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Je déclare la séance ouverte. Nous sommes à la onzième réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, le mardi 13 avril 2010.
Nous avons remis aux membres du comité une copie de l'ordre du jour. Comme vous le savez, nous poursuivons notre étude sur le crime organisé. Dans le cadre de cette étude, nous recevons aujourd'hui un certain nombre de témoins.
D'abord, nous accueillons Ken Froese, représentant de Froese Forensic Partners Ltd. Bienvenue.
Nous recevons également l'inspecteur Don Perron de la Police provinciale de l'Ontario, qui travaille au Bureau de la lutte contre le crime organisé, Unité de la confiscation d'actifs criminels et vol d'identité. Bienvenue, monsieur Perron.
Nous recevons aussi des représentants de la GRC, le surintendant principal Thomas Bucher et l'inspecteur Greg Bowen. Je vous souhaite à tous la bienvenue. Nous accueillons également David Bird.
Je crois qu'on vous a expliqué le fonctionnement de la séance. Chaque organisation a 10 minutes pour présenter un exposé et nous passerons ensuite aux questions des membres du comité.
Je tiens à rappeler à ceux qui ont des téléphones cellulaires de les mettre en mode vibration ou de les éteindre. Si vous recevez un coup de fil, ayez l'obligeance d'aller parler à l'extérieur de la pièce.
Je rappelle aux membres qu'à la fin de la réunion, nous allons passer aux travaux du comité pour quelques instants, le temps de déterminer les derniers témoins que nous recevrons sans doute mardi prochain.
Alors pourquoi ne pas commencer par M. Froese? Vous avez 10 minutes.
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Je reviens d'un voyage de cinq jours en moto et j'ai pris un vol à partir de San Francisco la nuit dernière, si bien que mes notes sont très sommaires. Je vais parler principalement de l'expertise comptable judiciaire.
Je suis en fait un juricomptable. J'exerce ce métier depuis environ 20 ans, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. J'ai travaillé avec la PPO, à l'occasion avec le Service de police de Toronto, avec la GRC, et j'ai même participé à des enquêtes sur la corruption municipale — le Projet 80 en Ontario qui visait à enquêter sur des politiciens municipaux — en plus d'enquêtes ciblant des politiciens de la ville de Vaughn et de la ville de Mississauga. Rien de ce que j'ai fait n'était lié à des députés.
J'ai eu l'occasion de travailler sur des enquêtes reliées aux Hells Angels en collaboration avec la PPO pour étudier le profil financier de deux membres qui sont finalement parvenus à assimiler d'autres gangs en Ontario. Du point de vue de la comptabilité judiciaire, j'avais pour tâche d'étudier leurs actifs, leurs revenus, qu'ils soient légitimes ou non, et d'analyser l'ensemble de la documentation financière pour établir un profil financier des membres aux fins du procès.
C'est en partie ce pourquoi je suis ici aujourd'hui, parce que je collabore aussi avec l'Agence du revenu du Canada en étudiant les actifs nets complexes et en essayant de découvrir si des revenus n'ont pas été déclarés.
L'un de vos objectifs, c'est de vous attaquer au crime organisé et à ses aspects financiers, et dans le cadre de notre collaboration avec les services de police, nous menons également des enquêtes privées sur les aspects financiers.
Durant l'enquête sur les deux membres des Hells Angels, nous avons eu besoin d'environ 300 mandats de perquisition pour retracer et recenser les actifs en jeu. Notre travail consistait à analyser les renseignements fournis, à relever d'autres sources d'actifs potentiels et à passer au travers du processus. L'une des difficultés s'explique par le fait que l'argent liquide et ses produits ne sont pas placés dans des institutions financières ni comptabilisés.
Ce sont les erreurs qui nous permettent de retracer des bribes d'information. Par exemple, si un membre du crime organisé ou un sujet d'enquête loue une chambre d'hôtel et paie comptant, vous ne pouvez pas le découvrir à moins que cette personne n'achète un produit du minibar et oublie que cet achat figurera sur son relevé de carte de crédit. Dans certains cas, la chambre d'hôtel coûtait 300 $ par nuit, mais la seule transaction pouvant être relevée consistait en un produit à 6 $ du minibar. Si l'on se rend en personne à l'hôtel, on s'aperçoit ensuite que plusieurs milliers de dollars ont été versés en argent comptant.
L'un des problèmes, c'est qu'il est difficile de retracer des transactions en argent comptant alors que la personne ciblée fait déjà l'objet d'une enquête criminelle de la police ou du moins l'intéresse. Comment relever l'information dans ce cas? Il y a les hôtels, par exemple. Dans le cas des deux personnes sur lesquelles nous enquêtions, les rénovations domiciliaires ont constitué un autre type d'indice. Lorsqu'on se penche généralement sur l'économie clandestine, on constate que beaucoup de frais de rénovation domiciliaire sont payés en argent comptant et, en espèces, il est difficile d'établir un profil financier si les dépenses de rénovation de toitures, d'ajouts de piscines ou autres sont acquittées en argent comptant.
