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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui en compagnie d'autres membres de la table ronde. Je me fais un plaisir de participer à la discussion.
D'abord et avant tout, monsieur le président, si vous me le permettez, la dernière fois que j'ai comparu devant vous, certaines questions avaient été posées à propos de l'évaluation de Santé Canada. Elle était à l'état d'ébauche et n'était pas disponible. Je suis heureux de vous indiquer qu'il ne s'agit plus d'une ébauche et que cette évaluation est disponible. Elle a été remise au greffier. Elle est donc disponible pour l'ensemble des députés.
Pour ce qui est de mesurer le succès, j'aimerais commencer en décrivant très brièvement les responsabilités de Santé Canada en vertu de la LCPE. Le ministre de la Santé et le ministre de l'Environnement se partagent l'application de cette loi.
Le rôle du ministre de la Santé et de Santé Canada consiste en fait à faire l'évaluation des risques pour la santé des substances nouvelles et existantes. Il s'agit en fait de l'alinéa 64c), qui traite des répercussions des substances existantes sur la santé humaine. Nous devons également faire de la recherche sur les substances hormonoperturbantes; il y a un certain nombre d'activités que nous faisons à cet égard. Nous sommes également tenus de faire de la recherche sur le rôle des substances dans la maladie et de publier des études concernant les répercussions des différentes substances sur la santé humaine. C'est essentiellement en quoi consiste notre travail. Nous examinons ces substances dans une perspective de santé pour déterminer si elles ont des effets sur les humains.
J'aimerais maintenant expliquer brièvement aux membres du comité comment nous effectuons notre travail. Santé Canada adopte effectivement une démarche axée sur le risque, et c'est certainement un aspect dont vous entendrez beaucoup parler. Le risque se compose de deux éléments clés : le danger et l'exposition. Nous estimons qu'il est très important de tenir compte de ces deux éléments.
En ce qui concerne le danger, nous examinons les effets d'une substance sur la santé humaine. En tenant compte à la fois du danger et de l'exposition, nous procédons de façon très prudente. Notre évaluation du risque consiste à examiner les effets d'une substances que l'on peut observer à la dose minimale — non pas la plus forte, ni la dose moyenne. Dès que nous constatons un effet sur la santé humaine, que ce soit par la recherche, par des études en laboratoire, par des études sur des animaux, etc., c'est ce que nous considérons comme la dose minimale. C'est ce que nous utilisons pour établir les renseignements sur les dangers. Puis, pour ce qui est de l'exposition, nous procédons de la façon inverse, c'est-à-dire que nous prenons le pire des scénarios et nous partons du principe qu'il correspond à la norme.
Si vous tenez compte de ces deux extrêmes, vous pouvez constater qu'il s'agit d'une évaluation très prudente des effets sur la santé humaine. C'est ainsi que nous procédons. C'est la façon dont nous procédons pour évaluer les risques que présentent toutes les substances existantes. Toutes les évaluations des risques que nous faisons sont examinées par des pairs et publiées.
Comme nous savons que sur le plan scientifique, il existe de multiples points de vue sur toute question, nous adoptons une démarche fondée sur le poids de la preuve. Nous savons qu'il est toujours possible que l'on déclare que certaines données scientifiques sont fausses et que l'on présente un point de vue opposé. En ce qui concerne les substances existantes, il existe beaucoup d'information. Par conséquent, nous adoptons une démarche fondée sur le poids de la preuve, c'est-à-dire que nous tenons compte de l'information généralement disponible dans les documents publiés et examinés par des pairs. Cela nous aide à réfuter les opinions extrêmes dans un sens ou dans l'autre. C'est ainsi que nous évaluons les substances sur le plan de la santé : nous tenons compte de façon très prudente du danger et de l'exposition pour nous assurer de protéger la santé humaine.
Je tiens à répéter que Santé Canada et Environnement Canada ont tous deux la responsabilité de s'occuper de toutes les nouvelles substances que l'on veut utiliser au pays. Cela signifie qu'environ 800 substances sont présentées et déclarées chaque année. Cela signifie qu'on nous demande d'autoriser leur utilisation au Canada. Nous suivons un processus assez similaire... Les délais sont beaucoup plus courts, donc les choses se font beaucoup plus rapidement, mais nous arrivons à une conclusion en fonction des mêmes éléments.
Nous nous occupons également de la qualité de l'air et de l'eau. Nous publions des lignes directrices qu'utilisent les provinces en ce qui concernent les substances présentes dans l'eau : l'arsenic et le tétrachloroéthène, entre autres. Nous mettons donc ces lignes directrices à leur disposition. Et nous avons fait des études sur la qualité de l'air intérieur et de l'air atmosphérique pour déterminer les niveaux de polluants et leurs effets sur la santé humaine. Vous trouverez dans notre rapport un certain nombre d'exemples qui pourront vous intéresser.
Nous avons également fait de la recherche, comme l'exige la LCPA, sur les substances hormonoperturbantes. Il s'agit d'un travail en cours qui vise à nous permettre de mieux comprendre cette science nouvelle et émergente, et nous poursuivrons notre travail en ce sens.
