Je vous souhaite à tous la bienvenue à la 17e réunion du Comité permanent de la santé. Nous poursuivons notre étude de la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la deuxième vague de la pandémie de COVID-19.
Sur la recommandation du Comité, je vais vous épargner la lecture des consignes habituelles, car il est clair que nous n'en avons plus vraiment besoin.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à l'honorable Patty Hajdu, ministre de la Santé, et à l'honorable Anita Anand, ministre des Services publics et de l'Approvisionnement.
Plusieurs hauts fonctionnaires accompagnent aujourd'hui les ministres: la Dre Siddika Mithani, présidente de l'Agence canadienne d'inspection des aliments; le Dr Michael Strong, président des Instituts de recherche en santé du Canada, qui n'est pas encore arrivé mais qui ne devrait pas tarder; le Dr Stephen Lucas, sous-ministre de la Santé; M. Bill Matthews, sous-ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux; M. Iain Stewart, président de l'Agence de la santé publique du Canada; le major-général Dany Fortin, vice-président, Logistique et Opérations de la Force opérationnelle sur le développement des vaccins, et la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique. Le major-général Fortin devrait lui aussi se joindre bientôt à nous.
Nous allons passer directement aux déclarations liminaires des ministres, en commencer par la ministre Hajdu.
Madame la ministre, vous avez 10 minutes.
:
Merci beaucoup monsieur le président, chers collègues.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de la stratégie de vaccination contre la COVID-19 du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Cela fait un peu plus d'un an que le premier cas de COVID-19 a été détecté au Canada. Les mois qui ont suivi ont été très difficiles. Les Canadiens ont traversé des moments difficiles, vécu de l'anxiété et subi des pertes déchirantes. Dire que cette période a été difficile est un euphémisme.
Mais aujourd'hui, il y a place à l'espoir. En moins d'un an, des vaccins ont été développés et autorisés. Les Canadiens les reçoivent en ce moment même, et chaque vaccination nous rapproche d'un avenir plus sûr, plus sain et plus prospère.
Pour commencer, j'aimerais faire le point sur la distribution des vaccins. Comme vous le savez, les vaccins Pfizer et Moderna ont été autorisés au Canada et sont maintenant distribués dans tout le pays. Jusqu'à présent, nous avons assuré un accès à un total de 80 millions de doses de ces deux vaccins. De celles-ci, plus de 1,1 million de doses ont été livrées aux provinces et territoires. Cela signifie que plus de 860 000 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre la COVID-19.
Bien que les retards récemment annoncés par Pfizer et Moderna aient une incidence à court terme sur la distribution des vaccins, nous sommes toujours en bonne voie pour recevoir les 6 millions de doses de Pfizer et de Moderna d'ici la fin du premier trimestre. À partir d'avril, le rythme s'accélérera, avec au moins 20 millions de doses livrées entre avril et juin. C'est à cette période que les campagnes de vaccination de masse vont commencer à se multiplier dans tout le pays. Nous travaillons avec les provinces, les territoires et les partenaires autochtones pour préparer cette prochaine phase. Mais plus important encore, nous espérons disposer de suffisamment de vaccins pour chaque Canadien d'ici la fin septembre 2021, même si aucun autre vaccin n'est autorisé au Canada.
[Français]
D'ici là, bien que les approvisionnements soient limités, les vaccins sont distribués de manière stratégique aux groupes qui en ont le plus besoin.
[Traduction]
Même si les provinces et les territoires sont responsables de la distribution des vaccins sur leur territoire, leur processus décisionnel est guidé par les recommandations du Comité consultatif national de l'immunisation.
L'automne dernier, le Comité a recommandé de déterminer qui devrait être vacciné en premier, compte tenu des réserves initiales limitées de vaccins. Les personnes prioritaires sont les résidents et le personnel des lieux d'habitation collective où des soins sont offerts aux personnes âgées; les adultes de 70 ans et plus, en commençant par ceux de 80 ans et plus; les travailleurs de la santé; et les adultes des communautés autochtones où l'infection peut avoir des conséquences disproportionnées.
