:
Je déclare la séance ouverte.
Chers collègues, bienvenue à la 75e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.
Conformément aux motions adoptées par le Comité le mercredi 18 janvier 2023 et le lundi 24 avril 2023, nous nous réunissons pour poursuivre l'étude sur les contrats de consultation octroyés par le gouvernement fédéral à McKinsey & Company.
Conformément à l'article 111.1(1) du Règlement, à l'ordre de renvoi de la Chambre en date du mercredi 7 juin 2023, et à la motion adoptée par le Comité le lundi 19 juin 2023, nous nous réunissons également pour étudier la candidature de Mme Harriet Solloway au poste de commissaire à l'intégrité du secteur public.
Chers collègues et témoins, je vous prie de ne pas placer d'oreillettes à côté de votre microphone, car cela provoque de la rétroaction sonore et peut causer des blessures auditives. Par ailleurs, ces problèmes sont apparemment pires dans cette salle que dans les autres, alors je vous demande d'être vigilants.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins ont terminé les tests techniques.
Il y aura trois déclarations préliminaires. D'abord, nous entendrons notre légiste, puis nous passerons à M. Shea et à M. Dermarkar.
Monsieur Bédard, vous pouvez commencer.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invité à titre de représentant du Bureau du Conseil privé. J'aurai le plaisir de vous fournir de plus amples renseignements et répondre à vos questions concernant la réponse du gouvernement à la demande de production de documents portant sur les contrats de consultation octroyés à la firme McKinsey.
Je m'appelle Matthew Shea, et je suis secrétaire adjoint du Cabinet, Affaires et services ministériels, au Bureau du Conseil privé.
Je vais m'en tenir à de brèves observations préliminaires afin de laisser plus de temps aux députés pour me poser des questions. Je rappelle que j'ai fait des observations préliminaires lors de ma dernière comparution ici, le 5 juin 2023, dont la transcription peut être consultée.
Le Bureau du Conseil privé comprend et respecte le rôle du Parlement, qui consiste à demander des comptes au gouvernement. Nous nous engageons ainsi à fournir des renseignements au Parlement en toute transparence. Comme l'ont fait les gouvernements successifs, nous devons parvenir à un équilibre entre cet engagement en matière de transparence et la nécessité de préserver la confidentialité de certains types de renseignements.
[Français]
Nous sommes heureux de pouvoir collaborer avec les comités parlementaires afin d'explorer des moyens de concilier ces deux priorités et de communiquer de l'information.
[Traduction]
Le Bureau du Conseil privé a accordé un contrat à fournisseur unique non concurrentiel à la firme McKinsey en 2017, pour un montant de 24 747 $, pendant la période pour laquelle les documents ont été demandés. Le Bureau du Conseil privé a soumis tous les documents demandés dans les deux langues officielles en date du 22 février 2023. Sur les 280 pages de documents transmis, seuls deux paragraphes portant sur des documents confidentiels du Cabinet ont été caviardés.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître de nouveau devant vous aujourd'hui.
Mes collègues et moi répondrons avec plaisir à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous.
Je m'appelle Fred Dermarkar et je suis président et premier dirigeant d'Énergie atomique du Canada limitée, une société d'État fédérale qui travaille à promouvoir les intérêts du Canada grâce à des initiatives en sciences et technologies nucléaires et en protection de l'environnement.
Nos travaux aux Laboratoires de Chalk River ont mené au développement de la technologie des réacteurs nucléaires CANDU.
Aujourd'hui, nous sommes une société d'État souple et réactive ayant une orientation commerciale, qui s'adapte aux demandes du marché et du gouvernement et travaille avec le secteur privé pour réaliser son mandat.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro d'ici 2050, ce qui nécessite d'employer l'ensemble des solutions mises à notre disposition, notamment l'exploitation des technologies nucléaires. EACL investit dans des moyens d'appliquer les technologies nucléaires pour aider le Canada à atteindre les objectifs qu'il s'est fixés, en particulier la technologie du réacteur CANDU, qui s'est avérée l'une des plus performantes au monde à l'heure actuelle, ainsi que les petits réacteurs moléculaires.
Notre récente collaboration avec la firme McKinsey nous a permis d'analyser le rôle que pourraient potentiellement jouer les technologies nucléaires, et de comparer différents systèmes de réacteurs, notamment nos propres réacteurs de type CANDU. Le rapport préparé par McKinsey a été utilisé pour élaborer le plan stratégique et les travaux futurs d'EACL à l'appui de l'objectif du gouvernement d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Ce rapport met en évidence l'important potentiel de la technologie nucléaire, en particulier la technologie des réacteurs CANDU, pour atteindre les objectifs canadiens en matière de changements climatiques dans le contexte de la sécurité énergétique, de la résilience de nos chaînes d'approvisionnement, et du développement économique.
L'exploitation de l'énergie nucléaire contribue non seulement à l'atteinte de nos objectifs climatiques et au renforcement de la sécurité énergétique, mais également à la hausse de notre PIB et à la création d'emplois.
[Français]
Le secteur nucléaire canadien représente aujourd'hui 76 000 emplois dans l'ensemble du Canada et ajoute 17 milliards de dollars par année au PIB du Canada.
Nous pouvons tirer profit de décennies d'investissements dans la technologie et la propriété intellectuelle CANDU, créer des avantages supplémentaires pour la sécurité économique et énergétique du Canada, positionner la nouvelle génération CANDU pour l'exportation et cimenter le leadership du Canada dans un domaine essentiel à notre prospérité future.
Je suis à la disposition des membres du Comité pour répondre à leurs questions.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président, et bonjour, chers collègues.
