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Je vais faire mon exposé en français.
[Français]
Premièrement, j'aimerais remercier le comité de nous recevoir. La Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels regroupe l'Association des pêcheurs professionnels membres d'équipage, l'Association professionnelle des crabiers acadiens, l'Association des crevettiers acadiens du Golfe et l'Association des senneurs du Golfe. Nos pêcheurs sont regroupés depuis plus de 40 ans pour représenter des intérêts communs dans le cadre de recherches scientifiques qui assurent la protection et la conservation des espèces marines et de leur habitat.
Comme toutes les populations côtières de la Baie-des-Chaleurs, les pêcheurs sont sérieusement préoccupés par l'aménagement de l'usine d'incinération de sols contaminés, Bennett Environmental, aux abords de la Baie-des-Chaleurs. Nous craignons que les risques de contamination de la baie, ainsi que des espèces pêchées dans cette baie, n'aient pas été suffisamment étudiés. Nous comprenons mal pourquoi il est si compliqué, pour un simple citoyen, de construire un chalet au bord de la mer et si facile d'y installer une usine au potentiel aussi dangereux pour l'environnement que celle de Bennett Environmental. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi les populations concernées ont autant de difficulté à obtenir la tenue d'une étude d'impact environnemental. Devant l'importance des retombées économiques de ce projet pour la Baie-des-Chaleurs, nous croyons qu'une étude d'impact environnemental est nécessaire. D'ailleurs, une telle étude devrait aussi considérer l'impact social et économique du projet sur nos communautés déjà en mal d'emplois.
Nous sommes conscients que notre région a un taux de revenu parmi les plus bas au pays, un taux d'analphabétisme très élevé, ce qui en fait une région privilégiée pour attirer ce type d'industrie à haut risque. Cependant, nous sommes aussi très conscients de l'importance d'un environnement sain, étant donné que notre survie dépend depuis plus de 400 ans de l'industrie de la pêche et de la transformation des produits de la mer.
Selon l'économiste Maurice Beaudin de l'Université de Moncton, le secteur des pêches est responsable, dans la péninsule acadienne, de 22 p. 100 des emplois et de 23 p. 100 des revenus de l'emploi. Dans la péninsule acadienne, nous sommes environ 55 000 personnes. Cela représente quand même un nombre assez important d'emplois et un apport économique appréciable.
En contrepartie, l'usine Bennett est censée créer 32 emplois. Pendant combien de temps? À la lumière de la contamination du site de St-Ambroise, au Québec, il y a lieu de se demander pendant combien de temps le gouvernement permettra l'exploitation d'une telle usine, qui contamine et pollue le territoire environnant. Force est d'admettre que ceci représente une industrie incompatible avec le milieu.
Le bilan de secteur du ministère de l'Agriculture, des Pêches et de l'Aquaculture du Nouveau-Brunswick pour l'année 2004 — ce sont les statistiques les plus récentes — démontre l'importance des exportations de nos produits de la mer vers les États-Unis, soit 82,11 p. 100 du total. De ce nombre, le hareng, le crabe et le homard — les principales espèces pêchées dans la Baie-des-Chaleurs — comptent pour 69 p. 100 des exportations vers les États-Unis et représentent une valeur d'exportation de 560 millions de dollars annuellement.
On sait que les Américains sont reconnus pour être très vigilants quant à la qualité des produits importés vers leur pays. Or, en envoyant leurs sols contaminés vers Belledune, nos voisins du Sud seront mieux informés que quiconque des produits contaminants toxiques traités à l'usine Bennett et ils surveilleront de très près la qualité de nos produits de la mer, pour ensuite imposer un blocus à l'importation de ces produits, à la moindre trace de contamination.
Les nouvelles mesures sur le bioterrorisme, en voie d'être adoptées par le gouvernement américain, incluent des substances telles les BPC, les dioxines et les furanes parmi celles qui feront l'objet de surveillance et de tests sur des échantillons de chair de poisson. Selon la présente ébauche du permis d'exploitation de Bennett, le Nouveau-Brunswick pourrait permettre à Bennett de brûler jusqu'à trois tonnes de BPC annuellement et 10 tonnes d'hydrocarbures chlorés. Ces matières seront incinérées, alors qu'elles proviennent de sols contaminés par ces substances.
Bennett serait également autorisé à incinérer des dioxines et des furanes d'un certain taux de concentration. S'il s'avérait qu'un seul spécimen de poisson contienne des substances toxiques au-delà des normes américaines, nous pourrions nous retrouver avec un cas similaire à la situation de la vache folle, qui a mené à la faillite de nombreux éleveurs canadiens.
