:
Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent des langues officielles. Nous en sommes à notre 21
e rencontre.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(3), nous étudions le Rapport annuel 2009-2010 du commissaire aux langues officielles, renvoyé au comité le mardi 25 mai 2010.
[Français]
Cela nous fait plaisir, ce matin, de recevoir le commissaire aux langues officielle, M. Graham Fraser, et les membres de son équipe.
Monsieur le commissaire, bienvenue au comité. Nous sommes heureux de vous recevoir ce matin pour que vous puissiez nous faire connaître les conclusions de votre rapport annuel.
D'entrée de jeu, je voudrais vous dire que les membres — tout comme moi — ont sûrement été réjouis de voir que les travaux du comité constituent une source d'inspiration pour votre rapport.
Sans plus tarder, je vous invite à nous faire part de vos recommandations.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je vous présente les conclusions du volume I de mon quatrième rapport annuel.
Je suis aujourd'hui accompagné de Sylvain Giguère, commissaire adjoint, Politiques et Communications; Ghislaine Charlebois, commissaire adjointe, Assurance de la qualité; Johane Tremblay, avocate-conseil; et Lise Cloutier, commissaire adjointe, Services corporatifs.
Vous noterez que le volume I du Rapport annuel ne contient pas les bulletins de rendement des institutions fédérales ni les données sur les plaintes. Ces informations seront publiées à l'automne dans le volume II.
Le volume I traite de trois enjeux distincts qu'on doit aborder globalement. Que le gouvernement néglige l'un d'eux et on connaîtra des reculs sur les autres plans. On ferait bien de garder cela en tête étant donné que les ministères et les organismes examinent de très près leur budget.
Ainsi, si les universités ne préparent pas les étudiants adéquatement, le gouvernement et le secteur privé auront du mal à engager les employés bilingues dont ils ont besoin. Si les gestionnaires et les superviseurs n'encouragent pas les employés à utiliser la langue officielle de leur choix, les services bilingues offerts à la population en souffriront et le développement des communautés de langue officielle sera touché. Si les dirigeant des institutions fédérales n'assument pas pleinement leurs responsabilités découlant des changements apportés à la gouvernance des langues officielles, le rendement du gouvernement va se détériorer rapidement dans le domaine. Tout est lié.
[Français]
La question de la langue de travail au sein des institutions fédérales est importante. Depuis 1988, les employés du gouvernement fédéral, dans certaines régions du pays, ont le droit de travailler en français ou en anglais, selon leur préférence. Or seulement 67 p. 100 des francophones disent se sentir à l'aise d'intervenir en français dans les réunions, et la même proportion d'anglophones affirment qu'ils ont accès à toute leur formation professionnelle en anglais.
La situation de la langue au travail est certes complexe. Il n'existe pas de solution unique à l'ensemble des problèmes, mais je présente plusieurs pistes dans mon rapport. Si un leadership solide des hauts dirigeants de l'administration publique est nécessaire, les superviseurs et les gestionnaires ont aussi un rôle à jouer dans leurs interactions quotidiennes avec leurs employés. Le succès d'un milieu de travail bilingue passe par une relation respectueuse entre collègues.
Dans bien des cas, le maintien d'une culture de travail unilingue nuit aux efforts visant à offrir des services bilingues de qualité à la population. Un milieu de travail bilingue offre aux deux communautés linguistiques la possibilité de contribuer pleinement, dans leur première langue officielle, au développement et à la mise en oeuvre des politiques et programmes qui servent tous les Canadiens et Canadiennes.
Quarante pour cent des postes de la fonction publique fédérale requièrent le bilinguisme. Le secteur privé a également des besoins importants en main-d'oeuvre bilingue et multilingue.
Étant le plus grand employeur du pays, le gouvernement fédéral doit travailler avec les universités et les gouvernements provinciaux pour que les étudiants de tout le pays aient accès à de meilleurs possibilités d'apprentissage du français et de l'anglais langue seconde. En offrant de meilleurs possibilités d'apprentissage aux étudiants, on améliore le rendement des futurs travailleurs canadiens. Pour ce faire, il faut de la planification, de la coordination et un fort leadership gouvernemental.
[Traduction]
Le succès de la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles repose aussi sur l'application des principes de saine gouvernance. Les processus qui peuvent paraître purement bureaucratiques ont souvent des conséquences sur la vie quotidienne de personnes vivant à des milliers de kilomètres des centres de décisions. C'est pourquoi, dans mon rapport, je consacre un chapitre aux changements qui ont eu lieu récemment dans la façon dont les organismes centraux du gouvernement fédéral s'acquittent de leurs responsabilités linguistiques.
Combinée à la disparition de l'Agence de la fonction publique du Canada et de son unité de langues officielles, la réduction récente de l'effectif du Centre d'excellence en langues officielles du Secrétariat du Conseil du Trésor a entraîné une perte d'expertise considérable pour les institutions fédérales, qui tentent d'améliorer leur rendement en matière de langues officielles.
S'il est trop tôt pour évaluer l'incidence définitive que ces changements auront sur la façon dont le gouvernement fédéral s'acquitte de ses obligations, je déplore qu'ils aient été mis en place sans que soient consultés, par exemple, les responsables des langues officielles au sein des ministères et organismes fédéraux. C'est mal démarrer une initiative qui est fondamentalement risquée.