Compte tenu de ces directives, j'ai le plaisir d'annoncer que des progrès notables ont déjà été réalisés dans les territoires. Au Nunavut, plus de 11 % de la population a reçu au moins une dose du vaccin Moderna. Dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon, plus de 21 % et de 9 % de leurs populations respectives ont reçu au moins une dose du vaccin.
Ce mois-ci, le Comité consultatif national mettra à jour ses directives sur l'établissement des priorités pour les doses initiales de vaccin contre la COVID-19. Ces orientations actualisées permettront de guider les étapes deux et trois de la distribution des vaccins, à mesure que les stocks de vaccins augmentent.
En attendant, nous espérons que d'autres vaccins seront autorisés. Santé Canada examine actuellement les soumissions de vaccins d'AstraZeneca, de Janssen, de Verity Pharmaceuticals et de Novavax. S'il s'avérait que ces vaccins répondent aux normes strictes de Santé Canada en matière d'innocuité, d'efficacité et de qualité, ils seraient autorisés et inclus dans les prochaines campagnes de vaccination.
Le développement d'un vaccin est un processus long et très complexe. En temps normal, il faut parfois des années pour réaliser les recherches approfondies nécessaires à l'élaboration d'un produit sûr et efficace. L'évaluation des vaccins se fait normalement après que toutes les études cliniques ont été menées à bien et que des résultats complets sont disponibles. Malheureusement, nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle. Nous luttons contre une pandémie mondiale et plusieurs milliers de vies humaines sont en jeu. Dans cette optique, nous avons mis en place des mesures visant à accélérer l'autorisation des vaccins en toute sécurité.
Santé Canada est l'organisme de réglementation responsable de ce processus. Nous reconnaissons la nécessité de faire preuve de souplesse pour l'accélérer, étant donné l'urgence de la pandémie de COVID-19. Mais nous ne pouvons pas faire de compromis sur l'innocuité, la qualité et l'efficacité. C'est pourquoi, cet automne, j'ai signé l'Arrêté d'urgence concernant l'importation, la vente et la publicité de drogues à utiliser relativement à la COVID-19. Cet arrêté d'urgence nous permet d'accepter des soumissions en continu pour des médicaments et vaccins contre la COVID-19.
Cela signifie que les fabricants peuvent nous soumettre des données dès qu'elles sont disponibles. Ces exigences sont comparables à celles établies par d'autres grands organismes de réglementation, comme la Food and Drug Administration des États-Unis, l'Agence européenne des médicaments et l'Organisation mondiale de la santé. C'est grâce a ce processus accéléré que les vaccins Pfizer et Moderna ont été autorisés. Santé Canada utilise le même processus pour examiner toute nouvelle demande de vaccin contre la COVID-19.
Une fois qu'un vaccin autorisé est utilisé, le Canada continue de surveiller son innocuité grâce à son système bien établi de surveillance postcommercialisation. Ce système recueille des données sur l'innocuité à partir de diverses sources nationales et internationales, y compris la déclaration obligatoire par les fabricants, ce qui permet à Santé Canada et aux autorités de santé publique de réagir rapidement aux tendances changeantes ou aux événements indésirables inhabituels.
Ce système a été amélioré grâce à l'arrêté d'urgence qui donne le pouvoir d'imposer des conditions à toute autorisation ou licence d'établissement, à n'importe quel moment. Cela comprend un système de sécurité et d'efficacité postommercialisation avec des mesures d'atténuation des risques et des évaluations supplémentaires des informations sur la sécurité, comme l'a demandé Santé Canada. Santé Canada n'hésitera pas à prendre des mesures si un problème de sécurité est détecté.
Le gouvernement du Canada travaille en étroite collaboration avec les provinces, les territoires, les partenaires autochtones et les partenaires de la santé publique afin d'assurer la distribution en temps opportun des vaccins lorsqu'ils ont été autorisés par Santé Canada. Notre stratégie en matière de vaccins est dirigée par le Centre national des opérations. Le Centre a été créé par l'Agence de la santé publique du Canada et est soutenu par les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale.
