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Je déclare la séance ouverte. Je veux vous souhaiter la bienvenue au Comité 10 du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Chers collègues, j'ai quelques rappels à faire; rien de nouveau.
La réunion se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes, et sachez que seule la personne ayant la parole, et non l’ensemble du Comité, apparaîtra à l'écran.
Les saisies d'écran sont interdites et, bien honnêtement, nous avons déjà entendu les autres consignes.
Chers témoins, merci d'être parmi nous.
Si vous devez basculer entre les langues, les canaux sont disponibles et, bien sûr, il y a eu des tests de son.
Nous allons commencer sans attendre.
Il s'agit de notre réunion pour cette étude. Conformément au Règlement 108(2) et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité reprend son étude sur la chaîne d'approvisionnement agricole et agroalimentaire.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Nous avons parmi nous, par vidéoconférence, M. Al Mussell, le directeur de recherche de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires.
Nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue, monsieur Mussell. Nous savons que vous avez eu des pépins techniques. Vous ne prononcerez pas de déclaration liminaire, mais vous serez disponible pour répondre à des questions, et je suis persuadé que les membres en auront à vous poser.
Nous accueillons aussi M. Bill Campbell, le président de Keystone Agricultural Producers; et Mme Julie Dickson Olmstead, la directrice générale des Affaires publiques et de la responsabilité d'entreprise chez Save-on‑foods Limited Partnership. Bienvenue.
Finalement, nous recevons les représentants de l'Union des producteurs agricoles: le président général, M. Martin Caron; et son coordonnateur de l'Économie et du commerce, M. David Tougas.
Chaque organisation disposera de cinq minutes pour sa déclaration liminaire.
J'aimerais inviter M. Campbell à prononcer la sienne d'un maximum de cinq minutes.
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Merci beaucoup et bonjour à tous.
Monsieur le président et honorables membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous pour discuter de la chaîne d'approvisionnement agricole et agroalimentaire. Je m'appelle Bill Campbell et je suis présentement le président de Keystone Agricultural Producers. Mon organisation porte la voix des agriculteurs du Manitoba et représente plus de 4 600 exploitations agricoles dans toute la province ainsi que 20 groupes et organisations de producteurs spécialisés. Nous défendons les intérêts de tous les agriculteurs auprès de tous les ordres de gouvernement.
Au cours des dernières années, les Canadiens ont pris conscience du fait qu'ils ne peuvent plus tenir pour acquises les chaînes d'approvisionnement agricoles et agroalimentaires. Des inondations, des feux de forêt, des conflits d'outre-mer et des arrêts de travail dans les compagnies ferroviaires ont souligné à quel point notre chaîne d'approvisionnement est fragile et à quel point les éléments qui la composent sont intimement liés. C'est un défi de taille que de renforcer la résilience et la stabilité à long terme dans notre chaîne d'approvisionnement. Cette résilience et cette stabilité dépendent d'un système d'approvisionnement où chaque élément agit de concert avec les autres. Une chaîne d'approvisionnement résiliente et stable nous permet de régler les problèmes de façon efficiente et efficace.
Les pénuries de main-d'oeuvre, les problèmes de transport et les coûts à la hausse des matières premières figurent en tête des préoccupations des producteurs manitobains. Ces incertitudes peuvent influencer la stabilité des marchés et possiblement l'approvisionnement. Près de tous les silos au Manitoba sont desservis par CP ou CN, de sorte que les céréaliculteurs s'en remettent complètement à une seule compagnie de chemin de fer pour acheminer leurs produits aux marchés. En raison de cette structure ferroviaire, les perturbations telles que les arrêts de travail ou les catastrophes naturelles nuisent à notre industrie et ont un effet d'entraînement dans toute la chaîne d'approvisionnement. Les agriculteurs dépendent non seulement des compagnies de chemin de fer de catégorie 1 pour l'expédition de leurs produits aux marchés, mais ils sont aussi à la merci de ces transporteurs ferroviaires pour les intrants comme l'engrais et les fourrages pour le bétail. L'engrais est très important pour le rendement des cultures et, en fin de compte, pour les recettes agricoles. Le dernier arrêt de travail de CP a suscité de vives inquiétudes chez les agriculteurs manitobains étant donné l'imminence de la saison d'ensemencement et le besoin en sources de nutriments dans un contexte de pénurie de fourrages. Puisque le transport par chemin de fer est absolument essentiel pour la chaîne d'approvisionnement agricole, notre organisation recommande que le gouvernement fédéral qualifie les transporteurs de catégorie 1 de service essentiel, ce qui limiterait les risques de grèves illimitées.
Les agriculteurs manitobains se préoccupent aussi du coût des intrants. Les producteurs ont constaté d'importantes augmentations de prix pour les engrais à base d'azote, de phosphore et de potassium. Par exemple, l'an dernier, un agriculteur moyen au Manitoba payait environ 700 $ la tonne d'urée; il paie maintenant près de 1 300 $ pour la même quantité. Certains prix annoncés pour les engrais anhydres sont de 2 270 $ la tonne, alors que le prix était de 1 170 $ à l'automne 2021. En outre, les coûts d'intrants élevés et les prix croissants des céréales représentent un fardeau pour les éleveurs de bétail qui doivent cultiver et acheter des fourrages pour leurs animaux.
Les pénuries chroniques de main-d'œuvre sont un problème incessant dans le secteur agricole. Présentement, l'embauche de travailleurs qualifiés, la rétention des employés, le recrutement géographique et le vieillissement de la main-d'œuvre représentent autant d'obstacles pour notre secteur. Quelques producteurs de porcs nous ont affirmé que 50 % de leurs postes dans les granges sont toujours vacants.
L'agriculture est sans doute un des secteurs les plus critiques et essentiels au Canada. Les consommateurs tiennent souvent pour acquises la qualité, la salubrité et la disponibilité des aliments dans les épiceries. Une grande partie de la population n'est pas consciente de toutes les étapes nécessaires pour apporter le bétail, le blé ou d'autres denrées d'une exploitation agricole aux tablettes d'un détaillant. Les sécheresses généralisées et les graves problèmes dans les chaînes d'approvisionnement peuvent avoir des répercussions majeures sur la disponibilité des aliments en magasin. L'eau et la nourriture sont des besoins humains essentiels et fondamentaux. Si ces besoins ne sont pas comblés pour la majorité de la population, les conséquences seront désastreuses.