[Français]
Dans ce contexte, les dirigeants des institutions doivent faire preuve de vision. S'ils agissent sans avoir de plan clair assurant des résultats, il faut s'attendre à des reculs.
Ainsi, la délégation de responsabilités ne doit pas mener au laisser-aller. Le gouvernement doit montrer comment cette nouvelle approche permettra une mise en oeuvre plus efficace de la Loi sur les langues officielles et l'épanouissement des communautés de langue officielle.
Les leaders des communautés de langue officielle ont, par ailleurs, exprimé des inquiétudes en ce qui concerne les retards dans la mise en oeuvre de la Feuille de route pour la dualité linguistique 2008-2013. Les graves retards dans la signature d'ententes entre les institutions fédérales et les organismes communautaires sont également une source de préoccupation. Les dirigeants de certains organismes oeuvrant à renforcer la vitalité des communautés de langue officielle sont allés jusqu'à utiliser leur propre carte de crédit en attendant le financement du gouvernement. Lorsque le financement dont ces organismes ont besoin pour offrir des services essentiels n'arrive que très tard dans l'année, c'est la communauté tout entière qui en paie le prix.
Malgré ces retards préoccupants dans la réalisation des engagements vis-à-vis des communautés de langue officielle, j'ai néanmoins constaté avec satisfaction que le gouvernement s'est engagé, dans le plus récent discours du Trône, à maintenir la Feuille de route pour la dualité linguistique intacte. Par la même occasion, le gouvernement proclamait que: « Les deux langues officielles du Canada font partie intégrante de notre histoire et nous confèrent un avantage unique dans le monde. » Une telle affirmation signifie pour moi que le français et l'anglais font partie non seulement de notre histoire, mais aussi de notre avenir. Pour soutenir cette vision, le gouvernement doit agir avec clairvoyance, il doit soigneusement évaluer les décisions qui pourraient avoir des retombées sur la dualité linguistique canadienne. Le processus de prise de décision doit être transparent.
[Traduction]
Les politiques linguistiques font parfois l'objet de débats. Ces débats nous rappellent les valeurs fondamentales sur lesquelles repose la politique linguistique du Canada.
Après avoir fait l'objet de discussions à la Chambre des communes, un projet de loi sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême est maintenant entre les mains du Sénat et est au coeur du débat. Ma position sur la question est claire: les juges de la plus haute cour du pays doivent posséder une connaissance suffisante des deux langues officielles pour instruire les appels sans avoir recours à l'interprétation. Pour siéger à la Cour suprême, le bilinguisme est une compétence fondamentale. C'est une question de justice et d'égalité.
Le débat montre clairement la pertinence des sujets traités dans le rapport. En effet, les universités doivent préparer les futurs juristes à pratiquer dans un système de justice où tous les citoyens ont le droit d'être entendus dans la langue officielle de leur choix. De plus, pour travailler efficacement et tirer le meilleur parti de l'expertise de chacun, les juges doivent être en mesure de discuter des affaires entre eux dans la langue officielle de leur choix. En fait, ce débat peut être compris sous l'angle du privilège des avocats d'accéder aux postes de juges au plus haut tribunal du pays ou sous l'angle du droit des citoyens d'être entendus dans la langue officielle de leur choix. Le gouvernement doit se pencher sur cet enjeu et sur ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles en tenant compte de l'esprit de la loi et des valeurs qu'elles incarnent. Je suis prêt à discuter plus en détail de la question si vous le voulez bien.
[Français]
Les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 ont parfaitement illustré le défi que le gouvernement doit relever afin de mettre en oeuvre pleinement la Loi sur les langues officielles. En abordant la loi comme une série de règles, on peut certes mettre en place des éléments administratifs, mais on s'expose à oublier l'essentiel. C'est ainsi qu'à Vancouver, un grand nombre de services étaient offerts en français comme en anglais, alors que la cérémonie d'ouverture a suscité de nombreuses critiques et plaintes qui font actuellement l'objet d'une enquête. Heureusement, nos athlètes eux-mêmes, par leur bilinguisme inspirant, nous ont rappelé que la dualité linguistique est une valeur à cultiver.
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
J'aimerais maintenant prendre le temps qui reste pour répondre à vos questions.
:
Je ne suis pas en position de faire le genre de comparaison détaillée que vous recherchez. Cependant, j'ai remarqué certaines choses, notamment que des fonds additionnels avaient été alloués à la Feuille de route et non au Plan d'action, notamment dans le domaine de l'immigration. En outre, des fonds ont été consacrés à l'apprentissage d'une langue seconde au niveau postsecondaire. Dans le passé, nous avons exprimé notre regret concernant l'élimination de fonds destinés à la formation linguistique des fonctionnaires. Chacun des plans avait des forces et des lacunes. Un volet culturel n'était pas présent dans la Feuille de route, pour des raisons qu'on a bel et bien expliquées à l'époque.