Je remercie les témoins d'être présents.
Comme le président vient de le souligner, je suis vice-présidente du Comité permanent des comptes publics et, si je peux faire quelque chose dans ce comité, n'ayant pas assisté aux réunions précédentes, c'est y apporter un peu de perspective.
Au Comité permanent des comptes publics, j'ai été à l'origine d'une motion qui a été adoptée à l'unanimité et qui demandait au gouvernement de fournir, avant une date limite, les contrats non caviardés des compagnies pharmaceutiques desquelles on a acheté des vaccins contre la COVID‑19. Avant la date limite, nous avons reçu, de la part de Services publics et Approvisionnement Canada, tous les contrats conclus avec les six compagnies pharmaceutiques, et ces contrats n'étaient pas caviardés.
Comment se fait-il qu'au Comité des comptes publics, nous ayons réussi à faire adopter cette motion et que Services publics et Approvisionnement Canada aient obtempéré à notre demande avec des contrats de nature aussi délicate, alors qu'une motion similaire proposée devant ce comité n'a pas obtenu la même réponse, le même taux de satisfaction et, surtout, le même taux de réussite? Quand je regarde les documents qui ont été envoyés et que je vois le caviardage qui a été effectué par le gouvernement, alors que McKinsey, elle, a envoyé des documents non caviardés, j'en viens à me poser quand même pas mal de questions. S'agit-il de mauvaise foi ou d'incompétence? Je préférerais que ce soit le premier cas et que ce soit rectifié, et que ce comité puisse finalement avoir accès aux documents qu'il a demandés. D'ailleurs, le greffier législatif vient encore une fois de répéter que ce comité a le droit de faire ces requêtes.
Je vais commencer par vous, monsieur Shea. Lors de la dernière rencontre, apparemment, vous auriez mentionné que les documents avaient été envoyés caviardés, selon ce que M. Harper donnait comme consignes à son époque.
Est-ce exact, monsieur Shea?
:
C'est de l'argent que les retraités ne toucheront pas.
C'est le problème que cela me pose. Nous avons entrepris cette étude pour nous pencher sur le cas des consultants grassement rémunérés. Nous avons perdu de vue l'objectif que nous nous étions fixé.
J'ai proposé une motion visant à l'élargir la portée de l'étude pour y inclure les cinq autres sociétés d'experts-conseils les mieux rémunérées, qui reçoivent beaucoup plus d'argent que McKinsey. Je n'ai pas demandé tous les documents, parce que je m'inquiétais des coûts connexes et de ce que cela exigerait. Nous savons bien que les coûts explosent. Le gouvernement privatise en fait des tâches qui devraient relever de la fonction publique, ce qui me préoccupe.
Le coût que cela représente pour les contribuables me préoccupe réellement. C'est un sujet qui me préoccupe énormément. Le caviardage des documents et la façon dont nous procédons sont également une source d'inquiétude majeure pour moi. Je suis à la recherche de solutions, d'un moyen de jeter un pont entre ce comité et le gouvernement, afin que nous puissions obtenir les réponses dont nous avons besoin.
Chose certaine, je trouve très préoccupant que nous ayons consacré 13 réunions à McKinsey seulement. Nous n'avons même pas abordé Deloitte, PricewaterhouseCoopers et les autres. Cela fait 13 réunions. Le Comité en est à neuf études. Nous n'avons pas produit un seul rapport, parce que nous suivons des pistes qui ne nous mènent nulle part.
J'aimerais trouver un moyen de ne plus consacrer de temps à cette question et d'obtenir des réponses. Avez-vous des idées?
Le Comité a adopté un ordre qui précise que nous avons droit à ces documents. Pourtant, j'ai ici une note adressée par Mme Welbourne à M. Mackinnon, qui est toujours au BCP, au sein du secteur dont des représentants se sont joints à nous aujourd'hui. Je vais la relire. Elle dit: « Le gouvernement considère qu'il n'est pas tenu de produire des documents, même si le Parlement le demande. Si le gouvernement ne produit pas les documents demandés par la Chambre, l'affaire pourra être traitée de différentes manières, y compris en déclarant le gouvernement coupable d'outrage, en appelant un ministre ou un fonctionnaire à témoigner, ou en procédant à une motion de défiance. » C'est le même type de scénario qu'en juin dernier, lorsque Iain Stewart a été assigné à comparaître. Comme l'a souligné mon collègue, M. Barrett, c'était un échange avec quelqu'un qui fait toujours partie du Bureau du Conseil privé.
Est‑ce que vous voyez les choses de la même façon que Paul Mackinnon? Avez-vous des réunions avec M. Mackinnon concernant la provenance des directives que vous devez suivre? Si votre vision correspond à celle de M. Mackinnon, les décisions de ce comité ne sont pas contraignantes. Ce courriel me montre très clairement d'où viennent les consignes données au BCP. Elles ne viennent pas de ce comité. Elles ne viennent pas des parlementaires. C'est le gouvernement qui décide. Ce document est très clair.
D'après moi, n'importe qui, de n'importe quel parti, en particulier le gouvernement... On fait obstruction à la démocratie en disant que nous n'aurions pas le droit d'avoir accès à ces documents. Pourtant, il semble que c'est ce qui se passe au BCP. Encore une fois, je rappelle à tous les membres de l'opposition que c'est nous, de ce côté‑ci de la Chambre, qui avons pris la décision de demander ces documents au gouvernement sans aucun caviardage et dans les deux langues officielles.
Monsieur le président, je vais profiter du temps qui m'est imparti pour proposer une autre motion, si vous me le permettez.