J'aimerais enfin indiquer aux membres du comité que nous nous sommes préparés activement à la catégorisation des substances. Cette mesure sera très importante pour le Canada. Nous serons le premier pays à avoir recensé l'ensemble des 23 000 substances utilisées dans notre pays. Chaque pays a son propre inventaire des substances déjà utilisées. Le Canada sera l'un des premiers pays à en avoir examiné la liste complète afin de déterminer les priorités tant sur le plan de la santé que de l'environnement. Donc, Santé Canada aura examiné l'ensemble de ces 23 000 substances en fonction de deux aspects. Quel est selon nous le profil de risque de cette substance? Quelqu'un d'autre a-t-il déclaré que cette substance est dangereuse? Est-elle inscrite sur une liste? Ce sont les aspects qui nous incitent à faire un travail plus approfondi.
L'autre élément sera prêt en septembre, conformément à la loi. Il s'agit du risque d'exposition. Nous serons en mesure de tenir compte de ces deux facteurs pour établir une véritable série de priorités en ce qui concerne les substances pour lesquelles un travail plus approfondi s'imposera sans tarder, tant en matière d'évaluation que de gestion. Nous considérons que cela représentera une excellente base de données que peu d'autres pays auront et cela nous permettra d'établir nos priorités pour nous assurer que nous évaluons les substances appropriées et que nous demandons la gestion des substances appropriées sur le plan de la santé humaine.
Cela résume donc notre travail. Si les chiffres vous intéressent, je crois qu'Environnement Canada a publié des rapports sur certains de ces aspects par le passé. En ce qui concerne les évaluations du risque à l'annexe 1, nous en avons fait 69 qui couvrent plus de 550 différents produits chimiques. Nous participons à douze interdictions, 21 règlements, etc. Il existe une liste des activités auxquelles nous avons participé. Comme je l'ai déjà dit, le ministère de l'Environnement est le ministère principal. Notre rôle consiste à nous occuper de l'aspect relatif à la santé, ce que nous avons tâché de faire assez activement.
Cela met donc fin à mes remarques sur la façon dont nous accomplissons notre travail et dont nous procédons à nos évaluations.
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Je vous remercie, monsieur le président. Je suis très heureux d'être ici.
Bon après-midi, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Robert Smith. Je suis directeur des Comptes et statistiques de l'environnement, à Statistique Canada. Je n'ai rien à vous dire aujourd'hui à propos de la participation de Statistique Canada, particulièrement en ce qui concerne la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, parce que nous ne participons pas à l'application de cette loi, mais je suis ici pour vous donner quelques renseignements sur les activités de Statistique Canada au sujet des rapports sur l'environnement, ce qui se rapporte de toute évidence au terme abordé aujourd'hui, à savoir mesurer le succès.
Je serai très très bref. Je désire simplement attirer votre attention sur quelques produits.
Je crois que vous avez reçu des copies de mon exposé et, je l'espère, les versions française et anglaise du document auquel je veux vous référer.
Si vous regardez la troisième diapositive de ma présentation, vous verrez un peu le contexte de cette publication. En fait, cette publication remonte à l'an 2000, lorsque le ministre des Finances de l'époque a demandé à la table ronde nationale de formuler certaines recommandations au gouvernement sur la façon dont il pourrait faire rapport de façon générale sur l'environnement durable. La table ronde nationale a entamé un processus qui s'est étalé sur trois ans pour examiner comment faire rapport de la durabilité et à l'issue de ce processus, elle a recommandé six indicateurs dont pourrait faire rapport le gouvernement, et ce dernier en a retenu trois qui devait faire l'objet d'un rapport en 2004.
Environnement Canada, Santé Canada et Statistique Canada ont été invités à préparer conjointement ces trois nouveaux indicateurs, et ce document est en fait le premier rapport portant sur ces trois indicateurs. Donc, dans un certain sens, le rapport représente l'initiatives la plus récente, l'une des plus importantes prise par le gouvernement pour faire rapport des progrès réalisés en matière d'environnement, et j'ai pensé qu'il était important de le soumettre à l'intention du comité aujourd'hui.
Vous pourrez trouver une version électronique du rapport et des documents à l'appui dans le site Web de Statistique Canada, et je vous en ai donné l'adresse.
La prochaine version de ce rapport sera préparée en novembre de cette année. Il s'agira désormais d'un rapport annuel. Nous travaillons à améliorer les indicateurs sur plusieurs plans — méthodologique, conceptuel et empirique — et il est possible que la série d'indicateurs soit élargie avec le temps, à mesure que de nouveaux indicateurs de la durabilité seront proposés et adoptés.
Comme je l'ai dit, c'est de ce rapport en particulier que je voulais vous parler aujourd'hui.
Dans les quelques minutes qui me restent, j'aimerais simplement attirer votre attention sur deux autres séries de produits préparés par Statistique Canada.
Le premier est mentionné à la cinquième diapositive. Il s'agit d'un recueil de statistiques environnementales que Statistique Canada produit depuis près de 30 ans, en fait. Pendant longtemps, il s'agissait d'un recueil quinquennal, mais plus récemment, nous avons préparé ce recueil chaque année. Il s'intitule L'activité humaine et l'environnement. Comme son titre l'indique, ce rapport donne une vue d'ensemble de l'influence des activités humaines sur l'environnement.