Les pêcheurs ont peu de moyens à leur disposition pour forcer Bennett à prouver son sérieux et à démontrer sa capacité de corriger les erreurs et de dédommager les autres utilisateurs de la Baie-des-Chaleurs, en cas de contamination.
Certaines informations parues dans les médias nous permettent de douter de l'honnêteté et de la solvabilité de Bennett, ce qui n'est pas pour rassurer les pêcheurs.
Plusieurs questions se posent. Quel impact auront les émissions de contaminants sur l'habitat du poisson? Quels sont les dangers des dioxines et des furanes pour les humains et les poissons? Qu'en est-il de la bioaccumulation de ces substances dans les poissons et dans l'environnement? Pourquoi Pêches et Océans Canada n'intervient-il pas pour protéger les habitats endommagés de poissons, dans la région de Belledune? Quelles sont les probabilités d'un accident lors du transport maritime des sols contaminés? Qui va nous dédommager? Qui va vouloir acheter nos entreprises?
Notre travail, comme pêcheurs, est d'approvisionner les usines de transformation en ressources halieutiques, dans un cadre de protection et de conservation mis en place en collaboration avec Pêches et Océans Canada. Ce cadre de protection et de conservation de nos ressources comprend entre autres le Programme des observateurs en mer, le Programme de vérification à quai des débarquements, la production d'un journal de bord et même l'installation de boîtes noires.
Il va sans dire que toutes ces mesures occasionnent des dépenses importantes pour nos pêcheurs et sont issues de la volonté du MPO d'élaborer, avec les pêcheurs, des ententes de cogestion ou d'intendance partagée.
En contrepartie, l'engagement de Pêches et Océans Canada est d'assurer que les conditions de protection et de conservation soient respectées. Comme les pêcheurs sont étroitement surveillés, nous exigeons le même traitement à l'endroit de Bennett Environmental, de toute autre industrie, entreprise ou utilisateur de nos eaux canadiennes.
Le ministère des Pêches et des Océans a l'obligation juridique, en vertu de l'article 36 de la Loi sur les pêches, de protéger l'habitat des poissons contre toute contamination. Nous sollicitons l'aide du Comité permanent des pêches et des océans afin d'inciter le MPO à prendre pleinement ses responsabilités envers l'usine Bennett Environmental à Belledune, au Nouveau-Brunswick.
Finalement nous demandons une pleine étude d'impact environnemental, sur les eaux de la Baie-des-Chaleurs, du projet d'incinérateur de sols contaminés aux déchets toxiques de Bennett Environmental Inc. Nous demandons aussi un moratoire sur le projet d'incinérateur de Bennett Environmental et nous demandons au MPO de protéger les habitats de poissons contre les dangers associés à l'incinérateur de Bennett Environmental.
Au nom du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, monsieur le président, j'aimerais remercier le comité de nous avoir invités à participer à ce débat. J'aimerais plus particulièrement remercier l'honorable député du Bloc Québécois de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, M.Blais. Merci.
J'aimerais présenter mon intervention sur le projet d'incinérateur de Belledune dans le contexte du dossier du MPO dans la Baie des Chaleurs, et plus particulièrement à Belledune, et sur le projet du Ministère visant la modernisation de son programme de gestion de l'habitat.
Ce programme fait partie d'une initiative pangouvernementale appelée “ réglementation intelligente ” et il vise à simplifier le système de réglementation. Comme M. Landry vient de le dire, les ressources halieutiques de la Baie des Chaleurs ont été le moyen de subsistance de centaines de collectivités et de milliers de personnes du Québec et du Nouveau-Brunswick. La Baie des Chaleurs fait partie d'un écosystème plus vaste, l'estuaire du Saint-Laurent, et de l'écosystème du sud du Saint-Laurent. La baie, plutôt profonde, s'étend sur 120 kilomètres de longueur et 40 kilomètres de largeur à son point le plus large. Vingt kilomètres en moyenne séparent le Nouveau-Brunswick du Québec, à partir de la côte de Gaspé.