Les dépenses dans les restaurants sont aussi difficiles à retracer. Certains repas peuvent s'avérer très cher au restaurant. Il arrive que nous étudions le profil de quelqu'un et que nous établissons que cette personne ne dépense pas beaucoup d'argent dans les restaurants, mais d'après les données de Statistique Canada, il y a une moyenne de visites au restaurant pour un ménage de deux ou trois personnes composé de citoyens ordinaires participant au marché du travail. Ces statistiques ne présentent pas nécessairement les mêmes renseignements lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui voyage beaucoup, que ses déplacements soient en relation avec le crime organisé ou toute autre activité. Ces personnes mangent assez souvent dans des restaurants de luxe, couchent à l'hôtel et font toutes sortes d'activités qui ne correspondent pas aux dépenses d'une personne normale.
Si vous avez besoin de recommandations, vous pourriez en fait améliorer les possibilités d'enquêter sur les finances, car les hôtels n'ont pas à faire de déclarations auprès du CANAFE. C'est probablement déraisonnable d'imposer les mêmes exigences en matière de déclaration, mais c'est sensé, car si les hôtels étaient soumis à des limites beaucoup plus basses en ce qui a trait aux liquidités, ils seraient obligés de déclarer des renseignements sur les cartes de crédit VISA au CANAFE. Ça vaut la peine d'y réfléchir.
Il en va de même des rénovations domiciliaires. L'objectif d'obliger à déclarer les paiements en argent comptant pourrait avoir des répercussions tant sur l'économie clandestine que sur l'examen des dépenses des personnes faisant l'objet d'un profilage.
Un autre aspect de notre travail consiste à déterminer les biens et les activités des sujets d'enquête. Actuellement, si vous faites une recherche sur une entreprise, vous pouvez utiliser le nom de l'entreprise, mais vous ne pouvez pas chercher des renseignements avec les noms des propriétaires comme données. Il n'y a aucun enregistrement ou mécanisme de déclaration publique de la propriété des entreprises. On ne connaît que le nom des chefs et des administrateurs. Lorsqu'on se penche sur l'interrelation et l'appartenance de certaines entreprises, bien que dans certains cas on se heurte à des sociétés prête-noms, il serait utile de pouvoir lancer une recherche en utilisant l'adresse ou les noms des chefs et des administrateurs. En ce moment, on ne peut pas mener ce type de recherche à l'échelle provinciale et fédérale. C'est très difficile d'essayer de brosser un tableau des propriétaires et de leurs activités.
Les prête-noms constituent une autre pièce du casse-tête. D'une certaine façon, il est sensé, par exemple, d'utiliser une société prête-nom pour acheter une propriété lorsque vous êtes un promoteur immobilier. Si le vendeur apprenait que vous êtes un promoteur immobilier, il pourrait être tenté d'accroître le prix de vente. Or, je ne crois pas que le recours à une société prête-nom doive s'éterniser. S'il y avait une limite à la durée du recours à une société prête-nom, il serait possible de divulguer le nom des propriétaires d'entreprises et non pas seulement le nom des chefs et administrateurs. Je crois que ce type de mesures serait très utile pour brosser un tableau de l'implication générale des personnes faisant l'objet d'une enquête ainsi que de leurs finances.
Je m'en tiendrai à cela pour ne pas dépasser mes dix minutes. Je serai disposé à répondre aux questions.
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Je comprends, je suis désolé. J'avais remis une copie de mes notes d'allocution aux interprètes.
Les organisations criminelles présentent une menace importante à la sécurité de nos collectivités. Le profit est l'un des principaux facteurs qui poussent les gens à s'adonner à la criminalité. En confisquant aux criminels la fortune qu'ils ont acquise grâce à la criminalité ainsi que les biens ayant servi à faciliter leurs crimes, on arrive à réduire avec efficacité la criminalité. Cette stratégie est devenue un élément essentiel des efforts des services de police qui cherchent à enquêter sur les organisations criminelles ainsi qu'à les perturber et à les démanteler.
Le premier texte législatif s'attaquant aux produits de la criminalité est entré en vigueur au Canada en 1989. Depuis son adoption, d'autres modifications législatives conçues pour lutter contre le crime organisé ont été adoptées dans le but de renforcer les dispositions déjà en vigueur et d'accroître notre capacité de saisir et de confisquer les biens liés à des infractions ou les biens ayant servi à perpétrer des crimes. En 2001, l'Ontario a adopté un régime législatif civil qui permettait au procureur général d'intenter une procédure civile en vue d'obtenir une ordonnance de confiscation des produits de la criminalité ou instruments ayant servi dans des activités illégales, dans l'intérêt de la Couronne.
Bien qu'ils n'aient rien à voir avec la police, les recours civils visant des activités illicites jouent un rôle essentiel dans la stratégie provinciale de confiscation des actifs. Des partenariats solides entre les organismes d'application de la loi, les procureurs et les intervenants à l'appui du réseau de justice pénale sont essentiels pour une utilisation réussie des outils législatifs permettant la confiscation d'actifs.