La motion se lit comme suit:
Que, suite à la preuve reçue par le Comité conformément à la motion adoptée le lundi 24 avril 2023, relatif au caviardage et à la traduction inappropriée des documents dont la production a été ordonnée par le Comité le mercredi 18 janvier 2023, le Comité est d'avis qu'il y a possibilité d'atteinte au privilège qui doit être signalée à la Chambre, et que, par conséquent,
a) Le projet de rapport préparé par les analystes sur cette question soit modifié pour identifier les ministères, agences et sociétés d'État suivants qui n'ont pas respecté l'ordre du Comité de produire des documents non caviardés, ou qui n'ont pas traduit les documents de manière adéquate avant leur soumission,
Énergie atomique du Canada limitée
Banque de développement du Canada
Agence des services frontaliers du Canada
Corporation de développement des investissements du Canada
Régime de pensions du Canada
Ministère des Finances du Canada
Emploi et Développement social Canada
Exportation et développement Canada
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
Innovation, Sciences et Développement économique Canada
Ressources naturelles Canada
Bureau de l'ombud des vétérans (Anciens Combattants Canada)
Ce n'est pas surprenant.
Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public
Services publics et Approvisionnement Canada
TransMountain Corporation
b) Le projet de rapport, tel qu'amendé, soit adopté.
c) Le rapport soit intitulé: Question de privilège concernant la production des documents demandés par le Comité.
d) Le président, la greffière et les analystes soient autorisés à apporter les modifications grammaticales et rédactionnelles nécessaires sans changer la substance du rapport.
e) Conformément à l'article 109 du Règlement, le Comité demande que le gouvernement dépose une réponse complète à ce rapport.
f) Que les opinions dissidentes ou supplémentaires soient rédigées en caractères Calibri de 12 points, alignées à gauche, à simple interligne, et soumises par voie électronique, dans les deux langues officielles, à la greffière du Comité au plus tard à 16 h le vendredi, 23 juin 2023.
g) Et que le président présente ce rapport à la Chambre dès que possible.
Monsieur le président, je répète que nous avons demandé ces documents à trois occasions. Je rappelle à mes collègues de l'opposition que nous n'aurions pas consacré autant de temps à cette question si nous avions simplement reçu les documents traduits adéquatement et non caviardés. Hélas, ce n'était pas le cas. C'est attribuable au gouvernement ainsi qu'aux députés de l'opposition. C'est pourquoi nous continuons à en discuter. La première demande remonte au 18 janvier. La deuxième fois, c'était le 5 mars, à la demande du président. Le 8 mars était la troisième fois.
J'ajouterai aussi que nous avons eu tellement de retard que nos pauvres analystes ont dû refaire le rapport une deuxième fois, ce qui leur a fait perdre du temps à eux aussi. Si nous avions simplement réglé la question comme il se doit en nous assurant d'obtenir les documents auxquels nous avions droit en tant que parlementaires, puisque nous avions adopté une motion avec l'accord de tous les partis de l'opposition... Je ne sais pas pourquoi les choses ont changé. Je suppose que c'est comme une relation; il arrive que les choses évoluent.
Nous n'avons pas les documents. Voilà pourquoi nous nous retrouvons malheureusement dans cette situation aujourd'hui.
[Français]
Je sais aussi que Mme Vignola a dit plusieurs fois que nous n'avions malheureusement pas reçu les documents dans les deux langues officielles. De plus, elle a dit que la qualité de la traduction en français n'était pas aussi bonne que la version anglaise.
[Traduction]
C'est également dommage.
Monsieur le président, je présente cette motion aujourd'hui, même si le gouvernement ne veut pas que nous voyions ces documents. Il est évident que c'est ce qui se passe. Il est évident que c'est attribuable aux plus hautes instances du gouvernement, étant donné que le Bureau du Conseil privé est ici aujourd'hui. Nous sommes ici malgré tout, et même si les députés de l'opposition étaient d'accord pour assurer la transparence et lutter contre une entreprise corrompue, qui a contribué à la crise des opioïdes. Je croyais que le député de ce côté‑ci était déterminé à aller au fond des choses et à trouver une solution.
M. Gord Johns: [Inaudible]
Mme Stephanie Kusie: Oui, rire est tout ce que nous pouvons faire à ce stade‑ci, compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Tout ce que nous pouvons faire, c'est rire.
Mais je ne vais pas m'asseoir ici et rire, monsieur le président. Au moyen de cette motion, je vais encore une fois demander au Comité de l'adopter pour obtenir les documents. J'ai une idée de ce qui va se passer, mais je pense que les Canadiens seront témoins encore une fois de l'entrave à l'obtention d'information qui se produit aux plus hautes sphères en coordination avec la coalition.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier ma collègue, Mme Kusie, d'avoir proposé cette motion.
Nous sommes saisis de cet enjeu depuis un moment déjà. Il y a eu beaucoup d'échanges sur le volume des documents demandés et sur le temps nécessaire. Or, le Comité a ordonné que les documents soient produits.
Les comités parlementaires peuvent faire bien des choses intéressantes, et le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires étudie encore des dossiers qui peuvent être réglés au cours de la présente législature. Cependant, nous sommes devant la situation suivante: si nous réalisons une étude sur la diversité dans l'approvisionnement ou sur la construction navale, ou qui touche Deloitte, KPMG et PricewaterhouseCoopers... Si nous voulons étudier les critères employés par le gouvernement pour octroyer des contrats, et vérifier s'ils devraient être attribués à des entreprises qui ont contribué à hausser la vente d'opioïdes dans d'autres pays et qui tentent de faire de même ici; qui ont des pratiques frauduleuses dans d'autres pays; qui ont été impliquées dans l'ingérence électorale; qui sont dépourvues de sens moral au point d'organiser une retraite d'entreprise à côté de camps de concentration — en particulier dans une région où le Parlement du Canada se serait rendu — où un génocide est en cours... Si nous voulons examiner l'une ou l'autre de ces choses...
