Mesdames et messieurs les membres du comité, madame la présidente, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis accompagné aujourd'hui de deux personnes que vous avez sûrement déjà rencontrées auparavant: Michelle d'Auray, dirigeante principale des ressources humaines au Secrétariat du Conseil du Trésor, et Marc O'Sullivan, vice-président principal intérimaire du Secteur du renouvellement de la main-d'oeuvre et du milieu de travail au Bureau du dirigeant principal des ressources humaines.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral garde à coeur les langues officielles, et nous avons déployé de nombreux efforts pour que tous les citoyens de notre pays puissent profiter à juste titre de la dualité linguistique et des avantages qu'elle comporte.
À titre de président du Conseil du Trésor, il m'incombe d'abord de veiller à ce que le Conseil du Trésor élabore et coordonne les principes et les programmes relatifs à l'application des parties de la Loi sur les langues officielles traitant de la prestation des services dans les deux langues officielles dans les bureaux désignés bilingues, conformément à la Charte canadienne des droits et libertés. Il s'agit de la Partie IV de la loi.
Deuxièmement, c'est de moi que relèvent la création et le maintien d'un milieu de travail propice à l'usage effectif des deux langues officielles dans les régions désignées bilingues aux fins de la langue de travail. Il s'agit de la Partie V de la loi.
Troisièmement, il m'appartient de voir à la participation équitable des membres des deux collectivités de langue officielle aux effectifs fédéraux et de l'égalité de leurs chances d'emploi et d'avancement dans les institutions fédérales. Il s'agit de la partie VI de la loi.
En plus des efforts de mon collègue, l'honorable James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, je joue également un rôle dans l'application de la partie VII de la loi dans les institutions. En particulier, je veille à ce que l'épanouissement et le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire soient pris en compte dans les initiatives que le Conseil du Trésor est appelé à approuver.
Enfin, je dois déposer au Parlement, après la fin de chaque exercice, un rapport sur l'exécution du programme des langues officielles dans les institutions assujetties à la loi.
Je sais que le commissaire aux langues officielles a exprimé des inquiétudes au sujet de la création du Bureau du dirigeant principal des ressources humaines. J'aimerais apporter des précisions à ce sujet pour le bénéfice des membres du comité.
Comme vous le savez, le 6 février dernier, le premier ministre a annoncé une nouvelle structure de gouvernance des ressources humaines qui comprend la création du Bureau du dirigeant principal des ressources humaines au Secrétariat du Conseil du Trésor. Le nouveau bureau, qui a été instauré officiellement le 2 mars 2009, englobe les secteurs d'activité de l'ancienne Agence de la fonction publique du Canada ainsi que les secteurs du Secrétariat du Conseil du Trésor chargés des pensions, des avantages sociaux, des relations de travail et de la rémunération.
Par rapport aux langues officielles, le bureau a pour mandat d'aider les institutions assujetties à la loi à atteindre leurs objectifs à l'égard des langues officielles. Permettez-moi de préciser clairement que cette restructuration n'a aucunement changé mes responsabilités ou celles du Conseil du Trésor. Le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines assume les responsabilités en matière de langues officielles que l'Agence assumait auparavant.
J'aimerais aussi rappeler qu'en 2009, nous célébrons le 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Permettez-moi de mentionner sommairement certaines de nos réalisations concrètes.
D'abord, un peu plus de 90 p. 100 des communautés de langue officielle en situation minoritaire ont accès à des services fédéraux dans leur langue. C'est un progrès incroyable si on pense qu'il y a 40 ans, les communautés devaient communiquer avec les institutions fédérales dans la langue de la majorité. En 40 ans, nous sommes passés d'une fonction publique presque unilingue à une fonction publique bilingue où les employés peuvent généralement utiliser la langue officielle de leur choix dans l'exercice de leurs fonctions, sous réserve toutefois des obligations qui leur incombent pour servir le public ou d'autres employés ou encore pour superviser des employés subalternes. Le pourcentage des postes désignés bilingues est passé de 25 p. 100 en 1978 à 40 p. 100 en 2007.
