:
C’était une très brève déclaration préliminaire. Merci beaucoup.
Merci, monsieur le président.
Merci de votre participation. Monsieur le président, j'espère que les représentants du ministère des Finances pourront rester parmi nous tout au long de la session de deux heures ce matin, tout comme leurs homologues du ministère de l'Environnement ont gentiment accepté de le faire hier. Les représentants de Santé Canada viendront se joindre à nous très bientôt.
Nous espérons que vous pourrez rester avec nous pendant les deux heures. Vous pouvez peut-être nous faire part de vos réflexions avant que je commence à poser des questions, si possible.
[Français]
Monsieur Gauthier, j'ai posé plusieurs questions hier aux cadres d'Environnement Canada, à savoir si oui ou non l'analyse économique avait été réalisée avant que le plan paraisse officiellement et soit annoncé par le ministre de l'Environnement.
[Traduction]
Vous pouvez peut-être nous aider à comprendre, encore une fois. À la fin du mois d'avril, le a expliqué que la mise en œuvre de son plan de réduction des émissions coûtera à la population canadienne environ huit milliards de dollars annuellement. L'information qu’on nous a fournie indique que même avant que le plan ne soit annoncé, les fonctionnaires du ministère des Finances ne voulaient pas participer à l'analyse économique du projet de loi que le ministre a présenté au comité sénatorial. Les fonctionnaires du ministère des Finances ont refusé de participer à ces calculs et n’ont pas accepté de justifier ou de confirmer les chiffres proposés par le ministre à cette réunion particulière.
Vous vous rappellerez qu’il s’agissait de la réunion où le ministre a annoncé que le respect du Protocole de Kyoto coûterait 4 000 $ par famille. Si vous ne vous en souvenez pas, c'était bien le montant cité. Étrangement, c'est exactement la même chose que Preston Manning nous avait dit, il y a presque 10 ans aujourd’hui, lorsqu'il s'est levé en Chambre et qu’il a déclaré que pour se conformer au protocole de Kyoto, il en coûterait 4 000 $ par famille; nous nous sommes alors demandés si le ministre avait ou non effectué le rajustement en fonction de l'inflation.
Pouvez-vous nous parler de la participation du ministère des Finances à l'analyse économique qui a été effectuée? On nous a dit qu'un modèle solide avait été établi. Nous n'avons pu obtenir de détails. Nous ne savons même pas si le ministère de l'Environnement est en mesure d'établir de tels modèles. Pouvez-vous nous aider à comprendre le rôle de Finances Canada en ce qui concerne l'établissement de ces chiffres, et particulièrement, du coût annuel de huit milliards de dollars? Avez-vous participé à l’établissement de ces chiffres? Votre ministère a-t-il fourni un modèle économétrique ou un autre modèle quelconque?
:
Merci de m’avoir invitée, monsieur le président.
Je suis sous-ministre adjointe de la Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs à Santé Canada, et à ce chapitre, une de mes responsabilités concerne l’impact environnemental sur la santé. C’est à ce titre que je suis ici aujourd’hui.
[Français]
C'est avec plaisir que je viens parler au comité du rôle de Santé Canada dans le plan du gouvernement du Canada relativement aux changements climatiques.
[Traduction]
Avec votre permission, je vais parler quelques minutes, non seulement des changements climatiques mais aussi des questions concernant la pollution atmosphérique et les produits chimiques, qui s’y rattachent étroitement et qui sont inextricablement liées sur le plan de la santé. Sans l’ombre d’un doute, l’environnement est un facteur clé de la santé. Notre bien-être dépend de la qualité de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons, des aliments que nous consommons, et de la sécurité des produits, chimiques ou autres, que nous utilisons. Ces bases de notre vie quotidienne sont menacées actuellement par les changements qui affectent notre climat.
[Français]
Nous savons bien que les changements climatiques sont déjà amorcés dans le monde entier.
[Traduction]
Nous avons constaté des exemples du genre d’événements que les changements climatiques rendront plus fréquents, comme la chaleur extrême, les vagues de froid et d’autres phénomènes météorologiques violents que nous avons pu observé au cours des dernières années. Mentionnons, entre autres, la tempête de verglas de 1998 dans l’est du Canada, qui a fait 28 morts, 945 blessés et occasionné l’évacuation de quelque 600 000 personnes. Chaque année, dans toutes les régions du pays, nous enregistrons des phénomènes météorologiques extrêmes qui affectent notre vie, notre santé et nos moyens de subsistance.
L’ampleur des effets des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les tempêtes, la chaleur excessive, la sécheresse et les inondations, n’est pas bien consignée ou bien comprise. Nous savons, toutefois, que nous pouvons mieux nous préparer afin d’atténuer ces effets et que nous devons nous occuper particulièrement des personnes les plus vulnérables au sein de notre population. Ce sont souvent des personnes dont la santé ou le système immunitaire est compromis : personnes âgées, malades, jeunes enfants.