Tous les Canadiens, ou presque, n'ont pas les compétences, les connaissances ou l'accès à des terres nécessaires pour atteindre l'autosuffisance alimentaire ou hydrique sans compter sur les épiceries. Pour cette raison, les producteurs et les travailleurs qui participent à la chaîne d'approvisionnement agricole jouent un rôle indispensable pour veiller à la santé et la sécurité de tous les Canadiens. Le moment n'a peut-être jamais été aussi opportun pour remédier aux problèmes actuels dans notre chaîne d'approvisionnement.
Je vous remercie encore une fois de me donner l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui. Je serais heureux de répondre à vos commentaires ou à vos questions.
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Monsieur le président, membres du Comité, merci et bonjour à tous.
Je m'appelle Julie Dickson Olmstead et je m'adresse à vous depuis le territoire traditionnel et non cédé des peuples Katzie, Semiahmoo, Kwantlen et Salish de la côte de la Colombie-Britannique. Nous sommes très reconnaissants de l'occasion qui nous est donnée d'être ici aujourd'hui afin de présenter un point de vue qui vient de l'Ouest.
Je suis ici au nom du Pattison Food Group, qui est le plus grand fournisseur d'aliments et de produits de santé de l'Ouest canadien. Le groupe a été fondé en 1915 à New Westminster, en Colombie-Britannique. Collectivement, nous employons 30 000 personnes, et nous sommes fiers que nos entreprises soient au nombre des 100 meilleurs employeurs de la Colombie-Britannique et du Canada.
Nous avons 11 bannières de vente au détail et près de 300 magasins d'alimentation et pharmacies dans l'Ouest canadien, à Whitehorse, au Yukon, dans l'État de Washington et en Oregon. Notre bannière la plus importante et la plus caractéristique est Save‑On‑Foods.
Nos quatre grossistes approvisionnent près de 2 000 épiceries, restaurants et détaillants spécialisés indépendants, de la Colombie-Britannique au Québec. Nous exploitons cinq installations de production alimentaire et pharmaceutique.
L'innovation est l'un de nos traits distinctifs, et notre capacité d'adaptation n'a jamais été aussi importante pour nos activités qu'au cours des deux dernières années. Le soutien de nos collectivités est au cœur de nos activités. Nous servons plus de 2,3 millions de Canadiens chaque semaine et nous parcourons des dizaines de millions de kilomètres par an sur les routes de l'Ouest canadien. L'acheminement efficace de nos produits repose sur tous les modes de distribution en usage.
Une de nos priorités fondamentales est de faire affaire avec des cultivateurs, des producteurs et des fournisseurs locaux. Nous offrons des milliers de produits fabriqués localement par plus de 3 500 producteurs locaux. En saison, près de 75 % de nos fruits et légumes proviennent de producteurs locaux.
Dans ce contexte, et compte tenu du peu de temps dont nous disposons, permettez-moi de me limiter à certains enjeux triés sur le volet. Je serai ensuite ravie de répondre à vos questions.
Dans le secteur alimentaire, le plus grand obstacle à la croissance est le manque d'harmonisation et de coordination entre les différents règlements. Sachant qu'au Canada, la réglementation en matière d'alimentation relève des différentes administrations, on ne répétera jamais assez que ces règlements disparates représentent les plus grands coûts et les plus grands obstacles à la croissance des petites et moyennes entreprises du secteur.
Dans cette optique, nous invitons le Comité à envisager la possibilité de rassembler les responsables agroalimentaires provinciaux, territoriaux et fédéraux, ainsi que les intervenants de l'industrie — dont les épiciers — pour qu'ils s'entendent sur la création d'un cadre qui, non seulement, éliminerait les obstacles réglementaires de la chaîne d'approvisionnement, mais permettrait aussi d'accélérer l'innovation. Cela concernerait l'alimentation, bien sûr, mais aussi le transport, la main-d'œuvre et une variété d'autres sujets.
Il est très important de mettre l'accent sur une meilleure harmonisation et une meilleure communication entre les ministères fédéraux, en particulier entre Agriculture et Agroalimentaire Canada, Santé Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada, et d'insister sur la nécessité pour ces ministères de mieux comprendre le rôle de tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire, dont les petites, moyennes et grandes épiceries.
Les épiciers et leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire continuent de subir des coûts énormes en raison de l'incohérence des règles et règlements, de l'harmonisation déficiente des normes et de l'augmentation des formalités administratives.
En parlant de réglementation, permettez-moi de répondre à une question qui a été posée par les membres du Comité concernant le code de pratique proposé pour les épiceries.
En tant que membre du Conseil canadien du commerce de détail et de la Fédération canadienne des épiciers indépendants, qui siègent tous deux au comité directeur fédéral, provincial et territorial sur le code, je peux témoigner du travail acharné qui est en cours pour élaborer un code propre au Canada et apte à rendre compte de la nature particulière de notre pays et de son secteur agroalimentaire. Ce que nous visons, c'est un code qui serait national, inclusif de tous les partenaires de la chaîne d'approvisionnement, réciproque, obligatoire, exécutoire et non réglementé.
Au nom de bon nombre de mes collègues, je demanderais que nous évitions de l'appeler le « code sur les frais des détaillants » pour privilégier le terme « code sur l'épicerie ».
Enfin, je demande instamment au Comité de soutenir le travail en cours du comité directeur FPT-Industrie. Il a fallu du temps pour élaborer un cadre et mobiliser les parties prenantes dans une si grande mesure, mais je pense que vous serez d'accord avec moi lorsque j'affirme que le fait de ne pas avoir de code serait mieux que d'en avoir un mauvais. Nous voulons tous un bon code, un code qui assurera la stabilité, une saine concurrence, des négociations équitables, une croissance soutenue et un secteur agroalimentaire florissant au Canada. Nous voulons aussi un code qui ne rendra pas les choses plus coûteuses et plus compliquées pour les entreprises, ce qui, en fin de compte, ferait augmenter le coût de l'épicerie pour les consommateurs.