La dualité linguistique, qui est une pierre angulaire de notre identité nationale, est source d'innombrables avantages économiques, politiques et socio-culturels pour tous les Canadiens. Notre gouvernement est déterminé à renforcer cette dualité. Notre feuille de route pour la dualité linguistique canadienne visant la période de 2008 à 2013 comprend un engagement sans précédent de fournir un financement de 1,1 milliard de dollars sur cinq ans pour soutenir les langues officielles, preuve de notre détermination.
Comme l'a déclaré notre premier ministre, et je cite:
La feuille de route réitère l'engagement du gouvernement du Canada en faveur de la dualité linguistique et de nos deux langues officielles. Elle trace la route que nous entendons suivre au cours des cinq prochaines années pour bâtir sur les fondements solides du Canada. Les Canadiens d'expression française et d'expression anglaise ont fait beaucoup de route ensemble depuis la fondation de la ville de Québec.
Cette feuille de route indique la voie à suivre pour renforcer et unifier davantage le Canada.
De plus, notre gouvernement dispose d'un centre d'excellence pour les langues officielles au Secrétariat du Conseil du Trésor, qui continuera d'agir à titre de leader et de suivre de près l'évolution de la situation des langues officielles dans les institutions fédérales. Ce centre d'excellence travaille à l'intégration des langues officielles dans chacune des quatre priorités du renouvellement de la fonction publique, à savoir: premièrement, la planification intégrée des ressources humaines, deuxièmement, le recrutement, troisièmement, le perfectionnement des employés et quatrièmement, une infrastructure habilitante.
J'aimerais aussi signaler que l'un des objectifs du greffier du Conseil privé pour 2009 est de continuer à surveiller la place des deux langues officielles du Canada dans le milieu de travail. En général, la situation est positive. Selon les résultats du sondage auprès des fonctionnaires de 2005, 86 p. 100 des employés se sentent libres d'utiliser la langue officielle de leur choix lorsqu'ils rédigent des documents, 90 p. 100 se sentent libres d'utiliser la langue officielle de leur choix lorsqu'ils communiquent avec leur superviseur, 85 p. 100 se sentent libres d'utiliser la langue officielle de leur choix durant les réunions tenues dans leur service et 93 p. 100 disent que le matériel et les outils fournis pour effectuer leur travail sont accessibles dans la langue officielle de leur choix.
En conclusion, la dualité linguistique est un atout important pour la fonction publique et pour les Canadiennes et les Canadiens. La population canadienne a besoin d'une fonction publique moderne qui est en mesure de la servir dans les deux langues officielles et qui est représentative des différentes collectivités composant notre société.
Madame la présidente, mes hauts fonctionnaires et moi sommes prêts à répondre à vos questions. Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur le ministre, madame d'Auray, monsieur O'Sullivan.
Comme le faisait ressortir M. Rodriguez, il y a au Canada un malaise à l'égard des langues officielles. Il y a toute la question de l'assimilation des groupes linguistiques minoritaires, qu'on connaît très bien. Les francophones subissent l'assimilation. Monsieur Toews, vous en savez quelque chose, vous qui venez du Manitoba. La population y fait beaucoup d'efforts, mais le niveau d'assimilation demeure très élevé. Je pense que l'État canadien devrait reconsidérer la question suivante, qui est importante. S'ils veulent démontrer une volonté réelle d'appuyer la dualité linguistique dans ce pays qu'on appelle le Canada, les dirigeants de l'État devraient donner l'exemple. Ainsi, le premier ministre et ses ministres devraient s'assurer de bien maîtriser le français et l'anglais.
Ça fait partie d'un dilemme qui est manifeste, par exemple dans le cas des représentants de la Cour suprême et des sous-ministres, qui représentent l'État canadien. Vous connaissez ma position sur le sujet et je sais que la vôtre est différente. Vous en avez fait la démonstration plus tôt. À mon avis, vous ne devriez pas vous sentir insulté. En tant que Québécois francophone, je trouve la position de l'État fédéral très dure à avaler. Cela dit, je pense que that's Canada et que dans cette optique, c'est malheureux.