J'aimerais parler un peu de la question de la valeur. Je ne dis pas cela de façon partisane, mais je remarque qu'il y a une certaine hésitation de la part de tous les gouvernements à promouvoir les deux langues officielles en tant que valeur. C'est le cas de tous les gouvernements, depuis très longtemps. Je ne sais pas si vous avez vécu cette expérience, mais souvent à Ottawa ont lieu des évènements qui sont publics mais un peu à l'extérieur de la fonction publique. À cette occasion, des hauts fonctionnaires ou des dirigeants d'institutions fédérales sont invités à parler devant des groupes ou dans le cadre de colloques. Il s'agit d'un mélange de fonctionnaires et d'autres gens qui maîtrisent les deux langues officielles mieux que moi. Or ils commencent leur allocution en disant: « Merci d'être venus en si grand nombre » et la terminent, trente minutes plus tard, en disant: « Encore une fois, merci. » Il reste que tout le discours est livré en anglais.
Dans une autre situation, une fonctionnaire qui parlait à d'autres fonctionnaires a dit en français à la fin de sa présentation: « Ah, je vois que le commissaire aux langues officielles est présent. J'aurais dû faire une partie de mon intervention en français. Si vous avez des questions en français... » En revanche, j'ai aussi fait une présentation dans une institution fédérale où le directeur était un anglophone bilingue. Il a dit à ses employés: « Pour l'amour de Dieu, si seulement les francophones pouvaient faire l'effort d'utiliser le français lors des réunions! » Une tendance culturelle, même ici à Ottawa et même au sein de la fonction publique, fait en sorte que l'utilisation des deux langues est uniquement une question symbolique. C'est comme une prière en latin, dans certaines situations. On fait un genre de référence symbolique aux deux langues officielles, puis l'événement se poursuit en anglais.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le commissaire, et bonjour à tous vos collègues.
Pierre Bourgault, ce grand souverainiste qui nous a malheureusement quittés, disait que si le Canada anglais était aussi bilingue que le Québec, on ne parlerait même pas de l'indépendance du Québec; on se sentirait chez nous partout. Lorsqu'on sait qu'environ 7 p. 100 de la population canadienne est bilingue, on comprendra qu'on ne peut pas se sentir chez nous partout.
Moi-même, pour avoir travaillé dans le monde de la francophonie minoritaire pendant un bon bout de temps, j'ai ressenti ce sentiment, en me retrouvant quelque part au Canada, qui nous incite à nous demander si on sera capable de parler français aujourd'hui et quelle incidence ça aura sur nos enfants par rapport à la langue française. On a encore beaucoup de chemin à faire, vous le dites.
Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de gains ici et là, mais les gains parcellaires ne sont pas la réalité du tissu social. Je sais que le logo sur l'épinglette que vous et certains de vos collègues portez à vos manteaux veut refléter ce tissu social canadien des deux langues officielles.
On disait de nous, les Franco-Ontariens, que nous étions non pas la crème du pays, mais la colle du pays. Car en parlant anglais et français, on venait à bout de faire des liens avec les francophones unilingues et la majorité des anglophones unilingues. Ce n'est pas une identité culturelle très forte. D'une certaine façon, dans le fondement même des termes, c'est même péjoratif, quand on y pense.
Je représente une des circonscriptions où il y a le plus grand nombre de fonctionnaires au Canada, on est dans la région de la capitale fédérale. Je ne suis pas sûr que c'est culturel le fait que les francophones — et on retrouve ça dans d'autres régions du Québec aussi, ce n'est pas juste ici — parlent anglais plus souvent qu'autrement dans des rencontres où on a le droit de parler français. Je pense que la chose elle-même est politique. C'est se dire que si un fonctionnaire parle français la moitié ne comprendra pas, s'il écrit une note en français, le supérieur ne comprendra pas. La note va passer par toutes sortes de truchements et ne se rendra pas à temps, et le fonctionnaire ne sera pas perçu comme un bon employé. Les conséquences sont lourdes, et c'est la réalité proprement dite.
Dans votre rapport, à la page 25, vous citez M. Savoie, de l'Université de Moncton, qui dit, entre autres: « [...] un gestionnaire très motivé, très respecté et très compétent fera une différence dans la promotion de la politique sur les langues officielles [...] ».
On sait que beaucoup de hauts fonctionnaires ne parlent même pas le français. Ils le baragouinent ou ont suivi le cours, mais une fois qu'ils l'ont suivi, ils ne sont plus là nécessairement pour le parler. Je le vois même de témoins, de hauts fonctionnaires qui viennent devant les comités dont je fais partie: ils font tout en anglais. Bien sûr, il y a l'interprétation pour les aider. Cette réalité ne semble pas peser lourd dans la volonté politique: elle n'est pas là. J'appelle ça l'« élan pour le maintien de la folklorisation du fait français ».
Vous en êtes rendu à dire — et je ne vous chicane pas — que c'est culturel; moi, je vous dis que c'est politique. Il y a un élément qui fait que c'est normal, c'est ainsi: a truly French Canadian is bilingual. Ça ne pose pas problème aux fonctionnaires, ils vont parler en anglais et le francophone va comprendre.
Face à cette situation, c'est extrêmement lourd. On l'observe dans le débat sur les juges à la Cour suprême. Les juges à la Cour suprême, c'est la pointe de l'iceberg, c'est un épiphénomène, c'est un exemple dans un océan de réalités. Imaginez-vous, on ne se bat qu'au sujet d'un exemple.