En conclusion, de concert avec le gouvernement, nous devons permettre à l'industrie alimentaire canadienne de bâtir un système d'approvisionnement alimentaire durable, avec des prix concurrentiels pour les consommateurs, en uniformisant les règles du jeu pour les entreprises nationales et multinationales afin de permettre aux entreprises canadiennes d'être concurrentielles. Pour ce faire, nous devons investir dans les nouvelles technologies et l'innovation, ainsi que dans des moyens permettant à notre secteur d'attirer et de conserver une main-d'œuvre qualifiée capable de répondre aux exigences d'aujourd'hui et de demain. Nous devons nous prémunir contre la réglementation à outrance et les lourdeurs administratives.
S'il y a une leçon que nous avons apprise au cours des deux dernières années, et plus récemment au cours des cataclysmes climatiques qui ont frappé la Colombie-Britannique en novembre dernier, c'est que lorsque nous nous associons vraiment pour résoudre des problèmes, nous pouvons déplacer des montagnes du jour au lendemain, littéralement.
Pour réussir, nous devons collaborer et miser de toute urgence sur l'innovation.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Mon intervention va porter sur deux points, soit le manque de main-d'œuvre et la fluctuation du coût des intrants.
Au chapitre de la main-d'œuvre, les travailleurs étrangers temporaires agricoles, ou TET, sont des travailleurs essentiels pour le secteur agroalimentaire et la sécurité alimentaire des Canadiens. La pandémie a démontré toute leur importance.
Le taux de chômage au Canada est de 5,5 %, et de 4,5 % au Québec. La production agricole, de son côté, augmente de 8 % par année. Dans certaines régions comme Chaudière‑Appalaches, le taux de chômage est de 4 %. On prévoit que la pénurie de main-d'œuvre durera encore 10 ans. On comprend donc pourquoi le nombre de travailleurs étrangers temporaires augmente de 10 % par année. Comme ce nombre ne fera que croître, il est nécessaire de revoir les exigences administratives du programme.
Les employeurs favorisent l'embauche des mêmes travailleurs qui reviennent chaque année, pour la même période et pour les mêmes fonctions. Les demandes d'études d'impact sur le marché du travail, ou EIMT, devraient donc être valides pour trois ans. Ce serait une façon concrète et rapide d'alléger le fardeau administratif. Ce changement réduirait les délais et les pertes de temps à chacune des nombreuses étapes. Chaque contretemps dans le processus peut retarder le moment de l'arrivée des travailleurs, et même augmenter le risque qu'ils n'arrivent pas du tout.
Actuellement, nous devons composer avec trois différents programmes. Nous recommandons de réduire ce nombre et de simplifier les formalités administratives. Nous avons déposé à quelques reprises un exemple de formulaire qui compterait six pages au lieu de douze, comme c'est le cas actuellement.
Nous recommandons aussi que l'on retire la liste des produits agricoles admissibles au programme des travailleurs étrangers temporaires agricoles. Il faut simplement se reporter à la définition d'« agriculture primaire » établie dans le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés. Il a fallu attendre 10 ans avant que la production de sirop d'érable fasse partie de cette liste, et plusieurs autres productions manquent encore, notamment la production cunicole, qui concerne l'élevage des lapins, et la production fourragère.
Il y a un autre élément à considérer. Les petites fermes ne sont pas en mesure d'offrir aux TET un emploi de 40 à 50 heures par semaine. Il faudrait que les règles soient modifiées pour permettre aux producteurs de se partager les heures d'un travailleur. Ainsi, ce dernier pourrait partager son temps entre deux entreprises, selon les besoins et les priorités de ces dernières. Il pourrait, par exemple, faire la traite du matin à une ferme et celle du soir dans une autre ferme.
Concernant le deuxième point, soit la fluctuation du coût des intrants, il faut reculer de quelques années pour bien comprendre que toutes les certitudes du passé ne tiendront plus la route dans l'avenir. La guerre commerciale entre les États‑Unis et la Chine nous a fait comprendre que les principales puissances agricoles mondiales sont interdépendantes. Ces pays ont tous un rôle à jouer dans la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire mondiale, y compris celle du Canada. La pandémie et la guerre en Ukraine confirment cette réalité. La certitude que tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement mondial pourront jouer pleinement leur rôle dans l'avenir est chose du passé.
La conséquence de cette nouvelle réalité se résume en un mot: volatilité. La volatilité s'est d'abord exprimée du côté des prix courants des denrées agricoles. Maintenant, elle se retrouve aussi du côté des intrants. Le prix des engrais a doublé et celui des carburants, y compris le diésel, a augmenté de 24 % en 12 mois. Le prix des produits phytosanitaires, des emballages et des plastiques a aussi augmenté plus rapidement que l'inflation au cours de la dernière année. Ajoutons à cela la hausse imminente des dépenses d'intérêts, compte tenu du redressement annoncé par la Banque du Canada. Tous ces éléments représentent 25 % des dépenses des entreprises agricoles. Si l'on y ajoute les dépenses liées à l'alimentation, comme les grains et la moulée, c'est 35 % des dépenses qui évoluent à un rythme supérieur à l'inflation.
La solution à ce problème peut sembler complexe, mais, en réalité, elle est très simple et presque déjà accessible. Il s'agit de bonifier le programme Agri-stabilité. Ce programme a été conçu pour gérer exactement ce genre de situation. Il intervient en cas de fluctuations des marges d'exploitation. Par le passé, ces fluctuations étaient généralement causées par la volatilité des prix sur les marchés. La volatilité du prix des intrants constatée ces dernières années, et même dans les derniers mois, pourrait générer des baisses de marge qui vont nécessiter l'intervention du programme. Cependant, dans sa forme actuelle, il n'est pas en mesure de soutenir adéquatement les entreprises qui subiront des baisses de marge en raison de la hausse du coût des intrants.