C'est un rapport très populaire. Comme je l'ai dit, nous le publions une fois l'an. Les enseignants s'en servent beaucoup parce que c'est un rapport qui est facilement accessible. Les étudiants du secondaire peuvent le lire et le comprendre assez facilement.
Chaque version du rapport aborde une question de façon approfondie. Par exemple, en ce qui concerne le rapport de 2005, pour lequel je vous indiquerai un lien sur le Web, vous constaterez qu'il traite de façon assez détaillée la gestion des déchets. L'année précédente, nous avons traité des ressources en eau; l'année d'avant, c'était l'énergie; et avant cela, c'était la qualité de l'air.
Nous sommes en train de préparer le rapport de cette année qui portera sur le transport et l'environnement, et les prochains rapports porteront, nous l'espérons, sur les questions liées aux villes et à l'environnement. Ensuite, pour souligner, l'Année polaire internationale en 2008, nous examinerons les questions concernant le Nord.
Je voulais donc attirer votre attention sur ce rapport. Vous pouvez y avoir facilement accès sur notre site Web.
La dernière série de produits que j'aimerais mentionner rapidement, ce sont tout simplement les enquêtes de Statistique Canada sur les questions environnementales. Nous avons quatre enquêtes que nous faisons depuis environ maintenant une décennie et nous avons établi une bonne série chronologique pour ces enquêtes. Elles portent sur l'utilisation des technologies de protection environnementale par les entreprises et les gouvernements. Elles portent également sur la production de ces technologies par des entreprises qui se spécialisent dans les produits et services environnementaux et sur les activités de gestion des décès.
Nous sommes en train d'élargir considérablement notre programme d'enquête. Statistique Canada a récemment investi considérablement dans l'expansion de ses programmes de statistiques environnementales. Avec cet argent, nous allons entreprendre de nouvelles enquêtes dans les domaines liés aux ménages et à l'environnement, à la consommation industrielle de l'eau; à une enquête sur la qualité de de l'eau dans les usines municipales de filtration d'eau; et une enquête auprès des agriculteurs, pour avoir une idée des quantités d'eau qu'ils utilisent pour les animaux de ferme et pour l'irrigation.
C'est donc là un aperçu très rapide de certains des principaux produits d'information environnementale de Statistique Canada. Il y en a d'autres dont je pourrais vous parler, mais je ne le ferai pas, car mon exposé doit être court. En résumé, nous espérons que bon nombre de ces produits permettent de mesurer le progrès et le succès en ce qui a trait à l'environnement.
Je serai heureux de répondre aux questions au sujet des produits, et même au sujet des produits dont je n'ai pas parlé, si cela vous intéresse également.
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Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je m'appelle Kapil Khatter. Je suis médecin de famille et je suis le directeur de Santé et environnement de PollutionWatch.
Je partagerai mon temps avec mon collègue Rick Smith qui est le directeur exécutif de Défense environnementale.
PollutionWatch est un projet de Défense environnementale. La mission de Défense environnementale et de PollutionWatch consiste à protéger l'environnement et la santé humaine à travers tout le pays grâce à la recherche, à l'éducation et à des moyens juridiques au besoin.
La LCPE a les mêmes objectifs, soit de protéger la santé humaine et l'environnement. Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous croyons que la LCPE n'accompli pas ce qu'elle devrait accomplir.
Les objectifs de la LCPE consistent à mettre en place des mesures de prévention et des mesures correctives en vue de protéger, d'améliorer et de restaurer l'environnement; à mettre en oeuvre une approche qui tient compte des caractéristiques uniques et fondamentales des écosystèmes; à établir des normes uniformes de protection de la santé et de l'environnement; à protéger l'environnement, notamment sa diversité biologique et la santé humaine; et à agir rapidement et avec diligence pour évaluer les risques que les substances posent pour l'environnement et la santé humaine. Par ailleurs, le préambule parle spécifiquement de la nécessité d'éliminer pratiquement les substances les plus persistantes et les plus biocumulatives.
Afin de déterminer si la LCPE réussit ou non à atteindre ses objectifs, nous pouvons examiner l'impact de la pollution environnementale sur la santé des Canadiens, les niveaux de polluants qui sont rejetés dans l'environnement, le nombre de produits chimiques toxiques qui ont été évalués, réglementés et, plus particulièrement, éliminés, et le nombre de substances massives que l'on trouve dans le corps humain. À notre avis, la LCPE est un échec à tous ces niveaux.
Pour ce qui est de l'impact sur la santé humaine, nos collègues de l'association médicale parleront du fait qu'en Ontario seulement, deux polluants atmosphériques, l'ozone troposphérique et les matières particulaires, sont responsables de plus de 5 800 décès prématurés et de plus de 16 800 admissions dans les hôpitaux. Ce sont des données pour 2005. Par ailleurs, nous soupçonnons que de nombreux problèmes de santé à la hausse sont attribuables aux problèmes environnementaux: l'autisme, l'hyperactivité avec déficit de l'attention, certaines anomalies congénitales, la puberté prématurée et certains cancers.
