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Bonjour, chers collègues. Bienvenue à la 92
e séance du Comité permanent des comptes publics. Nous sommes le 17 avril 2018. Je rappelle à tous mes collègues que la séance d'aujourd'hui est télévisée, et je les encourage donc à activer le mode silencieux de leur téléphone cellulaire pour éviter d'interrompre les témoins ou d'autres députés.
Nous sommes ici aujourd'hui pour examiner le Rapport 5, La préparation des détenues à la mise en liberté — Service correctionnel Canada, des Rapports de l'automne 2017 du vérificateur général du Canada.
Je souhaite la bienvenue à notre comité au vérificateur général du Canada, M. Michael Ferguson, qui est accompagné de Carol McCalla, la directrice principale de l'organisme. Bienvenue.
De Service correctionnel du Canada, nous accueillons Mme Anne Kelly, commissaire intérimaire; Mme Kelley Blanchette, sous-commissaire pour délinquantes; et Mme Jennifer Wheatley, commissaire adjointe, Secteur des services de santé.
Je mentionne également que si le temps nous le permet, nous aimerions consacrer 5 ou 10 minutes aux travaux du Comité. Notre greffière a fait circuler plus tôt l'ordre du jour à cette fin. Il s'agit essentiellement d'examiner le calendrier, de ce genre de choses.
Nous vous souhaitons la bienvenue. Nous allons commencer par notre vérificateur général, M. Ferguson, s'il vous plaît.
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter des résultats de notre rapport sur la façon dont Service correctionnel Canada prépare les détenues à leur mise en liberté.
Notre audit visait à déterminer si les près de 700 délinquantes détenues dans un établissement fédéral avaient eu accès rapide aux programmes et services qui favorisent la réadaptation. Le nombre de femmes autochtones détenues augmente: elles représentent désormais 36 % des délinquantes. Même si Service correctionnel Canada ne peut contrôler le nombre de délinquantes condamnées à des peines fédérales, il peut leur donner rapidement accès à des programmes de réadaptation et à des services adaptés à leur culture afin de les préparer à une libération conditionnelle.
Nous avons constaté que Service correctionnel Canada avait déterminé les cotes de sécurité avec un outil conçu pour évaluer les hommes et non les femmes. Service correctionnel Canada utilisait aussi cet outil pour orienter les délinquantes vers les programmes correctionnels, ce qui est problématique parce qu'il n'a pas été conçu à cette fin. Certaines délinquantes ont donc été détenues à un niveau de sécurité plus élevé que nécessaire et orientées vers des programmes de réadaptation dont elles n'avaient pas besoin.
[Français]
Nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas offert aux délinquantes les programmes de réadaptation dont elles avaient besoin au moment voulu. La plupart des délinquantes sous la responsabilité du fédéral purgeaient de courtes peines, ce qui voulait souvent dire qu'elles devenaient admissibles à une libération pendant leur première année de détention. Toutefois, la majorité des délinquantes n'avaient pas terminé les programmes de réadaptation requis quand elles devenaient admissibles à une première libération conditionnelle, parce qu'elles n'avaient pas eu accès aux programmes en temps opportun. Elles ont donc eu moins de temps pour profiter d'une mise en liberté progressive et encadrée dans la collectivité, ce qui aurait favorisé leur réinsertion.
[Traduction]
Nous avons toutefois constaté que Service correctionnel Canada avait utilisé davantage les plans de libération prévus à l’article 84 pour les délinquantes autochtones. Ces plans font participer les organismes ou collectivités autochtones au processus de réinsertion. Les détenus autochtones qui bénéficient d'un tel plan ont plus de chances d'obtenir une libération conditionnelle que les autres détenus autochtones.
Cependant, nous avons aussi constaté que l’accès à des programmes adaptés à la culture des délinquantes autochtones était limité dans certains établissements. Ainsi, une seule région avait des pavillons de ressourcement et ceux-ci étaient au maximum de leur capacité. Nous avons constaté que les délinquantes qui occupaient les pavillons de ressourcement avaient un faible taux de récidive après leur libération. Pourtant, Service correctionnel Canada n'avait pas examiné comment il pourrait étendre l’accès à ces pavillons à plus de délinquantes autochtones.
[Français]
Nous avons aussi constaté que Service correctionnel Canada avait utilisé l'isolement pour gérer certaines délinquantes et que près de la moitié des délinquantes placées en isolement étaient autochtones. Nous avons constaté que, même si le nombre total de détenues placées en cellule d'isolement baissait chaque année, 20 % des placements en isolement étaient plus longs que 15 jours, ce qui est la limite recommandée par certains groupes de défense des droits des détenus.
