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Bonjour. La séance est ouverte.
Bienvenue à la septième séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son examen du Code régissant les conflits d'intérêts des députés.
Je souhaite rappeler à tous les participants qu'aucune saisie d'écran ou photo de leur écran n'est autorisée. Compte tenu de la pandémie actuelle, toutes les personnes qui assistent à la réunion en personne doivent respecter les lignes directrices en matière de santé publique. Comme personne ne se joint à nous pour la première fois, je ne m'attarderai pas à préciser comment maximiser notre temps avec nos invités.
Je vais demander que tous les commentaires et toutes les réponses passent par la présidence. Plus ce sera le cas, moins je vous interromprai, et nous pourrons alors maximiser notre temps ensemble.
Nous accueillons aujourd'hui notre greffier, M. Charles Robert, ainsi que notre légiste, M. Philippe Dufresne.
Vous disposez de 10 minutes pour faire votre déclaration préliminaire. Je vous cède donc la parole.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis ici aujourd'hui en compagnie de Philippe Dufresne, légiste et conseiller parlementaire, afin de participer à l'examen du Code régissant les conflits d'intérêts des députés que réalise votre comité.
Entre autres privilèges parlementaires, la Chambre des communes a le droit exclusif de réglementer ses affaires internes. À ce droit, ainsi qu'à celui de bénéficier de la présence et des services des députés, est étroitement lié le droit de prendre des mesures disciplinaires à l'encontre de députés qui se conduisent mal.
La conduite des députés est régie en partie par le Code régissant les conflits d'intérêts des députés, qui figure à l'annexe I du Règlement de la Chambre. L'adoption du Code découle de l'exercice, par la Chambre, de son droit exclusif de réglementer ses affaires internes, comme je l'ai déjà indiqué.
Par ailleurs, le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique s'acquitte de ses fonctions dans le cadre de l'institution de la Chambre des communes. Il possède les privilèges et les immunités de la Chambre et des députés lorsqu'il s'acquitte de ses fonctions au titre du Code et de la Loi sur le Parlement du Canada.
[Traduction]
Si, au terme d'une enquête menée en vertu du Code, le commissaire conclut qu'un député a délibérément contrevenu aux obligations en matière de conflits d'intérêts prévues dans le Code, il peut recommander l'application des sanctions appropriées. Le député est alors assujetti aux pouvoirs disciplinaires de la Chambre, si la Chambre décide de prendre des mesures.
L'Administration de la Chambre a étudié le Code, et nous y avons trouvé quelques éléments d'ordre procédural et juridique sur lesquels le Comité pourrait se pencher dans le cadre de son examen approfondi.
Je cède maintenant la parole à mon collègue Philippe Dufresne, qui expliquera au Comité les recommandations et les observations de l'Administration de la Chambre.
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Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que mesdames et messieurs les membres du Comité.
En tant légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes, je suis heureux d'être ici avec les membres du Comité pour répondre à leurs questions concernant le sujet d'aujourd'hui.
Comme l'a mentionné le greffier de la Chambre des communes, l'Administration de la Chambre a étudié le Code, et y a trouvé quelques éléments d'ordre procédural et juridique sur lesquels le Comité pourrait se pencher dans le cadre de son examen.
Premièrement, l'article 28 du Code régissant les conflits d'intérêts des députés porte sur le traitement réservé à un rapport d'enquête du commissaire à la Chambre des communes.
Il est entendu que les éléments de cet article continuent de s'appliquer en dépit d'une prorogation ou d'une dissolution du Parlement, ce qui peut soulever certaines questions quant aux échéances établies dans le Code. Pensons tout particulièrement au droit de faire une déclaration dans les 10 jours de séance suivant le dépôt du rapport d'enquête et au délai de 30 jours de séance pour soumettre le rapport du commissaire à une décision à la Chambre.
Le Comité voudra peut-être envisager la possibilité que ces échéances recommencent à zéro lors d'une nouvelle législature. Cela donnerait au député visé par un rapport l'occasion de faire une déclaration à la Chambre aux députés qui, ultimement, se prononceront sur le rapport, par opposition aux députés de la législature précédente.
Il y a une autre question. Il y aurait peut-être lieu de se demander si, et comment, les dispositions du Code pourraient être adaptées quant au traitement réservé à un rapport d'enquête concernant une personne qui n'est plus député au moment où la Chambre examine le rapport; par exemple, si le député a démissionné ou n'a pas été réélu à la suite d'une dissolution.
Notons que le Code de conduite pour les députés de la Chambre des communes: harcèlement sexuel entre députés prévoit des dispositions à cet égard.
[Traduction]
Deuxièmement, il pourrait être intéressant de clarifier le processus lié au débat à la Chambre sur un rapport d'enquête du commissaire. Dans le cas d'un rapport qui conclut que le député a manqué à ses obligations, le Code prévoit un débat d'au plus deux heures au cours duquel chaque député peut prendre la parole une seule fois, pour une durée maximale de 10 minutes. Toutefois, lorsque le commissaire conclut que le Code n'a pas été enfreint, le débat sur le rapport d'enquête n'est pas assujetti à pareille limite de temps et le Code est muet quant à la participation des députés au débat, ce qui peut avoir comme conséquence imprévue un débat plus long. Le Comité voudra peut-être se pencher là-dessus et évaluer s'il existe des raisons valables de traiter ces types de rapport différemment à la Chambre.
Le Comité souhaitera peut-être également se pencher sur l'effet de l'adoption par la Chambre d'un rapport d'enquête du commissaire qui renferme des recommandations. Aux termes du Code, le commissaire peut recommander, dans son rapport d'enquête, l'application des sanctions appropriées lorsqu'il conclut que le député a contrevenu au Code. Le commissaire peut aussi formuler dans le rapport d'enquête des recommandations générales concernant le Code.
Afin d'éviter toute ambiguïté à savoir si les recommandations formulées par le commissaire dans un rapport deviennent ou non automatiquement des ordres de la Chambre à la suite de l'adoption du rapport, le Comité voudra peut-être vérifier si les dispositions sur l'effet de l'adoption d'un rapport du commissaire à la Chambre ont besoin d'être précisées.
[Français]
Enfin, les articles 31 et 31.1 du Code pourraient donner l'impression que les documents reçus par le commissaire dans l'exécution de son mandat au titre du Code, y compris dans le cadre d'une enquête, peuvent devoir être produits suivant l'ordonnance d'un tribunal.
