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Merci et bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs. Je tiens à vous remercier de m’avoir invité à comparaître aujourd’hui pour discuter des répercussions de l'ACEUM sur l’industrie laitière canadienne en général, et sur Vitalus en particulier.
Je m’appelle Phil Vanderpol. Je suis le président et premier dirigeant de Vitalus Nutrition, entreprise consacrée à la transformation d’ingrédients laitiers à valeur ajoutée.
Fondée il y a plus de 65 ans comme entreprise familiale, Vitalus est un important producteur d’ingrédients laitiers de premier ordre adaptés aux besoins des industries mondiales des aliments, des boissons et de la nutrition. Dans nos installations de pointe et nos usines de transformation certifiées FSSC 22000 situées en Colombie-Britannique et au Manitoba, nous transformons le lait fourni par les agriculteurs canadiens en crème et beurre de haute qualité, tout en produisant des concentrés et isolats de protéines laitières qui ont une qualité, une valeur nutritive et une fonctionnalité supérieures.
Nos produits sont utilisés dans de multiples applications, dont les barres nutritives, les boissons protéiques, les préparations pour nourrissons, les pâtisseries, les confiseries, les produits laitiers, les grignotines et bien plus encore. Vitalus fournit de la crème et du beurre aux marchés canadiens, et des concentrés et isolats de protéines laitières aux marchés intérieurs et à une vingtaine d'autres pays.
En 2018, nous avons agrandi nos installations en Colombie-Britannique et chargé une nouvelle usine de produire Vitagos, un ingrédient laitier prébiotique de grande valeur, que l'on appelle aussi galacto-oligosaccharide, d'usage très répandu dans les préparations pour nourrissons et les produits de santé digestive. Vitalus est l’une des rares usines au monde à fabriquer ce produit, et elle est la première à le faire en Amérique du Nord.
Vitalus jouit d’une solide réputation et d’une image de marque amplement reconnue sur le marché interentreprises, et ce, grâce à son engagement inébranlable envers la qualité, l’efficacité, la capacité d'adaptation aux besoins et le service à la clientèle.
Chez Vitalus, nous avons pu tirer profit de l'expansion du marché mondial des ingrédients laitiers à valeur nutritive ajoutée. Notre chiffre d'affaires a affiché un taux d'augmentation de deux chiffres au cours des trois dernières années, et cette tendance devrait se poursuivre cette année. Notre taux de croissance annuel composé sur trois ans a augmenté de 49 % de 2017 à 2019, et nous prévoyons une année 2020 tout aussi réussie.
Nous avons atteint cette croissance en multipliant les ventes de nos concentrés et isolats protéiques sur les marchés mondiaux tout en répondant à la demande croissante de matières grasses butyriques sur le marché canadien, comme le démontrent les résultats de nos exportations de 2017 à 2019, dont je vais vous faire part. Au cours des trois dernières années, nous avons augmenté de 171 % nos exportations vers l’Europe, grâce en partie à l’AECG, de 132 % vers le marché américain, de 135 % vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, et de 65 % vers l’Asie. Nous avons atteint ce résultat en établissant des relations de collaboration durables dans le monde entier avec des multinationales de l'alimentation qui apprécient les ingrédients laitiers canadiens.
Deuxième industrie de transformation des aliments en importance au Canada, le secteur laitier contribue plus de 20 milliards de dollars par année à l’économie du pays. Compte tenu de la croissance des exportations de Vitalus au cours des trois dernières années, il est clair que nous contribuons à l’atteinte des objectifs du Canada dans le secteur agroalimentaire. Entre nos deux installations de transformation, nous employons plus de 200 personnes hautement qualifiées, et nous demeurons une entreprise fière d’être canadienne.
Les transformateurs laitiers, y compris Vitalus, ne demandent qu'à poursuivre ce rythme de croissance et à faire progresser l’industrie et le Canada. Cependant, la mise en œuvre imminente de l'ACEUM et les concessions qui ont été faites dans le secteur laitier menacent de freiner cette croissance et d'affaiblir la compétitivité du secteur à long terme.
L’industrie laitière canadienne accuse un manque de capacité de transformation qui ne tardera pas à s'accentuer en raison de l'insuffisance des investissements dans les usines de séchage du lait. Avec la fermeture imminente de certaines usines, on pourrait également assister à une capacité diminuée de séchage de la poudre de lait écrémé, produit obtenu à partir du surplus de matières sèches non grasses qui restent une fois que la demande de matières grasses butyriques est satisfaite sur le marché canadien.
Comme vous le savez probablement, la demande intérieure de matières grasses butyriques continue d’augmenter et le manque de capacité de séchage de la poudre de lait écrémé fait déjà basculer le système. La situation ne fera que s'aggraver à l’avenir. Avec la mise en œuvre de l'ACEUM, le volume d'exportation de poudre de lait écrémé et de concentrés protéiques du lait sera assujetti à des contingents plafonds et à une taxe si le plafond est dépassé, ce qui rendra l’exportation impossible financièrement parlant.
