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La séance est ouverte. Bienvenue à la 82
e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes, communément appelé « le puissant Comité ».
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur l'application ArriveCan.
Chers collègues, je vous rappelle qu'il ne faut pas mettre les oreillettes à côté du microphone, car cela provoque une réaction acoustique et peut causer des blessures.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins qui se joignent à nous par vidéoconférence ont effectué le test de connexion requis avant la réunion.
Nos témoins aujourd'hui sont M. Wood et M. Yeo. Si j'ai bien compris, vous ferez chacun une déclaration préliminaire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle David Yeo. Je suis heureux d'avoir l'occasion de discuter avec les membres du Comité aujourd'hui.
[Traduction]
Monsieur le président, honorables membres du Comité, je tiens à souligner que nous nous réunissons aujourd'hui sur le territoire traditionnel, ancestral et non cédé de la nation algonquine Anishinabe, un territoire qui abrite aujourd'hui un grand nombre d'autres Premières Nations, de Métis et d'Inuits.
Je suis un vétéran décoré. Au cours de ma carrière de 36 ans dans les Forces armées canadiennes, qui a compté des déploiements en Afghanistan et au Moyen-Orient, j'ai été tenu de faire preuve des plus hauts degrés d'intégrité et, bien sûr, je continue de me comporter de cette manière aujourd'hui.
J'aimerais également souligner que le chef Robert Franklin, qui est mon arrière-grand-père et l'ancien chef de la Première Nation d'Alderville, a été signataire d'un traité. Ce traité a été signé le 19 novembre 1923, c'est-à-dire il y a presque 100 ans maintenant. En tant que descendant direct d'un chef signataire d'un traité, je respecte également mon héritage avec la plus grande intégrité.
Il se trouve que j'ai apporté le traité avec moi aujourd'hui pour qu'il puisse nous guider dans nos discussions.
En 2003, on m'a demandé de participer à la création de la politique du gouvernement du Canada liée à la stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones, connue aujourd'hui sous le nom de Stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones. M. Allen Frost, de nombreux autres dirigeants autochtones et moi-même avons élaboré cette politique qui guide aujourd'hui le gouvernement du Canada dans le soutien qu'il apporte aux entreprises autochtones en leur offrant des possibilités de l'approvisionner.
Dalian est une entreprise de cybersécurité matérielle et logicielle que j'ai fondée il y a 23 ans. Dans la mesure du possible, nous cherchons en priorité à embaucher des employés autochtones et à déployer des consultants autochtones pour qu'ils s'occupent de projets mis en œuvre par le gouvernement du Canada.
Dans le cadre de la Stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones, Dalian et Coradix participent à une coentreprise que nous avons créée en 2004. Dans cette coentreprise, Dalian fournit des services professionnels en matière de cybersécurité et de réseaux, et Coradix fournit des services professionnels en matière d'informatique.
Dans le cadre de chaque projet entrepris pour le compte du gouvernement du Canada, Dalian respecte toutes les règles et politiques en matière d'approvisionnement et de passation de contrats. Nous assurons la prestation des services conformément à la portée des travaux ou aux autorisations de tâches que nous recevons, et nous ne facturons que les travaux qui ont été effectués, achevés et approuvés par les autorités techniques ou les travaux réalisés conformément aux modalités du contrat.
Meegwetch.
Je vais maintenant céder la parole à M. Wood.
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Monsieur le président, honorables membres du Comité, je m'appelle Colin Wood. Je suis entré au service de Coradix en 2016, et je suis le président de l'entreprise depuis novembre 2021.
Je suis également directeur de Dalian. Je travaille dans le secteur des services professionnels d'informatique depuis plus de 20 ans. Coradix est une société de consultation en TI qui existe depuis près de 30 ans — c'est‑à‑dire depuis 1995.
Dalian est une entreprise de cybersécurité matérielle et logicielle qui exerce ses activités depuis plus de 20 ans. Coradix et Dalian participent à une coentreprise dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones.
Coradix et Dalian partagent un bureau commercial de deux étages au centre-ville d'Ottawa. L'entreprise compte plusieurs services organisationnels, notamment le développement d'entreprise, les services de proposition, la gestion des comptes et l'administration. Nous employons plus de 40 travailleurs et 475 consultants qui travaillent actuellement à l'exécution d'une série de projets informatiques pour le compte du gouvernement du Canada.
Au fil des ans, Coradix et Dalian ont fourni des produits et des services de TI à la plupart des organisations du gouvernement fédéral. Nous avons également fourni des milliers de consultants en TI ayant fait diverses études, ayant acquis un large éventail de compétences techniques et d'expériences, et ayant suivi diverses formations, afin qu'ils soutiennent, mettent en œuvre ou mènent à bien des centaines de projets pour les ministères et les organismes du gouvernement du Canada.
