:
Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi . À titre de membre du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, j'ai participé à l'étude de cette mesure législative qui traite d'une question fort importante. À l'époque, il s'agissait du projet de loi C-27, qui est maintenant devenu le C-28. Il est très encourageant de constater que nous en sommes maintenant à l'étape de la troisième lecture.
[Français]
D'entrée de jeu, on me permettra d'affirmer à quel point il est pressant d'agir pour régler ce problème colossal que représentent les messages électroniques non sollicités, communément appelés « pourriels ».
Reculons en 2003, alors que le problème n'avait pas l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui. Un rapport à l'époque concluait qu'il en coûtait 27 milliards de dollars aux entreprises en dépenses liées aux postes des technologies de l'information pour contrer ce fléau.
[Traduction]
Qui d'entre nous, dans cette enceinte, n'a pas ressenti de l'irritation en trouvant, à l'ouverture de sa boîte de courriels, une quantité innombrable de courriels non sollicités vantant des produits ou services qui ne nous intéressent pas, visant à nous vendre quelque chose? Qui d'entre nous n'a pas été obligé de prendre du temps pour se débarrasser de ces envois non sollicités? Évidemment, bon nombre d'entre nous avons dû acheter un logiciel pour filtrer les pourriels, ce qui nous a indisposés encore davantage à l'égard de cette situation. Même aujourd'hui, grâce à leur ingéniosité, certaines personnes réussissent encore à déjouer les meilleurs logiciels antipourriels, et nous recevons encore à l'occasion des messages indésirables, malgré les meilleurs logiciels qui soient.
Aux dires des experts, les pourriels représentent de 60 à 80 p. 100 de l'ensemble des courriels envoyés à l'échelle mondiale. De toute évidence, ces envois posent un défi de taille pour les consommateurs, les entreprises, les gouvernements et les fournisseurs de service Internet. Cependant, le problème ne se limite pas aux pourriels et, par conséquent, la loi doit également interdire l'utilisation de déclarations fausses ou trompeuses destinées à dissimuler l'origine ou la véritable intention du courriel, l'installation de programmes non autorisés ainsi que la collecte non autorisée de renseignements personnels ou d'adresses électroniques.
[Français]
Qu'il s'agisse de courriels non sollicités, de virus contenus notamment dans les pièces jointes — ce qui est souvent le cas —, d'hameçonnage, de fausses représentations ou encore de l'utilisation de sites Internet frauduleux, le gouvernement se doit d'agir afin que le Canada ne soit pas isolé.
Comment se fait-il que nous soyons le seul membre du G8 et l'un des quatre pays de l'OCDE n'ayant pas légiféré en matière de pourriels? Nul ne peut nier l'importance de cette problématique qui transcende le simple facteur incommodant inhérent à la réception de courriels non sollicités.
Cette pratique engendre aussi des coûts directs énormes à l'ensemble des utilisateurs si l'on pense aux frais reliés à la réception de courriels ou de messages textes ainsi qu'aux capacités de stockage des utilisateurs. De plus, qu'il s'agisse de l'intrusion dans les systèmes informatiques qui peut avoir des conséquences néfastes pour les entreprises, les gouvernements ou les particuliers ou qu'il s'agisse d'engorgements pouvant provoquer la paralysie de systèmes au complet, toutes les conséquences de ces pratiques se répercutent de façon plus importante que l'on imagine sur l'ensemble du fonctionnement de la société.
Bien souvent, nous ne réalisons pas à quel point nous sommes vulnérables, d'où l'importance d'agir avec diligence. Dans ce cas, il est inutile de rappeler que la prorogation du Parlement en début d'année par le a été à l'encontre de ce précepte d'agir rapidement.
[Traduction]
Non seulement le Parti libéral du Canada s'est toujours préoccupé de ce grave problème, mais il a aussi pris des mesures proactives à cet égard. En fait, le gouvernement libéral a établi, en mai 2004, un groupe de travail antipourriel qui a tenu des consultations publiques et des tables rondes avec les principaux intervenants de l'industrie. Cette initiative libérale a donné lieu, en 2005, au Plan d'action anti-pourriel pour le Canada, qui était un appel à l'action.
Le plan comportait des recommandations précises en vue de mettre en oeuvre des mesures législatives interdisant l'envoi de messages électroniques commerciaux non sollicités, l’utilisation de déclarations fausses ou trompeuses visant à camoufler l’origine ou l'intention réelle du courriel, l'installation de programmes non autorisés et la collecte non autorisée de renseignements personnels ou d'adresses de courriel.
Le projet de loi et les initiatives annoncées par le gouvernement conservateur viennent donner suite aux recommandations formulées par le groupe de travail antipourriel de 2005 du gouvernement libéral. Toutefois, il convient de mentionner que le projet de loi , soit la version initiale du projet de loi présentée par le gouvernement actuel, comportait plusieurs lacunes. Heureusement, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie a fait un travail remarquable en proposant des recommandations qui ont considérablement amélioré le projet de loi. Grâce à ces amendements et à d'autres changements récemment proposés, nous croyons que le projet de loi atteint ses principaux objectifs.
Le projet de loi prévoit la mise en oeuvre de la plupart de nos recommandations; nous sommes donc heureux de dire que le gouvernement a finalement décidé de donner suite aux recommandations formulées par notre groupe de travail. Cela dit, la prudence est de mise, et nous continuerons de surveiller de près le projet de loi pour nous assurer qu'il n'entrave pas le commerce électronique légitime au Canada. Il est important d'insister sur le fait que la lutte contre le pourriel nécessite davantage que des mesures législatives.
[Français]
Le Comité de l'industrie a aussi soulevé l'importance du rôle du gouvernement qui a la responsabilité d'assurer la cohésion de toute la démarche en aval de l'adoption du projet de loi . À quoi bon servira cette loi si les autorités qui la régiront ne pourront répondre, faute de ressources? Qu'en est-il des cahiers de charges qui seront soumis aux différentes entités chargées d'exécuter et de procéder à la mise en oeuvre de la loi?
Le ministre devra soumettre un plan d'exécution intégré qui définira le rôle de ces entités, tel celui du CRTC, du Bureau de la concurrence et du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Force est de constater qu'avec autant d'intervenants, le rôle de coordinateur d'Industrie Canada sera des plus importants et on se devra de confier à ce ministère les outils adéquats, tant d'une perspective de ressources humaines que d'une perspective organisationnelle.
Bref, une démarche coordonnée avec tous les partenaires de l'industrie, les organismes touchés et les intervenants concernés se veut essentielle à la mise en oeuvre de ce projet de loi, et dans ce contexte, le gouvernement se doit d'agir. Il doit prévoir les mécanismes qui assureront une application efficace de la loi. L'application d'une telle loi se veut complexe et c'est pourquoi il faut aussi qu'elle soit revue périodiquement afin de faire en sorte que nous puissions, en tant que législateurs, parer à toutes éventualités conséquentes, entre autres, à l'évolution technologique proprement dite.
Je tiens aussi à rappeler qu'il devient incontournable et urgent d'arrimer les dispositions législatives entre les différents pays et d'intervenir à l'échelle internationale afin d'harmoniser les mesures en conformité avec les objectifs consensuels. Le Canada doit maintenant prendre sa place et assumer un rôle de leader en cette matière.
[Traduction]
Le groupe de travail libéral a également recommandé qu'on consacre des ressources à la coordination de l'application de la loi, puisque nous savons tous que la portée de cette mesure législative dépendra de la capacité et de la volonté de faire respecter la loi. Par conséquent, il est de la plus haute importance que le gouvernement affecte les ressources appropriées à l'application de la loi, dans le cadre de sa collaboration avec d'autres pays pour éradiquer les pourriels.
Il est également impératif que le gouvernement consacre des ressources pour établir clairement des codes de pratique. Le Parti libéral du Canada s'attellera à la tâche, sans faute, pour s'assurer que ces éléments ne sont pas perdus de vue à mesure que le processus avancera.
[Français]
Je suis donc confiant que nous sommes sur la bonne voie. Nous, au Parti libéral, poursuivrons nos démarches en vue de nous assurer que ce projet de loi soit conforme aux attentes de nos citoyens et citoyennes.
:
Madame le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui porte sur l'élimination des pourriels et qui remplace l'ancien projet de loi .
J'ai souvent déploré le manque de collaboration qui règne à la Chambre, mais je me réjouis de voir que ce projet de loi rallie les députés de tous les partis.
Nous sommes tous, y compris nos électeurs, inondés de messages électroniques indésirables, au bureau comme à la maison. Les pourriels représentent environ 87 p. 100 des messages électroniques qui circulent dans le monde entier. Au mieux, cela représente un énorme gaspillage de temps et d'énergie. On a calculé que, l'an dernier, le nombre de pourriels a été supérieur à 62 billions, ce qui est un chiffre absolument vertigineux. Ces pourriels sont envoyés de différentes façons, et le projet de loi vise à en identifier et à en éliminer certaines.
Le projet de loi a l’appui massif de la population. Il a en tout cas celui du Nouveau Parti démocratique, dont le programme électoral vise à régler par voie législative un certain nombre de problèmes de consommation.
Des pressions s'exerceront certainement pour tenter d'affaiblir ce projet de loi. Nous estimons que certaines de ses dispositions en font une excellente mesure législative pour les Canadiens et les entreprises de notre pays, car il est indéniable que le problème des pourriels a une incidence sur notre économie.
À l'heure actuelle, le Canada figure parmi les 10 pays qui reçoivent et qui expédient le plus de pourriels. Le Canada est le seul pays du G8 à ne pas encore avoir adopté de mesure semblable au projet de loi . Encore une fois, nous sommes à la traîne, mais nous pouvons rattraper notre retard avec ce projet de loi et nous doter d'un des meilleurs modèles du monde pour lutter contre ce grave problème.
Environ un pourriel sur 20, c'est-à-dire 5 p. 100, provient du Canada. On sait que le Canada est un véritable repaire pour certains des principaux expéditeurs de pourriels. En fait, je crois qu’en ce qui concerne le nombre de pourriels, nous occupons le quatrième rang au monde, derrière la Russie et juste devant le Brésil. D'après un sondage récent d’Ipsos Reid, les Canadiens reçoivent chaque semaine environ 130 pourriels, soit une augmentation de 51 p. 100 par rapport à l'année dernière, ce qui est fort inquiétant. Personnellement, je reçois pas mal plus que 130 pourriels, chez moi et à mon bureau.
En plus de provoquer l'irritation de ceux qui les reçoivent, ces messages et ces sollicitations indésirables leur font perdre aussi beaucoup de temps. Les employeurs s'inquiètent de ce gaspillage de temps et du coût que cela représente pour leur entreprise. J'ai une petite entreprise, et je sais pertinemment que tous ces pourriels nuisent à l'efficacité de mon système informatique, sans compter qu'ils l’exposent à davantage de risques et qu'ils diminuent la productivité de mes employés
D'aucuns prétendent que les entreprises ont le droit de nous inonder de ce genre de messages, mais en fait, c'est un privilège. Personne n'a le droit de nous inonder de courriels, d'autant plus qu'un grand nombre d'expéditeurs de pourriels se servent de toutes sortes de maliciels ou d'espiogiciels pour collecter des données sur les produits que nous achetons en ligne, sur nos habitudes de consommation, etc.
Chose intéressante, le projet de loi donne la possibilité aux entreprises qui ont des relations en cours avec leurs clients de maintenir ces relations. Il est question d'avoir une prolongation de 18 mois, dans le cas d'une relation d'affaires en cours. Ça me paraît raisonnable. Le Bloc a présenté une motion pour que cette période de grâce relativement aux relations d'affaires en cours soit portée à 24 mois. Il me semble qu'une période de 18 mois est assez longue.
Une fois que ce texte sera adopté, trois organismes de réglementation auront la responsabilité de sanctionner les expéditeurs de pourriels. Le CRTC instruira les plaintes. Le Bureau de la concurrence imposera des amendes pouvant aller jusqu'à 1 million de dollars pour les particuliers, et 10 millions de dollars dans tous les autres cas. Le commissaire à la protection de la vie privée sera appelé à intervenir en cas d'atteinte à la vie privée.
Les dispositions concernant le commissaire à la protection de la vie privée sont importantes car, trop souvent, les expéditeurs de pourriels formatent leurs messages de façon à ce qu'ils ressemblent à ceux d'une banque, si bien que les gens cliquent dessus — je l'ai presque fait moi-même quelques fois —, croyant que c'est leur banque, mais en fait c'est un expéditeur de courriel qui essaie de leur soutirer des données et des renseignements, voire de les escroquer.
Il est arrivé à des gens de perdre de l'argent, parce qu'ils pensaient que c'était leur banque ou un autre établissement financier légitime et qu'ils ont donné accès à leurs ressources monétaires. C'est une honte, et ça ne devrait pas se produire dans un pays comme le Canada.
Grâce au projet de loi, il y aura des recours, et ça va montrer à ceux qui nous bombardent de pourriels qu'ils seront passibles de sanctions réelles, et pas simplement d'une amende, et que ces sanctions seront lourdes de conséquences pour eux. Il faut espérer que cela freinera ce genre de comportement.
Le projet de loi tire en partie sa force du rôle que vont jouer les trois organismes de réglementation dans sa mise en œuvre. Certains se sont demandé si le projet de loi devrait inclure également les sollicitations téléphoniques, mais ce n'est pas le cas. En revanche, il donne une certaine latitude, et même des outils, au ministre pour faire appliquer la liste nationale de numéros de téléphone exclus.