On a dépisté des troubles mentaux chez les deux tiers des délinquantes sous la responsabilité du fédéral. Nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas la capacité nécessaire pour assurer les services de santé mentale dont les délinquantes avaient besoin. Les équipes de santé mentale n'avaient pas assez d'employés dans l'ensemble des établissements pour femmes, et le seul hôpital psychiatrique avait été utilisé au maximum de sa capacité, ou presque, les deux années précédentes.
Service correctionnel Canada n'avait pas encore trouvé de places additionnelles dans les hôpitaux psychiatriques provinciaux pour combler ces lacunes. Nous avons aussi constaté que Service correctionnel Canada utilisait des cellules dans la rangée de cellules d'isolement pour surveiller les délinquantes à risque d'automutilation ou de suicide, sans qu'elles aient accès 24 heures sur 24 à un traitement ou à un soutien clinique.
[Traduction]
Nous sommes heureux d'indiquer que Service correctionnel Canada a accepté toutes nos recommandations et s'est engagé à corriger la situation. Service correctionnel Canada a accepté notamment de cesser de placer les délinquantes à risque d'automutilation ou de suicide dans les cellules de la rangée d'isolement.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration liminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Monsieur le président, honorables membres du Comité, je tiens à vous remercier de nous avoir invités aujourd'hui à venir témoigner à propos des recommandations que le vérificateur général a présentées dans son rapport sur la préparation des détenues à la mise en liberté.
[Traduction]
Le vérificateur général a examiné de nombreux aspects des services correctionnels pour femmes, et il en a tiré de nombreuses conclusions qui lui ont permis de formuler des recommandations afin d'améliorer l'efficacité et la pertinence du processus de préparation des délinquantes à une réinsertion sociale sûre et réussie, et de faire en sorte qu'elles aient un meilleur accès aux diverses étapes du processus.
[Français]
Parmi la population des délinquants sous la responsabilité du fédéral, les femmes représentent un petit, mais important, sous-ensemble d'environ 5,8 %.
[Traduction]
Au terme de l'exercice 2017-2018, on comptait 1 387 délinquantes sous responsabilité fédérale — environ la moitié d’entre elles, ou 679, purgeaient leur peine dans un établissement correctionnel —, tandis qu'à la fin de l’exercice précédent, le nombre de détenues en établissement était de 680.
Pour l’instant, il semble que la population de détenues se soit stabilisée après des années de croissance. Il convient également de signaler que le dernier exercice était le premier depuis 2011 pendant lequel nous avons eu plus de délinquantes sous surveillance dans la collectivité, soit 708, que de délinquantes incarcérées, au nombre de 679.
Dans l’ensemble, les données démographiques indiquent que les délinquantes sont généralement plus jeunes, affichent des taux relativement élevés de pauvreté et de chômage, enregistrent un taux de toxicomanie plus élevé et sont plus susceptibles d'avoir des antécédents en matière de violence physique et sexuelle. Ces problèmes sont souvent exacerbés chez les délinquantes autochtones. C'est pourquoi il est particulièrement important que le SCC prenne en considération leurs antécédents sociaux pour déterminer leurs besoins et veiller à ce qu'elles aient accès à des interventions adaptées à leur culture.
[Français]
Monsieur le président, depuis le début de ma carrière au SCC, en 1983, j'ai pu observer l'évolution de notre approche auprès des femmes purgeant une peine fédérale ainsi que les énormes progrès que nous avons accomplis pour répondre à leurs besoins particuliers.
[Traduction]
En fait, Mme Blanchette, Mme Wheatley et moi-même avons toutes occupé le poste de sous-commissaire pour les femmes durant notre carrière au SCC. C'est actuellement Mme Blanchette qui assume ces fonctions.
Le Service a adopté une approche de gestion holistique axée sur les femmes. Nous avons mis au point un environnement, des programmes et des interventions correctionnels sexospécifiques qui sont aussi adaptés à la culture et aux traumatismes des délinquantes. De nos jours, le SCC jouit d'une réputation à l'échelle mondiale en tant que chef de file dans le domaine des services correctionnels pour femmes, et ce, grâce aux nombreux employés de partout au Canada qui ont passé des années à mener des études et à élaborer des interventions novatrices.