Dans le cadre de chaque projet entrepris pour le compte du gouvernement, Coradix et Dalian respectent toutes les règles et politiques en matière d'approvisionnement et de passation de contrats. Nous assurons la prestation des services conformément à la portée des travaux ou aux autorisations de tâche que nous recevons, et nous ne facturons que les travaux qui ont été effectués, achevés et approuvés par les autorités techniques, conformément aux modalités du contrat.
L'externalisation des services professionnels d'informatique est une approche efficace qui permet au gouvernement d'avoir accès aux compétences et aux connaissances de pointe dont il a besoin pour planifier et exécuter des projets précis dans un délai défini. Ces compétences spécialisées ne sont pas disponibles à l'interne.
Coradix et Dalian entrent en concurrence pour obtenir, maintenir et gérer une variété d'offres à commandes et d'arrangements en matière d'approvisionnement avec de nombreuses organisations du gouvernement fédéral. Nous avons également obtenu et maintenu diverses cotes de sécurité pour notre entreprise, nos employés et nos consultants, ce qui nous permet de nous occuper de projets très délicats et confidentiels. Tout cela entraîne bien sûr des coûts pour l'entreprise.
Dans le cadre des projets que nous entreprenons pour le gouvernement, nous assurons la réponse aux tâches et leur administration, la planification des projets, la gestion des contrats, la gestion des comptes, l'administration des cotes de sécurité et de la liaison avec la Direction de la sécurité industrielle canadienne et internationale, ou DSICI, ainsi que les fonctions administratives, y compris les contrats, la facturation et les paiements aux employés, aux consultants et aux sous-traitants.
Ces consultants, qui fournissent des services au gouvernement, sont placés sous la direction, la supervision et le contrôle d'employés du gouvernement du Canada.
En ce qui concerne ArriveCAN, en mai 2020, Coradix et Dalian ont commencé à recevoir des demandes d'autorisation de tâche pour soutenir le travail de développement de logiciels sur des applications mobiles. Ces demandes s'inscrivaient dans le cadre de notre contrat de services professionnels d'informatique fondé sur des tâches que nous avons conclu avec l'ASFC.
De mai 2020 à mai 2023, nous avons fourni 20 professionnels de la TI afin qu'ils assurent diverses fonctions liées au projet ArriveCAN, y compris celles liées au développement du logiciel, à sa mise à l'essai, à la gestion du projet, à l'architecture des technologies et à la cybersécurité.
Les tarifs de facturation de ces professionnels de la TI allaient de 540 $ à 1 000 $ par jour, en fonction des services qu'ils fournissaient, de leur niveau de compétence et de leur expérience. Ces tarifs sont conformes aux tarifs du marché pour les services professionnels d'informatique.
Bien que cela n'ait aucun rapport avec ArriveCAN, j'aimerais utiliser le temps qu'il me reste pour formuler quelques observations au sujet de l'entreprise Botler.
Le 11 novembre 2020, l'ASFC a communiqué avec nous pour nous demander une autorisation de tâche dans le cadre de notre contrat avec la Direction des technologies frontalières et de l'innovation, ou DTFI.
L'ASFC a informé GC Strategies que nous avions reçu la demande de tâches pour ces services. GC Strategies a ensuite communiqué avec nous pour nous informer qu'elle disposait d'une équipe possédant les compétences et l'expérience recherchées par l'ASFC pour travailler à l'exécution de ce projet. GC Strategies nous a fourni les CV de l'équipe de l'entreprise Botler, que nous avons ensuite présentés à l'ASFC avec notre réponse à l'autorisation de tâche.
Ce projet avec l'ASFC était axé sur les produits livrables. Il y avait six produits livrables prévus, et chacun d'eux était accompagné d'un budget de 70 000 $. L'ASFC a reçu et accepté deux des six produits prévus que l'entreprise Botler a livrés et pour lesquels elle a été payée 112 000 $ par GC Strategies. Coradix et Dalian ont reçu 14 000 $ par produit livré pour la planification et la gestion des comptes de supervision des tâches, pour les cotes de sécurité et les services administratifs liés au projet, ainsi que pour l'acceptation des risques globaux associés à une autorisation de tâche axée sur les produits livrables.
Le 14 décembre 2021, l'ASFC a informé Coradix, Dalian, GC Strategies et l'entreprise Botler qu'elle mettait fin à leur projet. Cela se produit lorsque le client décide que le projet n'est plus nécessaire ou qu'il ne répond pas aux attentes en matière de qualité, de délais ou de budget.