Il convient de noter que les concentrés protéiques du lait de plus de 85 % en teneur protéique et les isolats de protéines laitières sont exemptés des plafonds et de la taxe à l’exportation. La construction et l’exploitation d’une usine d’isolats sont une entreprise très coûteuse et les retombées se feront attendre. Les changements dans le milieu de la transformation des produits laitiers au Canada, la demande du marché pour des ingrédients laitiers de premier ordre et l’attente de la ratification de l’ACEUM sont autant de facteurs qui ont incité l’industrie à concerter les efforts pour trouver le moyen de maintenir la croissance de l’industrie et sa viabilité à long terme.
Vitalus fait partie du dialogue sur les solutions depuis deux ans. Nous nous sommes efforcés de trouver la meilleure solution pour le surplus de matières non grasses prévu, surtout dans l’Ouest du Canada, non seulement à court terme, mais aussi pour les 10 prochaines années.
Nous avons réfléchi à la nécessité d’augmenter le volume de production laitière progressivement pour répondre aux besoins du marché canadien en ce qui a trait aux matières grasses butyriques. Nous avons également examiné les répercussions géographiques et environnementales, ainsi que la manutention des sous-produits. Les producteurs et transformateurs laitiers de l’Ouest canadien sont prêts à investir dans une solution à long terme pour régler tous les problèmes mentionnés. Il nous faut cependant des engagements concrets de la part du gouvernement pour aller de l’avant.
Nous demandons expressément que l'ACEUM n’entre pas en vigueur avant le 1er août 2020. L’industrie disposera ainsi de plus de temps pour introduire les changements importants nécessaires et composer avec la réduction des volumes plafonds imposés à l'exportation des produits laitiers. Vitalus aura de son côté le temps qu'il lui faut pour développer d’autres marchés d’isolats de protéines laitières, produits qui ne sont pas assujettis aux contingents plafonds ni à la taxe à l’exportation.
En ce qui a trait au volume des exportations, nous demandons également la priorisation des contingents pour les concentrés protéiques du lait. Cela nous laissera le temps d'investir ce qu'il faut pour convertir la production de poudre de lait écrémé et de concentrés protéiques en isolats, qui, nous l'avons dit, ne sont pas assujettis à des restrictions à l’exportation.
Notre secteur doit avoir la certitude que le gouvernement a réglé les ramifications pour son milieu, qu'il a versé les indemnités promises aux transformateurs à la lumière de tous les accords commerciaux récemment conclus, et qu’il défendra notre industrie à l’avenir.
Enfin, je tiens à souligner que cette solution canadienne profite à l’ensemble de l’industrie laitière et qu'elle contribuera à la prospérité du Canada en tenant les investissements actuels et futurs, les emplois et la croissance du secteur canadien de la transformation des produits laitiers à l'abri des répercussions négatives de l'ACEUM.
Je vous remercie de m’avoir donné le temps de vous présenter cet exposé, et je suis prêt à répondre à vos questions.
Madame la présidente, mes remarques découlent de mes expériences à titre d'agent du service étranger au sein des équipes ayant négocié l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis et l'ALENA, mes affectations à New York, comme consul général à Los Angeles et chef du service de défense des intérêts du Canada à notre Ambassade de Washington et, plus récemment, comme membre du comité consultatif sur le commerce du sous-ministre du Commerce international.
J'encourage les députés à adopter la loi portant mise en œuvre de l’Accord entre le Canada, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis mexicains. Les accords commerciaux, c’est un peu comme faire du vélo: on pédale et on pédale et quand on se heurte à un obstacle on fait les ajustements nécessaires, et on continue à pédaler. L'ACEUM est le meilleur accord possible dans la conjoncture actuelle. Il est loin d'être parfait, mais pour le Canada, il préserve à la fois l'accès à notre plus grand marché et la plateforme nord-américaine intégrant le Mexique.
L'histoire entre le Canada et le Mexique attire peu d'attention, mais c'est le trésor caché de l'histoire de l'ALENA. Le Mexique est maintenant notre troisième partenaire commercial et, comme nous l'avons vu, il s'est révélé un allié précieux durant les récentes négociations avec l'administration Trump, non seulement concernant le nouvel ALENA, mais aussi pour renverser ses mesures protectionnistes visant l'étiquetage du pays d'origine.
Le nouvel accord n'est pas parfait. Il crée un échange plus libre et non un libre-échange. Mais songez au chemin que nous avons parcouru depuis nos débuts. Le président Trump a condamné l'ALENA comme le pire accord commercial jamais négocié. Le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, a déclaré que c'était au tour du Mexique et du Canada de donner et au tour des États-Unis de recevoir. L'administration Trump pensait que nous étions en position de faiblesse parce que nous, le Mexique et le Canada, dépendions beaucoup plus des États-Unis que leur pays de nous. Nous représentons près de 18 % des exportations américaines respectivement, alors que les États-Unis absorbent près de 75 % de nos exportations. Il s'agirait d'environ 80 % pour le Mexique.
Ce commerce génère les deux tiers de notre PIB, ce qui fait de nous la douzième plus grande économie d'exportation au monde. Pour les États-Unis, le commerce ne représente que 27 % de leur PIB. M. Trump était bien conscient de ces asymétries.