Pour que ce programme intervienne, une baisse de la marge de 30 % doit être constatée par rapport à la marge historique.
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Présentement, la marge se situe à 30 %. Ce que nous demandons, c'est de revenir à la marge qui existait en 2013, c'est-à-dire à 85 %. C’est vraiment essentiel.
Les marges d'exploitation soulèvent actuellement des préoccupations, vu la volatilité et les répercussions du dépassement des coûts attribuable à l’inflation.
Il y a déjà un programme, et il n'est pas nécessaire de le réinventer. Il faut utiliser ce programme, mais il faut rehausser la marge à 85 %.
Je vous donne un bref exemple. Un producteur ou une ferme dont le revenu s'élève, en moyenne, à 60 000 $ et dont les dépenses admissibles sont de 50 000 $ génère une marge de 100 000 $. S’il y a une augmentation des dépenses de 8 %, cela représente des dépenses supplémentaires de 40 000 $. La marge n'est plus de 100 000 $, mais de 60 000 $. Selon le programme, dans sa version actuelle, le producteur recevrait seulement 7 000 $. Si le programme était bonifié en faisant passer la marge à 85 %, le producteur recevrait 17 500 $. Il y a quand même...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes questions s'adresseront à M. Caron et à M. Campbell.
Je veux parler de vos expériences et de celles de vos membres en ce qui concerne nos réseaux de transport.
Ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, se trouve sur la côte ouest de l'île de Vancouver. Je suis sur la côte, alors je vois beaucoup de vraquiers au mouillage qui attendent leur tour au port de Vancouver.
Compte tenu des mesures législatives que nous avons, comme la Loi sur les transports au Canada et l'Office des transports du Canada, croyez-vous qu'il faudrait en faire plus pour unifier l'information que vos producteurs obtiennent de nos chemins de fer et de nos autorités portuaires et des transporteurs eux-mêmes?
Monsieur Campbell, je vais peut-être commencer par vous.
Avons-nous perdu tout le monde?
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Campbell et à M. Caron.
Dans mon préambule, je disais que je voulais avoir le point de vue de vos organismes et de vos membres respectifs sur notre secteur des transports dans son ensemble, car nos chemins de fer et nos autorités portuaires sont tous de compétence fédérale, bien entendu.
Ce que je veux savoir, c'est si, d'une façon plus globale, le gouvernement fédéral devrait intervenir pour s'assurer que vos membres obtiennent des informations opportunes des chemins de fer, des autorités portuaires et des cargos qui attendent de recevoir vos produits.
Si vous pouviez faire part au Comité des recommandations que nous devrions relayer au gouvernement fédéral, nous vous en serions très reconnaissants.
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Il doit effectivement y avoir des mesures en place en cas de problèmes.
Comme je le mentionnais dans ma présentation, certains programmes permettraient de rétablir, à tout le moins, la situation quant aux marges d'exploitation. Les augmentations de coûts sont énormes actuellement. M. Campbell a fait mention du coût des intrants, entre autres, et j'ajouterais celui du diésel. Au cours de la dernière année, il a augmenté de 24 %. En deux ans, l'augmentation a donc été de 51 % .
Il faut penser aussi à mettre en place des programmes et des solutions qui contribueront à la résilience en agriculture. À cet égard, nous allons demander du soutien. Nous constatons que ce genre de soutien est bien plus grand aux États‑Unis et en Europe, plus particulièrement en ce concerne le développement durable et les changements climatiques. Je pense qu'il faut avoir cette vision écologique.
Nous, en tant que producteurs, nous devons rester concurrentiels, parce que nous occupons les mêmes marchés que les États‑Unis et l'Europe.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous cet après-midi.
Monsieur Caron, est-il possible de nous transmettre ce fameux formulaire dont on a réduit le nombre de pages pour le faire passer de douze à six? Il serait intéressant éventuellement de recommander, dans notre rapport, l'adoption de ce formulaire. J'aime bien quand nous simplifions la paperasse.
Dans le même ordre d'idées, nous avons reçu la lundi dernier. Elle a mentionné qu'il fallait reconnaître les problèmes des propriétaires et faciliter leur tâche quant à la venue de travailleurs immigrants.
Au même titre que le formulaire remanié, est-ce que cela pourrait être inclus dans nos recommandations, tout comme la proposition selon laquelle les EIMT devraient être valides pour trois ans au lieu d'un an? Je pense que ce seraient des éléments très importants à ajouter dans le rapport.
Pourriez-vous nous transmettre cela?
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Je vous remercie, monsieur Caron.
Le Comité a récemment déposé à nouveau son rapport sur la capacité de transformation. Nous souhaitons obtenir de la des réponses positives pour tout ce qui a trait aux travailleurs étrangers temporaires, car il y a un manque flagrant de main-d'œuvre. Vous avez mentionné tout à l'heure que le taux de chômage dans la région de Chaudière-Appalaches était de 4 % et qu'il était inférieur à 3 % en Beauce. Il est donc manifeste que le besoin est criant. La question des travailleurs étrangers temporaires serait donc vraiment pertinente, car nous avons des entreprises de transformation importantes.
Je vais vous parler de l'autre point que vous avez soulevé concernant la volatilité des prix des intrants. Vous avez proposé de faire passer le seuil de 70 à 85 % dans le programme Agri-stabilité. Cette recommandation figurait dans notre rapport intitulé « Faire face à l’imprévu: Renforcer les programmes de gestion des risques des entreprises agricoles et agroalimentaires ». Aucune mesure concrète n'a été prise.
Nous comprenons qu'il faut obtenir l'accord de l'ensemble des provinces ou d'une majorité d'entre elles pour aller de l'avant.
Pour ce qui est du secteur agricole au Canada, y aurait-il moyen de s'entendre sur une façon de travailler afin que les provinces qui le veulent puissent apporter ce changement?
Pourrions-nous travailler tous ensemble en ce sens?
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Je vous remercie, monsieur le président, de me céder la parole.