Il ne faut pas perdre de vue un autre problème qui se trouvait dans l'incarnation précédente du projet de loi, car cela préoccupe les gens. En effet, une disposition de l'ancien projet de loi permettait aux entreprises de s'infiltrer dans nos ordinateurs afin d'aller y chercher des renseignements. Si nous avions accepté une telle chose, nous aurions permis à ces entreprises d'accéder aux informations et aux fichiers de nos ordinateurs, comme bon leur semble. Fort heureusement, cette disposition a été retirée.
Cette mesure pernicieuse avait donné lieu à beaucoup de discussions dans Internet et sur les blogues, et je me réjouis qu'elle n'ait pas été adopté. C'est important parce que si cette disposition avait été reconduite dans ce projet de loi, ainsi que d'autres que j'ai mentionnées tout à l'heure, je ne sais pas si j'aurais pu appuyer le texte dont nous sommes saisis, car son contenu en aurait été gravement affaibli. Il aurait été encore moins efficace que le registre national de numéros de téléphones exclus, qui ne l'est pourtant guère. Je me réjouis que nous ayons réussi à dégager un consensus pour rejeter ces dispositions.
Par ailleurs, plusieurs amendements intéressants ont été présentés, et je serais curieux de savoir d'où ils venaient. Nous verrons bien s'ils seront à nouveau proposés au Sénat.
L'un d'eux venait du Bloc, et il s'agissait de prolonger la période prévue pour annuler un abonnement électronique. En pratique, si j'accepte de recevoir un courriel et que j'établis donc une relation avec une entreprise, ou si quelqu'un m'envoie cette information, j'ai la possibilité d'annuler mon abonnement par la suite. Il me suffit d'indiquer par courriel que je ne veux plus poursuivre cette relation. Le projet de loi prévoyait au départ que mon nom serait alors retiré de la liste dans les 10 jours. Le Bloc a proposé une motion pour porter cette période à 30 jours. La disposition finale du projet de loi est maintenant de 10 jours ouvrables.
Dès qu’on accepte de recevoir des courriels d'une banque ou d'ailleurs, ils vous envoient instantanément toutes sortes de pourriels et d'informations. Dès la minute qu'on accepte, on commence à être bombardé. Par exemple, j'accumule des points Aéroplan d'Air Canada, et croyez-moi, je reçois des messages à tout bout de champ, me proposant toutes sortes de choses. J'ai accepté cette relation, et parfois, c'est utile. Parfois, aussi, c'est énervant, mais il faut choisir. Si je décide que je ne veux plus recevoir ces courriels, il est absolument ridicule de me faire attendre 30 jours pour que mon nom soit retiré de la liste, surtout avec les logiciels sophistiqués qu’on a maintenant. Dix jours, c’est amplement suffisant pour mettre un terme à ce genre de relation.
Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la gravité du problème que constituent les pourriels. Les pourriels sont un instrument de la criminalité. Les pourriels nuisent également à la capacité de tout le système Internet. Pensez aux réseaux de zombie, qui sont des programmes conçus de façon à transformer nos ordinateurs en générateurs de courriels, ou à utiliser notre adresse électronique au nom de quelqu'un d'autre qui contrôle tout un réseau d'ordinateurs.
J'espère que le projet de loi sera adopté sans avoir été émasculé par un Sénat non élu. La mise en œuvre de la loi américaine a permis la condamnation de Robert Alan Soloway, qui avait été arrêté aux États-Unis. C'était l'un des plus grands distributeurs de pourriels au monde. Parmi les 35 infractions dont il a été reconnu coupable, il y avait non seulement le vol d'identité et la fraude, mais aussi le blanchiment d'argent.
J'aimerais maintenant dire quelques mots au sujet des entreprises car les pourriels peuvent leur nuire à elles aussi. Certains pourriels sont très ciblés et très efficaces, et leur format très professionnel amène les gens à penser qu'ils sont autre chose que ce qu'ils sont, et je parlais tout à l'heure des banques. Les pourriels nuisent au secteur bancaire car ils leur font perdre des clients. En effet, les gens cessent de faire confiance à une entreprise lorsque d'autres utilisent un site qui ressemble à celui de cette entreprise.
C'est la raison pour laquelle il ne faut pas perdre de vue la dimension criminelle de cette activité. Nous devons adopter ce projet de loi le plus rapidement possible. Nous avons attendu trop longtemps pour qu'il passe en comité, malgré tous les efforts louables de mon collègue, le député de , qui s'est dépensé sans compter sur ce dossier.
Essayons de montrer aux Canadiens que le gouvernement peut faire quelque chose d'utile.
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Madame la Présidente, lorsque j'ai été élu, à l'été de 2004, le pourriel était un phénomène naissant, mais très circonscrit. Le compte Internet de tous les utilisateurs était inondé de pourriels et d'offres abjectes. En 2004, on estimait à 130 milliards de dollars le coût de ce phénomène à l'échelle mondiale. Force est de se demander comment il est passé de rien à 130 milliards de dollars en si peu de temps.
Ce phénomène a pris une ampleur telle qu'il est devenu accablant pour quiconque a un compte de courrier électronique et aussi pour les petites entreprises qui utilisent le courrier électronique. Le volume de pourriel et de courrier électronique non sollicité est aujourd'hui si grand que le système s'en trouve congestionné. De nos jours, 80 p. 100 de l'information qui aboutit dans nos ordinateurs et nos assistants numériques constitue ce qu'on appelle du pourriel.
Voilà comment la situation a évolué. Non seulement s'est-elle aggravée du fait que tant de gens envoient des courriels non sollicités et qu'ils le font sans cesse mieux, mais le système leur permet d'être beaucoup plus rapides et, dans bien des cas, plus insaisissables. Il existe plusieurs plateformes qu'on peut utiliser à cette fin.
On a beau faire preuve de beaucoup d'imagination en considérant le monde comme un prolongement de soi, il reste que l'on a connu depuis 2004 une véritable prolifération des médias sociaux comme Facebook et Twitter. Il se fait également beaucoup d'envoi de messages textes. Comme on le sait, cela ne se limite plus à nos ordinateurs personnels, au bureau ou à la maison, mais nous suit dorénavant toute la journée, où qu'on aille, parce que le matériel est beaucoup plus compact.
Le Groupe de travail sur le pourriel a été mis sur pied en 2004, six mois environ après mon élection. On avait réuni des experts parce que le problème était considéré comme urgent à l'époque. N'oublions pas que le problème sur lequel nous nous penchons n'est pas uniquement un problème intérieur. Nous étudions parfois à la Chambre des questions d'ordre essentiellement national telles que l'économie, la sécurité sociale, les pensions et l'assurance-emploi. Il arrive que ce que l'on fait chez nous serve de modèle pour le reste du monde; il suffit de penser au Régime de pensions du Canada.
Le monde est désormais inextricablement lié. Le commerce électronique n'a pas de frontières. Toutes les ressources de l'ASFC ne suffiraient pas à le contrôler. Les données circulent de manière instantanée d'un bout à l'autre de la planète. Nous pouvons nous brancher sur le monde d'une manière qui nous aurait semblé impossible auparavant. Ce n'est pas mauvais en soi. Il serait d'ailleurs extraordinaire d'en venir à une compréhension commune à l'échelle de la planète. Mais, la situation se complique quand vient le temps de créer une loi nationale pour emboîter le pas aux ententes internationales. C'est là que le bât blesse.
Des députés ont remarqué que nous accusons un certain retard quant à ce genre de mesures législatives et je partage entièrement leur avis. Les autres pays du G8 ont déjà adopté des lois et ils sont allés plus loin que nous. Nous sommes maintenant en situation de rattrapage par rapport au reste de la planète.
C'est là un problème, certes. Nous devons maintenant faire preuve de diligence raisonnable dans le cadre des débats de la Chambre et des travaux des comités afin d'élaborer des mesures législatives musclées et efficaces.
La deuxième étape consistera en l'application des mesures législatives que nous aurons créées, et c'est là une étape très importante. Voilà pourquoi la myriade d'organismes mentionnés dans le débat sont parties prenantes du processus.
J'ai mentionné la dimension internationale de la question. Je viens de la côte Est, plus précisément de Terre-Neuve-et-Labrador, où, dans le domaine de la pêche, nous avons l'habitude des lois s'insérant dans une perspective internationale. Comme l'ont déjà souligné dans le passé de nombreux politiciens de Terre-Neuve-et-Labrador, les frontières existent, mais les poissons peuvent nager, donc traverser les frontières.
Par conséquent, la dimension internationale de cette question est semblable à celle des changements climatiques. De nombreux modèles de gestion de nos ressources sont créés dans des forums internationaux. Pour la pêche, c'est l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest. Pour les changements climatiques, ce sont les Nations Unies et d'autres forums, y compris même le Conseil de l'Europe.
Cet accord a été conclu dans le cadre d'une structure de gestion internationale. Nous devons maintenant y donner suite en légiférant à l'échelle canadienne. Nous nous mettrons ainsi au diapason des autres pays pour jouer le rôle qui nous incombe dans le monde.
Je me suis constitué un dossier d'information sur la question. Mes félicitations à la Bibliothèque du Parlement pour le résumé législatif, et en particulier à celle qui l'a préparé, Mme Alysia Davies, de la Division des affaires juridiques et législatives du Service d'information et de recherche parlementaires. Elle a fait un travail formidable.
Quelques articles du projet de loi traitent de la présente situation.
Le groupe de travail ayant remis son rapport, à l'époque, nous avions commencé à discuter du premier projet de loi sur la question, qui portait le numéro C-27 et qui, lors de son étude par le comité, a fait l'objet de propositions d'amendement provenant du comité lui-même, du gouvernement et du ministère. La plupart de ces amendements ont été acceptés, à l'issu de ce qui fut, là aussi, un grand débat. Lors de la prorogation, ce projet de loi est mort au Feuilleton. Aujourd'hui nous en étudions la seconde mouture, le projet de loi . Nous allons nous appliquer à bien faire cette étude, une fois de plus.
Le projet de loi C-27 s'intitulait la loi sur la protection du commerce électronique. Certaines dispositions du projet de loi actuel ont vu le jour en tant qu'amendements apportés par le gouvernement au projet de loi C-27.
Comme c'était le cas du projet de loi C-27, le nouveau projet de loi, intitulé Loi visant l’élimination des pourriels sur les réseaux Internet et sans fil, modifierait quatre lois actuelles qui concernent la réglementation, la concurrence et la confidentialité dans les télécommunications. Les modifications auraient entre autres pour effet de faire du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, mieux connu sous le nom de CRTC, le principal organisme de réglementation chargé d'appliquer la Loi visant l’élimination des pourriels sur les réseaux Internet et sans fil. De plus, le Bureau de la concurrence et le Commissariat à la protection de la vie privée seraient chargés d'appliquer les dispositions de la loi liées à leurs mandats respectifs.
Il peut y avoir des questions, comme par exemple, celle posée plus tôt au cours du débat sur le fait que la sensibilisation du public ne faisait pas partie du mandat de la commissaire à la protection de la vie privée. C'est un point très valide car cela devient alors du ressort de la justice. C'est un point qu'il faut soulever à la Chambre et qui mérite un débat approfondi afin de déterminer qui exactement enseignera ce qui n'est pas correct, pas légal et les amendes qui peuvent être imposées.
Mon collègue du Manitoba a soulevé l'idée de poursuites au criminel. En ce moment, nous nous occupons seulement des amendes, mais il faudra aussi se pencher sur cette question, qui pourra être abordée de nouveau dans le cadre de cette disposition législative.
Je veux aussi parler des quatre piliers. C'est le résultat d'un processus lancé en 2004 avec le Plan d'action anti-pourriel. Il s'agissait d'un groupe de travail du secteur privé sous la présidence d'Industrie Canada et chargé d'étudier la question du courriel commercial non sollicité que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de pourriel.
À la fin de 2004, le pourriel, à maints égards l'équivalent du courrier poubelle, représentait 80 p. 100 de tous les messages électroniques à l'échelle mondiale. Imaginez que 80 p. 100 du courrier déposé dans une boîte aux lettres soit du courrier poubelle. Beaucoup diront que cette situation existe déjà, et je suis sûr que c'est vrai dans certains cas.
Néanmoins, 80 p. 100 est un pourcentage élevé car il est tellement facile et peu coûteux d'envoyer ce type de courriel. Il est beaucoup plus facile de taper un courriel, dans le but d'escroquer ou de tromper le destinataire, et de l'envoyer en masse que de faire la même chose sur papier.
Le Groupe de travail sur le pourriel, qui a mis en oeuvre le plan d'action, a tenu une table ronde des intervenants nationaux en décembre 2004. Nous avons sollicité des commentaires au moyen d'annonces dans la Gazette du Canada et dans un forum en ligne créé spécialement à cette fin. Le Groupe de travail a déposé en mai 2005 un rapport recommandant, entre autres, des dispositions législatives visant expressément à lutter contre le pourriel, et c'est ce que faisons aujourd'hui. Il s'agit là de la deuxième tentative de créer une loi visant l'élimination des pourriels; en effet, le gouvernement fédéral avait essayé une première fois lors de la 42e législature.
Je tiens à remercier deux sénateurs qui ont beaucoup travaillé sur cette question. Je nomme, premièrement, le sénateur Donald Oliver et, deuxièmement, l'ancien sénateur Yoine Goldstein, de Montréal. Nous leur devons beaucoup.
La loi visant l'élimination des pourriels peut être considérée comme un complément à la législation sur le commerce électronique mise en place par chacun des territoires et des provinces du Canada depuis une dizaine d'années.
Nous devrions leur être reconnaissants pour les lois provinciales qui sont entrées en vigueur depuis 1998, élaborées selon le modèle de la Loi uniforme sur le commerce électronique proposé par la Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada. Ce sont en effet les lois provinciales et territoriales qui ont servi de base au développement du secteur du commerce électronique dans l'ensemble du pays. Nous devrions également être reconnaissants à plusieurs des ministres provinciaux de nous avoir aidés à créer le projet de loi à l'étude à la Chambre aujourd'hui. Nous devrons ultérieurement nous pencher sur la mise en application de ce dernier.