Parallèlement, la Réserve nationale stratégique d'urgence de l'Agence de la santé publique s'assure que nous disposons des fournitures nécessaires pour une distribution sans heurts. Cela comprend des millions d'aiguilles, de seringues et de tampons alcoolisés, ainsi que des congélateurs pour le stockage des vaccins dans tout le pays.
[Français]
En raison de la vaccination en cours et des mesures mises en place pour assurer un approvisionnement fiable en vaccins, nous pouvons envisager un avenir sans COVID-19.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada fait tout ce qu'il peut pour atteindre cet avenir le plus rapidement possible. Nous prenons des mesures pour autoriser rapidement des vaccins sûrs et efficaces. Nous protégeons d'abord nos citoyens les plus vulnérables. Et nous travaillons avec nos partenaires pour faire en sorte que tous ceux qui veulent se faire vacciner puissent le faire.
[Français]
Par ailleurs, le gouvernement du Canada continue d'investir dans la recherche. Les Instituts de recherche en santé du Canada se penchent sur de nombreuses questions liées à la COVID-19, à la mise au point de vaccins et aux thérapies visant à lutter contre les variants du virus, y compris leur incidence sur l'efficacité des vaccins.
[Traduction]
En attendant, nous ne pouvons pas baisser la garde. Nous devons poursuivre ce que nous avons mis en place — la distanciation physique, le lavage des mains et le port du masque.
[Français]
Nous le devons à nos aînés. Nous le devons à nos voisins qui présentent un risque élevé de contracter le virus. Nous le devons aussi à nos prestataires de soins de santé et à nos travailleurs essentiels.
[Traduction]
Nous devons rester vigilants en attendant notre tour pour nous faire vacciner. Ce jour arrivera bientôt, et quand il arrivera, je veux que les Canadiens soient fiers de la façon dont ils ont travaillé ensemble pour surmonter cette crise sans précédent.
Merci.
:
Je vous remercie beaucoup.
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole devant votre comité en compagnie de ma collègue et ministre de la Santé, l'honorable Patty Hajdu.
Je tiens à souligner que je vous rencontre depuis le territoire de nombreuses Premières nations, dont les Mississaugas de Credit, les Anishnabeg, les Chippewa, les Haudenosaunee et les Wendats.
Je suis accompagnée aujourd'hui du sous-ministre Bill Matthews.
[Français]
Je tiens tout d'abord à remercier les personnes qui travaillent fort en coulisses pour assurer la bonne tenue de ces rencontres virtuelles, particulièrement les interprètes et les traducteurs, qui jouent un rôle essentiel dans la communication de l'information la plus pertinente qui soit à la population canadienne en cette période de crise.
Voilà plus d'un an maintenant que la planète vit avec la COVID-19.
Dès le départ, Services publics et Approvisionnement Canada s'est employé sans relâche à acheter les fournitures nécessaires pour que le Canada puisse traverser cette crise.
[Traduction]
À ce jour, nous avons acheté plus de 2,5 milliards de pièces d'équipement de protection individuelle, et nous avons distribué à nos partenaires provinciaux et territoriaux des dizaines de millions de tests de dépistage de la COVID-19, de fournitures et de traitements, dont 19 millions de tests de dépistage rapide.
Nous savons que pour surmonter cette pandémie au plus vite, nous devons vacciner la population canadienne le plus rapidement possible. C'est pourquoi dès juillet dernier, nous avons conclu de nombreuses ententes pour plus de doses que ce dont nous avions besoin. Notre action été guidée par les avis des experts du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19 et par ceux de l'Agence de la santé publique du Canada. Nous avons commencé nos achats dès que nous avons reçu ces avis. Dès le départ, nous voulions constituer un portefeuille diversifié de vaccins pour que le Canada soit prêt à aller de l'avant après leur autorisation. Par conséquent, les doses de vaccins autorisés dont la livraison est prévue pour cette année suffiront à immuniser tous les Canadiens et Canadiennes admissibles.