Malgré ces inconvénients, nous avons mis à jour l'ALENA avec de nouveaux chapitres sur le commerce numérique, la propriété intellectuelle, le travail et l'environnement, tout en maintenant les dispositions sur le règlement des différends et la gestion de l'offre, et abrogeant celles qui portent sur les relations investisseur-État. Les tarifs injustes sur l'acier et l'aluminium ont disparu. Notre commerce automobile est maintenant un commerce administré, un peu comme celui du bois d'œuvre, mais nous devrions être capables de gérer la situation pour soutenir les emplois et les investissements.
Grâce aux Démocrates au sein de la Chambre des représentants, nos concessions sur la protection par brevet des médicaments biologiques, qui auraient fait augmenter les coûts des soins de santé pour les provinces, ont été annulées. Les Démocrates ont également obtenu une meilleure structure de mise en œuvre des dispositions sur l'environnement et le travail, ce que nous avions tous cherché à obtenir dans le cadre des négociations.
Bref, nous avons un accord commercial nord-américain de haute qualité, comme ce que nous souhaitions obtenir par le biais du Partenariat trans-Pacifique. À la place, nous avons maintenant à la fois le PTPGP et un ACEUM à jour avec un avantage sur les États-Unis sur les marchés transpacifiques et transatlantiques grâce au PTPGP et à l'AECG.
Ce qui m’amène à mes recommandations: Premièrement, l'ACEUM est le résultat d'un effort pancanadien impliquant le , les ministres, les premiers ministres provinciaux, les parlementaires et les législateurs, les chefs d'entreprises et les dirigeants syndicaux travaillant avec leurs homologues américains suivant des messages et des objectifs complémentaires. Ce travail doit se poursuivre et devenir une campagne permanente. Le protectionnisme américain date d'avant la naissance de la République et continuera, quel que soit le président. Diversifier notre commerce oui, mais nous ne pouvons changer une géographie qui nous donne accès au plus grand et plus innovant marché au monde.
En travaillant quotidiennement au Capitole depuis notre ambassade et grâce à mon expérience dans nos consulats, j'ai appris que, tout comme toute politique est locale, tout commerce l'est également. Bien que nous ne puissions pas faire de dons aux campagnes électorales, nous pouvons témoigner des emplois que le commerce et les investissements canadiens créent par district et par État. Nous devons tenir ces données à jour. Il est important que vous, les parlementaires, rappeliez constamment ces faits aux Américains, et que vous le fassiez en rencontrant régulièrement les législateurs locaux, étatiques et fédéraux.
Ce ne sont pas les occasions qui manquent, qu'il s'agisse de conférences régionales entre législateurs étatiques et nationaux, de forums importants comme la PNWER et l'OCSAN, ou encore de réunions sectorielles de l’industrie et de groupes agricoles. Votre présence est nécessaire pour tisser des relations et plaider en faveur du Canada. Je vous encourage à utiliser vos points de voyage pour aller à Washington et à adapter les règles pour les voyages à travers les États-Unis. Comme vous le comprendrez, une rencontre sur le terrain l'emportera toujours.
Deuxièmement, avec l'accord commercial en place, il reste encore des affaires à régler en matière de réglementation et d'infrastructure. Le méli-mélo de réglementations et de normes nationales, provinciales et locales doit être harmonisé ou rendu complémentaire. L'ACEUM aide, mais nous travaillons aussi, par l’entremise d’initiatives distinctes lancées par le gouvernement Harper et l’administration Obama, à la coopération en matière de réglementation et au-delà de la frontière. Elles ont été maintenues par le gouvernement Trudeau et l’administration Trump. Elles se poursuivent, mais après l’élan d’enthousiasme initial, je crains qu’elles soient maintenant enterrées dans nos bureaucraties. Le progrès exige une surveillance politique de la part de ce comité, y compris des audiences visant à cerner les obstacles, à sensibiliser davantage les gens et à faire en sorte que le gouvernement s'attache à l'ouvrage. Vos électeurs vous remercieront.
Les personnes et les marchandises passent par nos postes frontaliers, ainsi que par les routes, les voies ferrées, les conduites hydroélectriques et oléoducs, les ponts et tunnels, les aéroports et les gares. Ces infrastructures ont besoin d'amélioration. Trop souvent, ce sont des goulots d'étranglement qui entravent passage et productivité. Le Canada a un programme d'infrastructure, mais avance-t-il assez vite? Cela devrait être un domaine de coopération étroite entre tous les ordres de gouvernement. Là encore, une supervision parlementaire des progrès est essentielle. L'administration américaine et le Congrès parlent déjà d'un programme d'infrastructures de 1 billion de dollars. Nous devons nous assurer qu'il complémente nos efforts et laisser aux gouverneurs et aux premiers ministres provinciaux le soin de rédiger un accord sur les acquisitions comme nous l'avons fait en 2010.
Comme le Belfer Center à Harvard le souligne, grâce à une abondance de ressources énergétiques, une main-d'œuvre qualifiée, une technologie et un marché expansif, l'Amérique du Nord est le prochain grand marché émergent. Mais nous avons besoin d'infrastructures.
Pendant ce temps, notre accès aux pays de l'Union européenne et du PTPGP nous offre un avantage de premier ordre sur les États-Unis. Encore faut-il savoir saisir ces occasions. Notre compétitivité dépend de notre capacité à acheminer rapidement les marchandises sur le marché, que ce soit en Amérique du Nord ou au-delà de nos océans.
