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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 73e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par quelques rappels. La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. De plus, veuillez noter que les captures d'écran et la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées durant la séance.
Bienvenue à tout le monde et à tous les membres. Comme nous sommes en public, je souhaite la bienvenue au Comité à M. MacDonald, qui représente la circonscription de Malpeque, à l'Île-du-Prince-Édouard, et à M. Carr qui représente la circonscription de Winnipeg-Centre-Sud, au Manitoba.
[Traduction]
C'est formidable de revoir tout le monde.
Monsieur Johns, je ne crois pas que vous soyez un membre permanent du Comité, mais nous nous réjouissons de vous voir prendre la place de votre bon ami, M. MacGregor.
Nous entreprenons aujourd'hui l'étude du projet de loi , loi modifiant la Loi sur la santé des animaux concernant la biosécurité dans les exploitations agricoles.
Le parrain de ce projet de loi est M. John Barlow, député de Foothills et membre de notre comité. C'est donc loin d'être un étranger pour nous, mais nous lui souhaitons tout de même la bienvenue. Nous sommes très heureux de vous accueillir, monsieur Barlow.
M. Barlow disposera d'abord d'environ cinq minutes pour nous présenter ses observations préliminaires. Je ne serai pas trop strict quant au temps que je vous accorde à cette fin, monsieur Barlow. Nous essaierons ensuite de tenir deux tours de questions avec notre invité.
Nous recevrons trois autres témoins pendant ce qui est habituellement la seconde heure de notre séance, une période que je tenterai aujourd'hui d'étirer à environ 70 ou 75 minutes. Dans la mesure du possible, nous nous efforcerons alors de tenir trois tours de questions pour les représentants des différents partis.
Nous allons procéder rondement.
Sans plus tarder, je vous cède la parole, monsieur Barlow, pour une période d'environ cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous mes collègues. C'est un honneur de me présenter devant vous pour discuter de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , loi modifiant la Loi sur la santé des animaux.
Il est très semblable à un autre projet de loi qui vous a déjà été soumis, le projet de loi . Il s'agit en fait d'ériger en infraction le fait de « pénétrer, sans autorisation ou excuse légitime, dans un lieu où se trouvent des animaux, lorsque ce fait peut avoir comme conséquence d’exposer les animaux à une maladie ou à une substance toxique susceptible de leur nuire ou de les contaminer. » Autrement dit, les pénalités déjà prévues dans la Loi s'appliqueraient à quiconque fait intrusion dans une exploitation, une propriété ou une installation agricole où des animaux sont gardés. On propose en outre de doubler le montant des amendes prévues pour les groupes et les organisations qui encouragent les comportements illégaux mettant en péril la biosécurité de nos fermes et le gagne-pain de nos agriculteurs.
Chers collègues, il y a un point sur lequel je dois vraiment insister, car je sais que vos bureaux ont sans doute tous reçu des courriels et des appels téléphoniques à ce sujet. Afin de contrer en partie la désinformation découlant de certaines campagnes qui sont menées, je tiens à vous rappeler les objectifs que ce projet de loi ne cherche pas à atteindre. Ce projet de loi n'a aucunement pour but de restreindre le droit de chacun de manifester pacifiquement dans un lieu public. Il ne vise pas non plus à empêcher les dénonciateurs de s'exprimer lorsqu'ils sont témoins de pratiques mettant en péril notre sécurité alimentaire, la salubrité des aliments ou le bien-être des animaux.
Les agriculteurs et les éleveurs canadiens ont l'obligation morale et légale de bien s'occuper de leurs animaux. C'est aussi simple que cela. Ainsi, les agriculteurs et leurs employés sont tenus de signaler tout acte répréhensible dont ils sont témoins au sein de l'environnement fortement réglementé dans lequel ils évoluent. Ils doivent en effet suivre des codes de conduite stricts afin d'assurer la santé, la sécurité et le bien-être de tous les animaux de ferme.
Lors de ma dernière comparution devant vous concernant le projet de loi , j'ai traité longuement des enjeux de santé mentale associés à une mesure semblable. J'inviterais donc les nouveaux membres du Comité à prendre connaissance des observations que j'ai faites à ce moment‑là. Je n'en dirai pas plus aujourd'hui à ce sujet, d'autant plus que vous allez recevoir tout à l'heure une experte en la matière.
Lors du débat sur ce projet de loi pendant la dernière législature, des députés de tous les partis ont fait état de situations s'étant produites dans leurs circonscriptions respectives. Il y a une chose qui m'inquiète particulièrement. Depuis ces échanges que nous avons eus il y a quelques années, les défenseurs des droits des animaux sont devenus de plus en plus effrontés, à un point tel qu'ils mettent maintenant en danger non seulement la vie des animaux de ferme, mais aussi, dans certains cas, la population et le gagne-pain de nos agriculteurs. Nous avons ainsi vu certains militants accrocher des carcasses de porcs à un viaduc montréalais. Nous avons entendu parler de cet éleveur de porcs ontarien qui a été ciblé par un rançongiciel, des militants lui demandant d'admettre les mauvais traitements qu'il infligeait à ses bêtes, des accusations bien évidemment mensongères.
Tout cela tire son origine d'un incident dont a été victime la famille Tschetter qui élève des dindons en liberté dans ma circonscription. Cette famille s'est réveillée un bon matin avec 40 militants qui avaient installé leur campement dans son étable. Il a fallu de cinq à six heures pour désamorcer la situation et faire partir ces manifestants. Cependant, la famille touchée en ressent encore aujourd'hui les répercussions. Elle se demande pourquoi elle a été ainsi ciblée et ce qu'elle a fait de mal, car elle respecte toutes les règles en place. Je vous rappelle qu'il s'agit d'un élevage de dindons en liberté à Fort Macleod.
Les opposants à ce projet de loi vont soutenir qu'il n'est pas nécessaire parce que rien n'indique que les intrus introduisent des maladies dans les exploitations agricoles.
Premièrement, j'estime que l'on fait ainsi totalement fausse route quant à l'objet de ce projet de loi, car un seul problème peut faire toute la différence. Voilà donc un argument malavisé ayant pour but de justifier des comportements illégaux. Deuxièmement, et chose plus importante encore, cette prétention est totalement fausse. Nous sommes au fait d'au moins deux incidents de la sorte. L'un d'eux s'est produit au Québec alors qu'une éclosion de rotavirus a suivi le passage de manifestants dans une ferme porcine. On n'avait pas détecté de rotavirus au Québec depuis plus de 40 ans. L'autre incident a touché un élevage de visons en Ontario alors que des intrus ont relâché des milliers de bêtes, ce qui a entraîné une éclosion de la maladie de Carré.
Certaines provinces nous ont emboîté le pas avec des mesures semblables, mais la vaste majorité des gouvernements — sept provinces et trois territoires — n'ont pas adopté de loi en la matière.
En terminant, j'aimerais seulement vous rappeler les répercussions que peut avoir l'éclosion d'une maladie ou d'un virus à transmission animale dans nos exploitations agricoles, aussi bien pour les familles directement concernées que pour notre économie dans son ensemble. Il est absolument essentiel de protéger l'approvisionnement alimentaire du Canada. C'est l'un des piliers du travail de ce comité. Des virus comme ceux de la grippe aviaire, de la peste porcine africaine et de la fièvre aphteuse sont autant de menaces sérieuses pour l'agriculture canadienne.
En 2014, 10 exploitations agricoles de la vallée du Fraser ont été frappées par une flambée de grippe aviaire qui a forcé l'euthanasie de plus de 200 000 oiseaux d'élevage. La plus grave éclosion de grippe aviaire au Canada a également eu lieu dans la vallée du Fraser en 2004 pour mener à l'abattage de 17 millions d'oiseaux d'élevage. Avant que l'éclosion ait pu être finalement maîtrisée, les pertes économiques ont dépassé les 380 millions de dollars. Après cela, on a apporté différents changements touchant notamment la quarantaine volontaire, les protocoles de biosécurité, la surveillance et les tests en laboratoire.