Les services correctionnels pour femmes ont également évolué grâce à l'ouverture dont le SCC a fait preuve pendant ses consultations avec les intervenants et les délinquantes afin de tirer des leçons de leurs préoccupations.
[Français]
C'est pour cette raison que le Service a accepté toutes les recommandations du vérificateur général.
J'aimerais maintenant souligner certains aspects du plan d'action que nous avons mis en oeuvre.
[Traduction]
D'abord, en ce qui concerne l’amélioration du processus de détermination de la cote de sécurité initiale des délinquantes, le SCC mène une étude afin de déterminer les facteurs de risque des délinquantes. Cette étude permettra de cerner les modifications à apporter, s'il y a lieu, à notre outil de classement initial par niveau de sécurité afin d'accroître son efficacité pour les femmes.
[Français]
Une autre recommandation avait trait à l'outil approprié pour orienter les délinquantes vers des programmes correctionnels adaptés à leur risque de récidive et à leurs besoins.
[Traduction]
Pour y donner suite, nous avons mis la dernière main à l'outil d'indice du risque criminel, qui est intégré à la politique, et nous avons commencé à former le personnel pour nous assurer de faire suivre aux délinquantes le bon programme d'intensité.
[Français]
Le vérificateur général a aussi recommandé que les délinquantes autochtones puissent avoir accès aux programmes correctionnels en temps opportun et adéquat, et en fonction de leurs besoins et de leurs préférences.
[Traduction]
En nous inspirant du concept et de la mise en oeuvre de sept centres d'intervention pour hommes autochtones, nous avons mis au point un modèle adapté aux délinquantes. Au cours de l'été, nous allons terminer la mise en oeuvre de ces centres aux établissements pour femmes afin de renforcer le recours à des interventions adaptées à la culture dans le processus de gestion des cas et de maximiser l'engagement des collectivités autochtones.
Le rapport recommandait aussi au SCC d’« intensifier le recours aux programmes d'emploi ainsi qu'aux placements à l’extérieur pour favoriser la réinsertion sociale des délinquantes ». En réponse à cette recommandation, notre organisme de service spécial, CORCAN, qui offre aux délinquants et aux délinquantes des formations professionnelles ainsi que des programmes pour acquérir des compétences favorisant l'employabilité, a travaillé en étroite collaboration avec les unités opérationnelles pour cerner les possibilités d'obtention de certificats de formation professionnelle et de formation en milieu de travail pour les délinquantes. Nous avons réalisé des progrès dans plusieurs domaines, y compris l’alimentation, l’horticulture, l’assemblage par la technologie et les métiers de la construction.
[Français]
De plus, le vérificateur général a formulé des recommandations concernant les interventions et les plans de traitement en santé mentale pour les délinquantes. À cette fin, le Service est en train de conclure, en collaboration avec des experts du milieu, une étude exhaustive sur la prévalence des troubles de santé mentale chez les détenues.
[Traduction]
Cette étude nous permettra de cerner les lacunes dans les services de santé mentale offerts aux délinquantes et d'ouvrir des voies d'accès adaptées à leurs besoins. Pour soutenir cette initiative, on nous a accordé, dans le budget de 2018, 20,4 millions de dollars sur cinq ans ainsi que 5,6 millions de dollars par année par la suite afin d'offrir aux détenues des services améliorés en santé mentale.
[Français]
En ce qui concerne l'isolement préventif, depuis le 1er août 2017, certains groupes de détenues ne sont plus admissibles à l'isolement préventif, notamment les détenues atteintes d'une maladie mentale grave causant une déficience importante, les détenues présentant des comportements d'automutilation susceptibles de leur causer des blessures graves et les détenues qui présentent un risque élevé ou imminent de suicide. Sauf en cas de circonstances exceptionnelles, les détenues enceintes, par exemple, ne peuvent pas être placées en isolement préventif.
[Traduction]
Outre ces changements, le SCC continuera de déployer des efforts afin de réduire le recours à l’isolement préventif et d'améliorer les conditions de détention et les initiatives de santé mentale.
Enfin, le SCC a pris de nombreuses mesures pour donner suite aux recommandations du vérificateur général afin de s'assurer que les délinquantes, particulièrement celles à faible risque, sont mises en liberté dans la collectivité en toute sécurité dès qu'elles sont admissibles à la libération conditionnelle. Au cours de l’exercice 2016-2017, nous avons observé que les délinquantes étaient plus nombreuses que jamais à bénéficier d’une semi-liberté. En outre, elles n'ont jamais été aussi nombreuses à vivre dans la collectivité sans problème jusqu’à la fin de leur peine. Même si nous sommes satisfaits des progrès réalisés par le SCC relativement aux services correctionnels pour femmes, je tiens a répéter que nous ne cessons jamais de déployer des efforts afin d'améliorer nos politiques, nos processus et nos résultats.