Si le Comité souhaite demander des documents, mais ne voit pas d'inconvénient à ce que les entités auxquelles nous les réclamons se contentent de répondre qu'elles ne veulent pas nous les transmettre puisqu'il s'agit de renseignements personnels... Ainsi, l'affaire est close, et le Parlement n'a pas besoin d'y jeter un œil. Si nous en sommes satisfaits, nous pouvons rejeter la motion, passer à ces autres études, et ne pas obtenir les documents que les personnes sur lesquelles nous réalisons une étude ou une enquête refusent que nous voyions. Nous ne serons vraiment pas efficaces.
Cette situation perdurera non seulement au cours de la présente législature et sous ce gouvernement, mais aussi sous les gouvernements à venir. Les témoins d'aujourd'hui ont parlé de plans ministériels et de prises de position gouvernementales datant de plus de 10 ans. Si nous voulons utiliser ces documents et nous y fier — le gouvernement actuel a prétendu qu'il ferait mieux, parce qu'il n'aimait pas les conditions, mais il a ensuite fait exactement la même chose —, nous continuerons à obtenir les mêmes résultats.
Il serait consternant — et je suis effrayé à cette idée — de nous retrouver avec un seul parti formant le gouvernement pour toujours au pays. Si nous ne voulons pas améliorer ce qui s'est passé il y a 10 ans sous un gouvernement précédent, ou ce qui se passe sous le gouvernement actuel, comment les Canadiens pourraient-ils s'attendre à ce que les choses s'améliorent avec les futurs gouvernements, surtout si les demandes de production de documents de l'opposition ne sont pas respectées? Les gens se diront: « Nous voulons continuer à examiner des choses, mais le gouvernement entrave manifestement la production d'information au Parlement. » C'est ce qui se passera au sein d'un futur gouvernement.
Si nous n'arrivons pas à régler le problème et à montrer aux ministères qu'ils ne peuvent pas continuer à se comporter comme ils prétendent l'avoir toujours fait... Ils nous disent: « Puisque cette personne ne travaille plus ici, nous ne sommes pas responsables de ses propos, à savoir que notre ministère ne croit pas que le Comité a suffisamment d'influence pour que nous lui remettions ces documents. Qu'allez-vous faire? » C'est essentiellement ce que disait le courriel lu par Mme Kusie. Je suppose qu'ils sont sur le point de savoir ce que nous allons faire.
Le problème entourant le défaut de remettre les documents sous la forme ordonnée par le Comité n'est pas l'argent ou le temps consacré à la tâche. C'est plutôt le fait que les responsables ont refusé de nous fournir l'information qui est en cause. Je vous prie de me corriger si je fais erreur, monsieur le président, ou encore les analystes, les témoins ou n'importe qui d'autre ici, en affirmant que le seul obstacle qui les empêche de répondre à la demande du Comité est le temps et l'argent. Ce n'est pas ce que nous entendons.
S'ils ont tout simplement besoin d'un peu plus de temps et qu'ils s'engagent à nous transmettre les documents dès qu'ils seront prêts, nous enlèverons ces organismes de la liste, mais ce n'est pas ce que nous entendons. Ces organismes n'obéissent pas aux mêmes règles que le Parlement du Canada.
Je ne travaille pas pour le Bureau du Conseil privé. Je travaille pour les Canadiens. Nous avons le pouvoir en vertu de la loi d'ordonner la production de ces documents. Nous constatons que les fonctionnaires sont en train de devenir les maîtres du Parlement. Ce n'est pas ce que souhaitent les députés ni dans l'opposition ni dans le gouvernement. Ce n'est pas comme cela que le Parlement devrait fonctionner.
Nous avons eu cette discussion en comité. Nous avons eu lors d'une réunion du Comité il y a plusieurs mois une conversation sur la possibilité de leur donner plus de temps. Nous devions d'abord leur écrire une lettre pour leur indiquer que nous nous apprêtions à passer à la prochaine étape. C'était ce que voulait M. Kusmierczyk. C'était son souhait. J'ai protesté. J'ai dit qu'ils avaient eu assez de temps. Je me suis exprimé, mais cela a été peine perdue. Nous leur avons donc donné plus de temps.
M. Johns a dit qu'il voulait les inviter à témoigner et leur poser des questions. Là aussi, j'ai protesté. À mon avis, nous devions nous reposer sur les pouvoirs établis permettant d'ordonner la production de documents, mais nous les avons tous invités à comparaître. Voilà où nous en sommes. Jusqu'à présent, je n'ai rien entendu de nouveau par rapport aux témoignages précédents.
Ces préoccupations ont été soulevées par le quatrième parti et par le gouvernement. Ils voulaient leur donner plus de temps et leur donner une chance. Ils voulaient entendre leur version des choses en pensant que ce serait peut-être convaincant.
Je ne suis pas convaincu par ce que les témoins ont dit. En fait, je suis déçu, car j'ai peur que ce soit la nouvelle donne non seulement pour le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, mais aussi pour tous les autres comités parlementaires. Si les fonctionnaires ne veulent pas trop nous transmettre certaines informations, ils ne le feront pas. Voilà ce que nous devons accepter ou non.
