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Je vous remercie, monsieur le président, les vice-présidents, mesdames et messieurs, de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui concernant le très important sujet qu'est la bioéconomie industrielle du Canada, et de parler des possibilités qu'elle présente pour le pays.
BIC est un accélérateur d'entreprises sans but lucratif situé à Sarnia, en Ontario. Notre vision, c'est la création durable d'emplois et de valeurs économiques au Canada. Nous y parvenons en donnant des conseils cruciaux en matière d'investissement et en fournissant des services à des organisateurs d'entreprises en démarrage dans le domaine de la chimie propre, écologique et durable. Nous sommes des experts en commercialisation.
Notre équipe de gestion possède plus de 100 années d'expérience industrielle dans une grande diversité d'activités liées au développement technique, à la commercialisation et aux entreprises menées dans l'industrie pétrochimique traditionnelle. Je viens personnellement de cette industrie, et j'en suis sorti afin de prendre ma retraite il y a environ cinq ans.
Notre conseil apporte une gouvernance et un mandat de direction solides à la vision. Les membres du conseil jouent un rôle actif pour ce qui est d'appuyer le plan stratégique de BIC en misant sur leurs connaissances, sur leur expérience des processus relatifs à la force et à la diligence raisonnable et sur les investissements potentiels. De plus, les membres du conseil utilisent leur expérience et leur vaste réseau de ressources professionnelles afin de donner des conseils, de communiquer les réussites et de trouver des ressources qui permettront à des entreprises et à des PME en démarrage de travailler en vue de la commercialisation.
Nous nous concentrons sur le fait de permettre au Canada de devenir un chef de file mondialement reconnu dans la conversion de ressources renouvelables, comme les bioproduits et les résidus de l'agriculture et de la foresterie, en bioénergie, en biocombustibles, en produits biochimiques et en biomatériaux à valeur ajoutée pouvant servir à un vaste éventail d'applications commerciales de la chaîne de valeurs de la chimie afin de promouvoir la fabrication, y compris dans le domaine de l'automobile et de l'aérospatiale.
Nos efforts initiaux étaient ciblés sur Sarnia-Lambton, foyer de la première grappe pétrochimique du Canada. Sarnia-Lambton est bien placée pour diversifier sa base industrielle pétrochimique et pour devenir le chef de file de l'Amérique du Nord en fabrication de bioproduits industriels dans une nouvelle grappe de chimie hybride.
BIC joue un rôle crucial en attirant dans la région des entreprises d'attache de l'industrie de la biochimie, qui forment des atouts clés parmi les atouts de la chaîne de valeurs de la chimie. Le fait d'installer ces entreprises d'attache au Canada attire d'importants investissements subséquents dans la région.
Le Canada possède un avantage concurrentiel mondial. Ses ressources de biomasse sont les plus abondantes, durables et économiquement importantes au monde, et le pays est un grand adepte de la génération de valeur à partir de ces ressources. Nos secteurs bioéconomiques traditionnels, la foresterie et l'agriculture, comprennent actuellement plus de 900 entreprises de transformation, soutiennent deux millions d'employés et génèrent des ventes supérieures à 300 milliards de dollars par année.
La meilleure façon pour le Canada de respecter son engagement à l'égard de l'atténuation des changements climatiques consiste à étendre les capacités de ces secteurs afin qu'ils produisent du carbone biogénique dans des solutions de rechange biologiques qui compensent les émissions de carbone des combustibles fossiles. Comme on mise sur la capacité de stockage naturelle du carbone du Canada dans ses forêts, ainsi que sur les résidus de la foresterie et de l'agriculture et les déchets municipaux, plus de 120 millions de tonnes de biomasse par année sont accessibles pour créer une croissance économique supplémentaire et compenser directement les émissions de carbone.
Il existe des chaînes d'approvisionnement en biomasse au sein de l'industrie traditionnelle de la foresterie, y compris celles du bois d'oeuvre et des pâtes et papiers. De telles chaînes d'approvisionnement en résidus industriels ou agricoles voient le jour. Ces chaînes d'approvisionnement en biomasses sont accessibles pour appuyer les premières transformations en sucres, en lignines et en intermédiaires thermochimiques. Des entreprises comme Comet Biorefining Inc., West Fraser et Résolu commercialisent activement ces types de technologies.
L'industrie forestière du Canada maintient des actifs importants pour la création de produits traditionnels, comme le bois d'oeuvre et les pâtes et papiers. Le maintien et le repositionnement de ces actifs existants en tant que bioraffineries peuvent permettre la transformation de cette industrie. Les entreprises forestières comme CelluForce, Kruger, Domtar, Résolu et Performance BioFilaments ont établi des positions de PI de calibre mondial dans la production et l'application de produits hygiéniques avancés, de biocomposites, de nanocristaux de cellulose et de filaments.
L'industrie chimique de l'Ontario est la plus importante au Canada et est stimulée par les avantages économiques offerts par l'écosystème de grappes pétrochimiques et le marché de la chimie écologique mondial. Un certain nombre d'entreprises de bioproduits misent sur ces stocks de biomasse — les huiles, les grains et les résidus — pour produire des biocombustibles à faible teneur en carbone, des produits biochimiques et des biomatériaux afin de créer des produits de fabrication à grande valeur ajoutée.