Étant donné que le mandat du commissaire est ancré dans le privilège parlementaire et que le commissaire jouit des mêmes privilèges que la Chambre lorsqu'il s'acquitte de ses fonctions au titre du Code, la production de documents du commissaire ne pourrait pas être ordonnée par les tribunaux, et ces dispositions du Code pourraient susciter des questions quant à l'intention de la Chambre de limiter ou non ses privilèges à cet égard.
Il convient de signaler que les délibérations d'un comité ou du Bureau de régie interne portant sur la conduite d'un député sont exemptées, en tant que délibérations parlementaires, de toute obligation de communication à un tribunal ou à un autre organisme et ne sont pas admissibles en preuve en raison du privilège parlementaire. La même logique devrait sans doute s'appliquer aux travaux du commissaire. Si le Comité souhaite étudier la question, il pourrait vouloir connaître le point de vue et les expériences antérieures pertinentes du commissaire.
[Traduction]
Dans un autre ordre d'idées, en octobre 2018, le commissaire a publié un avis consultatif sur les services de stagiaires offerts gratuitement aux députés par des tierces parties. Dans cet avis, le commissaire a indiqué que les stagiaires dont les services sont offerts aux députés gratuitement par une tierce partie « ne sont pas bénévoles » selon le Code régissant les conflits d'intérêts des députés, car ils reçoivent une allocation ou sont rémunérés par l'organisation qui les a placés. Par conséquent, le commissaire a conclu que ces services constituaient un « avantage » au sens du Code, c'est‑à‑dire tout service ou tout bien, s'ils sont fournis sans frais ou à un prix inférieur à leur valeur commerciale, autre qu'un service fourni par un bénévole travaillant pour le compte d'un député.
En somme, de l'avis du commissaire, il n'est pas acceptable pour un député de se prévaloir des services de stagiaires offerts gratuitement par une tierce partie si, selon le cas: l'organisation qui place le stagiaire est inscrite pour faire du lobbying auprès de la Chambre des communes; le député entretient ou prévoit entretenir, maintenant ou à l'avenir, des rapports officiels avec l'organisation qui place le stagiaire.
Le commissaire a ajouté que même s'il est acceptable que les députés acceptent gratuitement les services de stagiaires fournis par des organismes tiers, ils doivent tout de même « déclarer l'avantage dans les 60 jours suivant le début du stage ».
À sa réunion du 6 décembre 2018, le Bureau de régie interne s'est penché sur l'avis consultatif du commissaire. Dans une lettre adressée au commissaire en date du 21 décembre 2018, j'ai indiqué qu'à mon avis, les services de stagiaires offerts dans le cadre du Programme de stage parlementaire respectaient le Code conformément à l'avis consultatif du commissaire, à la condition que, d'une part, il soit peu probable que le député qui accueille un stagiaire entretiendra des rapports officiels avec l'organisation et que, d'autre part, le député déclare bénéficier de ce service dans les 60 jours suivant le début du stage, comme le prévoit le paragraphe 14(3) du Code. J'ai aussi Programme de stage parlementaire et à appuyer son mandat.
Dans le cadre de son examen, le Comité pourrait vouloir déterminer si — et dans quelle mesure — la prestation gratuite de services de stagiaires aux députés, telle qu'elle existait avant octobre 2018, devrait être autorisée en vertu du Code.
En outre, lorsqu'il a comparu devant le Comité la semaine dernière, M. Mario Dion, commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, a présenté six recommandations relatives à des modifications possibles du Code. Nous n'avons pas d'observations précises à formuler au sujet des recommandations, mais nous serons heureux de répondre aux questions que le Comité pourrait avoir en ce qui a trait à leurs incidences éventuelles pour les députés.os questions sur les répercussions qu'elles pourraient avoir pour les députés.
Je remercie le Comité de son invitation. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Par votre entremise, je remercie nos témoins de comparaître aujourd'hui pour nous aider dans notre examen du Code.
Par votre entremise, madame la présidente, je m'adresse à monsieur Dufresne. Monsieur, vous avez mentionné avoir examiné les recommandations formulées par le commissaire la semaine dernière et ne pas avoir de recommandations précises. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'observer ou de relire la transcription de notre réunion. Il y a eu beaucoup de discussions sur deux points en particulier, et je me demande si, par l'entremise du président, vous pourriez nous faire part de votre interprétation ou de votre recommandation.
La première concerne la définition de « famille ». On a beaucoup discuté de cette définition. Si elle s'applique aux cousins germains, par exemple, ou aux nièces et aux neveux, nous pouvons voir que plus on extrapole, plus les défis seront nombreux pour les députés, même s'ils veulent se conformer à l'esprit du Code et ne peuvent le faire. De plus, je pense que l'un des députés a soulevé la question quant à son frère; il n'est pas à l'aise de demander à son frère de divulguer ses transactions financières ou ses intérêts personnels. De ce fait, il serait difficile de dire que les agissements de son frère ont un impact sur sa capacité de faire son travail. De toute évidence, il faut plus de clarté. Il faut que ce soit clair.
Par ailleurs, si vous avez un moment, j'aimerais que vous nous parliez d'autre chose, à savoir la question du seuil. On parlait d'un seuil de 30 $, de 50 $, de 170 $ pour un tableau ou jusqu'à 200 $, pour savoir si c'est acceptable ou non. Le contexte était celui des cadeaux de gens qui faisaient du lobbying auprès de nous ou qui avaient un billet pour assister à un événement ou manger lors d'une réception. Je pense qu'il est vraiment important que nous ayons des règles solides qui assurent l'intégrité des députés et leur capacité de s'acquitter de leurs fonctions de parlementaires, mais nous devons mettre les députés sur la voie de la réussite, à titre de personnes qui veulent respecter l'esprit des règles et être transparentes. Nous ne voulons pas seulement prendre les gens en défaut. Je pense que c'est important.
Pour ce qui est du seuil pour les cadeaux, et aussi pour ce qui est de la famille, j'aimerais savoir ce que vous conseillez au Comité, par l'entremise de la présidente, en fonction de nos discussions jusqu'à maintenant.
Par votre entremise, madame la présidente, en ce qui concerne la question dans son ensemble, je pense qu'il est important de tenir compte du rôle des députés dans l'examen de toute recommandation ou de tout changement éventuel, de la nature du rôle des députés et les répercussions de toute augmentation des obligations et des suivis nécessaires. Que signifieront ces changements? Seront-ils réalisables et justifiés par rapport au problème qu'ils sont censés aborder?