Essentiellement, c'est ce qui a donné lieu à l'adoption de la principale loi fédérale en matière de commerce électronique: la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, dans laquelle sont énoncées les exigences en matière de protection des renseignements personnels que doivent respecter les organismes privés et qui s'appliquent également aux documents électroniques sous responsabilité fédérale, et dans les provinces et territoires qui ne se sont pas encore dotés d'une loi en ce sens. C'est typique de nombreuses mesures législatives adoptées depuis la création du Parlement.
Comme je le disais, le Canada est le dernier pays du G8 à adopter une mesure législative s'attaquant spécifiquement aux pourriels sur son territoire, et une bonne partie des dispositions qui s'y trouvent s'inspirent des résultats de diverses négociations internationales. Le groupe de travail a par ailleurs recensé les dispositions du Code criminel qui pourraient servir à traduire les polluposteurs en justice. Il a travaillé sur ce dossier en 2004 et en 2005 en collaboration avec le ministère de la Justice et avec la Direction de la criminalité technologique de la Gendarmerie royale du Canada.
Il y a un autre élément du projet de loi sur lequel on devrait réfléchir davantage. Nous commençons à peine à comprendre l'influence que les pourriels peuvent avoir un peu partout dans le monde. En six ans, le commerce électronique a beaucoup évolué. Nous sommes passés des désagréables pourriels à Facebook et aux médias sociaux, comme Twitter, aux applications de toutes sortes, à iPad et autres... bref, pas besoin de faire un dessin. Les plateformes électroniques évoluent, mais les gens qui sont responsables des aspects criminels du pollupostage, et les autres aussi, il va sans dire, s'adaptent aux plateformes existantes. Il est donc de notre devoir de demeurer au courant des dernières tendances, pour que les citoyens soient informés de ce qu'il peuvent faire — ou pas — et de permettre aux organismes gouvernementaux d'appliquer la loi de manière indépendante.
J'ai mentionné la Direction de la criminalité technologique de la Gendarmerie royale du Canada et les exigences pour porter des accusations en vertu des dispositions actuelles. Ces dispositions n'avaient toutefois pas été utilisées à cette fin au moment de la publication du rapport du groupe de travail, si bien qu'il reste des questions sans réponse à cet égard.
D'autres organismes tels que le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et le Bureau de la concurrence ont eux aussi reçu des plaintes de la part de citoyens portant sur les pourriels, mais il n'existait pas de cadre général pour y répondre. Nous voyons donc la nécessité d'une telle mesure. À l'époque, le groupe de travail a pu leur dire de s'occuper du problème lié au Code criminel et du fait que nos agences gouvernementales sont inondées de plaintes et que nous devons concilier les deux. La situation délicate à laquelle nous sommes confrontés à l'heure actuelle en est la conséquence. Nous devrons y remédier à une date ultérieure.
La loi offrira un régime de réglementation clair, assorti de sanctions administratives pécuniaires, ou SAP, concernant aussi bien le pourriel que les menaces connexes provenant de contacts électroniques non sollicités, dont, et c'est important, le vol d'identité, l'hameçonnage, les logiciels espions, les virus et les réseaux zombies. Elle accordera également un droit supplémentaire de poursuite au civil aux entreprises et aux consommateurs visés par les auteurs de ces activités. Il y a là un autre aspect qui entre en ligne de compte pour intenter des poursuites contre ces personnes. Il faut se demander si la loi est suffisamment stricte, et j'ai d'ailleurs certaines réserves à cet égard.
À des fins de description et d'analyse, l'article 2, par exemple, renferme sa propre définition de ce qu'on appelle « activité commerciale ». Elle est différente de celle contenue dans la LPRPDE, la loi qui est principalement utilisée pour lutter contre les pourriels. Elle ne modifie pas la définition existante de cette loi, mais elle s'en inspire: le projet de loi définit l'expression « activité commerciale » comme étant « tout acte isolé ou activité régulière qui revêt un caractère commercial », et ajoute « que la personne qui l'accomplit le fasse ou non dans le but de réaliser un profit. »
Par conséquent, la raison d'être de cette mesure se trouve dans les courriels non sollicités et autres activités abjectes que j'ai décrites tout à l'heure, les réseaux zombies, les logiciels espions et ce genre de choses, car ce sont des programmes qui s'adaptent, à des fins répréhensibles, pour nous solliciter de l'argent dans des circonstances que les consommateurs jugeraient critiquables. Ainsi, la loi essaie de définir l'expression sous l'angle du profit.
Elle vise à élargir l'éventail des personnes qui seraient tenues responsables en vertu de la nouvelle loi dans les cas où le pollupostage et d'autres activités ont lieu, mettant possiblement en cause les fournisseurs de services Internet, ou FSI, ou même ceux dont les ordinateurs sont utilisés à ces fins sans qu'ils le sachent ou qu'ils aient donné leur accord. Nous pouvons voir comment cela s'est produit.
Depuis la mise en place du groupe de travail il y a approximativement six ans, beaucoup de situations se sont produites, et la mesure législative doit y remédier. Beaucoup de changements ont été proposés lors de l'étude du projet de loi par le comité, et ces changements ont maintenant été intégrés dans le projet de loi dont nous sommes saisis. Une partie de l'article 2 reconnaît cela.
Il y a également des dispositions qui sont abordées de façon plus détaillée et dont je parlerai dans un instant. L'une des situations concernait les télévendeurs et la liste de numéros de télécommunication exclus au sujet de laquelle les députés reçoivent beaucoup d'appels. Je dirais que, au cours de mes six années ici, j'ai été aux prises avec un grand nombre de ces problèmes, et le projet de loi permettrait de les résoudre dans une certaine mesure.
Les pourriels représentent 80 p. 100 du trafic électronique à l'échelle mondiale. C'est énorme. C'est le problème que cette mesure législative tente de corriger. Il y a des dispositions clés dans les articles 7 à 10, ainsi que dans l'article 13.
Le paragraphe 7(6) reprend un amendement du gouvernement qui avait été intégré dans la version précédente du projet de loi et qui avait été proposé à la Chambre des communes par le Comité de l'industrie, des sciences et de la technologie. Il stipule que l'interdiction d'envoyer un message électronique commercial ne s'applique pas aux messages qui donnent, à la demande des personnes qui les reçoivent, un prix ou une estimation pour la fourniture de biens, produits, services, terrains ou droits ou intérêts fonciers. De cette façon, le projet de loi n'entravera pas le fonctionnement normal du commerce électronique.
Nous devons reconnaître que ces entreprises, surtout les PME, connaissent un certains succès sur Internet. Nous voulons donc nous assurer que cette mesure législative ne nuira pas à leurs efforts de créer des occasions d'affaires et de faire de la sollicitation d'une manière qui est conforme aux bonnes pratiques de consommation.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi , une loi visant l'élimination des pourriels sur les réseaux Internet et sans fil.
D'entrée de jeu, je voudrais dire que le Bloc québécois est en faveur du principe du projet de loi . Ce projet de loi est une reprise de l'ancien projet de loi , mort au Feuilleton lors de la dernière prorogation. Il existe plusieurs modifications mineures, mais l'ensemble du texte, de ses objectifs et de ses principales composantes demeure le même.
Une nouvelle loi visant explicitement les messages électroniques commerciaux non sollicités est depuis longtemps requise et demandée par l'ensemble de la société. Autant les gouvernements, les fournisseurs de service, les exploitants de réseaux que les consommateurs sont touchés par la problématique créée par le pourriel. Préserver le bon fonctionnement du commerce électronique légitime est essentiel et pressant. Non seulement les courriels commerciaux envoyés avec le consentement préalable et continu du destinataire occupe-t-il une place importante dans le commerce électronique, mais il constitue un maillon primordial au développement d'une cyberéconomie.
Le Bloc québécois est heureux de constater que le projet de loi reprend la plupart des recommandations du rapport final du Groupe de travail sur le pourriel. Par contre, nous déplorons le fait que le processus législatif ait pris quatre longues années. La technologie informatique évolue à un train d'enfer, et les polluposteurs trouvent toujours de nouvelles façons d'arriver à leurs fins. Par conséquent, l'étude en comité devra permettre à bon nombre d'intervenants de l'industrie et de groupes de protection des consommateurs de se prononcer à propos de la nouvelle loi sur la protection du commerce électronique. Plusieurs autres points devront être examinés en comité. J'y reviendrai un peu plus loin dans mon allocution.
Le Groupe de travail sur le pourriel fut créé en 2004 afin de se pencher sur cette problématique, en constante évolution, et ainsi trouver des pistes de solution pour l'enrayer. Le groupe a réuni des représentants de fournisseurs de services Internet et du gouvernement, des spécialistes du marketing électronique et des consommateurs.
Au total, plus de 60 groupes des secteurs concernés ont pris part aux discussions, apportant leur contribution sur des sujets tels que la législation et l'application des lois, la collaboration internationale ainsi que l'éducation et la sensibilisation du public. Outre la campagne de sensibilisation qui s'intitulait « Arrêtez le pourriel ici », lancée sur Internet et visant à informer les utilisateurs des mesures à prendre pour limiter et contrôler le volume de pourriels qu'ils reçoivent, le Groupe de travail sur le pourriel a présenté, le 17 mai 2005, son rapport final au ministre de l'Industrie.
Intitulé « Freinons le pourriel: Créer un Internet plus fort et plus sécuritaire », ce rapport recommande l'adoption d'une nouvelle législation ciblée ainsi qu'une application rigoureuse des mesures en vigueur afin de renforcer l'arsenal juridique et réglementaire que le Canada pourrait utiliser dans la lutte mondiale contre le pourriel.
Le rapport soutient également la création d'un centre de liaison au sein du gouvernement pour permettre la coordination des mesures prises à l'encontre du pourriel ou des autres problèmes qui y sont liés, comme les logiciels espions.
Parmi les principales recommandations contenues dans le rapport, on retrouve une législation et des mesures de mise en application de la loi plus puissantes. Il s'agissait de rédiger une loi interdisant le pourriel et protégeant les renseignements personnels et la vie privée ainsi que les ordinateurs, le courriel et les réseaux.
La loi proposée devrait permettre aux particuliers et aux sociétés de poursuivre les polluposteurs et de tenir les entreprises dont les produits ou services sont promus par le truchement du pourriel partiellement responsables de celui-ci.
En outre, elle devrait renforcer les ressources nouvelles et actuelles destinées aux organismes responsables de l'administration et de l'application des lois anti-pourriel.
Le groupe a recommandé qu'on établisse un centre de coordination des initiatives anti-pourriel au sein du gouvernement. Le centre serait responsable de la coordination des politiques, des campagnes d'éducation et de l'octroi d'un soutien aux organismes d'exécution. Il accueillerait également les plaintes et compilerait des statistiques sur le pourriel.
Afin d'endiguer le volume de pourriels acheminés aux utilisateurs, le groupe de travail a élaboré une série de pratiques exemplaires pour les fournisseurs de services, les exploitants de réseaux et les expéditeurs de courriels commerciaux. Par exemple, les fournisseurs de services et autres exploitants de réseaux seraient autorisés à intercepter les fichiers annexés aux courriels réputés contenir des virus et à bloquer les courriels comportant des lignes de mention d'objet trompeuses.
De plus, les expéditeurs de courriels commerciaux seraient tenus d'obtenir le consentement informé des destinataires pour recevoir des courriels, d'offrir un mécanisme de refus pour tout courriel subséquent et de créer un système de plaintes. Le rapport recommande que ces groupes adoptent volontairement, examinent régulièrement et améliorent les pratiques exemplaires.
Pour favoriser un changement de comportement chez les internautes, le groupe de travail a créé une campagne d'éducation publique en ligne intitulée « Arrêtez le pourriel ici ». Lancé en décembre 2004, le site Web offre aux consommateurs, aux organismes bénévoles et aux entreprises des conseils pratiques pour protéger leurs renseignements personnels, leurs ordinateurs et leurs adresses électroniques. Le groupe de travail recommande que tous les partenaires continuent d'améliorer le contenu du site.
Étant donné que la majorité des pourriels reçus par les Canadiens proviennent de l'étranger, des mesures internationales visant à freiner les pourriels s'imposent. Par conséquent, le groupe de travail propose au gouvernement de poursuivre ses efforts en vue d'harmoniser les politiques anti-pourriel et d'encourager les différents pays à collaborer à l'application des lois anti-pourriel.
Quatre ans plus tard, le 24 avril 2009, le gouvernement du Canada a finalement présenté une nouvelle loi portant sur la protection du commerce électronique, le projet de loi . S'inspirant principalement du rapport final du Groupe de travail sur le pourriel, ce projet de loi vise à établir un cadre afin de protéger le commerce électronique. Pour ce faire, le projet de loi crée la nouvelle loi sur la protection du commerce électronique, la LPCE. Essentiellement, cette loi baliserait l'envoi de pourriels.
Un pourriel se définit comme étant un message électronique commercial envoyé sans le consentement des destinataires. Est un message électronique commercial un message textuel, sonore, vocal ou visuel envoyé par tout moyen de télécommunication — courriel, messagerie texte de téléphone cellulaire ou messagerie instantanée — dont il est raisonnable de conclure, de par le contenu auquel il donne accès, qu'il a pour but d'encourager la participation à une activité commerciale. Il s'agit, notamment, de tout message qui, selon le cas, comporte une offre d'achat, de vente, de troc ou de louage d'un produit, bien, service, terrain, droit ou intérêt foncier, ou qui offre une possibilité d'affaires, d'investissement ou de jeu.