La plus récente éclosion au Canada a touché 7,6 millions d'oiseaux de basse-cour dans les provinces de l'Ouest du pays, ainsi qu'en Ontario et au Québec, la Colombie-Britannique étant la plus durement affectée.
Il y a aussi la question de la peste porcine africaine… Heureusement, aucun cas n'a encore été détecté au Canada. Le tout premier cas a été détecté en Chine en 2018. La maladie s'était déjà répandue dans toutes les provinces chinoises en 2019, et on a depuis signalé des cas en Asie-Pacifique, en Asie centrale, en Europe de l'Est et plus récemment en République dominicaine. Son introduction au Canada serait dévastatrice. Les répercussions économiques seraient de l'ordre de 24 milliards de dollars.
J'en arrive maintenant à ma conclusion. Comme je l'ai déjà indiqué, ce projet de loi n'a pas pour but d'interdire les manifestations pacifiques. Le problème, c'est que bon nombre des manifestants ne sont pas au fait des protocoles de biosécurité très stricts en vigueur dans nos exploitations agricoles, de la raison d'être de telles mesures ou du fait que leur intrusion sur une ferme peut avoir des conséquences catastrophiques pour nos agriculteurs, notre sécurité alimentaire et, bien sûr, notre économie.
Je sais que les membres du Comité sont tout à fait conscients de l'urgence d'agir ainsi que de l'importance de ce projet de loi pour nos agriculteurs, nos éleveurs et nos producteurs agricoles. Je serai ravi de répondre à toutes les questions que mes collègues voudront bien me poser.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci pour cette question.
Disons d'abord que je suis toujours disposé à discuter d'éventuels amendements susceptibles d'améliorer cette proposition. J'aimerais toutefois savoir s'il est encore question ici d'un intrus. Je sais que nous avons tous déjà visité des exploitations agricoles. Nous nous sommes prêtés au protocole. Nous avons enfilé une tenue de protection contre les matières dangereuses, lavé nos bottes, mis des couvre-chaussures et pris toutes ces précautions. Nous avions toutefois été invités à visiter les fermes en question.
Si vous voulez savoir si la présence de manifestants qui font intrusion sur les exploitations agricoles, mais en prenant toutes les précautions voulues, a tout de même un impact, je peux vous le confirmer. Il y a encore des répercussions sur la santé mentale de la famille touchée. Si je me lève le matin pour me retrouver dans mon salon face à face avec des manifestants qui en ont à redire sur la façon dont je traite mon chien, est‑ce que je vais me sentir mieux s'ils portent un équipement de protection et tout le reste? Je peux vous assurer que le propriétaire de chien que je suis ne se sentirait pas bien.
J'aimerais que vous précisiez votre question. Parlez-vous de manifestants ou bien de simples individus ayant été invités à visiter une exploitation agricole?
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Il y a déjà des lois sur l'intrusion. Cela ne relève pas de notre compétence. À partir du moment où nous souhaitons traiter d'intrusion dans la sphère de compétence fédérale, ce projet de loi pourrait être contesté devant les tribunaux et être déclaré inconstitutionnel. C'est ce qui m'inquiète.
Nous avons compétence seulement sur ce qui se produit au sein d'une exploitation agricole. Nous souhaitons donc présenter cet amendement favorable pour veiller à ce que nous demeurions dans notre silo — et vous excuserez le jeu de mots — quant à l'objectif des mesures législatives proposées.
Je suis certes d'accord avec vous. Il ne fait aucun doute que je souscris aux objectifs du projet de loi. Dans le cas particulier de la peste porcine africaine, j'ai rencontré de nombreux agriculteurs qui ont dépensé un total de 23 millions de dollars sur une période de deux ans pour simplement préparer leur secteur en prévision de ce fléau. C'est beaucoup d'argent. J'ai aussi discuté avec quantité d'aviculteurs de la vallée du Fraser qui ont été touchés par la grippe aviaire. Leurs volailles ne se sont jamais rendues jusqu'aux marchés; des millions d'oiseaux ont dû être abattus.
Je comprends assurément vos motivations. Nous devons composer avec une nouvelle réalité. Nous venons tout juste de traverser une pandémie. Le projet de loi vise à faire en sorte que d'éventuels manifestants sachent…Le monde a changé. Nous vivons maintenant sur une planète plus petite où les maladies voyagent beaucoup plus vite qu'auparavant. Je sais que les agriculteurs craignent de recevoir la visite de manifestants. Vous avez d'ailleurs cité quelques cas semblables.
À notre point de vue, si une personne respecte — peu importe leur raison d'être — les protocoles de biosécurité mis en place… C'est dans ce contexte que nous proposons un amendement favorable pour nous assurer que nous nous en tenons aux sphères de compétence du gouvernement fédéral.
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Je comprends, et je vous remercie pour ces éclaircissements. Il y a bien sûr des lois sur l'intrusion qui ont déjà été adoptées, et c'est d'ailleurs pour cette raison que nous n'avons pas cherché à modifier le Code criminel, mais plutôt la Loi sur la santé des animaux. Nous voulions éviter d'emprunter une avenue qui risquait selon nous d'être trop exigeante.
Le problème avec les lois sur l'intrusion c'est que dans bien des cas, exception faite de la Colombie-Britannique, on prévoit la plupart du temps des amendes de quelques centaines de dollars. Il faut comprendre que ces groupes organisent de tels événements dans le but de collecter des dizaines de millions de dollars. Ils filment le tout et en tirent des sommes considérables, si bien qu'il est nécessaire d'introduire un élément de dissuasion pour que ces groupes renoncent à de telles activités.
En toute franchise, monsieur Drouin, je trouve votre amendement préoccupant — et peut-être devrions-nous en discuter plus à fond avec les différentes parties prenantes — du fait que cela correspondrait à une invitation que nous lancerions aux manifestants en leur disant qu'ils sont les bienvenus pour faire intrusion sur nos fermes, tant et aussi longtemps qu'ils respectent les protocoles. Ce n'est pas le message que nous voulons transmettre.
Nous essayons plutôt de faire valoir que notre sécurité alimentaire doit passer avant tout. Comme vous l'avez mentionné au moyen de votre analogie judicieuse avec la COVID, vous n'avez qu'à imaginer ce qu'il adviendrait à une échelle semblable avec une éclosion virale comme celle de la peste porcine africaine et quels seraient les impacts pour notre économie et notre pays.
Ces protocoles sont en place pour une raison très importante, et nous devons les respecter. Il convient dans ce contexte de tracer une ligne très claire à partir de laquelle ceux qui ne comprennent pas les protocoles, les mesures en place et leur raison d'être ne devraient pas… Vous pouvez manifester autant que vous le souhaitez — vous être libre de le faire, car vous en avez le droit — sur les propriétés publiques situées à l'extérieur d'une exploitation agricole, mais il y a une frontière à ne pas franchir sous peine de mettre à risque trop de gens et trop d'animaux.
Il ne fait aucun doute que ces manifestations, lorsqu'elles ont lieu, sont bien planifiées et mûrement réfléchies. Je suis sûr que l'une des raisons pour lesquelles la ferme Tschetter, dans ma circonscription, a été ciblée, c'est qu'elle se trouve juste à la jonction des autoroutes 2 et 3, deux des routes les plus fréquentées du Sud de l'Alberta, et que l'on comptait là‑dessus pour recevoir beaucoup d'attention. À l'époque, l'Alberta ne disposait pas de loi contre l'intrusion, comme c'est le cas aujourd'hui. C'est à la suite de cet incident et de notre projet de loi initial que cela a été mis en place. Certaines provinces se sont d'ailleurs inspirées de ce que nous avions proposé pour rédiger les leurs.