Troisièmement, nous devons être mieux renseignés sur l'Amérique du Nord, en particulier sur les États-Unis. La diversification est un objectif louable, mais pour le Canada, dès qu'il s'agit du commerce et de la sécurité, ce sera toujours les États-Unis d'abord, et le reste du monde après. N’importe qui en affaires vous dira qu'il est essentiel de connaître le marché, que vous achetiez ou que vous vendiez. Par exemple, combien d'entre vous peuvent dire à leurs électeurs le nombre d'emplois qui dépendent des investissements et du commerce américains? Nous pouvons le faire pour les États-Unis et le Conseil canadien des affaires a créé une carte interactive qui peut repérer les emplois par district électoral et par État. Pourquoi n'en avons-nous pas une pour les circonscriptions canadiennes? Et pourquoi ne pas inclure le Partenariat trans-Pacifique et l'AECG? Les gens comprennent pourquoi le commerce est important pour eux.
Pourquoi ne pas mettre notre proximité et notre compréhension innée des États-Unis à profit? Demandez-vous: Combien de centres sérieux pour l'étude des États-Unis y a-t-il au Canada? Combien de chaires de recherche du Canada portent sur les États-Unis et nos échanges commerciaux? La réponse ne manquera pas de vous décevoir.
Je vous encourage, en votre qualité de parlementaires, à adopter l'ACEUM et à faire pression pour obtenir des investissements qui servent notre intérêt national.
En conclusion, nous devons toujours garder à l’esprit que l’influence du Canada dans le monde se mesure en grande partie à notre compréhension des États-Unis. Grâce à nos connaissances et à nos relations avec les Américains, notre capacité de tirer parti de notre influence à Washington et dans les capitales des États fait de nous un partenaire plus souhaitable pour le reste du monde, car ces autres pays doivent aussi faire des affaires avec ce voisin souvent compliqué qui est le nôtre.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente, messieurs et mesdames les membres du Comité.
Nous sommes à Meadow Lake, en Saskatchewan, ce matin. Nous allons parler de l'absence d'accord sur le bois d'œuvre résineux, au nom des fabricants autochtones de produits forestiers.
Nous représentons le Meadow Lake Tribal Council, ou MLTC, situé dans le nord-ouest de la Saskatchewan. Notre entreprise, NorSask Forest Products, est le seul grand producteur de bois d'œuvre qui soit autochtone à 100 %, et nous exportons beaucoup aux États-Unis.
Nous reconnaissons l'accord actuel. Bien entendu, le bois d'œuvre n'en fait pas partie, mais aujourd'hui, nous tenons à dire que nous ne pouvons pas être laissés de côté dans cette affaire. Nous sommes particulièrement importants. En possédant et en exploitant avec succès depuis plus de 22 ans une scierie de 150 millions de pieds-planches, ce qui est une scierie de taille moyenne dans un contexte canadien, qui rapporte un revenu annuel d'environ 60 millions de dollars, MLTC est cité à juste titre, au Canada et sur la scène internationale, comme un modèle de réussite autochtone en foresterie et en fabrication de produits forestiers.
NorSask est une survivante. Nous avons résisté à l'effondrement du marché de l'habitation aux États-Unis, qui a duré plusieurs années au milieu de la décennie 2000. C'est la seule scierie en Saskatchewan et dans une bonne partie du Canada qui n'a pas fermé ses portes entre 2007 et 2012.
Nous continuons de pâtir des droits de douane punitifs des États-Unis. Ce symbole de réussite et de stabilité en exploitation forestière autochtone continue de subir les effets des tarifs imposés par les États-Unis sur le bois d'œuvre résineux canadien, qui ont commencé en décembre 2017 à un taux de 20,23 %. Nous invitons le gouvernement fédéral à continuer d'appuyer l'industrie forestière autochtone au Canada, car il a le devoir constitutionnel de protéger et d'améliorer le bien-être économique des peuples autochtones.
Le a déclaré qu'aucune relation n'était plus importante pour lui et pour le Canada que celle avec les peuples autochtones, et qu'il était temps de renouveler une relation de nation à nation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. Évidemment, cela devrait comprendre le soutien de la propriété autochtone d'entreprises comme NorSask.
Le gouvernement fédéral est le seul responsable. Il est responsable de régler les différends concernant le bois d'œuvre et de négocier leurs conséquences pour l'Accord sur le bois d'œuvre résineux au nom du Canada. Le commerce canado-américain du bois d'œuvre est dominé et influencé par les intérêts des plus grands producteurs au Canada. Bien sûr, au cours des dernières années, la plupart d'entre eux ont stratégiquement étendu leurs activités dans le sud des États-Unis. Les producteurs autochtones indépendants qui sont situés entièrement au Canada, comme nous, sont relégués au rang des victimes collatérales et se trouvent très désavantagés dans ces querelles commerciales.
Le 25 novembre 2016, la U.S. Lumber Coalition a déposé une pétition demandant au département du Commerce des États-Unis d'enquêter sur les expéditions canadiennes de bois d'œuvre en vue d'imposer des droits et des taxes punitifs, ce qui a été fait en décembre 2017.