En ce qui concerne les objectifs de la LCPE, si on regarde les rejets dans l'environnement, le Canada s'est laissé distancer à l'échelle internationale au chapitre des émissions: Nous arrivons au 28e rang parmi les 29 pays évalués. Selon l'Inventaire national des rejets de polluants, l'industrie canadienne a rejeté plus de 4 milliards de kilogrammes de polluants atmosphériques en 2003. C'est une augmentation de 12 p. 100 par rapport aux installations et aux polluants qui avaient fait l'objet d'un rapport de 1995 à 2003.
Une comparaison récente entre le Canada et les États-Unis pour ce qui est des sites industriels dans les Grands Lacs révèle que nous rejetons 93 p. 100 de plus de substances potentiellement cancérigènes par usine, et plus de quatre fois plus de polluants pouvant causer des problèmes de développement ou de reproduction.
Si on regarde les évaluations et l'élimination des substances aux ternes de la LCPE, nous sommes d'avis que le processus de la LCPE a été extrêmement lent. Un bon exemple est l'élimination virtuelle. Comme je l'ai dit, le préambule demande l'élimination virtuelle des substances toxiques persistantes et biocumulatives. Il existe un mécanisme d'évaluation virtuelle dans la loi, mais jusqu'à présent seulement une substance a été proposée pour l'élimination virtuelle et aucune n'a encore été éliminée
Enfin, en ce qui a trait aux mesures que j'ai soulignées, une quatrième façon d'évaluer le succès ou l'échec de la LCPE en matière de protection de la santé, en particulier, est la quantité de produits chimiques que l'on retrouve dans le corps humains. Défense environnementale a récemment testé des familles pour déterminer la contamination chimique. Mon collègue Rick Smith va vous parler de ces résultats.
Merci de nous avoir invités, monsieur le président.
Comme le Dr Khatter vient de le mentionner, nous avons publié un rapport la semaine dernière et j'espère que vous en avez un exemplaire devant vous. Le rapport s'intitule Des enfants empoisonnés — une nation toxique. En résumé, nous avons testé cinq familles canadiennes partout au pays — des familles vivant dans un centre-ville, d'autres qui vivent en région rurale, des familles de différents milieux, des familles de différentes ethnies. Au sein de ces familles, nous avons testé sept enfants et six adultes. Nous avons vérifié la présence de 68 polluants toxiques et nous avons délibérément choisi une gamme de polluants — certains polluants que le corps absorbe surtout en respirant l'air et des polluants provenant de produits qui se trouvent dans nos maisons et dans nos bureaux.
Nous avons constaté que 48 des 68 produits chimiques toxiques étaient présents chez les personnes testées et, ce qui est peut-être encore plus choquant, dans de nombreux cas, pratiquement chaque famille de produits chimiques dont nous avons vérifié la présence a été détectée. Chez certains enfants, les niveaux de contaminants étaient plus élevés que chez leurs parents.
C'est certainement ce genre de mesure du succès ou, franchement, de mesure de l'échec, que votre comité devrait examiner pour évaluer le rendement de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Je pense qu'il convient de souligner que parmi les personnes de la ville de Sarnia en Ontario, y compris des personnes de notre collectivité des Premières nations, dans les limites de la ville de Sarnia, comme vous l'avez peut-être vu à une émission The National il y a quelques mois, la pollution est si grave que le rapport de masculinité des naissances est maintenant de deux filles pour un garçon. La pollution a en fait changé le rapport de masculinité des enfants nés dans cette collectivité.
Je blaguais avec quelqu'un avant mon exposé en disant que mon exposé sur l'évaluation du succès de la LCPE serait très bref, car franchement, je ne pense pas que cette LCPE puisse être considérée comme ayant eu beaucoup de succès. La loi n'atteint pas ses objectifs. Elle n'a pas été efficace pour prévenir la pollution ni pour réduire l'exposition aux produits toxiques. Nous croyons cependant qu'il est possible d'améliorer la LCPE.
Je voudrais vous parler rapidement de quatre questions qui, nous l'espérons, seront examinées par votre comité en vue d'améliorer la LCPE: les échéanciers, les produits de consommation, le fardeau de la preuve et l'écosystème des Grands Lacs et du Saint-Laurent.
Comme mon collègue l'a souligné, la LCPE stipule qu'il faut évaluer et gérer ces substances avec diligence et rapidité, et pourtant elle ne prévoit pas d'échéancier à des étapes importantes de ce processus, et cela permet aux produits chimiques de rester sur le marché alors qu'on n'en a pas terminé l'évaluation et que les données sont inadéquates à leur sujet. Il suffit de regarder le rendement du Canada par rapport à d'autres pays industrialisés. Par exemple, le PFOS est un produit chimique qui a pratiquement été interdit aux États-Unis en 2000, mais au Canada, il a fallu jusqu'en octobre 2004 pour commencer un évaluation, et cette évaluation n'est toujours pas terminée.
Le préambule de la LCPE reconnaît la nécessité d'éliminer virtuellement les substances toxiques persistantes et biocumulatives, mais le mécanisme dans la loi ne permet pas vraiment que cela se produise. Il y a des obstacles administratifs qui empêchent que cela se fasse, par exemple l'exigence d'évaluer le niveau mesurable le plus bas. C'est le genre de changement administratif qui, à notre avis, pourrait être apporté à la loi et qui pourrait faire une grande différence.