Le Canada est l'un des 10 pays les plus visés au monde par ce type de manifestations. L'une des raisons en est, je crois, que nous n'avons pas mis en place d'initiative nationale — ce que nous proposons ici — apte à dissuader ces groupes de se manifester.
Nous ne disposons pas de chiffres définitifs au Canada, mais certaines recherches menées aux États-Unis montrent que ces groupes ont recueilli près de 90 millions de dollars l'année dernière. C'est un chiffre énorme. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit pour eux d'une initiative de collecte de fonds dont le seul objectif est de mettre fin à l'agriculture animale, ce à quoi, je l'espère, nous sommes tous opposés. Voilà pourquoi ces mesures dissuasives doivent être mises en place. Il doit y avoir un mécanisme de dissuasion financier, sinon ces groupes vont continuer d'effrayer nos agriculteurs et d'avoir une incidence sur nos vies quotidiennes.
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Je comprends tout à fait les préoccupations de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA. C'est une question que nous devrons aborder une fois que nous serons rendus là, mais nous ne demandons pas à l'ACIA de jouer le rôle de la GRC.
Lorsque ces problèmes surviennent dans les exploitations agricoles — et j'ai parlé à un certain nombre d'agriculteurs qui sont passés par là —, ils ne téléphonent pas à l'ACIA. Lorsqu'ils ont des manifestants sur leur terrain, ils appellent la GRC. Ce sont les agents de la GRC qui sont les premiers sur les lieux et qui essaient de désamorcer ces problèmes et de les résoudre. Bien souvent, ils y arrivent, mais cela peut prendre des heures. Comme je l'ai dit, dans l'exemple de Tschetter, les manifestants sont restés sur place pendant cinq ou six heures avant de repartir avec deux de leurs dindes.
Je comprends l'inquiétude de l'ACIA, mais nous ne lui demandons pas de prendre la place de la police. La GRC fera son travail. Elle viendra sur le terrain, examinera le problème et tentera de le résoudre. L'ACIA aura un rôle à jouer dans le suivi, lorsque des amendes auront été imposées.
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Merci de cette question, monsieur Johns. Je sais qu'il s'agit d'une question très importante pour nous deux.
Si vous le permettez, j'aimerais apporter une correction au compte rendu, car je suis en train de passer rapidement en revue certaines des données que nous avons recueillies ici. Je crois avoir dit que ces groupes d'activistes avaient amassé environ 90 millions de dollars aux États-Unis l'année dernière. En réalité, il s'agit de 900 millions de dollars; j'ai oublié un zéro. Cela donne une idée de ce qui se passe.
En fait, la protection de la santé mentale des agriculteurs est vraiment ce qui m'a incité à faire ce travail. Lorsque j'ai rencontré les familles d'agriculteurs de ma circonscription à qui c'était arrivé, leurs visages étaient... J'ai été surpris de voir à quel point ils avaient mal pris la situation. Ils ne comprenaient tout simplement pas pourquoi ils étaient visés. En gros, ils disaient: « Qu'avons-nous fait de mal? Nous avons des dindes élevées en plein air. Nous faisons tout ce que l'ACIA nous demande. Nos animaux sont tout pour nous. Jamais nous ne les mettrions en danger. » J'ai ensuite reçu des appels téléphoniques d'agriculteurs de tout l'Ouest du Canada qui me demandaient: « L'agriculture est‑elle désormais la nouvelle cible? » Personne n'a été inculpé dans cette affaire. Je pense que 2 personnes sur les 40 ont été condamnées à une amende de 250 dollars.
Les agriculteurs ont l'impression d'être ciblés et attaqués pour ce qu'ils font. Y a‑t‑il des agriculteurs qui laissent à désirer? Je suis sûr qu'il y en a, mais la grande majorité des familles d'agriculteurs font tout ce qu'elles peuvent pour protéger leurs animaux, l'eau et le sol. Elles ont simplement l'impression que personne ne les défend. Je pense qu'une telle mesure montrerait un certain leadership de la part du gouvernement fédéral. Ce serait une façon de dire « oui, nous sommes là pour vous protéger », et cela mettrait en place certaines règles pour empêcher ces choses illégales de se produire.
Oui, sur les deux amendements que nous avions, l'un du Bloc et l'autre du NPD, nous avons gardé celui du Bloc, qui est la « chose » dont il est question ici. Je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de M. Perron, mais je crois que l'idée était que vous pouviez apporter de l'eau ou de la nourriture.
Nous l'avons vu avec les manifestants qui nourrissaient des cochons dans un camion le long de l'autoroute. C'est de là qu'est venue la formulation. Nous devons élargir cette notion, car même si vous apportez de la nourriture, de l'eau ou d'autres choses, elles peuvent être tout aussi nocives. Je n'avais pas pensé à la question des téléphones portables, c'est intéressant.
Encore une fois, la raison pour laquelle nous n'avons pas inclus l'amendement du NPD, c'est qu'un examen plus approfondi... Au point où nous avions réussi à nous rendre, nous étions très fiers d'avoir le soutien de tous les partis pour le renvoi au Sénat. Malheureusement, des élections ont eu lieu et nous avons dû repartir à zéro. Toutefois, lors de la consultation qui a suivi, nous avons estimé qu'il s'agissait d'un amendement redondant. Nous protégeons les dénonciateurs dans le libellé du projet de loi. Si vous êtes légalement sur l'exploitation en tant qu'employé agricole ou membre de la famille exploitante — ce qui serait le cas d'un dénonciateur —, vous n'êtes pas visé par ce projet de loi. Vous avez une raison d'être là. Si, en tant qu'employé, vous voyez quelque chose de répréhensible se passer à la ferme, dans l'usine de transformation ou ailleurs, alors, oui, vous devriez vous manifester et déposer une plainte. Adressez-vous à la GRC, à l'ACIA ou à Santé Canada, quelle que soit la voie que vous souhaitez emprunter. Nous avons estimé que le libellé du projet de loi était déjà solide à cet égard.
Cependant, je suis toujours prêt à travailler avec mes collègues. S'il y a des façons d'améliorer cela, je suis ouvert aux suggestions.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Barlow, je vous remercie des renseignements que vous avez fournis jusqu'à présent au Comité.
Je suis tout à fait d'accord avec vous au sujet des répercussions que ces manifestations et autres événements importants peuvent avoir sur la santé mentale des agriculteurs et sur leurs moyens de subsistance habituels.
Nous avons beaucoup parlé de ces groupes de défense des droits des animaux. Je vous fais confiance jusqu'à ce que je vérifie les faits concernant les 900 millions de dollars obtenus grâce à des collectes de fonds. Qu'est‑ce que les groupes de défense des animaux trouvent qui les pousse à retourner continuellement dans ces fermes? Vous ne récolterez certainement pas 900 millions de dollars si vous envoyez un clip vidéo vide à ceux auprès desquels vous essayez de collecter des fonds — en supposant, comme vous le suggérez, que c'est ce qu'ils essaient de faire.
Je suis curieux de savoir ce qu'ils découvrent lorsqu'ils se rendent dans ces fermes. Qu'est‑ce qui pose problème dans leur esprit et dans l'esprit de ceux qui les soutiennent, et comment ce projet de loi contribue‑t‑il à remédier à cela?
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Je vous remercie de la question.
Je ne peux pas m'exprimer au nom de tous ces groupes ni corroborer leurs conclusions.
