Bienvenue à toutes et à tous à la 28e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Le Comité se réunit aujourd'hui en vue d'étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de la COVID-19. Plus précisément, nous nous penchons aujourd'hui sur les effets collatéraux de la pandémie.
J'informe les membres du Comité que les témoins que nous avons convoqués la semaine dernière ont confirmé qu'ils étaient disponibles pour la réunion de vendredi.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins qui se joignent à nous aujourd'hui. Nous accueillons Mme Carmelle Hunka, vice-présidente du personnel et risque et avocat général de la Calgary Airport Authority; M. Jim Stanford, économiste et directeur du Centre for Future Work; et Mme Claire MacLean, directrice générale de la SHARE Family & Community Services Society. Bienvenue à vous.
Nous avons peut-être des travaux à traiter avant de passer aux témoins.
Madame Rempel Garner, voulez-vous présenter votre motion maintenant?
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Bonjour et merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Carmelle Hunka. Je suis vice-présidente du personnel et risque et avocate générale de la Calgary Airport Authority.
Les aéroports jouent un rôle essentiel dans la protection de la santé et de la sécurité d'innombrables travailleurs, de milliers d'employés et des collectivités qu'ils desservent. Je suis ici aujourd'hui pour faire le point sur les efforts que nous avons déployés, pour demander au gouvernement d'accroître sa collaboration avec l'industrie à l'égard d'une approche nationale en matière de dépistage et pour soutenir les innovations visant à assurer la reprise sécuritaire du transport aérien.
Je serai aussi ravie de répondre à vos questions.
La Calgary Airport Authority est un catalyseur des économies de l'Alberta et du Canada: elle ajoute des milliards de dollars au PIB provincial et elle emploie, directement et indirectement, des milliers d'Albertains. L'aéroport international de Calgary, YYC, est fier de jouer un rôle déterminant dans l'écosystème canadien du transport aérien. Depuis le début de la pandémie, il compte parmi les quatre aéroports canadiens désignés qui continuent d'accueillir des voyageurs internationaux.
Comme vous le savez, la COVID-19 a eu un effet particulièrement dévastateur sur les aéroports, les transporteurs aériens et les milliers d'entreprises complémentaires qui dépendent du système canadien du transport aérien. La pandémie a décimé la demande de voyages. Elle a effacé près de 25 ans de croissance de notre clientèle; la dernière fois que nous avons enregistré le même petit nombre de passagers était en 1995. De plus, les revenus de l'aéroport ont diminué de 60 % comparativement à l'année précédente, et nous avons dû ajouter 68 millions de dollars à notre dette en 2020 pour maintenir nos activités.
Malgré tout, nous sommes toujours résolus à faire de la santé et de la sécurité des passagers et des employés notre priorité. La participation récente de l'aéroport de Calgary au programme pilote de dépistage aux frontières, le programme de dépistage maintenant offert à nos employés et notre vision pour l'avenir témoignent de notre engagement à cet égard.
Le programme pilote de dépistage aux frontières a été mis sur pied dans le but de dépister les voyageurs internationaux entrant à l'aéroport de Calgary. Il a été en place du début de novembre 2020 jusqu'à la fin de février dernier. Le programme pilote offrait aux voyageurs en provenance de l'extérieur du Canada la possibilité de réduire la durée de leur quarantaine de 14 jours après avoir reçu un résultat négatif à 2 tests de dépistage de la COVID-19. Les voyageurs passaient le premier test à leur arrivée à l'aéroport, et le deuxième, six ou sept jours plus tard. Si le résultat du premier test était négatif, les voyageurs pouvaient réduire la durée de leur quarantaine, à condition de demeurer dans la province et de se conformer à d'autres exigences.
La médecin hygiéniste en chef de l'Alberta considérait le projet pilote comme un outil essentiel pour identifier les variants préoccupants entrant dans la province. Globalement, les responsables de la santé ont établi que le taux de positivité était de 1,37 % pour le premier test et de 0,69 % pour le deuxième. De notre côté, nous croyons aussi que cette collecte de données a été un succès et que le dépistage à l'aéroport était une manière efficace d'enrayer la propagation du virus, notamment puisqu'il constituait un important système d'alerte précoce.
En outre, le déploiement de tests rapides pour le dépistage compte parmi les recommandations présentées dans le premier rapport du Comité consultatif d'experts en matière de tests et de dépistage de la .
Ayant constaté de première main la valeur des tests et du dépistage, nous avons mis en place un programme volontaire de dépistage de la COVID-19 à l'intention de nos employés et de certains partenaires travaillant à l'aéroport. Les tests antigéniques rapides sont réalisés sur place et ils donnent un résultat en 20 minutes. Ce programme fournit une protection supplémentaire à nos employés tout en réduisant le risque de transmission asymptomatique.
Nous demandons au gouvernement de travailler en collaboration avec nous et de favoriser l'évolution technologique des protocoles de dépistage, y compris la réalisation de tests dans les aéroports, l'utilisation efficace de systèmes de données et la mise en place d'infrastructures de dépistage modernes. Par ailleurs, nous suivons de près l'avancement des efforts déployés au Canada et sur la scène internationale, notamment par nos partenaires du G7 et l'Union européenne, au chapitre de la création de documents reconnus qui permettraient la circulation transfrontalière des personnes pendant la pandémie. Dans l'immédiat, une approche réfléchie, axée sur les données et conçue sur mesure est absolument essentielle à la reprise des déplacements au Canada. La participation du gouvernement à ces efforts collectifs serait la bienvenue.
En somme, une approche unifiée à l'égard de la modernisation des mesures de dépistage des passagers et l'utilisation efficace de systèmes de données fiables sont indispensables pour rétablir la confiance envers les voyages aériens, ainsi que pour protéger la santé des employés du secteur du transport aérien, des passagers et des collectivités que nous desservons. Nous espérons que le gouvernement participera aux efforts en ce sens.
Je vous remercie pour votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je vous suis reconnaissant de m'avoir invité à me joindre à vous aujourd'hui et de déployer des efforts en vue d'aider le Canada à traverser cette période invraisemblable.
Je suis Jim Stanford, économiste et directeur du Centre for Future Work, un centre d'études et de recherches sur l'économie du travail ayant des bureaux ici à Vancouver, ainsi qu'à Sydney, en Australie.
En ma qualité d'économiste du travail, je vais parler des effets de la COVID-19 principalement sous l'angle des emplois, des travailleurs et des lieux de travail. Mes observations s'inspireront en grande partie d'un important rapport préparé par notre centre et intitulé 10 Ways the COVID-19 Pandemic Must Change Work For Good. Si vous ou votre personnel souhaitez en savoir plus, vous pouvez accéder au rapport à partir de notre site Web, centreforfuturework.ca.
Bien entendu, il existe de nombreux liens entre la pandémie de COVID-19 et le travail. Depuis le début et encore aujourd'hui, les lieux de travail sont des endroits de contagion importants. Les gens qui y travaillent et leurs clients sont donc vulnérables. Or la vulnérabilité ne découle pas uniquement des endroits où nous travaillons; manifestement, le risque de contagion est particulièrement élevé dans certaines industries et certains types de lieux de travail. Le risque dépend en grande partie de la configuration de l'espace de travail et de la proximité entre les travailleurs ou entre les travailleurs et les clients.
Il y a aussi un lien avec la façon dont nous travaillons. Plus précisément, il existe un rapport entre les relations de travail et les risques de contagion découlant de la prévalence des régimes de travail non conventionnels ou précaires qui accroissent la vulnérabilité à la maladie. En raison de l'augmentation des régimes de travail non conventionnels ou précaires, dans le cadre desquels les personnes n'occupent pas des postes réguliers et permanents à temps plein et n'ont pas accès aux avantages sociaux habituels, la COVID-19 a touché la population de diverses façons.
D'abord, dans la majorité des cas, les travailleurs occupant des postes non conventionnels n'ont pas droit à des congés de maladie payés. Ils sont donc contraints, du point de vue économique, à continuer de travailler même lorsqu'ils devraient s'isoler.
Ensuite, pour joindre les deux bouts, nombre de gens dans des situations de travail non conventionnelles doivent toucher plusieurs salaires et occuper deux, trois, voire quatre emplois en même temps. Ils se rendent donc sur plusieurs lieux de travail, ce qui augmente naturellement le risque qu'ils répandent le virus dans différents endroits. Nous avons constaté les répercussions catastrophiques de cette réalité au début de la pandémie: en effet, les travailleurs se trouvant dans des situations de travail non conventionnelles et précaires ont joué un grand rôle dans la propagation de la COVID-19 dans de multiples établissements de soins de longue durée.
Par ailleurs, l'absence générale de stabilité et de permanence propre aux régimes de travail non conventionnels, le manque de formation et d'acquisition de compétences dans les emplois précaires, ainsi que l'absence de voies par lesquelles les employés occupant ces emplois peuvent exprimer leurs préoccupations et leurs besoins sont tous des facteurs qui accroissent la vulnérabilité.