L'Unité de la confiscation d'actifs criminels, dirigée par la PPO, constitue un modèle de collaboration opérationnelle intégrée bien enchâssé au sein du Bureau de la lutte contre le crime organisé. Dans l'objectif de s'attaquer au motif même du crime, l'unité a pour mandat d'appliquer de façon agressive et stratégique les dispositions législatives à l'égard de la confiscation des actifs qui sont en place et de coordonner la confiscation des actifs à l'échelle provinciale en Ontario. Cette unité comprend 53 agents provenant de 21 services de police différents. La PPO compte également parmi ses rangs quatre agents de la GRC en détachement provenant de son programme intégré ciblant les produits de la criminalité.
Les agents affectés à l'unité offrent un soutien spécialisé aux enquêtes pour les agents de première ligne, les unités d'attache et les projets de grande envergure ciblant les groupes du crime organisé. Au cours des cinq dernières années, l'unité a retiré 155 millions de dollars de l'économie criminelle et a saisi 25,8 millions de dollars au nom de la Couronne. À l'échelle nationale, ce modèle a été reconnu comme permettant d'appliquer efficacement les dispositions législatives civiles et pénales visant à saisir les produits de la criminalité et les biens qui ont servi à commettre des crimes.
L'unité a recours à une philosophie globale dans l'application des outils législatifs en vue de réaliser un objectif commun: retirer les produits de la criminalité et les biens infractionnels des mains des criminels ou des organisations criminelles. Pour adopter cette approche stratégique, il faut bien comprendre les lois relatives à la confiscation d'actifs et être capable de travailler avec les différents régimes et processus législatifs. Il faudra que nous soyons capables de demeurer prudents et diligents dans l'application des outils législatifs pour que la police puisse continuer d'avoir recours de façon réussie et viable à des dispositions sur la confiscation d'actifs pour lutter contre le crime organisé.
L'Unité de la confiscation d'actifs se fonde sur trois processus législatifs pour retirer et saisir les produits de la criminalité et les biens qui ont servi à perpétrer des crimes. La disposition législative traditionnelle portant sur la saisie et la confiscation des produits de la criminalité se trouve dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et dans le Code criminel. Cette disposition s'applique dans le cas d'enquêtes associées à la saisie et à la confiscation de biens constituant le fruit d'activités criminelles. Cette méthode comprend une enquête financière complexe où la police doit démontrer, hors de tout doute raisonnable, que le bien a été acquis avec les profits tirés de la criminalité.
Au titre de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, la Direction de la gestion des biens saisis, un organisme fédéral de gestion des actifs, assume les responsabilités liées à la gestion et à l'aliénation des biens en vertu d'une ordonnance de gestion émise par un tribunal. Le Service des poursuites pénales du Canada est chargé d'intenter des poursuites à cet égard.
Lorsque nous procédons en vertu du Code criminel, le ministère du Procureur général provincial assume les responsabilités liées à la gestion et à la cession des biens, en plus d'intenter les poursuites.
La disposition législative liée à la saisie et à la confiscation de biens infractionnels — c'est-à-dire de biens qui servent à commettre un crime, comme une installation de culture de la marijuana — est également intégrée dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances ainsi que dans le Code criminel. On applique cette disposition lorsqu'on enquête sur la saisie et la confiscation de biens ayant été utilisés pour perpétrer un crime. Il en coûte moins cher de suivre cette méthode que d'appliquer les dispositions antérieures. Dans ce cas, les policiers doivent démontrer hors de tout doute raisonnable que le bien a servi à commettre un crime. Cette méthode a été utilisée pour approximativement 75 p. 100 des biens qui ont été saisis et confisqués par l'unité de la confiscation des actifs au cours des cinq dernières années. Comme on l'a mentionné auparavant, les dispositions établiront qui devra assumer les responsabilités liées à la gestion et à la cession des biens et qui intentera les poursuites.
Les recours civils dans le cas d'activités illicites sont la troisième et la dernière façon que l'unité de la confiscation des actifs peut utiliser pour saisir les produits des crimes commis par des entreprises et organisations criminelles. Les services policiers peuvent avoir recours aux poursuites civiles de façon indépendante en présentant les affaires n'ayant pas abouti ou pour lesquelles il n'y a pas suffisamment d'éléments de preuve pour procéder à une confiscation. Nous présentons le dossier au responsable de l'examen, c'est-à-dire au responsable de la sélection, qui est un avocat de la Couronne indépendant du ministère du Procureur général. Le responsable de la sélection examine les documents et détermine s'ils répondent au critère obligatoire de la Loi sur les recours civils. Si c'est le cas, l'affaire est transmise aux fins d'examen au Bureau du recours civil à l'égard d'activités illicites. La norme de preuve requise pour la confiscation au civil est la même que pour toutes les poursuites civiles, c'est-à-dire la prépondérance des probabilités.