Il est à noter que ne seront pas considérés comme des pourriels les messages commerciaux suivants qui apparaissent à l'article 7 : les messages qui sont envoyés par une personne physique à une autre, si celles-ci ont entre elles des liens familiaux ou personnels; les messages qui sont envoyés à une personne qui exerce des activités commerciales et qui constituent uniquement une demande, notamment une demande de renseignements, portant sur ces activités; les messages qui constituent, en tout ou en partie, des communications vocales bilatérales qu'ont entre elles, en direct, des personnes physiques; les messages envoyés par fac-similé à un compte téléphone; les enregistrements de la parole envoyés à un compte téléphone et les messages qui font partie d'une catégorie réglementaire ou qui sont envoyés dans les circonstances précisées par les règlements.
Ainsi, selon la LPCE, toute transmission d'un pourriel à une adresse électronique — compte de courriel, de messagerie instantanée, de téléphone ou tout autre compte similaire — serait interdite. Les seules circonstances permettant l'envoi de pourriels seraient lorsque la personne, à qui le message est envoyé, a consenti expressément ou tacitement à le recevoir.
En plus de respecter les exigences réglementaires de forme, le message devra donc permettre d'identifier et de communiquer avec la personne l'ayant envoyé. Enfin, un mécanisme d'exclusion devra y être inclus. Il permettrait à la personne recevant le message d'exprimer sa volonté de ne plus recevoir d'autres messages électroniques commerciaux de la personne l'ayant envoyé en fournissant l'adresse électronique ou l'hyperlien pour le faire.
Aussi, la LPCE interdirait de modifier les données de transmission d'un message électronique de façon à ce qu'il soit livré à d'autres adresses que celle voulue par l'expéditeur initial. De plus, la LPCE interdirait l'installation d'un programme d'ordinateur dans l'ordinateur d'une autre personne ainsi que l'envoi d'un message électronique par l'ordinateur d'une autre personne sans le consentement du propriétaire.
Rattachés à cela se trouvent des recours administratifs. Toute contravention, même indirectement à l'une ou l'autre de ces dispositions, constituerait une violation exposant l'auteur à une sanction administrative pécuniaire, une SAP, dès lors que l'ordinateur utilisé est situé au Canada. Ces SAP pourraient atteindre 1 million de dollars pour les particuliers et 10 millions de dollars dans tous les autres cas. C'est le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, qui serait chargé d'administrer les plaintes et, s'il y a lieu, d'imposer des SAP. De plus, le CRTC pourra ordonner une injonction s'il conclut à l'imminence ou la probabilité d'une violation.
Pour mener à bien ces enquêtes, le CRTC disposerait de pouvoirs intéressants. Il pourrait obliger une personne à préserver des données de transmission, communiquer la copie de tout document, établir tout document à partir de données, de renseignements ou documents en sa possession et il pourrait même procéder à la visite d'un lieu afin de recueillir de telles informations ou s'il croit que cela est nécessaire pour décider d'une violation des articles 6 à 9. Notons qu'il devra se procurer un mandat d'un juge de paix préalablement à la visite.
Une personne physique qui refuse ou omet de se conformer à une demande en vertu des articles 15, 17 ou 19 se rendra coupable d'une infraction passible d'une amende maximale de 10 000 $ et de 25 000 $ en cas de récidive. Pour toute autre personne, le maximum sera de 100 000 $ et de 250 000 $ en cas de récidive.
Il y a aussi les recours privés. Le projet de loi prévoit la création d'un droit privé d'action qui, à l'instar d'une législation adoptée par les États-Unis, permettrait aux entreprises et aux particuliers d'intenter des poursuites civiles contre toute personne transgressant les dispositions 6 à 9 de la nouvelle loi.
Si le tribunal croit qu'une personne a contrevenu à l'une ou l'autre de ces dispositions, il pourra ordonner que soit versée au demandeur une somme représentant soit la perte ou les dommages subis, soit les dépenses engagées. S'il est impossible pour le demandeur d'établir ces sommes, le tribunal pourra ordonner que soit versée au demandeur une somme maximale de 200 $ pour chaque contravention, jusqu'à concurrence de 1 million de dollars.
Dans le projet de loi , on propose également d'étendre les pouvoirs de coopération et d'échange d'information pour tout ce qui touche à la Loi sur la concurrence, à la Loi sur les télécommunications ou à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
Par exemple, toute organisation visée par la partie 1 de cette dernière loi peut, de sa propre initiative, communiquer au CRTC, au commissaire à la protection de la vie privée ou au commissaire de la concurrence tout renseignement en sa possession si elle croit que celui-ci est lié à la violation de la loi. Le CRTC, le commissaire de la concurrence et le commissaire à la protection de la vie privée doivent aussi se consulter mutuellement et peuvent se communiquer tout renseignement afin d'assurer les activités et les responsabilités qu'ils exercent en vertu de la loi.
Les messages électroniques commerciaux non sollicités sont devenus, au fil des années, un problème social et économique important qui mine la productivité individuelle et commerciale des Québécois et Québécoises. Non seulement, ils entravent l'utilisation du courriel pour les communications personnelles, mais ils menacent aussi la croissance du commerce électronique légitime.
L'Internet est devenu un incontournable en ce qui a trait au commerce et aux communications en général. Selon le gouvernement, le cybermarché représente un segment important de l'économie canadienne et québécoise. En effet, des ventes équivalant à 62,7 milliards de dollars ont été effectuées en 2007. En 2009, le commerce électronique devait dépasser les 8,75 billions de dollars. Parallèlement, l'Internet et le commerce électronique sont de plus en plus vulnérables et menacés, et ce, de façon considérable.
Le pourriel compte désormais pour plus de 80 p. 100 du trafic électronique à l'échelle mondiale, ce qui entraîne des dépenses immenses, autant pour les entreprises que pour les consommateurs. Les pourriels sont de véritables nuisances: ils endommagent les ordinateurs et les réseaux, contribuent aux pratiques commerciales trompeuses et frauduleuses, et portent atteinte à la vie privée. Plus globalement, les pourriels menacent directement la viabilité de l'Internet comme moyen efficace de communication, minent la confiance des consommateurs à l'égard du cybercommerce légitime et entravent les transactions électroniques. Au bout du compte, tout le monde est perdant.
Depuis maintenant trop longtemps, une nouvelle loi visant à encadrer le message électronique non sollicité était devenue impérative. Le Bloc québécois est heureux de constater que le projet de loi reprend la plupart des recommandations du rapport final du Groupe de travail sur le pourriel. Par contre, nous déplorons le fait que le processus législatif ait pris quatre longues années. La technologie informatique évolue à un train d'enfer, et les polluposteurs trouvent toujours de nouvelles façon d'arriver à leurs fins. En informatique, quatre ans sont considérés comme une éternité.
Par conséquent, l'étude en comité devra permettre à un bon nombre d'intervenants de l'industrie et de groupes de protection des consommateurs de se prononcer sur la pertinence de la loi sur la protection du commerce électronique. Un autre volet que l'étude en comité devra examiner est l'échange d'information entre le CRTC, le commissaire de la concurrence et le commissaire à la protection de la vie privée. Bien que cet échange soit souhaitable afin de maximiser l'efficience de la LPCE, les renseignements personnels qui seront ainsi communiqués doivent toujours garder un caractère confidentiel. Cela est d'autant plus essentiel que ces renseignements pourront être acheminés à des États étrangers. Ainsi, la vigilance sera de mise en comité en ce qui a trait à la protection des liens commerciaux entre les entreprises et les consommateurs. Même si la LPCE semble adéquate sur ce plan, le témoignage de l'industrie sera de mise, car il ne faudra pas que la loi devienne un frein à l'exploitation du réseau Internet comme outil accélérateur et facilitateur des échanges commerciaux.
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Madame la Présidente, nous débattons ici aujourd’hui d’un projet de loi qui est important, ne serait-ce que parce qu’il a longtemps tardé à être finalement étudié à la Chambre.
Selon des sources crédibles, le Canada est le seul pays du G8 qui n’a pas de loi régissant le pourriel. Ce projet de loi ne porte pas uniquement sur le pourriel, mais on le surnomme dans la rue le projet de loi « anti-pourriels ». Voilà donc sur quoi le Parlement tente de légiférer et je crois que ce projet de loi pourrait avoir d’énormes répercussions dans le monde du commerce électronique.
On m’a dit aussi que, pendant un certain temps, certaines associations commerciales de notre pays avaient des réserves au sujet des dispositions du projet de loi initial. Des amendements ont été apportés et je crois que maintenant ces organismes appuient le projet de loi.
Il est extrêmement important de faire en sorte que si ce projet de loi est adopté en deuxième lecture, comme je crois qu’il le sera, le comité qui l’étudiera consulte au maximum les experts et les entreprises qui travaillent dans ce domaine pour s’assurer que nous aurons le meilleur projet de loi possible sans causer de tort à notre commerce électronique, tout en protégeant les renseignements personnels et les autres choses dont jouissent la quasi-totalité des Canadiens.
Le projet de loi comme tel commence par chercher à interdire. Je dis qu’il cherche à le faire, car c’est très bien d’adopter une loi qui interdit, qui criminalise ou qui réglemente quelque chose, mais ce sont les résultats qui comptent. Il faut que le projet de loi ait des résultats concrets et pour interdire, il faut des mesures d’application raisonnables; pour qu’il y ait des mesures d’application raisonnables, il faut des gens pour faire la police ou pour appliquer la réglementation.
Ce projet de loi se lance dans une voie qui a déjà été suivie dans d’autres lois. Il permet au secteur privé de se charger de certaines formes d’application ou de participer à l’organisation de la réglementation ou de l’application. C’est une mesure positive, mais nous ne pouvons pas simplement adopter un projet de loi qui interdit et qui prétend réglementer; nous devons aussi examiner les moyens et les modalités d’application. Même s’il ne s’agit pas d’une interdiction du même type que celles du Code criminel, le projet de loi permettrait d’imposer des pénalités financières importantes.
Néanmoins, il ne suffit pas que je déclare que le projet de loi prévoit des pénalités financières et il ne suffit pas de l’adopter pour que ces pénalités soient imposées. Il faut que les mécanismes d’application, qui seront à la fois quasi judiciaires et judiciaires, disposent des ressources voulus.
Je parlerai plus tard plus en détail de chacune des interdictions que prévoit le projet de loi, mais pour le moment, je voudrais simplement les énumérer.
La première chose que le projet de loi interdit est le pourriel comme tel. Autrement dit, il interdit d’envoyer, sans le consentement du destinataire, ce que j’appelle du « courrier poubelle », ce que le projet de loi appelle d’un autre nom et ce que certaines personnes dans la rue appellent « pourriel ». La plupart d’entre nous qui se servent d’ordinateurs et reçoivent des courriels connaissent bien ce genre de messages.
Le projet de loi interdirait des déclarations fausses qui déguisent l’origine du courriel ou son but. Cela comprend une mention par laquelle l’expéditeur déguise la nature du message ou insère un renseignement qui incitera le destinataire à l’ouvrir.
Troisièmement, le projet de loi interdirait l’installation non autorisée de programmes. Pour ma part, je ne crois pas avoir été victime de ce problème, mais je sais qu’il est énorme, lorsque l’utilisateur ouvre les courriels qui communiquent ces mauvais programmes qui s’insinuent dans le système d’exploitation de l’ordinateur. Les effets sur le système informatique peuvent être redoutables.
Quatrièmement, le projet de loi interdirait la collecte non autorisée de renseignements personnels et d’adresses électroniques. L’élément central de cette interdiction concerne les renseignements personnels. J’y reviendrai plus longuement tout à l’heure. Il s’agit d’un élément d’une importance considérable, et il faudra le gérer attentivement aux termes du projet de loi, une fois qu’il aura été adopté.
Cette série d’interdictions et les autres dispositions législatives proposées découlent du rapport d’un groupe qui a achevé ses travaux il y a environ cinq ans. Si je le signale, c’est uniquement pour montrer que le projet de loi a de bonnes assises dans le secteur privé. Le groupe de travail a été constitué de représentants du secteur privé et de l’État pour dresser la liste des problèmes qu’Internet faisait surgir.
Nous avons peut-être manifesté un certain leadership, il y a cinq ans, mais il est évident que nous avons beaucoup tardé à légiférer. Pourquoi le projet de loi n’a pas été une priorité? Je ne peux qu’essayer de deviner, mais si on jette un coup d’œil au Feuilleton, on y verra une liste de 10 ou 15 projets de loi en matière pénale qui mobilisent le calendrier législatif. Pourtant, la plupart des députés et moi savons bien qu’il aurait été possible de regrouper toutes ces modifications dans un seul projet de loi et de les étudier ensemble.
Toutefois, nos collègues conservateurs, mais ce ne sont peut-être même pas eux, alors je dirai que, que sous la direction du ou de quiconque est aux commandes, il a été décidé d’obstruer le programme législatif du Parlement en proposant tous ces projets de loi distincts qui modifient le droit pénal. Pardonnez-moi cette digression. Je ne veux pas qualifier de pourriel toutes ces modifications du droit pénal, mais elles auraient pu être regroupées en un, deux ou trois projets de loi. Cela ferait diminuer considérablement le nombre de projets de loi que la Chambre et l’autre endroit doivent étudier.
On se plaint d’engorgement et déplore que les projets de loi soient coincés dans un embouteillage. Le voudra certainement réagir et expliquer pourquoi le gouvernement a décidé de proposer 15 projets de loi au lieu de deux ou trois. Ces mesures ont encombré le programme législatif à peu près comme le pourriel engorge nos boîtes de réception et nos ordinateurs.