M. Housefather et M. Kusmierczyk, à la dernière réunion du Comité plus tôt cette semaine, craignaient que le renvoi de cette question à la Chambre soit perçu comme une tentative de retarder les travaux de la Chambre. La pertinence et l'importance du Parlement reposent sur les pouvoirs que nous avons à titre de législateurs et que nous devons protéger.
J'ai promis lundi, après en avoir parlé au leader parlementaire de la loyale opposition de Sa Majesté, que cette question, même si elle était renvoyée à la Chambre, ne serait pas soulevée avant l'ajournement des travaux du Parlement. Comme les députés ministériels n'étaient pas satisfaits, je me demande s'ils sont sincères lorsqu'ils soulèvent ce genre d'objection.
Monsieur le président, nous avons tout fait pour donner aux ministères des délais beaucoup plus longs. Nous leur avons donné l'occasion de venir témoigner individuellement pour faire des déclarations ou nous faire part de leurs observations. Nous avons également prolongé les délais pour leur donner le temps de transmettre des informations par écrit au Comité.
La majorité des représentants de ces organismes ont refusé de parler de la question. Nous leur avons donné l'occasion de venir comparaître de même que le temps nécessaire pour produire les documents. L'avis juridique que nous avons obtenu de la Chambre est sans équivoque: les comités ont le droit d'ordonner la production de ces documents sans restrictions. Les coûts, le temps, le traitement et le contrôle de ces documents n'entrent pas en jeu. Le hic, c'est que ces entités ne reconnaissent pas le droit du Parlement d'exiger la production de ces documents. Voilà le nœud de l'affaire. Soit nous utilisons les pouvoirs conférés par le Parlement aux comités parlementaires permanents, soit nous les perdons.
Souvent, à la Chambre, lorsque l'opposition demande au gouvernement ce qui se passe en comité, on nous répond que les comités sont indépendants et maîtres de leur emploi du temps. Il n'y a pas de ligne de parti. Il n'y a pas d'entente de soutien et de confiance qui viendrait changer la donne. C'est strictement l'opinion des membres du Comité — ou des membres associés qui remplacent selon les règles les membres du Comité — qui influent sur nos privilèges parlementaires.
Voilà les fondations sur lesquelles repose le travail que nous faisons et notre capacité de convoquer des témoins à comparaître et à exiger la production de documents pour nous aider à comprendre les questions à l'étude.
Je ne suis pas avocat. Nous en avons un avec nous aujourd'hui. Il ne travaille pas pour l'opposition, mais pour le Parlement du Canada. La semaine dernière, ces mêmes témoins ont répondu à mes questions en disant qu'ils n'étaient pas des avocats, mais qu'ils n'étaient pas d'accord avec l'avocat du Parlement du Canada. Je vais pencher du côté du Parlement du Canada dans ce cas‑ci. Mon raisonnement repose sur le témoignage de cet avocat, qui a indiqué que les privilèges du Comité avaient été violés, et que la seule manière pour nous de redresser la situation était de renvoyer la question à la Chambre.
Voilà pourquoi je soutiens la motion. Je crains vraiment que nous soyons paralysés pendant le reste de la session si nous ne renvoyons pas cette question à la Chambre. Cela vaut aussi pour les futures législatures. Je pense que c'est cette question qui devrait nous inquiéter. En tout cas, c'est celle qui me préoccupe.
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L'idée était d'inviter des témoins pour obtenir des réponses qui nous guideront vers une solution. Au lieu de cela, nous débattons de cette motion.
Les conservateurs ont établi les règles en 2010, et aujourd'hui, ils ruent dans les brancards parce que ces règles ne fonctionnent plus à leur avantage aujourd'hui. Cela ne s'invente pas. Ils vocifèrent contre les fonctionnaires à cause des règles qu'ils ont eux-mêmes imposées.
Je n'aime pas les règles. C'est intéressant d'entendre M. Barrett parler des mauvaises politiques qui subsistent d'un gouvernement à l'autre, et je suis d'accord avec lui. Voilà pourquoi les néo-démocrates veulent gouverner eux aussi et travaillent en ce sens. Je vais le dire de cette manière pendant que je me fais chahuter par les conservateurs. Il y a des différences entre les conservateurs et les libéraux, mais elles ne sont pas énormes. Ils ont travaillé ensemble sur le dossier des lanceurs d'alerte pour rejeter une série de motions présentées par le Bloc et le NPD qui proposaient de donner aux lanceurs d'alerte une meilleure structure de soutien et de protection. Ils ont fait front commun dans ce dossier.
Je vais le dire. Oui. Je suis en faveur de cette motion, mais je suis embarrassé par le fardeau que cela occasionnera pour les fonctionnaires, notamment le retard qu'ils pourraient prendre dans leurs autres tâches, les 8 millions de dollars affectés uniquement à la traduction fournie par SPAC, le prélèvement de 172 000 $ dans les pensions en raison de deux paragraphes manquants sur plus de 800 pages. Ce n'est pas normal.
Sur les neuf études que nous menons, nous n'en avons pas terminé une. Pas une seule. Je suis gêné, car j'ai participé à cela. Nous avons participé à cela, mais jamais, au grand jamais, je ne m'enliserais encore dans ces débats oiseux. Je vous le dis tout de go.
Nous devrions plutôt nous pencher sur la reddition de comptes du gouvernement. Si les conservateurs sont furieux à ce point au sujet des règles qu'ils ont établies, examinons-les, mais faisons‑le comme il faut. Nous sommes incapables de faire les choses correctement au Comité. Même au sujet de McKinsey, nous ne sommes même pas en mesure de produire un rapport dissident, ou un rapport qui ferait état de nos préoccupations dans le cadre de notre rapport principal. Dans le cas du gouverneur général, les motions commencent à affluer avant même que le rapport ne soit présenté. Sur la question de McKinsey, la plupart des motions proposent tout simplement de bannir la firme.