La Baie des Chaleurs a la caractéristique unique de présenter une gyre. Elle tient son origine de deux courants opposés qui entrent dans la baie et qui en sortent pour former un courant dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. C'est une caractéristique océanique exceptionnelle; quelque chose de rare dasn le monde. Ces gyres sont des secteurs de haute productivité halieutique. Ce sont généralement des zones à forte concentration en nutriments, en larves, en planctons, en oeufs, qui, à leur tour, attirent les poissons qui alimentent les espèces commerciales de plus grande taille, ainsi qu'on vient de nous le dire. La gyre de la Baie des Chaleur emprisonne également les contaminants d'origine industrielle et empêche une importante partie de se déplacer vers un écosystème de plus grande taille.
Située en eau profonde et pouvant accueillir une vaste gamme d'activités maritimes, il n'est pas étonnant que la Baie des Chaleurs doit devenue un secteur privilégié de développement industriel. Et nulle part ailleurs le long des rives de la Baie des Chaleurs l'activité industrielle a été aussi grande qu'à Belledune, au Nouveau-Brunswick.
Belledune abrite depuis 40 ans une fonderie de plomb et une usine d'acide, et on y trouvait jusqu'à tout récemment une usine d'engrais et une usine de gypse. En 1994, une centrale alimentée au charbon a été ajoutée au complexe industriel situé à proximité de ce très petit village. En 1981, un projet visant l'établissement d'une fonderie de zinc a été approuvé. Ce projet a été mis en oeuvre, mais les prix du métal se sont effondrés et il a fallu tout arrêter. Maintenant, deux ans après le lancement des opérations de l'usine d'engrais qui est associée à la fonderie, des scientifiques du MPO ont rapporté que les effluents de l'usine, composés de sulfate de calcium ou de gypse, ont été déversés dans le fond de la baie, couvrant une superficie de 200 mètres carrés.
En 1985, l'effluent couvrait 31 hectares. En 1996, il en couvrait 44, avec un volume d'un million de mètres cubes. Dans certains secteurs, les déchets de gypse avaient 12 mètres de profondeur. Aujourd'hui, le gypse qui couvre le fond de la baie à l'extrémité des conduits semble avoir été pavé de béton.
En 1980, on a constaté que les homards et les moules dans la région de Belledune et sur au moins huit kilomètres en aval de la région de Belledune présentent de niveaux de cadmium et de plomb qui dépassent les normes de Santé Canada. On sait que les métaux proviennent de la fonderie de plomb, cela ne fait aucun doute. La pêche au homard est interdite dans le port de Belledune et une lagune y a été aménagée. Elle est encore interdite aujourd'hui et les homards pêchés dans la lagune et la zone portuaire sont incinérés.
En 1984, Environnement Canada a désigné Belledune comme la zone la plus contaminée de la région de l'Atlantique. En 1988, des scientifiques du gouvernement fédéral ont constaté de hauts niveaux de mercure et de cadmium dans les sédiments de la zone du gyre dont je vous ai parlé. De 1979 à 2001, l'effluent de la fonderie n'a passé aucun des tests de toxicité aux termes du Règlement sur les effluents des mines de métaux de la Loi sur les pêches. En 1998-1999, la Commission géologique du Canada a évalué les sédiments de l'ensemble de la Baie des Chaleurs, et les chercheurs ont conclu, et je cite :
La dispersion des émissions de métaux de la fonderie par les vents et les courants océaniques s'est soldée par une zone à forte concentration en métaux dans les sédiments de surface, qui s'étend sur une distance d'au moins 20 km depuis la fonderie.
Ainsi, les sédiments marins de toute la zone de la Baie des Chaleurs ont une concentration de métaux de trois à quatre fois plus élevée que la normale.
En 2004, 15 ans après que des consultants eurent estimé que les poissons et les larves de poisson allaient être aspirés par le conduit d'arrivée de la centrale énergétique alors proposée, et y mourir, une étude a finalement été réalisée pour évaluer combien de poissons étaient réellement aspirés par le conduit. L'eau de ce conduit sert au refroidissement de la centrale.
Finalement, leurs estimations ont été dépassées dans une proportion de près de 700 p. 100. Ce n'était pas 8,1 millions de larves de poisson par année qui étaient aspirées par les conduits d'arrivée de la centrale énergétique et qui en mouraient, mais bien 54 millions. Cette estimation ne se fonde que sur un échantillonnage étalé sur cinq mois. Ce nombre pourrait être beaucoup plus élevé. Les auteurs de cette étude ont également estimé que 370 milliards d'oeufs étaient aspirés dans le conduit d'arrivée de la centrale et que 12 000 poissons y étaient détruits.