Pour ce qui est de la définition de « membres de la famille », le commissaire a indiqué que l'objectif était, si j'ai bien compris, d'harmoniser la définition avec celle que le Bureau de régie interne a adoptée. Je pense qu'il est important d'examiner l'objectif et l'impact de la définition. Le règlement du Bureau de régie interne à l'intention des députés traite de choses différentes, tout comme la Loi sur les conflits d'intérêts traite des ministres. Le Bureau de régie interne a adopté une définition large de « proche famille » afin d'indiquer les personnes auxquelles un député peut accorder un contrat et celles qu'il ne peut pas embaucher. L'obligation incombe au député.
En ce qui concerne le Code, il y a d'autres obligations, comme vous l'avez dit, en matière de divulgation — la divulgation des actifs financiers et ainsi de suite. Une définition aussi large aurait des répercussions différentes et plus vastes. Je crois comprendre que la recommandation du commissaire ne vise que la promotion des intérêts d'une personne. Si le Comité décide de l'adopter, il devra s'assurer qu'elle n'est pas élargie à des fins qui vont au-delà des besoins.
Pour ce qui est de la règle sur les cadeaux, je pense que le Comité devrait peser le pour et le contre en se demandant si elle est justifiée. Quel genre de fardeau imposera‑t‑elle aux députés pour ce qui est d'évaluer la valeur? Sera‑t‑elle gérable? Créera‑t‑elle une obligation plus onéreuse que nécessaire?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les deux témoins d'être ici aujourd'hui. Comme toujours, il nous fait plaisir de vous entendre.
J'ai de nombreuses questions, comme toujours. J'aimerais commencer par celle‑ci. Elle concerne l'article 27 du Code actuel, « Demande d'enquête ». J'y vois un défi. L'une de mes préoccupations qui a été soulevée au cours de la dernière législature et qui se poursuit au cours de la présente législature, c'est que le Code sur les conflits d'intérêts semble au moins vulnérable à l'utilisation à des fins politiques de temps à autre.
Le paragraphe 27(1) indique qu'un député peut demander une enquête. Cette enquête doit obéir à des « motifs raisonnables » de soupçonner qu'un député a enfreint le Code. Le paragraphe 27(2.1), « Aucun commentaire public », stipule en fait que les députés qui ont demandé une enquête ou qui ont déposé une plainte contre un autre député ne peuvent pas formuler de commentaire public, mais en réalité, c'est seulement pour une période de 14 jours.
En fait, même si le commissaire à l'éthique doit décider si une plainte ou une enquête est justifiée, si elle est raisonnable ou non, cela permet aux députés, s'ils le souhaitent, de parler aux médias et prétendre qu'ils ont déposé une plainte alors qu'il n'existe aucun motif raisonnable pour justifier cette plainte. À mon avis, cela ouvre la porte à une utilisation du Code à des fins politiques, ce qui n'est pas l'esprit d'un code sur les conflits d'intérêts. Cela ne renforce pas la confiance du public.
Je me demande, monsieur Dufresne, si vous pensez qu'il pourrait y avoir des ajustements pour empêcher que le Code soit utilisé à des fins politiques.
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C’est une question intéressante. Merci de l’avoir posée.
Madame la présidente, je dirais, en fait, que l’objectif du Code porte, d’une certaine façon, en grande partie sur la réputation. Nous avons mis cela en place sur l’insistance, essentiellement, d’un public de plus en plus sceptique quant au comportement des parlementaires. C’est en quelque sorte une façon de répondre à cela.
Il est difficile d’être sûr que nous allons réussir. Cela dépend en grande partie — et quant à la question que vous avez posée à M. Dufresne — de l’observation volontaire. Il s’agit de balises visant au moins à établir les limites minimales que nous devrions observer pour mieux assurer la réputation générale du Parlement, et pas seulement celle des députés. C’est vraiment, je pense, l’objectif de ce Code. Notre succès sera mesuré, en fait, dans notre évaluation de la façon dont, de façon générale, le Code répond aux attentes du public.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos deux témoins d’être venus enrichir nos connaissances.
Quand nous avons parlé au commissaire à l’éthique — je trouvais qu'il y avait de zones grises quand il fallait définir ce qu'étaient la famille, les amis, et ainsi de suite —, je lui ai demandé s'il subissait beaucoup de pression quand il devait prendre une décision. En effet, il devait éliminer ces zones grises dans des situations bien concrètes et décider de la façon d'appliquer rigoureusement le Code.
Sa réponse m’a frappé. Il a répondu que ce n'était pas lui qui subissait la pression, mais plutôt les députés. Autrement dit, nous avons la responsabilité de faire preuve d'une éthique de travail irréprochable. Je pense que tous mes collègues ici présents le savent, nous subissons beaucoup de pression pour nous assurer de faire notre travail de façon convenable.
Par exemple, vous avez parlé plus tôt des stages. Pour ma part, j'aurai probablement la possibilité de recruter une étudiante de l'université, et ce stage ferait partie de son programme d'études. Mon premier réflexe serait d’aller consulter le commissaire pour m'assurer de respecter les règles.
Me conseillez-vous d'entreprendre une telle démarche? Conseillez-vous aux députés de s'assurer auprès du commissaire qu’ils ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis et ne se retrouvent pas dans une drôle de situation? Advenant une situation incertaine, les députés devraient-ils, selon vous, aller rencontrer le commissaire pour s'assurer d'agir convenablement?
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Pour ce qui est des zones grises, j'en ai relevé quelques-unes. Mes collègues en ont parlé précédemment.
J'ai relevé les définitions de « famille » et « ami », les activités que nous avons le droit de faire et les sources des cadeaux. J'ai beaucoup questionné le commissaire à l'éthique sur ce dernier point et je ne suis pas encore convaincu d'avoir bien compris toutes les sources.
Nous avons droit à des cadeaux d'une valeur inférieure à 30 $, mais il peut arriver que la valeur totale des cadeaux excède ce montant, et ce, même si les cadeaux proviennent de différentes personnes, mais de la même source.
Honnêtement, je ne crois pas qu'une telle situation puisse m'arriver. Cela dit, imaginons qu'un député ait en tête une définition lorsqu'il pense à une personne qu'il ne considère pas nécessairement comme un ami ou un membre de sa famille. Je pense que c'est M. Barrett qui en parlait plus tôt. Imaginons également que, selon la définition donnée par le commissaire à l'éthique, cette personne soit considérée comme telle et que la réputation du député en question s'en trouve entachée.
Est-il déjà arrivé que l'ambiguïté contenue dans les définitions donne lieu à l'imposition de mesures disciplinaires à l'endroit d'un député, même s'il n'avait pas agi de mauvaise foi?