Vous dites que vous remettez en question le fait que le Secrétariat du Conseil du Trésor a des difficultés à s'acquitter de ses responsabilités linguistiques. Pouvez-vous nous proposer des éléments, des pistes, qui pourraient l'aider? Que devrait-on faire?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais aussi vous souhaiter la bienvenue au comité.
J'aimerais parler d'Air Canada Jazz. Après avoir étudié ce dossier, on apprend que la filiale Jazz se rapporte directement à Air Canada. La filiale elle-même n'est pas soumise directement à la Loi sur les langues officielles, tandis qu'Air Canada l'est. Je ne sais pas comment le dire pour vous faire comprendre. C'est Air Canada qui impose à Jazz de donner les services dans les deux langues officielles, puisque Air Canada est soumise à la Loi sur les langues officielles.
Alors, comment peut-on régler un problème, si Jazz est le problème? Par exemple, j'ai porté plainte auprès de vous, monsieur le commissaire. Je me suis aussi plaint à Air Canada, et Jazz m'a répondu au nom d'Air Canada. Alors, j'ai envoyé la lettre de Jazz à Air Canada et j'ai dit aux gens d'Air Canada que je ne faisais pas affaire avec Jazz mais avec eux.
Alors, dans le projet de loi qu'on vous a demandé d'appuyer, est-ce le problème que vous tentez de régler?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Fraser, d'être ici aujourd'hui.
Je suis ravi d'entendre vos propos, non pas parce que je suis d'accord, mais parce que vous me poussez à penser à des choses auxquelles je ne pense pas régulièrement. Nous avons entendu les propos de M. Bourgault. Le problème n'est pas qu'il ait souligné l'importance de la langue française dans les autres régions du Canada, mais qu'il ait oublié les autres langues que nous parlons, les langues des droits humains, les langues de comptabilité, les langues que nous, Canadiens, considérons comme très importantes, et que le reste du monde considère comme magnifiques. Je pense que le piège dans lequel vous pouvez tomber est celui d'être a good hammer.
[Traduction]
Il faut garder le sens de la mesure. Par exemple, le coeur importe dans le corps humain, mais s'il absorbe tout l'oxygène, le cerveau va mourir.
Pour ce qui est de la Cour suprême du Canada, même si...
[Français]
nous sommes d'accord — je suis un avocat de la Colombie-Britannique, mes enfants fréquentent une école d'immersion française, j'aime bien la province de Québec, j'ai travaillé pour le gouvernement du Québec — moi,
[Traduction]
Je ne pourrais pas satisfaire aux critères proposés dans le projet de loi de M. Godin, et aucun avocat de la Colombie-Britannique que je connais ne le pourrait non plus. Voici donc ma préoccupation: si nous imposons l'objectif valable et admirable d'augmenter le bilinguisme à la Cour suprême du Canada, c'est une bonne chose; en revanche, si nous allons trop loin, nous négligeons d'autres aspects importants — l'exercice de la justice et la représentation des régions. En définitive, cela pourrait soulever un tollé. Des gens de la Colombie-Britannique qui, comme moi, veulent promouvoir le bilinguisme au même titre que MM. Nadeau et Godin pourraient se mettre à voir les choses autrement. Ils pourraient dire qu'il n'y a pas de justice dans nos tribunaux ni de représentation régionale et que l'interprétation simultanée sera supprimée pour que les gens des institutions soient bilingues.
Les conséquences pourraient être bien pires que la solution.
Vous avez dit que vous étiez ici pour discuter. J'aimerais beaucoup connaître votre réponse.
:
Merci de votre question.
Permettez-moi tout d'abord de parler de la norme et vous dire si elle est vraiment exagérée ou si elle est au contraire inférieure à la norme à laquelle les fonctionnaires doivent satisfaire. Contrairement à d'autres institutions fédérales, la Cour suprême bénéficie actuellement d'une exemption. Il y a vingt-deux ans, lorsqu'on a modifié la Loi sur les langues officielles et qu'on s'est demandé s'il fallait inclure cette exemption relative à la Cour suprême dans la loi, le ministre de la Justice Ramon Hnatyshyn a dit que nous n'étions pas encore prêts.
Cela fait maintenant 22 ans que la Loi sur les langues officielles a été modifiée. Sommes-nous prêts? À l'heure actuelle, huit juges sur neuf répondent aux critères. En réalité, on attend moins des juges que des hauts fonctionnaires du gouvernement, des chefs des partis politiques et des militaires de haut rang.
Tout ce qui est demandé dans le projet de loi d'initiative parlementaire, c'est la compréhension orale. Les juges n'auraient pas à rendre des décisions par écrit ou à poser des questions dans une autre langue; on leur demande simplement de comprendre.
Selon moi, c'est particulièrement important, parce que...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Simplement pour continuer dans la même veine, durant les 13 ans où M. Chrétien était premier ministre, tous les juges nommés à la Cour suprême pouvaient travailler dans les deux langues. Je crois que la première personne nommée par le gouvernement actuel était aussi bilingue. De plus, je crois qu'à l'Université de Toronto et à l'Université de la Colombie-Britannique, on a indiqué que si le projet de loi était adopté, on adapterait le programme pour que les diplômés puissent accéder à la Cour suprême.