Concernant la Feuille de route, j'ai vu que l'État allait investir 2,7 millions de dollars, je crois, pour faire en sorte que les futurs employés de la fonction publique soient déjà bilingues au moment de leur embauche. Ne croyez-vous pas qu'il s'agit là d'une condition indispensable? Êtes-vous d'accord sur ce principe?
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Permettez-moi de répondre à certains de vos commentaires. Je ne sais pas si vous avez déjà voyagé à l'ouest d'Ottawa, mais je viens du Manitoba. Nous avons une tradition anglaise et française dont nous sommes très fiers et nous avons fait du très bon travail dans ce dossier. Lorsque j'étais en politique au niveau provincial, nous avions demandé à un particulier, le juge Richard Chartier, d'étudier le dossier et il a rédigé un rapport intitulé «
Avant toute chose, le bon sens », dans lequel il a proposé des façons de faire progresser les droits des francophones devant les tribunaux.
Environ 15 à 18 p. 100 des citoyens de ma circonscription sont francophones. La circonscription de ma collègue de Saint-Boniface compte environ le même nombre de francophones. On n'arrive pas à s'entendre vraiment sur qui compte le plus grand nombre de francophones dans sa circonscription, mais je peux vous assurer que nous offrons les services gouvernementaux au Manitoba d'une façon qui a permis de respecter et d'assurer l'épanouissement des droits des francophones. J'en suis très fier.
Je ne parle pas simplement du secteur de la justice, ou des tribunaux particulièrement, mais également des services de police. Nous avons des secteurs bilingues dans ma circonscription, par exemple à Saint-Pierre, où les policiers sont tous bilingues et offrent des services bilingues à une immense partie de ma circonscription. Lorsque j'étais ministre de la Justice, j'étais très fier de formuler des recommandations et je demeure très fier de continuer, comme ministre régional, de parler avec le ministre de la Justice de la nomination de juges francophones. Pour la première fois de l'histoire du Manitoba — grâce à notre gouvernement conservateur —, trois juges francophones ont été nommés à la cour d'appel, de sorte que les appels peuvent être entendus en français sans que des services d'interprétation soient nécessaires. Malheureusement, un de ces juges a décidé — non vous aviez dit que nous...
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Merci bien, madame la présidente.
[Traduction]
Bienvenue, monsieur le ministre, madame d'Auray, monsieur O'Sullivan; bienvenue.
Je veux vous remercier, monsieur le ministre, de m'avoir aidée à arriver là où je suis maintenant. J'aimerais qu'il soit inscrit dans le compte rendu pour les députés de l'autre côté que, lorsque je suis devenue candidate, vous m'avez beaucoup aidée à comprendre le rapport Chartier et à en prendre connaissance. J'ai ainsi appris beaucoup sur les langues officielles dans notre province du Manitoba, de même que sur la situation des langues officielles partout au pays. Je vous félicite de vos efforts.
Je voulais aussi dire que je crois, comme vous, que les connaissances, les compétences, les qualifications et l'expérience sont des atouts que nous recherchons chez nos leaders. Je vous félicite pour tout cela, et j'ai hâte d'entendre vos réponses à certaines de mes questions aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur le ministre. Vous avez indiqué que vous avez un rôle à jouer pour veiller à ce que les institutions gouvernementales respectent la Loi sur les langues officielles. J'aimerais savoir ce que le Conseil du Trésor fait à cet égard.
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Laissez-moi répondre. Ayez la décence de me laisser répondre.
Je suis venu ici de bonne foi et la première chose qu'on fait, c'est de m'insulter. Pour une raison qui m'échappe, je suis moins canadien, moins digne d'être titulaire de charge publique parce que je ne parle qu'une seule des deux langues officielles. Vous savez, pendant de nombreuses années, dans mes responsabilités publiques au Manitoba, j'ai travaillé très fort pour les droits des francophones de la province. J'ai défendu les droits des francophones.