Des entreprises comme BioAmber, Origin Materials et Woodbridge travaillent avec l'industrie de l'automobile afin de fournir des matériaux en biocomposite et en fibre naturelle légers, des matériaux peu volatils pour des intérieurs d'automobiles plus sains et des composantes contenant des matériaux durables et renouvelables. De plus, l'alliance naturelle d'Origin Materials, de Nestlé Waters et de Danone commercialise des bioplastiques à utiliser dans les bouteilles d'eau et les emballages alimentaires. Les producteurs de combustible renouvelable se concentrent sur l'élaboration de biocombustibles à faible intensité carbonique pour le marché canadien.
Le fait de miser sur l'abondance de ressources naturelles du Canada et d'établir des liens entre les bioproduits novateurs canadiens, les entreprises forestières et l'industrie et les chaînes de valeurs de la chimie actuelles offre un avantage concurrentiel qui doit être exploité au profit des Canadiens.
Je vais aborder un peu les débouchés. L'industrie de la chimie est sur le point de se transformer. On remplacera de plus en plus les produits chimiques et autres dérivés du pétrole et on les mélangera avec des ressources durables tirées de la biomasse. La taille du marché potentiel est stupéfiante, car les produits biologiques devraient compter pour la moitié des produits de consommation d'ici 2050. Les pays et les entreprises ayant établi le bon cadre stratégique, qui souhaitent encourager l'innovation et qui ont la capacité de déployer des technologies sont destinés à prendre une part du marché dans ces domaines et à connaître une croissance explosive.
L'accent mis sur la création, l'expansion et la croissance de la chaîne de valeurs et l'établissement de grappes régionales crée des emplois et transforme les secteurs existants. La promotion de la bioéconomie grâce à des améliorations apportées à la chaîne de valeurs en mettant l'accent sur la décarbonisation permettra au Canada d'être un chef de file mondial dans le domaine des produits biologiques durables.
Compte tenu de la demande internationale croissante à l'égard des produits et services durables et à faible teneur en carbone et des vastes ressources de la biomasse accessibles partout au Canada, le potentiel économique est énorme. De multiples industries, comme celles de la santé, de l'agriculture, de la foresterie et des ressources naturelles, ainsi que des collectivités rurales et urbaines, profiteront assurément de la bioéconomie. Le résultat net, c'est la création de nouvelles entreprises, la revitalisation de vieilles entreprises, la diversification régionale et — ce qui est le plus important — les emplois.
Pour un secteur qui présente un très grand potentiel de croissance et qui a accès à de vastes ressources, notre bioéconomie accuse du retard. En 2018, la valeur du secteur a été établie à 6 % du PIB, par habitant, alors qu'aux États-Unis, elle est supérieure à 8 %. De plus, la Suède est considérée comme un chef de file dans la bioéconomie, et 30 % de ses stocks d'énergie naturelle sont alimentés à même la biomasse, comparativement à 1 % au Canada.
La lenteur de l'émergence du Canada dans la bioéconomie s'explique par l'absence d'une orientation stratégique claire et par la fragmentation des programmes, qui n'appuient pas tous les types de bioproduits et d'initiatives stratégiques, comme le souligne le document de travail du Conseil canadien des ministres des forêts intitulés Un cadre de la bioéconomie forestière pour le Canada.
Ce cadre est le fruit d'un excellent travail. Il comprend des mesures fiscales qui éliminent les risques liés à la commercialisation en tant que l'un des six domaines stratégiques clés où les risques devraient être atténués. Il y en a d'autres, comme des normes efficientes, la recherche et le développement axés sur la collaboration, l'approvisionnement du secteur public, la sensibilisation pour attirer l'investissement, les données complètes, de première qualité et accessibles et la formation ainsi que le perfectionnement des effectifs.
Le principal moyen de réussir dans la bioéconomie consiste à atténuer les risques que présentent ces domaines stratégiques dans le cadre d'un effort intégré et concerté déployé par le gouvernement, l'industrie, les investisseurs et les universitaires. Par exemple, à l'échelon national, l'industrie forestière est perçue comme la principale ressource biologique, et Ressources naturelles Canada est le chef de file au chapitre du soutien offert à l'industrie.
Les activités menées de façon cloisonnée doivent être évitées. Une approche complète est requise. Le Canada a besoin que le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique coordonne l'élaboration d'un cadre global de politiques publiques en partenariat avec les provinces, les territoires et les ministères fédéraux compétents. Il s'agit notamment de Ressources naturelles Canada, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et d'Environnement Canada. L'apport d'intervenants privés est également essentiel à ce cadre.
Le Canada peut miser sur sa force dans la fabrication avancée et le développement des ressources pour montrer la voie relativement à une stratégie de bioéconomie nationale. Un cadre de bioéconomie complet créera de nouvelles entreprises, des emplois de grande qualité et à long terme et une croissance stable, tout en réduisant les émissions de carbone.
Merci.
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Je remercie le président, les vice-présidents et les membres du Comité. Je suis enthousiaste à l'idée de comparaître devant vous aujourd'hui. Vous remarquerez que je n'ai aucune note d'information. Ce que j'ai à raconter aujourd'hui est une histoire de réussite au Canada, au sujet de l'innovation dans l'industrie forestière traditionnelle. La façon de relier l'industrie forestière traditionnelle à l'innovation, aux nouveaux produits, aux nouveaux marchés et aux nouvelles demandes relève directement de votre mandat. Il s'agit aujourd'hui d'une étude de cas concernant une entreprise appelée Ensyn, qui se représente elle-même en tant que nouvelle entreprise de produits de bois d'ingénierie dans une industrie traditionnelle.
Par exemple, elle n'est qu'à 45 minutes de route, et l'invitation est lancée au Comité — je ne sais pas si vous faites des visites, ou bien si les députés en font —, et je serais heureux de vous accueillir, à notre établissement situé à 45 minutes d'ici, à un certain moment dans l'avenir.