Selon ses fonctions administratives, la LCPE doit créer des normes uniformes, et pourtant, franchement, il existe des normes différentes lorsqu'on parle des produits de consommation. Comme M. Glover l'a souligné, les nouvelles substances qui arrivent sur le marché doivent répondre à un critère; 23 000 substances qui bénéficient essentiellement de droits acquis n'ont pas à répondre aux mêmes critères. Bon nombre de ces substances sont des cancérogènes connus, des neurotoxines connues et des modulateurs endocriniens connus. Elles sont toujours sur le marché. Elles sont présentes dans le corps des adultes et des enfants canadiens. Les changements au niveau de la réglementation de ces substances se font à un rythme que l'on peut qualifier de glacial.
Le critère du fardeau de la preuve en vue de démontrer l'innocuité d'une substance n'est pas appliqué de manière constante non plus. Franchement, nous craignons fort qu'en septembre prochain, Environnement Canada ne puisse terminer la catégorisation de ces 23 000 substances, car le gouvernement du Canada n'aura simplement pas les ressources, étant donné la façon dont les choses sont structurées à l'heure actuelle pour réglementer toutes ces substances. Nous estimons qu'il est juste, comme le font d'autres pays industrialisés, de demander à l'industrie de prouver que ces substances sont sûres avant de leur permettre de continuer à les utiliser sur le marché.
Enfin, examinons les points chauds de la pollution. Plus d'un tiers des Canadiens vivent dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Cette région est également la source d'environ 45 p. 100 des rejets de pollution atmosphérique au pays, de sorte que dans la région des Grands Lacs et dans le bassin du Saint-Laurent, nous avons une congruence entre un pourcentage élevé de population canadienne et une pollution très considérable. Nous estimons que sur le plan du rendement de l'investissement, il serait tout à fait logique d'avoir des exigences et des dispositions différentes pour les points chauds comme celui-ci en ce qui a trait à la pollution.
Permettez-moi de conclure en disant que je tiens à remercier le comité pour le soin et la diligence avec lesquels il fait cet examen. La Loi canadienne sur la protection de l'environnement est une loi compliquée et obscure. Au bout du compte, cet examen vise à améliorer cette loi, à améliorer notre cadre fédéral pour protéger la santé des enfants canadiens, à réduire le nombre de journée où il y a du smog dans nos villes et à nous assurer que le Canada commence à adopter des normes qui existent déjà aux États-Unis et en Europe pour être à la hauteur. C'est là le genre de résultats mesurables que nous espérons obtenir à la suite de cet examen, et je vous remercie beaucoup d'avoir entrepris un tel examen.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Bon après-midi à tous.
Des copies de mes notes vous seront distribuées d'ici un jour ou deux en anglais et en français. Je m'excuse, mais elles ne sont pas disponibles pour l'instant.
Je suis le docteur Isra Lévy. Je suis médecin en santé publique et chef des affaires médicales et directrice du bureau de la santé publique à l'Association médicale canadienne. Je suis ravie de participer à votre table ronde aujourd'hui et je vous remercie de m'avoir invitée. Je suis accompagnée de M. John Wellner, qui est directeur de la politique de la santé à notre organisation soeur, l'Association médicale de l'Ontario.
Bien sûr, la LCPE est un élément clé de la législation environnementale fédérale. Pour nous, à l'AMC, et pour les membres de l'AMO que nous avons en commun, c'est essentiellement une question de santé. Les médecins du Canada voient les audiences visant à mesurer le taux de succès de la LCPE essentiellement sous l'angle de l'impact sur notre pratique médicale et plus particulièrement sur nos patients, de sorte que pour nous, la mesure du succès qui compte, c'est simplement la bonne santé de nos patients.
Malheureusement, je dois vous dire que nous constatons encore tous les jours l'incidence négative de la dégradation de l'environnement sur la santé de beaucoup de nos patients. Nous somme donc heureux de participer à cet examen de la LCPE parce que, comme je l'ai dit, pour nous, la mesure des avantages sur le plan de la santé, c'est l'essentiel. Ces avantages en terme de santé et de résultat pour la santé peuvent évidemment se manifester à court ou à long terme, mais ceux qui sont attribuables à la réduction de l'exposition aux contaminants environnementaux constituent pour nous une mesure importante de notre santé en tant que nation.
Comme vous le savez, les résultats en matière de santé sont directement liés à l'environnement physique de bien des manières. Nous savons, depuis les crises de Walkerton, Collingwood, North Battlefort et dans beaucoup de localités des Premières nations, quelles peuvent être les conséquences catastrophiques de l'eau contaminée sur les personnes et les familles.
Nous savons, grâce aux études sur les effets du smog sur la santé effectuées par mon collègue à l'AMO, par Santé Canada et par d'autres aussi, que la crise de santé publique provoquée par la pollution de l'air est maintenant manifeste dans beaucoup de régions du Canada. C'est une crise; je n'utilise pas ce mot à la légère.