Les électeurs de ma circonscription connaissent ma position sur la question des droits des francophones. Je n'ai jamais hésité à protéger les droits des francophones, et je suis prêt à protéger les droits des minorités linguistiques dans toutes les régions du pays. Je suis prêt à respecter ceux qui sont unilingues francophones, je respecte les unilingues anglophones, et évidemment, il y a certaines personnes qui ont la chance de parler les deux langues officielles.
Je suis très fier de ma propre fille, qui est bilingue; elle a fréquenté une école d'immersion. Je n'ai pas eu cette possibilité, mais je peux vous dire que j'ai à coeur autant que quiconque la question du bilinguisme au pays, la reconnaissance et la protection des deux langues officielles, et cela est une honte que vous m'insultiez de cette façon. Je pensais que ce genre de situation était chose du passé. Incroyable.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur le ministre, je ne pense pas que ce sont des attaques personnelles, mais plutôt des questions sérieuses et importantes au sujet des langues officielles.
Je veux simplement faire un commentaire. Comme employeur, je me sentirais très mal à l'aise de demander à mes employés d'être bilingues sans l'être moi-même, tout simplement. C'est mon opinion personnelle.
Monsieur le ministre, vous avez dit dans votre présentation que les employés peuvent généralement étudier la langue officielle de leur choix dans l'exercice de leurs fonctions. Un peu plus loin, vous dites: « 86% des employés se sentent libres d'utiliser la langue officielle de leur choix lorsqu'ils rédigent des documents ». Encore plus loin, vous dites: « 90% des employés se sentent libres d'utiliser la langue officielle de leur choix lorsqu'ils communiquent avec leur superviseur ».
Monsieur le ministre, ne serait-ce pas une façon de décourager les gens de la fonction publique à devenir bilingues? Je vous pose la question parce que bien qu'ils puissent utiliser leur langue maternelle, ne serait-ce pas une façon de les décourager à être bilingues et à offrir les services eux-mêmes dans les deux langues? Ne serait-ce pas une façon de les obliger à transférer les demandes de service à une autre personne qui parle la deuxième langue officielle?
Il est donc inquiétant de constater, à la lumière de vos commentaires, que le français ou la deuxième langue officielle n'est pas vraiment importante pour vous. J'aimerais entendre vos commentaires à cet égard. Cela m'inquiète sincèrement.
:
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je suis très gêné par le comportement de mes collègues de l'opposition.
[Français]
J'aimerais souligner qu'il y a deux langues officielles au Canada. Si je préfère parler le français, je peux certainement le faire.
[Traduction]
Si je veux parler anglais, j'ai le droit de parler anglais. Je peux choisir une langue ou l'autre.
Nous ne sommes pas ici aujourd'hui pour attaquer le ministre. Nous ne sommes pas ici non plus pour lui tendre des pièges. M. D'Amours, dans sa fameuse question, a dit qu'il avait changé un mot, et que le ministre avait donné la mauvaise réponse. Ce sont des enfantillages.
Nous ne traitons pas les autres témoins ainsi. Nous avons accueilli de nombreux témoins au comité, des francophones comme des anglophones, et on ne les a jamais attaqués sur les raisons pour lesquelles ils parlent ou ne parlent pas français, leur niveau de compétence en français ou comment ils peuvent prétendre ceci ou cela quand ils ne parlent pas les deux langues officielles.
C'est de la petite politique, et cela mine la crédibilité des collègues — non pas la vôtre, madame la présidente, mais celle de mes collègues — et celle de notre comité. Nous tentons de faire du bon travail ici, mais notre travail est amoindri par des tactiques qui ressemblent davantage à des enfantillages et à de la petite politique. Ils profitent de la situation.
En fait, madame la présidente, nous sommes ici pour parler de la politique du gouvernement...
:
Tout d'abord, madame la présidente, il ne s'agit pas d'un rappel au Règlement.
Deuxièmement, je ne m'adresse pas à mes collègues de l'opposition. Je fais une observation sur leur conduite durant la réunion et je fais remarquer que leur conduite est tout à fait inacceptable et embarrassante.