En ce qui concerne les effets de la COVID-19 sur les emplois, nous avons constaté que la pandémie a considérablement aggravé les inégalités touchant les résultats en matière d'emploi qui existaient déjà avant la pandémie.
Durant les premiers mois de la pandémie, des secteurs précis du marché du travail ont essuyé une part incroyable des pertes d'heures de travail et de revenus. Certaines industries ont dû fermer immédiatement, notamment celles dont les activités se font en personne, comme la vente au détail, l'hôtellerie, les arts et les loisirs, les services personnels et de nombreux services de transport. Il faut également souligner les effets disproportionnels sur les différents groupes d'âge et les hommes et les femmes: les jeunes ont été les plus touchés par les pertes d'emploi, et il y a eu plus de pertes d'emploi chez les femmes que chez les hommes.
Bien sûr, il faut aussi tenir compte des types d'emploi et des niveaux de travail. Le nombre d'emplois perdus était quatre ou cinq fois plus élevé chez les travailleurs à temps partiel et les travailleurs temporaires que chez les employés permanents. De fait, beaucoup d'employés occupant de relativement bons emplois ont été en mesure de faire du télétravail et n'ont perdu aucun revenu en raison de la pandémie.
Ainsi la pandémie a considérablement aggravé les conséquences des inégalités. Selon moi, elle en coûtera longtemps au Canada sur les plans économique, social, financier et de la santé, à moins que l'objectif fondamental de notre réponse stratégique après la COVID-19 soit d'aider les personnes qui en ont le plus besoin.
En ce qui concerne les mesures à prendre pour renforcer le marché du travail et les emplois, ainsi que pour rendre les emplois plus sécuritaires après la pandémie, je vous renvoie à notre rapport intégral. Nous y proposons un programme en 10 points qui comprend le réaménagement des espaces dans les lieux de travail; l'accès à des congés de maladie payés, ce qui est une étape essentielle; la mise en place de mesures visant à améliorer la stabilité et le bien-être dans le cadre du télétravail; et bien sûr, l'adoption de mesures qui nous permettront de régler le problème global des emplois précaires et de leur incidence négative sur la santé.
Pour plus de détails, je vous invite à consulter le rapport intégral.
Réparer le milieu du travail après la pandémie sera une tâche ardue et de longue haleine. Elle nécessitera la participation de l'ensemble des parties prenantes: les gouvernements fédéral et provinciaux, les employeurs, les organismes de réglementation, les syndicats, les établissements d'enseignement et d'autres encore. D'après moi, il s'agit d'une tâche essentielle. La pandémie a mis en lumière des failles dans le marché du travail et dans les régimes de travail. Ces failles étaient déjà visibles avant la pandémie, mais aujourd'hui, nous comprenons qu'elles ont des répercussions négatives non seulement sur les travailleurs concernés, mais aussi sur la santé publique. Afin d'améliorer le travail ainsi que de mieux protéger la santé publique, nous devrons réparer le milieu du travail après la pandémie.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président. Je vous remercie encore une fois. J'attends la discussion avec impatience.
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Merci beaucoup, monsieur le président, honorables membres du Comité. Je suis vraiment ravie d'être ici ce matin.
Je m'appelle Claire MacLean, et je suis la directrice générale de la SHARE Society.
SHARE est un organisme de bienfaisance enregistré. Notre organisme de services sociaux est assez unique en ce sens qu'il ne s'adresse pas à un seul groupe démographique, comme les personnes âgées, ou à une seule catégorie de besoins, comme l'autisme. Nous sommes vraiment là pour soutenir les membres de notre collectivité dans les moments de vulnérabilité. Nous sommes profondément convaincus que si nous pouvons entourer les gens de nos services pendant ces périodes de vulnérabilité, ils peuvent en sortir avec de meilleurs résultats.
C'est pour cette raison que SHARE propose un large éventail de services. Nous avons des services qui répondent à la vulnérabilité financière, comme la banque alimentaire, une banque d'aide au loyer, des programmes d'emploi et des logements abordables. Nous avons des services qui répondent à la vulnérabilité liée à la santé mentale, notamment des services de counselling et de traitement des dépendances. Nous avons des services qui soutiennent la vulnérabilité liée au vieillissement, entre autres, des services qui favorisent les contacts sociaux pour nos aînés et des services de transport pour les rendez-vous médicaux. Nous avons des services qui prennent en charge la vulnérabilité liée au handicap, comme des services pour les enfants et les jeunes ayant des besoins spéciaux. Nous avons des services qui soutiennent la vulnérabilité des nouveaux arrivants ou des réfugiés dans notre pays. Enfin, nous avons des programmes qui soutiennent la vulnérabilité du début et du milieu de l'enfance, y compris des programmes de soutien parental.
Grâce à ce large éventail de services, SHARE vient en aide à environ 22 000 personnes chaque année dans les villes de Coquitlam, Port Coquitlam, Port Moody, New Westminster, Anmore et Belcarra.
Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé en 2020, SHARE a été l'un des organismes désignés comme faisant partie des prestataires de services essentiels. Notre banque alimentaire n'a pas manqué un seul jour de distribution de paniers alimentaires. Dans tous nos programmes, notre personnel a fait un travail vraiment étonnant et admirable pour trouver des solutions créatives afin de veiller à ce que les personnes de notre collectivité puissent continuer à obtenir les services de soutien dont elles ont besoin.
Je sais que le Comité a déjà entendu des témoignages d'experts concernant les répercussions disproportionnées de la pandémie de COVID-19 sur les membres vulnérables de notre collectivité. Je suis en mesure d'ajouter ma voix comme témoin de cette réalité.
Nous ne pouvons pas parler des conséquences de cette pandémie sans parler des membres de notre collectivité qui sont vulnérables sur le plan financier. Ces personnes sont plus susceptibles de contracter le virus. Elles n'ont pas de congés de maladie payés et risquent donc davantage de se rendre au travail malgré la présence de symptômes ou de devoir travailler aux côtés d'une personne dans la même situation. Les personnes financièrement vulnérables sont plus susceptibles de vivre en colocation ou avec la famille élargie, ce qui multiplie les contacts au quotidien. Ces membres de notre collectivité occupent souvent des emplois occasionnels ou à temps partiel auprès de plusieurs employeurs et à plusieurs endroits, ce qui multiplie également leurs contacts.
En plus de courir un risque plus élevé de tomber malade, les membres financièrement vulnérables de notre population sont également plus exposés aux dommages collatéraux de cette pandémie. Ils sont les plus susceptibles d'avoir été mis à pied par des entreprises en difficulté, et ils n'ont pas le même accès aux services de santé mentale, aux services de garde d'enfants, aux services de soutien domestique, aux services de loisirs ou même à des aliments nutritifs. On ne saurait parler de la situation d'urgence à laquelle sont confrontés les Canadiens en raison de la pandémie de COVID-19 sans parler de la vulnérabilité financière.
Toutefois, il y a de bonnes nouvelles à cet égard. Certaines des mesures prises par le gouvernement au plus fort de la pandémie ont très efficacement contribué à atténuer les effets sur les personnes financièrement vulnérables. Les membres des collectivités desservies par SHARE nous ont dit que les versements de la PCU avaient été indispensables pour le bien-être de leurs familles. En outre, le soutien financier apporté aux banques alimentaires a été extrêmement efficace. Avec une banque alimentaire qui sert plus de 2 000 personnes chaque mois, je peux vous dire que le financement reçu par SHARE nous a permis de nourrir un plus grand nombre de ménages et de leur fournir les aliments nutritifs dont ils avaient besoin. Nous sommes reconnaissants de ces efforts et remercions le gouvernement des mesures qu'il a prises.
Pour l'avenir, j'implore le Comité d'envisager deux recommandations bien précises.
La première est de maintenir ces mesures de soutien. Les membres financièrement vulnérables de notre collectivité ont été plus durement touchés par cette pandémie et mettront forcément plus de temps à s'en remettre. Cela ne se mesure pas en mois; il faudra plutôt des années. Maintenir le financement gouvernemental pour les banques alimentaires et les programmes qui continuent à mettre de l'argent directement entre les mains des personnes démunies de nos collectivités est un moyen efficace qui s'impose.
Deuxièmement, il faut fournir au secteur des services communautaires le financement de l'infrastructure dont il a désespérément besoin. Alors que l'attention et le financement se concentrent à juste titre sur les hôpitaux et les services de soins primaires et d'urgence, ce sont les services communautaires, tels que ceux de SHARE, qui complètent le cycle de soutien à nos citoyens.
Une petite fille qui vient au monde après 26 semaines de gestation est renvoyée de l'hôpital local avec une sonde d'alimentation et des prévisions alarmantes quant à son développement à long terme et à sa réussite scolaire. Ce sont les orthophonistes, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes de SHARE qui travaillent avec ses parents pour qu'elle apprenne à boire au biberon, à faire ses premiers pas et à dire ses premiers mots.
C'est grâce au travail de SHARE et de sa famille qu'elle peut faire son entrée à l'école maternelle sans jamais avoir remis les pieds à l'hôpital depuis sa petite enfance.