On se plaint toujours qu’il y a beaucoup de projets de loi à la Chambre qui n’aboutissent pas. Je sais que cette plainte va venir. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain, la semaine prochaine ou à la fin de l’année. Ce que j’en pense? En ce qui concerne tous ces projets de loi, le gouvernement est l’artisan de son propre malheur, si malheur il y a. Je peux dire néanmoins qu’il y a une gestion raisonnablement judicieuse, si je peux employer ce terme, de tous ces projets de loi. Nous allons certainement faire notre travail.
Quoi qu’il en soit, dans le cas du projet de loi sur le pourriel, nous n’avons pas su faire preuve d’un leadership acceptable au plan international. Nous sommes un pays avancé sur le plan technologique. Nous avons un Parlement sensible à la question. Nous avions un groupe de travail il y a cinq ans et il a remis un rapport. Un projet de loi a été préparé, à un moment donné, mais les choses ont traîné en longueur.
Pour être juste à l’endroit du gouvernement, plusieurs gouvernements minoritaires et plusieurs législatures écourtées se sont succédé. Je respecte la volonté de l’électorat canadien qui a créé ces gouvernements minoritaires, mais l’aspect négatif de ce choix, c’est qu'il est dorénavant impossible de tirer pleinement profit du calendrier législatif. En effet, celui-ci est écourté par les élections. Je sais que les députés libéraux sont en mesure de le comprendre. Les libéraux se font également couper l’herbe sous le pied lors des prorogations, comme cela s’est produit à quelques reprises au Parlement. Quoi qu’il en soit, nous nous débrouillons tant bien que mal et nous faisons de notre mieux.
Le projet de loi à l’étude a pour but de relever un défi de taille, comme certains autres pays ont tenté de le faire dans le cadre de leur législation. Internet est une nouveauté dans l’histoire de l’humanité. Nous ne disposons pas encore des noms et des adjectifs qui seraient nécessaires pour le décrire avec exactitude. Internet est en soi un univers d’activités, de communications, de vente et d’achat, de transmission de données de toutes sortes. Son expérience étant limitée dans ce domaine, la race humaine se débat avec la question de savoir, en premier lieu, si ce domaine particulier devrait être réglementé.
À l’origine, la réponse à cette question était négative. À la naissance d’Internet, un grand nombre de ses promoteurs étaient d’avis que le réseau devrait échapper à toute contrainte, qu’il devrait pouvoir évoluer et s’épanouir comme n’importe quel autre moyen de communication humain et que n’importe quelle autre entreprise humaine.
Il est rapidement devenu évident que, tout comme les gens bien intentionnés, les gens mal intentionnés commençaient à utiliser Internet et ses moyens à leurs propres fins. Dans certains cas, ces fins étaient considérées comme antisociales, ce dont pratiquement tout le monde convient de nos jours. Par exemple, Internet est devenu le berceau d’une certaine forme de criminalité incluant le vol, la fraude, l’exploitation de nos enfants et le piratage d’éléments de notre vie privée. Ce ne sont là que quelques-unes des formes d’activité antisociale qui apparaissent sur Internet.
Au bout du compte, à l’instar du groupe de travail il y a cinq ans, nous avons conclu, en tant que législateurs, que certaines restrictions s’imposaient. Ces restrictions sont décrites dans le projet de loi comme des interdictions.
Je ne sous-estime pas l’ampleur de ce que nous essayons de réglementer, car, de notre point de vue, le Canada ne représente qu’un fragment d'Internet à l’échelle mondiale. Voilà ce que le projet de loi tente de faire, mais je suppose qu’il devrait le faire tout en restant sensible aux aspects positifs d’Internet. Je vais aborder cet aspect si j’ai le temps.
J’ai l’impression que quiconque a la capacité de stocker des données électroniques peut recueillir des renseignements sur des personnes et des organisations. Si on s’y met sérieusement, on peut réunir une bonne collection de données financières et personnelles. Cela en soi n’est ni nécessairement bon ni nécessairement mauvais. On peut se servir de ces données aussi bien pour faire de mauvaises choses que pour en faire des bonnes.
Je ne suis pas certain que le projet de loi règle vraiment cette question. Qu’arriverait-il si ceux qui recueillent ces données commençaient à constituer sur Internet de fausses personnes ou de fausses identités de personnes ou d’organisations? Je suis sûr qu’il est possible de créer sur Internet des choses ressemblant à des personnes, qui auraient l’identité de personnes, mais qui n’en seraient pas. Ces fausses identités, ces personnes virtuelles pourraient alors faire de bonnes ou de mauvaises choses.
Je me rends compte du fait que ces observations peuvent paraître plutôt abstraites, mais la capacité de faire ces choses existe bel et bien. On pourrait dire que le projet de loi tente de réglementer la situation, mais je ne suis pas sûr qu’il le fasse, comme je ne suis pas sûr que nous ayons vu tout ce qui se passe sur Internet. Nous pouvons voir des fragments par-ci par-là, mais je pense à un bon internaute ou à un mauvais internaute qui aurait toutes ces données et qui s’en servirait avec de bonnes ou de mauvaises intentions. Bien entendu, tout est relatif, mais je ne pense pas que ce projet de loi règle le problème.
Je voudrais aborder chacune des catégories d’interdictions.
La première concerne le pourriel sans consentement. C’est une question facile pour la plupart d’entre nous qui ont connu personnellement ce problème. Je sais, d’après ce qui s’est dit aujourd’hui, que nous avons au Canada quelque 9 milliards de pourriels par an. Cela fait vraiment beaucoup. Leur coût est de 130 milliards de dollars par an.
Le pourriel n’est pas coûteux parce qu’on le reçoit dans son ordinateur. C’est plutôt l’infrastructure de communications qui transmet tous ces messages qui coûte cher. Quiconque dépense de l’argent pour obtenir des services Internet assume une partie du coût de la transmission du pourriel. Les polluposteurs paient-ils leur juste part? C’est possible, mais nous ne le savons pas vraiment. À ma connaissance, cette question n’a pas été examinée avec une grande rigueur. Je suppose que si les polluposteurs payaient le tarif commercial pour tous leurs messages non sollicités, le fardeau des autres utilisateurs serait probablement moindre. Je vais cependant laisser cette question de côté.
Les logiciels de filtrage peuvent être efficaces. Dans le monde entier, les utilisateurs d’Internet auraient intérêt à disposer de filtres pour éliminer la plus grande partie du pourriel.
Je voudrais signaler un problème qui touche particulièrement les députés et la façon dont ils gèrent leurs dossiers d’immigration.
Nombreux sont ceux à la Chambre qui traitent un nombre important de dossiers relatifs à l'immigration, où des électeurs portent certains problèmes à l'attention de leur député. Récemment, j'ai été saisi du cas d'un candidat à l'immigration qui attendait que sa demande soit traitée et qui n'a jamais reçu le courriel qui lui avait été envoyé pour l'aviser qu'il devait présenter un autre document. Comme le ministère de l'Immigration n'avait toujours pas obtenu de réponse au bout de 90 ou 100 jours, il a fermé le dossier. Comment une telle situation a-t-elle pu se produire? À l'évidence, le courriel avait été envoyé à la bonne adresse, mais il est fort probable qu'un filtre sur l'ordinateur du destinataire l'ait bloqué. Malheureusement, on ignore comment régler ce genre de problèmes. Les filtres sont généralement utiles, mais pas toujours.
Aux termes de ce projet de loi, les organismes chargés d'appliquer la loi seraient le CRTC, le commissaire à la protection de la vie privée et le Bureau de la concurrence. Les amendes imposées se situeraient entre un million et dix millions de dollars. Il s'agit de sanctions administratives pécuniaires et, à ce titre, elles ne seraient pas imposées par un juge, mais par ces organismes.
J'espère que la mesure législative sera sévère et qu'elle sera appliquée. Seul le temps le dira. Permettez-moi d'émettre une réserve, cependant. Nous devons garantir que le projet de loi ne restreindra pas les communications des partis politiques ou celles des groupes religieux. J'espère également que les traités internationaux commenceront à refléter les enjeux liés à Internet.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi . J'ai aimé les observations du député de . Il a fait quelques observations justes au début en disant que le gouvernement n'aurait pas pu présenter ce projet de loi plus tôt en raison des élections. Toutefois, il y a des retards qui sont avantageux.
Comme le projet de loi du gouvernement a été précédé d'un autre projet de loi semblable, mort au Feuilleton, des améliorations ont été apportées en cours de route.
Il a été renvoyé par le comité avec des améliorations, dont une que le gouvernement a apportée lui-même à la suite des déclarations faites par des témoins au comité, qui ont donné lieu à des propositions d'amendements du projet de loi.
Je sais que, souvent, les gouvernements présentent des mesures législatives auxquelles ils finissent par proposer eux-mêmes des amendements lors de l'étude en comité. Le but est donc de les parfaire. Il arrive alors souvent que des oublis sont corrigés et des amendements sont proposés en cours de route.
À la fin du processus, il se peut que nous ayons un meilleur projet de loi que celui que nous aurions eu si nous nous en étions tenus aux premières versions.
Nous n'avons pas entendu beaucoup de députés ministériels durant ces débats. J'aurais plusieurs questions à poser, dont la suivante: combien de cas réels n'ont pas été réglés parce qu'une telle loi n'existait pas.
Ce type de loi est présentée depuis 2004. Deux sénateurs ont présenté leurs propres projets de loi. Comme on l'a signalé, nous sommes le seul pays du G8 qui n'a toujours pas de loi du genre.
J'aimerais donc savoir comment cela s'est passé dans les autres pays du G8 qui ont leur loi en la matière, combien il y a eu d'ordonnances sur consentement dans ces pays et combien d'amendes ont été infligées. Dans les cas où la loi prévoyait des peines d'emprisonnement, combien de personnes sont allées en prison dans n'importe lequel de ces pays du G8?
Aucun député ministériel n'a traité de ces questions précises. Nous aurions assurément quelque chose à apprendre des pays qui ont une telle loi. Si, en fait, il y a eu recrudescence d'un type d'activité par rapport à un autre dans un de ces pays du G8, je présume que le gouvernement aurait été suffisamment rapide pour réagir et aurait pu en tenir compte dans notre mesure législative.
J'ai pu constater, en prenant connaissance de la mesure législative, qu'elle est très complète. Les députés néo-démocrates l'appuient en dépit de leurs réserves au sujet des dispositions relatives à l'emprisonnement. Ce projet de loi assez volumineux traite de nombreux aspects qui doivent être régis.
J'aimerais également faire remarquer qu'il s'agit d'un domaine assez nouveau. La technologie a vraiment beaucoup évolué. Le courrier électronique n'est d'utilisation courante que depuis 1995, et le commerce électronique n'a fait son apparition qu'en 1999.
À l'échelon provincial, on songeait à légiférer en matière de commerce électronique il y a une dizaine d'années. C'est ainsi qu'a vu le jour, au Manitoba, le projet de loi 31, dont j'ai déjà parlé à la Chambre et qui était, à l'époque, la meilleure mesure législative du genre au pays. Il suivait le modèle proposé par la Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada. Je crois que toutes les provinces nous ont emboîté le pas depuis et qu'elles se sont dotées de leur propre loi régissant ces importantes questions.
Il reste que ce projet de loi fut présenté en 1999 en vue de régir le commerce électronique à une époque où cette forme de commerce était encore très nouvelle et que le public hésitait à acheter quoi que ce soit en ligne. On a depuis apporté quelques modifications à la loi en pensant aux consommateurs. Une des dispositions prévoit que, lorsqu'un Manitobain ne reçoit pas un produit ou un service acheté en ligne, la société émettrice de la carte de crédit est tenue d'indemniser le consommateur.
Cela a fait sourciller les sociétés émettrices de cartes de crédit, mais nous avions repris une disposition qui se trouvait dans les lois qui existaient déjà en 1999 dans au moins quatre États américains. C'est ainsi qu'est née la législation en matière de commerce électronique. Cela n'a pas empêché le commerce électronique de prendre l'expansion qu'on lui connaît. Je ne crois pas qu'on puisse trouver au Manitoba plusieurs milliers de personnes qui soient même au courant du fait que nous avons incorporé dans ce projet de loi une disposition destinée à les protéger.
Ce n'est là qu'une des raisons qui nous ont incités au départ à présenter ce projet de loi. Nous examinions alors toute la question des bases de données, qui est très controversée. C'était peu de temps après l'expérience qu'avait vécue Jane Stewart à Ottawa avec les bases de données. Cependant, notre objectif était de créer un identificateur d'entreprise commun de sorte que les entreprises du pays puissent traiter avec le ministère fédéral du revenu au moyen d'un seul numéro d'identification. Pour ce faire, nous devions mettre en place un cadre législatif applicable aux entreprises manitobaines non seulement au sein du gouvernement provincial, mais également au sein du gouvernement fédéral, afin de commencer à traiter les questions fiscales, c'est-à-dire les paiements d'impôt des sociétés, la production des feuillets T4, les relevés d'emploi et toutes questions du genre qui concernent les entreprises.
Les gouvernements de l'époque recherchaient des solutions accessibles sur lesquelles ils pourraient exercer un certain contrôle. Ils ont d'abord cherché un outil pour eux, mais en vue de l'étendre aux entreprises du secteur privé afin d'accroître l'efficacité tant des entreprises que du gouvernement. Avant d'adopter le système informatisé SAP, nous n'avions pas la moindre idée que le ministère de l'Industrie versait une subvention à une entreprise qui accusait des retards dans ses paiements d'impôt et qui ne remboursait pas la TVP. En fait, ce genre de situation existait. Je ne suis pas certain de quels systèmes les ministères fédéraux se servent maintenant, si c'est du SAP ou d'un autre système de planification des ressources de l'entreprise, mais nous voulions garantir que nous savions ce que nous faisions chez nous.