Je voulais simplement communiquer cette information, monsieur le président.
[Français]
Merci, monsieur le commissaire, d'être ici ce matin avec votre équipe. Je veux me concentrer sur la question du Conseil du Trésor.
Toutefois, avant, je veux vous remercier d'avoir clarifié votre position sur la question des juges de la Cour suprême. En effet, lorsque le ministre Moore a comparu devant nous, il n'y a pas longtemps, il a tenté de nous démontrer que ce n'était pas votre position. Je suis content que vous l'ayez clarifiée. On sait maintenant comment le commissaire aux langues officielles du Canada se situe par rapport à cette question.
Concernant le Conseil du Trésor, si j'ai bien compris ce que vous disiez dans votre commentaire de ce matin, la décision de décentraliser et de tout diriger vers les agences est une décision qui était unilatérale, puisqu'il n'y a pas eu de consultation au préalable.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux souhaiter la bienvenue à tous ce matin. Il est agréable de vous revoir ici et d'entendre vos explications.
Comme vous le savez tous, le comité étudie de très près la feuille de route dans la cadre de l'examen qu'il fait de la dualité linguistique. Dans votre rapport, vous indiquez que la feuille de route est un outil essentiel dont doit se servir le gouvernement pour respecter la dualité linguistique. Nous avons constaté la même chose au cours de l'étude.
La feuille de route diffère grandement du plan d'action, notamment en ce qui concerne le financement. Le gouvernement a prévu des fonds de 1,1 milliard de dollars pour cinq ans. Davantage d'efforts seront déployés dans les milieux culturels. Des fonds ont été accordés pour offrir une vitrine à la musique, ce qui ne se faisait pas dans le programme précédent. Le programme de traduction a également été mis en valeur.
Nous avons appris que le plan d'action précédent ne portait que sur huit ministères. Or, le nouveau programme concerne 15 ministères, ce qui constitue une grande amélioration.
Tout en reconnaissant qu'il y a toujours place pour l'amélioration — comme nous le savons tous —, diriez-vous que la feuille de route est une amélioration par rapport au plan d'action? Quels sont les aspects améliorés au juste?
:
Monsieur le commissaire, pour enchaîner sur ce que disait Mme O'Neill-Gordon, je dirai que comme Néo-Brunswickois, je suis moins heureux.
On se souviendra qu'en matière d'éducation au Nouveau-Brunswick, dans les écoles d'immersion, c'est passé de la première à la cinquième année, et 350 anglophones ont manifesté à Fredericton. Alors, je ne sais pas ce qu'elle peut voir, comme enseignante, qui la rend aussi heureuse, considérant le recul que ça représente. Dans le domaine de la santé, tous les équipements sont dans les hôpitaux anglophones, tandis que les hôpitaux francophones n'en ont pas du tout. On peut suivre toutes les démarches qui se font en matière de santé au Nouveau-Brunswick.
Je suis peut-être un peu moins heureux qu'elle. Je sais qu'elle représente le gouvernement, il faut donc qu'elle parle pour le gouvernement.
Quand on considère la Feuille de route et les fonds qui ont été accordés à l'immigration, on remarque que 10 millions de dollars ont été alloués au Nouveau-Brunswick. Pourtant, on s'est fait dire la semaine dernière que ça faisait deux ans que l'annonce avait été faite, mais que le programme commence seulement...
:
Merci, monsieur le président.
Je vais continuer avec la question du Conseil du Trésor, si vous me le permettez, monsieur le commissaire.
C'est inquiétant. Le gouvernement présent a éliminé le secrétariat qui existait au Conseil privé et qui avait pour mandat de s'assurer qu'au sein de tous les ministères et de toutes les agences, on respecte la Loi sur les langues officielles. Le gouvernement a également éliminé le comité ad hoc du Cabinet qui pouvait se réunir périodiquement, au besoin, pour la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles. Le comité de sous-ministres a également été éliminé. De même, il y avait deux consultations annuelles auprès des communautés. L'une était tenue au printemps, par les gens de la haute fonction publique, et l'autre, à l'automne, par les ministres. Ces consultations ont également été éliminées, et ce, avant même les mesures qui ont été prises par le Conseil du Trésor.
Ensuite, vous confirmez qu'il y a quatre fonctions relevant du Conseil du Trésor que celui-ci n'exerce plus. Ces postes, qui étaient occupés par une soixantaine de fonctionnaires qui exerçaient ces responsabilités, ont été éliminés, mais n'ont pas été transférés aux agences et ministères. Maintenant, il reste 13 personnes pour remplir les fonctions du Conseil du Trésor.
Pouvez-vous me dire, rapidement, quelles sont les fonctions que le Conseil du Trésor doit continuer d'exercer?
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous nos témoins.
Je veux revenir aux pages 24 et 25, que M. Bélanger a mentionnées. Monsieur le commissaire, à la page 24 de votre rapport, vous dites ceci:
Il est encore tôt pour évaluer l’incidence définitive que les changements de la dernière année auront sur la dualité linguistique.