[Français]
Comme la ministre Hajdu l'a fait remarquer, des vaccins nous parviennent déjà et d'autres sont en route.
Pourtant, bien que nous fassions des progrès importants, nous savions aussi qu'il pourrait y avoir des obstacles sur notre voie, et nous avons toujours été francs avec la population à ce sujet.
[Traduction]
Comme leurs produits s'avèrent sûrs et efficaces, les fabricants de vaccins augmentent massivement leur production afin de traiter les commandes du monde entier. Cette situation étant du jamais vu, il n'est guère étonnant que l'approvisionnement en vaccins ait été instable.
Le monde entier évolue dans cet environnement, et tous les pays sont confrontés aux mêmes défis. C'est justement pourquoi nous avons décidé de conclure un certain nombre d'ententes et de constituer un portefeuille diversifié, tout en intégrant de la flexibilité dans nos contrats.
Lorsque Pfizer et Moderna ont informé le Canada et d'autres pays que les quantités livrées seraient inférieures à celles qui avaient été prévues à court terme, la nouvelle nous a déçus, mais pas totalement surpris. Je tiens à assurer les membres et toute la population canadienne que ces retards ne sont que temporaires.
Je peux vous dire que mes fonctionnaires et moi-même communiquons avec les fournisseurs tous les jours pour nous assurer qu'ils respectent leurs obligations contractuelles, et en fait, les livraisons canadiennes ont recommencé cette semaine. Vendredi dernier, un lot de vaccins Pfizer a quitté l'Europe, et ce mercredi, un lot de vaccins Moderna a été expédié. Les deux sont arrivés au Canada et seront distribués aux provinces et aux territoires cette semaine.
De plus, grâce à l'initiative COVACS, le Canada recevra également environ 1,9 million de doses du vaccin AstraZeneca, sous réserve de l'approbation de Santé Canada. Si les autorités de réglementation autorisent le vaccin, les livraisons pourraient commencer dès la fin de mars. Cela s'ajoute aux six millions de doses de Pfizer et de Moderna qui doivent arriver d'ici la fin de mars.
Monsieur le président, ces livraisons, qui dépendent bien entendu de l'autorisation de Santé Canada, viennent s'ajouter aux 20 millions de doses déjà prévues dans l'accord d'achat anticipé que le Canada a conclu directement avec AstraZeneca.
Je peux aussi assurer ce comité que je suis en contact étroit avec tous les fabricants de vaccins pour qu'ils accélèrent leur calendrier de livraisons au Canada. Nous continuons de collaborer étroitement avec les quatre autres fabricants avec qui nous avons passé des ententes bilatérales, soit Sanofi-GSK, Medicago, J&J et Novavax.
Notre stratégie de diversification donne des résultats. Deux candidats vaccins sont déjà autorisés, trois sont en cours d'approbation et deux sont dans la phase des essais cliniques. Une fois qu'ils seront autorisés, nous prendrons des mesures pour en faire livrer au Canada le plus vite possible.
Il faut se rappeler que nous ne sommes qu'au début d'une entreprise gigantesque. Les livraisons augmenteront et deviendront plus prévisibles au fur et à mesure que les chaînes d'approvisionnement se stabiliseront.
Vu toutes les mesures que nous avons prises jusqu'ici, tous les Canadiens et Canadiennes admissibles qui le souhaitent pourront se faire vacciner d'ici la fin de septembre. Je peux également vous dire que nous continuons de faire pression sur nos fournisseurs pour qu'ils accélèrent la cadence. Nous voulons obtenir les doses encore plus tôt, et nous mettons tout en œuvre pour y parvenir.
[Français]
Bien que les vaccins soient d'une importance capitale, les seringues nécessaires à leur administration sont tout aussi indispensables, et mon ministère s'est employé activement à les obtenir.
Nous avons acquis plus de 170 millions de seringues de différentes tailles auprès de divers fournisseurs. Celles-ci comprennent 64 millions de seringues à faible volume mort, qui ne sont offertes qu'en quantités très limitées dans le monde.