Quant à l'aîné qui consomme de l'alcool afin de supporter sa solitude et sa dépression et qui a dû se rendre à l'urgence après une chute particulièrement grave, un soir, ce sont les conseillers de SHARE qui l'ont aidé à trouver un meilleur moyen de s'en sortir. Les équipes de SHARE chargées de la représentation juridique et du logement veillent à ce qu'il ne soit pas expulsé et contraint de devenir un sans-abri et à ce qu'il ne se rende pas plus souvent à l'urgence.
Le système de santé de notre pays ne fonctionne pas sans les services sociaux et les organisations communautaires comme SHARE. Pourtant, on nous refuse constamment tout type de soutien à l'infrastructure de base et de financement pour les besoins informatiques ou administratifs. Continuer à priver ce secteur de soutien met en danger la santé et le bien-être de tous les Canadiens.
Distingués membres du Comité, en tant que personne qui fait ce travail et qui a le privilège de travailler dans le domaine des services communautaires depuis plus de 20 ans, et qui a travaillé en Colombie-Britannique, en Ontario et en Alberta, je peux vous dire que ces histoires ne sont pas uniques aux trois villes ou à SHARE. La nécessité de soutenir les membres les plus vulnérables de nos collectivités s'étend à tout le pays. La solution d'un soutien financier direct et d'un financement soutenu qui tient compte de l'infrastructure nécessaire au secteur des services communautaires est une solution qui pourrait être appliquée à l'échelle nationale.
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Merci, monsieur le président.
Je salue mes collègues.
Aux témoins d'aujourd'hui, merci beaucoup. J'avais préparé quelques questions pour ce matin, mais je les ai en quelque sorte effacées en raison du témoignage présenté aujourd'hui, que j'ai trouvé très, très important. Que l'on parle de sécurité alimentaire, de banques alimentaires ou de financement durable, je vous entends. Je suis passé par là. En ce qui concerne la nécessité d'ajouter aux 25 millions de tests rapides dont nous disposons actuellement, c'est beaucoup, mais il en faut plus. C'est un travail important qui se poursuit.
Monsieur Stanford, je vais me concentrer sur vous. Je tiens à vous remercier de votre témoignage aujourd'hui. En tant que promoteur de projets communautaires, j'ai toujours trouvé que les économistes comme vous étaient essentiels pour nous permettre de comprendre comment nous pouvons faire avancer les collectivités et le pays.
Comme vous le savez, notre gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures de soutien pour les Canadiens pendant la pandémie, notamment la PCU. Pour moi, en tout cas, elle a essentiellement servi de revenu de base à ceux qui en avaient le plus besoin. Je suis un défenseur du revenu de base dans ma circonscription, dans la région de l'Atlantique.
Je me demande si vous pouvez nous dire ce que vous pensez du revenu de base. Pensez-vous qu'un cadre national pour un revenu de base pourrait aider les Canadiens au moment où nous entrons dans une phase de reprise post-pandémique?
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C'est vrai. Vos commentaires sont fort appréciés. Je vous en remercie.
L'année dernière, le gouvernement fédéral a injecté très rapidement des sommes massives en soutien du revenu, ce qui a été absolument indispensable pour traverser la crise aussi bien que nous l'avons fait. De toute évidence, c'était malgré tout une expérience très pénible et bouleversante pour des millions de Canadiens. Plus particulièrement, la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, a été essentielle pour que les Canadiens puissent avoir une idée de la façon dont ils allaient surmonter leurs pertes d'emplois et de revenus. L'argent a été envoyé aux citoyens sans tarder, et les conditions d'admissibilité étaient relativement souples, ce qui était crucial. Les règles habituelles du régime d'assurance-emploi en vigueur avant la pandémie auraient laissé pour compte la plupart des Canadiens, qui n'auraient eu aucun soutien.
À cet égard, la pandémie a mis en lumière les lacunes de notre ancien système de sécurité du revenu. La PCU présentait des caractéristiques d'un revenu de base en raison de sa portée générale. Je pense que de nombreux observateurs l'ont remarqué et ont vu à quel point c'était important. Le montant de la PCU, qui s'élève à 500 $ par semaine, semble être suffisant pour répondre aux besoins fondamentaux de la plupart des ménages sans besoins spéciaux. L'analogie à un revenu de base était évidente. Je pense que l'expérience a été positive, en quelque sorte. En revanche, il a également montré que le versement universel d'une prestation comme celle-ci aurait une incidence fiscale très importante.
Je n'ai pas d'opinion tranchée favorable ou non au revenu de base en tant qu'objectif politique précis. S'il s'agit d'une orientation à prendre, il est tout à fait valable de croire que chaque Canadien devrait avoir droit à un niveau de vie qui répond à ses besoins fondamentaux. Il existe des moyens de s'approcher de ce principe et d'avancer dans cette direction sans nécessairement offrir un programme colossal de revenu de base universel. Nous voyons déjà des efforts en ce sens avec des mesures comme la Prestation fiscale canadienne pour enfants, la prestation d'invalidité proposée, qui constitue une sorte de revenu de base pour les personnes handicapées, et l'amélioration du régime d'assurance-emploi de façon à ce que plus de gens puissent en bénéficier. Dans une certaine mesure, ce sont différentes façons de nous rapprocher du revenu de base sans nécessairement offrir une sorte de grande stratégie miracle pour tenter de résoudre le problème.
À mon avis, ce serait en définitive plus efficace que d'essayer de concevoir une refonte majeure et profonde de tous nos programmes sociaux, d'autant plus que certains d'entre eux offrent déjà plus aux personnes à besoins particuliers que le revenu de base, et à juste titre.
En résumé, je dirais que le concept et le principe du revenu de base — voulant que chaque Canadien ait accès aux choses essentielles à la vie — devraient orienter la conception de notre politique sociale, mais qu'il existe en fin de compte de nombreuses façons d'atteindre cet objectif.
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C'est une excellente question.
Bien sûr, le travail à domicile a explosé pendant la pandémie. Plus de cinq millions de Canadiens travaillent désormais de chez eux, soit plus du quart de toutes les personnes qui ont un emploi. Je ne m'attends pas à ce que la situation demeure ainsi une fois que les vaccins auront été distribués, que les gens les auront reçus, j'ose espérer, et que la contagion sera maîtrisée, mais les chiffres resteront certainement élevés par rapport à ceux précédant la pandémie.
La décision ne va pas de soi. De nombreux enjeux doivent être pris en compte. Une personne ne peut pas simplement travailler sur son canapé. Elle doit être installée convenablement. Il faut que l'endroit soit ergonomique, bien éclairé et sécuritaire. Elle doit établir des règles sur les heures de travail pour éviter d'être en poste 24 heures sur 24, sept jours sur sept simplement parce que le matériel est à la maison. Il faut également des ententes équitables de compensation pour les coûts supplémentaires attribuables au travail à domicile.
Je vais terminer par la nécessité de bénéficier d'une protection contre la surveillance numérique indue par les employeurs des personnes qui travaillent chez elles. Si de telles protections sont en place, le travail à domicile peut être une excellente solution permanente.
Je vais d'abord m'adresser à Mme MacLean.
Au cours de la première vague, de la deuxième et de la troisième, que nous entamons malheureusement, tous les gens qui sont venus témoigner au Comité nous ont parlé de nos réseaux de la santé et des services sociaux. Les réalités dont vous parliez tout à l'heure sont liées à un problème de financement des services de santé et, surtout, des services sociaux. Ces derniers sont toujours les parents pauvres en ce qui a trait au financement de nos réseaux de la santé.
Tous les experts nous ont dit que la pandémie faisait ressortir le sous-financement chronique qui touche un déterminant de la santé, à savoir la prévention. Dans toutes les facultés de médecine, la première chose que l'on enseigne aux étudiants, c'est que la prévention est le premier déterminant de la santé. Or, c'est comme si rien n'avait été dit. En effet, nous sommes toujours en train d'éteindre des feux. Nos réseaux étaient déjà fragilisés. Vous avez parlé de la façon dont la pandémie mettait en lumière l'ensemble des problèmes et des maillons faibles dans le domaine des services sociaux.
Madame MacLean, ne croyez-vous pas, contrairement à ce que prétend le gouvernement, qu'il faudrait dès maintenant opter pour une hausse considérable du financement, soit d'accorder les 28 milliards de dollars demandés par les provinces, pour soutenir les transferts en santé? Le but est que nous puissions restructurer dès maintenant nos réseaux et surmonter cette pandémie de façon durable.
Présentement, la thèse du gouvernement est qu'il faut attendre la fin de la pandémie pour déterminer les mesures à prendre à ce sujet. Or, il faut dès maintenant donner aux gens la capacité de prévoir. Il faut orienter les programmes et élargir le panier de services à l'échelon des provinces et du Québec, qui ont la responsabilité d'offrir ces soins.
Qu'en pensez-vous?