À cet endroit, nous recevons environ 50 000 tonnes de déchets de scieries par année. Il y a environ 1 000 camions, alors ce n'est pas un énorme établissement. Au lieu d'utiliser ces résidus pour fabriquer des panneaux MDF, des moulures ou des granules et d'autres produits de bois d'ingénierie, nous faisons du bois liquide. Si vous devez me qualifier de quoi que ce soit aujourd'hui, considérez-moi comme le gars du bois liquide. Nous produisons environ 13 millions de litres de bois liquide par année. C'est à peu près 500 camions-citernes qui circulent sur les routes et qui effectuent des livraisons aux clients.
Je devrais souligner que nous fonctionnons en synergie avec l'industrie forestière actuelle. Nous n'offrons pas un environnement concurrentiel à la fibre. Nous sommes en synergie avec les usines qui connaissent des difficultés causées par la transition qui caractérise l'industrie forestière en ce qui a trait à ce que nous faisons de tous nos résidus. Nous devons nous assurer d'avoir un chez-nous. Il y a un écosystème pour une usine locale, et, si cet écosystème est compromis du point de vue de l'approvisionnement dans divers domaines, cela met en péril la survie de l'usine en entier. Nous offrons une solution en prenant ces résidus et en travaillant de façon synergique — encore une fois, nous avons des applications partout au Canada — avec ces usines.
Nous exploitons cette technologie depuis plus de 30 ans. Il s'agit d'une technologie canadienne qui vient de l'Ouest de l'Ontario. Nos fondateurs sont canadiens. Nous sommes fiers d'être canadiens. De fait, la technologie est relativement simple. Nous prenons du bois, et nous l'exposons à de la chaleur en l'absence d'oxygène. Bien entendu, s'il y a de l'oxygène, il y a de la combustion. Sans oxygène, la chaleur vaporise les produits chimiques biologiques. Nous condensons la vapeur en un baril de bois liquide. Du point de vue du rendement, nous obtenons 70 % du poids du bois initial en produit de bois liquide.
Vous pourriez déterminer rapidement que le bois liquide représente un combustible renouvelable neutre en carbone. Nous n'avons pas abordé l'importance de la neutralité carbonique et de la réduction du carbone, vu sa valeur pour les Canadiens et pour l'avenir durable du Canada, mais notre produit présente les avantages des combustibles fossiles liquides. Vous pouvez imaginer un bois liquide, le comparer à un combustible fossile liquide. Vous pouvez le stocker dans un réservoir, vous pouvez le pomper, et vous pouvez le brûler dans des types de brûleurs traditionnels.
Par exemple, le bois liquide que nous produisons ici, à seulement 45 minutes de la vallée de l'Outaouais, chez Ottawa Valley Wood, est livré à des hôpitaux, à des écoles et aux centres d'énergie de villes et de districts. Toutefois, tous les clients renouvelables du produit d'énergie en bois liquide sont américains. La norme américaine relative aux combustibles renouvelables crée un environnement économique où le bois liquide peut être économiquement concurrentiel par rapport aux combustibles fossiles.
L'utilisation du bois liquide par ces clients est toutefois créditée aux États-Unis. Le bois liquide est produit au Canada, mais les crédits de réduction du carbone vont à l'administration où il est consommé. Malgré qu'il a été produit à Ottawa et au Canada, les crédits pour les aspects liés à la réduction du carbone de l'utilisation de ce combustible vont là où le client est situé. Ils vont tous aux États-Unis afin que ce pays respecte ses engagements en matière d'énergie renouvelable et de réduction du carbone.
Vous pourriez dire: « David, vous avez 13 millions de litres. » Nous sommes survendus. Je ne peux pas fabriquer assez de produit pour répondre à la demande des clients à l'extérieur de notre établissement de Renfrew. Je suis heureux d'affirmer que, grâce au soutien de TDDC de RNCan, nous venons tout juste d'achever la construction d'une installation de 100 millions de dollars à Port-Cartier, au Québec, qui est juste à l'extérieur de Sept-Îles. Cette installation générera environ 42 millions de litres de produit supplémentaire, ce qui portera notre capacité de production canadienne totale à près de 55 millions de litres par année.
Encore une fois, il s'agit d'une incidence importante pour un combustible neutre en carbone. De plus, nous sommes intégrés dans une entreprise forestière de cette région appelée Arbec. En outre, le Groupe Rémabec, tout juste à l'extérieur de la région du Lac Saint-Jean, fait partie de la structure du capital social. Avec les usines, nous nous intégrons de façon synergique dans ce marché, en reconnaissant encore une fois qu'elles sont menacées par l'incapacité de se débarrasser de la fibre résiduelle.
Malheureusement, je dois également préciser que la totalité de cette production est destinée aux États-Unis. Les marchés et la norme relative aux combustibles renouvelables des États-Unis créent un environnement économique mondial pour la concurrence des combustibles renouvelables, de sorte que, en fait, c'est comme si vous fabriquiez un deux par quatre que vous vendriez sur le marché où le prix est le plus élevé. Notre produit de bois liquide n'est pas différent. Nous nous assurons d'obtenir la valeur maximale, le rendement maximal, par gallon. Actuellement, c'est aux États-Unis.
Nous sommes très reconnaissants du financement que nous avons reçu du gouvernement canadien ainsi que des provinces de l'Ontario et du Québec, qui a facilité la construction de ces immobilisations. Le défi que nous devons maintenant relever tient à la façon dont nous utiliserons ces capitaux pour permettre à ce produit, qui est élaboré grâce à ces capitaux, d'être utilisé au Canada.