[Traduction]
La première livraison d'environ 1 million de seringues spécialisées devrait arriver au Canada cette semaine, un autre million la semaine prochaine et ainsi de suite jusqu'en mai.
Monsieur le président, il n'y a rien de plus prioritaire pour le gouvernement que la protection de la population canadienne contre la COVID-19. Nous menons une lutte quotidienne pour obtenir des équipements de protection individuelle, des tests de dépistage et des vaccins pour la population, et nous entendons la poursuivre.
Je suis déterminée à mener à bien cette entreprise. En attendant, je suis impatiente de collaborer avec votre comité et mes collègues du Parlement afin de vaincre cette pandémie une bonne fois pour toutes. En travaillant ensemble, nous passerons au travers.
Je vous remercie de m'avoir invitée à venir vous rencontrer et suis prête à répondre à vos questions.
Merci beaucoup. Thank you so much. Meegwetch.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à la ministre Hajdu et à la ministre Anand ainsi qu'à tous les fonctionnaires.
Mon intervention visera, en mots clés, la transparence, la lucidité, la prévisibilité et la crédibilité. Nous tenterons cet après-midi de faire de la grande politique. Ce n’est pas parce qu'on est critique qu'on est petit.
Avec vos 249 000 doses, ce n'est pas de la lumière que vous avez créée au bout du tunnel, c'est un feu d'artifice de faux espoirs. Depuis le 28 janvier, vous avez remplacé ce feu d'artifice par une chandelle dont la flamme vacille et s'éteint la plupart du temps. Pourtant, il faut donner de l'espoir, et l'espoir passe par la prévisibilité, par la lucidité et par la transparence.
Pendant une crise, il faut maintenir l'adhésion des gens aux consignes sanitaires, il faut garder les gens engagés, il faut que les travailleurs de première ligne connaissent l'itinéraire et il faut que les personnes vulnérables sachent comment cela va finir.
Pourquoi faites-vous montre de si peu de transparence quant à l'échéancier des livraisons de vaccins? Pourquoi ne présentez-vous pas un nouvel échéancier qui serait crédible? Pourquoi ne rendez-vous pas publics les détails entourant l'approvisionnement en vaccins, notamment sur le plan de la livraison?
:
Je dirai pour commencer que je crois moi aussi qu'il faut faire preuve du plus grand professionnalisme lorsqu'on témoigne devant un comité ou qu'on se présente à la Chambre des communes. C'est une des raisons pour lesquelles je suis entrée en politique, pour faire en sorte que nous débattions comme il convient.
Je comprends que les Canadiens et l'opposition veuillent que les contrats soient rendus publics, car je crois moi aussi en la transparence et en la reddition de comptes. J'ai soulevé la question auprès des fournisseurs de vaccins. En même temps, nous sommes obligés de respecter les termes de nos contrats. Il y a deux parties à un contrat. Il s'agit d'une entente bilatérale. Je ne peux donc pas décider unilatéralement de rendre un contrat public. Il faut que les deux parties soient d'accord et, pour l'instant, il serait imprudent et illégal de ma part de publier ces contrats.
Pour revenir à votre question — à savoir est-ce que nous y gagnerions en clarté? —, comme je le disais ces contrats d'achat de vaccins contiennent des échéanciers de livraison trimestrielle. Nous avons d'ailleurs mentionné qu'ils prévoient la livraison de quatre millions et deux millions de doses, respectivement, par Pfizer et Moderna à la fin du mois de mars. Ce que nous disons clairement à propos de cette négociation avec les fournisseurs de vaccins, c'est que ces échéanciers prévisionnels évoluent naturellement avec l'augmentation de la production à laquelle nous assistons dans la chaîne d'approvisionnement de leurs usines.
Nous continuerons d'informer les Canadiens, que les nouvelles soient positives ou négatives. Malheureusement, la semaine dernière, elles étaient négatives, mais nous les avons quand même données. Cette semaine, nous voyons une augmentation des livraisons au Canada, et elles vont continuer d'augmenter régulièrement. Nous le ferons également savoir aux Canadiens par souci de transparence et de reddition de comptes.