C'est pour cette raison que nous remercions le vérificateur général de sa contribution à l'amélioration des services correctionnels pour femmes, et nous sommes impatients de prendre les mesures qui nous permettront de donner suite à ses recommandations.
Je vous remercie à nouveau, et nous vous invitons à nous poser toutes vos questions, si vous en avez.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je me demandais si votre français s'améliorait encore, et je peux le confirmer.
[Français]
Monsieur le vérificateur, mesdames, soyez les bienvenus à votre Chambre des communes.
Tout d'abord, madame Kelly, je vous félicite pour vos 35 années de service au sein du même organisme. Je ne savais pas qu'on embauchait à l'époque les gens dès l'âge de 10 ans, mais c'est tant mieux. Je vous souhaite la bienvenue.
Par votre entremise, je tiens à saluer et féliciter les milliers de Canadiens qui travaillent dans le milieu carcéral. S'il y a un secteur d'activité qui est difficile, qu'il s'agisse de la vie quotidienne ou de la vie familiale, c'est bien celui du monde carcéral. Nous devons un très grand respect à ces milliers de Canadiens qui assurent la sécurité de nos villes et de nos communautés. Je remercie ces gens. Permettez-moi aussi de saluer un ami d'enfance décédé, M. Michel Gagnon, qui a travaillé à Service correctionnel Canada pendant près de 20 ans, à Cowansville. J'offre mes salutations à Michel, à sa veuve Lucie et à leur fille, Marie-Pierre.
Dans votre document, monsieur Ferguson, on met en lumière le fait que 36 % des femmes détenues sont autochtones. Ce phénomène suscite beaucoup d'intérêt. On ne parlera pas des raisons pour lesquelles ces gens se retrouvent en prison, vu que c'est en amont du mandat du Service correctionnel. Cela dit, j'aimerais savoir comment les choses se passent à l'intérieur. Tout n'est pas blanc ou noir, mais certaines questions méritent notre attention. Plus tôt, vous avez dit ce qui suit:
Nous avons toutefois constaté que Service correctionnel Canada avait utilisé davantage les plans pour la libération qui sont prévus à l'article 84 pour les délinquantes autochtones. Ces plans font participer les organismes ou collectivités autochtones au processus de réinsertion. Les détenus autochtones qui bénéficient d'un tel plan ont plus de chances d'obtenir une libération conditionnelle que les autres détenus autochtones.
D'après ce que je comprends de votre analyse, pour que ce système fonctionne, il faut que le centre correctionnel soit situé près d'une communauté autochtone. Est-bien le cas?
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Je crois que c'est d'un pavillon de ressourcement que vous parlez. Nous en avons un pour les femmes, et il s'agit d'un environnement adapté à leur culture qui leur permet de pratiquer leur culture et leurs enseignements, et où se tiennent des cérémonies. C'est imprégné de la culture autochtone.
Les centres d'intervention pour Autochtones sont un peu différents. Nous en avons créé dans sept des établissements pour homme, et nous allons en mettre un sur pied à l'établissement pour femmes. En gros, nous allons donner à un groupe d'employés une formation spécialisée sur les antécédents sociaux des Autochtones, sur les mises en liberté en vertu de l'article 84, et sur la façon de présenter, dans le rapport qu'ils préparent, les services d'aînés et la participation aux Sentiers autochtones. Les centres d'intervention pour Autochtones viseront essentiellement les délinquantes qui purgent des peines relativement courtes. Au moment de l'évaluation initiale, nous allons leur demander si elles veulent être intégrées dans le volet autochtone. Dans l'affirmative, nous allons les inclure, dès l'admission, dans les programmes destinés aux Autochtones.
L'autre chose, c'est qu'à ces centres d'intervention pour Autochtones, nous allons avoir des agents de développement auprès de la collectivité autochtone qui vont travailler essentiellement avec les femmes et la collectivité, si les femmes veulent retourner dans leur collectivité autochtone. Plutôt que d'amorcer six mois à l'avance le processus de libération, nous allons le faire dès l'admission, ce qui va nous donner quelques années pour travailler avec la collectivité autochtone.