Les réussites de l'unité de la confiscation des actifs sont directement liées à la solide relation de travail établie avec nos partenaires et les intervenants. Comme nous l'avons dit, l'unité de la confiscation des actifs travaille de concert avec les programmes du ministère du Procureur général, y compris avec le Bureau du recours civil à l'égard d'activités illicites ainsi qu'avec l'unité de la confiscation des actifs. Dans le cas des poursuites pénales, l'unité de la confiscation des actifs travaille de pair avec le Service des poursuites pénales du Canada et la Direction de la gestion des biens saisis. Tous ces programmes travaillent de façon coordonnée pour établir quels sont les dossiers de confiscation des biens et pour maximiser l'application des dispositions concernant la confiscation des biens afin de réduire l'économie criminelle. La Police provinciale de l'Ontario reconnaît la complexité entourant le financement des nombreux programmes à divers paliers gouvernementaux, mais il est recommandé que tous les intervenants qui contribuent à la stratégie globale de confiscation des biens soient considérés lorsqu'on examine les possibilités de financement pour un ou certains des intervenants.
Ainsi, les partenaires du secteur juridique doivent reconnaître que les motifs qui sous-tendent la suppression des produits de la criminalité ne doivent pas faire en sorte que le gouvernement ou que les organismes d'application de la loi profitent de ces biens. Il s'agit plutôt de réduire la criminalité, d'aider les victimes de crime et de faire en sorte que les criminels ne puissent pas profiter de leur crime. Le coût de la lutte anti-crime dans une collectivité est directement lié au niveau de criminalité de cette collectivité. Retirer les biens illicites et infractionnels de l'environnement permet de réduire les crimes et d'aider les victimes de crime. La réduction de la criminalité permet de faire des économies relativement à la lutte future contre la criminalité dans une collectivité donnée. Par exemple, les 155 millions de dollars qui ont été retirés de l'économie criminelle par l'unité de la confiscation des actifs au cours des cinq dernières années représentent des fonds qui ne sont plus disponibles aux criminels ni à leurs organisations pour financer des activités criminelles et soutenir leur style de vie somptueux. Il s'agit d'une mesure dissuasive puissante et, plus important encore, ces fonds reviennent aux victimes d'actes criminels ou sont réinvestis pour assurer la sûreté des collectivités.
Même si ce n'est jamais l'un des motifs, la saisie et la confiscation de biens illicites apportent un avantage financier supplémentaire. Les biens ou l'argent ne servant pas à indemniser les victimes ou que l'on ne peut pas retourner à une tierce partie innocente seront confisqués au profit de la Couronne.
Conformément aux systèmes de partage applicables, les biens saisis sont convertis en fonds qui peuvent être réinvestis dans des activités d'application de la loi. Les programmes de subvention suivants ont été établis en tant qu'outils permettant de réinvestir des sommes saisies dans des initiatives du secteur juridique: le programme de subvention des services de police de première ligne, le programme de subvention pour l'application de la loi et le programme de subvention des poursuites civiles pour les produits de la criminalité découlant d'activités illicites.
La Police provinciale de l'Ontario reconnaît qu'il y a eu des progrès législatifs considérables et des mesures qui soutiennent le cadre de confiscation des biens en Ontario, ce qui renforce notre capacité d'enquêter, de perturber et de démanteler les crimes graves et le crime organisé. Toutefois, la Police provinciale de l'Ontario a recensé les priorités suivantes qui permettraient d'améliorer la stratégie provinciale de confiscation des biens.
La première priorité porte sur les modifications législatives à la Loi sur l'administration des biens saisis et au règlement sur le partage du produit de l'aliénation des biens confisqués afin de donner davantage de souplesse à la Direction de la gestion des biens saisis pour ce qui est d'assumer les responsabilités touchant la gestion des biens qui ont été saisis par la police dès le moment de leur saisie plutôt que d'attendre d'obtenir une ordonnance de prise en charge; de procéder en temps utile à la cession de biens qui perdent rapidement leurs valeurs, comme des automobiles, afin de préserver la valeur de ces biens; de permettre d'avoir recours à une agence de gestion responsable d'administrer et d'aliéner tous les biens saisis par la police dans le cadre de toute mesure de confiscation, qu'elle soit provinciale ou fédérale; de réviser le système de partage actuel pour faire en sorte d'établir un processus équitable et transparent qui permet d'optimiser les avantages globaux découlant du processus de confiscation des biens. Les modifications permettraient également d'affecter des avocats du Service des poursuites publiques du Canada afin qu'ils formulent des conseils juridiques et qu'ils soutiennent la stratégie provinciale de confiscation des biens; d'établir des politiques et des lignes directrices claires qui établiraient et accorderaient la compétence en matière de poursuites dès le début de l'étape de planification d'une vaste enquête sur le crime organisé; et d'investir des fonds suffisants pour tous les intervenants participant à la stratégie provinciale de confiscation des biens.
En conclusion, l'unité de la confiscation des actifs joue un rôle clé dans les efforts d'application de la loi et de lutte contre le crime organisé et les crimes graves. Parce qu'elle maintient des partenariats et des relations solides avec les services de police municipaux et des intervenants du secteur juridique, l'unité de la confiscation des actifs atteint un taux de réussite remarquable pour ce qui est d'empêcher les criminels de jouir de la richesse acquise grâce aux crimes et des biens infractionnels. Nous croyons qu'en continuant sur cette lancée de réforme et de modernisation, qui donne aux policiers et aux procureurs le soutien et les outils dont ils ont besoin pour lutter efficacement contre le crime organisé, nous pourrons accroître la sécurité des collectivités partout au Canada.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour à vous, mesdames et messieurs les membres du comité. Nous vous sommes reconnaissants de nous avoir invités ici aujourd'hui.