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Merci, madame la présidente. Je suis heureuse d’avoir cette occasion.
Par l’entremise de la présidente, j’aimerais vous remercier tous les deux d’être ici aujourd’hui et de nous avoir fait part de vos observations.
Je ne sais pas si nous passons assez de temps, à titre de parlementaires, à tenir des discussions publiques sur la façon dont nous nous gouvernons, les règles qui sont mises en place, la façon dont elles sont suivies et l’importance de ces choses pour notre démocratie.
Je comprends très bien ce que certains ont dit au sujet de la confiance du public et de la façon dont nous continuons d’utiliser les structures en place pour susciter la confiance du public partout au pays. C’est toujours un sujet qui m’intéresse beaucoup.
J’ai une question d’ordre philosophique, en quelque sorte, madame la présidente, mais j’observe certaines des choses que nous vivons en ce moment. Nous avons des processus. Ces processus sont-ils suffisamment clairs pour le reste des Canadiens? Y a‑t‑il moyen de faire mieux?
Il existe deux parties différentes. Il y a la partie interne et la partie du commissaire, mais il y a un chevauchement. Pourrais‑je avoir ce moment de conversation dans le contexte de la confiance publique, madame la présidente?
Je pense qu’il s’agit d’une situation où, en cas d’infraction, l’enquête du commissaire pourrait aboutir sur une recommandation individuelle en matière d’excuses ou de correction ou quoi que ce soit d’autre. Dans le même rapport, on pourrait aussi recommander que le Code soit modifié parce qu’il y a maintenant un problème qui le justifie.
Si la Chambre adopte cette recommandation ou ce rapport du commissaire, décide‑t‑elle en fait de modifier le Code? Est‑ce que cela devrait se faire automatiquement par l’adoption du Code par la Chambre ou est‑ce que la Chambre devrait l’envoyer ici pour discussion?
C’est vraiment pour clarifier cela. Est‑ce aussi simple que de dire que vous appuyez le Code et que, par conséquent, tout ce qui s’y trouve devient un ordre de la Chambre, ou que des mécanismes procéduraux devraient y être prévus?
Pour répondre à la question que vous avez posée tout à l’heure, je tiens à souligner que le tout premier article du Code — celui sur les objets — a pour but « de préserver et d’accroître la confiance du public dans l’intégrité des députés ». C’est exactement ce à quoi vous faites allusion et, absolument, la sensibilisation et l’information vont dans ce sens.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie M. Robert et M. Dufresne d’être ici aujourd’hui.
J’ai deux questions précises. La première est semblable à certaines des questions précédentes concernant l’esprit et l’application du Code.
Monsieur Robert, vous avez mentionné plus tôt que nous examinons progressivement la façon dont nous appliquons ce Code, la façon dont nous nous comportons en tant que représentants du public dans nos collectivités et ce que les citoyens attendent de nous. Le Code contient des dispositions très strictes concernant la déclaration des revenus inférieurs ou supérieurs à 10 000 $.
En vertu de ce Code, nous dirigeons-nous vers...? C’est un cas qui pourrait se présenter assez régulièrement. Supposons qu’un député tire un revenu passif de biens de placement de plus de 10 000 $. Aux yeux du public, le député pourrait être en conflit d’intérêts avec l’esprit du Code s’il doit voter sur des amendements aux lois relatives à l’imposition des biens, aux gains en capital, à l’appréciation des biens, etc.
Allons-nous en arriver à un point où les députés se récuseront de certains votes à la Chambre des communes pour se conformer au Code? Je mentionne ce point parce que c’est une pratique courante au sein des administrations municipales au Canada.
La présidente: Par l’entremise du président.
M. Brad Vis: Par votre entremise, madame la présidente.
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Merci, monsieur Dufresne, par votre entremise, madame la présidente.
Madame la présidente, ma question est la suivante: comment le public nous perçoit‑il en tant que députés? C’est la base de tout cela.
Madame la présidente, j’ai trouvé très intéressant le témoignage d’ouverture de M. Dufresne lorsqu’il a parlé du programme de stages parlementaires. Parlons de l’éléphant dans la pièce. Je suis un ancien stagiaire parlementaire. Je suis le conservateur de service dans le programme, et j’en suis très fier. C’était l’une des meilleures expériences de ma vie.
C’est un programme unique. C’est le seul programme législatif de la Chambre des communes géré par l’Association canadienne de science politique, mais n’oublions pas qu’il est financé par certaines des plus grandes organisations qui font du lobbying sur la Colline du Parlement.
Je pense que c’est une bonne chose, parce que cela donne aux jeunes... Eh bien, je suis encore jeune, mais c’était il y a environ 12 ans que je participais au programme, et cela m’a permis de franchir l’une des étapes les plus importantes de ma vie. Lorsque j’ai entendu le deuxième point dans la déclaration préliminaire selon lequel le député a ou pourrait avoir des relations officielles avec l’organisation qui place le stagiaire maintenant ou dans l’avenir, je m’en voudrais de ne pas soulever ce point, parce que j’ai presque l’impression d’être en conflit d’intérêts avec le programme de stages parlementaires, compte tenu de mes relations antérieures avec l’Association canadienne de science politique, l’organisme des sciences sociales et humaines qui fournit une partie du financement par l’entremise de l’Association des sciences politiques et tous les organismes nécessaires qui mettent des fonds dans les poches des stagiaires.
J’aimerais avoir des précisions à ce sujet, pour des raisons personnelles et existentielles, madame la présidente. Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Comme vous le savez, je ne suis pas un membre régulier de ce comité. Je suis heureux d’être ici pour discuter de ce sujet très important. Je regrette seulement de ne pas avoir été présent lorsque le commissaire a comparu devant le Comité à ce sujet.
Par votre entremise, j’ai un certain nombre de questions. Je remercie nos deux témoins d’être ici aujourd’hui et de ce qu’ils apportent à l’ensemble du Parlement.
Monsieur Robert, je suis heureux que vous ayez mentionné que le Parlement a le droit exclusif de réglementer ses propres affaires internes, parce qu’à mon avis, bon nombre de ces six recommandations vont trop loin et visent à usurper cette règle. Toutefois, je vais en rester là.
Mes questions sont les suivantes: je considère que le Commissariat à l’intégrité est là pour aider les députés. Malheureusement, comme M. Turnbull l’a dit plus tôt, il a été militarisé sur le plan politique, et nous l’avons vu à maintes reprises.