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Dans ce texte, je répondais à l'argument avancé par certaines provinces et certains premiers ministres selon lequel nous ne pouvons pas prendre de mesures efficaces pour éviter la contagion parce que ce serait trop préjudiciable à l'économie. Tant au Canada qu'à l'étranger, les données démontrent clairement que c'est exactement l'inverse qui se produit. La relance économique nécessite absolument des mesures rapides et musclées pour freiner la contagion: c'est ce qui crée les conditions essentielles à une réouverture durable. Cette idée selon laquelle nous devrions simplement tolérer la COVID dans nos collectivités afin de garder en activité les restaurants, les magasins et d'autres commerces est très malavisée. Les preuves sont évidentes dans le monde.
J'ai mentionné au début que je travaille aussi en Australie, largement où la réponse à la COVID a été très forte et efficace. L'économie australienne est aujourd'hui ouverte et de retour à son niveau précédant la pandémie. Il en va de même pour d'autres pays comme la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et Taïwan.
Au Canada, bien des facteurs différents ont une incidence sur le degré de contagion à divers endroits. Or, les provinces qui ont décidé de mettre la pédale douce sur les fermetures sous prétexte que c'est mauvais pour l'économie n'ont pas du tout obtenu les résultats escomptés. Au contraire, leurs résultats en matière d'économique et d'emploi ont été pires.
Puisque la réponse sanitaire relève principalement des provinces, je suppose que le rôle du fédéral consisterait ici à les aider à prendre les mesures efficaces qui s'imposent, notamment au moyen d'un soutien du revenu, d'une aide pour les petites entreprises qui sont touchées, et ainsi de suite. C'est ainsi que le gouvernement fédéral pourrait aider les provinces à prendre des mesures plus musclées, qui sont d'ailleurs essentielles si nous voulons protéger à la fois la santé publique et l'économie.
Tout d'abord, je pense que la réponse sanitaire au risque de contagion en milieu de travail a été inadéquate dès le départ. Les décideurs ont considérablement tenté de minimiser les risques d'emblée.
Parmi les pires exemples possibles, il y a peut-être l'usine de Cargill Meat située à Brooks, en Alberta, ou encore l'entrepôt d'Amazon à Brampton, en Ontario. Nul besoin d'être un expert en santé et sécurité au travail pour comprendre que ces endroits allaient être très dangereux pendant la pandémie. Or, les autorités réglementaires ont soit ignoré délibérément ou atténué les mesures qui auraient été nécessaires pour protéger les travailleurs et leurs familles, et l'ensemble de ces collectivités par le fait même.
La responsabilité du gouvernement fédéral est limitée sur le plan de la santé et de la sécurité directe. C'est donc important. Vous pouvez servir d'exemple en devenant un chef de file absolu dans les normes de santé et de sécurité au travail relatives à la contagion. Là encore, vous pouvez aider les provinces à s'améliorer, notamment grâce au soutien du revenu. Voilà qui mettra fin aux faussetés qui circulent toujours au sujet du compromis entre l'économie et la santé.
Nous sommes maintenant au coeur de la troisième vague, qui aurait évidemment pu être bien mieux gérée si nous avions limité la contagion plus fermement dès le début. Je pense que le gouvernement fédéral a un important rôle complémentaire à jouer à ce chapitre en fournissant un soutien du revenu ainsi que des conseils réglementaires.
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Voilà d'excellentes questions. Merci.
En Australie, le partage des compétences est semblable à celui du Canada. Les principales mesures de santé ont été le fait des États, qui étaient chargés de tous les différents détails concernant la distanciation, les confinements, le dépistage, etc. Le gouvernement fédéral n'a fait que fermer les frontières de façon très étanche, au début de la pandémie. En rétrospective, c'était la chose à faire. Je sais que la décision a été difficile.
Le reste a incombé aux États, notamment la fermeture de leurs propres frontières, à l'intérieur du pays, selon des modalités beaucoup plus rigoureuses que partout au Canada, si ce n'est dans la région de l'Atlantique. Les déconfinements y ont été vraiment rigoureux. À Melbourne, les habitants ont été tenus de ne pas s'éloigner de plus de cinq kilomètres de chez eux pendant 99 jours, et le nombre admissible de motifs pour sortir de ce rayon était très limité. Ça été la plus rigoureuse de toutes les mesures imposées, mais elle a porté fruit. Maintenant, les autres États se félicitent également de ce sacrifice. En Australie, les faits sont très faciles à comprendre: une réaction énergique pour empêcher la contagion est le mieux qu'on puisse faire pour l'économie.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je me réjouis de l'occasion que vous m'offrez de prendre la parole devant votre comité.
Je voudrais parler de l'absence, au Canada, d'établissements de production de vaccins, ce qui, d'après moi, a été l'une des principales causes du lent décollage du programme de vaccination dans notre pays.
Le mois dernier, le gouvernement Trudeau a tenté de corriger ce problème en investissant 415 millions de dollars dans le géant pharmaceutique français Sanofi pour l'aider à agrandir ses installations de production de vaccins au Canada.
D'après moi, ce n'est pas la solution. Ça ne résout en rien le problème de notre capacité limitée de production de vaccins. Au contraire, j'irais jusqu'à dire que c'est un exemple d'emploi imprudent de centaines de millions de dollars de fonds publics.
En annonçant l'investissement, le ministre fédéral de l'Industrie a annoncé qu'Ottawa négociait avec Sanofi un contrat qui accorderait aux Canadiens un accès prioritaire à ses vaccins dans l'éventualité d'une pandémie, mais, attendez, il aurait été préférable de retarder l'annonce après que Sanofi aurait accepté les conditions du gouvernement pour donner aux Canadiens l'accès prioritaire demandé. Faute de l'avoir exigé noir sur blanc, il ne nous reste plus qu'à espérer que Sanofi le fera. D'un certain nombre de manières, ça révèle la vulnérabilité du Canada, qui ne possède et ne contrôle plus de capacité nationale de production de vaccins.
Bien sûr, nous l'avons déjà possédée. C'était les laboratoires Connaught, entreprise canadienne appartenant à l'État, qui était l'un des chefs mondiaux de file de la production de vaccins. Ils fournissaient les Canadiens en vaccins au prix coûtant. Ils en exportaient à des coûts abordables. Ils n'avaient pas besoin de l'aide financière de l'État. Pourtant, ils faisaient des profits qu'ils investissaient dans la recherche médicale. Leurs chercheurs étaient parmi les meilleurs dans le monde. Ils ont contribué à certaines des grandes percées médicales du XXe siècle, notamment la découverte de l'insuline, de la pénicilline et d'un vaccin contre la polio. L'entreprise a même joué un rôle vital dans la campagne mondiale d'éradication de la variole de l'Organisation mondiale de la Santé. Pourtant, malgré cette feuille de route remarquable, le gouvernement Mulroney les a privatisés dans les années 1980.
On continue d'exploiter leurs installations à Toronto, mais elles appartiennent à Sanofi. En fait, l'investissement de 415 millions d'Ottawa servira à les agrandir, mais le Canada n'exerce plus aucune maîtrise sur leur destinée.
On a, bien sûr, beaucoup de bonnes raisons de déplorer la liquidation de ce fleuron canadien. Ainsi le veut l'histoire. L'essentiel, c'est qu'il n'est pas trop tard pour ressusciter l'entreprise dans le secteur des biotechnologies. Appartenant à l'État, elle pourrait produire des vaccins et d'autres médicaments et on pourrait compter sur elle pour répondre d'abord aux besoins du Canada et des Canadiens, ce qu'a toujours fait Connaught. Plutôt que d'investir 415 millions dans une société privée que nous ne contrôlons pas, nous pourrions investir ce montant dans une société que nous contrôlons.
Le budget qui sera publié la semaine prochaine serait l'occasion parfaite d'annoncer la création d'une entreprise de biotechnologie appartenant à l'État. Je reconnais que ça peut sembler ambitieux, mais ce ne l'était pas trop pour les visionnaires canadiens qui l'ont créée au début du XXe siècle. Voyons si nous pouvons remonter sur ce podium.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je remercie également le Comité.
Je serai aussi bref que possible dans ma déclaration.
Je tiens à vous remercier tous de votre travail en ces temps vraiment difficiles. Bien que nous ne soyons pas sortis encore de l'auberge, nous le serons bientôt, je l'espère, et c'est grâce à votre travail et au travail du personnel de première ligne que nous y parviendrons. Mais c'est maintenant le temps de planifier notre réouverture et ce à quoi ressembleront le système canadien de santé et notre pays après la COVID-19.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, l'imagerie médicale, la radiologie et les hautes technologies sont les pièces maîtresses d'un système médical du XXIe siècle. Chaque secteur des soins médicaux, au Canada et dans le monde entier, compte sur un programme exhaustif de production d'images radiologiques pour assurer ses soins préventifs et curatifs. Dans le système de soins, nous sommes le poste le plus important d'investissements dans les infrastructures. Tout comme les routes, les ponts, les ports de mer et les aéroports de nos réseaux de transport, nous sommes un investissement et non un centre de coûts.
Je voudrais vous faire part de certaines observations sur la COVID-19 et certains de ses effets.