Je suis heureux d'annoncer que notre première chaudière pour le chauffage du district sera installée sur le chemin Heron, dans un complexe du gouvernement fédéral. Pour l'instant, il s'agit d'une installation de démonstration, mais nous espérons qu'il sera le début de bien des choses à venir, grâce auxquelles les combustibles liquides provenant de nos installations de Renfrew et de la vallée de l'Outaouais s'arrêteront à Ottawa, où une partie pourra être utilisée, au lieu de passer tout droit, et, nous l'espérons, confier au gouvernement fédéral le mandat d'élargir ces initiatives. Nous assurons le déploiement économique rural de nos ressources et de nos installations. Nous avons une incidence socioéconomique exceptionnelle ainsi qu'une incidence sur la réduction du carbone dans cette région.
Encore une fois, nous sommes très reconnaissants à l'égard du Comité. Je n'ai pas besoin de vous dire dans quel état se trouve l'industrie forestière, que l'innovation est requise et qu'encore une fois, comme en fait foi cette étude de cas, des choses se passent. Je vous lance une invitation afin de pouvoir vous parler un peu plus de ce que nous faisons, de la façon dont nous le faisons, de notre clientèle, de nos solutions et de nos partenariats.
Je vous remercie de votre soutien, et je continue d'étudier les possibilités qui permettraient à notre produit d'être utilisé au Canada.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les membres du Comité.
Craig et moi sommes là aujourd'hui pour représenter la Première Nation de Whitesand. Nous sommes là pour vous parler de la vision d'une collectivité en matière de bioéconomie. Craig et moi sommes les responsables communautaires de ce projet depuis 2009. Nous avons vécu une aventure très stimulante pour amener le projet là où il en est aujourd'hui.
Avant de commencer, je devrais souligner qu'en 1992 Whitesand et le hameau d'Armstrong ont proposé un nouveau mode d'exploitation forestière qui comprenait une usine de cogénération biologique visant à contribuer à l'élimination de la consommation de diesel au sein de notre collectivité. Ce projet n'a jamais été mis en oeuvre, et il s'agit d'un million de litres de diesel par année, seulement pour l'électricité. Nous avons maintenu cette vision en vie, et nous pensions que la meilleure façon d'en parler consistait à présenter un exposé. Je ne sais pas si nous allons arriver à passer en revue toutes les diapositives, car nous pourrions en parler pendant des jours.
Nous allons commencer l'exposé. Si une image vaut 1 000 mots, notre diapositive titre en vaut 10 000 et nous croyons vraiment que l'approche que nous avons élaborée répond aux besoins en indépendance énergétique, en intégrité environnementale et en développement économique, tout cela grâce à la bioéconomie.
Craig et moi nous sommes réunis en 2009 et avons élaboré l'Initiative de durabilité communautaire. Il s'agit de cinq piliers de la durabilité; elle reconnaît tous les problèmes auxquels nous faisons face en tant que collectivité ainsi que la façon dont nous pouvons envisager l'avenir en élaborant une approche différente grâce à la bioéconomie.
Aujourd'hui, nous allons seulement aborder un peu notre situation de départ, notre situation actuelle et notre direction en tant que collectivité ainsi que la façon dont Ressources naturelles Canada a joué un rôle important pour nous amener là où nous en sommes aujourd'hui.
Whitesand est situé à 250 kilomètres au nord de Thunder Bay. Nous ne sommes pas raccordés au réseau d'électricité, et nous ne le serons jamais. Dans le plan énergétique à long terme, Whitesand a été désigné comme un endroit qui ne sera jamais connecté. Bien entendu, nous n'avons pas non plus de gaz naturel, alors la collectivité dépend complètement du diesel pour son électricité et le chauffage de ses maisons. Notre population est d'environ 1 200 personnes, dont 400 vivent actuellement dans les réserves.
Je serai très franc au sujet de la réalité dans laquelle nous vivons actuellement. Le combustible que nous utilisons est le diesel, nous sommes au milieu de la forêt boréale, nous approchons de la production maximale d'électricité pour les logements, et nous ne pouvons rien faire pour favoriser le développement économique parce qu'il n'y a pas assez d'électricité. Dans le passé, l'industrie coupait les arbres et les envoyait à Thunder Bay à des fins de transformation. Ce processus a échoué; l'industrie s'est effondrée. C'était horrible pour beaucoup de gens, mais nous avons ainsi eu la possibilité d'offrir un approvisionnement en bois dans le cadre d'un processus concurrentiel relatif au bois. C'est vraiment la période qui nous a permis d'avancer.
Notre taux de chômage est également très élevé — de 70 à 80 % —, alors nous sommes toujours en récession. L'aide sociale compte pour la majeure partie du revenu familial.
De nombreuses personnes n'ont pas 12 années de scolarité. Elles quittent l'école publique d'Armstrong pour aller à Thunder Bay; un grand nombre décroche, ce qui ne fait que perpétuer le cycle, y compris la dépendance aux drogues. Nous n'avons pas peur d'en parler. C'est quelque chose à quoi nous devons faire face, et ce projet a été conçu pour nous aider à le faire.
Quel est notre projet? C'est tout. C'est une usine de 5 mégawatts de chaleur et d'électricité combinée provenant de la biomasse, qui remplacera l'électricité au diesel. C'est une usine de 60 à 90 000 tonnes de granules de bois, afin que nous puissions convertir le chauffage de nos maisons du diesel aux granules de bois et expédier des granules ailleurs au Canada. Le projet appuiera d'autres industries, à mesure que nous obtiendrons une utilisation à part entière — puisque nous utilisons principalement du bois dur —, et il réduira les émissions de GES.