Quant à ce que nous faisons d'autre, nous organisons chaque semaine avec des responsables des séances d'information techniques ou aux fins de transparence. Le major-général Dany Fortin et les autres responsables sont présents pour répondre aux questions des Canadiens, ce qui s'ajoute à nos comparutions devant les comités et notre présence à la Chambre des communes.
Nous continuerons d'être aussi clairs et responsables que possible envers les Canadiens. Le gouvernement s'y est engagé.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins, ainsi que les représentants du gouvernement qui sont venus ici aujourd'hui. Je sais fort bien qui ne pourront pas nous dire énormément de choses, mais je tiens néanmoins à les remercier du travail qu'ils font jour et nuit pour assurer la sécurité des Canadiens.
Ma question s'adresse à la ministre Anand. Les gouvernements précédents ont laissé les capacités technologiques et de fabrication de nouveaux vaccins, de très haute technologie, se déliter au Canada. C'est, à mes yeux, ce qui explique maintenant la lourdeur de votre travail, madame la ministre, et de celui de notre gouvernement, pour réussir à offrir aux Canadiens un portefeuille diversifié de vaccins très efficaces. Nous l'avons beaucoup entendu dire, mais nous serons le pays disposant du plus grand nombre de doses par habitant.
Je conçois que les députés de l'opposition aiment à minimiser l'importance de ce portefeuille, à prétendre que nos concitoyens ne seront pas vaccinés avant 2022 ou 2030, mais nous réalisons bien son importance. Ce type d'informations erronées ne sert qu'à tromper les Canadiens et à répandre la peur.Dès que Santé Canada a eu approuvé le premier candidat vaccin, nous en avons pris livraison, et les choses se sont passées de même pour le second candidat. Nous avons déjà livré plus d'un million de vaccins aux provinces et aux territoires.
Madame la ministre, je crois que nous pouvons convenir que nous entendons quantité de fausses informations trompeuses sur la livraison et la distribution des vaccins. J'aimerais savoir si vous pouvez dire aux membres de ce comité comment se déroule réellement la livraison des vaccins au Canada.
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J'aimerais vraiment beaucoup présenter aux Canadiens la réalité de la situation lorsque j'en aurai l'occasion.
D'abord et avant tout, sachez que vous avez raison. Nous avons été, en décembre dernier, l'un des premiers pays à commencer la vaccination dans tout le pays. Si Pfizer et par Moderna ont décidé de commencer à nous livrer leurs vaccins, plus rapidement qu'à d'autres pays, c'est parce que le Canada était prêt.
L'Agence de la santé publique du Canada, la ministre Haju et moi-même avons indiqué à ces deux fabricants de vaccins que nos chaînes de vaccination étaient opérationelles et prêtes à recevoir leurs produits. S'être préparé et avoir fait preuve de persévérance ont certainement joué dans nos négociations avec ces fabricants.
Il faut préciser que Moderna a toujours dit que son retard actuel des livraisons n'était que passager et que celles-ci vont reprendre. Pfizer nous a dit exactement la même chose. Ces deux fournisseurs se sont engagés par contrat à nous livrer un total de 6 millions de doses avant la fin mars.
Services publics et Approvisionnement Canada s'est vite assuré d'avoir la possibilité contractuelle d'accélérer les livraisons afin d'être certains de recevoir 20 millions de doses de plus des vaccins approuvés dans le cours du second trimestre. C'est un élément très important à ne pas perdre de vue quand on parle des livraisons auxquelles les Canadiens devraient s'attendre. Au deuxième trimestre, nous allons recevoir des millions et des millions de doses de vaccin. Les Canadiens, les provinces et les territoires devraient prendre la mesure de ce que cela signifie et se tenir prêts.
Nous espérons, d'ici la fin du troisième trimestre, si ce n'est pas plutôt, avoir reçu au total plus de 70 millions de doses de vaccin. Tous les Canadiens désireux de se faire vacciner devraient alors l'avoir été.