Au début, les longues durées d'attente des images, à cause de la COVID, ont relégué des centaines de milliers de personnes dans la longue liste d'attente, qui était déjà longue. Nous avons constaté que la maladie nous a peut-être fait négliger une réduction d'environ 50 % des services de dépistage et d'imagerie médicale, particulièrement les services non urgents, sans la faute de personne. C'est simplement un fait. Le cancer ne s'arrête pas à cause de la COVID. Ç'a créé un véritable sentiment d'urgence et provoqué un retard insurmontable dans les services d'imagerie médicale de tout le pays.
Avant la pandémie, les patients canadiens attendaient en moyenne de 50 à 82 jours pour une tomographie et 89 jours pour une résonance magnétique. C'est respectivement 20 et 52 jours de plus que ce que recommande l'OCDE pour les listes d'attente et, en raison de l'impact de la COVID-19, les listes d'attente sont même plus longues. C'est particulièrement préoccupant pour les patients cancéreux, pour le dépistage du cancer du sein ou du cancer colorectal, et uniquement pour le dépistage diagnostique des patients qui attendent chez eux et qui craignent de se rendre à l'hôpital à cause de la première, de la deuxième et, maintenant, de la troisième vague.
Avec votre comité, j'ai discuté d'un cas initial qui est passé par notre hôpital, ici, à Saint John, au Nouveau-Brunswick, où j'ai exercé pendant 30 ans. Je me rappelle un jeune homme dans la trentaine qui s'est présenté environ six ou huit semaines après ses premiers symptômes, pour découvrir un glioblastome de haut degré. Il avait trop peur de se présenter, à cause de la COVID, ce qui a fait reporter son traitement. Comme le mal était avancé, il va sans dire que l'intervention, parce qu'elle avait tardé, n'a pas réussi. C'était préoccupant.
Beaucoup de nos patients se présentent à la salle d'urgence en présentant des obstructions de leur intestin, de leur colon. Malgré leurs saignements rectaux, ils craignent d'aller à l'hôpital. Malheureusement, nous le voyons quotidiennement.
Mais je peux vous assurer que, à l'échelle nationale, nos collègues nous communiquent quotidiennement des cas. Nous avons reçu récemment un rapport de l'Association médicale canadienne sur la résorption de l'arriéré et le coût du retour aux délais d'attente d'avant la pandémie.
Les durées d'attente imposent des coûts supplémentaires au système. Les attentes de 52 jours pour une résonance magnétique coûtent à notre système de santé et à notre système économique environ 377 millions de dollars par année. Celles de 33 jours pour les tomographies en coûtent environ autant. D'après Deloitte, ce sont les deux actes médicaux les plus coûteux. Ils représentent environ 75 % de tous les actes accomplis au Canada.
Ça nous conduit à ce que nous voulions démontrer et demander. J'ai discuté avec un certain nombre d'entre vous, avant, en personne et sur Zoom, du rapport du Conference Board du Canada, publié en 2019, sur le retard du Canada dans les immobilisations dans les biens d'équipement. Nous sommes de loin les pires élèves de la classe, alors que 75 % de ces biens se trouvent presque rendus en fin de vie. Nous avons demandé à toutes les parties qu'elles s'engagent immédiatement à hauteur de 1,5 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années. C'était avant la pandémie. C'était une tentative pour ramener notre liste nationale d'attente à une norme plus acceptable. Beaucoup de patients attendent encore pendant des mois et sont incapables de travailler. D'après les estimations du Conference Board, ça représente, pour l'économie, un coût pouvant atteindre 5 milliards de dollars en 2020.
Notre réponse à la COVID-19 a été rapide grâce à notre capacité de nous adapter et de modifier nos soins de santé. Comme beaucoup d'entre vous le savent, la radiologie est un domaine qui fonctionne déjà de façon très virtuelle, mais il est impératif que le diagnostic des blessures, des maladies chroniques en particulier et des maladies graves n'attende pas. En fait, nous nous sommes adaptés très rapidement au travail à domicile le moment venu, ainsi qu'à l'hôpital, pour mettre de l'ordre dans notre liste d'attente, mais nous continuons à prendre du retard.
Cette requête contient de nombreuses demandes techniques qui concernent notamment l'intelligence artificielle et de nouveaux appareils mis à jour pour accélérer nos délais d'exécution et nous permettre de réduire cet énorme arriéré.
Pour conclure cette partie, l'Association canadienne des radiologistes demande 1,5 milliard de dollars sur les cinq prochaines années pour soutenir les Canadiens, renforcer la capacité et intégrer des technologies comme l'intelligence artificielle pour accroître l'efficacité du système. Il s'agit d'un investissement, et non d'un coût. Cela permettra aux gens de retourner au travail, de nous occuper de nos malades et des personnes souffrant de maladies chroniques et de ramener le dépistage du cancer à ce qu'il devrait être, et même au-delà.
Ce ne serait pas la première fois que le gouvernement fédéral prendrait les choses en main dans ce domaine. Comme un grand nombre d'entre vous le savent, le gouvernement de Paul Martin a fait un investissement ciblé en 2005 et en 2006. En effet, il a investi 2 milliards de dollars dans l'équipement destiné à l'imagerie, ce qui a permis de réduire considérablement nos temps d'attente. Je pense que certains d'entre vous ont vu notre rapport sur la radiologie du Conference Board, qui montre l'impact de cet investissement — un investissement qui a fortement diminué depuis 2013. Nous sommes maintenant revenus aux niveaux de 2004 et 2005.
Notre deuxième demande concerne la création d'un groupe de travail fédéral dont les membres se pencheront sur les ressources humaines en santé et les composantes de l'infrastructure, par exemple les salles d'attente, l'espace de travail, la ventilation et les aires de consultation pour recevoir le nouvel équipement, car en 2021, après la COVID-19, nos pratiques médicales devront être beaucoup mieux préparées à faire face à la possibilité d'une nouvelle pandémie.
C'est ce qui termine mon exposé, monsieur le président. Je pourrais continuer indéfiniment, mais je suis prêt à répondre aux questions.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous tous aujourd'hui.
Le conseil canadien de l'industrie du conditionnement physique représente plus de 6 000 installations de conditionnement physique, du simple centre de conditionnement aux grandes chaînes régionales et nationales. Nous employons plus de 150 000 Canadiens d'un bout à l'autre du pays et nous servons plus de 6 millions de membres.
Nous avons été décimés par les fermetures et les restrictions liées à la COVID-19. Pour vous donner un peu de contexte, si une installation peut être ouverte, elle fonctionnera à environ 50 % des niveaux antérieurs à la COVID-19. Si elle doit fermer, ce taux sera de 0 à 10 %, en fonction de sa présence en ligne.
Nous devons toujours payer nos coûts fixes. Nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir mis en œuvre la Subvention salariale d'urgence du Canada et la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer. Ces programmes ont été très bien accueillis et les gens sont reconnaissants. Toutefois, nous devons toujours faire face à d'autres coûts.
On n'a guère tenu compte des nouvelles entreprises en démarrage qui ont ouvert en janvier ou en février 2020. De plus, puisque la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer est plafonnée dans le cas des chaînes régionales possédant plusieurs sites, ces chaînes doivent toujours payer le solde de leur loyer. Au bout du compte, après avoir profité des soutiens gouvernementaux, les établissements perdent encore de 15 000 à 30 000 $ par mois. Nous avons donc demandé aux gouvernements provinciaux d'offrir un soutien adapté à l'industrie.
Je suis ici aujourd'hui pour parler de la façon dont notre industrie peut contribuer à la santé et au bien-être collectif des Canadiens et au rétablissement national. Nous ne sommes pas ici pour demander un renflouement, mais pour faire partie de la solution.
Nous savons que l'exercice procure une foule de bienfaits. Il réduit l'hypertension de 33 à 60 %. Il réduit le diabète et les maladies cardiovasculaires. Il réduit les risques d'accident vasculaire cérébral et de cancer du côlon, de cancer du sein et de maladie d'Alzheimer, et il réduit les effets de l'anxiété et de la dépression. Nous savons également que la COVID-19 a malheureusement des répercussions importantes sur les personnes qui souffrent d'une ou plusieurs de ces maladies chroniques.
Comment pouvons-nous faire partie de la solution? Après la pandémie de COVID-19, nous envisageons de demander au gouvernement fédéral et à l'Agence de la santé publique du Canada d'élargir la portée du programme Prescription to Get Active, un programme faisant la promotion de l'activité physique, à l'échelle du Canada. Pour ceux qui ne connaissent pas ce programme, il est basé en Alberta et il établit un lien entre les soins primaires — votre médecin — et les options de conditionnement physique et de loisirs dans votre collectivité. Nous avons des options gratuites et peu coûteuses. Nous avons des installations de conditionnement physique. Nous offrons également des options de participation à distance pour les personnes qui se trouvent dans des régions rurales ou éloignées ou qui ne souhaitent tout simplement pas s'abonner à une installation.
Nous souhaitons donc élargir la portée de ce programme. Il est prêt à l'utilisation, mais il peut aussi s'adapter aux diverses régions géographiques du Canada. Par exemple, le Nord de l'Ontario est très différent du centre-ville de Vancouver.