Je pense qu'il existe deux raisons pour cela, monsieur Carr. Il ne fait aucun doute que cette collecte de fonds représente un véritable succès pour ces groupes de défense des animaux, si l'on se fie aux chiffres qui ont été présentés. Je vais possiblement déposer ce document auprès du Comité pour que vous puissiez le consulter. Ces militants ont-ils été témoins de maltraitance envers les animaux au sein des fermes qu'ils ont visitées? C'est possible. Toutefois, je tiens à vous rappeler que les données que vous nous avez présentées proviennent des États-Unis. Je tiens à le préciser. Nous ne disposons pas encore de statistiques définitives en ce qui concerne le Canada.
Dans de nombreux cas, les images transmises par ces militants aux consommateurs de viande sont trompeuses. Par exemple, lorsqu'un groupe de militants se rend sur le site de la ferme Tschetter et ouvre les portes de la grange, on voit sur leur vidéo des dindes et des poulets paniqués s'enfuir. En réalité, la présence intrusive d'un groupe de 30 ou 40 militants a déclenché chez ces animaux une réaction instinctive de combat ou de fuite. Ils se sont littéralement piétinés les uns les autres. Dans l'une des vidéos que nous avons vues, un militant déplore la présence devolailles mortes sur le sol de la grange; eh bien, la vérité est que plusieurs de ces volailles se sont entre-tuées dans un mouvement de panique causée par les militants eux-mêmes. Toute personne qui s'est déjà rendue dans un poulailler est à même de comprendre cette situation. Il faut effectivement savoir que certains de ces poulaillers contiennent quelque 35 000 volailles. Les poulaillers sont conçus pour offrir suffisamment d'espace aux animaux, mais lorsqu'un mouvement de panique les fait se précipiter toutes dans la même zone, c'est ce genre de drame qui se produit.
J'ai l'impression que dans de nombreux cas, ce genre de soi-disant défenseurs des animaux ne sont pas sincères par rapport aux situations qu'ils dénoncent. Par exemple, il s'est souvent avéré que les vidéos qu'ils ont mises en ligne n'avaient pas du tout été filmées sur le site de la ferme Tschetter. C'est de la désinformation.
Écoutez, je pense que l'objectif général de ce genre de groupes... Laissez-moi en citer quelques-uns. Voici une déclaration faite par l'organisme Animal Outlook: « De la viande certifiée ''sans cruauté animale''? Ça n'existe tout simplement pas. ». Et voici une citation du Good Food Institute: « Consommer de la viande ne relève pas d'une décision personnelle, pas plus que le fait de battre son enfant n'est une décision personnelle. ».
L'objectif de ces idéologues radicaux est de mettre fin à l'élevage, point final. C'est ce qui justifie leurs actes.
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Merci pour votre intervention.
Vous avez mentionné il y a quelques instants l'importance d'améliorer la réputation de l'industrie agroalimentaire afin de consolider la position du Canada sur la scène internationale.
Les intervenants qui m'ont contacté au sujet du projet de loi m'ont rapporté ne pas avoir suffisamment de renseignements au sujet des processus de production alimentaire au Canada, depuis la manière dont les animaux sont traités avant et pendant l'abattage, ainsi que ce qui a lieu après. Que pensez-vous que nous pouvons faire à titre de parlementaires pour renforcer la collaboration avec les intervenants de l'industrie et améliorer la transmission de renseignements à la population canadienne? Devrions-nous par exemple modifier certaines dispositions du projet de loi, ou revoir la réglementation connexe?
Je suis un ancien enseignant et directeur d'école. Nous sommes tous familiers avec les références faites dans plusieurs épisodes de l'émission Les Simpsons des années passées au sujet de l'évolution de l'industrie agricole. Je suis curieux de savoir s'il existe du matériel pédagogique qu'il serait possible de diffuser en partenariat avec l'industrie et certains groupes de défense des droits des animaux. Il s'agirait selon moi d'un compromis équitable visant à fournir à la population canadienne un survol transparent de la situation actuelle au sein des abattoirs.
À mon avis, une telle démarche contribuerait à améliorer la réputation du Canada à l'échelle internationale, comme vous l'avez mentionné, et à atténuer certaines tensions entre les groupes de défense des droits des animaux et les acteurs de l'industrie agroalimentaire. L'effet de tout cela est que nous avons des règlements plus sécuritaires, une protection accrue et une réputation qui va favoriser les exportations. J’aimerais savoir si vous pourriez nous parler de ce que nous pouvons faire à ce sujet.
Votre intervention m'amène à ma question suivante, qui se rapporte également au projet de loi, mais qui concerne également la biosécurité dans le secteur de l'élevage en général.
L'ACIA a proposé la mise en place de nouvelles règles concernant les foires et les expositions agricoles. Je vais moi-même prendre la parole lors de la foire agricole annuelle de Highgate, qui en est à sa 169e édition. C'est trois fois mon âge. L'ACIA propose d'imposer de nouvelles règles de traçabilité par rapport aux animaux qui seront exposés lors de cet événement, et ce, toujours pour des motifs de biosécurité. Qu'en dites-vous?
D'après ce que je sais, les associations agricoles soutiennent la mise en place d'un régime de traçabilité rigoureux, mais sont-ils prêts à en assumer la responsabilité dans ce cadre? Comme 83 % des membres des associations agricoles sont des bénévoles, comment s'assurer que ces nouvelles règles ne découragent pas leur participation?
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Nous reprenons la séance.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au deuxième groupe de témoins.
D'abord, nous recevons des représentants de la Fédération canadienne de l'agriculture: M. Pierre Lampron, deuxième vice-président, qui se joint à nous par vidéoconférence, et M. Brodie Berrigan, directeur, Relations gouvernementales et Politique agricole.
Ensuite, nous accueillons Mme Megz Reynolds, directrice générale de la Do More Agriculture Foundation.
Finalement, nous avons deux représentants de l'Union des producteurs agricoles: M. Paul Doyon, premier vice-président général, qui participe par vidéoconférence, et Mme Annie Tessier, coordonnatrice adjointe, Mise en marché et aide aux groupes.
Bienvenue à tous, et merci beaucoup d'être des nôtres ce matin.
[Traduction]
Chers collègues, chaque organisme disposera de cinq minutes pour faire ses observations liminaires. Ensuite, j'essaierai de faire en sorte que nous puissions poser autant de questions que possible.
Je vais commencer par la Fédération canadienne de l'agriculture avec M. Lampron ou M. Berrigan.
Vous avez jusqu'à cinq minutes. Je vous donne la parole.
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Bonjour et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Pierre Lampron. Je suis le deuxième vice-président de la Fédération canadienne de l'agriculture, la FCA. Je suis aussi un producteur laitier au Québec.
La FCA est une grande organisation agricole générale au Canada. Nous représentons plus de 190 000 agriculteurs et familles agricoles de partout au pays. Nos membres sont au cœur du système agroalimentaire canadien, qui contribue au produit intérieur brut du Canada en générant 134,9 milliards de dollars.
Je tiens à préciser que la FCA appuie le projet de loi . Étant moi-même producteur laitier, je comprends parfaitement l'importance cruciale de mettre en place de solides mesures de biosécurité pour protéger nos animaux, notre gagne-pain en tant qu'agriculteurs ainsi que notre économie.
Avant d'expliquer pourquoi le projet de loi est si important pour les agriculteurs canadiens, j'aimerais commencer par rappeler au Comité que les producteurs jouent déjà un rôle de chef de file dans la promotion du bien-être animal et de la biosécurité à la ferme. De toutes les industries animales, les agriculteurs ont mis en place des protocoles de biosécurité stricts pour assurer la santé et la sécurité de leur bétail.
Je suis moi-même producteur laitier et je connais bien la norme nationale de biosécurité pour les fermes laitières canadiennes, qui a été élaborée par les Producteurs laitiers du Canada en collaboration avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Ce n'est qu'un exemple, mais chaque secteur de production animale a ses propres normes de biosécurité.