Nous avons dû nous pencher sur un projet de loi très controversé. Nous devions examiner la question du partage des bases de données. Il y avait aussi les questions interjuridictionnelles. Il fallait également tenir compte du cloisonnement au sein du gouvernement provincial où chaque ministère faisait entendre un son de cloche différent. Par exemple, le ministère des Finances disait qu’il ne pouvait pas le faire pour certaines raisons et celui de la Justice disait autre chose. Dans chaque ministère, il y avait cinq ou six fonctionnaires qui avaient leur mot à dire au sujet de la loi. Comme chacun d’eux avait ses propres préoccupations, nous avons dû les réunir et dire que telle était la voie que nous allions suivre et qu’il fallait s’adapter au nouveau contexte.
C’était un sérieux problème et c’est également un gros problème pour le gouvernement fédéral.
Nous avons eu beaucoup à faire dans ce domaine et le gouvernement fédéral a été soumis à de fortes pressions. Pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps alors que sept des huit pays du G8 ont des lois régissant le pourriel depuis un certain nombre d’années?
Finalement, il est temps d’adopter cette loi. Le débat se poursuivra quant à savoir si nous sommes allés assez loin. Il y a certaines dispositions dont je parlerai plus tard, mais ce projet de loi contient tellement de dispositions qu’il est impossible de les examiner comme il faut en 20 minutes. Toutefois, un grand nombre d’éléments de la loi pourraient entraîner des perturbations ou des coûts pour notre pays ou nos entreprises. Nous le saurons seulement avec le temps.
Je sais que pour légiférer, le gouvernement s’efforce de procéder ouvertement en faisant comparaître des témoins experts devant un comité. Au niveau provincial, nous avons un système qui permet à pratiquement tout le monde de venir faire un exposé de 10 minutes au sujet d’un projet de loi.
Cela dit, pour un projet de loi similaire, nous avons tenu une série de consultations sur une période d’un an, nous avons ensuite tenu des audiences et les journaux en ont parlé. Pourtant, un an après l’adoption de la loi et l’entrée en vigueur de la réglementation, des gens du milieu des affaires sont venus dire qu’ils ne savaient rien au sujet de la loi et que c’était un mystère total pour eux. Ils ont accusé le gouvernement d’adopter une loi qui leur causait beaucoup de problèmes sans les consulter suffisamment alors qu’en fait nous pouvions prouver que nous avions mené de nombreuses consultations.
Même si nous avons accompli tout ce travail et si cela a pris autant de temps, je pense que des gens ou des entreprises viendront nous dire qu’ils n’étaient pas au courant, malgré tous les discours et les consultations qui ont eu lieu.
Il faudra peut-être procéder à des ajustements. Par exemple, des propriétaires de petites entreprises sont très inquiets au sujet des relations qu'ils auront ou continueront d'avoir avec leurs clients actuels. Les nouvelles lois imposent des restrictions sur la façon dont ils peuvent traiter avec leur clientèle. Avant l'entrée en vigueur de la liste des numéros de téléphone exclus, il était courant que des entreprises communiquent avec leurs clients, par téléphone ou par la poste, au sujet d'autres produits. Cela leur est maintenant interdit.
Selon le nouveau système, les clients doivent permettre aux entreprises de les contacter, ce qui causera bien des maux de tête à ces dernières. Chaque fois que le gouvernement produit de nouveaux règlements, les entreprises doivent modifier leur façon de faire et former de nouveau leurs employés en conséquence. La liste des questions visant à déterminer si des entreprises peuvent communiquer avec leurs clients existants, et dans quelles circonstances, est interminable.
Nous avons instauré la liste d'exclusion, mais le gouvernement a constaté que ce système n'était pas si efficace. Je crois qu'il l'est un peu plus maintenant. Au début, toutefois, certaines personnes faisant partie de la liste d'exclusion constataient qu'elles recevaient plus d'appels qu'avant. Des gens avaient accès à cette liste.
Ce projet de loi permettra de s'occuper de cette liste d'exclusion. À la suite d'une amélioration marquée du libellé du projet de loi, le gouvernement a la possibilité d'éliminer progressivement cette liste. Il n'aura alors qu'à invoquer une disposition de la loi qui lui permet d'agir ainsi. Ce projet de loi contient des dispositions à cet effet.
Le projet de loi est bien rédigé, notamment en ce qui concerne les définitions. Compte tenu du nombre d'articles et de modifications de formulation dont il est question, il m'est impossible d'entrer dans les moindres détails en une présentation de 20 minutes.
Ce projet de loi a été grandement amélioré. Il y a trois ou quatre ans, les gens ne connaissaient même pas certains des termes ou des notions techniques dont il est question ici. Il est donc possible que ce projet de loi soit désuet avant même d'entrer en vigueur.
J'ai déjà parlé à quelques reprises de la question des amendes, mais je voudrais en parler de nouveau. Dans le cas de la poursuite intentée par Facebook, le type qui a été condamné à verser 1 milliard de dollars pour avoir inondé le site de pourriels a transformé sa condamnation en grande entreprise d'autopromotion médiatique. Tous les réseaux nationaux de télévision lui ont fait de la publicité. Il s'est moqué de Facebook, qui a dépensé une somme énorme en honoraires d'avocat pour obtenir cette condamnation à payer 1 milliard de dollars. Il s'est tout bonnement déclaré en faillite. Comment ce genre de loi nous permettra-t-il de lutter contre les agissements de tels individus? Voyons ce qui est prévu dans le projet de loi comme mesures pour la faire respecter.
Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée d'envisager des ordonnances convenues parmi les mesures. Cependant, nous devons nous méfier de ce que les organismes de réglementation en feront. Ils pourraient employer sélectivement les ordonnances pour éviter des amendes pourtant méritées à leurs amis, par favoritisme. Les gens qui coopèrent ou qui sont dans les bonnes grâces des organismes de réglementation recevront simplement une ordonnance les invitant à cesser de contrevenir à la loi. À l'inverse, les gens qui n'ont pas la faveur de l'organisme pourraient se voir infliger des amendes.
Mais admettons un instant que les ordonnances convenues sont une bonne idée. Admettons qu'elles résoudront beaucoup de problèmes. Il reste que, dans les cas où la personne visée ne se pliera pas à l'ordonnance, la solution de rechange sera une amende maximale de 1 million de dollars pour un particulier et de 10 millions de dollars pour une entreprise. Ce n'est pas mauvais, mais, selon moi, les entreprises susceptibles d'envoyer des pourriels n'ont pas les moyens de payer 10 millions de dollars. Les grandes entreprises ont des avocats et connaissent la loi. Ce ne sont pas elles qui enverront des pourriels, de toute manière.
Les pourriels seront envoyés par des gens qui se trouvent à l'étranger, qui sont difficiles à coincer et qui n'ont pas d'argent ou qui cachent leur argent. La menace d'une ordonnance convenue n'arrêtera pas ces gens. Les amendes non plus. Je pense que la seule chose qui puisse les faire réfléchir est la menace d'une peine d'emprisonnement...
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur le projet de loi , Loi visant l'élimination des pourriels sur les réseaux Internet et sans fil. Il vise à enrayer les pourriels, les installations pirates de logiciels non autorisés et parfois malveillants, et le piratage de renseignements personnels. Autrement dit, il sert à enrayer les pourriels. Le problème avec les pourriels, c'est que souvent ils nous sont envoyés sans notre consentement, et c'est ce qui les rend si exaspérants.
J'ai écouté plusieurs des discours et lu le projet de loi, et j'avoue que c'est un sujet aride. À moins d'être vraiment féru de technologie, c'est quelque chose qui n'a rien de passionnant jusqu'au moment où cela débarque sur nos ordinateurs et chez nous. C'est là qu'on se rend compte de l'impact du pourriel sur les particuliers.
Faisons un petit rappel historique. En 2004-2005, le gouvernement libéral de l'époque a créé un Groupe de travail anti-pourriel qui a recommandé des mesures. Dans ces recommandations, le groupe libéral demandait au gouvernement de légiférer pour interdire quatre choses: premièrement, l'envoi de pourriels sans le consentement préalable des destinataires; deuxièmement, l'utilisation de déclarations fausses ou trompeuses camouflant l'origine ou la véritable intention du courriel; troisièmement, l'installation de programmes non autorisés; et quatrièmement, la collecte sans autorisation de renseignements personnels ou d'adresses de courriel.
J'invite les députés à se souvenir de ces quatre points car ils vont revenir sur le tapis et il est important de finir par en arriver là. De tous les pays du G8, le Canada est le seul qui n'ait pas encore de loi sur la question. Face à un tel problème, on se demande pourquoi il a pris un tel retard.
Si nous avions conservé un gouvernement libéral en 2005, nous aurions pu avoir une loi. Malheureusement, le a décidé alors de cesser d'appuyer le gouvernement libéral. Je pense que l'histoire montrera que la pensée progressiste a été freinée, sinon arrêtée pour plusieurs années à ce moment-là. Quand les gens verront cela avec le recul, verront ce qu'on a perdu, ce ne sera pas un spectacle réjouissant. Le bilan ne sera pas reluisant, qu'il s'agisse de la législation antipourriel, des garderies ou des droits des premières nations.
Mais revenons-en au projet de loi . Au départ, c'était le projet de loi , présenté par le gouvernement conservateur, qui est mort au Feuilleton à cause de la prorogation. Dans l'ensemble, nil n'y a pas grand-chose de positif à dire sur la prorogation. En l'occurrence, c'est vraiment quelque chose dont ne voulaient pas les Canadiens, dont le Parlement ne voulait pas, et qui a entraîné de nombreux problèmes. En tout cas, elle a signifié la mort du projet de loi C-27.
Avant la prorogation, de nombreux défauts ont été constatés dans le projet de loi et quand ce dernier a été présenté de nouveau, beaucoup de changements lui avaient été apportés, ce qui est une bonne chose. Le projet de loi a été déposé au retour de la prorogation avec les changements voulus pour corriger un grand nombre des défauts mis en lumière. Je me réjouis de voir le gouvernement conservateur décidé à suivre les recommandations de notre groupe de travail libéral et les recommandations du Comité de l’industrie, des sciences et de la technologie.
Dans un domaine qui évolue rapidement comme celui de la technologie, il faut surveiller les lois de près pour s’assurer qu’elles ne nuisent pas au commerce électronique légitime au Canada tout en remplissant leur objectif.
C’est quand le projet de loi sera mis en oeuvre que nous pourrons vraiment évaluer ses résultats. Avec quelle diligence sera-t-il renforcé? Quelles ressources seront allouées? À quel point le gouvernement désire-t-il protéger sérieusement les citoyens canadiens? Telles sont les questions que nous devons examiner pour voir quelle sera l’efficacité de la loi.
Une des choses que le projet de loi prévoit est un examen périodique de la loi. J’ai mentionné la rapidité avec laquelle les médias électroniques et la technologie évoluent. C’est pourquoi il est particulièrement nécessaire que ce projet de loi fasse l’objet d’un examen régulier pour pouvoir suivre cette évolution.
Les principales dispositions du projet de loi mettent en place un nouveau régime de réglementation ainsi que des sanctions pécuniaires pour le pourriel et les menaces du même genre telles que le vol d’identité, l’hameçonnage, les logiciels espions, les virus et les réseaux de zombies. En outre, il élargit le droit des victimes d’intenter des poursuites au civil. Nous sommes nombreux à avoir entendu ces expressions, mais je crois utile de les passer en revue, car elles ne sont pas toujours bien comprises et je tiens à les clarifier.
Je suis allé sur Internet sur le site de Wikipédia où j’ai obtenu des définitions des différents termes, car je sais qu’à la maison des gens nous écoutent en se disant: « C’est très bien, mais qu’est-ce que cela signifie exactement et quelles conséquences cela aura-t-il pour moi? » Nous connaissons tous le pourriel, que je vais définir à la fin, mais ce n’est qu’un des éléments du problème.
Nous avons entendu parler du vol d’identité. Le vol d’identité est une forme de fraude. Quelqu’un prétend être une autre personne en assumant l’identité de cette dernière, généralement pour avoir accès à des ressources, obtenir du crédit ou d’autres avantages au nom de cette personne. La victime du vol d’identité peut subir un grave préjudice si elle est tenue responsable des actes du fraudeur. Les organismes et les personnes qui sont dupés ou victimes de fraude suite à un vol d’identité peuvent également subir des conséquences négatives et des pertes et sont donc aussi des victimes.
Encore une fois, le vol d’identité est un des problèmes auxquels s’attaque ce projet de loi. Il y a là un élément de fraude. Quelqu’un a parlé tout à l’heure du Code criminel. On définit cette fraude et la fraude est visée par le Code criminel.
L’autre expression qui revient assez souvent est le mot « hameçonnage ». L’hameçonnage consiste à chercher frauduleusement à obtenir des renseignements sensibles tels que des noms d’utilisateur, des mots de passe et des renseignements sur les cartes de crédit en se faisant passer pour une entité digne de confiance dans une communication électronique. Les messages qui prétendent émaner de sites web sociaux très fréquentés, de sites d’enchères, d’entreprises de paiement en ligne ou d’administrateurs Internet servent souvent à piéger les internautes peu méfiants.
L’hameçonnage est généralement mené au moyen d’un courriel ou d’un message instantané qui incite l’utilisateur à fournir des précisions dans un faux site web presque identique à un site légitime. Lorsque nous allons sur le web et que nous voyons un message disant qu’il s’agit d’une certaine entreprise, nous devons nous assurer que c’est vrai, qu’il s’agit bien de l’entreprise en question.
L’hameçonnage établit une fausse façade à laquelle les internautes pensent pouvoir faire confiance. Ils fournissent des renseignements et ces renseignements sont ensuite recueillis et utilisés pour léser les gens. Que ce soit en prenant leur argent ou en volant leur identité ou en leur causant des problèmes, nous pouvons imaginer quelles conséquences cela peut avoir.