Comme vous l’avez souligné à juste titre, le Code vise en grande partie la réputation. Je veux parler de la différence entre « protéger » et « poursuivre ».
Êtes-vous d’accord avec moi, tout d’abord, pour dire que le travail du commissaire à l’intégrité et de ce bureau est d’aider les députés?
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C’est exact, madame la présidente.
Dans le Code de conduite, en ce qui concerne les conflits d’intérêts, même si vous êtes un ancien député, un rapport peut toujours être débattu à votre sujet, si la plainte a été déposée contre vous et vous pouvez obtenir une conclusion de la Chambre en tant qu’ancien député, et c’est ce qui s’est produit.
Pour ce qui est du Code de conduite en matière de harcèlement sexuel, il est explicitement prévu que si le répondant à une plainte n’est plus député, l’affaire est close. Vous n’aurez pas d’ordre de la Chambre pour condamner un ancien député. Si vous êtes toujours député, oui, vous êtes sous l’autorité de la Chambre, mais si vous ne l’êtes pas, dans le Code sur le harcèlement sexuel, cela va cesser.
Il s’agit d’une question que ce comité doit examiner. Est‑ce une approche que vous voulez adopter en matière de conflits d’intérêts, ou voulez-vous modifier l’approche du Code sur le harcèlement sexuel et dire que vous voulez conserver cela? Mais il est certain que le plus récent Code sur le harcèlement sexuel dit que pour un ancien membre, ce sera interdit.
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Merci, madame la présidente.
Merci à vous deux d'être ici aujourd'hui. Je vais revenir à la question des stages parlementaires. À mon avis, c'est une question sur laquelle le Comité doit se pencher.
Je n'ai participé à aucun programme de stages, mais j'ai commencé à travailler sur la Colline à l'âge de 18 ou 19 ans. Mais je connais la valeur de ces stages. Je pense que vous le formulez très bien lorsque vous dites que, oui, cela peut être un avantage pour le député. Mais ne perdons pas de vue que c'est surtout le stagiaire qui en tire l'avantage d'une expérience politique et qui met le pied dans la porte. J'ai hâte qu'on poursuive la conversation et qu'on essaie de trouver un terrain d'entente raisonnable à ce sujet.
M. Vis a soulevé de très bons points au sujet du Programme de stage parlementaire ou PSP, et de la façon dont il est structuré sur le plan financier.
Madame la présidente, si vous permettez, je vais peut-être ouvrir une boîte de Pandore en revenant avec M. Dufresne sur une question qui a déjà été abordée. Je sais qu'on en a discuté à différentes reprises, et le commissaire en a parlé. Il s'agit de savoir où tracer la ligne quand on nous demande de rédiger des lettres d'appui.
L'analyste a fait un excellent travail. On peut lire dans son résumé que M. Dion a proposé que le Comité se penche sur la question de l'acceptabilité des lettres d'appui, en disant que les députés étaient nombreux à communiquer avec son bureau pour obtenir des avis ou poser des questions à ce sujet. À l'heure actuelle, le Code ne fait aucune mention des lettres d'appui. Cependant, l'article 9 dit ceci:
Le député ne peut se prévaloir de sa charge pour influencer la décision d'une autre personne de façon à favoriser ses intérêts personnels ou ceux d'un membre de sa famille ou encore, d'une façon indue, ceux de toute autre personne ou entité.
En fait, je crois que je vais mettre M. Barrett sur la sellette, vu qu'il s'adresse très souvent au commissaire pour s'informer au sujet de ces lettres d'appui. Là où cela manque de clarté, je pense, c'est dans les cas d'immigration ou dans les dossiers que nous traitons à notre bureau de circonscription. Je me demande ce que vous en pensez d'un point de vue juridique. Si je vous lis cela, c'est pour dire que si quelqu'un se présente à notre bureau et qu'il a un problème avec l'Agence du revenu du Canada, avec son dépôt bancaire ou son crédit d'impôt pour enfants, nous pouvons intervenir pour plaider sa cause et régler le problème. Mais dans un cas d'immigration, si je dis dans une lettre d'appui que je réponds de telle ou telle personne, et si je lis ici que le Code m'interdit de favoriser de façon indue les intérêts personnels de quelqu'un — en l'occurrence, pour obtenir la citoyenneté canadienne ou quelque chose du genre —, je pense qu'il y a une énorme zone grise à l'heure actuelle, entre traiter un dossier et donner une lettre d'appui à un particulier. Avez-vous réfléchi à l'endroit où il faudrait tirer la ligne de démarcation entre les deux: où finit le simple traitement de dossiers et où commence le plaidoyer en faveur d'intérêts personnels?
Je suis désolé si j'ouvre une boîte de Pandore, mais c'est quand même une question qu'il faut régler.
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Merci, madame la présidente, de m'accueillir à cette table et surtout merci, monsieur Fergus, de me céder votre temps de parole.
Je vais essayer d'être concise. Voici un exemple concret, qui n'est pas hypothétique, mais je vais taire le nom de la personne. Je dirais qu'il y a une échappatoire dans notre code de conduite.
Je dirais aussi, comme M. Turnbull — qui étudie l'éthique, bien que ce soit en vue d'un diplôme de théologie —, qu'il y a le concept de l'éthique vue comme une noble vocation à la conduite morale et une aide à la compréhension du bien et du mal. Puis il y a des codes de conduite qui, je crois, nous invitent à les appliquer littéralement et à dire que ce qui n'est pas expressément interdit est permis même si cela offense la conscience.
Voici les faits. Un député en exercice a été embauché par une société américaine qui était en train de poursuivre le gouvernement du Canada. Il a témoigné contre notre gouvernement dans une affaire secrète portée devant le tribunal de l'ALENA en vertu du chapitre 11. On ne savait pas qu'il était un témoin jusqu'à ce que, quelques années plus tard, le tribunal d'arbitrage de l'ALENA rende sa décision à l'encontre du Canada, fondée en grande partie sur le témoignage de ce député. Le seul arbitre à avoir voté en notre faveur était le professeur de droit canadien. Le Canada a dû verser 8 millions de dollars. Le député en question n'a jamais divulgué le revenu qu'il a tiré de ce travail. Il a été rémunéré à son taux horaire normal pendant tout le temps qu'il a fallu pour faire le travail. J'estime que c'était au moins 100 000 $, mais nous ne le savons pas.
Il est resté député pendant tout ce temps. Lorsqu'il a été réélu, je me suis adressée au greffier adjoint de l'époque pour savoir s'il avait le droit de prêter son serment d'allégeance de député, parce que je me rendais compte que le fait de témoigner contre le gouvernement du Canada contrevenait au serment, alors avait‑il le droit de le prononcer une deuxième fois?