Nous en sommes maintenant au point où la science nous permet de discerner beaucoup plus clairement le fardeau à long terme sous forme de morbidité appliquée à toute la durée de la vie pour certains polluants. Nous savons maintenant que des milliers de décès prématurés sont causés par la pollution de l'air au Canada chaque année, par rapport à ce qui était admis antérieurement. Le Dr Khatter a évoqué certaines statistiques à ce sujet.
Nous apprenons que le Canada central n'est pas le seul endroit où se manifeste un problème de smog. L'AMO a montré, grâce à son modèle sur le coût de la pollution atmosphérique en termes de maladies, dont certains d'entre vous avez pris connaissance, qu'il est plausible de traduire ce problème en un coût considérable pour la santé et le portefeuille des Canadiens, à cause du risque environnemental dans l'ensemble du pays, pas seulement dans la partie centrale du Canada.
L'AMC a élaboré beaucoup de politiques environnementales pertinentes à la discussion d'aujourd'hui; elles sont énoncées dans mon texte. Je suis désolée que vous ne l'ayez pas sous les yeux aujourd'hui, mais il vous sera remis; nous pouvons assurément répondre à des questions sur ce document, aujourd'hui ou ultérieurement.
Je tiens toutefois à dire que les médecins comprennent que le succès d'une intervention peut être nuancé. Dans le cas des maladies, les médecins savent et acceptent que l'avantage d'un traitement n'est pas toujours la guérison du patient — parfois, nous pouvons seulement atténuer les symptômes ou ralentir le rythme du déclin. Mais en ce qui a trait à l'environnement physique qui est d'une importance tellement cruciale pour la santé humaine, nous soutenons humblement que nous ne pouvons pas accepter une solution palliative: nous devons viser collectivement la guérison.
Nous vous exhortons à vous engager à prendre des mesures pour assurer le succès en termes d'une véritable amélioration au lieu d'accepter simplement un léger ralentissement de ce que l'on considère parfois comme une augmentation inévitable de la contamination environnementale.
Le dossier de la réduction des émissions de gaz à effet de serre illustre parfaitement cet argument. Tout comme le fait de ralentir la progression d'une maladie ne pourra jamais être considéré comme une guérison, parler d'une augmentation inévitable des émissions et tenter seulement d'en limiter la croissance ne peut pas être considéré comme un véritable succès, quel que soit l'étalon de mesure.
Nous avons pris connaissance de communiqués annonçant de bonnes nouvelles sur le front environnemental de la part de divers organes fédéraux et gouvernements provinciaux, mais de notre point de vue, j'ai le regret de le dire, ces nouvelles ne sont pas toujours dignes de louanges.
Il est indéniable, nous avons obtenu dans le domaine de l'environnement certains succès éclatants dont nous avons tout lieu d'être fiers en tant que Canadiens. Mais si l'on tente de mesurer le succès global dans l'ensemble du dossier des contaminants, nous pouvons seulement dire que ce succès a été mitigé, c'est le moins que l'on puisse dire.
Par exemple, quand les décideurs politiques parlent de réduction des émissions industrielles dans un domaine quelconque, on entend parfois des expressions du genre « intensité des émissions »; il s'agit de la quantité d'émissions par unité de production, plutôt que de parler de la totalité des émissions. Si l'on veut être pertinent sur le plan de la santé, la seule manière utile de faire rapport d'une réduction des émissions, c'est de les présenter sous forme de valeur nette, et non pas, comme on le fait trop couramment, sous forme de valeur brute. La raison en est qu'une réduction des émissions émanant d'une source particulière peut seulement être pertinente pour la santé si nous pouvons garantir qu'il n'y a pas augmentation correspondante des émissions d'une autre source située tout près, parce que c'est l'exposition totale et absolue d'une personne qui influe sur le risque de conséquences négatives pour sa santé.
Cela devient particulièrement délicat quand il est question de polluants régionaux, par exemple les précurseurs du smog, parce qu'il faut prendre en compte la totalité du bassin atmosphérique. C'est pourquoi il est d'une importance cruciale que les initiatives de lutte contre la pollution soient prises conjointement par l'ensemble des instances d'un territoire donné. Au Canada, cela veut dire qu'il faut une supervision fédérale.
Pour nous, tel est justement l'objet de la LCPE. Cette loi donne au gouvernement fédéral le pouvoir et, j'ose le dire, l'obligation morale d'agir pour protéger la santé des Canadiens. Comme je l'ai dit, pour l'AMC et à notre avis pour la plupart des Canadiens, la véritable mesure du succès, ce sera une réduction de l'incidence des maladies associées à la pollution. Cela dit, il importe non seulement de mesurer l'atteinte de ce succès ultime, mais aussi de mesurer nos progrès vers l'atteinte de cet objectif.
Les maladies associées à l'environnement sont essentiellement le résultat combiné de l'exposition et de la vulnérabilité. Nous sommes vulnérables parce qu'en tant qu'êtres humains, chacun d'entre nous a des forces et des faiblesses sur le plan physique. Certaines vulnérabilités aux influences environnementales sont génétiques, d'autres sont le résultat de maladies préexistantes. Nous ne nous attendons pas à ce que vous, décideurs politiques ou responsables gouvernementaux, puissiez faire grand-chose à propos de cet élément de l'équation.