En 2016, le Comité permanent du commerce international a reconnu, lors de ses consultations sur les négociations visant un nouvel accord sur le bois d'œuvre résineux avec les États-Unis, qu'il faudrait inclure des intervenants qui auraient pu être laissés de côté par le passé, en particulier les intervenants autochtones et les petits producteurs.
Nous sommes d'avis que les producteurs et les exportateurs autochtones de bois d'œuvre souffrent de manière disproportionnée de toute mesure commerciale concernant le bois d'œuvre résineux. Il faut prendre en considération les petits producteurs autochtones, qui ont besoin d'une protection particulière contre cette mesure commerciale.
Je vous donne brièvement quelques statistiques sur NorSask. Nous sommes une entreprise à propriété entièrement autochtone. Nous sommes situés à Meadow Lake, en Saskatchewan. L'actionnaire est le Meadow Lake Tribal Council, qui représente neuf nations comptant environ 13 000 membres. Cela fait 30 ans que ce régime de propriété progressiste assure la croissance économique dans le secteur forestier. Nous produisons chaque année 150 millions de pieds-planches de bois d'œuvre de qualité supérieure exportés à 70 % chez des clients bien établis dans le Midwest américain. Notre source de fibres est certifiée entièrement conforme aux normes canadiennes et internationales les plus élevées, y compris celles du Forest Stewardship Council. Nous sommes reconnus dans le monde entier comme un modèle d'entreprise forestière durable appartenant à des Autochtones.
J'aimerais dire quelques mots à propos de l'emploi. En Saskatchewan, le taux d'emploi des Autochtones dans le secteur forestier est le plus élevé au Canada, à 30 %, et dans le nord-ouest de la Saskatchewan, il est de 65 %. C'est une énorme contribution à l'économie locale. Nous sommes peut-être petits dans le contexte canadien, mais nous sommes très importants sur le plan régional. Avec les résultats que nous obtenons en foresterie autochtone, nous sommes le point culminant dans le paysage canadien.
Voici une citation de Shane Vermette, notre directeur général au ministère de l'Énergie et des Ressources de la Saskatchewan. Il a dit: « La Saskatchewan est le chef de file au Canada, et MLTC est de loin le chef de file en Saskatchewan en ce qui concerne le développement d'entreprises forestières autochtones, l'emploi des Autochtones dans le secteur forestier et le pourcentage de coupes annuelles accordé aux entreprises autochtones. »
Nos marchés sont aux États-Unis. Nous sommes enclavés. Nous avons très peu de débouchés à l'étranger, alors le marché américain est crucial pour nous. Nous insistons à nouveau sur la nécessité de parvenir à un règlement du différend commercial actuel.
Parmi les problèmes que j'aimerais souligner, il y a le fait que la mesure commerciale actuelle des États-Unis a causé un tort énorme aux producteurs de bois d'œuvre autochtones. Bien qu'elle ait survécu aux guerres antérieures du bois d'œuvre, et surtout à l'effondrement du marché immobilier, NorSask Forest Products a grandement souffert de la mesure commerciale actuelle des États-Unis sur le bois d'œuvre et du régime tarifaire qui lui a été imposé. NorSask a dû faire des dépôts d'environ 11 millions de dollars au cours des trois dernières années à cause de ces droits compensateurs et antidumping. Nous désirons que ces fonds soient remboursés intégralement au Meadow Lake Tribal Council le plus tôt possible.
Notre situation au centre du continent limite l'accès aux marchés étrangers. La Saskatchewan est loin des marchés asiatiques et nous ne pouvons pas concurrencer les producteurs de bois d'œuvre de l'Alberta et de la Colombie-Britannique sur ces marchés. NorSask a besoin d'un accès libre et permanent à sa clientèle américaine pour rester en activité.
L'autre problème, c'est que le faible volume de bois d'œuvre exporté aux États-Unis par des entreprises autochtones établies au Canada n'est clairement pas une menace pour les producteurs de bois d'œuvre américains et n'est pas la cause du différend actuel sur le bois d'œuvre résineux. Les producteurs autochtones ne doivent pas être les victimes collatérales d'un conflit qui vise les grands producteurs du Canada, qui, soit dit en passant, ont réussi également à s'en sortir en achetant des scieries dans le sud des États-Unis.
Les producteurs autochtones sont généralement des entreprises autonomes qui n'ont pas la diversité géographique, la diversification commerciale dans les pâtes, les papiers et autres produits, et les débouchés qui sont les atouts de leurs homologues et concurrents de plus grande taille. NorSask, qui est un exemple de succès autochtone durable dans le secteur forestier, est le fruit de dizaines d'années d'incubation et d'entretien menés avec soin; il ne faudrait pas que cet investissement fructueux dans le développement économique soit perdu à cause de ces mesures commerciales.
Par exemple, NorSask représente 0,5 % des exportations canadiennes de bois d'œuvre aux États-Unis. Nous ne sommes clairement pas une menace, mais on nous met dans le même panier que le reste des producteurs. Une solution serait que, dans les accords futurs avec les États-Unis, les producteurs de bois d'œuvre autochtones soient exemptés de tarifs douaniers, de droits et de quotas.