Je suis heureux d'être ici avec vous aujourd'hui aux côtés de mon collègue l'inspecteur Greg Bowen, qui est l'officier responsable des ressources humaines et de la protection des témoins, et de M. David Bird, avocat des Services juridiques de la GRC.
Si vous me le permettez, j'aimerais d'abord décrire brièvement le contexte qui a prévalu au cours des dernières années concernant le Programme de protection des témoins ou PPT. En 1984, au moment où la lutte contre les importants réseaux nationaux et internationaux de contrebande de drogues est devenue une priorité, la GRC a mis sur pied un Programme de protection des témoins en vue de protéger les personnes collaborant avec le système de justice. Administratif par nature, le PPT ne disposait alors d'aucun cadre législatif. L'infrastructure du programme était constitué des agents de police chevronnés et des contacts existant d'un bout à l'autre du Canada qui prêtaient leur soutien à la relocalisation des témoins et à leurs changements d'identité.
Au milieu des années 1980, la plupart des individus qui étaient admis au PPT de la GRC avaient d'une manière quelconque participé à d'importantes activités de contrebande de drogues. Dans les années qui ont suivi, l'étendue de la protection des témoins s'est élargie et a englobé d'autres citoyens qui avaient besoin de protection, mais qui n'étaient pas directement impliqués dans le crime organisé.
En 1994, un député a déposé un projet de loi d'initiative parlementaire à la Chambre des communes, le projet de loi C-206, qui visait à enchâsser dans la loi les principes fondamentaux, les critères et les procédures régissant le PPT. Bien que ce projet de loi n'ait pas été adopté, il a recueilli un appui important au sein de la Chambre des communes. Par la suite, le gouvernement a déposé le projet de loi C-78, c'est-à-dire la Loi sur le programme de protection des témoins, dans un effort visant à accroître l'efficacité du PPT. Le projet de loi avait pour objet de faire en sorte que les personnes qui souhaitent se prévaloir du PPT comprennent clairement leurs droits, leurs obligations et l'étendue de la protection susceptible de leur être assurée. Le projet de loi traitait également de critères d'admission s'appliquant aux témoins, des obligations des administrateurs et des exigences en matière de présentation de rapports à la Chambre des communes.
En 1996, le Programme fédéral de protection des témoins s'est vu reconnaître un statut légal à la faveur de la Loi sur le programme de protection des témoins. Cette législation a constitué un jalon important pour les Canadiens puisqu'elle officialisait, pour la première fois, une structure de gouvernance régissant la protection des témoins au Canada. Il importe toutefois de remarquer que la jurisprudence en la matière se limitait au Programme fédéral de protection des témoins, dont la GRC était chargée d'assurer la mise en œuvre.
Aujourd'hui plus que jamais, le Programme fédéral de protection des témoins continue de jouer un rôle crucial dans la capacité des organismes d'exécution de la loi de lutter efficacement contre le crime organisé. La violence extrême dont le crime organisé fait preuve, les importantes ressources financières dont il dispose et sa capacité d'exercer des représailles contre ceux qui livrent des témoignages contre lui sont bien connues. Le Programme fédéral de protection des témoins est l'une des rares ressources mises à la disposition de tous les organismes canadiens chargés de l'exécution de la loi qui peuvent assurer une protection, rassurer sur le plan émotif et prêter un appui aux témoins qui courent des risques en raison de leur participation au système de justice.
Il importe de souligner que le Programme de protection des témoins n'est pas le seul programme de ce genre au Canada. Les provinces de l'Ontario, du Québec, du Manitoba et de la Saskatchewan ont mis en place leur propre programme provincial, et l'Alberta a également exprimé son intention d'en créer un aussi. À l'heure actuelle, deux provinces des Prairies possèdent des programmes établis par la loi et on prévoit que la législation entourant le programme de l'Alberta entrera en vigueur dans un proche avenir. L'Ontario et le Québec ont quant à elles des programmes reposant sur une politique. La plupart des grands services de police provinciaux possèdent en leur sein une unité de protection des témoins.
[Français]
Je devrais ajouter, cependant, que le fait d'avoir des programmes provinciaux indépendants n'empêche pas les provinces d'avoir recours au Programme fédéral de protection des témoins. Par exemple, dans des dossiers particulièrement complexes, la GRC peut prêter assistance et faciliter la prise en charge du témoin sous le programme fédéral de protection. Ces situations sont souvent engendrées par le fait que les programmes provinciaux ou municipaux n'ont pas nécessairement la capacité de soutenir les cas qui requièrent une protection à vie ou les changements d'identité.