Même si la façon dont le climat peut affecter la santé est complexe, bon nombre des relations et des effets sont bien documentés partout dans le monde par des chercheurs réputés et des organisations reconnues comme l’Organisation mondiale de la Santé. Bien qu’elle constitue un champ de recherche relativement nouveau, l’étude des effets particuliers sur la santé des Canadiens a progressé de façon importante parallèlement à celle des répercussions globales des changements climatiques sur l’environnement et la société.
[Français]
Il reste néanmoins beaucoup d'éléments inconnus. Notamment, on ne sait pas qui, dans notre population, sont les personnes le plus exposées, le contexte dans lequel ces vulnérabilités se manifestent et la façon dont il faut adapter nos comportements et nos pratiques en matière de santé publique afin d'en atténuer les effets.
[Traduction]
Nous travaillons également à mieux comprendre la façon dont le climat agit sur l’environnement de manière moins directe et quels peuvent être ces effets sur la santé. Par exemple, des variables climatiques comme les températures, les vents, l’humidité et les précipitations influent sur les processus environnementaux, tels que les réactions chimiques qui causent la pollution atmosphérique, le transport de contaminants chimiques dans l’atmosphère, ainsi que la survie et la reproduction de certains agents pathogènes à l’origine de maladies d’origine hydrique ou alimentaire, ou véhiculées par les insectes.
Une bonne partie des recherches effectuées par Santé Canada et d’autres organisations au Canada et à l’échelle internationale démontrent le lien qui existe entre ces variables climatiques, surtout la température et les précipitations, et des groupes de maladies comme les affections cardiorespiratoires, cardiovasculaires et gastro-intestinales.
En 2003, Santé Canada a publié, de concert avec l’Organisation mondiale de la Santé, un rapport fournissant aux chercheurs, aux autorités sanitaires et aux gouvernements nationaux une orientation sur la façon d’évaluer l’impact du changement climatique sur la santé. Peu de temps après, le ministère a entrepris d’évaluer ses propres capacités au Canada permettant de faire face et de s’adapter aux futurs changements climatiques et aux répercussions sur les politiques et les pratiques des autorités sanitaires à tous les échelons de gouvernement. Ce rapport, que Santé Canada prévoit publier à l’automne, constituera une étape importante pour nous en tant que pays et un exemple pour le reste du monde.
[Français]
Santé Canada n'est pas seul à faire progresser le savoir et les solutions relativement à cet enjeu.
[Traduction]
L’Agence de santé publique du Canada modélise, par exemple, la propagation de la maladie de Lyme en rapport avec les changements climatiques afin de mieux comprendre les risques potentiels courus par les Canadiens.
Comme je l’ai mentionné au début de mes observations, dans le contexte de la santé, la pollution de l’air et les produits chimiques sont étroitement liés aux changements climatiques, et j’aimerais traiter brièvement de ce sujet.
Ma collègue Cécile Cléroux vous a parlé de l’importance de résoudre les problèmes des changements climatiques et de la qualité de l’air ensemble, du fait qu’ils ont généralement les mêmes causes. Les deux questions sont également liées en ce qui concerne leur impact sur la santé. En agissant sur les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques, nous pouvons apporter des avantages aux Canadiens en ce qui concerne la santé dans l’immédiat et à long terme.
Lorsqu’on élabore une politique publique, on espère toujours réduire au minimum le compromis entre les coûts et les avantages, maintenant et par la suite. Pourtant, nous savons tous que cet équilibre n’est pas facile à établir et qu’il n’est pas simple de repérer les risques et les avantages. Heureusement, nos connaissances au sujet des répercussions des polluants atmosphériques sur la santé nous permettent d’obtenir des avantages maintenant et par la suite.
De nombreuses études nous indiquent que la gamme d’effets sur la santé en termes d’aggravation des maladies cardiovasculaires et respiratoires augmente immédiatement après un épisode de smog. D’autres études ont démontré qu’on vit plus longtemps dans les collectivités moins polluées.
Ces effets pouvant être observés même en cas de légère augmentation de la pollution atmosphérique et dans des collectivités relativement propres, il est pertinent, à la lumière des données scientifiques dont nous disposons, de fixer des objectifs visant la réduction des émissions polluantes dans l’ensemble du pays, car le risque pour la santé peut être réduit chaque fois qu’on améliore la qualité de l’air. Les retombées pour la santé sont essentiellement immédiates.
[Français]
Le concept selon lequel il ne faut agir que lorsque la pollution atmosphérique atteint un niveau particulier est dépassé. En appliquant des règlements nationaux en matière d'émissions dans l'ensemble du pays, le gouvernement fédéral produira des avantages pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens.
[Traduction]
Les recherches ont permis d’évaluer les avantages pour la santé qui découleront de la mise en œuvre du plan du gouvernement d’ici 2015. Parmi ces avantages, mentionnons la réduction des décès, du nombre d’admissions à l’hôpital et des crises d’asthme. En utilisant des méthodes économiques pour évaluer ces avantages, Santé Canada a estimé que d’ici 2015, leur valeur sera d’environ 6,4 milliards de dollars. De cette façon, les avantages pour la santé découlant de la réduction de la pollution atmosphérique se classent dans la même fourchette globale que les coûts économiques estimatifs. Ainsi, à court terme, la stratégie de réduction des émissions de GES est contrebalancée par les avantages découlant de la réduction de la pollution atmosphérique.