Je tiens à remercier rapidement l'équipe de soutien des TI qui m'a aidé au moment où nous avons perdu la communication. J'ai reçu un appel téléphonique de mon équipe qui voulait s'assurer que tout allait bien. Ils sont très minutieux, et cela nous permet de nous trouver dans différentes parties du pays en même temps. Je remercie donc les Services de TI d'avoir rendu cela possible.
De plus, je remercie dans les deux langues officielles nos interprètes de m'avoir permis de parler à tout le monde en même temps.
Je remercie tous les témoins de s'être joints à nous, mais je vous remercie tout particulièrement, messieurs Campbell et Caron. Veuillez transmettre nos remerciements à vos membres. Vous avez dû faire face à la pandémie, aux sécheresses et aux inondations en Colombie-Britannique. Nous avons entendu parler des blocus à certains postes frontaliers essentiels du Canada, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et de toutes ces difficultés, et malgré cela, vous persévérez et il y a toujours de la nourriture sur nos tables. Je tiens à remercier vos membres au nom d'une nation reconnaissante.
Mon collègue, M. MacGregor, a mentionné la résilience.
Monsieur Caron, vous avez mentionné qu'un soutien était nécessaire pour rester compétitif, et c'est l'une des choses que nous voulons faire. Nous avons beaucoup entendu parler de la chaîne d'approvisionnement. L'un des sujets sur lesquels je veux me concentrer maintenant, c'est la gestion des déchets alimentaires dans les fermes. Lorsque vous êtes l'agriculteur et que vous cultivez des aliments, tout produit qui est gaspillé avant même d'atteindre le marché nuit à vos affaires. Je suis convaincu que les agriculteurs font tout en leur pouvoir pour s'assurer qu'aussi peu d'aliments que possible sont gaspillés. C'est essentiel pour nos chaînes d'approvisionnement, mais l'un des meilleurs moyens d'améliorer les marges de profit consisterait à réduire le gaspillage alimentaire et à acheminer une plus grande partie des produits vers le marché. Étude après étude, nous avons constaté à quel point les marges de profit des agriculteurs peuvent être faibles.
Ce que je cherche à apprendre, c'est la réponse à la question suivante: les agriculteurs peuvent-ils gérer les déchets alimentaires dans leurs exploitations et, surtout, pouvons-nous soutenir ces mesures en matière de planification des cultures ou de récolte, compte tenu des faibles marges de profit que vous affrontez?
Monsieur Campbell, la parole est à vous.
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C'est une très bonne question, et elle se pose avec acuité lorsque nous travaillons sur l'ensemble du tableau. Je suis un producteur primaire et je suis certainement conscient des déchets. Je suis tout à fait conscient de cet aspect.
Tous nos produits qui ne sont pas utilisés dans le système alimentaire sont ensuite utilisés comme supplémentation pour le bétail. Nous disposons de cette solution de rechange, qu'il s'agisse de grains échauffés, de céréales déstockées ou d'autres composants. Nous devons nous assurer que nous avons un portefeuille diversifié et économiquement viable pour pouvoir utiliser tous ces produits. Nous voyons l'utilisation de la drêche sèche de distillerie dans le processus de production d'éthanol. Nous voyons aussi la possibilité de fournir certains des autres produits, comme c'est fait dans le cadre de la stratégie des protéines au Manitoba. Nous utilisons une partie du lait de pois, comme on l'appelle, comme protéine.
L'un des éléments très importants pour éviter le gaspillage alimentaire serait la suppression de la taxe sur le carbone pour le séchage des céréales et le chauffage des étables pour le bétail. Si nous pouvons stocker nos produits en toute sécurité, nous n'aurons pas ce potentiel de gaspillage et de dégradation des aliments et de baisse de la valeur des produits. Nous sommes très fiers de ce que nous faisons, très fiers de cultiver le meilleur produit possible, mais si nous n'avons pas les outils nécessaires pour assurer un stockage et une livraison sûrs... Je pense que vous devez réaliser que nos produits sont livrés 12 mois par an à des postes d'exportation et qu'il y a un élément de stockage dans ce processus. Au Canada, nous n'avons pas toujours les conditions de récolte les plus favorables.
Pour répondre à votre question, oui, nous faisons de notre mieux, car nous devons maximiser les revenus de nos exploitations.
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Bonjour. Je vous remercie de votre invitation à comparaître aujourd'hui. Je m'appelle Gary Sands. Je suis le premier vice-président de la Fédération canadienne des épiciers indépendants.
Il y a environ 6 900 épiceries indépendantes au Canada, et dans certaines provinces, comme ici, en Ontario, la majorité des épiceries sont indépendantes.
Certains d'entre vous ont peut-être lu l'article d'opinion que j'ai écrit dans le Toronto Star la fin de semaine dernière sur l'abordabilité des aliments. Pour ceux qui l'ont lu, je vous prie de me pardonner de répéter certains des points que j'ai soulevés dans cet article.
Comme vous le savez, le Canada est comme une tapisserie formée d'une myriade de collectivités urbaines, semi-rurales, rurales et éloignées. Il faut savoir que dans bon nombre des collectivités rurales et éloignées, la seule épicerie est souvent une épicerie indépendante. Il est très important de tenir compte de cette réalité lorsque nous parlons d'aliments abordables, d'approvisionnement équitable, de fluctuations inégales du coût des intrants, de pénuries de main-d'œuvre et de montée en flèche des coûts du camionnage et du carburant.
Après deux années à faire face aux défis d'une pandémie mondiale, la chaîne d'approvisionnement éprouve probablement ce que l'on pourrait décrire comme de l'épuisement au combat. En Colombie-Britannique, nous avons dû faire face à des inondations catastrophiques qui ont causé d'importants dommages aux infrastructures et aux corridors de transport. Omicron a porté un nouveau coup à la chaîne d'approvisionnement en provoquant des pénuries de main-d'œuvre généralisées. À peu près au même moment, les soi-disant « manifestants pour la liberté » ont érigé des barrages à certains de nos passages frontaliers essentiels, ce qui a entraîné d'autres perturbations et retards dans la chaîne d'approvisionnement, ainsi que l'augmentation des coûts pour nos membres.