Actuellement, grâce au financement en partenariat du Canada, de l'Ontario et de Whitesand, nous préparons le chantier de construction. Nous avons établi le plan d'aménagement de toutes nos routes, nous avons préparé les socles pour le béton, l'éclairage est installé, et tous les travaux routiers sont en cours. Selon notre plan, nous procéderons à la construction complète l'an prochain. Ce projet nous coûte 4 millions de dollars au total, mais, encore une fois, il s'agissait d'une approche en partenariat, et Whitesand a injecté beaucoup d'argent dans le projet au fil des ans.
Nous avons dû faire un grand nombre de choses complexes. Nous avons dû obtenir l'approbation de l'autorité ontarienne en matière d'énergie renouvelable. Pour une usine de 5 mégawatts provenant de la biomasse? Nous ne brûlons pas des pneus, mais il nous en a coûté presque un million de dollars pour l'obtenir. Le ministre de l'Environnement est venu nous voir pour s'excuser du fait qu'il parlait de l'économie écologique à faibles émissions de carbone et qu'il nous ait obligés à demander une autorisation de projet d'énergie renouvelable.
Nous ne nous sommes pas battus contre cette exigence. Nous avons trouvé un moyen de faire la demande, et nous avons obtenu l'autorisation. C'est la première du genre en Ontario. Toute notre ingénierie est terminée, et nous avons conclu le premier accord d'achat d'énergie en son genre en Ontario, qui nous assure une source de revenus pour 20 ans grâce à l'électricité que nous produisons. Le projet nous a en fait procuré un avantage au chapitre du développement économique, qui reconnaissait les avantages sociaux, économiques et environnementaux liés à notre projet. Il s'agit d'une façon unique d'envisager la bioéconomie et, si vous devez produire de l'électricité, la façon dont les gouvernements provinciaux peuvent appuyer ce type d'initiative.
Nous avons terminé les négociations. Même si nous avions reçu une directive, ce que tout le monde sait, il nous a tout de même fallu deux ans pour négocier ces contrats avec la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité, mais c'est la première autorisation en son genre.
Qu'est-ce que cela signifie pour nous? Cela veut dire 60 emplois à temps plein. Si vous imaginez 400 personnes et 60 emplois générant des salaires annuels de 3,5 millions de dollars, c'est important. Si on transpose cette situation à Toronto ou à Ottawa, de quel type d'usine serait-il question? Tout cela, c'est grâce à la bioéconomie.
Comment avons-nous pu nous rendre aussi loin? Craig et moi nous regardons souvent en nous disant que nous ne le savons pas. Nous avons vécu d'un exercice financier à l'autre... à rédiger des propositions de financement et à chercher du soutien. Il ne s'agit pas d'un projet traditionnel dans l'industrie forestière, où une grande entreprise pourrait arriver en disant: « Nous voyons une occasion, effectuons notre étude de faisabilité, faisons notre ingénierie et construisons le projet. Nous n'avons pas été en mesure de procéder ainsi. Cela a été très difficile, mais nous avons poursuivi ce projet en raison du besoin de la collectivité. Ce que nous tentons de montrer au Canada, c'est une manière complètement différente d'envisager les choses. »
Sans RNCan, surtout l'Initiative de foresterie autochtone, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Ce soutien nous a aidés à toutes ces étapes, tout comme le financement de l'Ontario, et FedNor et AANC ont tous deux participé. Toutefois, Ressources naturelles Canada a été notre principale source de soutien et de contribution. Nous avons même utilisé certains des rapports de recherche scientifique pour aider à faire avancer le projet.
La diapositive à l'aspect plutôt complexe que voici porte sur les perspectives pour 2025. À quoi ressemble la bioéconomie durable? Notre collectivité locale maximise les profits qu'elle tire de la forêt locale. Nous créons notre propre électricité. Nous produisons le développement économique d'une usine de granules de bois. Nous utiliserons la chaleur des déchets pour alimenter une serre de légumes frais pour la collectivité.
C'est un cercle complet. Nous allons envisager de nouveaux logements et utiliser une partie du bois pour nos propres maisons. Tous nos cercles et notre durabilité communautaire en font maintenant partie. Fait particulier à souligner: d'ici l'an 2050 — et il s'agit d'une analyse effectuée par le Canada et par l'Ontario —, nous réduirons de 488 000 tonnes, ou 163 tonnes par personne, les émissions de GES, comparativement à la cible de l'Ontario qui est de 26 tonnes par personne. C'est révolutionnaire. Il s'agit d'une initiative qui est fondée sur des modèles suédois et finlandais. C'est un village axé sur la bioéconomie.
Pour conclure, je pense que, ce qui nous stimule, Craig et moi, dans ce projet, c'est la notion selon laquelle si on touche de l'aide sociale au Canada, on vit dans la pauvreté. Je pense que, compte tenu de la richesse et des ressources de nos forêts, de toutes nos ressources naturelles et de notre innovation, au Canada, personne ne devrait vivre dans la pauvreté.
À l'intention du Comité, nous ne sommes pas là pour en obtenir davantage ou pour en faire plus. Nous sommes simplement là pour vous faire savoir que la bioéconomie, c'est quelque chose de spécial. Elle a besoin de tout type de soutien — comme l'ont affirmé ces messieurs — qui pourra l'aider à prendre son essor. Qu'est-ce que cela signifie du point de vue de la croissance sociale, du développement économique et de la responsabilité environnementale? Dans une collectivité comme Whitesand, la réduction du carbone grâce à la bioéconomie, c'est la réduction de la pauvreté, et, à mes yeux, il s'agit de l'un des plus nobles buts que quiconque pourrait tenter d'atteindre.