On a jugé qu'il s'agissait d'une plainte non fondée. Je me suis alors adressée au commissaire à l'éthique. Je n'ai pas annoncé que j'avais déposé une plainte officielle, mais je trouvais que les faits étaient contraires à l'idée de servir son pays et qu'il était déloyal pour un député de se faire embaucher à titre privé par une société américaine poursuivant le Canada.
Je pense qu'il y a une grosse échappatoire dans notre code. Le commissaire a jugé qu'en raison de son travail antérieur, c'était correct qu'il soit député, qu'il reste membre du Barreau et qu'il puisse continuer d'accepter du travail. Je me suis posé la question lorsque j'ai vu le dénouement au palais de Westminster avec divers...
On a qualifié de « sordides » les scandales qui ont éclaboussé Boris Johnson. Est‑ce que ces députés au palais de Westminster auraient violé quoi que ce soit dans notre code de conduite en acceptant du travail privé pour lequel ils étaient payés?
Avez-vous des commentaires à ce sujet? Devons-nous modifier notre code ou être plus rigoureux dans notre serment d'allégeance exclusive au Canada et ne pas faire passer nos intérêts personnels avant ceux de notre pays?
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Merci de m'avoir invité ici aujourd'hui.
Dans ma déclaration liminaire, je vais vous donner un bref aperçu de certaines caractéristiques de la Loi sur l'intégrité des députés, qui est la loi ontarienne qui énonce les obligations éthiques des députés provinciaux. Je vais également parler brièvement de certaines des questions que le Comité examinera dans le cadre de son examen du Code régissant les conflits d'intérêts. Cela dit, je crois que je peux vous être plus utile en laissant aux membres la possibilité de me poser des questions et en vous faisant part de l'expérience de l'Ontario sur les sujets qui intéressent le Comité.
Premièrement, je crois utile de préciser qu'en Ontario le commissaire à l'intégrité a les mandats et les pouvoirs correspondant à ceux de trois agents fédéraux indépendants, soit le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, le commissaire au lobbying et le commissaire à l'intégrité du secteur public. Je suis également responsable de l'éthique pour le personnel des ministres, ainsi que pour le secrétaire du Cabinet. Le cumul de ces rôles peut être bénéfique, car il me permet de comprendre les questions d'éthique auxquelles sont confrontés les élus et de les aborder sous différents angles. Par exemple, non seulement je peux dire à un député s'il peut, en vertu de la Loi, accepter tel cadeau offert par un lobbyiste, mais je peux aussi conseiller à un lobbyiste de ne pas offrir ce cadeau.
En Ontario, la Loi sur l'intégrité des députés énonce les règles relatives aux conflits d'intérêts pour les députés, ainsi que leurs obligations en matière de divulgation financière annuelle. La Loi établit également des exigences et des restrictions applicables aux ministres. À bien des égards, les règles et exigences sont semblables à celles du gouvernement fédéral, et la Loi prévoit que les députés peuvent demander mon avis sur leurs obligations en matière d'éthique et sur toute question de conflit d'intérêts. Je reçois annuellement, en moyenne, plus de 300 demandes de renseignements, auxquelles je réponds par écrit afin que les députés puissent par la suite vérifier le détail des conseils donnés. Dans l'année qui a suivi l'élection provinciale de 2018 en Ontario, j'ai répondu à plus de 530 demandes de renseignements. Cela s'explique par le grand nombre de députés nouvellement élus, qui ont tous assisté à une séance de formation que j'ai donnée peu après l'élection.
Je remarque que le commissaire Dion a recommandé une formation obligatoire pour les députés nouvellement élus. Bien que l'Ontario n'ait pas de formation obligatoire, c'est une pratique de longue date pour le commissaire de s'adresser aux députés nouvellement élus. Je trouve que c'est une pratique utile puisqu'elle leur permet de mieux connaître le commissaire, son bureau et la Loi. Cependant, il existe aussi une autre exigence qui sert en quelque sorte de formation. À l'instar de ce que prévoit le Code régissant les conflits d'intérêts, les députés provinciaux sont tenus de présenter chaque année au commissaire un état de leurs actifs et de leurs passifs, ainsi que celui de leur conjoint et de leurs enfants mineurs.
Outre cette divulgation, la Loi exige que chaque député rencontre le commissaire pour discuter de sa déclaration et de ses obligations légales. Il faut du temps, certes, pour rencontrer individuellement les 124 députés provinciaux, mais cela me permet de m'assurer que leur divulgation financière est conforme aux exigences légales. Cela me donne également l'occasion de discuter de toute situation de conflit d'intérêts dans laquelle ils pourraient se trouver ou de leur rappeler les règles précises établies par la Loi. Je considère cette activité annuelle comme une sorte de formation d'appoint pour les députés au sujet de leurs obligations. J'insiste sur le fait que ces rencontres sont individuelles.
Il va sans dire que la formation peut être efficace sous de nombreuses différentes formes, mais, si je me fie à mon expérience, je dirais que l'élément clé de ces activités est le renforcement de la confiance entre le Bureau du commissaire à l'éthique et les élus. Ainsi, les députés se sentent à l'aise de communiquer avec mon bureau lorsqu'ils ont besoin de conseils.
J'ai examiné les recommandations de modification du Code formulées par le commissaire Dion. Bien que plusieurs d'entre elles portent sur son libellé et le système en place à la Chambre des communes, j'aimerais en aborder deux dans l'optique de notre expérience de l'Ontario.
La première est la recommandation 4, qui porte sur le fait de traiter les déplacements parrainés comme un cadeau. Telle est l'approche adoptée dans le cadre de la loi ontarienne, ce qui signifie qu'un député doit demander mon avis et ma décision quant à son acceptation d'une offre de déplacement.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs membres du Comité et chers collègues commissaires, avant de commencer, je tiens à remercier le Comité de son invitation à participer à la présente consultation. L'exercice que vous avez récemment entamé est d'une grande importance pour nos institutions démocratiques si on les veut en phase avec la réalité dans laquelle elles évoluent. Comme vous l'avez souhaité, je suis ici aujourd'hui pour vous faire part de mes réflexions à l'égard des moyens par lesquels les questions des parlementaires, relatives à leurs obligations en vertu du Code, peuvent être traitées de façon non partisane et indépendante, de même que sur la façon dont les parlementaires peuvent concilier leurs intérêts privés avec leurs devoirs et fonctions publiques.