Les mesures particulières que nous demandons sont, premièrement, que le gouvernement fédéral s'assure que les producteurs de bois d'œuvre autochtones récupèrent le plus tôt possible la totalité de leurs dépôts tarifaires, soit 11 millions de dollars dans notre cas. Tous les bénéfices réalisés à même ces dépôts reviennent directement aux neuf nations et sont affectés au logement et à d'autres volets de leurs programmes qui sont sous-financés.
Deuxièmement, nous demandons au gouvernement fédéral de s'arranger pour que les entreprises entièrement autochtones de bois d'œuvre qui exportent aux États-Unis soient exemptées ou non assujetties à des droits, des tarifs douaniers ou des quotas en vertu de quelque mesure que ce soit dans les futurs accords sur le bois d'œuvre résineux.
Enfin, nous demandons au gouvernement fédéral de continuer à offrir des mécanismes d'aide financière aux producteurs autochtones de bois d'œuvre, afin qu'ils puissent se relever des pertes subies en raison de ces mesures commerciales injustes.
Merci, madame la présidente.
Le Réseau québécois sur l'intégration continentale, ou RQIC, est heureux de l'occasion qui lui est offerte de présenter son point de vue sur l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou ACEUM. Je m'appelle Claude Vaillancourt, et je suis président de l'Association québécoise pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne, ou ATTAC-Québec. Je suis accompagné de M. Normand Pépin, conseiller syndical à la recherche à la Centrale des syndicats démocratiques, ou CSD.
Le RQIC existe depuis 1985, mais il a pris son nom actuel en 1994. Il se définit comme une large coalition multisectorielle regroupant des organisations sociales du Québec provenant des milieux syndicaux et communautaires ainsi que de ceux liés au développement international. Les organisations membres du RQIC représentent plus d'un million de personnes.
Le RQIC a pour objectifs de proposer une vision du développement respectueuse des droits sociaux, des droits des travailleuses et des travailleurs et des droits de la personne, ainsi que de promouvoir la démocratie, la participation, le respect de l'environnement et l'élimination de la pauvreté.
À propos de l'ACEUM, au RQIC, nous ne pouvons que nous réjouir de la disparition, pour le Canada, du chapitre sur la protection des investissements étrangers, le fameux chapitre 11, parce qu'il accordait aux entreprises le droit de poursuivre les États pour des mesures gouvernementales qui pouvaient nuire à leurs profits, même si ces mesures visaient à protéger les populations et l'environnement.
Par contre, nous sommes déçus de l'attitude du gouvernement canadien dans les négociations, car l'abandon du chapitre 11 était une exigence de l'administration Trump, alors que le Canada tenait jusqu'au dernier moment à maintenir ce chapitre. Ce chapitre n'était rien d'autre qu'une menace à la souveraineté des États.
Étrange attitude pour un pays qui, des trois membres de l'ALENA, a été celui qui a été le plus poursuivi — 41 poursuites sur les 85 recensées dans le cadre de l'ALENA —, et dont les gouvernements ont dû renoncer à adopter des politiques publiques de crainte d'être poursuivis. Parce que l'effet délétère de ce chapitre ne se calcule pas qu'en millions de dollars à verser en cas de condamnation, il se calcule aussi en frilosité sur le plan réglementaire quand les gouvernements n'osent pas agir pour protéger ou pour améliorer le sort de leurs populations.
Le RQIC se réjouit aussi de la disparition de la clause de proportionnalité en matière énergétique, une autre de ses revendications de longue date. Cette clause forçait le Canada à ne pratiquement jamais baisser les exportations pétrolières vers les États-Unis, ce qui bien sûr limitait sa souveraineté énergétique, une situation non souhaitable pour n'importe quel pays.
De plus, le RQIC ne peut que se féliciter du maintien de l'exception générale dont ont bénéficié les produits culturels dans le nouvel accord. Cette exception fait en sorte que les produits culturels ne seront pas considérés comme les autres produits dans l'ACEUM, et elle permettra au Canada de mettre en place des mesures nécessaires pour protéger nos artistes et leurs productions.
Quant aux questions de l'environnement et du travail, nous avons d'importantes divergences d'appréciation avec la ministre Freeland. Si nous reconnaissons qu'il était essentiel que ces deux sujets aient leur place dans l'accord en tant que chapitre à part plutôt que d'être traités dans des accords parallèles sans mécanismes d'application fonctionnels, il faut plus que cela avant de qualifier cet accord de progressiste. En effet, la ministre Freeland est venue déclarer ici il y a quelques jours que l'ACEUM exigeait des parties signataires « qu'ils maintiennent des niveaux élevés de protection de l'environnement et une gouvernance environnementale solide ». Nous constatons plutôt que l'ACEUM ne permet en rien la prise de mesures suffisantes pour combattre les bouleversements climatiques. Le chapitre 24 sur l'environnement mentionne quelques bonnes intentions à cet égard, mais il reste insuffisant et complètement inadapté pour répondre à la situation d'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. Les mots « changements climatiques », « réchauffement », « urgence » sont d'ailleurs absents de ce chapitre. L'Accord de Paris n'est pas mentionné. On n'y trouve aucune cible à atteindre et aucune mesure contraignante contre les grands pollueurs.