Qu'ils invoquent le Règlement à ce sujet ne fait que prouver la justesse de ce que je dis.
[Français]
Alors, moi je dis que si un francophone unilingue aime parler le français et seulement le français ici, il peut le faire, il a le droit de parler français. C'est la même chose pour les anglophones. On a le choix de parler une des deux langues officielles ou les deux, c'est notre choix. C'est le choix de chaque Canadien et Canadienne.
Monsieur le ministre, il y a environ 72 000 postes bilingues dans la fonction publique. Il y en a de 68 p. 100 à 70 p. 100 qui se trouvent dans la région de la Capitale nationale. Il y en a 20 p. 100 au Québec. J'aimerais savoir ce que fait le gouvernement pour assurer que tous les Canadiens et toutes les Canadiennes aient des possibilités égales d'emploi et d'avancement au sein de la fonction publique.
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Les ministères travaillent en ce sens sur plusieurs fronts. On travaille actuellement avec les universités canadiennes pour les sensibiliser à nouveau à nos besoins de recrutement et aux occasions d'emploi dans la fonction publique fédérale.
Nous avons des champions universitaires, des sous-ministres qui sont responsables d'interagir directement avec les universités partout au pays. Par exemple, l'École de la fonction publique a mis sur pied un projet-pilote pour travailler directement avec certaines universités et renforcer l'utilisation de ses outils afin de préparer les diplômés qui le souhaitent à accéder aux postes.
L'autre aspect est que, comme le ministre l'a mentionné, nous participons de façon active aux foires d'emploi et de carrière qui se tiennent dans les universités canadiennes. Les organisations sont aussi responsables d'offrir de la formation linguistique.
Nous, les institutions fédérales, avons les bilans que les organisations produisent et qui doivent également nous indiquer les sommes d'argent qu'elles consacrent à la formation linguistique. Nous pouvons donc faire le total des sommes consenties, ce qui constitue un montant assez imposant. Pour l'administration publique centrale, je crois que c'est de l'ordre de 52 ou 53 millions de dollars par année.
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Merci, madame la présidente.
Il y a plus de 40 ans que je suis impliqué dans la défense des droits en matière de langues officielles en situation minoritaire. J'étais là à la naissance de la Loi sur les langues officielles. J'ai observé les travaux de ce comité pendant tout ce temps.
Il y a une dizaine d'années, je faisais partie du personnel qui aidait le président du comité. Jamais n'ai-je été témoin du genre de partisanerie et de fanatisme que j'ai vu ce matin.
Je dois vous dire qu'il y a 40 ans, c'était très pénible, car les gens s'objectaient au concept même des langues officielles. Ils le faisaient d'une façon vraiment disgracieuse. En ce moment, nous en sommes à une étape où nous avons besoin d'un peu de relance, et nous pouvons mieux le faire avec du miel qu'avec du vinaigre.
Pour ce qui est de la question qui me préoccupe ce matin...
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Je vous remercie de votre question.
Le renouvellement de la fonction publique constitue une priorité. Cela fait partie intégrante du rapport que le greffier a déposé récemment. Il a fortement recommandé que cela se fasse et donné des précisions dans le cadre d'un plan d'action que chaque sous-ministre a dû livrer pour l'année fiscale qui vient de se terminer et doit livrer pour l'exercice financier courant.
La place des langues officielles est un élément essentiel du recrutement, pour assurer autant la prestation des services que la représentativité de la fonction publique. Si vous me le permettez, je citerai un extrait du rapport du greffier:
Il convient par ailleurs d’améliorer la reconnaissance des deux langues officielles du Canada au travail. Il ne s’agit pas seulement de la représentation des francophones et des anglophones à tous les échelons de la fonction publique. Les résultats obtenus à ce chapitre sont assez satisfaisants. Il s’agit plutôt, en ce qui concerne le travail et le service au public, de veiller à ce que la fonction publique emploie et respecte les deux langues officielles.