La norme nationale pour les fermes laitières met l'accent sur quatre domaines de contrôle de la biosécurité pour réduire de façon importante les risques de maladie et les risques pour l'humain relatifs à la salubrité des aliments. Ces quatre domaines sont les suivants: limiter le contact entre les visiteurs et les animaux; veiller à ce que la ferme soit bien entretenue, propre et salubre; veiller à ce qu'un plan de santé du troupeau soit mis en place, comprenant une intervention proactive par un vétérinaire en cas de risque de maladie; et séparer les nouveaux animaux des animaux déjà présents jusqu'à ce qu'ils ne présentent aucun risque de maladie.
De plus, le secteur laitier a intégré la biosécurité à son programme de certification proAction, qui donne aux clients la preuve que le secteur assure la qualité et la salubrité, la santé et le bien-être des animaux ainsi que la gérance de l'environnement. Ce sont les piliers de la certification proAction.
Malheureusement, l'industrie ne peut pas, à elle seule, empêcher une violation des protocoles de biosécurité. Nous avons besoin de l'appui des gouvernements de l'ensemble du Canada, y compris du gouvernement fédéral, pour protéger nos animaux et nos moyens de subsistance.
À ce jour, plusieurs gouvernements provinciaux ont mis en place des lois pour prévenir les intrusions dans les fermes. Cependant, ces lois ne sont pas uniformes d'une province à l'autre. Le projet de loi met davantage l'accent sur la prévention des risques liés à la biosécurité que sur l'intrusion. Pour cette raison, il comble une lacune importante dans le cadre législatif.
Nous sommes d'avis que la biosécurité est une préoccupation nationale qui pourrait avoir des conséquences au-delà des frontières provinciales et avoir une incidence sur notre production alimentaire, la santé mentale de nos agriculteurs et notre économie.
Non seulement de solides mesures de biosécurité sont nécessaires pour réduire les risques de stress et de propagation de maladies pour les animaux, mais elles peuvent aussi servir de mesures proactives pour renforcer nos systèmes alimentaires nationaux afin d'assurer la sécurité alimentaire des Canadiens.
Sans de solides protocoles de biosécurité, il y a un risque d'éclosion de maladies qui mettent en péril notre approvisionnement alimentaire national et la capacité de nos agriculteurs de fournir des aliments à leurs collectivités. De plus, la santé mentale et le bien-être des producteurs et des employés agricoles pourraient être touchés en raison des répercussions sur le bien-être des animaux et de la perte de moyens de subsistance.
Enfin, dans le contexte du commerce international, la nature intégrée de nos marchés fait ressortir clairement, depuis longtemps, l'importance de la santé animale et de la biosécurité animale, qu'il faut considérer comme des priorités clés.
L'éclosion d'une maladie infectieuse dans n'importe quel secteur a des effets désastreux, notamment la fermeture de nos frontières au commerce, la perte de débouchés commerciaux et l'augmentation des coûts de production.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer aujourd'hui. Cela me fera plaisir de répondre à vos questions.
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Les agriculteurs sont habitués à l'adversité. Ils assistent à la destruction d'une récolte entière en 10 minutes de tempête. Ils font le deuil, impuissants, de leur troupeau lorsqu'il est ravagé par une maladie. Ils voient les prix du marché s'effondrer lorsque la production mondiale est bonne. Ils prient pour la pluie, pour les marchés, pour la santé et pour la sécurité. Au quotidien, ils prient pour que l'on comprenne qui ils sont et ce qu'ils font.
Je me présente devant vous aujourd'hui au nom des agriculteurs canadiens en ma qualité de directrice générale de la Do More Agriculture Foundation. Nous sommes la voix nationale et le champion de la santé mentale de l'agriculture canadienne.
Au printemps dernier, alors que la grippe aviaire se propageait dans tout le Canada, j'ai rencontré un groupe de producteurs de volailles de la Nouvelle-Écosse. Le thème central de notre conversation a été la santé mentale et les difficultés auxquelles les agriculteurs sont confrontés, et qui les conduisent au stress chronique, à l'épuisement professionnel et à l'anxiété. La conversation, qui est habituellement animée, est restée terne. Les producteurs qui se trouvaient à la table étaient plus concentrés sur les oiseaux migrateurs qu'ils voyaient par la fenêtre que sur notre dialogue. Ils vivaient jour et nuit dans la crainte de voir la grippe aviaire apparaître dans leurs poulaillers, introduite soit par des oiseaux sauvages, soit par une faille du dispositif de biosécurité.
Je n'ai pas grandi dans le monde de l'agriculture. J'ai grandi en ville et, avant de m'installer dans une exploitation, je n'aurais jamais hésité à pénétrer dans une étable remplie d'animaux. Il ne me serait jamais venu à l'esprit qu'en entrant dans un bâtiment d'élevage biosécurisé abritant 30 000 volailles, je pourrais introduire une maladie comme la grippe aviaire, qui pourrait entraîner la mort de tout le troupeau en l'espace d'une semaine.
Les producteurs canadiens ne s'attendent pas à ce que tout le monde sache comment fonctionne leur exploitation ou l'élevage, mais ils demandent de l'aide. Ils demandent qu'on les protège et qu'on les comprenne, et que le projet de loi soit promulgué pour protéger leurs animaux, leur famille, leur exploitation et leurs moyens de subsistance. L'agriculture est un secteur qui repose sur des racines rurales profondes, un travail acharné, la résilience, la force et la communauté.
Les agriculteurs composent au quotidien avec de nombreux facteurs qui échappent à leur contrôle et qui ont une influence directe sur leur bien-être mental. Les agriculteurs ne devraient pas avoir à vivre en plus avec la peur que des militants pénètrent dans des enclos et mettent en danger leurs animaux, leurs moyens de subsistance et la sécurité alimentaire du Canada.
Les agriculteurs font partie des personnes les plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale comme le stress, l'anxiété, la dépression et l'épuisement professionnel. En 2021, l'Université de Guelph a constaté qu'un agriculteur canadien sur quatre avait l'impression que sa vie ne valait pas la peine d'être vécue, souhaitait mourir ou avait pensé à mettre fin à ses jours au cours des 12 derniers mois.
Sandi Brock et son époux élèvent des moutons et exploitent une ferme céréalière près de Hensall, en Ontario, dans un endroit qui, selon elle, est situé au milieu de nulle part, et pourtant Google a conduit des étrangers directement jusqu'à sa porte. Sandi a eu la gentillesse de partager son histoire avec moi.
Elle a écrit ce qui suit:
Je crains depuis longtemps les forces des groupes qui s'en prennent aux modes d'exploitation agricole (et plus particulièrement à l'élevage) et qui se sont donné pour mission de mettre un terme à l'agriculture animale. Je respecte toutefois également les valeurs fondamentales de ces personnes.
En 2017, j'ai décidé de créer une chaîne YouTube pour faire « entrer » les gens dans notre exploitation et dans notre vie d'agriculteurs au sein d'une exploitation familiale de l'Ontario. Au lieu d'attendre du grand public qu'il ait confiance en nous et qu'il comprenne ce que nous faisons, j'allume ma caméra, presque tous les jours, pour que les gens soient à nos côtés et nous voient travailler...
J'ai créé cette chaîne dans l'espoir, non pas de changer les mentalités, mais plutôt de donner un contexte au travail que nous effectuons chaque jour. Non pas pour éduquer, mais peut-être pour cultiver l'empathie. Il s'avère que des millions de personnes ont regardé cette chaîne au fil des ans et que même celles qui s'opposent à l'agriculture animale nous ont tendu la main et nous ont témoigné leur respect sincère en tant qu'agriculteurs et en tant que famille.
Mais ma section de commentaires n'est pas toujours très agréable à lire, et j'ai toujours le sentiment qu'un jour, l'une des personnes qui ont fait des commentaires négatifs se présentera devant ma porte. Et croyez‑moi, c'est déjà arrivé.