L'ACEUM continue à promouvoir un type d'économie basée sur l'exportation massive et les circuits longs, ce qui favorise de grands déplacements de marchandises et une forte consommation d'hydrocarbures. Aucune mesure ne vient soutenir la transition énergétique dont nous avons besoin. Bien au contraire: cette dernière nécessitera une nouvelle réglementation allant contre l'intérêt immédiat de certaines entreprises polluantes. Le chapitre 28 sur les « bonnes » pratiques de réglementation — nous y reviendrons — aura selon nous un effet dissuasif qui posera de lourdes contraintes aux gouvernements désirant adopter une réglementation pour protéger l'environnement et permettre le virage en faveur des énergies vertes.
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Quant au travail, le chapitre 23, qui porte sur ce thème, nous semble bien incomplet. Encore une fois, certaines bonnes intentions nous semblent intéressantes, concernant, par exemple, le travail forcé, la violence contre les travailleurs et les travailleuses, la main-d'œuvre immigrante et la discrimination en milieu de travail. Cependant, l'application de ces mesures nous paraît très problématique.
Il y a deux jours, la a encore déclaré que le nouvel accord, l'ACEUM, prévoyait des obligations en matière de travail ambitieuses et exécutoires afin de protéger les travailleurs contre la discrimination en milieu de travail, y compris celle fondée sur le sexe. Pourtant, les premiers textes rendus publics le 1er octobre 2018 mentionnaient que chaque partie devait mettre en œuvre des politiques qui protègent les travailleurs contre la discrimination en matière d'emploi fondée sur le sexe.
Quelques mois plus tard, dans le texte final, on mentionne plutôt que chacune des parties doit mettre en œuvre des politiques qu’elle considère comme appropriées afin de protéger les travailleurs. On est donc passé « des politiques qui protègent les travailleurs » à « des politiques qu'elle considère comme appropriées afin de protéger les travailleurs contre la discrimination en matière d'emploi fondée sur le sexe ». Cette protection est donc maintenant laissée au bon jugement de chacune des parties. Le pire, c'est que le Canada a accepté que les États-Unis mettent à l'abri de cet article, même édulcoré, les politiques existantes de leurs agences fédérales.
De plus, dans les cas de violence contre les travailleurs, il est mentionné que celle-ci doit avoir un effet sur le commerce ou l'investissement entre les parties, ce qui nous apparaît difficile à démontrer et beaucoup trop limitatif, comme l'ensemble du chapitre d'ailleurs.
L'ACEUM ne parvient pas non plus à régler le problème de la concurrence entre les travailleurs et les travailleuses, pas plus qu'il n'avance de mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de travail. Seul le secteur de l'automobile fait l'objet d'une cible, soit un taux salarial de production d'au moins seize dollars américains l'heure, ce qui est un choix arbitraire et nettement insuffisant dans l'ensemble.
Enfin, venons-en au tout nouveau chapitre 28 du nouvel accord sur les bonnes pratiques de réglementation, chapitre qui était totalement absent de l'ALENA et dont la n'a même parlé mardi dernier. Si l'on a souligné plus tôt la victoire qu'a été l'abandon du chapitre 11 de l'ALENA, on doit tempérer notre enthousiasme au vu et au su de l'existence du chapitre 28. D'abord, le titre du chapitre se révèle trompeur, puisque les pratiques qu'il met en avant ne sont pas ce qu'elles paraissent.
En effet, selon les règles de l'ACEUM, les parties doivent rendre publique chaque année une liste des règlements qu'elles envisagent d'implanter dans l'année qui suit, en plus de se voir imposer l'obligation de justifier le besoin d'une nouvelle réglementation et de rendre publiques toutes les études scientifiques et les données consultées. Ce n'est pas tout. Si les parties décident de mener une étude d'impact sur la nouvelle réglementation, ce qui est fortement recommandé, cette étude doit comporter une explication de la nécessité de la nouvelle réglementation et du problème qu'elle est censée régler, une liste de toutes les autres solutions réglementaires ou non réglementaires qui pourraient être utilisées pour tenter de régler le problème, une analyse coûts-avantages de chacun de ces différents scénarios et les raisons pour lesquelles il est préférable d'opter pour la solution proposée.
Ce n'est pas le pire. L'article 28.13 requiert de chacune des parties qu'elle crée ou maintienne « des procédures ou mécanismes permettant d'effectuer des examens rétrospectifs de ses règlements afin de déterminer s'il convient de les modifier ou de les abroger ». L'article 28.14, quant à lui, impose aux parties de permettre à toute personne intéressée de présenter « des suggestions écrites à tout organisme de réglementation de la Partie concernant l'adoption, la modification ou l'abrogation d'un règlement. » Cela ouvre la porte toute grande aux lobbyistes des grandes entreprises pour tenter d'influencer directement les personnes chargées de faire respecter la réglementation.
C'est donc plutôt la déréglementation qui est visée par le chapitre des bonnes pratiques de réglementation, et non une réglementation qui pourrait contribuer à mieux protéger l'environnement ou les populations.
Il deviendra tellement compliqué de tenter d'améliorer la réglementation ou de créer de nouveaux règlements que le seul changement qui s'imposera sera celui de la déréglementation. Plus besoin, dans ce cadre, de pouvoir poursuivre les gouvernements, puisque les décourager d'agir à la base s'avérera sans doute tout aussi efficace, sinon davantage. Nous sommes vraiment surpris qu'un gouvernement libéral cautionne ce type de dispositions qui rendent suspecte par avance toute action de l'État.