Nous demandons également au gouvernement fédéral de considérer les frais de conditionnement physique — par exemple, les abonnements et les services de conditionnement physique — comme étant des frais médicaux. Vous pourriez ainsi inclure les dépenses liées au conditionnement physique dans votre déclaration de revenus fédérale. Nous pouvons fournir des rapports de fréquentation à des fins de vérification. Nous avons des professionnels d'un bout à l'autre du pays qui sont prêts, disposés et aptes à servir les Canadiens, afin d'amorcer un changement de comportement durable qui permettra de créer un mode de vie sain et actif.
L'infrastructure nécessaire existe déjà. Le changement que nous demandons est simplement un changement administratif. Nous pensons que ce changement nous permettra d'offrir au gouvernement un rendement des investissements de plus de 500 % par l'entremise d'une réduction du fardeau global qui pèse sur le système de soins de santé. Nous pouvons aider une personne atteinte d'une maladie chronique à passer de la sédentarité à l'activité physique, ce qui inspirera les Canadiens à prendre des mesures proactives pour leur propre santé et leur bien-être.
Nous pourrons ainsi ramener un grand nombre de nos jeunes au travail. En effet, notre industrie emploie de nombreux jeunes. Nous avons des programmes collégiaux et universitaires à l'échelle du pays qui font un travail formidable pour former des professionnels du conditionnement physique. Ces jeunes pourront entrer dans une industrie viable, et nous pourrons réembaucher un grand nombre des personnes que nous avons dû mettre à pied. Nous pourrons rebâtir notre industrie.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous avons contracté des dettes importantes. En effet, les dettes de nombreux exploitants atteignent maintenant de 200 000 à 250 000 $. En ajoutant la remise en forme aux déductions fiscales, nous pensons que nous pourrons attirer plus de gens dans notre industrie, ce qui nous aidera à rembourser ces dettes.
En résumé, nous sommes ici aujourd'hui pour faire partie de la solution. Nous aimerions collaborer avec le gouvernement et nous avons hâte de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Honorables députés, je suis ravie d'être ici aujourd'hui pour vous parler des répercussions de la COVID-19 dans le monde de la violence familiale, de la violence entre partenaires intimes ou de la violence dans les relations, quel que soit le nom que vous lui donniez.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité.
Tri-City Transitions est un organisme de 46 ans au service des femmes, des enfants, des jeunes et des hommes. Au début, notre organisme offrait des services aux femmes. Au début des années 2000, nous avons constaté que nous pouvions aider les femmes, les enfants et les jeunes autant que nous le voulions, mais que les solutions temporaires s'épuisaient et c'est pourquoi, en 2006, nous avons commencé à offrir des services aux hommes, car la violence familiale n'est pas seulement un problème pour les collectivités et les femmes; c'est aussi un problème pour les hommes. En effet, il y a généralement deux parties dans la violence familiale.
Dans le contexte de la COVID-19, nous avons dû modifier un peu la façon dont nous offrons nos services. Nous offrons notamment un service de maison de transition pour les femmes et les enfants qui fuient la violence familiale. Nous proposons également des services de counselling aux femmes. Nous offrons des services de counselling aux enfants âgés de 3 à 18 ans, ainsi qu'à leurs fournisseurs de soins, qu'il s'agisse des parents, des grands-parents, de familles d'accueil ou de tout autre fournisseur de soins reconnu. Nous offrons également un programme de services aux victimes aux femmes, aux enfants, aux jeunes et aux hommes qui sont touchés par la violence familiale, ainsi que lorsque la violence familiale devient une affaire criminelle. Nous proposons également un programme de mentorat pour les hommes. Tous ces services ont été affectés par la COVID-19.
Nous servons de 1 500 à 2 000 familles par année. La plupart de nos employés viennent de la collectivité, et les femmes représentent la majorité de nos effectifs. Au début de la pandémie de COVID-19, nous avons décidé d'aider la collectivité dans son ensemble. Nous avons donc ouvert nos lignes téléphoniques pour offrir un soutien émotionnel à quiconque en aurait besoin. En outre, nous sommes très vite passés aux services virtuels, que ce soit par l'entremise du téléphone, de Zoom ou d'une autre technologie.
La première fois que nous avons fait travailler le personnel à domicile, nous nous sommes vite rendu compte que nos employés souhaitaient revenir travailler dans nos bureaux. Nos services ont été jugés essentiels. L'organisation de notre bureau principal nous a permis de pratiquer l'éloignement physique. Nous avons mis en place des protocoles de sécurité. Nous nous sommes également rendu compte qu'il était important, pour la santé et le bien-être de notre personnel, que tout le monde soit dans le même édifice. Nous avons donc très bien réussi à nous protéger de la COVID-19 pendant toute cette période.
L'une des choses que nous avons observées l'année dernière — et que nous continuons d'observer —, c'est l'impact de la COVID-19 et du confinement sur les familles. Les autres intervenants qui ont comparu ce matin ont parlé de l'environnement, mais l'élément essentiel dans tout cela, c'est la famille, quelle que soit la dynamique en jeu.
Notre organisme a observé une augmentation des agressions sexuelles. Ces agressions sexuelles ne visaient pas seulement des adultes de 19 ans et plus. En effet, nous avons observé une augmentation du nombre de jeunes et d'enfants concernés. Ce n'est pas surprenant, puisque les familles se sont retrouvées soudainement ensemble à la maison, avec les adultes au chômage. Peut-être que les deux partenaires étaient au chômage et qu'ils devaient éduquer les enfants, et s'il y avait déjà des problèmes dans une relation, ils ont refait surface très rapidement.
Cette situation a aussi empêché les femmes de demander des services. Elles enverront peut-être un courriel, mais elles ne téléphoneront pas, car leur partenaire est à la maison, ou il se trouve dans la même pièce. Nous savons qu'il y a eu de nombreuses situations de violence familiale dans lesquelles les victimes n'ont pas tenté d'avoir accès à des services.
L'une des principales choses que nous avons observées dans le cadre de ce processus de demande d'aide, c'est le manque de financement pour les services liés aux agressions sexuelles. Nous avons donc cherché des moyens de trouver des fonds pour aider directement les personnes touchées par les agressions sexuelles. À l'avenir, nous tenons à faire partie de la solution, car les familles, quelle que soit leur dynamique, composent le tissu social du Canada.
Ainsi, nous demandons notamment l'élimination des obstacles dans le domaine de la violence familiale — c'est-à-dire éliminer les obstacles qui nous empêchent de financer des programmes pour les hommes. En effet, les hommes ont aussi besoin de services lorsqu'il s'agit de réduire la violence familiale.
C'est ce qui termine mon exposé.
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Je vous remercie de votre question, et je vous remercie encore une fois de me donner l'occasion de comparaître.
Docteur Soulez vient d'arriver. Je vous remercie d'être venu, docteur.
Je ferai quelques commentaires sur les listes d'attente et sur d'autres choses.
Cet équipement est largement offert sur le marché. Le délai d'exécution des investissements dans le dernier cycle, soit 2005-2006, était d'environ trois ans. Il a permis d'accélérer de 7 à 10 ans les listes d'attente pour les services de tomodensitométrie et d'imagerie par résonance magnétique, de cardiologie, de radiologie interventionnelle et d'autres domaines connexes.
En ce qui concerne le ciblage, le dépistage effectué a été réduit en grande partie, en particulier dans le cas des mammographies. En effet, le dépistage par mammographie a été réduit à moins de 50 % en raison de la COVID-19 et de la proximité des participants lors de cet examen. Les techniciens, en particulier, sont très exposés aux patients et leur charge de travail a donc été réduite à environ 10 % à ce moment-là. Ensuite, lorsqu'un patient atteint de la COVID-19 se présente à notre service de tomodensitométrie et d'imagerie par résonance magnétique, il faut au moins une heure pour préparer l'appareil. En effet, il faut suivre un protocole pour la COVID-19 qui est fondé sur la ventilation et le nettoyage au Lysol. Ensuite, la pièce doit rester vide pendant une heure.
J'étais de garde lorsque le service d'urgence de l'Hôpital régional de Saint John a reçu un patient atteint de la COVID-19, il y a quelques semaines. Heureusement, nous avons deux appareils. J'ai dû utiliser l'appareil le plus ancien, celui qui a environ neuf ans. C'est la procédure habituelle. On ne compromettrait pas vraiment la capacité de diagnostic pour garder le tomodensitomètre de traumatologie ouvert, mais une fois ce patient traité — ce qui a pris 15 minutes —, il a fallu 15 minutes pour nettoyer l'appareil, puis nous avons dû respecter un temps d'arrêt d'environ une heure, car la pièce devait être ventilée. Dans un centre plus petit que le nôtre, on pourrait fermer l'appareil pendant une journée entière.
Si l'hôpital reçoit des patients tous les jours, on peut imaginer que la liste d'attente s'allonge simplement à cause des patients atteints de la COVID-19, et qu'il y a une réduction des volumes…
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de votre présence. J'ai des questions à poser à chacun d'entre vous, mais comme je ne sais pas si je vais pouvoir toutes les poser, je vais essayer d'être la plus brève possible.