En ce qui concerne les centres d'intervention pour Autochtones, nous avons incorporé dans la politique qu'une fois qu'un délinquant termine avec succès un programme, nous allons immédiatement, ou dans les 30 jours suivants, réévaluer sa cote de sécurité. À ce jour, dans les établissements pour hommes, les résultats constatés sont bons. Une fois qu'ils ont terminé un programme et que nous réévaluons leur cote de sécurité, ils migrent vers la sécurité minimale — s'ils ne sont pas tout à fait prêts, nous les plaçons dans une unité des Sentiers autochtones pour qu'ils puissent continuer de travailler avec l'aîné —, ou leur dossier est préparé en vue d'être présenté à la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Nous espérons voir des résultats semblables pour les femmes, en particulier pour les femmes autochtones.
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Merci infiniment d'être venus nous rencontrer.
Ma première question porte sur le traumatisme et la toxicomanie, ainsi que sur les services de counseling connexes. J'aimerais vous poser des questions sur les mesures de prévention, car il y a beaucoup trop de personnes dans les établissements correctionnels du Canada pour commencer, mais il y a certainement beaucoup trop de femmes. Je comprends que votre rapport ne couvre pas la prévention, mais qu'il porte sur le système tel qu'il existe en ce moment.
Cela étant dit, monsieur Ferguson, ma question se fonde sur les recommandations du rapport. Je me demande si vous pouvez nous en dire un peu plus sur l'accès à des services de traitement de la toxicomanie ou de counseling traumatologique pour les femmes en détention.
En fait, Mme McCalla est venue témoigner devant le Comité de la condition féminine, il y a quelques semaines. À cette occasion, elle a entre autres soulevé la question des très fréquents cas de violence physique et sexuelle chez ces femmes. Elles ont elles-mêmes subi des traumatismes et ont été victimes de crimes, pendant leur vie, ce qui peut les amener, à cause de leur douleur et de leurs antécédents, à commettre des crimes. Elles ont elles-mêmes été des victimes.
Quels genres de recommandations faites-vous sur la meilleure façon de répondre à cette situation?
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier le vérificateur général et les représentantes de Service correctionnel d'être ici aujourd'hui. Je souhaite moi aussi vous féliciter pour votre poste, commissaire intérimaire Kelly.
Vous nous avez décrit qui sont les femmes en général. Vous dites qu'elles sont vraisemblablement jeunes, pauvres et sur le chômage, qu'elles ont des antécédents de violence et d'abus physiques et sexuels, et qu'un nombre disproportionné d'entre elles sont Autochtones. C'est un portrait très sévère que vous avez brossé. Ma réaction a été de me dire que ces femmes sont au mieux vulnérables, au pire des victimes.
J'ai vraiment été touché par ce que le vérificateur général a dit à plusieurs reprises aujourd'hui, en ce qui a trait à l'accès rapide à des programmes et services de réadaptation adaptés à la culture et aux besoins de ces femmes. Au bout du compte, le but n'est pas de les garder là, mais bien de veiller à ce qu'elles puissent réintégrer la société et peut-être avoir une meilleure chance de réussir.
Le vérificateur général a parlé d'un outil d'évaluation utilisé à l'arrivée des femmes pour déterminer leur niveau de risque pour la sécurité. Pourtant, il arrive que les femmes soient placées à un niveau de sécurité plus élevé que nécessaire, ou qu'elles suivent des programmes dont elles n'ont pas besoin.
Madame la commissaire Kelly, je vous remercie de vos commentaires sur l'acceptation du rapport et des recommandations du vérificateur général, mais je veux vous indiquer une phrase qui m'a dérangé parmi les grandes choses que vous avez dites: « Cette étude permettra de cerner les modifications à apporter, s’il y a lieu, à notre outil de classement initial par niveau de sécurité afin d’accroître son efficacité pour les femmes. »
J'ai trouvé cette affirmation quelque peu contradictoire. D'un côté, vous êtes d'accord avec les constatations et les recommandations du vérificateur général, mais de l'autre, vous dites « s’il y a lieu » — si des modifications de l'outil sont nécessaires. Peut-être pourriez-vous éclairer ma lanterne sur ce que vous entendez par là. Êtes-vous d'accord pour dire que l'outil doit être réexaminé et modifié, comme le vérificateur général le propose?
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Je vais commencer à répondre, puis je céderai la parole à Mme Blanchette.