Bien sûr, nous sentirons bientôt les effets du dernier coup dur, soit l'invasion de l'Ukraine par la Russie, dont nous savons qu'elle aura des conséquences importantes sur les coûts de toute une série de produits. Comme je l'ai déjà dit, on pourrait pardonner aux acteurs de la chaîne d'approvisionnement de penser que Vladimir Poutine et les quatre cavaliers de l'apocalypse ont décidé de se forger une nouvelle carrière dans l'industrie alimentaire.
Les effets cumulatifs de ces bouleversements ne sont pas toujours ressentis uniformément dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Nous savons que pour bon nombre de nos membres, les prix des fournisseurs ont augmenté de 25 % à 30 %. Les coûts de camionnage ont plus que doublé et les surcharges de carburant ont explosé.
Pour en revenir à ce que je disais plus tôt, à savoir que les épiceries indépendantes sont les seuls magasins d'alimentation dans de nombreuses collectivités, il faut garder à l'esprit que la sécurité alimentaire de ces régions dépend en grande partie de la capacité de ces épiciers d'avoir accès à un approvisionnement équitable à des prix abordables. Les épiceries de détail affichent des moyennes générales de 1,5 % à 2,5 % inférieures à celles des autres secteurs, mais elles doivent faire face à des augmentations importantes des prix des produits laitiers, des œufs, du pain et de la viande. La raison invoquée par tous ces secteurs est que les coûts augmentent — oui, ils augmentent —, mais ils augmentent aussi pour les épiciers indépendants. À qui devons-nous faire payer ces coûts? Il n'y a pas d'autre solution que de les faire payer au consommateur.
Ce mois‑ci, une étude commandée par les Beef Farmers of Ontario a révélé que si le prix du bœuf a nettement augmenté, la source des augmentations se perd quelque part entre la ferme et l'assiette. Selon l'étude, alors que la part des profits des agriculteurs a chuté de 41 % en 2016 à 39 % en 2021, « les épiciers et les bouchers ont connu le pire des résultats... Leur part de la marge bénéficiaire est passée de 8 % en 2016 à un peu plus de 2 % en 2021 ».
En tant que dernier maillon de la chaîne d'approvisionnement, celui qui est en contact avec le consommateur et qui se retrouve parfois directement dans sa ligne de mire, les épiceries ont beau chercher à ne pas augmenter leurs prix — ce qui est louable —, ce n'est tout simplement pas viable pour les petites et moyennes épiceries indépendantes. Sur la base des expériences vécues au cours des deux dernières années, les gouvernements et l'industrie reconnaissent, je crois, qu'ils doivent travailler ensemble à l'élaboration de solutions à long terme aux problèmes systémiques et aux vulnérabilités qui sont devenus très évidents dans notre chaîne d'approvisionnement.
L'un des derniers aspects évoqués au cours des discussions avec le dernier groupe de témoins et que je souhaite aborder est celui d'un code de conduite pour les épiceries. Je tiens à souligner qu'il s'agit d'un code pour les épiceries, et non pour le commerce de détail.
Je fais partie du comité directeur qui travaille actuellement au processus mené par l'industrie. Je suis donc lié par un accord de confidentialité et je dois faire attention à ce que je dis. Je soulève cette question uniquement parce qu'elle a été évoquée devant ce comité par une autre organisation qui est également membre du comité directeur et j'aimerais étoffer les observations qui ont été faites.
La FCEI plaide en faveur d'un code de conduite depuis plus longtemps que toute autre association au Canada. Nous le faisons parce que le Bureau de la concurrence n'a jamais été un instrument réaliste ou utile pour nos membres dans la lutte contre la concurrence déloyale et, à notre avis, contre la consolidation excessive. Nous sommes d'accord avec les préoccupations des fournisseurs en ce qui concerne les amendes et les pénalités qui leur sont imposées par les chaînes de vente au détail. Ce marché hautement concentré a donné lieu à des pratiques commerciales faussées et parfois déloyales. Cependant, il existe également un déséquilibre de pouvoir entre les épiciers indépendants de vos circonscriptions et les grands fournisseurs.
Les augmentations de prix sont souvent imposées à nos membres. Elles ne sont pas négociées ni même expliquées. Nous nous sommes battus âprement — et nous n'aurions pas dû avoir à le faire — au cours des deux dernières années pour garantir un approvisionnement équitable pour certains produits essentiels. Nous ne parlons pas d'un approvisionnement égal, mais d'un approvisionnement équitable.
Un code de conduite pour les épiceries ne vise pas seulement à protéger ou à aider les grands fournisseurs multinationaux. Il doit faire en sorte que les petits et moyens fournisseurs et transformateurs du Canada, ainsi que ses petits et moyens détaillants, disposent d'un instrument capable d'assurer plus de transparence et d'équité dans l'industrie.
Nous sommes également pour un code obligatoire et exécutoire, mais nous ne sommes pas pour un code imposé par une loi qui devrait être adoptée dans chaque province...
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Bonjour et merci. Je m’appelle James Bekkering, président du conseil d’administration de l’Association nationale des engraisseurs de bovins — l'ANEB —, et propriétaire d’un parc d’engraissement à Taber, en Alberta. Je suis accompagné de Janice Tranberg, présidente et directrice générale de l’ANEB.
L’ANEB a été fondée en 2007 et son mandat est de représenter les engraisseurs de bovins canadiens. C’est une organisation orientée vers les affaires et les solutions, et qui se concentre sur la croissance et la rentabilité durables, sur une compétitivité accrue, ainsi que sur le leadership et le partenariat au sein de l’industrie.