Je suis d'avis que les calendriers annoncés par The Economist, par Bloomberg et les messages de l'opposition affirmant qu'il sera impossible de respecter notre calendrier sont dans l'erreur. Nous avons eu des assurances des fournisseurs de vaccins et, en vérité, Moderna et Pfizer, les deux fournisseurs de vaccins approuvés, nous assurent qu'ils livreront ces doses de vaccin dans les délais prévus. Je suis convaincue que nous verrons que les Canadiens qui souhaitent être vaccinés le seront avant la fin septembre, si ce n'est pas plus tôt.
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Le premier ministre a déclaré, à plusieurs occasions, que tous les Canadiens qui veulent être vaccinés le seront avant le mois de septembre. À ce que je crois savoir, cela sera possible en faisant appel uniquement aux contrats actuels que nous avons passés avec Moderna et Pfizer. Il faut aussi se rappeler que trois autres vaccins attendent actuellement d'être approuvés au Canada. Pour deux d'entre eux, les essais de phase trois sont terminés et ont montré leur efficacité. Si les vaccins d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson n'ont pas obtenu une efficacité de 95 %, comme ceux de Moderna et de Pfizer, lors des premiers essais, ils ne se prêtaient pas à des essais comparatifs avec les autres vaccins. Ils avaient été administrés à des populations différentes et avaient obtenu des niveaux différents de variance.
De plus, il semble qu'en procédant à des injections de rappel, on puisse augmenter passablement l'efficacité de pratiquement tous les vaccins. Avec celui de Johnson & Johnson, on ne procède qu'à une seule injection. C'est avec cette seule injection que ce résultat a été obtenu. Il faut aussi savoir que si ce vaccin n'empêchait que 70 % des gens d'avoir la COVID, il permettait de réduire le nombre d'admissions dans les hôpitaux et d'y éliminer les décès. Il me semble que les probabilités d'approbation de ces vaccins sont très bonnes. Les résultats de ces études sont publics et ont fait l'objet d'examen très attentif du milieu médical. Je sais que nous devons attendre que le processus réglementaire soit mené à son terme, mais je suis d'avis que les vaccins de Johnson & Johnson et d'AstraZeneca ont de très bonnes chances d'être approuvés. Plusieurs pays ont d'ailleurs déjà approuvé celui d'AstraZeneca. Si les résultats préliminaires du vaccin de Novavax se confirment, nous disposerons alors d'un cinquième vaccin.
Je comprends que nous hésitions à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Cela n'empêche que, une fois encore, il est très probable que ces trois vaccins soient approuvés. Le Canada en a acheté des millions de doses. Je crois donc que notre promesse de vacciner tous les Canadiens qui le souhaitent d'ici septembre est très conservatrice. Bien sûr, ce terme n'a ici aucune dimension politique et je m'en tiens uniquement aux caractéristiques d'une probabilité.
Je sais que nous avons raison de ne pas vouloir faire de promesses que nous ne pourrions tenir, mais la COVID a épuisé beaucoup de gens partout au pays. Cela s'est traduit par des problèmes réels de santé. Les gens sont malheureux, abattus. Certains boivent trop. D'autres prennent trop de médicaments. Ils ignorent les conseils de la Santé publique parce qu'ils ne voient pas la lumière au bout du tunnel. J'imagine que notre gouvernement dispose de prédictions des taux et des délais de vaccination si les autres vaccins sont approuvés. Que pourriez-vous nous dire à ce sujet?
Cela va intéresser toutes les personnes qui attendent une réponse à cette brève question. Je ne crois pas que nous devrions promettre quoi que ce soit à n'importe qui, mais je crois que les Canadiens ont vraiment besoin d'espoir. À ce que j'entends dire, ce délai de septembre est très conservateur.
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Je prends la parole en premier avant de la céder ensuite, si j'en ai le temps, à ma collègue Anand, qui peut aussi avoir des choses à vous dire sur ce sujet.