Heureusement, jusqu'à présent, les étrangers qui ont trouvé mon adresse et se sont présentés à l'improviste l'ont fait parce qu'ils m'appréciaient. Malheureusement pour moi, je ne fais pas la différence. Lorsque ces personnes se présentent, je vis une expérience extracorporelle sans pareil. Je tremble de la tête aux pieds pendant des heures après leur départ, et le sentiment créé par cette intrusion reste en moi pendant des jours.
Nous vivons là où nous travaillons. La vulnérabilité des étrangers qui se présentent à l'improviste est une chose, mais la violation de la vie privée est d'un tout autre niveau, et c'est sur ce point que je me tiens fermement aux côtés de mes collègues éleveurs.
Ces intrusions s'apparentent à un cambriolage et, honnêtement, elles en sont un. Les entreprises et les habitations sont protégées par la loi. Nos exploitations agricoles sont littéralement notre exploitation et notre logement, et doivent donc être protégées.
J'ai commencé à partager ma vie en ligne pour aider à établir des liens, fournir un contexte et faire connaître l'expérience d'une petite exploitation agricole familiale. J'ai atteint mon objectif, et bien plus encore, et je suis très fière des liens que nous avons établis. Mais après avoir subi même les formes les plus légères d'intrusion, et après avoir vu et ressenti de première main à quel point nous sommes vulnérables en tant qu'industrie, je me demande sérieusement si tout ce travail en valait finalement la peine.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et bonjour à tous.
Je m'appelle Paul Doyon. Je suis premier vice-président général de l'Union des producteurs agricoles, ou UPA. Je suis producteur laitier et acéricole. Je suis accompagné aujourd'hui d'Annie Tessier, coordonnatrice adjointe à la Direction des recherches et politiques agricoles de l'UPA.
La biosécurité animale est une préoccupation importante, tant pour la santé et le bien-être des animaux qu'en raison des conséquences économiques et commerciales majeures associées aux maladies animales. L'UPA considère que le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la santé des animaux, donne un signal clair de l'importance du respect des mesures de biosécurité dans les entreprises agricoles pour dissuader les intrusions dans les lieux d'élevage.
La biosécurité et la santé des animaux sont des responsabilités qui relèvent des éleveurs, en partie déterminées par la Loi sur la santé des animaux, qui précise les mesures à prendre lorsqu'une maladie se déclare dans un troupeau. La Loi prévoit notamment que les lieux visés ne sont accessibles qu'aux personnes autorisées à y entrer pour limiter les risques de propagation de maladies.
De plus, les différents secteurs d'élevage travaillent en prévention et ont adopté des protocoles de salubrité et de biosécurité souvent très stricts en vertu desquels seules les personnes autorisées et respectant ces protocoles peuvent entrer dans les lieux d'élevage. Les fournisseurs d'intrants agricoles, les transporteurs de bétail et les équarrisseurs ont aussi leur rôle à jouer en matière de biosécurité animale.
Au cours des dernières années, la montée des mouvements anti-viandes et anti-spécistes se fait sentir dans de nombreux pays, dont le Canada. Beaucoup de ces manifestations ont eu lieu dans des lieux publics. Or, une faction plus radicale est prête à la désobéissance civile et organise des intrusions dans des lieux privés, comme les entreprises agricoles. Par exemple, au Québec, il y a eu une intrusion dans une ferme de production porcine de la région de Saint‑Hyacinthe en décembre 2019. Les 11 coaccusés ont été reconnus coupables d'entrée par effraction et de méfait. Par ailleurs, en avril 2021, en période de confinement en raison de la COVID‑19, deux activistes ont fait intrusion dans une ferme laitière de l'Estrie et ont tenté de relâcher des animaux.
Or, il est bien établi scientifiquement que l'entrée de personnes non protégées ou ne connaissant pas les règles à suivre dans un lieu d'élevage représente un risque non négligeable à la biosécurité, à la santé et au bien-être des animaux. Les vêtements et les chaussures d'un intrus n'ayant pas respecté le protocole de biosécurité peuvent être porteurs de pathogènes ou de contaminants.
Certaines maladies ont décimé des troupeaux et ont obligé leur abattage systématique. Les cas de grippe aviaire dans les élevages de poulets et de dindons canadiens et québécois se sont multipliés et nécessitent une mobilisation importante des producteurs et des intervenants.
Les personnes autorisées à entrer dans les lieux d'élevage connaissent les dangers de leur comportement: des mouvements brusques, des bruits incongrus ou un changement de routine peuvent engendrer un stress chez les animaux et mener à des comportements erratiques pouvant les amener à se blesser, à blesser mortellement leurs congénères ou leurs petits. De plus, un animal ayant subi un stress important sera plus enclin à développer des problèmes de santé. Ainsi, sans mener à une dépopulation du troupeau, une entrée sans autorisation pourrait introduire des maladies dans l'élevage et nécessiterait l'utilisation accrue d'antibiotiques, alors que le milieu agricole — éleveurs, vétérinaires et instances gouvernementales — travaille à la lutte contre la résistance aux antibiotiques.
Tous ces éléments entraîneront des conséquences importantes sur la santé financière de l'entreprise, mais aussi sur la santé mentale du producteur, de sa famille et de ses employés.
Plusieurs provinces canadiennes ont des lois particulières sur les intrusions. D'autres, comme le Québec, utilisent les lois provinciales et le Code criminel pour porter des accusations d'entrée par effraction ou de méfait contre les personnes qui entrent sans autorisation dans des lieux privés.
Le projet de loi est un outil important dont disposera le gouvernement fédéral pour protéger de façon uniforme les animaux d'élevage des conséquences des intrusions en prévoyant des sanctions importantes pouvant dissuader des individus ou des groupes de s'introduire dans les lieux d'élevage sans autorisation et sans le respect des protocoles de biosécurité ou de bien-être des animaux établis.
Étant donné qu'une entrée sans autorisation dans un lieu d'élevage amène un risque accru d'exposition aux maladies et aux contaminants pour les animaux qui s'y trouvent, qu'elle soit préméditée ou non, nous croyons important de clarifier le libellé dans la Loi. Cette dernière devrait clairement préciser que toute personne qui entre sans autorisation dans un lieu d'élevage, dans un enclos ou dans une zone de biosécurité d'un élevage, est réputée amener un risque, et ce, même si elle respecte les protocoles de biosécurité en place. Il est tout aussi important de respecter le bien-être des animaux.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur Doyon.
Nous passons maintenant à la période de questions.
[Traduction]
Voici comment nous allons procéder, chers collègues. Il nous reste 45 minutes. Pour le premier tour, tous les partis principaux auront cinq minutes. Au deuxième tour, les libéraux et les conservateurs disposeront de cinq minutes, et le Bloc et le NPD de deux minutes et demie. Au troisième tour, nous accorderons cinq minutes au gouvernement et au parti de l'opposition. De cette façon, tout le monde aura l'occasion de s'exprimer.
Je devrai malheureusement faire preuve d'une grande rigueur quant au temps imparti. Je suis habituellement assez indulgent, mais cette fois‑ci, je serai très strict.
[Français]
Monsieur Lehoux, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Il y a tant de choses auxquelles un agriculteur doit penser ou auxquelles il doit faire face chaque jour, et qui sont hors de son contrôle, mais qui influent directement sur sa capacité à réussir. Ces préoccupations pèsent sur eux en permanence. Ils vivent là où ils travaillent, et n'ont donc pas la possibilité de rentrer chez eux à la fin de la journée et de prendre de la distance. Ce fait ajoute à la charge mentale et au stress qu'ils subissent en permanence.