Docteur Barry, aussi bien commencer là où vous en étiez. Je comprends certainement ce que vous dites au sujet du besoin d'équipement qui existait avant l'arrivée de la COVID et des listes d'attente, mais vous avez également mentionné, dans votre témoignage, que le Canada atlantique, par exemple, n'a pas été aussi durement touché. Est-ce que c'est parce que la mentalité par rapport à la lutte contre la COVID y est différente et que les provinces ont imposé des restrictions pour vraiment limiter la propagation de la COVID?
Là d'où je viens, en Ontario, nous voyons des endroits comme l'hôpital pour enfants SickKids préparer des lits de soins intensifs et nous pouvons établir un lien direct avec les avertissements qu'avaient lancés des médecins, en février, selon lesquels si la réouverture arrivait trop tôt et trop rapidement, nous verrions les chambres d'hôpital et les unités de soins intensifs se remplir. Dans votre témoignage, vous avez parlé du Canada atlantique, de l'exemple, et vous avez dit si l'on n'empêche pas la propagation de la COVID, les répercussions à long terme sur la santé ne se limiteront pas à la COVID. Comme vous l'avez mentionné, il y aura des problèmes sur le plan du dépistage, de la prévention et du traitement d'autres problèmes de santé, de sorte qu'il faut d'abord limiter la propagation de la COVID pour que tout le monde puisse accéder aux soins de santé comme nous le voyons ailleurs.
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Je vous remercie beaucoup de la question. Elle est très vaste.
Lorsque je regarde le Canada dans son ensemble et la façon dont nous pouvons prendre contact avec les gens, les collectivités rurales ont beaucoup plus de difficultés à établir le contact avec les victimes de violence familiale, simplement en raison de l'éloignement. L'une des choses que je remarque concernant les collectivités éloignées, c'est qu'il est nécessaire d'avoir la bande passante qu'il faut pour que les gens puissent appeler. Par ailleurs — je pense aux collectivités rurales, car j'ai été élevée dans une collectivité rurale —, il s'agirait également d'offrir des services dans les collectivités locales, peut-être en partenariat avec une autre organisation, afin que les gens n'aient pas à parcourir 50, 60 ou même 20 kilomètres pour fuir la violence familiale.
Pour ce qui est des services destinés aux hommes, entre autres, comme je l'ai dit, nous avons commencé à offrir le programme de mentorat pour les hommes et nous continuons de chercher du financement à divers endroits pour pouvoir offrir le programme. Ce programme est un énorme succès. Si j'en avais le temps, je vous raconterais des histoires, car j'ai vu des hommes transformer leur vie. Ils veulent, eux aussi, changer la donne. Ils veulent eux aussi faire partie de leur famille.
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Vous posez une très bonne question. Comme l'a très bien dit le Dr Barry, les investissements accusaient déjà des retards avant la crise liée à la pandémie de COVID-19. Avant cette crise, des investissements étaient déjà nécessaires parce que le parc d'équipement était très en dessous de la moyenne qui existe au sein de l'Organisation de coopération et de développement économique, ou OCDE.
Pendant le pire de la crise, la quantité de travail abattue a diminué considérablement. Nous n'avons pas encore entièrement retrouvé le rythme d'avant la pandémie. Dans le meilleur des cas, la quantité de travail abattue est de 90 à 95 % de ce qu'elle était avant la pandémie. Dans la plupart des cas, elle est de 80 %. Cela veut donc dire que nous continuons de creuser notre tombe.
L'investissement de 1,5 milliard de dollars qui est demandé inclut l'achat d'équipement, mais il comprend aussi d'autres volets, dont les ressources humaines, qui sont très importantes. Les besoins des provinces sont différents. Certaines d'entre elles manqueront cruellement d'équipement. C'est notamment le cas des provinces atlantiques et de l'Alberta. D'autres provinces ont plutôt besoin de ressources humaines. Il faut utiliser tout l'équipement à cent pour cent. Il faut l'utiliser durant la nuit, si cela est possible. Il faut donc trouver des stratégies pour offrir de la formation aux technologues qui font fonctionner les machines et pour les retenir chez nous, ce qui n'est pas toujours évident.
Il faut aussi investir dans les technologies de l'information; c'est essentiel. Actuellement, dans la plupart des provinces, il n'y a même pas de répertoire central pour les listes d'attente. On ne peut donc pas diriger intelligemment les patients vers les bonnes plateformes techniques. On est incapable de savoir en temps réel quelle est la gravité des cas et de déterminer lesquels sont réellement urgents, c'est-à-dire les cas qui ne peuvent pas attendre. C'est très important.
J'aimerais souligner un dernier aspect relatif à l'investissement dans les technologies de l'information. Nous voulons nous assurer de choisir le bon examen pour le patient. Il y a maintenant des systèmes informatiques d'aide à la décision clinique qui guident les intervenants de première ligne, notamment les médecins de famille. Cela permet de s'assurer que l'examen convient aux besoins du patient. Ainsi, tous les examens sont entièrement utiles.
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Vous soulignez un bon point.
Permettez-moi de dresser un portrait de notre réalité sur le plan clinique.
Les priorités sont divisées en quatre catégories. Les cas de la catégorie P1 — selon le jargon que nous employons — doivent être traités le jour même: ce sont les urgences. Ceux de la catégorie P2 sont traités dans un délai d'une semaine.
La catastrophe survient lorsque nous avons affaire à des cas de la catégorie P3, qui devraient être traités dans un délai d'un mois. Un exemple de ce type de cas serait celui d'une personne qui souffre d'une douleur indéterminée à l'abdomen. On veut savoir ce que c'est. Près de 90 % de ces cas sont relativement banals, mais 10 % d'entre eux peuvent être liés à un cancer. Or, les cas de la catégorie P3, qui devraient être traités en un mois, le sont présentement dans un délai de trois à six mois.
Dans la catégorie P4, ce pourrait être, par exemple, le cas d'un patient qui attend une chirurgie orthopédique pour recevoir une prothèse de hanche ou de genou. Normalement, ce type de cas devrait être traité en trois mois. Actuellement, l'attente est de quasiment un an, parfois plus d'un an. Les patients en attente d'une chirurgie ne peuvent pas travailler et ils souffrent. Ils n'ont pas accès à leur traitement. De plus, nous sommes parfois obligés de refaire l'examen, parce que trop de temps s'est écoulé entre le diagnostic et l'intervention. Il faut donc parfois faire deux examens.
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Vous savez, ce n'est même pas que je n'y crois pas vraiment; c'est que lorsqu'il est question de centaines de millions de dollars de fonds publics, il ne suffit pas d'y croire. Nous avons besoin de certitude. Il doit y avoir de véritables règles en place.
Ce qui m'inquiète si profondément au sujet de ces 415 millions de dollars que le gouvernement investit dans Sanofi, c'est qu'il semble n'y avoir aucune restriction. Il ne semble y avoir aucune condition. Le gouvernement dit qu'il négocie le contrat avec Sanofi. Il est à espérer que cela signifiera que nous obtiendrons ce que nous voulons et qu'un accès prioritaire sera accordé aux Canadiens, mais si cela n'est pas vraiment précisé et clairement établi, ce n'est que du rêve, et on parle d'une énorme somme.
J'ajouterais également que je pense que cette façon de penser se fonde sur une idée fausse qu'ont souvent des gens au gouvernement — c'est-à-dire que le gouvernement et le secteur privé ont essentiellement les mêmes intérêts. C'est tout simplement faux. Leurs intérêts sont vraiment bien différents. La priorité d'une entreprise est d'augmenter ses profits au maximum. Au bout du compte, les dirigeants d'entreprise rendent des comptes à leurs actionnaires, qui veulent s'enrichir, et je ne le dis même pas dans le but de critiquer les entreprises privées; c'est ce qu'elles font. De l'autre côté, le gouvernement rend des comptes aux gens, aux électeurs, en définitive. S'il ne défend pas les intérêts de la population, ce que les électeurs veulent, il finira par être défait et chassé du pouvoir.
Tout ce que je veux dire, c'est qu'il y a un ensemble différent d'intérêts en jeu. La façon dont le gouvernement Trudeau se comporte à cet égard, en lançant 415 millions de dollars à Sanofi, montre qu'il est tout simplement trop confiant. C'est fondé sur l'idée que Sanofi a les mêmes intérêts que nous. Ce n'est pas le cas. Nous devons être beaucoup plus prudents.
Plus important encore, nous serions bien plus avisés de ne pas emprunter la voie du privé et d'opter plutôt pour la voie du public. Comme nous l'avons vu avec les laboratoires Connaught, nous avons pu contrôler ce qui s'est passé. Cela s'est avéré être une situation extraordinaire. Il s'agissait d'une entreprise très prospère qui fournissait des vaccins aux Canadiens au prix coûtant. Elle utilisait ses profits pour réinvestir dans la recherche. C'était un exemple spectaculaire. Je pense que ce qu'il faut retenir, c'est que nous devrions être plus conscients de cette histoire, être plus enthousiasmés par ce qui a été réalisé grâce à elle et vouloir davantage déterminer si nous ne pourrions pas essayer à nouveau.