Nous voulons vous remercier du temps que vous nous accordez, et aujourd'hui, c'est un très grand jour pour nous. Au Secrétariat du Conseil du Trésor de l'Ontario, ce matin, la ministre des Richesses naturelles et des Forêts présente notre projet aux responsables du compte de réduction des gaz à effet de serre de l'Ontario pour obtenir un financement de 30 millions de dollars.
Cela va de pair avec le Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone, au titre duquel l'Ontario nous a nommés en tant que son projet prioritaire. Ce fonds nous procurerait également 20 millions de dollars. Ces 50 millions de dollars de fonds pour dépenses en capital nous ont permis d'obtenir 22 millions de dollars de financement en tant que petite nation autochtone.
Nous sommes absolument convaincus que ce projet se réalisera et que nous allons commencer la construction cette année. Nous invitons le Comité à tenir une séance là-bas, dans deux ans, quand notre usine sera construite, pour voir à quoi ressemble la bioéconomie.
Merci.
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Vous et vos limites de temps...
Le Canada a mis en place le cadre pancanadien sur la réduction de l'utilisation du diesel. Certains de vos nouveaux programmes aideront les collectivités à entreprendre des travaux de modernisation ou à procéder à des remplacements de combustible. L'Ontario fait la même chose. L'Ontario s'adresse au conseil du trésor pour convertir les logements de la province qui sont dotés de chaudières diesel.
De quelle manière le soutenez-vous à l'échelle du pays? Il arrive souvent que ces programmes de financement soient concurrentiels. Certaines Premières Nations... Je dois dire que nous en faisons partie. Craig et moi savons comment rédiger des propositions de financement; nous faisons très bonne figure à ce chapitre. Cela devient une compétition et quelqu'un est rejeté. Je pense qu'il faut parfois établir l'ordre de priorité. Examinons-nous les plus importantes ou celles qui en ont le plus besoin? Il est très difficile de satisfaire tout le monde.
J'ai rencontré une fille venant d'Autriche. Ce qu'ils ont fait là-bas pour éliminer le diesel et les répercussions que cela a eues sur leur produit intérieur brut... Maintenant, les Autrichiens sont les chefs de file mondiaux en matière de poêles et de chaudières à granules de bois et d'installations de chauffage centralisé, lesquelles sont fabriquées là-bas et viennent maintenant au Canada. Nous en examinons quelques-uns. C'est la même chose en Finlande. En bâtissant cette économie ici... Nous venons tout juste d'obtenir une autre offre. Toutes nos granules vont en Europe, à l'heure actuelle. Pourquoi? Canadien Tire vient de communiquer avec nous, ce qui devrait être excellent pour nous. Nous devons élargir ce marché intérieur de sorte que les gens...
Le prix du diesel et du propane est très élevé dans le Nord de l'Ontario. De nombreuses personnes possèdent un foyer conventionnel au bois, ce genre de choses. Cela devient de plus en plus difficile. Je suis maintenant âgé de 61 ans, il est donc difficile pour moi de couper moi-même mon bois de chauffage chaque année. Je vais adopter les granules.
Je crois que l'Ontario mettra en place un nouveau programme qui vous permettra d'effectuer des travaux de modernisation.
Les Premières Nations ont un talent inné... Si vous mettez en place un petit système de chauffage, un système électrique ou une installation de chauffage centralisé au sein d'une Première Nation, vous allez créer un, deux, trois, quatre ou cinq emplois. Cela ne semble peut-être pas beaucoup, mais dans bon nombre de ces collectivités, ce sont les retombées. Les retombées, c'est-à-dire que l'on bâtit l'économie, et on renforce la capacité et on offre des occasions d'emploi.
Il est très difficile de répondre très rapidement à vos questions.
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Merci, monsieur le président, et bonjour.
Je m'appelle Éric Baril et je suis directeur général intérimaire du Centre de recherche sur l'automobile et les transports de surface du Conseil national de recherches du Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Nathalie Legros, responsable des technologies de fabrication des polymères et des composites, pour le programme Fabrication de pointe du CNRC.
[Français]
Nous sommes ravis d'avoir été invités à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Avant de répondre à vos questions, j'aimerais profiter de l'occasion pour vous faire part brièvement des réalisations du CNRC, de ses initiatives actuelles pour appuyer les priorités du gouvernement du Canada et pour soutenir l'économie canadienne, et de la manière dont il entrevoit l'avenir de la recherche sur la biomasse au Canada dans le contexte des tendances actuelles.
Pour commencer, permettez-moi de vous donner un aperçu de l'ampleur et de la portée du travail effectué par le CNRC.
Le Conseil national de recherches du Canada est une organisation nationale dotée d'un effectif de quelque 3 700 chercheurs, ingénieurs, techniciens et autres spécialistes. Il regroupe notamment 255 conseillers commerciaux et conseillers en technologie industrielle répartis dans l'ensemble du pays qui appuient les entreprises dans le cadre du Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC.
[Traduction]
Nos 14 centres de recherche exercent leurs activités à partir de 22 emplacements dans l'ensemble du Canada. Les installations de recherche en génie océanique, côtier et fluvial du CNRC se trouvent à St. John's, et notre Centre de recherche en astronomie et en astrophysique se situe en Colombie-Britannique.