Notre exposition aux contaminants, par contre, est associée à l'air que nous respirons, à l'eau que nous buvons et aux aliments que nous mangeons. C'est là que la LCPE entre en jeu et c'est là que vous jouez un rôle critique et que les mesures du succès sont les plus importantes.
Comme je l'ai dit, les mesures-témoins des résultats doivent être pertinentes sur le plan de la santé. Le succès en matière de santé peut seulement être mesuré par des réductions quantifiables du niveau d'exposition aux contaminants dans l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons et les aliments que nous mangeons.
Dans ce contexte, le Canada a traditionnellement fait appel à des lignes directrices seulement pour les contaminants qui sont source d'inquiétude: des protocoles d'entente avec les pollueurs, des objectifs et des cibles facultatifs. Nos voisins américains préfèrent le modèle de mesures obligatoires: des normes, un contrôle rigoureux des émissions et des désignations en matière d'atteinte des objectifs de réduction de la pollution.
L'approche canadienne a peut-être bien certains mérites, mais nous avons clairement du retard dans certains domaines. Par exemple, dans bien des endroits aux États-Unis, les autorités locales au niveau du comté évitent désespérément la désignation de comté n'ayant pas atteint ses objectifs. Une telle désignation est fondée par exemple sur le fait que les objectifs fixés en matière de réduction du niveau de pollution de l'air ambiant n'ont pas été atteints. Un comté qui est désigné de la sorte risque de perdre des paiements de transfert fédéraux au titre de l'infrastructure. Les conséquences sont donc tangibles.
Au Canada, nous avons par exemple des normes pancanadiennes en ce qui concerne le smog, pour 2010. Mais, bien sûr, ce n'est pas exécutoire; il n'y a aucune pénalité si l'objectif n'est pas atteint; ces normes sont pleines d'échappatoires et des autorités peuvent toujours prétendre avoir subi une pollution transfrontière, et le régime permet aux provinces de s'en retirer à seulement trois mois de préavis.
Nous croyons qu'il faut être beaucoup énergique. Et pour les nombreux autres produits chimiques préoccupants, outre ceux qui sont énumérés dans la liste à titre de produits toxiques au regard de la LCPE, pour lesquels une action énergique est certainement justifiée, nous nous rendons compte que lorsque la preuve n'est pas faite, il faut adopter l'approche de précaution. Nous croyons qu'il y a beaucoup de produits chimiques préoccupants pour lesquels il faudrait adopter une telle approche de précaution qui serait appliquée beaucoup plus rigoureusement.
Bien que les renseignements sur l'environnement présentés dans le rapport sur l'état de l'environnement soient utiles, par exemple les niveaux de pollution ambiante ou l'indice de qualité de l'air, et que cela aide les Canadiens à réduire leurs expositions, en définitive, ce n'est pas suffisant.
L'AMC considère que le véritable succès consisterait à aller plus loin que simplement rapporter le danger, il faudrait réellement le réduire. Nous considérons que c'est l'objet de la LCPE et c'est la raison pour laquelle nous nous faisons un plaisir de travailler en collaboration avec vous pour améliorer la LCPE et pour que les mesures prises pour améliorer l'efficacité de la LCPE seront bénéfiques pour la santé de nos patients dans l'ensemble du Canada.
Je vous remercie.
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Merci. C'est une bonne question, mais malheureusement, la réponse n'est pas simple.
Selon nous, le grand défi est une question de partenariat entre plusieurs parties des deux ministères.
[Traduction]
Lorsqu'il s'agit de mesurer la performance, le défi provient du fait que la LCPE est un texte législatif très vaste. Environnement Canada et Santé Canada se partagent cette responsabilité, qui est répartie dans les différentes sections de ces ministères.
[Français]
Dans chaque ministère, il y a diverses sections ayant chacune des responsabilités très spécifiques.
[Traduction]
Dans notre évaluation, nous essayons de nous montrer transparents en ce qui concerne nos activités et la façon dont les mesurons.
Au fur et à mesure que nous rédigions le rapport, nous nous sommes rendus compte que pour les nouvelles substances, il existait des préoccupations concernant la loi et ce qui y est stipulé à propos des nouvelles substances. Il existe également certaines préoccupations à propos ce qu'il faut faire concernant les substances existantes. Au chapitre de l'alimentation et des médicaments, il y a également des inquiétudes.
[Français]
Alors, chaque section d'un ministère a ses responsabilités et ses mesures de succès, ce qui est naturel.
[Traduction]
Quels sont les éléments importants à prendre en compte afin de mesurer le succès? Nous nous sommes rendus compte que lorsqu'on rassemblait ces éléments, nous n'obtenions pas une image cohérente.
[Français]
Donc, en général, il manque un cadre.
[Traduction]
Plus précisément, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous pouvions mesurer des opérations individuelles. Mais y avait-il un cadre partagé utilisé par tous pour mesurer le succès lorsque toutes ces opérations étaient rassemblées? C'est l'une des leçons que nous avons tirée.
[Français]
Grâce à ce rapport, nous apprenons des choses. Notre réponse est qu'il est nécessaire de développer un cadre pour toutes les parties impliquées et pour les deux ministères.