Tout d'abord, il m'apparaît évident que l'indépendance d'action de la personne chargée d'appliquer le code de conduite des élus va de pair avec le processus de sa nomination. Au Québec, le commissaire à l'éthique et à la déontologie est une personne désignée par l'Assemblée nationale, aux deux tiers de ses membres. Ce statut permet au titulaire de la fonction d'exercer une charge publique de façon indépendante et impartiale. La nomination du commissaire se distingue cependant de celles des autres personnes désignées, puisqu'elle doit être proposée conjointement par le premier ministre et le chef de l'opposition officielle après consultation des chefs des autres partis représentés à l'Assemblée. En faisant ce choix, les parlementaires ont démontré le caractère singulier et délicat de cette fonction unique et toute l'importance de nommer une personne en qui l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale peut avoir confiance.
L'indépendance et l'impartialité d'une institution comme le Commissaire doivent aussi pouvoir se refléter dans les mécanismes prévus pour prévenir les conflits d'intérêts, réels ou apparents, et traiter des situations où les obligations déontologiques des élus ne seraient pas respectées.
Le Code québécois, en permettant au commissaire de donner des avis aux députés, encourage ces derniers à faire preuve de proactivité et de transparence. En plus d'être confidentiels, les avis ne peuvent être demandés que par le membre de l'Assemblée nationale directement concerné par une situation donnée. Cette situation ne peut en outre pas être hypothétique; elle doit se baser sur des faits concrets. Ces critères contribuent sans conteste à préserver cet outil des tentatives d'instrumentalisation.
En matière d'enquête, certains mécanismes permettent également d'assurer le respect de l'indépendance accordée au Commissaire dans l'interprétation et l'application des dispositions du Code. Par exemple, lorsqu'un membre de l'Assemblée nationale formule une demande d'enquête, celle-ci doit être ciblée et motivée. Il doit y exposer clairement les motifs raisonnables qu'il a de croire qu'un autre député a commis un manquement au Code, notamment en y énonçant les faits et en transmettant les éléments de preuve disponibles, s'il y a lieu. Un député ne peut ainsi demander au commissaire de mener des vérifications à l'aveugle pour déterminer s'il y a matière à enquête. Dans les enquêtes à mon initiative, je m'astreins également à ce critère de motif raisonnable.
Dans un système parlementaire désormais caractérisé par des élections à date fixe, ce qui suggère une dynamique politique parfois plus intense en fin de cycle, ces critères peuvent faire office de garde-fous. En outre, si l'Assemblée, en vertu du privilège parlementaire de discipliner ses membres, se réserve le droit d'adopter une sanction à l'issue d'un rapport concluant à un manquement, l'interprétation des dispositions du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale relève exclusivement du commissaire, qui peut également émettre des lignes directrices s'il le juge approprié.
Pour ce qui est de savoir comment les élus peuvent concilier leurs intérêts privés et l'exercice de leur charge, il n'y a pas de réponse facile. La difficulté réside dans le fait que les règles doivent être applicables à tous, alors que leur interprétation doit inévitablement prendre en compte le contexte et les faits entourant chaque situation. Il est donc nécessaire, afin d'assurer une certaine prévisibilité des règles, de trouver un équilibre dans leur appréciation en fonction de circonstances particulières, sans pour autant procéder seulement au cas par cas. Par ailleurs, les horizons desquels proviennent les élus sont divers et les contextes dans lesquels s'exercent leurs fonctions évoluent rapidement. Cette notion de nécessaire applicabilité rend donc extrêmement opportuns des exercices de révision comme celui que vous menez. Au Québec, le législateur a également souhaité un tel exercice. Le Code prévoit en effet que le commissaire fait rapport tous les cinq ans sur sa mise en œuvre et sur l'opportunité de le modifier.
Or il est irréaliste de croire que ces exercices peuvent se tenir à une fréquence telle que les codes d'éthique réussiront à tout coup à apporter une réponse idoine à toute situation, d'autant qu'ils sont tributaires d'un consensus entre les groupes parlementaires. Je suis donc d'avis que les titulaires de fonctions comme celles que j'exerce doivent pouvoir disposer d'une certaine marge de manœuvre dans l'application des règles déontologiques, afin que celles-ci reflètent les valeurs de la société autant qu'elles suscitent l'adhésion des parlementaires qui doivent les respecter.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, madame la présidente, de m'avoir accordé le privilège de participer à cette discussion.
Comme vous venez de le dire, je suis, en vertu de nominations distinctes, commissaire aux conflits d'intérêts du Yukon et commissaire à l'intégrité des Territoires du Nord-Ouest. Il n'y a aucun lien entre les deux. Il se trouve simplement que je suis titulaire de ces deux charges. Je suis donc mandataire de l'une et l'autre des deux assemblées législatives territoriales. Chacune compte 19 députés, ce qui fait que mes activités sont à une échelle beaucoup plus modeste que celle de M. Wake, de Mme Mignolet ou de la vôtre.
J'habite à Edmonton; je ne vis pas dans l'un ou l'autre des territoires, pas plus que le commissaire à l'intégrité du Nunavut ne vit au Nunavut. Nous ne pourrions le faire sans nous retrouver immanquablement en situation de conflit d'intérêts dans notre vie quotidienne.
Voilà 20 ans, depuis 2002, que je suis commissaire aux conflits d'intérêts pour le Yukon. La loi du Yukon, entrée en vigueur en mai 1996, vise les députés, les ministres, le personnel du Cabinet et des groupes parlementaires, ainsi que les sous-ministres. Elle n'a été mise à jour qu'à l'occasion, malgré les diverses recommandations que j'ai faites en ce sens dans mes rapports annuels. La volonté politique de faire ce que le Comité fait et est tenu de faire pour réviser votre code n'existe pas chez nous. De toute évidence, la loi, telle qu'elle est, semble répondre aux besoins.
En juillet 2020, des fonctions se sont ajoutées à mon poste en vertu de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes du Yukon, et je dois dire que j'ai des réserves quant à l'élargissement des fonctions du commissaire, du fait que celui‑ci est intrinsèquement un agent de l'Assemblée législative et que beaucoup de ces autres fonctions ne sont pas nécessairement de la même nature et pourraient ne pas être protégées par le privilège parlementaire.