Au fil des ans, nous avons constaté qu'il y a un décalage entre les personnes qui produisent les denrées alimentaires et celles qui sont déconnectées des exploitations. Nous sommes tous des consommateurs, je ne vais donc pas vous dire que vous êtes soit l'un, soit l'autre. Beaucoup de producteurs se sentent incompris. Ils ont l'impression que les gens pensent qu'ils essaient de faire du mal à leurs animaux, qu'ils ne se soucient pas de ces derniers, qu'ils ne se soucient pas de ce qu'ils font ou de l'environnement.
Ils ne peuvent contrôler ni leurs prix, ni les conditions météorologiques, ni le commerce. Le risque supplémentaire que quelqu'un puisse pénétrer à tout moment dans leur exploitation, leur grange ou leur maison... C'est peut-être simplement cela, et peut-être qu'ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants faire leurs corvées parce qu'ils ont peur de ce risque, et le poids de ce risque...
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Oui, merci pour cette question.
Je pense que c'est une très bonne question. J'ai déjà posé une question semblable à propos de ce projet de loi. Il s'agit d'un projet de loi très important pour les agriculteurs canadiens, et nous le soutenons pleinement. Comme on l'a dit précédemment, il est important d'un point de vue national pour les agriculteurs, ainsi que pour garantir et soutenir nos objectifs en matière de sécurité alimentaire, de santé mentale et de commerce international.
Pour ce qui est de l'intégrité du processus, je pense que le Canada dispose déjà de codes de pratique très solides en matière de bien-être animal. Ces codes ont été élaborés conjointement par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage avec un ensemble diversifié de parties prenantes, dont Animaux Canada.
Nous disposons d'un système pour lutter contre les acteurs malveillants. Nous avons évidemment le Code criminel du Canada, qui interdit à quiconque de provoquer volontairement la souffrance d'un animal en le négligeant ou en lui infligeant une douleur ou une blessure. Je pense qu'il faut également souligner qu'en fin de compte, les mesures incitatives sont là pour préserver et promouvoir la biosécurité et le bien-être des animaux. Les agriculteurs ont tout à perdre et rien à gagner en cas de faille du dispositif de biosécurité.
Voilà comment je répondrais à cette question.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être des nôtres aujourd’hui.
Monsieur Doyon, vous avez mentionné un élément intéressant: l'utilisation supplémentaire d'antibiotiques qui pourrait être nécessaire à la suite d'une contamination. De mémoire, je pense que c'est la première fois que quelqu'un nous en parle. C'est quand même pertinent.
Vous avez aussi mentionné que la législation des provinces et du Québec n'était pas égale et que, dans un endroit comme dans l'autre, on va utiliser certaines lois. Vous avez dit qu'au Québec, on utilise le Code civil et le Code criminel. Les gens qui remettent en question le projet de loi nous disent qu'il n'est pas nécessaire parce qu'il y a déjà des lois qui peuvent protéger contre les intrusions.
J'aimerais bien que vous nous parliez de cet aspect. Pourquoi le projet de loi est-il essentiel? Qu'est-ce qu'il va venir changer par rapport à la législation qui existe présentement?
Tout d'abord, j'apprécie réellement les motivations de M. Barlow qui souhaite, grâce à ce projet de loi, protéger la santé mentale des agriculteurs.
Madame Reynolds, j'ai beaucoup appris de votre témoignage aujourd'hui et je vous en suis très reconnaissant, surtout en tant que porte-parole du NPD pour la santé mentale. Je sais que M. MacDonald vous a demandé ce que le Canada pouvait faire de plus pour soutenir la santé mentale des agriculteurs. Je sais que le numéro de téléphone à trois chiffres de prévention du suicide sera mis en place à la fin du mois de novembre et que des accords bilatéraux sont en cours d'élaboration avec les provinces. Il n'y a toutefois pas beaucoup de conditions qui garantissent que l'argent ira directement à la santé mentale. Certaines provinces pourraient même consacrer l'intégralité de ces fonds aux soins de longue durée ou à d'autres besoins importants.
Le gouvernement a promis d'investir 4,5 milliards de dollars sur cinq ans dans la santé mentale, qui pourraient servir à financer différentes initiatives, comme le financement ciblé de la santé mentale des agriculteurs. Pouvez-vous nous parler de la nécessité d'un financement ciblé pour soutenir les agriculteurs et des soutiens qui pourraient leur être offerts?
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Je vous remercie de me donner l'occasion d'en parler.
Une approche nationale s'impose pour favoriser la santé mentale des agriculteurs. Il existe des programmes provinciaux fantastiques, dont certains sont en place depuis plus de 20 ans et dans le cadre desquels les agriculteurs ont accès à une ligne d'écoute téléphonique et à des conseils gratuits. Ils n'ont pas toujours les moyens de se procurer des services d'aide et de soutien, car beaucoup dirigent leur propre entreprise et n'ont pas d'avantages sociaux, de sorte que le coût est parfois un obstacle.
Il y a, bien sûr, la question de la stigmatisation, et ils peuvent aussi avoir des réticences — et ce peut-être le plus gros obstacle — à se tourner vers les systèmes traditionnels par crainte que la personne ne comprenne pas les problèmes auxquels ils font face. Disposer d'un soutien particulier en santé mentale pour les agriculteurs et d'une approche nationale... La ligne d'assistance téléphonique 988 est un service extraordinaire, mais il faut s'assurer que les personnes à l'autre bout du fil connaissent et comprennent la nature de leur travail pour ne pas qu'ils se fassent répondre de prendre des vacances parce qu'ils souffrent d'un épuisement professionnel et ont besoin d'une pause.
Il faut s'assurer d'avoir une approche nationale, en veillant à ce que les services ne disparaissent pas au bout de quelques années et en s'assurant que les personnes qui interagissent avec les agriculteurs comprennent leur réalité et sont les mieux placées pour les aider.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous.
Madame Reynolds, je veux vous poser une question au sujet des statistiques que vous avez données dans votre témoignage, qui sont très frappantes.
J'ai vécu cette situation lors de la crise de l'ESB, l'encéphalopathie spongiforme bovine, il y a plus de 20 ans. Nous avons perdu quelque 3 000 ranchs. Cela a coûté plus de 10 milliards de dollars. Je pense que ce dont nous ne parlons pas assez, c'est des répercussions que cela a eues sur nos familles d'agriculteurs. Deux décennies plus tard, nombre d'entre elles tentent encore de s'en remettre.
Vous avez parlé des discussions que vous avez eues avec des agriculteurs à la suite de la grippe aviaire. Il ne s'agit pas seulement des intrus. Quelles sont les répercussions sur les agriculteurs et leur santé mentale lorsqu'ils doivent euthanasier des troupeaux entiers? Pouvez-vous nous parler des répercussions que cela a sur les agriculteurs?
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Bien sûr, et je vous remercie de la question.
Comme nous l'avons vu précédemment, les lois provinciales sur les intrusions sont quelque peu incomplètes. Je pense que ce projet de loi comble une lacune importante à cet égard. Il accroît l'importance de la biosécurité et en fait un enjeu crucial pour les agriculteurs canadiens.
Nous pensons qu'il s'agit d'une question d'importance nationale qui doit faire l'objet d'une loi pour protéger les Canadiens et les agriculteurs canadiens, parce qu'elle touche aux enjeux dont nous avons parlé ici aujourd'hui, notamment la sécurité alimentaire, la production, la santé mentale, bien sûr, et l'incidence sur le commerce international. La violation des règles de biosécurité et les épidémies dans les exploitations agricoles ont d'importantes répercussions sur le commerce international et peuvent coûter des millions de dollars à l'ensemble de l'économie et à la société canadienne.
Je pense qu'il existe des arguments convaincants en faveur de ce projet de loi.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais commencer par remercier tous les témoins de leur présence.