On parle donc du milieu de travail, du recrutement et de la représentation. Cela fait donc partie intégrante de nos mesures de recrutement auprès des universités, en fonction de ce que l'on appelle la gestion des talents au sein de la fonction publique, c'est-à-dire quand on tient compte du potentiel, du développement et du perfectionnement de carrière des employés. Les langues officielles font partie des critères essentiels dont on tient compte.
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Merci, madame la présidente.
Je viens de la circonscription de Gatineau, où habitent environ 6 000 personnes qui travaillent pour l'État fédéral. Il s'agit donc d'un employeur important. On nous dit que les fonctionnaires francophones — ceux dont le français est la langue d'usage, la langue maternelle — peuvent travailler dans leur langue d'usage dans leur ministère. J'aimerais que vous soupesiez ces mots, parce que d'un ministère à l'autre, d'une agence à l'autre, d'une société de la Couronne à l'autre — je sais que le Conseil du Trésor ne touche pas tous ces ensembles —, ça ne se passe pas partout de la même façon. Nous sommes dans la région de la capitale fédérale, et certaines personnes ont de la difficulté à travailler dans leur langue d'usage. Dans certains cas, elles cessent de communiquer dans leur langue d'usage parce que leurs supérieurs ne font aucun effort pour comprendre ou n'acheminent pas les notes de service ou les notes de travail préparées par ces employés. Ces personnes habitent quand même dans une région que l'on dit la plus bilingue au Canada.
Il faut faire attention lorsqu'on avance de tels propos. Vous généralisez peut-être, mais dans certains ministères, ce n'est pas le cas.
Madame d'Auray, lorsqu'un employé ne peut pas travailler dans sa langue d'usage et qu'il est insatisfait, quel recours a-t-il auprès de son employeur, sans être pénalisé?
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Pour être brève, je vous répondrais que oui, il y a de nombreuses discussions en cours à ce sujet.
Par exemple, nous disposons d'un réseau de sous-ministres chargés d'assumer les fonctions de champions des langues officielles. Ils travaillent directement auprès des universités pour les aider à trouver des moyens d'encourager les étudiants actuellement inscrits à leurs programmes à devenir bilingues.
Comme je l'ai déjà dit, je crois, l'École de la fonction publique du Canada va lancer un projet pilote auprès d'un certain nombre d'universités pour voir comment elle peut répandre l'utilisation de ses propres outils pour accroître les compétences des étudiants de dernière année dans les deux langues officielles. Nous allons tous examiner les résultats de ce projet, car il constitue un moyen d'inclure dans les programmes de cours ou dans le processus d'apprentissage des étudiants l'utilisation d'outils et de mécanismes existants pour apprendre l'autre langue officielle ou l'améliorer.
C'est une question qui intéresse également beaucoup le commissaire aux langues officielles. Nous avons eu des discussions avec lui pour déterminer si nous pouvons travailler ensemble et parler aux universités. Dans tous les cas, cependant, le gouvernement reconnaît ses responsabilités. En fait, il offre de la formation dans l'autre langue officielle afin que ses employés possèdent les compétences nécessaires pour avoir des possibilités d'avancement dans la fonction publique.
Il ne faut pas oublier non plus que les postes ne sont pas tous bilingues. Au sein de l'administration publique centrale, seul un certain nombre de postes sont bilingues — 40 p. 100, je crois.
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Merci, madame la présidente.
Rebonjour.
J'aimerais obtenir des précisions au sujet d'un élément. Je voudrais connaître l'a b c de la chose. Le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines, qui sauf erreur relève du Conseil du Trésor, a la responsabilité de faire respecter les langues officielles dans des agences ou des secteurs de la machine fédérale qui ne relèvent pas directement du Conseil du Trésor.
Vous savez que des bonnets d'âne sont donnés chaque année par le commissaire aux langues officielles à ceux que j'appellerais les abonnés du non-respect de la Loi sur les langues officielles. Je pense au ministère de la Défense nationale, à Air Canada, par exemple, où le fait français est bafoué et pour lesquels il y a le plus haut taux de plaintes de la part de citoyens ou, du moins, de récriminations de la part du commissaire aux langues officielles.