Mettons ces préoccupations dans le rapport. En fait, produisons un rapport, quelque chose que nous pourrions présenter à la Chambre. Formulons des recommandations au gouvernement et demandons-lui des comptes. Or, nous n'y arrivons pas, car personne ne veut le faire. Pourquoi même faire des études si c'est seulement pour nous prêter à des petits jeux? C'est devenu intenable.
La discussion sur McKinsey et la crise des opioïdes, cela me fait honte...
Mme Stephanie Kusie: Vous devriez avoir honte.
M. Gord Johns: Je n'ai pas honte, en fait. Je n'ai pas honte d'écouter les experts...
Monsieur le président, si nous bannissons McKinsey pour son rôle dans la crise des opioïdes — ce qui pourrait constituer une bonne recommandation à intégrer au rapport du Comité —, nous devrions aussi, lorsque nous rédigerons le rapport principal, examiner un certain nombre d'autres firmes de consultants grassement payées et leur rôle dans quelques-uns des scandales qui ont éclaté au pays.
Nous devons nous assurer d'avoir en place des normes légitimes qui s'appliquent à tout le spectre. Nous devons nous montrer dignes de confiance. Je n'ai pas peur de le faire, mais d'essayer a priori d'insinuer que McKinsey est responsable de la crise des opioïdes est complètement ridicule. Ce sont les mauvaises politiques sur les drogues qui sont responsables de la crise qui tue des gens. L'apparition du fentanyl parmi les drogues qui se vendent dans la rue et la crise des opioïdes qui enlève des vies découlent de toute évidence des mauvaises politiques sur les drogues.
Ce que nous essayons de faire, c'est de mettre de l'avant des politiques recommandées par des experts, y compris par l'Association des chefs de police, les médecins hygiénistes en chef partout au pays, le groupe d'experts sur la consommation de substances et d'autres experts au pays, mais les conservateurs ne veulent pas les écouter. Ils veulent jeter tout le blâme sur McKinsey au lieu de proposer une réponse énergique et exhaustive à ce problème qui est complexe.
Ce n'est pas si simple. Ces problèmes demandent plus que des solutions simplistes.
Mme Stephanie Kusie: Sans les documents...
M. Gord Johns: Je suis désolé. Je me fais encore chahuter par les conservateurs pendant que j'interviens sur la question à l'étude. Ce sont les conservateurs qui ont mis en place ces politiques et ces règles, mais ils vitupèrent contre les fonctionnaires, ce qui est complètement inacceptable. On ne crie pas après les gens. Nous sommes un comité. Nous sommes des parlementaires. Faisons preuve de leadership et travaillons ensemble pendant les périodes difficiles.
Je pense que nous devrions revenir aux témoins pour leur poser des questions et ensuite inclure les préoccupations et les autres observations dans le rapport. Je ne serais pas gêné du tout de mettre la plupart de ces éléments dans le rapport si c'était nécessaire. Par contre, je pense que ce serait complètement insensé d'adopter une motion proposant de présenter les opinions dissidentes à la Chambre dans 48 heures. Nous devons être raisonnables.
D'habitude, je suis enclin à travailler avec mes collègues, quoi qu'ils en pensent. Je veux collaborer. À l'administration municipale de ma petite ville de Tofino, nous ne faisions pas les choses de cette manière. Nous demandions au personnel de nous présenter un rapport. Nous examinions le rapport.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais tenter d'être concis. J'ai plusieurs choses à dire, mais je voudrais aussi m'adresser aux témoins qui ont été convoqués aujourd'hui. Ils sont nombreux et je pense que nous devrions utiliser notre temps pour les interroger.
Monsieur le président, pour revenir à la question de... ma collègue, Mme Sinclair-Desgagné a soulevé un point vraiment important: pourquoi était‑il acceptable que le comité des comptes publics obtienne des copies non caviardées des contrats de vaccins? Pourquoi ai‑je travaillé avec elle et avec vous, monsieur, pour les obtenir ? C'est parce qu'il s'agissait de quelque chose de raisonnable. C'était quelque chose d'adapté aux besoins et ciblé, de plus un mécanisme avait été mis en place avec l'accord de tous pour garantir que tout resterait confidentiel. Ce n'était pas pour chercher à l'aveuglette dans des milliers et des milliers de documents, pour dépenser des sommes et des efforts énormes en immobilisant le travail des fonctionnaires pendant des mois à raison de millions de dollars en coûts de traduction. Il s'agissait de contrats très précis.
Je souscris au principe selon lequel les comités devraient pouvoir obtenir les documents qu'ils demandent et devraient être en mesure de les obtenir sans caviardage, d'une façon ou d'une autre. J'y crois très fermement. Je pense que nous devrions examiner les procédures actuelles que le Bureau du Conseil privé et les différents ministères utilisent, les repenser, proposer des suggestions, mais je ne pense pas que ce que nous avons fait ici était profondément réfléchi. Si je pouvais revenir en arrière, je ne voterais pas en faveur de la motion telle qu'elle avait été rédigée, parce qu'elle avait manifestement une portée beaucoup plus large que ce qu'aucun d'entre nous n’en comprenait alors, moi en tout cas.