Mon propre centre de recherche sur l'automobile et les transports de surface, par exemple, exploite des installations de recherche ici, à Ottawa, de même que quatre autres installations en Ontario et au Québec. Notre travail couvre un large éventail de disciplines de recherche, dont les résultats ont contribué à changer la vie de nombreuses personnes au pays et dans le monde entier. Les 14 centres de recherche se mobilisent pour offrir 37 programmes de R-D ciblés.
[Français]
Depuis un siècle, le CNRC est la principale organisation de recherche-développement du gouvernement du Canada. Nous avons acquis une réputation d'excellence à coup d'innovations marquantes comme le radar, le stimulateur cardiaque, l'enregistreur de vol, le canola, le bras canadien, un vaccin contre la méningite, un ciment ayant une vie utile de 100 ans pour la construction d'infrastructures essentielles, ainsi que le tout premier vol d'avion à réaction propulsé au biocarburant. Mentionnons également le prix Nobel décerné au défunt Gerhard Herzberg, un de nos chercheurs émérites, pour son travail en spectroscopie moléculaire.
Chaque année, le CNRC travaille en collaboration étroite avec l'industrie pour réaliser des projets de recherche-développement mobilisant plus d'un millier d'entreprises. Nous offrons des services-conseils à quelque 11 000 PME et nous collaborons avec près de 152 hôpitaux de recherche, 72 universités et collèges, 34 ministères fédéraux et 35 partenaires internationaux.
[Traduction]
Le CNRC est une organisation qui mise sur la collaboration et les technologies. Nos activités, qui cadrent avec les priorités fédérales, se concentrent actuellement sur trois grands axes: le soutien à l'innovation en entreprise, le soutien à l'accomplissement des mandats des ministères et organismes fédéraux et l'avancement de la science et de l'innovation grâce à la recherche exploratoire.
La recherche effectuée au CNRC pour appuyer la bioéconomie est dans une large mesure interdisciplinaire et multisectorielle. Ainsi, nos initiatives touchent à la bioénergie, aux bioproduits chimiques spécialisés et aux biomatériaux industriels.
Aujourd'hui, nous allons toutefois nous concentrer sur les biomatériaux industriels.
[Français]
Nous travaillons directement avec nos clients pour leur offrir des services techniques et les aider à développer de nouvelles technologies, et nous leur fournissons des conseils scientifiques dignes de confiance. Nous cherchons ainsi à aider les entreprises de technologie canadiennes à mettre en valeur les ressources renouvelables du pays en les transformant en produits durables à forte valeur ajoutée.
[Traduction]
Au cours des 20 dernières années, les programmes du CNRC sur les biomatériaux ont accéléré l'innovation. Ils ont fait en sorte que les entreprises canadiennes aient accès à une aide à la recherche et aux technologies de la meilleure qualité possible, à un coût abordable. Nos programmes ont ainsi aidé ces entreprises à concevoir de nouveaux procédés et de nouveaux produits, puis à accélérer leur commercialisation.
[Français]
Le CNRC est engagé dans la recherche-développement de biomatériaux industriels, qui sont des produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de ressources renouvelables et qui sont destinés aux entreprises de nombreux secteurs. Nous nous concentrons sur l'utilisation de sous-produits et de résidus des industries agricole et forestière pour la production de produits légers et écoresponsables qui sont rentables, des produits qui contribuent à réduire concrètement notre dépendance aux combustibles fossiles non renouvelables. Ce faisant, nous rehaussons la qualité et la compétitivité des entreprises canadiennes de fabrication sur la scène mondiale.
[Traduction]
Par nos recherches, nous transformons des ressources renouvelables impropres à l'industrie alimentaire, mais abondantes au Canada. Notons par exemple la biomasse forestière, dont sont tirées la lignine et les fibres issues du bois, et les fibres agricoles, destinées aux matériaux à valeur ajoutée.
Nous établissons aussi de nouvelles applications de produits chimiques renouvelables et de biomatériaux comme les fibres cellulosiques, les biorésines et les bioadditifs. Ces matériaux entrent dans la composition de produits renouvelables ayant les mêmes propriétés que les produits dérivés des combustibles fossiles, et ils sont ultimement capables de les remplacer.
[Français]
Ces produits et procédés ont des retombées positives sur l'environnement, le rendement, la stabilité et les coûts. Ils offrent également des caractéristiques avantageuses pour l'industrie canadienne en général, et pour l'industrie manufacturière en particulier.
L'augmentation constante de la demande d'énergie et de plastique accentue la nécessité de trouver des nouvelles ressources renouvelables pour la production de matériaux aux caractéristiques similaires. Les économies du monde entier sont attirées par les solutions biosourcées. Ce virage découle d'un souci de protection de l'environnement ainsi que d'inquiétudes quant à l'accessibilité à long terme du pétrole et au risque d'épuisement de cette ressource.
[Traduction]
La transition ouvre des débouchés dans des domaines où le Canada possède des avantages marqués grâce à l'abondance de ses ressources agricoles et forestières. De plus en plus, les fabricants recourent à des produits issus de la biomasse canadienne non utilisés dans la chaîne alimentaire pour remplacer des matières plastiques et des fibres fabriqués à partir du pétrole. Cela s'observe surtout dans les industries du transport, de l'emballage et même la construction.
Le secteur des biomatériaux revêt une grande importance stratégique pour la croissance de la bioéconomie canadienne, pour le développement durable et pour la création d'emplois.