En plus, vous dites ce qui suit à la page 25:
Ainsi, les changements qu’a apportés le gouvernement fédéral à la gouvernance des langues officielles pourraient toujours avoir une incidence positive [...]
Quant à moi, il est important de toujours viser l'avenir et de ne pas tirer soi-même des conclusions sans avoir de preuves.
[Traduction]
Voilà ma plus grande déception lorsque je fais partie d'un comité; les gens prennent des décisions ou tirent des conclusions sans avoir de preuve.
On tort les propos de personnes comme vous, monsieur le commissaire, pour satisfaire des besoins partisans, ce que je trouve déplorable.
Cela m'amène à corriger certaines affirmations faites aujourd'hui.
Monsieur le commissaire, vous et moi avons discuté des juges francophones et du fait qu'il serait difficile de mettre en oeuvre le projet de loi s'il était adopté.
:
Exactement. J'allais justement en parler, alors je suis contente que vous l'ayez dit de nouveau. Il y a beaucoup de travail à faire.
Je dois reprendre M. Bélanger. Il essaie encore de dépeindre le ministre, qui travaille pourtant très fort à ce sujet, comme quelqu'un de malhonnête. Je pense qu'il s'agit de propos non parlementaires. À la dernière séance, M. Bélanger a précisément fait état de ce dont nous avons parlé — de ce que vous avez dit.
Je vais reprendre les propos du ministre pour que M. Bélanger n'essaie pas une fois de plus de jouer sur les mots à des fins partisanes.
L'honorable ministre a dit qu'il avait discuté avec vous. L'objet de la rencontre était de discuter de son rapport, mais vous avez parlé plusieurs minutes de la question des juges. Vous avez affirmé que la mise en oeuvre d'une loi causerait certains problèmes d'ordre pratique. Il a aussi dit que vous aviez indiqué que ce n'était pas si simple et qu'il faudrait travailler à ce sujet.
Je n'aime pas du tout prendre mon temps pour corriger les affirmations partisanes faites au comité, mais cela n'a pas de fin.
Nous devons faire du bon travail. C'est pourquoi je voudrais tout d'abord connaître vos impressions sur le rapport de Monique Collette. Je souhaiterais que vous donniez une réponse écrite, notamment en ce qui concerne les pratiques exemplaires évoquées dans votre rapport. Ces pratiques ne sont pas mises en évidence, et j'aimerais beaucoup avoir votre opinion là-dessus. Le rapport de Mme Collette est volumineux. J'aimerais connaître les pratiques que vous estimez tout particulièrement bonnes.
J'aimerais également savoir ce que vous pensez du projet pilote que nous avons mené avec 11 universités. La fonction publique a maintenant plus de flexibilité. Je connais bon nombre de fonctionnaires qui suivent actuellement des cours de langue pour améliorer leur connaissance de leur langue seconde, au lieu d'être simplement sur une liste d'attente.
Veuillez me donner vos impressions sur le projet pilote auquel participent 11 universités pour aider les fonctionnaires à devenir bilingues.
:
Bonjour, monsieur Fraser. Je suis très heureuse de vous accueillir encore une fois aux Comité permanent des langues officielles. Vous nous donnez toujours de bonnes pistes.
Je suis de ceux qui considèrent que le verre est à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. J'aime voir les résultats. Malheureusement, on est dans un monde imparfait, il y a toujours place à l'amélioration. Quand on prend des décisions, il y a toujours des défis, quelles que soient ces décisions
Au Sénat, dernièrement, en réponse à une question de la sénatrice Fortin-Duplessis, qui commentait votre dernier rapport, vous souligniez que le soutien du gouvernement de 1,1 milliard de dollars pour les langues officielles représentait le montant le plus important jamais investi par un gouvernement dans l'histoire du Canada pour les langues officielles.
En ce qui concerne les langues officielles, vous avez dit: « Nous voyons déjà certain signes d'amélioration. Quand j'ai fait des consultations avec la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada et le Quebec Community Group Network, ils ont tous les deux affirmés qu'ils voyaient effectivement des signes encourageants. »
Il est certain que partout où on va, quand on prend des décisions, il y a des risques. Mais les choses qui fonctionnent bien, les souligne-t-on suffisamment? Les gens sont-ils conscients de ce qui fonctionne bien? On met souvent l'accent sur ce qui va mal, et ça se produit partout, pas seulement au sein du gouvernement.
Parfois, il est agréable d'entendre des bonnes nouvelles. Parmi les bonnes nouvelles dont vous nous avez fait part, il y a le cas des 11 universités qui se sont concertées. Pourriez-vous nous parler un peu des choses qui vont bien et des effets favorables de certaines initiatives du gouvernement?
:
Vous avez mentionné la question des ententes avec les communautés. C'est un problème qu'on a souligné, mais on a remarqué aussi que — et c'était un peu lié au travail que vous avez fait au sein de ce comité — le ministre a reconnu qu'il y avait un problème, et il y a eu des efforts pour améliorer la situation. On reconnaît cela dans le rapport, mais, pour cette raison, on demande au ministre de nous faire rapport à la fin de l'année financière au sujet des mesures précises qui ont été prises pour faire en sorte que ce phénomène ne se répète pas.