Les chaînes d’approvisionnement agricoles subissent d’énormes pressions, ce qui nuit à la sécurité alimentaire nationale. Dans le secteur bovin, la pression découle principalement de deux défis, soit celui d'obtenir les intrants agricoles essentiels, en particulier des aliments pour animaux, et celui d'assurer la bonne circulation du bétail et des produits bovins tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
La sécheresse de l’année dernière a été sans précédent, provoquant d’importantes pénuries d’aliments pour le bétail et entraînant une forte hausse des importations en provenance des États-Unis. La demande accrue d’aliments pour animaux ainsi que les incendies et les inondations en Colombie-Britannique ont mis en évidence les failles de nos systèmes de transport, notamment une infrastructure de déchargement inadéquate et un manque d’installations de stockage.
Les goulots d’étranglement dans les transports sont amplifiés par une grave pénurie de camionneurs qui devrait tripler d’ici 2023. En outre, les récentes manifestations à la frontière canado-américaine qui ont bloqué la circulation, ainsi que les arrêts de travail au CP, ont accentué la pression sur la chaîne d’approvisionnement. Récemment, la grève du CP a suscité une vive inquiétude pour ma ferme et bien d’autres.
En Alberta, nous n’avons qu’une ou deux semaines d’approvisionnement en céréales fourragères en réserve. Il est difficile de modifier sainement le régime alimentaire des bovins, même si on dispose d’autres céréales fourragères. Il a été pénible de voir ma ferme familiale traverser cette épreuve, ne sachant pas comment nous allions nourrir nos animaux, d’autant plus que le CP et le syndicat avaient la possibilité de recourir à l’arbitrage exécutoire pour maintenir le transport ferroviaire. Nous reconnaissons certainement le droit de grève des Canadiens, mais lorsque le bien-être des animaux est en jeu, nous sommes d’avis que le gouvernement du Canada doit déclarer que le transport ferroviaire est un service essentiel.
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Cette année, nous avons bien vu à quel point notre chaîne d’approvisionnement est essentielle pour l’agriculture. L’automne dernier, les conséquences de la sécheresse sur les engraisseurs de bovins ont commencé à se faire sentir. L’ensemble de la chaîne de valeur n’était pas en mesure de comprendre véritablement la quantité de maïs et de drêches de distillerie séchées dont nous allions avoir besoin ni l’importance des livraisons en temps voulu. En 2020, le Canada a importé environ 600 wagons d’aliments pour animaux des États-Unis. En 2021, le nombre est passé à plus de 8 000 wagons, et nous l’avons déjà dépassé en 2022.
Les retards ferroviaires ont causé l'épuisement de nos stocks au début de 2022 et, alors que les choses semblaient rentrer dans l’ordre, la frontière a été bloquée par des manifestants. Cela rendait non seulement l’importation et l’exportation de bœuf et d’animaux vivants impossibles, mais aussi l’entrée au Canada de drêches de distillerie séchées, une source de protéines nécessaire à l’alimentation animale. Les drêches de distillerie séchées sont principalement livrées par camion; la fermeture de la frontière a donc été un autre coup dévastateur. Et maintenant, dans le sillage de la grève du CP, il n'y a plus de réserve d’aliments pour animaux. Sans livraisons régulières, la plupart des parcs d’engraissement manqueraient d’aliments en une ou deux semaines, ce qui compromettrait la survie des animaux.
Nous sommes heureux que le Comité permanent de l’agriculture se penche sur les défis liés à la chaîne d’approvisionnement. Pour le secteur bovin, la question va au-delà de la grève du CP. Il faut que le gouvernement du Canada veille à ce qu’on ne bloque pas les chaînes d’approvisionnement essentielles.
Le gouvernement doit désigner le transport ferroviaire comme un service essentiel. Comme nous l’avons expliqué, il n’existe pas d’autre option pour la livraison de fournitures essentielles. Et il n’y a pas que les chemins de fer. Les passages frontaliers et les autres voies critiques de la chaîne d’approvisionnement ne peuvent être bloqués. Rien ne doit entraver... La circulation des biens essentiels à la santé, au bien-être et à la sécurité des Canadiens doit être garantie.
De plus, le gouvernement du Canada doit créer une enveloppe de financement de l’infrastructure consacrée à l’infrastructure rurale et aux besoins en transport du secteur agricole. On met l’accent sur les services à large bande en milieu rural, mais l’agriculture a désespérément besoin d’investissements essentiels dans les biens économiques durables comme les routes, les ponts, les réseaux de transport locaux et l’amélioration des installations et des infrastructures de transfert et d’entreposage ferroviaires.
Merci.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m’avoir invité à participer à la réunion d’aujourd’hui.
Je m’appelle Mark Hemmes et je suis le président de Quorum Corporation, dont le siège social est à Edmonton. Quorum Corporation est responsable de la surveillance du Système de manutention et de transport du grain — le SMTG — des Prairies du Canada au nom de Transports Canada et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada depuis juin 2001.
Le Programme de surveillance du grain, ou PSG, rend compte au gouvernement et à l’industrie de l’efficience, de la fiabilité, de la structure et de l’exploitation du système de manutention et de transport du grain, ainsi que des répercussions que tout changement pourrait avoir sur les producteurs et l’industrie.
Le PSG assure le suivi du grain de la ferme jusqu’au port et analyse également les activités portuaires et maritimes. Nous recueillons des données sur l’industrie et nous élaborons et maintenons plus de 250 mesures clés sur le SMTG. Nous publions des rapports hebdomadaires, mensuels, trimestriels et annuels sur le système de manutention du grain, en plus de mener des analyses et des discussions continues avec les intervenants de l’industrie.
Je ne répéterai pas les nombreux excellents points soulevés par les présentateurs précédents, mais j’aimerais approfondir certaines des questions qui ont été soulevées.
Premièrement, il est impératif que le Canada continue de mettre l’accent sur l’amélioration de l’infrastructure dans l’ensemble de son réseau de transport pour maintenir sa place sur le marché agricole mondial. L’industrie céréalière a connu une augmentation annuelle de volume de 3 % au cours des 8 à 10 dernières années, et les entreprises du secteur ont investi plus de 4 milliards de dollars pour accroître la capacité de leur partie de la chaîne d’approvisionnement. Pour demeurer concurrentiels, les autres partenaires de la chaîne d’approvisionnement doivent continuer d’investir dans leur infrastructure afin de suivre ce rythme de croissance.