Le problème dont nous entendons souvent parler, c'est celui des pourriels. Ce terme semble être le terme générique qui couvre tout. Un pourriel, c'est un message non sollicité envoyé par messagerie électronique indistinctement à un très grand nombre de destinataires.
La forme la plus connue de pourriels, c'est les pourriels envoyés par courrier électronique, mais le terme s'applique aussi à ceux qui sont acheminés en utilisant de façon abusive d'autres médias, dont les messageries instantanées, les groupes de discussion sur Usenet, les moteurs de recherche, les blogues, les wikis, les annonces classées en ligne, les téléphones mobiles, les forums Internet et les télécopieurs.
Ceux qui ont des télécopieurs dans leur bureau ont reçu des envois importuns. Cela représente un gaspillage de matière ligneuse parce qu'ils consomment du papier et aussi de l'encre et entraînent des dépenses pour ceux qui les reçoivent. Parfois, la réception de tels envois en grands nombres entraîne des dépenses douloureuses.
Les gens sont sensibilisés aux pourriels sur les réseaux sociaux de même qu'à la publicité télévisée et aux pourriels sur les réseaux de partage de fichiers.
Nous avons tous entendu l'expression « logiciel espion ». Peu de gens savent au juste de quoi il s'agit. Un logiciel espion est un logiciel malveillant qui peut être installé sur des ordinateurs où il recueille l'information par bribes à l'insu de l'utilisateur. L'important ici, c'est « à l'insu de l'utilisateur ». Celui-ci ignore qu'il y a un logiciel espion sur son ordinateur qui transmet en permanence des bribes d'information. Ces logiciels sont cachés à l'utilisateur et ils peuvent être difficiles à détecter.
En règle générale, un logiciel espion est installé en secret sur un ordinateur personnel et, si l'expression donne à entendre que le logiciel surveille secrètement l'usage que l'utilisateur fait de son ordinateur, les fonctions d'un tel logiciel s'étendent bien au-delà de la simple surveillance. Les logiciels espions peuvent recueillir divers types de renseignements personnels, comme les habitudes de navigation sur Internet et les sites visités, mais ils peuvent aussi entraver d'autres manières le bon fonctionnement de l'ordinateur, notamment en installant d'autres logiciels et en redirigeant les fureteurs.
On sait que les logiciels espions peuvent modifier les paramètres de l'ordinateur, et notamment ralentir la vitesse de connexion, changer la page d'accueil ou réduire les fonctionnalités de l'Internet et d'autres logiciels.
Nous avons tous constaté un jour en travaillant à l'ordinateur que tout à coup, tout ce qui semblait bien fonctionner, s'arrête. Que s'est-il passé? C'est un logiciel espion qui est venu tout changer. Cela enrage l'utilisateur et entraîne des coûts pour ce dernier.
La personne, probablement à la retraite, qui travaille à l'ordinateur et dispose d'un revenu fixe ressent directement les effets des logiciels espions lorsqu'elle doit payer pour faire remettre son ordinateur en marche.
Il y en a qui se demandent peut-être en quoi cela les concerne. Nous avons tous connu cette frustration. Nous avons tous dû faire appel à quelqu’un pour résoudre le problème, si cela est possible. Une fois l’ordinateur remis en marche, le propriétaire doit payer pour la réparation. S’il a un revenu fixe, s’il vit d’une pension, le prix peut être difficile à assumer.
Nous entendons beaucoup parler des virus informatiques. Un virus informatique est un programme qui peut infecter un ordinateur et se reproduire à de multiples exemplaires. Un vrai virus peut se propager d’un ordinateur à un autre lorsqu’il est transmis sur le réseau ou par Internet ou encore s’il se trouve sur un support amovible comme une disquette, un CD, un DVD ou une clé USB.
Cela se produit très souvent aujourd’hui lorsque les gens munis de clé USB copient de l’information d’un ordinateur à un autre. C’est un moyen parfait de propager les virus.
J’ai une fille de 13 ans qui travaille sur son ordinateur. Elle apporte ses devoirs à la maison, puis les rapporte à l’école. Elle pourrait rapporter de l’école des virus que quelqu’un d’autre y avait apportés. Nous pouvons donc voir de quelle façon un virus peut causer d’innombrables problèmes à beaucoup de gens.
Les virus ont de plus grandes chances de se propager en infectant des fichiers sur un réseau ou un système de fichiers auquel accèdent d’autres ordinateurs.
Les réseaux zombies sont un autre sujet dont on n’entend pas beaucoup parler, mais qui est couvert par le projet de loi. Un réseau zombie est une collection d’agents ou de robots logiciels qui tournent automatiquement en autonomie. Il est le plus souvent associé aux robots IRC.
La meilleure façon de décrire ces robots est la suivante. On peut aller sur un site Web ou envoyer un courriel en croyant qu’on est en rapport avec une autre personne, mais ce n’est pas le cas. En présence d’un robot IRC, on a en fait affaire à une machine. On a l’impression de recevoir une réponse d’une personne. Nous pouvons voir quels problèmes cela peut causer: une personne va sur un site, obtient des réponses, établit des relations de confiance, puis découvre soudain que son interlocuteur n’était qu’une machine.
Une autre chose se produit avec les robots IRC: on peut accéder à un certain nombre de personnes, qui sont toutes en rapport avec la même machine. Par conséquent, c’est une machine et non une personne qui trompe les gens. La propagation peut causer beaucoup de tort parce qu’elle est très envahissante.
De plus, la machine peut propager du maliciel qui peut atteindre un réseau d’ordinateurs grâce à du logiciel informatique réparti.
Quiconque possède un ordinateur peut comprendre le genre de frustration que le maliciel peut occasionner en s’infiltrant subrepticement dans l’ordinateur.
Ce n’est pas seulement de la frustration. Comme je l’ai mentionné plus tôt, il y a aussi des pertes financières réelles pour l’utilisateur de l’ordinateur touché.
Examinons de nouveau le projet de loi , maintenant que nous avons passé en revue quelques-unes des définitions.
Le projet de loi s'articule autour de quatre grands éléments. Il interdit l'envoi de messages électroniques commerciaux, essentiellement de pourriels, sans le consentement préalable de la personne qui les reçoit. Ce n'est que lorsque des liens familiaux unissent l'expéditeur et le destinataire, ou lorsque ces derniers entretiennent des relations d'affaires que le consentement préalable n'est pas exigé. Les messages nécessitant le consentement doivent contenir le nom et les coordonnées de l'expéditeur et du client au nom duquel ils sont envoyés, ainsi que la description des modalités d'exclusion.
Les messages qui donnent un prix ou une estimation, à la demande du destinataire, ne sont pas visés, non plus que les courriels faisant suite à une transaction commerciale déjà conclue.
Il y a cependant, dans le projet de loi, un obstacle sur lequel j'aimerais m'attarder, et cet obstacle touche les personnes qui travaillent dans le secteur de la vente, comme les conseillers financiers, les agents immobiliers ou les courtiers en valeurs mobilières. Il arrive souvent que les clients de ces gens veuillent les recommander à leurs connaissances. Prenons l'exemple d'un agent immobilier, à qui l'un de ses clients dirait: « Mon frère John veut acheter une maison. Donnez lui un coup de fil ou contactez le. Je suis convaincu que vous pourrez lui être utile. Je suis très content de vos services, et mon frère John pourrait profiter de votre aide. »
Malheureusement, la mesure législative à l'étude ne permettrait pas à notre agent immobilier d'envoyer un courriel au frère de son client. Il devra d'abord obtenir le consentement exprès de celui-ci avant de pouvoir lui envoyer un courriel.
Je parlais de l'examen dont cette mesure législative devra régulièrement faire l'objet. Je crois que c'est l'un des éléments qu'il faudra réévaluer et pour lesquels nous devrons nous demander s'il n'empêche pas les entreprises et les commerçants électroniques de faire des affaires et de prospérer. On voit tout de suite les contraintes et les problèmes que devront surmonter les gens qui gagnent leur vie en travaillant dans le domaine de la vente.
Au fur et à mesure que les choses vont évoluer, je crois qu'il sera important de surveiller les effets de cette mesure législative. Peut-être que, dans un an d'ici, nous devrions en faire l'examen, voir où en sont les choses et voir si la mesure adoptée a eu des conséquences non souhaitées sur certaines personnes.
Ce projet de loi vise à mettre fin à l'hameçonnage en interdisant les indications fausses ou trompeuses dans les renseignements sur l'expéditeur d'un courriel. Il interdit également l'installation de programmes servant à utiliser l'ordinateur d'un tiers pour envoyer ou faire envoyer un message électronique par cet ordinateur, sauf si le propriétaire donne son consentement. Il prévoit enfin qu'une personne peut retirer son consentement.
Comme on le voit, on revient aux maliciels, aux pourriels dont nous parlions tout à l'heure et à la manière dont ce projet de loi entend les bloquer.
Le projet de loi comporte des dispositions qui mettent fin à la collecte de renseignements personnels, en modifiant la LPRPDE, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, pour y interdire la collecte ou l'utilisation des adresses électroniques obtenues par le truchement d'un programme informatique visant l'hameçonnage, comme je l'ai mentionné tout à l'heure.
La loi entre donc en jeu, et des dispositions supplémentaires précisent qu'un régime plus rigoureux en vertu de la Loi visant l'élimination des pourriels sur les réseaux Internet et sans fil l'emporte sur la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques et sur toutes les lois applicables.
Les dispositions du projet de loi visent non seulement ceux qui violent la loi, mais aussi les administrateurs ou les dirigeants des entreprises qui les aident ou leur en donnent l'autorisation. Le projet de loi suit la trace de l'argent. C'est l'essentiel ici, car quand on examine un grand nombre de ces problèmes, les infractions et l'intrusion, l'argent en est la cause directe. Il suit la trace de l'argent, en éliminant la protection de ceux qui se cachent derrière un voile corporatif.
Quand on regarde certaines des amendes, elles peuvent aller jusqu'à un million de dollars pour les individus et à 10 millions pour les entreprises. Le projet de loi vise à mettre un terme au pollupostage.
Y mettra-t-il fin complètement? Je pense que lorsqu'une activité illégale a lieu, elle revient sans cesse. Le projet de loi réduit le problème et offre à tout le moins une certaine protection aux Canadiens contre le pollupostage, l'hameçonnage et tous les logiciels malveillants qui existent partout dans le monde et sur Internet.
:
Monsieur le Président, c'est avec honneur que je prends la parole sur ce projet de loi.
L'origine de ce projet de loi remonte à 2003, quand j'ai déposé le premier projet de loi pour combattre l'information commerciale électronique qui se trouve dans les courriels.
Le fait qu'il y ait eu des changements de gouvernement et que quatre Parlements se soient succédé depuis est évidemment un défaut. Mais la situation continue de s'aggraver, et elle ne peut être minimisée par des arguments voulant que nous causerons du tort à l'industrie si nous adoptons un projet de loi pour s'assurer que les consommateurs ainsi que l'industrie elle-même sont fonctionnels, quand il est question de courriels commerciaux pour lesquels les informations électroniques sont très importantes.
[Traduction]
Je songe aux années qui se sont écoulées et au temps qui pourrait s'y ajouter avant qu'une mesure législative soit adoptée au Parlement et traite d'un problème qui, aux yeux de la majorité des Canadiens, est évident. Mon collègue, le député de , a mentionné que plusieurs régions de sa circonscription dans le Nord de l'Ontario et d'autres endroits éloignés des grands centres urbains n'ont toujours pas un accès adéquat à Internet, même si tous les députés et les Canadiens reconnaissent l'importance de l'information commerciale électronique.
J'étais ici il y a 17 ans, et je me souviens que le ministre de l'Industrie de l'époque avait un BlackBerry. C'était un appareil nouveau et révolutionnaire, mais qui n'était pas encore vraiment populaire. Maintenant, nous nous demandons comment nous pourrions fonctionner en tant que nation sans les immenses progrès qui ont été accomplis dans les technologies canadiennes et dans les utilisations qui en sont faites ici et partout dans le monde. Sans ces progrès, nous serions sans doute loin derrière le reste du monde.
Par conséquent, même si la mesure législative arrive plutôt tardivement, elle reste opportune en ce sens qu'elle traite d'un problème national. Toutefois, comme je l'ai mentionné dans la question que j'ai posée à l'intervenant de mon parti qui m'a précédé et qui siège au Comité de l'industrie depuis un bon moment, je suis aussi préoccupé par ce que cette mesure permettra d'accomplir que par ce qu'elle ne permettra pas de faire.
Je ne veux pas susciter de faux espoirs chez les Canadiens en leur disant que, soudainement, lorsque le projet de loi aura été adopté à l'autre endroit, les pourriels, les logiciels espions et malveillants, les réseaux de zombies et les autres programmes du genre vont disparaître, ou encore que cette mesure va empêcher ceux qui sont à l'extérieur de nos frontières de s'adonner à des activités qui sont devenues plus qu'un simple désagrément, comme c'était le cas au début des années 2000, lorsque j'ai présenté mon premier projet de loi sur les pourriels.
Il importe de reconnaître le travail accompli au fil des années.
Je veux aussi formuler des recommandations précises et adresser des éloges, non seulement au comité qui a approuvé cette mesure tout récemment, mais aussi à mon propre parti qui, en 2004 et en 2005, a mis sur pied le Groupe de travail libéral sur le pourriel, afin de se pencher sur ce problème. Le groupe de travail a évidemment recommandé que le Parlement adopte le plus rapidement possible une mesure législative qui interdirait l'envoi de courriels et de renseignements non voulus, non justifiés et non sollicités, sans le consentement préalable des destinataires.
