leur hypothèque?
Quels sont les risques pour les contribuables, compte tenu du fait que le gouvernement soutient le marché hypothécaire comme il le fait? Les prêteurs hypothécaires bénéficient des mécanismes de soutien parmi les plus généreux au monde, en comparaison avec le Royaume-Uni, l'Australie et d'autres pays.
Pour prendre un sujet un peu différent, vous avez dit qu'il y avait eu des discussions sur les mesures qui ont été prises mais qui n'étaient pas voulues, sauf que depuis, il semble qu'elles aient des conséquences involontaires. Si nous mettions toute l'information sur la table et que nous affirmions que vous aviez l'intention de faire ce que vous avez fait, cela voudrait dire que...
Les constructeurs de nos communautés, de nos circonscriptions nous en parlent. Nous savons qu'il y a des gens qui ont perdu de l'argent, qui ne peuvent plus vendre leurs propriétés, qui ne feront aucun profit ou même en ressortiront perdants. Nous savons qu'il y a une autre interprétation à faire de ce que vous avez fait, c'est-à-dire que vous vouliez favoriser plus ou moins le marché locatif plutôt que celui de la construction, puisque c'est une autre conséquence de tout cela.
Il y a une autre perception selon laquelle vous imposez vos politiques aux Canadiens, particulièrement aux acquéreurs d'une première maison; vous limitez leurs rêves, leurs possibilités et leurs désirs. Si l'on prend le marché de l'Alberta — nous représentons l'Alberta —, on constate que cette politique a durement frappé l'Alberta, y compris les petites entreprises. Pendant la période difficile du ralentissement économique de 2007-2008 jusqu'à maintenant, les Albertains ont réussi à maintenir leur marché et leurs hypothèques, et nous avons enregistré les meilleurs résultats de tous.
Compte tenu de toute la controverse entourant ce que vous avez recommandé au , pouvez-vous nous expliquer exactement pourquoi vous croyez que votre politique est à l'avantage du Canada et des Canadiens? Nous savons que votre politique est influencée à bien des égards par la situation des marchés de Vancouver et de Toronto. Quel pourcentage ces marchés représentent-ils par rapport aux autres marchés canadiens? S'agit-il d'une bonne politique générale vraiment juste pour tous les Canadiens?
:
Bonjour, messieurs. Soyez les bienvenus.
Selon moi, il n'y a rien de plus important pour les Canadiens que leur foyer. On m'a invité à participer à une consultation prébudgétaire à Toronto, en compagnie du député de . Je dirais que la moitié des commentaires et des questions que nous avons reçus de la part des citoyens portaient sur le marché immobilier, plus précisément sur l'abordabilité et l'accessibilité. Une des citoyennes souhaitait que ses enfants puissent s'acheter une maison et habiter dans le quartier où ils ont grandi. C'est donc un sujet d'actualité, comme vous pouvez le constater. Il y a deux jours, à Toronto, j'ai vu une maison, dont le prix affiché était de 1,5 million de dollars, se vendre 2,6 millions de dollars. C'est donc un million de plus. Il y a forcément quelque chose qui se passe. Les Canadiens sont inquiets et espèrent que la situation ne va pas se détériorer davantage.
Monsieur Siddall, au cours des derniers mois, vous avez parlé des risques et des vulnérabilités de notre marché immobilier avec beaucoup de prudence. J'ai lu vos discours et passé en revue les résultats. Les Canadiens doivent savoir que la SCHL, depuis 1954 ou peu importe l'année de sa création, a pour but de les aider à accéder à la propriété. Nous devons nous assurer qu'ils le font prudemment. Comme la Banque du Canada l'a dit, nous devons veiller à ce que les dettes des Canadiens soient de qualité. Nous ne voudrions pas que les gens contractent trop de mauvaises dettes et se retrouvent en difficulté.
Plusieurs pays ont pris des mesures à l'égard du marché immobilier, que ce soit l'Australie, la Suisse, la Nouvelle-Zélande, Hong Kong ou la Grande-Bretagne. J'aimerais connaître votre avis là-dessus, parce que j'estime que nous avons pris des mesures prudentes. Il fallait assurer la stabilité financière. Si je ne m'abuse, le taux de propriété s'élève à 69 %. Cependant, au Canada, il n'y a que des marchés régionaux; il n'y a pas de marché national.