En second lieu, monsieur le président, le fait que les documents nous aient été transmis avec certains caviardages a soulevé une vague d'indignation. La motion a été proposée, je le répète, en référence à un courriel, dont j'ai demandé copie à deux reprises, copie qui m'a été refusée à deux reprises, un courriel qui, lors de la dernière réunion, avait été utilisé pour suggérer clairement qu'il avait été écrit en juin de cette année et faisait partie des documents McKinsey. Il a été soulevé de nouveau lorsque nous avons questionné le Bureau du conseil privé avant de proposer la motion. Plutôt que de le recevoir caviardé ou non caviardé, le Comité ne l'a tout simplement pas reçu. Il ne nous a pas été transmis, alors qu'il est la raison pour laquelle la motion a été présentée.
Je trouve scandaleux d'avoir été, lors de la dernière réunion, induit à croire par erreur que ce document était un courriel à propos de McKinsey, alors que la personne qui l'aurait écrit ne faisait pas partie du Bureau du Conseil privé cette année‑là. Il reste que ce courriel dont nous ne cessons de parler n'a pas été transmis au reste d'entre nous.
Monsieur le président, compte tenu de tout cela, je propose que le débat sur la motion soit ajourné pour que nous puissions revenir aux témoins.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je suis surprise du niveau d'absurdité des arguments que j'entends aujourd'hui, et ce, même si je siège au Comité permanent des comptes publics, où tout n'est pas toujours rose non plus.
Le dernier argument que j'ai entendu portait sur le temps passé...
Le député d'en face qui vient de poser des questions, mais qui regarde maintenant son téléphone, peut-il simplement réfléchir deux secondes à la question des ressources nécessaires pour caviarder les documents plutôt que de les remettre tels quels? Tient-il compte de tout le temps passé par une personne qui revoit un document et qui réfléchit à ce qui doit être caviardé ou non? C'est complètement absurde. C'est la première fois que je siège à ce comité et je suis abasourdie.
Je vais maintenant répondre aux commentaires de M. Housefather.
Je suis d'accord avec vous, monsieur Housefather, sur le fait que notre demande était certainement plus concise. La racine du problème est peut-être justement le fait que tant de contrats ont été donnés aux firmes McKinsey, PricewaterhouseCoopers, Deloitte et j'en passe. Dans une perspective constructive, le Comité devrait peut-être commencer quelque part. Par exemple, il pourrait demander aux différents ministères de lui envoyer les documents de McKinsey d'une certaine année, et accorder un délai pour ce qui est des autres années. Ainsi, deux mois plus tard, ils pourraient remettre les documents relatifs à une autre année, et ainsi de suite. Peut-être que cela donnerait un certain répit au Comité et à ses membres.
Si tout le monde était de bonne foi, c'est probablement ce qui se ferait immédiatement. Or ce n'est pas du tout ce que nous constatons. Nous voyons des gens présenter des arguments absurdes sur le temps que tout cela demande, alors qu'ils ont consacré plus de temps à débattre de ces motions qu'à regarder les documents et à faire leur travail.
Il aurait fallu regarder les documents et répondre à la question fondamentale suivante: comment se fait-il que les dépenses relatives aux cabinets-conseils aient explosé depuis 2016? Il s'agit de milliards de dollars. Les conservateurs et tous les gouvernements ont utilisé les services des cabinets-conseils. Je pense que tout le monde ici s'entend pour dire que c'est normal d'utiliser leurs services. Toutefois, les dépenses liées aux cabinets-conseils ont explosé depuis 2016.
On se demande comment il se fait que ce comité, qui est le comité qui doit le faire, n'ait toujours pas répondu à ces questions. Comment se fait-il que le Comité n'ait pas reçu les documents non caviardés, comme il le demandait? Je me refuse à croire que c'est de l'incompétence.
Je sais que vous êtes compétents. Alors, s'il vous plaît, soyez de bonne foi.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci beaucoup de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui. Merci aussi de l'attention que vous portez à ma candidature. Je vous en suis très reconnaissante.
En tant que fonctionnaire internationale de longue date, j'ai toujours démontré mon engagement envers la primauté du droit, y compris l'application régulière de la loi et l'accès à la justice. Dans le contexte de la fonction publique, cela nécessite un espace sûr où le personnel peut être entendu lorsque surviennent des problèmes qui, s'ils ne sont pas réglés, pourraient ébranler la confiance du public et menacer sérieusement l'intégrité de la fonction publique, ce qui aurait pour résultat de jeter une ombre sur le milieu de travail du personnel dévoué et de nuire à sa capacité de fournir à la population le service de qualité qu'elle mérite.
Le commissaire à l'intégrité du secteur public est le gardien de l'équité procédurale dans les enquêtes sur les actes répréhensibles, y compris de l'application régulière de la loi pour les dénonciateurs, pour les personnes faisant l'objet d'allégations d'actes répréhensibles et pour les autres participants au processus. Son objectif principal est de promouvoir une culture éthique de la fonction publique au sein du gouvernement fédéral.
Il s'agit d'un moment critique pour le Commissariat à l'intégrité du secteur public. En effet, le projet de loi est en cours d'examen, et un groupe de travail externe a été chargé de se pencher sur les révisions à apporter à la loi. J'attends avec impatience de collaborer avec le groupe de travail et de mettre en œuvre fidèlement la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, y compris toute modification qui pourrait y être apportée.
[Français]
Au cours de ma carrière, j'ai acquis de l'expérience en relations de travail, en droit et en gestion, tant au pays qu'à l'étranger; j'ai notamment travaillé plus de 22 ans au niveau de la haute direction dans le secteur public, au sein de la Cour pénale internationale, des Nations Unies et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, entre autres.