[Français]
Les bioproduits peuvent contribuer efficacement au développement de matériaux durables pour le secteur manufacturier. Un certain nombre de ces bioproduits sont déjà utilisés dans les secteurs de l'automobile et de la construction. L'intérieur des véhicules contient des matériaux biocomposites tirés de fibres cellulosiques extraites du chanvre, du lin, du bois ou du coton. Un autre exemple serait celui des panneaux composites en fibre de bois utilisés dans la construction résidentielle en Amérique depuis plus d'un siècle.
[Traduction]
Pour illustrer le potentiel des bioproduits, permettez-moi de vous parler de notre projet de collaboration avec Domtar. Nous avons travaillé avec cette entreprise pour transformer la poudre de lignine en un produit granulaire de manutention facile destiné à entrer dans la fabrication de pièces en plastique et, ainsi, éliminer l'étape coûteuse du mélange à l'état fondu. Cette collaboration a mené à une démonstration de la technologie à l’échelle commerciale dans une usine canadienne de Domtar, ainsi qu'au développement d'applications grâce au soutien financier de Ressources naturelles Canada.
[Français]
Les technologies comme celles que nous développons ouvrent de nouveaux marchés plus lucratifs pour les produits issus de la biomasse forestière, et elles ont le potentiel d'accroître la compétitivité des entreprises. Les fabricants canadiens qui commercialiseront des produits en plastique plus écologiques seront le moteur de nouvelles activités économiques et de la création d'emplois au Canada.
J'aimerais revenir sur la lignine, dont j'ai parlé un peu plus tôt. Ce matériau novateur est, en abondance, la deuxième source de carbone renouvelable. Il s'agit d'un sous-produit de la production de pâte chimique. Anciennement, la lignine était considérée comme un simple sous-produit utilisé comme carburant de faible qualité. Aujourd'hui, elle peut remplacer les polymères à base de pétrole.
[Traduction]
Les polymères à base de lignine n'ont pas pour seules qualités d'offrir un avantage concurrentiel sur le plan des coûts et d'offrir un bon ratio coût-efficacité. Ils sont aussi plus écologiques que leurs équivalents à base de pétrole. Certains produits plastiques à base de lignine ont fait l'objet d'essais de validation de l’emploi dans des applications comme la mousse isolante, les sièges d'automobiles, des pièces moulées diverses, des panneaux de construction et des pellicules plastiques. Ces produits peuvent être formulés et transformés au moyen d'équipement conventionnel.
En plus de nos travaux sur les applications de la lignine, nous concentrons nos recherches sur l'utilisation de fibres canadiennes d'origine agricole et forestière dans la production de matériaux biocomposites. Le CNRC travaille avec des entreprises de la chaîne d'approvisionnement du secteur de l'automobile à élaborer des biocomposites légers, offrant un bon ratio coût-efficacité, pour les intérieurs d’automobiles. Le projet a mené à l’élaboration de solutions efficaces s'appuyant sur la conversion des fibres cellulosiques canadiennes en produits écoresponsables. Ces produits contribuent à la prospérité économique du Canada en créant de la richesse et des emplois tout en réduisant la pollution engendrée par la production des véhicules et par leur entretien.
[Français]
En somme, le CNRC consolide la position de chef de file qu'occupe le Canada dans le développement de biomatériaux et de technologies biosourcées durables.
[Traduction]
Grâce à la collaboration et aux partenariats comme ceux mentionnés précédemment, nous intégrons nos compétences techniques à l’esprit d'entreprise et au savoir-faire commercial de chefs de file de l'industrie canadienne. Avec nos partenaires de l'industrie, nous trouvons des solutions pour produire de nouveaux matériaux légers et économiques.
Cette technologie servira à la fabrication des véhicules et à la construction des maisons de l'avenir.
[Français]
Les efforts que le CNRC déploiera pour réaliser ces retombées économiques feront de lui l'instigateur de la collaboration avec d'autres ministères à vocation scientifique en matière de recherche-développement.
Nous validerons les hypothèses et les suppositions, développerons de nouvelles connaissances, poserons de nouvelles questions, proposerons de nouvelles réponses et solutions éprouvées et, au bout du compte, comblerons les lacunes actuelles de notre savoir.
Ces activités de recherche-développement aideront grandement l'industrie à saisir les nouvelles occasions d'affaires créées par l'émergence rapide de la bioéconomie. De plus, nos activités de recherche-développement avantageront l'industrie, car elles déboucheront sur la commercialisation de solutions rentables et accessibles en temps utile à tous ceux qui en auront besoin.
[Traduction]
Nous serons aussi très bien positionnés pour convaincre les bonnes parties concernées de mettre en commun leurs efforts afin de jouer un rôle distinct et capital pour aider le Canada à se doter d'une bioéconomie dynamique. Ce travail de catalyseur, nous l'accomplissons en appuyant les entreprises manufacturières canadiennes et leurs chaînes d'approvisionnement. Nous soutenons les efforts de recherche-développement et d'innovation, et nous améliorerons les procédés de fabrication de manière à assurer l'élaboration de bioproduits et de biosystèmes pouvant connaître un succès commercial. Ces efforts feront une différence véritable dans la vie des Canadiens, maintenant et pour les décennies à venir.
[Français]
En conclusion, grâce à l'étendue de ses compétences, à son infrastructure scientifique unique et à la portée nationale de ses activités, le CNRC dispose des outils nécessaires pour amener des acteurs de partout au Canada et à l'étranger à collaborer.
[Traduction]
Nous vous remercions de votre intérêt pour le CNRC. Ma collègue Nathalie et moi-même répondrons maintenant avec plaisir à toutes vos questions.