Au vu du marché immobilier canadien, quels sont les autres éléments d'information dont nous avons besoin pour améliorer notre prise de décisions? Il semblerait que d'autres pays, dont l'Australie, disposent de davantage de données. Que pouvons-nous faire pour vous permettre de faire encore mieux votre travail à l'avenir?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être ici aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Je pense que ce qui est essentiel, à l'heure actuelle, pour le gouvernement, le ministère des Finances et la plupart des gens du milieu, c'est de trouver le juste équilibre. Il faut stabiliser le marché immobilier et s'assurer que les Canadiens ont confiance en ce marché tout en garantissant l'accès à la propriété. Beaucoup de témoignages ont laissé entendre qu'il y avait trop de réglementation. Toutefois, si je reviens à 2008 et aux leçons tirées de l'expérience américaine, je me dis que de nombreux Américains auraient probablement apprécié un peu plus de réglementation à l'époque, car lorsque le marché s'est écroulé, les choses ont déboulé très rapidement.
Mon collègue a parlé des données, et on a posé beaucoup de questions concernant les données qui pourraient inspirer les recommandations de politique. Nous avons certes des préoccupations à cet égard.
Pourriez-vous nous dire, en long et en large, ce que le gouvernement devrait examiner en ce moment, parce que dans votre témoignage d'aujourd'hui, vous avez indiqué que vous analysiez encore le marché immobilier? Quels indicateurs utilisez-vous? À votre avis, quelle est la meilleure façon d'évaluer la stabilité du marché immobilier au Canada?
Étant donné que le marché immobilier est très régional, la situation à Brampton-Est, dans mon coin, est bien différente de la situation en Alberta dont parlent bon nombre de mes collègues. Ce qui est bizarre, c'est que d'un bout à l'autre de Brampton, le marché n'est pas le même.
Ce qui se passe dans ma ville, c'est que l'offre fait réellement augmenter les prix. En janvier, on prévoyait que partout au pays, les mises en chantier atteindraient des sommets. Lorsque je passe devant une maison modèle ou une visite libre, et qu'il y a une longue file de gens prêts à payer 700 000 $ qui font la queue pendant des heures pour acheter une maison dans leur région de prédilection, et que je reviens ici et qu'on me dit que le marché est sain, il y a sûrement quelque chose qui ne va pas.
Je sais que vous vous penchez là-dessus. Diriez-vous qu'aujourd'hui, le marché est stable et que les Canadiens peuvent acheter leur propriété en toute confiance?
Monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
[Français]
Je suis heureuse d'être parmi vous aujourd'hui afin de vous adresser la parole à titre de secrétaire parlementaire du ministre des Finances, l'honorable Bill Morneau.
[Traduction]
Je suis également heureuse d'être accompagnée aujourd'hui de Rob Stewart et de Cynthia Leach, qui me prêteront main-forte, au besoin, pour répondre à vos questions.
[Français]
L'une des plus importantes responsabilités du gouvernement et du est de veiller à ce que le marché canadien du logement soit dynamique, concurrentiel et stable.
[Traduction]
C'est la raison pour laquelle notre gouvernement se concentre sur le logement depuis qu'il est arrivé au pouvoir. Il a notamment pris une série de mesures ciblées pour assurer la stabilité et favoriser l'abordabilité. Aujourd'hui, je vais vous expliquer les avantages de ces changements et pourquoi notre gouvernement a décidé d'agir.
Investir dans une maison, c'est la plus grande décision financière que la plupart des Canadiens prendront au cours de leur vie. L'accès à la propriété est essentiel pour la santé économique et financière du Canada et des familles de la classe moyenne. Il est crucial que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir la stabilité du marché et apporter la tranquillité d'esprit aux propriétaires partout au Canada. Surtout dans des marchés comme Vancouver et Toronto, on peut craindre que des familles de la classe moyenne s'endettent lourdement pour acheter leur première maison, en raison de la hausse du prix des maisons, et qu'à long terme, elles ne soient plus capables de rembourser leur hypothèque, si la situation ou les circonstances économiques venaient à changer.
Ceux et celles qui sont déjà propriétaires veulent savoir que le marché est stable et que leur plus grand investissement est sûr. Nous l'avons beaucoup entendu dans les témoignages. L'abordabilité et la stabilité du marché sont des questions qui préoccupent la majorité des familles de la classe moyenne. Ces préoccupations sont réelles, et le gouvernement les prend très au sérieux.
En octobre dernier, le a annoncé un resserrement des règles régissant l'assurance hypothécaire — entre autres — afin d'accroître la stabilité, de réduire les risques pour les contribuables et de veiller à ce que tout le monde respecte les règles. L'exercice de simulation de crise de taux hypothécaire vise à garantir que les Canadiens contractent des prêts hypothécaires qu'ils auront les moyens de rembourser, malgré une hausse des taux d'intérêt ou une baisse de leur revenu à l'avenir.