En tant que pionnière des programmes visant à reconstruire et à transformer les systèmes judiciaires dans des circonstances difficiles, j'ai dirigé avec succès de multiples efforts stratégiques et de gestion du changement. Dans plusieurs postes, notamment en tant que conseillère juridique dans les zones de conflit, comme le Kosovo et la République centrafricaine, ainsi qu'à titre de directrice de l'État de droit en République démocratique du Congo, j'ai supervisé la réalisation de rapports sur les droits de la personne garantissant l'exactitude des allégations fondées sur des preuves, tout en tenant compte d'autres facteurs, comme la protection des témoins et des informateurs.
J'ai une vaste expérience mondiale dans l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies d'enquête et de politiques pour lutter contre les crimes graves et les violations des droits de la personne. En tant que conseillère juridique pour les crimes sexuels au Tribunal pénal international pour le Rwanda, j'ai dirigé l'enquête qui a conduit à la première condamnation pour des crimes sexuels par un tribunal international, soit le cas Akayesu.
[Traduction]
Au cours de ma carrière, j'ai enquêté sur des crimes, j'ai défendu des accusés et j'ai monté des dossiers pour la poursuite dans le cadre de procédures pénales. J'ai œuvré pour la protection des témoins et j'ai contribué au renforcement des capacités des juges et des enquêteurs. Ainsi, je possède l'expérience nécessaire pour être réellement neutre, impartiale et juste envers toutes et tous. Ma perspective, ainsi que mon attention particulière à la protection de l'application régulière de la loi pour toutes les parties constitueront le fondement de l'approche que j'adopterai en tant que commissaire.
Enfin, nos fonctionnaires dévoués méritent un milieu de travail où ils se sentent en sécurité et où ils peuvent être fiers du travail qu'ils accomplissent. Je m'engage à atteindre le ferme objectif de dénoncer les actes répréhensibles et d'accroître la confiance envers un secteur public éthique, et ce, tant pour notre personnel dans les 134 institutions fédérales assujetties à la loi que pour la population canadienne.
Merci.
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J'ai du mal à trouver un cas. Je n'ai eu à assumer aucun rôle d'arbitrage dans aucune de mes fonctions, si bien que c'est un peu délicat. J'ai présidé plusieurs commissions d'enquête. Au cours de ces commissions d'enquête, j'ai cherché à obtenir des renseignements en ma qualité de président — tous les membres de la commission d'enquête ont cherché à obtenir des renseignements auprès des parties concernées, des témoins de divers incidents.
Il y a eu un cas — en fait le premier cas d'exploitation et d'abus sexuels — qui s'est produit dans la République démocratique du Congo, la RDC, lorsque j'y étais. Un colonel d'un contingent donné, que je préfère ne pas nommer, a fait l'objet de certaines allégations. Elles se sont avérées vraies, et certains des témoins ont été traumatisés. Il faut savoir comment aborder cette question. J'avais été conseiller juridique pour les crimes sexuels au tribunal du Rwanda, et j'avais donc déjà, je pense, certaines aptitudes pour interagir avec des personnes qui avaient subi des traumatismes et obtenir d'elles les informations nécessaires pour avoir une meilleure idée des circonstances.
Néanmoins, même si je disposais de ces renseignements ou de ces témoignages, en tant qu'avocate de la défense, je n'ai jamais tenu pour acquis que tout était complet ou qu'il n'y avait qu'une seule perspective. Bien entendu, j'ai écouté, en tant que membre de la commission, la personne qui était accusée de ces actes répréhensibles. Ensemble, nous avons formulé une recommandation pour notre hiérarchie.
Je ne sais pas si cela répond à la question, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur Johns.
Madame Solloway, le temps est écoulé.
Avant que vous nous quittiez, pour faire suite aux questions de M. Savard-Tremblay sur ce que vous allez faire, je vous recommande vivement, en tant que membre de ce comité qui a joué un rôle important dans le rapport de 2017 — je tenais à le signaler —, de lire le rapport dans son intégralité et tous les témoignages, ainsi que les témoignages sur le projet de loi , avant de passer une seconde avec les gens de la régie interne.
Pour faire suite aux observations de M. Johns sur votre affirmation selon laquelle vous n'êtes pas dans le camp de qui que ce soit, je vous invite à nouveau à écouter le témoignage de certaines des victimes des représailles du gouvernement. Nous sommes conscients qu'il faut suivre les règles, mais un dénonciateur contre toute la force du gouvernement qui s'abat sur lui... Je sais qu'une certaine neutralité est nécessaire, mais il faut aussi se rendre compte qu'une seule personne peut faire face aux ressources illimitées du gouvernement pour s'en prendre à quelqu'un. Je voudrais simplement vous exhorter à le faire.
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé.
Chers collègues, c'est tout pour nous...
(La motion est adoptée avec dissidence.)
Le président: Merveilleux.
Maintenant, avant la pause estivale, je tiens à tous vous remercier de la patience dont vous avez fait preuve à mon égard dans ce rôle relativement nouveau.
Je tiens à remercier notre greffière de tout le travail exceptionnel qu'elle a accompli dans de nombreux dossiers difficiles.
Bien entendu, je vous remercie, monsieur van den Berg, qui est avec nous depuis un bon moment.
Mme Ambrozas part pour le Sénat dès demain, alors ce sera sa dernière journée comme analyste avec nous. Merci, madame Ambrozas. Je déplore que nous ne puissions pas vous revoir dès notre retour, mais peut-être dans le futur.
Merci, également, à tous les membres du personnel de soutien qui nous ont aidés à abattre tant de travail cette année.
Sur ce, à moins qu'il y ait autre chose, chers collègues, la séance est levée.