J'aimerais que vous m'expliquiez comment le Bureau du dirigeant principal des ressources humaines pourra faire ce que le Conseil du Trésor n'a pu faire en ce qui concerne la Défense nationale ou Air Canada, par exemple, ou comment il pourra s'assurer qu'il y a effectivement respect des langues officielles. On pourrait choisir d'autres exemples.
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J'apporterais une précision. Le Conseil du Trésor a la responsabilité de coordonner le programme et d'assurer que les politiques sont mises en place.
Je reviens sur l'élément qui est essentiel: les institutions sont elles-mêmes responsables de se conformer à la loi et de remplir leurs obligations.
Il est vrai que nous avons la responsabilité de travailler avec elles, de les encourager, de leur donner des directives et les directions nécessaires. En ce sens, nous travaillons, nous avons également pris acte des constats du rapport du commissaire aux langues officielles. Nous avons travaillé et continuons, d'ailleurs, de travailler avec Air Canada très précisément sur les façons dont cet organisme pourrait améliorer et la prestation de services et la formation linguistique de ses employés.
Nous travaillons avec le ministère de la Défense nationale. Les Forces canadiennes ont, effectivement, leur propre régime et leurs propres obligations selon leurs lois. Nous avons aussi des discussions avec plusieurs autres organismes.
Notre changement de cap au cours des dernières années a consisté à nous concentrer sur les organismes qui semblaient éprouver plus de difficulté à honorer leurs obligations ou encore qui suscitaient le plus grand nombre de plaintes.
Au lieu de couvrir tout le monde, au cours des deux dernières années, nous avons commencé à nous concentrer, justement, non seulement sur les organisations au sein de l'administration publique centrale, mais sur les institutions qui sont sous le chapeau de la Loi sur les langues officielles, pour les aider à améliorer leur rendement.
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Sachez que je suis conscient du rôle que vous jouez dans l'appareil. Vous n'êtes pas des décideurs; vous êtes des exécutants par suite des décisions prises par le ministère ou par le ministre.
Néanmoins, c'est décevant de s'apercevoir qu'on se retrouve toujours à la case de départ avec les acteurs que j'ai nommés plus tôt, et qu'il n'y a pas de renforcement plus fort.
Si votre rôle est un voeu pieux, on s'entendra que c'est au ministre d'avoir du leadership et de faire changer les choses. On a vu qui était le ministre, plus tôt, et je n'irai pas plus loin.
L'offre active, c'est plus qu'un thème. C'est une réalité qui devrait exister dans l'ensemble de l'appareil fédéral, d'un océan à l'autre, pour s'assurer que le citoyen francophone — parce que c'est lui qui est majoritairement minoritaire, si je peux parler ainsi — puisse avoir du service en français. De plus, l'offre active, c'est de s'assurer que, en personne ou au téléphone, ce citoyen francophone pourra avoir du service en français, de prime abord.
Le commissaire aux langues officielles a encore démontré dans son dernier rapport qu'il y a carence sur ce plan. De quelle façon concrète faites-vous en sorte qu'il y ait un service d'offre active dans tous les ministères?
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Merci, madame la présidente.
J'ai une observation à faire à nos témoins, et non une question à leur poser.
Dans le Cabinet fédéral, tous les ministres d'État sont chargés de l'application de la Loi sur les langues officielles, mais les députés libéraux de notre comité sont d'avis que seuls les citoyens bilingues peuvent briguer ces postes. J'estime que c'est une insulte pour des millions de Canadiens, dont un grand nombre sont de nouveaux immigrants qui ont de la difficulté à se tailler une place au Canada et qui ne parlent pas l'autre langue officielle.
Ce que disent les députés libéraux de notre comité, c'est que ces Canadiens ne sont pas des citoyens à part entière, qu'ils ne peuvent pas espérer entrer au Cabinet fédéral ou obtenir un poste de niveau élevé dans les institutions fédérales. Cela laisse entendre qu'ils sont des citoyens de deuxième classe.
Par conséquent, madame la présidente, je vous demande de donner la possibilité aux députés libéraux de notre comité de retirer leurs remarques.