Deux éléments entrent en ligne de compte. Pour ce qui est de la classification de sécurité initiale, afin d'accorder une cote de sécurité maximale, moyenne ou minimale à une femme, nous utilisons l'échelle de classement par niveaux de sécurité qui, sauf erreur, a été validée pour les délinquantes. D'après le rapport du vérificateur général, il semble que nous soyons prêts à passer l'échelle en revue pour voir si nous devons la modifier. Une échelle de reclassification de la cote de sécurité a été élaborée en 2005 pour les femmes. Elle était fondée sur un échantillon de délinquantes.
Pour ce qui est de choisir le bon programme, c'est différent. Jusqu'à maintenant, nous utilisions l'échelle de classement par niveau de sécurité, qui est plutôt un outil de classification de sécurité, pour affecter les femmes à des programmes d'une intensité donnée, puisqu'il existe des programmes d'intensité modérée et élevée. Pour les hommes comme pour les femmes, le vérificateur général a déclaré que l'échelle de classement par niveau de sécurité n'est pas le bon outil. C'est un outil de classification de sécurité, mais nous avons besoin d'un outil propre aux programmes.
C'est pourquoi nous avons créé ce que nous appelons l'indice du risque criminel, qui a été validé tant pour les hommes que pour les femmes. L'objectif est d'affecter les délinquants et les délinquantes à des programmes d'une intensité convenable.
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Je vais commencer, puis je demanderai à Mme McCalla de fournir des détails.
L'une des raisons pour lesquelles nous formulons 10 recommandations dans ce rapport est peut-être que le Service correctionnel du Canada a eu la chance de faire l'objet, récemment, de deux autres vérifications dans des domaines similaires.
Nous en avons effectué une sur les délinquants en général, une autre sur les délinquants autochtones, puis celle-ci sur les délinquantes. Nous avons très bien appris à connaître leurs procédures et leur façon d'évaluer les individus à leur arrivée. Nous savions donc quelles seraient certaines des recommandations, car ce sont des problèmes que nous avions déjà relevés. Nous avons en plus ajouté des recommandations propres aux délinquantes.
Par exemple, j'attire votre attention sur le paragraphe 5.21, où nous disons que le SCC doit essentiellement s'assurer qu'il a accès à l'information concernant une délinquante au moment où elle entre dans l'établissement. Lors des deux vérifications précédentes, nous avions constaté que ce n'était pas toujours le cas. Les délinquants arrivaient sans que le SCC ait toute l'information. Les documents existaient. Il s'agissait de procès-verbal de sentence, de commentaires des juges ou de ce genre de choses. Même dans cette vérification-ci, nous avons encore été témoins de situations où le SCC n'avait pas toute cette information à l'arrivée des gens.
Nous avons constaté des améliorations, mais je pense que certains éléments du processus doivent être améliorés. Je me réjouis de certaines des choses dont les représentantes ont parlé, par rapport à ce qui est fait pour les délinquantes ayant des problèmes de santé mentale. Je comprends le défi que représentent les délinquantes autochtones, compte tenu de leur population très modeste. Cependant, il demeure important que les délinquantes autochtones puissent préserver leur culture, car, si elles sont placées dans un établissement loin de leur communauté et de leur culture, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'elles se réadaptent dans une toute nouvelle culture. Je pense que c'est important.
Il a également été mentionné tout à l'heure que le SCC a mis en place un nouveau système de dossiers médicaux électroniques. Je pense que ce serait un volet important d'une éventuelle vérification. Nous espérerions certainement voir que l'intégrité des données est maintenue dans ce système, et que le système est utilisé comme il se doit, pour qu'il donne les résultats escomptés. Nous avons constaté à maintes reprises que des ministères mettaient en place de nouveaux systèmes sans toutefois s'assurer qu'ils sont utilisés comme il se doit. Je pense que ce serait important.
Encore une fois, je veux que le Comité comprenne bien que, la raison pour laquelle il est important de réduire le temps de détention d'un délinquant, c'est que cette durée prolonge le temps où le délinquant sera sous surveillance lors de sa réinsertion sociale.
Le pire scénario est lorsqu'un individu passe beaucoup de temps en établissement, puis très peu de temps sous supervision à essayer de se réintégrer à la société. Si une personne est préparée le plus vite possible à une libération conditionnelle, et qu'elle satisfait à toutes les conditions de cette libération conditionnelle, elle se soumettra à une période de surveillance plus longue et sa réinsertion aura plus de chances de réussir.
J'ai dit beaucoup de choses. Je ne sais pas si Mme McCalla...