Une autre centrale énergétique est située à seulement 40 milles en amont de Belledune et nous n'avons aucune idée du nombre de poissons, de larves de poissons et d'oeufs qui sont précipités et entraînés — ce sont des termes techniques — dans le conduit de cette centrale.
En 2005, après qu'une étude sur la santé eut révélé que la consommation des fruits de mer, des moules plus précisément, était la principale source d'exposition des résidents de la région aux métaux et qu'ils contribuaient dans une large mesure aux taux élevés de cancer et d'autres maladies, le MPO a interdit la pêche aux mollusques et aux crustacés près de Belledune. C'était la première fois en 40 ans que l'on interdisait la pêche dans ce secteur à cause de la contamination par les métaux.
Je pense que vous conviendrez tous que la mission du MPO et des autres organismes gouvernementaux de protéger les poissons et leur habitat à Belledune et dans la Baie des Chaleurs est un échec retentissant. Comment a-t-on pu laisser une telle situation se produire, alors que tant d'organismes fédéraux et provinciaux ont tous les pouvoirs de réglementation sur les industries de Belledune? Comment les autorités fédérales et provinciales ont-elles pu ignorer à ce point la contamination existante à Belledune et permettre la construction d'un incinérateur de déchets dangereux dans le secteur?
La réponse à ma première question se trouve dans un rapport que j'ai envoyé à tous les membres du comité. La traduction française a été envoyée au greffier mardi et j'espère qu'elle vous a été distribuée également. Si vous regardez aux chapitres trois et neuf de ce document, il y est précisément question des ressources et de l'habitat du poisson de la Baie des Chaleurs. Tout au long des 40 années de l'histoire industrielle de Belledune, des planificateurs, des scientifiques et des gestionnaires des gouvernements fédéral et provincial ont examiné les études d'impact environnemental des divers projets, ils ont discuté des résultats de surveillance effectués par l'industrie et ils ont noté les violations des recommandations et des normes fédérales et provinciales sur la qualité de l'air, de l'eau, du sol, de l'habitat marin et des aliments.
Au cours de ces quatre décennies, les ministres des paliers fédéral et provincial n'ont pas réussi à imposer des sanctions, des restrictions ou des pénalités lorsque ces industries violaient les règlements sur la qualité de l'eau, de l'air, des habitats et les normes en matière d'effluents, lorsque des fuites et des déversements se produisaient, et lorsque l'équipement de surveillance ne fonctionnait pas. Au cours des 40 années de l'histoire industrielle de Belledune, aucune de ces industries n'a jamais été sanctionnée, poursuivie ou mise à l'amende aux termes de l'article 32, de l'article 35 et de l'article 36 de la Loi sur les pêches. Les lois n'ont tout simplement pas été appliquées.
La réponse à ma deuxième question, à savoir comment un autre industrie qui risque de polluer puisse être tolérée par les autorités fédérales, et plus particulièrement le MPO, est simple également. Le MPO et les autres organismes gouvernementaux ne reconnaissent pas l'impact de la destruction et de la pollution dans le secteur, et ce, depuis 40 ans. Ils ne mesurent pas les nombreux risques environnementaux inhérents à l'exploitation des incinérateurs, et plus spécialement aux émissions des installations, à leurs dépôts éventuels dans l'environnement marin et aux effets transfrontaliers éventuels de ces émissions.
Les fonctionnaires du MPO ont été trop préoccupés par l'application d'une interprétation très étroite de leur mandat : les effluents des canalisations, les cours d'eau et l'utilisation des eaux résiduelles. Les rejets des polluants dans l'atmosphère ne figuraient même pas sur leur écran radar. En fait, avant même que les fonctionnaires du MPO n'obtiennent toutes les réponses à leurs questions concernant ce projet, la province avait déjà émis un permis de construction et les travaux étaient en cours.
Nous savons que le transport de contaminants atmosphériques sur de courtes et de longues distances finissent par se retrouver dans l'environnement marin. Par exemple, nous savons que la source de contamination de la chaîne alimentaire marine de l'Arctique — les poissons, les baleines et les personnes — se situe à des milliers de kilomètres de distance.
Ce qui inquiète plus particulièrement les résidents et les pêcheurs à propos des installations de Bennett, ce sont les rejets de dioxines et de furanes, les substances les plus toxiques fabriquées par les êtres humains. Nous savons que les niveaux mesurés en quantité aussi infime que 30 parties par billion ont des effets sur le développement embryonnaire des poissons. Une partie par billion, c'est un grain de sel dissous dans une piscine olympique. Ce sont des concentrations si infimes que l'on peut difficilement l'imaginer, et c'est pourquoi les gens sont inquiets. La plus grande source de dioxines, et peut-être la plus dangereuse, provient des incinérateurs de déchets industriels des municipalités.