À l'époque, le groupe de travail avait aussi recommandé que l'on interdise l'utilisation de déclarations fausses et trompeuses qui suppriment, ignorent, laissent de côté ou déguisent l'intention véritable du courriel, sans parler évidemment de son origine. C'était un aspect très important lorsque les gens lisaient les renseignements envoyés et qu'ils constataient que ceux-ci n'étaient rien de moins qu'une publicité commerciale dérangeante qui cachait une fraude.
Le Groupe de travail libéral sur le pourriel avait aussi demandé que l'on interdise l'installation de programmes non autorisés. Plus tôt, mon collègue a longuement décrit ces programmes et le genre d'information qu'ils insèrent souvent, à l'insu du destinataire, dans son ordinateur. Le groupe de travail a aussi demandé que l'on interdise la collecte non autorisée de renseignements personnels ou d'adresses Internet, qui aurait pour résultat que nous recevrions sans cesse des courriels.
Ce sont des recommandations très importantes et elles ont servi de fondement au projet de loi, que nous appuyons, lequel a été présenté par le gouvernement. Nous l'appuyons parce qu'il accorde une importance primordiale aux questions de protection de la vie privée. Le comité s'est donné beaucoup de mal pour garantir que cette mesure législative contient des dispositions relatives à la protection des renseignements personnels et appuie la LPRPDE. De plus, il a veillé à ce que les dispositions reflètent et appuient, d'une part, l'intention du projet de loi de protéger, de façon optimale, les renseignements personnels et, d'autre part, les étapes de la coordination préalable à l'application de la loi, et en informent les Canadiens.
Je reviens sur la recommandation faite par le groupe de travail du Parti libéral, car elle est très révélatrice.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi prévoit, en cas de violation de l'une de ces lois, des amendes d'au maximum 1 million de dollars pour les personnes physiques et d'au maximum 10 millions de dollars pour les personnes morales. De plus, il prévoit que les mandats puissent être assortis de conditions visant à protéger les renseignements personnels durant les enquêtes.
Il est extrêmement important de comprendre qu'il faut essayer, par la collaboration et la coordination, de veiller à ce que l'application de la loi soit régie par des règles d'engagement. Nous ne pouvons pas simplement entrer et saisir l'ordinateur de quelqu'un.
Je présume que le ministère de la Justice s'est assuré que le projet de loi respecte certains critères très rigoureux, notamment pour savoir s'il est possible de l'appliquer en protégeant les renseignements personnels et — puisque le projet de loi prévoit de prononcer une injonction pour faire cesser l'envoi de pourriels pendant l'enquête — s'il permet de forcer quelqu'un à cesser ses activités et à y renoncer.
Comme nous le savons, le projet de loi instaure un nouveau concept, même si nous en avons déjà discuté il y a quelques années, à savoir le droit privé d'action. En fait, le droit privé d'action — qui existe dans d'autres secteurs d'activité — crée un recours pour toute personne physique ou morale qui estime être victime d'un acte qui est en violation de la loi.
Il est fondamental, je pense, de faire la différence entre ce projet de loi et ses versions antérieures. Le projet de loi actuel permet aux personnes touchées de prendre l'affaire en main lorsque, dans certaines circonstances, on ne semble pas s'intéresser à leur sort. C'est une mesure importante.
Bien sûr, il permet aussi aux particuliers qui ont été lésés ou pris pour cibles, dont les affaires ou les entreprises ont été touchées ou dont le bon fonctionnement a été entravé, de réclamer des dommages-intérêts à ceux qui sont impliqués dans l'envoi de pourriels. C'est important, je pense.
Nous comprenons tous la signification et l'importance de ce genre de mesures législatives. Il faut absolument comprendre combien il est important d'aboutir à une mesure législative qui n'aura pas de conséquences imprévues. C'est pour cette raison qu'une mesure législative de ce genre doit être revue périodiquement et plus fréquemment, j'insiste. La technologie évoluant, nous devons simultanément évoluer afin de mettre en place des mesures législatives pertinentes.
Même si nous avons élaboré une mesure législative qui aurait été efficace en 2003 après quelques modifications ici et là, elle ne répond peut-être pas à la préoccupation des consommateurs, je pense, à savoir continuer à recevoir des pourriels indésirables et non sollicités envoyés depuis l'étranger.
Comme mon collègue de l'a souligné — on ne peut pas l'ignorer —, nous devons faire un meilleur travail de collaboration avec les autres pays. Nous devons nous assurer que certains particuliers n'utilisent pas des pays où l'application de la loi est moins stricte pour continuer à harceler, à salir et à agir avec une relative impunité en occupant agressivement beaucoup d'espace sur Internet.
Que des régions du Nord et des régions rurales de ce pays soient toujours desservies par une ligne commutée ou par DSL, c'est une chose. Mais c'en est une autre quand 60 à 80 p. 100 du trafic électronique total au pays est généré par des pourriels. Il me semble, et je vais, dans mes propos, m'éloigner de l'aspect sinistre des logiciels malveillants, des logiciels espions, des réseaux de zombies que mon collègue a décrits précédemment dans le détail — je ne vais pas revenir là-dessus — il me semble donc que nous devons mettre en place une mesure législative réaliste et qui puisse évoluer au fil du temps.
Il ne me paraît pas évident que ce sera le cas. Certes, je vais appuyer le projet de loi et je suis convaincu qu’il marque un progrès, mais il faut bien comprendre qu’il s’agit seulement d’une première étape. C’est un premier pas à franchir pour comprendre que le Parlement doit être d’une constante vigilance et veiller à ce que les lois répondent aux attentes d’une économie qui dépend de plus en plus, à l’ère numérique, de la capacité de recevoir et de transmettre de l’information et d’utiliser Internet et d’autres moyens électroniques non seulement comme mode de transmission de renseignements personnels, mais aussi comme moyen par lequel notre infrastructure économique devient de plus en plus dépendante.
Voilà qui m’amène à la question de l’exécution. Je comprends que la Chambre est saisie d’autres mesures législatives importantes. Un certain nombre de comités s’attaquent à la question du droit d’auteur, par exemple. Néanmoins, le projet de loi à l’étude devra retenir constamment l’attention de l’entreprise et des observateurs avertis, qui devront déceler les points sur lesquels le projet de loi devra être modifié périodiquement. Il incombera aussi aux comités de l’industrie, à l’avenir, d’examiner à peu près tous les ans la loi pour voir où nous allons, où la mesure a un impact, sur quels points elle échoue et quelles solutions elle apporte.
L’un des points que nous n’avons pas assez étudiés, à mon sens, et sur lequel il nous faudra revenir, est celui des conséquences non souhaitées que le projet de loi risque d’avoir sur l’entreprise au Canada.
Je parle ici d’une mesure législative qui doit faire ce qu’il faut aussi bien pour l’entreprise que pour les consommateurs.
[Français]
En même temps, il faut reconnaître l'impact que cela aura sur les petites et moyennes entreprises qui, peut-être pour des raisons inattendues, ne connaissent pas vraiment le réel impact de ce projet de loi et ne sont pas au courant du fait que ce projet de loi prévoit des pénalités. En outre, elles ne sont peut-être pas au courant que, dans le cadre de transactions qu'elles font, non pas pour des raisons fausses mais pour des raisons assez réelles en termes de leur propre entreprise, ces transactions vont peut-être à l'encontre du projet de loi.
Je m'inquiète un peu de l'impact soudain que cela aura sur nos petites et moyennes entreprises. Ce n'est pas quelque chose sur laquelle ce projet de loi est simplement muet. Il faut bien comprendre qu'il faudra utiliser des ressources de communications du gouvernement fédéral pour nous assurer que les entreprises ne poseront pas un mauvais geste dans la mauvaise direction sans être au courant du fait que la loi leur interdit maintenant d'envoyer ces messages et ces avertissements pour promouvoir leur travail et leurs affaires.
[Traduction]
Soyons clairs à ce sujet. Nous tenons à ce que les petites entreprises soient également au courant des conséquences du projet de loi. Tant mieux si nous avons fini par en arriver à élaborer une mesure très constructive pour réprimer le pourriel, mais nous ne voulons certainement pas nuire à ceux qui, dans l’entreprise en particulier, ne saisissent pas clairement, sans qu’ils y soient pour quoi que ce soit, le sens réel du projet de loi.
Il y a peut-être sur le terrain des gens qui essaient de gagner leur vie au lieu d’écouter ce qui se dit au Parlement, mais il faut communiquer avec eux. Les organisations qui travaillent avec les PME au Canada devraient au moins être au courant de ce qui attend ceux qui enfreignent la loi à leur insu.
Il faut leur donner un moyen de défense. Nous comprenons qu’il y a possibilité de sanctions civiles. Sur ce point, le député de a bien raison. Toute pénalisation risque d’avoir des conséquences horribles pour le contrevenant. Les gens qui font de la publicité et envoient, de façon non intentionnelle, des courriers électroniques à des clients possibles ou existants sans leur consentement risquent de manquer à la loi. Il y a là un équilibre délicat à préserver, et la pénalisation ne sera pas une solution.
Franchement, c'est la pire voie que nous pourrions emprunter, et nous devons donc être très prudents. Si nous n'adoptons pas une stratégie de communication solide qui donne les moyens nécessaires aux petites entreprises, nous pourrions bien léser ceux-là mêmes que nous voulons protéger.
J'ai hâte d'entendre les observations qu'on formulera sur cette mesure législative au cours des prochains jours, pour savoir ce qu'on en fera. À certains égards, c'est un exemple de ce que le Parlement peut faire si les partis décident de mettre de côté l'esprit de parti pour se concentrer sur une mesure très importante.
Si nous adoptons ce projet de loi dans les prochaines semaines, nous devrons aussi le soumettre à d'autres comités. J'aimerais que le Comité des transports de la Chambre s'engage aussi à s'assurer de la coopération d'autres gouvernements et de la coordination voulue avec les autres intéressés. Nous en avons déjà parlé un peu. Si nous recevons des pourriels envoyés à partir de, disons, Sao Tomé, un endroit très célèbre au large de l'Afrique par où transite énormément d'information, il se peut que nous n'ayons pas le pouvoir ou les moyens nécessaires pour mettre un terme au problème, le prévenir ou assurer aux Canadiens que ce harcèlement cessera.
Il me semble que, quand ce projet de loi a été présenté pour la première fois, il y a quelques années, certaines personnes visées se trouvaient aussi près de nous que Detroit. Une personne que je ne nommerai pas était alors responsable d'une proportion importante de tout le courrier indésirable que nous recevions. Il nous a fallu consacrer beaucoup de temps à ce problème, en collaboration avec nos amis américains, pour faire cesser cette pratique. Il ne s'agissait pas seulement de harcèlement, mais bien de contenu qui pouvait entraîner l'utilisation de nos ordinateurs à mauvais escient, même si l'emploi que nous en faisions était irréprochable, en causant l'ouverture de logiciels nous acheminant vers d'autres adresses ou en provoquant carrément une panne.
Il importe aussi de comprendre que le projet de loi lui-même prévoit tous les éléments qui nous ont été présentés dans les dernières années, mais nous devons prendre garde de ne pas donner l'impression, dans le débat, que cette mesure réglera le problème une fois pour toutes. Je sais que certains croient que le Parlement peut faire beaucoup plus et que cette mesure pourrait être la panacée, mais ce n'est pas le cas. Nous devons demeurer très réalistes quant à ce qu'elle permettra d'accomplir.
À mon avis, si la Chambre des communes était bien disposée, elle voudrait également préciser combien d’argent serait alloué pendant une période déterminée au titre de l'application de la loi et quels organismes seraient responsables en permanence de la collecte de renseignements nécessaires pour déterminer si cette mesure législative a effectivement l’impact souhaité. Pendant environ un an, des repères appropriés seront nécessaires pour démontrer l’efficacité de ce projet de loi.
Je vais parler de l’avenir. Nous avons déjà franchi une étape, mais il nous reste beaucoup de chemin à parcourir. C’est loin d’être terminé. Les Canadiens continueront de se tourner vers les parlementaires et le gouvernement pour leur demander de régler des problèmes qu’ils ne sauront régler eux-mêmes.
Finalement, comme je l’ai déjà indiqué, nous n’avons pas besoin d’une mesure législative qui cause plus de problèmes qu’elle n’en règle. C’est là une possibilité bien réelle et une source de préoccupation lorsque je considère le projet de loi, car celui-ci ne fournit pas toutes les garanties nécessaires.
J’ai pris connaissance des autres réserves soulevées au sujet du projet de loi . Cette mesure législative prévoit des peines très sévères. Il sera intéressant de voir si ces peines ne seront pas trop lourdes pour ceux qui auront commis une erreur par inadvertance. Je pense qu’un certain pouvoir discrétionnaire devrait être accordé aux juges dans ces circonstances, afin d’éviter de faire un exemple d’une personne en particulier.
Cela nous amène à parler du rapport entre le projet de loi et la liste de numéros de télécommunication exclus. Bien des gens qui ne respectent pas cette liste s’en tirent avec une peine purement symbolique ou pis encore avec la possibilité de faire un don pécuniaire à un établissement d’enseignement afin de faire amende honorable.
Nous devons prévoir un équilibre efficace, un équilibre qui tienne compte de la gravité des dommages causés à autrui, tout en donnant aux gens un droit privé d’action, mais pas au point de vouloir faire un exemple dans le but de faire peur à tous les autres.
La loi doit être appliquée équitablement, systématiquement et également. Par-dessus tout, elle doit être appliquée de manière pragmatique, de façon à ce que nous restions conscients et en contrôle de tous les nouveaux stratagèmes que les gens tenteront de mettre en œuvre pour contourner la loi, nuire à l’économie et, par-dessus tout, harceler les consommateurs.