Je pense que tous les membres du Comité sont d'accord pour dire que la biosécurité dans les exploitations agricoles est une préoccupation réelle et que la santé mentale et le bien-être de nos agriculteurs sont également préoccupants. Je ne pense pas qu'il y ait de désaccord sur ce point. Je pense que le désaccord porte sur l'intention de ce projet de loi et sur sa nécessité. Je pense que les lois sur les intrusions relèvent de la compétence des provinces; nous le savons, et de nombreuses lois sont déjà en place.
Madame Reynolds, je vous suis vraiment reconnaissante du travail que votre organisation et vous faites pour soutenir la santé mentale des agriculteurs. Il me semble que les épidémies dans les exploitations agricoles sont une cause réelle de stress mental pour eux. Lorsque j'ai consulté la liste des épidémies, depuis 2020 au moins, elles ont été nombreuses, comme vous le savez, mais on peut se demander — et nous pouvons en débattre — si l'une d'entre elles a été causée par un intrus.
Je me demande si c'est l'une des principales causes de stress. Dans le récent rapport que vous avez publié, Mesurer les impacts et définir les mesures à prendre, en avril 2023, vous avez recensé 14 causes de stress pour les agriculteurs. Les intrusions ne se trouvaient pas parmi ces 14 causes. N'y a‑t‑il pas des problèmes plus importants, et ne pouvons-nous pas nous attaquer plus directement au problème de la biosécurité qui affecte la santé mentale des agriculteurs pour vraiment le résoudre?
Beaucoup de causes ont été recensées, et beaucoup étaient liées aux pratiques à la ferme, en fait.
Monsieur Berrigan, je voudrais revenir sur une question posée plus tôt par mon collègue M. Barlow concernant l'augmentation de l'activisme animalier. Tout d'abord, je tiens à rectifier le compte rendu, car M. Barlow a mentionné que toutes les organisations de protection des animaux cherchent à mettre fin à l'élevage. Comme vous le savez, vous avez travaillé avec certaines d'entre elles et ce n'est pas le cas. Elles sont là pour protéger le bien-être et la sécurité des animaux. Nous avons reçu des courriels qui montrent qu'elles se préoccupent vraiment de la santé et la sécurité des animaux.
L'augmentation des chiffres dont nous a parlé M. Barlow concernait, bien sûr, les États-Unis. Selon vous, pourquoi y a‑t‑il une augmentation des dons et pourquoi les gens donnent-ils autant? Que trouvent-ils dans les fermes? De quels événements parlent-ils? Il est clair que le problème prend de l'ampleur et que les gens se préoccupent du bien-être des animaux, alors selon vous, sur quoi cela repose‑t‑il?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais faire quelques mises au point. Il y a parfois des informations erronées, même au sein de nos comités. Il y a eu deux cas d'épidémie dus à des intrusions. L'un d'eux est survenu dans la ville de Québec, où l'on a constaté la présence du rotavirus dans une ferme — ce qui ne s'était pas vu depuis 40 ans — après que des manifestants illégaux s'y soient rendus. Un autre est survenu dans une ferme d'élevage de visons en Ontario, où des intrus ont relâché des milliers d'animaux, ce qui a entraîné une épidémie de maladie de Carré. Je ne sais pas ce que les autres membres du Comité ont entendu, mais c'est ce qui s'est passé et c'est ainsi que des manifestants ont provoqué l'apparition de maladies dans des exploitations.
J'aimerais consigner au compte rendu quelques autres éléments au sujet de certaines organisations qui s'opposent à l'utilisation des animaux dans l'alimentation, notamment PETA, dont les recettes se sont élevées à 82,2 millions de dollars l'année dernière. Voici une citation directe: « Mettre fin au spécisme est notre objectif ultime. Une stratégie pour y mettre fin serait de mettre fin à l'utilisation des animaux comme nourriture. » Ce sont les mots de Matthew Braun, responsable des campagnes de protestation populaire, en 2021.
J'aimerais également citer la Humane League, dont les recettes totales s'élèvent à 13,6 millions de dollars: « trouvez une cible vulnérable... Plus c'est cruel, plus vite la bataille est terminée. » Ce sont les propos de David Coman-Hidy, ancien directeur général de la campagne en 2016. Une autre est celle de Direct Action Everywhere, dont les recettes totales s'élèvent à 1,6 million de dollars: « Nous essayons de détruire l'élevage », a déclaré son cofondateur Wayne Hsiung en 2016.
Mes questions s'adressent à Mme Reynolds.
Lorsque les agriculteurs voient ces commentaires et savent que des centaines de millions de dollars sont investis pour mettre fin à leurs activités, et qu'ils voient ces commentaires en ligne, comme l'histoire que vous nous avez racontée de la personne en Ontario, il est évident que cela affecte leur santé mentale. Si l'un des membres de ce comité affirme qu'il n'y a pas de groupes qui tentent de mettre fin à l'élevage, pensez-vous que cela soit fondé sur des faits?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également tous les témoins ici en personne et en virtuel.
D'après la discussion d'aujourd'hui, il est clair que nous voulons tous nous assurer de protéger les agriculteurs, leur santé mentale et leurs animaux. C'est l'équilibre que nous semblons avoir atteint. Nous avons traité de cette question dans bien des comités et nous avons réalisé bien des études. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de démoniser un camp ou l'autre. Je pense que tout le monde travaille dans le même objectif.
Je vous suis tous très reconnaissant d'être ici. Je remercie beaucoup Mme Reynolds de la fondation Do More Agriculture. Nous avons parlé de la stigmatisation entourant la santé mentale, qui est un des grands facteurs amenant tant d'agriculteurs aux prises avec des problèmes de santé mentale à ne pas aller chercher d'aide. Vous m'avez cependant un peu rassuré quand vous avez dit que les agriculteurs sont de plus en plus à l'aise de parler de santé mentale.
Je sens toujours le poids de l'héritage traditionnel. Les agriculteurs sont toujours réticents à l'idée de se confier à quelqu'un de leur communauté. C'est pourquoi je suis si fier que nous ayons désormais AgTalk, un outil de soutien par les pairs, et la ligne d'écoute pour prévenir le suicide que nous lancerons très bientôt.
Vous avez parlé des problèmes qui ne dépendent pas des agriculteurs, mais qui limitent leur capacité de travailler. Les principaux enjeux dont j'entends parler sont les changements climatiques, dont témoignent vos études, si je ne m'abuse, l'incertitude financière, l'isolement et la solitude (surtout ces dernières années), la charge de travail et les contraintes de temps. Voilà les grands enjeux.
Sur une échelle d'importance, où se situeraient les préoccupations liées aux intrusions?
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Je vous remercie, chers collègues. Nous avons réussi à faire trois tours.
Je vous remercie, monsieur Johns, de nous avoir redonné deux ou trois minutes.
Au nom du Comité, je tiens à remercier tous nos témoins ici présents aujourd'hui dans la salle — M. Berrigan et Mme Reynolds — et par vidéoconférence — M. Lampron, M. Doyon et Mme Tessier. Je vous remercie de votre apport à l'agriculture et de votre présence aujourd'hui.
Avant de partir, chers collègues, nous devons examiner le rapport du sous‑comité qu'a préparé la greffière, qui veut que nous allions de l'avant pour le déposer. Nous en avons déjà discuté. Je sais qu'il a été question de peut-être aller dans une autre direction. Cela ne pose aucun problème. En tant que comité, nous pouvons toujours décider de procéder différemment, mais je signale que nous avons tenu une séance de sous‑comité et discuté de divers aspects. Si notre position change au bout du compte, il n'y a aucun problème. Je vous promets que je n'essaie pas de vous guider dans une mauvaise direction.
Ai‑je le consentement unanime du Comité pour adopter ce rapport?
Des députés: D'accord.
Le président: Chers collègues, nous poursuivrons cette étude à la prochaine séance, le jeudi 5 octobre.
La séance est levée.