Comme vous l'avez entendu, la société Bennett Environmental, qui n'a pas de permis d'exploitation, a le droit de brûler des hydrocarbures, du créosote et de petites quantités d'hydrocarbures chlorés, comme les BPC. Encore une fois, ces chiffres peuvent vous sembler infimes. Ce ne sont que 33 parties par million de BPC, mais sur une échelle annuelle, cela représente trois tonnes de BPC. La raison pour laquelle la population et nous-mêmes sommes inquiets, c'est que ces composés chlorés sont les précurseurs des ingrédients nécessaires à la formation de dioxines et de furanes dans le processus d'incinération. Lorsque des sols contaminés sont traités et mélangés à d'autres contaminants à haute température, on obtient des dioxines.
On prétend que les dispositifs de contrôle de la pollution de ces installations suffisent à empêcher ces dioxines de s'échapper de la cheminée. Il suffit de voir ce qui s'est produit à Saint-Ambroise pour comprendre qu'il ne faut pas faire confiance en ces dispositifs de contrôle de la pollution.
Ainsi, les inquiétudes des pêcheurs à propos de ces dioxines qui risquent d'entrer dans la chaîne alimentaire et de mettre en danger leur moyen de subsistance sont bien fondées. La sécurité alimentaire est un enjeu qui prend de plus en plus d'importance et nous avons plusieurs exemples au cours des dernières années où les gouvernements ont réagi rapidement, interdisant l'exploitation ou exigeant la fermeture d'entreprises, lorsque leurs produits se sont révélés contaminés.
Par exemple, en 2004, le ministre allemand de l'Agriculture a temporairement fermé 140 fermes après qu'on eut constaté que le lait de deux de ces fermes seulement contenait des dioxines cancérigènes. Les dioxines provenaient d'un sous-produit de pommes de terre d'une usine de pommes de terres frites. Les pelures des pommes de terre étaient données en pâture aux animaux et c'est ainsi que les dioxines se sont retrouvées dans la chaîne alimentaire. Vous voyez comment ces choses s'accumulent.
La semaine dernière, CBC...
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Je pense que tout le monde a baissé les bras.
Ce qu'on dit, c'est que ce projet s'est immiscé, qu'il est soudainement apparu dans la province, comme un chat. Il y a bien eu quelques négociations auxquelles les citoyens n'étaient pas admis, et ils se sont finalement retrouvés devant un fait accompli. Ce n'est qu'après avoir demandé des informations en vertu de la Loi sur l'accès à l'information que nous avons commencé à voir comment cela avait pu se produire.
Et à vrai dire, je pense que les résidents et les pêcheurs ne pensent pas que les émanations atmosphériques des installations peuvent vraiment retomber dans la baie et contaminer la faune et les stocks de poissons. Le MPO ne s'imagine pas, même si les chiffres le démontrent souvent. Tout le monde a cru au 99,99 p. 100. Les gens ont regardé le secteur et ils avaient besoin de travail et il y avait des emplois en jeu, des emplois, quel qu'en soit le prix. Cette mentalité est répandue dans la région.
Alors, personne n'est vraiment responsable de ce gâchis. Et lorsque le ministère a essayé de faire quelque chose, comme vous le savez peut-être, lorsque l'ex-ministre Anderson est intervenu et qu'il a dit qu'un examen allait être effectué et que des études seraient effectuées sur les effets transfrontaliers, il était trop tard; il a perdu en cour d'appel.
Nous sommes ici aujourd'hui pour dire au MPO qu'il doit élargir et non réduire son influence ou sa responsabilité réglementaire. Il doit commencer à s'attaquer à ces problèmes.
Par exemple, un autre enjeu important s'en vient — c'est ce que j'appelle un enjeu horizontal — et il s'agit des sablières et des gravières en eau profonde.
Ce qui est intéressant, monsieur le président et membres du comité, c'est qu'avec les années, le MPO délègue beaucoup de ses responsabilités réglementaires à d'autres organismes et associations. Par exemple, il a signé un PE en 2004 avec l'Association canadienne de l'électricité pour aborder ces problèmes de gestion de l'habitat —ces passages pour les poissons, et ainsi de suite. Le MPO ne s'occupera donc pas du problème.