D'autres changements ont également été mis de l'avant pour cibler des types de prêts plus sûrs. Ces mesures aideront à atténuer l'accroissement de l'endettement des ménages partout au Canada. Comme vous l'avez sans doute entendu, ces mesures exigeront que les emprunteurs et les prêteurs apportent des ajustements à court terme. En gros, ces mesures sont importantes pour assurer la stabilité à long terme du marché de l'immobilier au Canada.
Nous avons vu dans d'autres pays ce qui peut arriver au marché immobilier et à l'économie en général lorsque les risques ne sont pas bien gérés. Dans ces cas, c'est souvent la classe moyenne qui en souffre le plus. Au bout du compte, les efforts du gouvernement visant à réduire les risques dans le marché immobilier contribueront à créer des conditions propices à la croissance économique à long terme, une croissance qui profitera à la classe moyenne et à ceux qui travaillent fort pour en faire partie.
Il faut indiquer clairement, au sein du Comité, que l'appui du gouvernement au système de financement du logement demeure important, particulièrement par rapport à d'autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie. Une assurance hypothécaire obligatoire accorde du crédit à faible coût à une grande proportion d'acheteurs — dont bon nombre achètent leur première habitation — et réduit les risques pour les systèmes financiers.
Aucun autre pays n'appuie l'assurance hypothécaire comme on le fait au Canada. En même temps, l'assurance hypothécaire discrétionnaire et les programmes de titrisation du gouvernement fournissent une source de financement à faible coût aux prêteurs hypothécaires. Certains prêteurs ont des modèles qui tiennent compte de ces mesures, ce qui nous permettra d'avoir des hypothèques qui respectent ces exigences. Ils peuvent également continuer d'offrir des prêts qui ne respectent pas les nouvelles exigences, mais sans assurance.
Nous savons qu'il faudra mieux comprendre les facteurs qui influent sur le développement du marché immobilier, y compris l'impact de l'achat par des investisseurs étrangers sur la demande, et les facteurs qui ont une incidence sur l'offre de logement. C'est pourquoi, dans le budget de 2016, le gouvernement avait prévu du financement pour permettre à Statistique Canada de recueillir des données sur l'achat de propriétés canadiennes par des acheteurs étrangers. Le travail est en cours.
Le gouvernement a également mis sur pied un groupe de travail fédéral, provincial et municipal chargé d'examiner les facteurs ayant des répercussions sur les marchés immobiliers régionaux. En plus de communiquer des données et de cerner les lacunes en matière d'information, ce groupe se penche sur les facteurs qui touchent l'offre de logements au Canada. Une offre suffisante de nouvelles maisons est un élément important de toute stratégie visant à favoriser l'accès au logement.
Cela m'amène à la question de l'abordabilité. Notre gouvernement sait qu'il doit collaborer avec les provinces et les municipalités pour offrir un logement qui répond aux besoins des citoyens les plus vulnérables. C'est pourquoi nous sommes également actifs sur le plan du logement abordable.
[Français]
Dans le dernier budget, le gouvernement du Canada a consacré 2,3 milliards de dollars au logement abordable. Il continuera de collaborer étroitement avec les provinces et les municipalités dans ce dossier. Comme vous le savez peut-être, l'honorable Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, élabore présentement une stratégie nationale sur le logement.
Nous savons que la sécurité financière des familles canadiennes passe par le maintien d'un niveau d'endettement soutenable et la stabilité du marché du logement. Le gouvernement fédéral prend ses responsabilités au sérieux en veillant notamment à ce que le cadre stratégique en matière de logements demeure dynamique, concurrentiel et stable, et qu'il protège l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes ainsi que l'économie contre la possibilité d'une volatilité excessive sur le marché du logement. C'est pourquoi le a agi à deux reprises durant la première année de notre mandat et continue de suivre le dossier de très près.
Les mesures visant à assurer la solidité et la stabilité du marché du logement ainsi que la sécurité financière des familles canadiennes font partie du plan économique du gouvernement. Ce plan économique est fondé sur l'idée que, lorsque l'économie est à l'oeuvre pour la classe moyenne, le pays est à l'oeuvre pour tout le monde.
[Traduction]
Alors que nous visons à stimuler la croissance qui nous est profitable à tous, rien ne pourrait être plus important que de protéger ce qui, pour nombre de Canadiens, est l'investissement le plus important de leur vie. À chaque étape du processus, notre gouvernement continuera d'écouter les Canadiens, les propriétaires de maisons et les intervenants dans le cadre de ses démarches pour assurer la santé et la stabilité du marché immobilier au profit de tous les Canadiens.