Vous avez tout à fait raison de dire que la période actuelle est difficile pour les Canadiens. Ils sont anxieux. Ils sont fatigués des restrictions qui leur imposent une nouvelle réalité. Je tiens vraiment à prendre le temps de les remercier par ce qu'ils ont dans une très large mesure suivie les mesures imposées par la Santé publique. Cela a été difficile. Ils ont dû faire des sacrifices. Les médias soulignent le comportement de certains d'entre eux, mais il y en a d'autres dont nous n'entendrons jamais parler, de gens qui appliquent les restrictions demandées dans leur vie quotidienne pour protéger, eux et les autres. Je suis particulièrement fière d'être canadienne quand je vois le comportement de mes concitoyens et les énormes quantités de travail qu'ils font dans leurs communautés pour se protéger les uns les autres, pour soutenir leurs entreprises et les adapter à ce contexte. Les histoires de ce genre sont innombrables.
L'objectif que nous avons répété, qui est de disposer de suffisamment de doses pour vacciner tous les Canadiens qui souhaitent l'être d'ici la fin septembre, me paraît réaliste; cela ne veut pas dire qu'il sera facile à atteindre. Il va falloir beaucoup travailler pour y arriver. Comme la ministre Anand et beaucoup d'autres l'ont rappelé, nous allons commencer à recevoir au pays de grandes quantités de vaccins lorsque les fabricants parviendront, comme nous l'espérons, à reprendre leur production à plein régime. Ils se sont engagés à ce que nous recevions ces doses en nombre croissant au cours des deux prochains trimestres. Cela veut donc dire que, au Canada, la vaccination tournera à plein régime pendant les mois d'avril, de mai et de juin et que les mois de juillet, août et septembres seront encore très occupés dans toutes les provinces et dans tous les territoires.
Les provinces et les territoires intensifient leurs préparatifs. Le major-général Dany Fortin vous a décrit comment les provinces se préparent non seulement à vacciner une grande quantité de personnes, mais aussi à faire appel, par exemple, à certains des réseaux qui les aident chaque année à mener des campagnes massives de vaccination contre la grippe. Je crois que les Canadiens peuvent avoir confiance: les vaccins arrivent. Si nous parvenons à dépasser l'objectif d'avoir vacciné à la fin septembre tous les Canadiens qui le souhaitent, ce sera une excellente nouvelle pour le Canada. Encore une fois, je m'efforce d'être réaliste avec ces cibles, mais cela me paraît un objectif raisonnable.
Je cède maintenant la parole à la ministre Anand, si elle souhaite ajouter quelque chose.
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Je vous remercie, monsieur le président.
En écoutant les réponses aux questions posées sur l'approvisionnement, j'ai parfois l'impression qu'on a dû se mettre à genoux devant les compagnies pharmaceutiques.
Quoi qu'il en soit, un jour, on fera sûrement lumière là-dessus.
La ministre de la Santé sera sûrement d'accord avec moi que chaque jour qui repousse les délais de vaccination fait croître la pression sur les services, sur le réseau de la santé et sur les travailleurs de première ligne. Il fait croître aussi le nombre de patients non atteints de la COVID-19, parce que ce ne sont pas seulement d'éventuels patients souffrant de la COVID-19 qui sont menacés.
Actuellement, ceux qui écopent et dont on ne parle pas, ce sont les patients non atteints de la COVID-19. Pourquoi y a-t-il autant de patients non atteints de la COVID-19? C'est parce que, pendant des décennies, il y a eu un sous-financement des systèmes de soins de santé et qu'on n'a pas pu affronter cette pandémie avec les moyens qu'on aurait dû avoir.
Puisque le gouvernement collabore supposément très bien avec les provinces, pourquoi s'entête-t-il à ne pas augmenter les transferts en santé et à ne pas vouloir dès maintenant leur donner un signal clair sur la capacité qu'elles auront pour traverser la crise et qui les aidera à prévoir leurs ressources? Pourquoi ne pas le faire maintenant? Il me semble que cela relève davantage d'un jeu de pouvoir que d'une logique de santé publique.