Deuxièmement, le manque de conteneurs vides paralyse un nombre croissant de marchés canadiens de grains de spécialité qui se sont développés avec succès au cours des 15 dernières années, ce qui risque de faire perdre ces marchés. Il faut souligner un point important, cependant, et c’est qu’au Canada, nous manquons énormément de données détaillées à court terme sur le mouvement et le rendement des conteneurs. Les données disponibles sont fournies plus de six mois après le fait et ne décrivent que le trafic se déplaçant dans le port, sans aucune information sur son origine. Par conséquent, l’incidence des déficits de capacité ou de l’interruption des activités de la chaîne d’approvisionnement ne peut être examinée que jusqu’à six mois après le fait. Par contre, nous avons des détails extraordinaires sur le déplacement des exportations en vrac et son efficacité.
Le manque de données et d’information sur le déplacement des conteneurs est un problème majeur pour le secteur de l’exportation par conteneurs au Canada, surtout quand nous sommes aux prises, comme c’est le cas actuellement, avec un manque de conteneurs vides et des délais de prestation de services prolongés. À l’heure actuelle, nous ne pouvons faire référence qu’à des données anecdotiques jusqu’à ce que les vraies données soient disponibles.
Troisièmement, la résilience et la capacité de récupération des chemins de fer après les interruptions imprévues qu’elles subiront toujours sont un autre facteur essentiel qui a une incidence sur la réputation du Canada comme étant un fournisseur fiable et constant de produits sur les marchés mondiaux. Ce qui est en cause et qui consterne les expéditeurs ferroviaires, c’est le temps qu’il faut pour se remettre d’une interruption, souvent des mois, comme c’est le cas actuellement après les inondations en Colombie-Britannique.
En ce qui concerne la résilience et le rétablissement, les mesures issues du PSG et de l’Ag Transport Coalition, l'ATC, fournissent de bons exemples de la façon dont les données et les statistiques peuvent aider à cerner les problèmes dans la chaîne d’approvisionnement. Le graphique fourni dans le document que nous avons envoyé utilise les données du PSG et de l’ATC pour montrer la relation de cause à effet, lorsque les chemins de fer ne répondent pas à la demande des expéditeurs, et l'incidence sur les terminaux céréaliers portuaires, ce qui peut faire en sorte que les navires céréaliers s’entassent en attendant que le grain arrive. Ce graphique illustre cette comparaison au cours des trois dernières années et demie. On peut voir six fois l’effet presque immédiat de cette lacune sur la demande des expéditeurs: les terminaux sont à court de wagons à décharger, le temps d'attente des navires augmente, les files d'attente s'allongent et, par conséquent, les mouillages se remplissent dans le secteur du port de Vancouver.
Nous le constatons même au cours de la campagne agricole actuelle, alors que les volumes ont été réduits de 40 % en raison de la sécheresse et que la file d’attente des navires céréaliers devrait être beaucoup plus courte. Malgré cela, les chemins de fer n’ont pas été en mesure de maintenir un service constant ou de fournir un approvisionnement suffisant de wagons pour répondre à la demande, et les navires qui se trouvent dans les ports subissent des temps d’attente beaucoup plus longs, ce qui crée des niveaux records de surestaries. Comme Bill Campbell l'a mentionné précédemment, s’il y avait eu une récolte « normale » cette année, la situation aurait été bien pire.
Bien que les pénuries de wagons disponibles pour le déchargement...
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Je vous remercie beaucoup.
Avant cette année, les stocks de céréales étaient déjà faibles. Bon nombre de ces stocks sont entreposés à des endroits où ils ne peuvent pas vraiment servir à atténuer les pénuries qui sévissent dans d'autres pays. Par exemple, on estime que la Chine détient 70 % du stock mondial de maïs. Certains pays se sont dotés de programmes nationaux de stockage pour tenter de constituer des stocks alimentaires afin de nourrir leur population, alors que d'autres ont décrété des embargos.
Il s'écrit bien des choses à propos de l'Ukraine. Ce pays exporte des céréales et des oléagineux en grande quantité, notamment du blé, du maïs et de l'orge. Dans le cas du maïs, il en exporte plus d'une fois et demie la quantité exportée par les États‑Unis, ce qui en fait le premier exportateur de maïs.
Ces produits sont destinés à des marchés très régionaux, comme l'Afrique du Nord et le Moyen‑Orient. Dans le cas du blé, l'Ukraine en exporte en grande quantité dans ces pays, qui dépendent considérablement de la farine de blé comme source de calories dans l'alimentation et dépensent une part appréciable de leurs revenus dans la nourriture. Cela signifie...
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Il est difficile de répondre à cette question. C'est une bonne question, mais je ne pense pas que l'on puisse prévoir l'arrivée des navires beaucoup mieux que ce que l'on fait aujourd'hui. Pour faire venir un vraquier dans un port, il faut le réserver entre 6 et 12 semaines à l'avance.
Vous effectuez toute votre planification logistique en vous disant que vous n'allez pas garder ce navire sur place plus longtemps que nécessaire, mais si le produit n'arrive pas au port pour être chargé sur le navire, il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire. Vous planifiez trois, quatre ou cinq semaines à l'avance, et lorsque les chemins de fer ne vous fournissent pas la capacité de transport nécessaire pour acheminer le produit jusqu'au port et le mettre en position de chargement dans un navire, le port ou les exploitants de terminaux ne peuvent pas faire grand-chose d'autre que de laisser le navire là et d'attendre.
Je dois insister sur le fait qu'aucun expéditeur ni aucune personne qui conclut un contrat pour avoir un navire ne souhaite qu'il reste sur place pendant six ou huit semaines, car il doit payer des surestaries. À l'heure actuelle, pour cette année seulement, nous estimons que les surestaries des navires à Vancouver dépassent environ 35 millions de dollars, ce qui est énorme. Aucune de ces personnes ne veut payer cet argent, mais elles n'ont pas le choix.
Bill Campbell a souligné plus tôt que cet argent finit par sortir des poches du producteur.