[Traduction]
J'aimerais également ajouter qu'aucun fonds fédéral spécifique n'est prévu pour assurer la protection des témoins au Canada; cela vaut également pour le Programme fédéral de protection des témoins administré par la GRC. Cette absence de fonds constitue ni plus ni moins une entrave pour le programme fédéral et les plus petits organismes qui font enquête relativement à des crimes graves sans disposer des ressources suffisantes pour assumer les frais de la protection des témoins. À l'heure actuelle, la GRC consacre environ sept millions de dollars par année à la protection des témoins. Ce chiffre peut toutefois fluctuer selon le nombre et la complexité des cas qui lui sont soumis.
La Loi sur le programme de protection des témoins sert de cadre au programme fédéral et définit en quoi consiste la protection, laquelle peut englober la relocalisation, l'hébergement, le changement d'identité, la prestation de conseils et une aide financière afin d'assurer la sécurité du témoin et de faciliter sa relocalisation ou sa capacité de devenir autosuffisant.
Une fois que le commissaire établit qu'un témoin est admissible au PPT, celui-ci doit conclure un accord de protection avec le commissaire. Tous les accords de protection prévoient des obligations pour les deux parties. Dans le cadre de la Loi sur la protection des témoins, article 8, le commissaire est chargé de prendre les mesures raisonnables pour assurer au bénéficiaire la protection décrite dans l'accord.
L'article 11 de la Loi sur le programme de protection des témoins stipule qu'il est interdit de communiquer sciemment, directement ou indirectement, des renseignements au sujet du lieu où se trouve un bénéficiaire ou de son changement d'identité. Est également considéré comme une infraction le fait de divulguer des renseignements touchant un ancien bénéficiaire qui n'est désormais plus visé par la protection. Il n'est toutefois pas interdit à un bénéficiaire de divulguer de tels renseignements, si, ce faisant, il ne met pas en danger sa sécurité ni celle d'un autre bénéficiaire et que cela ne risque non plus de nuire à l'intégrité du programme.
Le commissaire peut, dans certaines circonstances, communiquer le lieu ou le changement d'identité d'un bénéficiaire ou d'un ancien bénéficiaire. Avant de divulguer tout renseignement, le commissaire doit prendre toutes les mesures nécessaires pour faire connaître ses intentions au bénéficiaire et lui permettre d'y répondre. Le commissaire n'est toutefois pas tenu de le faire si cela pourrait avoir pour conséquence d'entraver l'enquête relative à une infraction.
Le commissaire peut mettre fin à la protection d'un bénéficiaire si l'intéressé a délibérément contrevenu aux obligations énoncées dans l'accord de protection. Le commissaire peut également lever le PPT lorsque le bénéficiaire a fait une fausse déclaration ou a omis de communiquer des renseignements pertinents relativement à son admission au PPT. Avant de mettre fin à la protection assurée à un bénéficiaire, des mesures raisonnables doivent être prises pour aviser l'intéressé de la décision le concernant et lui permettre de présenter des observations à ce sujet.
La Loi sur le programme de protection des témoins permet également au ministre de la Sécurité publique de conclure un accord réciproque avec un gouvernement étranger ou un tribunal international ou autre afin de permettre à des ressortissants étrangers de participer au Programme de protection des témoins. Dans de tels cas, un étranger ne peut être admis au Canada sans le consentement du ministre de Citoyenneté et Immigration Canada et du ministre de la Sécurité publique. Le rôle de la GRC consiste alors à administrer l'accord conclu entre le pays étranger et son témoin.
On reconnaît que le Programme de protection des témoins est l'un des programmes les plus exigeants de la GRC. À risque élevé de par sa nature même, le programme doit demeurer souple afin de s'adapter à l'évolution du contexte et des conditions entourant la criminalité au Canada, de répondre aux attentes du public et de satisfaire aux exigences en matière d'exécution de la loi tant sur la scène nationale qu'internationale.
Le Programme fédéral de protection des témoins est le seul programme canadien à avoir été autorisé afin de répondre aux besoins de tous les intérêts municipaux, provinciaux et fédéraux en matière d'exécution de la loi au Canada, ainsi que des services de police internationaux et des tribunaux internationaux. Nous partageons les préoccupations de nos collègues des provinces et des municipalités relativement aux problèmes des ressources et aux défis sociaux auxquels les initiatives de protection des témoins sont confrontées au Canada. À cet égard, la multiplication des activités des gangs au Canada, et les défis que représente la prestation de services de protection aux personnes qui sont associées aux gangs et qui souhaitent collaborer et présenter des témoignages, mais qui craignent de le faire par crainte de représailles représentent des difficultés particulières pour le bon déroulement du programme.
Au cours des dernières années, la manière selon laquelle la GRC administre le Programme fédéral a fait l'objet d'un examen très rigoureux, mais cet examen et cette attention ont toutefois été bien accueillis. À la faveur de ce processus, la complexité et les difficultés de la protection des témoins ont été rendues publiques et, par voie de conséquence, en 2007, le Comité de la Chambre sur la sécurité publique et nationale a entrepris un examen du Programme de protection des témoins. Par suite des audiences de ce comité, on a élaboré une série de recommandations visant à accroître l'efficacité du Programme fédéral de protection des témoins.