Vous parlez des 11 universités, de projets-pilotes. C'est un pas dans la bonne direction, et j'espère qu'on peut envoyer le message. Il y a une chose que j'ai essayé de répéter au sous-ministre et aux fonctionnaires, qui sont eux-mêmes des agents de recrutement pour le gouvernement: dire très clairement aux universités qu'il y a entre 12 000 et 15 000 nouveaux postes qui s'ouvrent chaque année au sein du gouvernement fédéral, dont 5 000 sont des postes désignés bilingues. Je pense que vous-mêmes, dans votre rapport, avez souligné le fait que le gouvernement est le plus grand employeur au Canada qui a besoin d'employés bilingues. C'est très important qu'on envoie un message aux universités selon lequel elles ont un rôle à jouer dans ce système.
Vous savez, c'est une dynamique qui existe depuis 40 ans: en raison de la Loi sur les langues officielles, les gouvernements ont eu tendance à souligner à la population que ce n'est pas elle qui a l'obligation d'apprendre l'autre langue; c'est l'institution qui a l'obligation d'être bilingue. Le bilinguisme officiel, ce n'est pas un problème pour les gens, c'est seulement l'institution qui devrait se transformer. Cela fait en sorte que, chaque fois qu'il y a un changement, cela devient une obligation s'il faut combler une position, que ce soit dans la fonction publique, dans les Forces canadiennes ou en ce qui concerne les postes de chefs de parti politique. Présentement, on a une discussion au sujet de l'importance de la dualité linguistique au sein du système judiciaire. On tend à dire whoa!, car on nous dit depuis 40 ans que cela n'est pas notre problème. Cependant, il y a certains postes clés et il est important que les gens qui remplissent ces postes parlent les deux langues officielles. Pour que cela fonctionne, il faut qu'il y ait une espèce de promotion de l'importance de la dualité linguistique au Canada.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais parler de deux choses, rapidement.
D'abord, monsieur le commissaire, je vais faire un voeu. J'aimerais que votre commissariat, s'il le veut, se penche sur une note. C'est une note qui nous a été présentée par notre recherchiste, Mme Lecomte, en date du 4 mai, la note 4 de la page 2, et je vous la laisserai. Elle dit que:
La Politique sur les différents modes de prestation de services a changé le 1er avril 2007. Elle a été remplacée [on parle des politiques qui s'appliquent au Conseil du Trésor, à l'ensemble des ministères] par la Politique en matière de présentation de rapports au Secrétariat du Conseil du Trésor sur les institutions fédérales et sur les sociétés dans lesquelles le Canada détient des intérêts. La nouvelle politique ne comporte pas de principes directeurs relatifs aux langues officielles tels qu’ils étaient énoncés à l’annexe C de l’ancienne politique.
Alors, on a complètement enlevé une référence aux langues officielles qui existait auparavant. Votre commissariat pourrait peut-être jeter un coup d'oeil là-dessus. Car je crois qu'il y aura des répercussions sur les langues officielles, puisqu'on veut se pencher sur l'avenir.
Ensuite, j'adore être réprimandé par Mme Glover. Monsieur le commissaire, je maintiens ma position à savoir que le ministre, lorsqu'il a comparu devant nous, insinuait que vous aviez une position contraire à la vôtre. Tout ce que j'ai dit, c'est que je suis très content que vous ayez clarifié votre position par rapport au projet de loi de M. Godin, qui porte sur le bilinguisme à la Cour suprême. Je maintiens, monsieur le commissaire, que ce que le ministre insinuait n'était pas correct. Je suis content —et je le reste — que vous ayez clarifié et que vous mainteniez votre position: ce que ce projet de loi veut faire pour le Canada est bien.
Je cède le reste du temps qui m'est accordé à M. D'Amours.
:
Merci, monsieur Bélanger.
Je vous remercie, monsieur le commissaire, ainsi que les gens de votre bureau, d'être avec nous encore ce matin. Je dis « encore » parce que si vous êtes obligé de comparaître souvent devant nous, ce n'est pas toujours bon signe en ce qui concerne le bilinguisme au sein de l'appareil gouvernemental. On est quand même heureux que vous soyez parmi nous.
Plus tôt, vous avez mentionné quelque chose concernant l'aspect interministériel et vous nous avez fait part des commentaires de certains ministères, dont l'un établissant que les langues officielles sont la responsabilité de Patrimoine canadien, donc qu'ils s'en lavent les mains.
Monsieur le commissaire, cela me fait sourire parce que, en ce qui a trait aux langues officielles, la responsabilité revient au Conseil du Trésor. Vous en avez discuté plus tôt et mon collègue M. Bélanger a aussi soulevé cet argument. À présent, c'est la responsabilité des ministères de voir à l'application des langues officielles. Par contre, quand vient le temps de les mettre en application et de les respecter, on dit que c'est la responsabilité du ministère du Patrimoine canadien, et on s'en lave les mains. Tout le monde veut s'en laver les mains. Tout le monde veut se départir des responsabilités liées aux langues officielles. Tout le monde veut s'en laver les mains. Elles sont maintenant la responsabilité de Patrimoine Canada et c'est à se demander où ce sera transféré par la suite.