Je suis, depuis 2014, commissaire à l'intégrité des Territoires du Nord-Ouest, titre qui a remplacé récemment celui de commissaire aux conflits d'intérêts. La loi des Territoires du Nord-Ouest s'applique aux députés et aux ministres. Je suis aussi le conseiller en éthique des sous-ministres, mais il s'agit d'une nomination distincte. Des modifications ont été apportées à la loi en 2019. Les Territoires du Nord-Ouest revoient donc périodiquement leur code, comme vous-mêmes le faites.
En 2019, l'assemblée a conféré à mon bureau la compétence en matière d'infractions au code de conduite des députés, qui désormais se prolonge d'une législature à l'autre; auparavant, il expirait et devait être promulgué de nouveau par la nouvelle assemblée. Il peut être modifié par les assemblées futures, et ses dispositions vont au‑delà des conflits d'intérêts financiers à strictement parler.
Le rôle du commissaire dans le traitement des plaintes alléguant une infraction à la loi, qu'il s'agisse d'un conflit d'intérêts ou d'une violation du code, consiste à faire le tri, c'est‑à‑dire à décider lesquelles ne peuvent être retenues et lesquelles méritent d'être transmises à un arbitre, qui seul mènera l'enquête officielle et fera une recommandation à l'assemblée. Lorsqu'une plainte de ce genre est déposée dans les Territoires du Nord-Ouest, c'est ce rôle que j'ai à exercer, mais je n'ai aucun rôle décisionnel quant au fond de la plainte. Je pense que les Territoires du Nord-Ouest et peut-être le Nunavut sont les seules administrations ou ces deux fonctions sont séparées.
En 2021, l'an dernier, l'Assemblée législative, ayant accepté le rapport de l'arbitre, a expulsé un député et déclaré son siège vacant. Une élection partielle, tenue mardi de cette semaine, vient d'ailleurs de combler cette vacance.
J'ai également agi à titre de conseiller juridique auprès d'un certain nombre de commissaires aux conflits d'intérêts partout au pays.
À mon avis, il est impératif que les députés connaissent et respectent les normes qu'ils se sont fixées à eux-mêmes. D'après mon expérience dans les deux territoires, la très grande majorité des députés veulent s'y conformer, et ils sont généralement prompts à demander des conseils à l'avance sur ce qu'ils font et à suivre les conseils qu'ils reçoivent. Il est essentiel que tous reconnaissent l'importance des normes applicables afin de maintenir la confiance du public dans l'intégrité de la députation.
Cependant, il est de la plus haute importance que les allégations non fondées de conflit d'intérêts, comme d'ailleurs celles qui sont fondées, ne deviennent pas des armes politiques de choix. Politiser le bureau du commissaire n'est d'aucune utilité. Ce n'est pas seulement les députés, mais aussi la presse ou le public, qui ont ce réflexe.
Pour revenir à certaines observations faites au cours de la séance précédente, je ferai remarquer que les Territoires du Nord-Ouest ont un ensemble de lignes directrices concernant les lettres de recommandation que les députés peuvent écrire pour le compte de leurs électeurs ou d'autres personnes. Il y est précisé très clairement qu'elles n'empêchent pas un député de s'acquitter de ses fonctions en tant que représentant de ses électeurs. Elles sont très utiles à mon avis. Le Yukon n'a pas de lignes directrices semblables.
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Pour gagner du temps, et vu la présence des trois témoins et de votre expérience, je vous demanderais peut-être de nous fournir la réponse par écrit. Notre greffier ou nos analystes pourraient faire un suivi auprès de vos bureaux sur quelques autres sujets dont nous avons discuté, dont l'appui apporté à des représentants élus d'autres paliers de gouvernement. Avez-vous des règles ou des protocoles concernant, par exemple, un député provincial qui appuierait un candidat à une élection municipale? S'il y en a, ou s'il y a des règles concernant l'utilisation des ressources et de vos titres, nous vous serions reconnaissants de pouvoir les connaître.
Autre chose qui serait utile, je crois, dans le cadre de nos délibérations, ce serait de savoir à quel moment votre bureau commence à s'occuper de la question de l'acceptation et de la valeur des cadeaux, non seulement de l'acceptabilité d'un cadeau, mais de sa divulgation publique. Avez-vous une limite minimale à partir de laquelle les députés devraient le déclarer ou demander si tel cadeau est approprié ou non, et pas seulement aux fins de divulgation publique? Quel est le seuil à partir duquel les députés devraient demander des conseils quant à l'acceptabilité? J'aimerais avoir vos commentaires écrits à ce sujet.
Une autre question à poser concerne la définition du mot « ami », avec laquelle nous nous débattons. J'aimerais savoir comment est définie la « famille » dans vos administrations respectives, mais c'est surtout le concept d'ami qui nous cause des difficultés. Je dis à la blague que j'ai beaucoup d'amis, je pense, et il y a beaucoup de gens qui pensent qu'ils sont mes amis. J'ai de la difficulté avec... À l'heure actuelle, les députés ministériels ne sont pas d'accord avec mon groupe d'amis. Avez-vous une définition du terme « ami »? Avez-vous envisagé de le définir? Que vous l'ayez fait ou non, vous pourriez peut-être nous expliquer votre raisonnement ou nous faire part de votre expérience à ce sujet.
En terminant, je demanderais, par votre entremise, madame la présidente, à nos témoins de nous communiquer tout renseignement qu'ils ont concernant l'utilisation de lettres de recommandation adressées à des organismes gouvernementaux ou à des électeurs ou à l'appui d'une demande de service du gouvernement. S'ils ont des conseils ou de l'expérience dans ce domaine à nous communiquer, je pense que cela nous serait certainement utile dans nos délibérations en vue de la rédaction du rapport.
Madame la présidente, pour gagner du temps, je vais m'arrêter là‑dessus.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Je remercie les témoins de comparaître devant nous aujourd'hui.
[Traduction]
Monsieur Jones, vous avez mentionné une question que mon collègue a soulevée avec le groupe de témoins précédent au sujet de la politisation des plaintes. Dans notre code, il est prescrit qu'un député qui demande la tenue d'une enquête doit s'abstenir de faire des commentaires publics concernant l'enquête avant que le commissaire confirme que le député visé par l'enquête a reçu une copie de la plainte, ou pendant les 14 jours qui suivent la réception de la plainte.
Que pensez-vous de la politisation des enquêtes sur les conflits d'intérêts, où un député peut porter une accusation ou demander une enquête? Elle pourrait être tout à fait non fondée, mais, comme vous le savez, le travail que nous faisons étant du domaine public, il est fort possible qu'elle soit diffusée dans les médias sociaux. La réputation du député risquerait alors d'être ternie.
Recommanderiez-vous que cette disposition soit supprimée de notre code?