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Étant donné que des témoins sont encore des nôtres aujourd'hui, nous devrions sans doute remettre cette discussion à plus tard. Je n'en demeure pas moins convaincu qu'il nous faut débattre de la marche à suivre qu'il conviendra d'adopter dorénavant.
Ceci dit très respectueusement, je ne partage pas l'avis que vient d'exprimer Mme O'Connell et, en toute franchise, monsieur le président, je ne suis pas d'accord non plus avec vous. Nous avons adopté une motion en vue de la tenue d'une séance dans un délai d'une semaine, et nous avons convoqué cinq témoins. Je ne crois pas qu'il soit suffisant de simplement lancer des invitations pour renoncer ensuite à tenir une réunion si personne ne peut y participer. Je pense qu'il aurait été préférable en l'espèce de convoquer la séance prévue. Nous aurions alors eu l'occasion de discuter pour déterminer la suite des choses.
C'est un peu le monde à l'envers. Ce ne sont pas les témoins qui décident des destinées de notre comité. La possibilité que des témoins comparaissent ou non ne doit pas déterminer si le Comité va effectivement se réunir. C'est notre comité qui décide du moment où il tient ses séances. Nous avons adopté une motion par 11 voix contre aucune, ce qui veut dire que les libéraux étaient aussi d'accord, pour tenir une séance dans un délai d'une semaine avec les témoins précisés.
Je trouve également plutôt étrange que cinq témoins sur cinq n'aient pu comparaître le même jour à la même heure. Je parle de Mme Tam, de Mme Quach-Thanh, de M. Stewart et des deux ministres. Que va-t-il se passer si les témoins refusent toujours nos convocations? Allons-nous cesser carrément de nous réunir?
Je considère en outre que c'est un mécanisme important pour la reddition de comptes. Si nous convoquons une telle séance et qu'aucun témoin ne se présente, nous avons tout lieu de nous demander comment cela peut s'expliquer.
Je veux aussi souligner que les membres du Comité n'ont été informés de la situation par la présidence qu'à la toute dernière minute. Au bout d'une semaine, soit après 6 jours et 23 heures, on nous a avisés que la séance n'aurait pas lieu. Personne n'a fait quoi que ce soit pour mettre les membres du Comité au fait des réponses données par les témoins afin de nous permettre de procéder à certains ajustements. Peut-être aurions-nous pu nous réunir jeudi ou vendredi de la semaine dernière, mais nous n'en avons pas eu l'occasion en raison de la décision unilatérale de la présidence.
Je pense donc qu'il est nécessaire que nous discutions de la question. Il ne s'agit pas ici de heurter les sentiments de qui que ce soit; c'est simplement une affaire de respect envers notre comité. Lorsque le Comité adopte une motion en vue de la tenue d'une séance, la volonté ainsi exprimée devrait être respectée. S'il y a un problème avec la disponibilité des témoins, c'est alors au Comité qu'il incombe de déterminer comment il va composer avec la situation.
C'est ma modeste contribution au débat. Peut-être pourrions-nous tenir une séance spéciale pour nous assurer qu'une telle situation ne puisse pas se reproduire, mais j'estime important que l'on donne l'heure juste à ce sujet.
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Encore là, monsieur le président, je comprends que M. Davies puisse souhaiter que nous en discutions, mais il faut bien dire que les règles déterminant ce qu'un président peut faire ou non sont bien établies, et qu'il fait partie du rôle de la présidence de convoquer les réunions en fonction des volontés exprimées par le Comité. C'est exactement ce qu'a fait notre président. Si ces règles ne conviennent pas à certains membres du Comité, ceux-ci devraient en saisir officiellement le comité de la procédure ou la Chambre elle-même. C'est le règlement qui nous régit, et le président est parfaitement habilité à agir comme il l'a fait.
J'ajouterais que je n'ai jamais vu un comité tenir une séance simplement pour la forme après avoir convoqué certains témoins qui n'étaient pas en mesure de comparaître. Si c'est bien ce que visait la motion — c'est-à-dire obliger la tenue d'une séance même si les témoins n'étaient pas disponibles —, alors on aurait dû le préciser en la rédigeant.
Nul ne peut cependant s'appuyer sur une motion mal rédigée ou ne précisant pas tout ce qui était souhaité pour reprocher ensuite au président d'être incapable de deviner ses intentions quant à savoir ce qui devrait se passer si jamais les témoins n'étaient pas disponibles. Nous pouvons convoquer des témoins, mais nous n'avons aucun contrôle sur leur emploi du temps.
Si l'intention était alors de tenir une séance même en l'absence de témoins, il aurait fallu le préciser dans la motion, ce qu'on aurait très bien pu faire, mais il n'en demeure pas moins que le président s'est bel et bien conformé à ce qui était indiqué dans la motion ainsi qu'au Règlement qui définit ses responsabilités.
Si vous voulez revoir les règles qui nous régissent, il y a des moyens à votre disposition pour ce faire. On ne devrait toutefois pas blâmer notre président lorsqu'il ne fait que remplir son rôle, pas plus qu'on devrait lui reprocher de ne pas avoir suivi des indications qui n'étaient pas précisées dans la motion.
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Monsieur le président, il me semble que votre discours a changé un peu. Au départ, vous avez dit que les ministres n'étaient pas disponibles et que vous n'alliez pas organiser la réunion; toutefois, dans votre réponse à M. Davies, vous avez indiqué que certaines personnes pouvaient comparaître. J'ai l'impression que vous n'avez pas vraiment insisté pour obtenir une réponse, et si quelqu'un était disponible, je ne comprends pas pourquoi vous avez décidé de façon unilatérale de ne pas tenir la réunion. Cela me semble curieux.
Je vous rappelle que selon le Règlement, les présidents doivent suivre les directives données par leur comité. Or, on nous raconte ici une version différente.
J'en déduis ce qui suit. Je pense que les ministres ont décidé qu'ils ne voulaient pas comparaître à la suite de la motion. Je note, cependant, que les ministres ont pris le temps de participer à une conférence au congrès des libéraux la semaine dernière. Les deux y étaient en même temps, et c'était donc la priorité. C'est intéressant.
Je pense que ces gens ont dit qu'ils ne pouvaient pas venir, et ensuite on a décidé de ne pas tenir de réunion tout court, parce que les personnes invitées ne voulaient pas subir les conséquences politiques du fait de ne pas comparaître devant un comité, vu la gravité de la question.
Monsieur le président, c'est très intéressant que vous ayez décidé de ne pas tenir la réunion. De plus, je suis déçue que vous ayez changé de discours plusieurs fois devant le Comité. Nous méritons plus que cela. C'est étrange.
Voilà le fond de ma pensée. Je suis très déçue.
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J'ai du mal à comprendre. Nous avions adopté une motion une semaine plus tôt exprimant notre volonté d'inviter ces cinq témoins à comparaître à une réunion qui serait tenue au plus tard le 7, et vous me dites que ces témoins vous ont répondu en confirmant leur disponibilité le 16. C'est bizarre. La Dre Tam a comparu devant notre comité dix fois au cours des trois dernières années, il me semble. Elle n'a jamais eu d'empêchement.
J'ajouterais que nous avons donné un avis d'une semaine à ces témoins, un avis d'une semaine entière à chacun des cinq témoins. Je comprends pour les ministres, en passant. Je sais que leurs calendriers sont beaucoup plus chargés, quoique je suis un peu préoccupé du fait que seule une ministre nous a répondu pour nous faire part d'un empêchement. a-t-elle répondu pour confirmer ou non sa comparution? Dans le cas des fonctionnaires comme M. Stewart et la Dre Tam, selon mon expérience, si nous les invitons à comparaître avec une semaine d'avis, en règle générale, c'est possible.
De toute façon, tout cela c'est déjà dans le passé, mais je crois que notre comité doit comprendre le protocole à suivre à l'avenir. Moi-même, j'aurais préféré tenir la réunion de toute façon et recevoir un compte rendu du président et du greffier sur ce qui s'est passé, car souvenons-nous, la motion précisait bien que nous tiendrions la réunion au plus tard le 7.
Quant aux propos de Mme O'Connell, si nous allons respecter à la lettre et de façon littérale les motions, rien n'indique dans la motion que la réunion peut avoir lieu après le 7, donc je ne comprends pas pourquoi le président décide de lui-même de fixer une réunion vendredi prochain, alors que la motion précise bien que ce n'était pas possible.
Nous devons décider de la façon dont nous procéderons. J'aurais préféré avoir une réunion. Nous aurions pu alors décider de la meilleure façon de procéder. On aurait pu entendre un ou deux témoins, ou bien alors choisir une autre date.
Voici ce que j'en pense. Je crois que le Comité doit décider de la façon de procéder dans de telles situations. Certes, ce genre de scénario peut se produire, et je comprends que le greffier et le président ont fait de leur mieux pour respecter la motion, mais à l'avenir, nous aurions intérêt à faire participer le Comité lors de la prise de décisions.