Si les gens de l'appareil gouvernemental... On parle du gouvernement, et non pas des fonctionnaires. On parle de la direction. Ceux qui sont censés prendre le leadership dans le dossier se lancent la balle, mais la balle ne revient jamais. On la lance à l'un et à l'autre. À un certain moment, on se demande si quelqu'un pourra l'attraper et s'assurer que les langues officielles pourront être appliquées au sein de l'appareil gouvernemental.
Avez-vous un commentaire à émettre à ce sujet?
:
Monsieur le commissaire, si un ministre dit que de vouloir forcer les juges de la Cour suprême à être bilingues divise les Canadiens... On parle de leadership. Je ne vous demanderai pas de commenter ce sujet.
Plus tôt, mon collègue conservateur M. Weston, qui est avocat, disait que s'il ne parlait pas le français, cela lui enlèverait la possibilité d'accéder à la Cour suprême. Il y a deux aspects aux langues officielles: le service dans la langue de son choix et la langue de travail. Est-ce que la langue de travail peut être au-dessus du service au citoyen?
Lorsque j'entends les sénateurs conservateurs qui sont contre mon projet de loi et qui ne sont pas à blâmer, car ils ont été nommés par qui est aussi contre ce projet de loi, ou bien quelqu'un est allé leur dire... Ce n'est pas normal que tout le monde aille dans une même direction. Les sénateurs disent que, si les juges de la Cour suprême doivent être bilingues, il y a violation de la loi parce qu'ils ne peuvent pas parler dans la langue de leur choix avec le client. Cela n'a pas de bon sens.
Je ne sais pas si vous comprenez ce que je dis.
M. Graham Fraser: Oui, oui, je comprends.
M. Yvon Godin: C'est exactement ce qu'ils ont dit. La personne au service des Canadiens et des Canadiennes n'a pas d'autre choix que de parler au client dans la langue de ce dernier. Elle ne peut pas dire qu'une loi la protège et qu'elle peut parler la langue de son choix. Sinon, les langues officielles sont de la foutaise. Quelle est votre impression à ce sujet?
:
Je suis bien d'accord avec vous à cet égard. J'ai moi-même été employé par un conseil scolaire mixte, catholique et public. Pour ma part, j'enseignais aux écoles publiques Louis-Riel, Gisèle-Lalonde et De la Salle. Lorsque nous sommes allés au Collège Samuel-Genest, à Ottawa, j'ai entendu un élève dire qu'il fallait absolument que les immigrants, les nouveaux arrivants, apprennent l'anglais parce que, sinon, ils auraient de la difficulté, ils ne pourraient pas communiquer avec leurs camarades qui parlent anglais dans le corridor à l'école et qu'ils voulaient se faire des amis. Vous ne le savez peut-être pas, mais mon coeur saigne encore. Je sais que cette réalité existe. Cela venait de la bouche de quelqu'un qui est ici depuis environ un an. Il nous le disait sans retenue, c'est la réalité qu'il vit.
À une autre occasion, j'ai fait une présentation à l'école Grande-Rivière à Aylmer et j'ai également entendu parler anglais dans le corridor. Cette école est au Québec. Le travail est donc énorme. Je comprends qu'il faut faire tous les efforts possibles pour prêcher par l'exemple, le gouvernement fédéral en premier et nous, les parlementaires, qui sommes membres du Parlement.
Lorsqu'on compare le plan Dion à la Feuille de route, on voit que dans le premier cas, le Secrétariat du Conseil du Trésor recevait 72 millions de dollars, alors que la Feuille de route reçoit 17 millions de dollars pour le respect des langues officielles. On nous dit que l'argent a été transféré à l'École de la fonction publique. Je vérifie et je m'aperçois que le montant est passé de 13 millions à 3 millions de dollars.
De plus, on demande aux fonctionnaires de s'auto-évaluer pour connaître la qualité de leur français. Les bras m'en tombent. On ne peut pas dire que c'est une amélioration. Le nerf de la guerre, c'est l'argent. La volonté politique se reflète quelque part. Lorsqu'on n'a pas d'autorité pour le faire, on laisse simplement se dissoudre le bon travail qui a déjà été entamé. Vous comprendrez mon désarroi face à cette situation.
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, bienvenue.
Je suis le député conservateur de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, qui est probablement l'une des circonscriptions, sinon la circonscription la plus francophone au Canada. Il n'y a évidemment pas beaucoup de fonctionnaires dans cette circonscription. Il y a cependant beaucoup d'entreprises privées. Depuis les 40 dernières années, celles-ci ont fait de plus en plus d'exportations. Le bilinguisme est devenu un aspect fondamental du travail pour les employés de ces entreprises. C'est inévitable, et cela fait partie de la richesse de ma circonscription que d'avoir des gens aussi ouverts au bilinguisme.
Tout à l'heure, M. Nadeau a prononcé un mot qui m'a donné des « frissons dans le dos ». J'utilise un peu d'humour comme les bloquistes le font dans toutes leurs présentations. Il a parlé du français comme étant un « fardeau ».
Madame Tremblay, monsieur Giguère, madame Charlebois, madame Cloutier et monsieur Fraser, considérez-vous le français comme étant un « fardeau » au Canada?