C'est dans cette optique que je suis ravie d'être ici aujourd'hui pour répondre à certaines de vos questions au nom du ministre.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins et la secrétaire parlementaire d'être parmi nous aujourd'hui.
Je vais revenir à la question que j'ai posée plus tôt cet après-midi.
Vous parlez beaucoup de la nécessité d'aider la classe moyenne et ceux qui veulent l'intégrer. À mon avis, il faut aider les propriétaires de maisons et ceux qui essaient d'accéder à la propriété. Dans nos communautés, beaucoup de gens ont cette préoccupation. C'est le cas à Montréal et dans ma circonscription.
En tant que députés, nous sommes invités à aller dans les écoles, ce qui est une activité très agréable. Les enfants nous posent des questions sur une foule de sujets. Assez étonnamment, le prix des maisons et des condos est une question qui revient souvent. Comme ils en entendent parler à l'heure des repas, ils nous demandent ce que nous pouvons faire pour aider leurs parents à acheter une maison ou un condo. Or je suis triste à l'idée de devoir leur dire, lorsque je vais retourner dans les écoles, que le gouvernement fédéral a pris des mesures faisant en sorte qu'il sera plus difficile pour leurs parents d'accéder à la propriété.
Comment pouvez-vous justifier ces mesures auprès de toutes ces jeunes familles dont le rêve est d'acheter une première maison?
J'aimerais enchaîner là-dessus en ce qui concerne le soutien aux prêteurs, au bout du compte si... La concurrence est bonne. Je pense que c'est indéniable. Cependant, avec le niveau d'investissement que le Canada fait pour permettre cette concurrence en garantissant cette assurance, par exemple, en cas de changements ou d'incapacité pour les gens de payer, car il arrive que nous ayons affaire aux personnes à plus haut risque... Quelle serait, selon vous, l'incidence de l'investissement du gouvernement et de celui des Canadiens si nous ne prenions pas les risques du marché et le risque d'endettement très au sérieux?
Je pense que les témoignages précédents ont peut-être montré qu'il fallait essayer de ne pas permettre un trop grand endettement sans vraiment tenir compte du fait que, si nous ne faisons pas preuve d'un peu de modération, les gens emprunteront au-dessus de leurs moyens avec chaque changement du marché.
Voyez-vous le risque de cet investissement global comme le véritable sujet de préoccupation si nous ne protégeons pas et ne mettons pas en place ces tests modérés pour faire en sorte que les gens soient vraiment en mesure de composer avec les changements du marché?
Ma question s'adresse à la secrétaire parlementaire.
Si je me fie à vos remarques liminaires, je crois comprendre que les politiques qui ont, en quelque sorte, été promues ont eu de nombreuses conséquences pour les petits constructeurs, les coopératives de crédit, les petits prêteurs et pour l'industrie canadienne dans son ensemble, sauf à Toronto et à Vancouver.
Vous avez mentionné la Stratégie nationale pour le logement. Si je vous ai bien comprise, ces politiques encourageront le gouvernement à mettre en place pareille stratégie. Tout expert qui se penche sur la question peut voir que le gouvernement remplacera ces industries, qu'il est déterminé et qu'il se servira vraiment de cette stratégie nationale pour commencer à faire concurrence à ces intérêts, ce qui va vraiment à l'encontre du principe de libre marché et d'encouragement des propriétaires de petites entreprises. Dans l'intérim, cela occasionnera bien des pertes de possibilités d'emploi et sèmera le doute dans le marché.
Vous ai-je bien comprise ou pas?
:
J'ignore si je peux vous dire quand, mais je peux vous dire « dans quelles circonstances ».
Manifestement, nous avons pris ces mesures sur un certain nombre d'années — deux fois au cours de la dernière année — pour réagir aux changements découlant d'un contexte de faibles taux d'intérêt. La capacité d'emprunter et l'intérêt des consommateurs à emprunter pour acheter une maison ont été très élevés. Cela a eu pour effet de faire augmenter les prix des maisons et de faire en sorte que les gens soient plus intéressés à devenir propriétaires.
Comme je l'ai mentionné, ces mesures ont été prises en général pour veiller à ce que lorsqu'ils font ces arrangements, ils ne soient pas vulnérables à une perte de revenus ou à des hausses des taux d'intérêt au fil du temps.
Dans d'autres circonstances, par exemple, quand l'économie est florissante, mais les risques sont moindres, les taux d'intérêt sont plus élevés, et les obstacles aux décisions imprudentes concernant les emprunts sont plus présents, nous envisagerions peut-être de modifier certaines de ces règles dans des situations données. Il s'agit de règles macroprudentielles qui sont ajustables.