[Français]
Le gouvernement fédéral a pris en compte ces recommandations. Par conséquent, la GRC et le ministère de la Sécurité publique du Canada ont entamé une revue en profondeur du Programme fédéral de protection des témoins existant en engageant tous les partenaires provinciaux et fédéraux dans les discussions sur certains changements possibles qui le rendraient plus efficace et transparent.
Lors de ces consultations, il a été clairement expliqué par certaines provinces que les changements à la Loi sur le programme de protection des témoins sont nécessaires, notamment pour accroître leur capacité à obtenir des documents fédéraux d'identification sans avoir à faire admettre leurs témoins au Programme fédéral de protection des témoins.
Il a aussi été constamment question du manque de ressources financières au niveau des provinces et des municipalités pour couvrir les frais engendrés par l'adhésion de leurs témoins au programme fédéral de protection.
[Traduction]
Ces enjeux ainsi que d'autres difficultés cernées par nos partenaires fédéraux et provinciaux et d'autres intervenants ont été au cœur même des discussions et des débats de Sécurité publique et de la GRC alors que nous concertions nos efforts en vue de promouvoir l'instauration des changements nécessaires au renforcement du Programme fédéral de protection des témoins. Parallèlement, Sécurité publique et la GRC tenaient non seulement à ce que les modifications apportées au programme fédéral répondent aux préoccupations des partenaires et des intervenants, mais également à ce que tout changement apporté à la législation fédérale ou au programme fédéral ait pour effet d'accroître la protection des témoins à l'échelle nationale.
Parallèlement aux enjeux législatifs, la GRC a rédigé un document provisoire qui, dans sa version finale, permettra d'adopter une série de recommandations et de changements au programme fédéral, lesquels auront pour effet de moderniser le programme en l'axant davantage sur les bénéficiaires, de promouvoir plus efficacement la sécurité publique, la sécurité du personnel affecté à la protection des témoins et celle des partenaires essentiels participant à la protection des témoins, et de mieux répondre en outre aux besoins et attentes de la population canadienne et du système judiciaire canadien.
Je vous remercie de m'avoir permis de faire ces quelques remarques liminaires. Mes collègues et moi-même sommes désormais disposés à répondre à vos questions.
Merci.
D'abord, les dispositions nous permettant de demander la confiscation des biens sont les mandats de perquisition spéciaux et les mandats de blocage. Le procureur fait une demande en ce sens en se fondant sur les attestations que nous lui fournissons.
Ces demandes sont d'une complexité variable. Ainsi, par exemple, une requête en vertu d'une accusation de possession de produits de la criminalité est en règle générale plus complexe, car elle exige qu'on prouve que les biens ou les biens immobiliers ont été acquis au moyen de bénéfices tirés des activités criminelles. Dans le cas d'une requête pour biens liés à une infraction, les exigences sont un peu moins lourdes, car la seule chose que nous avons à établir, c'est que le bien ou le bien immobilier que nous cherchons à saisir ou à bloquer a facilité la perpétration d'un crime. Ainsi, par exemple, il se peut qu'une installation de culture de marijuana ait été achetée au moyen de fonds d'origine légitime, mais ces derniers ont facilité une culture clandestine; par conséquent, nous pouvons intenter une poursuite en fonction de cela.
Pour qu'il y ait requête de confiscation de biens, il faut qu'il y ait d'abord eu verdict de culpabilité. Par conséquent, en règle générale, une requête de confiscation interviendra au moment du prononcé de la sentence. Ensuite, si cette demande n'est pas contestée, il y aura entente, ou bien dans le cas contraire, on fixera la date d'un procès visant la confiscation et où il faudra de nouveau produire des preuves à cette fin. Quoi qu'il en soit, la requête ne peut avoir lieu qu'après un verdict de culpabilité.
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Mes excuses. J'ai l'impression que tout le monde est Acadien.
La façon dont vous et votre collègue, l'inspecteur Bowen, faites fonctionner le Programme de protection des témoins a piqué ma curiosité. D'ailleurs, le public en général s'intéresse aussi à cela; les médias et la télévision nous offrent tous ces exemples frappants de gens qui sont couverts par ce programme, or, ça correspond assez peu à la plupart des réalités du monde policier.
C'est la première fois que j'entends des officiers supérieurs décrire comment fonctionne un programme de ce genre. J'ai trouvé intéressant d'apprendre que, depuis sa création, le programme a accepté 800 personnes. Un budget annuel de sept millions de dollars ne me paraît donc pas très important, compte tenu des 15 nouvelles personnes que vous acceptez, ainsi que des 785 dont vous vous occupez encore.
Je ne suis pas sûr que vous puissiez répondre à ma question, mais pendant que quelqu'un bénéficie du Programme de protection des témoins, est-ce que cela coûte 100 000 $ aux contribuables pour subvenir à ses besoins ou un million de dollars? Je n'ignore pas que les montants peuvent varier selon les circonstances, mais dans quelle mesure? Quels ont été les coûts les plus faibles associés à la protection d'un témoin et les plus faramineux?