À la longue, l’action mondiale en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre aura d’importants avantages pour la santé partout dans le monde, mais ils mettront du temps à se manifester. Tout comme il a fallu longtemps avant de constater l’impact de l’augmentation des émissions des dernières décennies sur les températures globales, ainsi, il faudra du temps pour ralentir cette hausse et inverser la tendance. Plus important encore, quoi que nous fassions, les changements climatiques auront des effets sur la santé des Canadiens au cours des prochaines décennies, et un certain délai s’écoulera avant que les avantages de la réduction des émissions se manifestent. Toutefois, à court terme, nous pouvons être assurés que l’action combinée sur les polluants atmosphériques et le changement climatique procurera des avantages pour la santé qui rendront notre société plus vivable.
[Français]
Nous savons déjà que notre climat influe de diverses manières sur notre santé et que nous pouvons accroître la protection que nous assurons aux segments de la population auxquels certains types de conditions météorologiques causent déjà des difficultés.
[Traduction]
Nos efforts en vue de réduire les gaz à effet de serre sont fondamentaux. Mais nous reconnaissons également que nous ne constaterons pas de si tôt les résultats de ces efforts. Nous devons donc fournir aux Canadiens les moyens de faire face aux changements climatiques.
Tout comme il est important d’aborder ensemble les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre, il importe de s’occuper d’autres facteurs de la salubrité de l’environnement parallèlement à ces questions. L’un d’eux est la qualité de l’air intérieur. Jusqu’ici, la plus grande partie de l’attention a été concentrée sur la pollution de l’air extérieur, mais il est important de se rappeler que nous, les Canadiens, vivons à l’intérieur. De fait, nous passons 90 p. 100 de notre temps à l’intérieur.
Dans l’environnement bâti où nous vivons, travaillons, allons à l’école et jouons, nous sommes exposés à toutes sortes de contaminants tels que les moisissures en suspension qui prolifèrent en présence d’une humidité excessive, les émanations toxiques des produits d’entretien ménagers et des matériaux de construction, ainsi que les émanations de monoxyde de carbone des appareils à l’huile et au gaz munis d’un dispositif d’aération inefficace. Ces contaminants de l’air intérieur, et il y en a d’autres, peuvent causer ou exacerber divers malaises, dont l’asthme, les infections respiratoires et les allergies.
[Français]
Santé Canada prend des mesures pour aborder le problème de l'air intérieur.
[Traduction]
En présentant son Programme d’assainissement de l’air l’automne dernier, le gouvernement s’est engagé, en partenariat avec les provinces et les territoires, à établir une liste des principaux polluants de l’air intérieur qui donnera lieu à l’établissement de lignes directrices et d’autres mesures visant à protéger la santé des Canadiens contre ces polluants.
Une autre mesure clé visant à améliorer la santé et l’environnement est le plan de gestion des produits chimiques. Annoncé en décembre dernier, ce plan novateur élaboré par Santé Canada et Environnement Canada a été conçu pour mettre en place une gestion sécuritaire des substances chimiques.
Les produits chimiques sont naturels et, pour la plupart, inoffensifs. Grâce à notre ingéniosité, nous avons trouvé les moyens de manipuler les produits chimiques afin d’améliorer notre qualité de vie, d’accroître la production des aliments et de guérir les maladies. Toutefois, certains produits chimiques sont dangereux et peuvent le demeurer longtemps. Dans le cadre de son plan, le gouvernement prendra des mesures immédiates et décisives relativement à cinq catégories de produits chimiques, notamment en interdisant un grand nombre de ceux-ci. Nous avons également commencé à évaluer quelque 200 produits chimiques qui ont été signalé comme étant à risque élevé. Il incombe à l’industrie de prouver qu’elle peut utiliser ces produits de façon saine et sûre.
En conclusion, les changements climatiques sont une question importante pour Santé Canada. J’espère que mes observations vous auront informés sur la façon dont nous relevons le défi dans le cadre de notre mandat ministériel et en tant qu’intervenant clé dans la mise en œuvre du plan d’action du gouvernement pour l’environnement. Mais en termes clairs, notre rôle consiste à fournir des preuves scientifiques concernant l’impact sur la santé et les avantages d’une réduction de cet impact.
[Français]
Les preuves scientifiques, tout autant que les renseignements que nous recevons des Canadiennes et des Canadiens, nous disent l'importance de cette démarche.
[Traduction]
Les mesures prises dans l’immédiat dans le cadre du programme d’assainissement de l’air et du plan de gestion des produits chimiques influenceront et compléteront les travaux que nous effectuons actuellement sur les effets du changement climatique sur la santé. Selon nous, ces initiatives, ensemble, constituent le fondement de la protection de la santé des Canadiens contre les contaminants de l’environnement, maintenant et à l’avenir.
[Français]
Je vous remercie.