C'est là l'étendue de nos relations avec l'entreprise Botler.
Monsieur le président, je vous remercie de votre attention.
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Oui, je peux parler de cela, monsieur le président.
Nous avons commencé à jouer un rôle dans l'application ArriveCAN en 2000. Nous avons obtenu un contrat en août 2019. Ce contrat visait à fournir des services à la Direction des technologies frontalières et de l’innovation de l'Agence des services frontaliers, et nous avons commencé à recevoir des autorisations de tâche pour le projet ArriveCan en mai 2020.
Jusqu'en mai 2023, soit jusqu'à ce que le dernier consultant ait terminé ses tâches — nous avons fourni des tâches à 20 consultants —, je vais vous donner les détails exacts à ce sujet.
Sur les 20 consultants, 3 ont travaillé sur des contrats centrés sur les livrables dans le cadre desquels le client doit confirmer que toutes les étapes du projet ont été réalisées avant d'accepter les factures et de procéder aux paiements. Ces contrats ont été d'une valeur de 1,2 million de dollars et le travail s'est échelonné sur trois ans, pour une moyenne par consultant par année de 133 000 $.
Les 17 autres consultants ont travaillé environ 5 100 jours sur une période de trois ans. Le coût pour leur travail s'est élevé à 3,7 millions de dollars, soit en moyenne 725 $ par jour par consultant. Les 5 100 jours sur une période de trois ans représentent en moyenne 100 jours par année par consultant, et il y a 230 jours ouvrables dans une année.
Le montant total que nous avons facturé à l'Agence des services frontaliers était d'environ 4,5 millions de dollars.
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Je crois qu'il y a plusieurs questions ici, monsieur le président.
Nous n'avons pas eu de contrat et fait de travail avec GC Strategies sur l'application ArriveCAN.
Au sujet des procédures de sécurité, je peux vous expliquer comment cela fonctionne, en particulier à l'Agence des services frontaliers, pour tous nos sous-traitants sur le projet ArriveCAN.
Lorsque nous recevons une autorisation de tâche, chaque consultant que nous proposons en réponse à cette tâche passe par deux processus. S'il n'a pas déjà une cote de sécurité, nous en faisons la demande auprès de la Direction de la sécurité industrielle canadienne et de Services publics et Approvisionnement Canada. De plus, l'Agence des services frontaliers procède à sa propre enquête de sécurité interne. Tous les consultants qui travaillent sur un projet de l'Agence des services frontaliers — et, d'ailleurs, sur tout contrat pour tout ministère fédéral — doit avoir une cote de sécurité.
Je peux vous donner mon avis à ce sujet. Encore une fois, nous n'avons travaillé que sur certaines parties d'ArriveCAN. Nous avons effectué le travail que les clients nous ont demandé de faire dans le cadre de nos contrats.
L'application ArriveCAN n'est pas une application que les gens utilisent. Ce n'est pas Candy Crush, et les gens ne commandaient pas de pizza avec cette application. Elle devait communiquer avec un certain nombre de systèmes complexes et hautement sécurisés, y compris les services de sécurité des frontières et des passeports. En outre, cette application devait garantir que les passeports et les renseignements médicaux des Canadiens étaient entièrement sécurisés et protégés.
N'oublions pas non plus que cette application a été mise au point pendant la pandémie. Les gens tombaient malades. Ils devaient s'isoler. Des gens mouraient. Il y avait des confinements. Il y avait des restrictions de déplacement. Il ne s'agit pas d'un projet de 250 000 $. Il s'agissait de renseignements privés concernant les citoyens.
Dans ce contexte difficile, le gouvernement du Canada mettait au point une application qui devait permettre aux Canadiens de télécharger leurs renseignements les plus personnels et les plus sensibles afin de ralentir ou d'arrêter la propagation de la COVID dans notre pays.
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Je vous remercie. Je reviens à M. Yeo.
Merci encore de votre service militaire, monsieur.
Je veux ajouter quelque chose. J'espère que vous ne le prendrez pas mal, mais je veux parler des allégations que les gens de Botler ont faites concernant le programme des marchés réservés aux entreprises autochtones. Comme je l'ai dit, je suis résolument en faveur de ce programme.
Concernant le travail pour lequel Mme Dutt et M. Morv ont agi comme consultants, Services publics et Approvisionnement Canada a‑t‑il réalisé un audit ou exigé des preuves de votre part, comme le prévoit le programme?
De plus, seriez‑vous prêt à fournir ces preuves à notre comité?
Ces gens disent qu'ils ont été embauchés à forfait dans le cadre du programme des marchés réservés aux entreprises autochtones et qu'ils ne sont pas autochtones.
Pourriez‑vous répondre à mes questions?