Vos remarques au sujet du style de vie m'ont fait quelque peu sursauter. Certains de ces gens-là ont un train de vie qui dépasse certainement celui de tous ceux qui sont autour de cette table. Je sais bien que vous n'aviez nullement l'intention de dire que vous alliez conserver à ces témoins le niveau de vie auquel ils étaient habitués lorsqu'ils poursuivaient des activités criminelles, mais qu'est-ce qui détermine le budget? C'est tellement ouvert. Je suis curieux de le savoir.
J'ai l'impression que votre financement est insuffisant. Lorsque vous demandez des crédits au Conseil du Trésor, comment expliquez-vous une demande supplémentaire?
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Merci, monsieur le président. Je remercie les témoins d'être présents parmi nous.
Ma question s'adresse principalement à M. Froese, puisqu'il a attiré mon attention sur ce que l'on appelle les enquêtes juricomptables, au sujet des criminels à cravate, les nouveaux criminels.
Nous sommes en train d'étudier le crime organisé. On sait qu'il y a de la drogue. Depuis environ quatre, cinq ou dix ans, un important mouvement a fait surface, soit la question des criminels à cravate. Au Québec, il y a eu les cas de Vincent Lacroix et d'Earl Jones. En Alberta, différentes compagnies sont aussi impliquées dans ce genre d'histoire. Vous êtes l'expert que l'on consulte.
Or, actuellement, tous les gouvernements, par différentes structures, travaillent avec des fonds de pension de plus en plus importants. On n'a qu'à penser aux investissements dans Teachers' et dans la Caisse de dépôt et placement du Québec. Beaucoup d'argent circule et beaucoup de gens, comme Vincent Lacroix, par exemple, manipulent de l'argent. Aujourd'hui, on se rend compte que si vous n'étiez pas là, on ne serait pas en mesure de les trouver. Qu'auriez-vous à suggérer?
On mène une étude sur le crime organisé et il faut tenter de trouver une solution quelconque. Nous connaissons les crimes antérieurs, qui sont bien ordinaires. Dans votre cas, vous faites face à un nouveau genre de crime.
Selon vous, que devrait-on changer ou penser à changer afin d'aider les personnes à protéger leurs fonds? Ce qui se passe actuellement avec les criminels à cravate est de plus en plus grave. Que suggérez-vous?
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Il y a vraiment deux aspects à cela. Il y a d'abord les activités policières et les grandes orientations politiques, puis il y a les initiatives que devraient prendre des particuliers ou des entreprises.
Pour ce qui est des activités policières et des grandes orientations politiques, nous en avons déjà quelque peu parlé, mais à l'heure actuelle, en règle générale, les corps policiers font appel aux juricomptables pour deux raisons. Parfois, ils ont besoin de leur compétence spécialisée, mais dans la plupart des cas, ils embauchent des gens à qui confier des tâches. Dans un tel cas, il s'agit souvent d'un juricomptable des premiers échelons qui est détaché auprès du corps policier ou bien d'un fonctionnaire qui va faire le même travail. Précisons que les juricomptables ne participent pas beaucoup aux questions policières d'ordre stratégique, et, d'ailleurs, la structure et la culture des activités policières sont marquées par un esprit de groupe exclusif, qui considère tous les autres comme de simples civils, et par conséquent, l'esprit d'équipe n'est pas aussi fort qu'il devrait l'être.
J'ai discuté avec des gens qui travaillent dans le groupe des enquêtes sur les fraudes et ailleurs, et sur le strict plan financier, il est très difficile d'obtenir la participation aux activités policières de jurisconsultes de niveau supérieur. Si l'on y réfléchissait davantage, j'estime qu'on pourrait certainement améliorer la situation et obtenir une participation stratégique de la part des experts en question financière aussi bien que de la part des policiers, parce que de part et d'autre, chacun fait très bien son travail, mais il demeure difficile de faire travailler ensemble les gens de ces deux catégories. On pourrait donc se pencher là-dessus, voir s'il y a moyen de faire participer davantage de juricomptables de niveau supérieur aux activités policières.
Maintenant, pour ce qui est des initiatives individuelles, il s'agit là d'une vaste question. Comment pouvons-nous nous défendre contre ce genre de chose? Ainsi, par exemple, nous avons effectué des enquêtes en collaboration avec un syndicat, où nous avons surveillé une rencontre entre un cadre supérieur et des représentants de trois familles criminelles distinctes. Or, les structures internes n'avaient pas été conçues pour permettre ce genre d'enquête. De plus, si vous faites partie d'un syndicat local, vous vous trouvez à contrevenir aux dispositions de sa constitution. Il est très difficile pour un membre d'un syndicat de composer avec une telle situation. Je ne sais pas vraiment non plus comment on peut susciter l'intérêt des services policiers pour des questions comme les activités syndicales ou d'autres activités hors normes, comme le commerce de drogues, la contrebande ou la criminalité en col blanc, domaines dans lesquels la criminalité organisée cherche à exercer de l'influence. Cela dépend du domaine d'activité.
Je vais m'arrêter ici, car le moment est probablement bien choisi.