[Traduction]
Nous travaillons à la mise au point d'un cadre partagé qui nous permettra d'établir les mêmes mesures de succès dans les différentes sections d'un même ministère et dans les deux ministères.
[Français]
J'espère que cela répond à votre question.
:
Merci. J'aurais deux ou trois petites remarques à faire.
Tout d'abord, le gouvernement fédéral n'évalue pas ce qu'il faut. Je vous donne deux exemples: les tendances et la biosurveillance. Nous avons déjà parlé de la biosurveillance. Pour autant que je sache, mon organisation, Défense environnementale, a publié l'étude de biosurveillance la plus ambitieuse au pays jusqu'à présent. Il est quand même étonnant que les États-Unis et divers pays européens aient fait subir des tests à des centaines de citoyens mais qu'au Canada, il incombe à un organisme de charité et non pas au gouvernement fédéral de faire ce travail.
Deuxièmement, en ce qui concerne le tendances, au cours des dernières années, Pollution Watch, un projet que mène mon organisation avec l'Association canadienne du droit de l'environnement, a publié les analyses les plus complètes des tendances en matière de pollution au pays. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui a publié ces données, mais bien nos organisations.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec M. Moffett. En général, les tendances sont négatives, c'est-à-dire que la pollution est à la hausse au pays. D'ailleurs, nous n'avons pas besoin de publier des données très poussées pour convaincre les habitants de Toronto, qui vivent dans le smog de plus en plus souvent chaque année, les Montréalais, qui connaissent plus de journées de smog que jamais auparavant, ou les habitants de la vallée du Fraser. Les Canadiens constatent chaque jour que la qualité de l'air se détériore. Mais je peux vous donner des statistiques. Entre 1995 et 2003, si on compare des pommes à des pommes — c'est-à-dire, si on ne compare que les produits chimiques qui ont fait l'objet de rapports chaque année et si vous ne tenez compte que des installations qui ont présenté un rapport chaque année pendant cette période — on constate que la pollution à l'échelle du pays a augmenté de 12 p. 100.
Pour comparer des pommes à des pommes, encore une fois, nous avons voulu adopter une autre méthode et nous avons comparé les installations canadiennes se trouvant du côté canadien des Grands Lacs aux installations semblables se trouvant du côté américain. Le Dr Khatter nous a déjà dit que nous rejetons 93 p. 100 de plus de substances potentiellement cancérigènes par usine. Alors, que l'on mesure la pollution en fonction du nombre de jours de smog ou qu'on la mesure en fonction des résultats des rapports de l'INRP chaque année, qu'on la mesure en fonction de la quantité de polluants dans notre sang, la pollution empire au Canada.
:
Me donnez-vous la permission de corriger quelque chose que j'ai mentionnée plus tôt? Ma statistique de 93 p. 100 que j'ai citée portait en réalité sur des cancérogènes. En ce qui concerne les cancérogènes connus, nous devons tenter de comparer des pommes avec des pommes de chaque côté des Grands Lacs, et selon notre évaluation, les établissements canadiens produisent 93 p. 100 de plus de pollution. Il s'agit en fait d'une série de produits chimiques beaucoup moins importants que ce dont M. Moffet a parlé.
Vous avez fait référence aux produits chimiques contenus dans les produits de consommation; dans ce domaine, la LCPE comporte des lacunes. Je peux vous énumérer une liste de produits chimiques que l'on retrouve dans des produits d'usage courant à la maison; en fait, le Canada prend de plus en plus de retard par rapport au reste du monde à cet égard.
Mon fils a des petits jouets pour le bain — des canards en caoutchouc et d'autres petits animaux. Les produits chimiques utilisés pour que ces jouets demeurent souples sont appelés des phthalates. Il s'agit d'un exemple de produits chimiques que l'Europe est en train, à l'heure actuelle, d'éliminer; ces produits chimiques sont également une source de préoccupation pour d'autres gouvernements dans le monde; au Canada, aucune mesure n'a été prise, ou presque.
Des produits ignifuges contenant du brome sont appliqués sur de nombreux meubles rembourrés et sont présents dans de nombreux ordinateurs. Encore une fois, des gouvernements de partout dans le monde prennent des mesures; au Canada, très peu de mesures ont été prises jusqu'à tout récemment.
Je pourrais énumérer une liste de produits chimiques qui sont présents dans vos vêtements ou dans la chaise sur laquelle vous êtes assis. Dans ce domaine en particulier, le gouvernement fédéral a pris du retard par rapport au reste du monde, pour ce qui est de l'évaluation des risques et de l'attention qui est accordée à ces substances.
En fait, laissez-moi vous dire que ces deux dernières années, en réponse à une question que nous avons posée directement au gouvernement fédéral, à savoir si ces éléments sont même couverts par la LCPE, nous avons reçu deux réponses différentes — tout à fait différentes. Il y a quelques années la réponse était non; récemment la réponse était oui.
Je suggérerais, à tout le moins, que le comité se penche sur cette question et évalue la mesure dans laquelle ces éléments sont couverts par la LCPE — ou ne le sont pas. Cet aspect doit, à tout le moins, être clarifié.