Merci de votre écoute.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je vais partager mon temps de parole avec M. Kram.
Je m'adresse aussi à M. Robertson. En fait, nous avons demandé des études d’impact économique. Comme vous le savez, les Américains ont publié leurs études d’impact économique en avril dernier. La ministre nous a dit qu’elle ne pouvait pas le faire, mais personne autour de la table ni au Canada ne croit qu’elle signerait un accord de cette importance sans s'appuyer sur des conseils concernant les répercussions économiques sur le Canada.
C'est M. Pépin, je crois, qui a souligné l'importance d'avoir ces chiffres.
Monsieur Vanderpol, je n’en reviens pas. Hier, nous avons entendu un témoin, M. Geist, qui est un expert de la propriété intellectuelle. Il n’a pas été consulté. Vous n’avez pas été consultés. Il est exaspérant, à ce niveau, que la ministre ait reçu des conseils et ne les rende pas publics.
Monsieur Vanderpol, dans quelle mesure est-il important pour vous d’avoir ces chiffres sur les répercussions économiques, à un moment où des familles font des choix pour leur avenir, où votre secteur prend des décisions d’affaires? Avez-vous des études d’impact économique que vous pourriez communiquer au Comité? Depuis le 12 décembre, nous réclamons sans cesse de la ministre ces études ou, si elle ne dispose pas d’une étude complète, les conseils qui lui ont été donnés afin que nous puissions nous assurer qu'un soutien et des programmes seront offerts aux familles qui souffriront des suites de l'accord. Avez-vous quelque document à nous donner?
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Merci, madame la présidente.
Je suis heureux d’avoir l’occasion de siéger ici aujourd’hui. Comme beaucoup le savent, je préside le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités. Si je suis ici aujourd’hui, c’est parce que cette question et toutes les questions commerciales se recoupent pour les deux comités. C’est un plaisir d’être ici et de vous faire part de certaines réflexions au nom de ce comité.
Tout d’abord, madame la présidente, je tiens à dire, en guise de préambule, que je prévois l’adoption de l'ACEUM, qui sera en fait conforme à l’AECG et, bien sûr, au PTPGP. C'est sur cette prémisse que je me base aujourd’hui pour questionner les témoins qui comparaissent devant nous.
M. Robertson a parlé plus tôt du programme d’approvisionnement d’une valeur d'un billion de dollars que nous devons lancer. En fait, si le Canada veut et doit investir dans les infrastructures stratégiques afin de renforcer son rendement global en matière de commerce international, il est important que nous commencions à travailler avec nos différents comités ici, au Parlement, mais surtout avec nos partenaires, tant du secteur public — municipal en particulier — que du secteur privé.
Je présenterai aujourd’hui au Comité quelques motions qui cadreront avec une partie de cette orientation, en proposant notamment une étude sur les pénuries de main-d’œuvre actuelles et prévues partout au pays, particulièrement en ce qui concerne le secteur des transports; une étude sur l’infrastructure numérique rurale du Canada et les solutions possibles aux lacunes dans le déploiement de l’infrastructure sans fil dans tout le Canada rural; un examen de la taxe sur l’essence; et, bien sûr, encore une fois, la nécessité de travailler avec nos partenaires municipaux et du secteur privé, ainsi qu’avec nos communautés autochtones, pour mettre en place des investissements stratégiques qui s’harmonisent avec nos accords commerciaux comme l'ACEUM, l’AECG et le PTPGP.
J’aimerais poser une question qui s’adresse principalement à M. Robertson, de l’Institut canadien des affaires mondiales.
Je vais vous poser une question au sujet de votre commentaire sur le programme d’approvisionnement d'un billion de dollars. Je vais m'arrêter-là pour vous permettre de donner votre avis sur les questions dont je viens de parler et leur importance. Dans quelle mesure est-il important pour le Canada, en tant que nation, de travailler à l’échelle binationale pour assurer nos approvisionnements et, bien sûr, des investissements stratégiques dans l’infrastructure qui s’harmoniseront avec les accords sur le commerce que nous avons en place et les compléteront?
Bonjour, madame la présidente, madame la secrétaire parlementaire Bendayan et membres du Comité permanent du commerce international. Comme je suis assis dans mon bureau en ce moment à l’hôtel de ville de Windsor, ce que vous ne pouvez pas vraiment voir par la fenêtre derrière moi — vous devrez me faire confiance, et vous pouvez vous servir de Google Maps — c’est la ville de Detroit et les États-Unis qui se trouvent à environ un kilomètre et demi de distance.
Je tiens à vous remercier, parce que je pense qu’il est approprié d’avoir l’occasion de faire quelques commentaires sur le projet de loi , la Loi de mise en œuvre de l’Accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.
Je n’ai pas besoin de dire à qui que ce soit dans la salle que le Canada est un pays commerçant, que notre prospérité, notre croissance et notre succès dépendent en grande partie de notre capacité de commercer avec d’autres pays. Je suis maire de la ville de Windsor et membre du Caucus des maires des grandes villes de la FCM. Ma communauté compte 240 000 personnes, et nous sommes établis dans une région de près de 400 000 personnes. Windsor est la plus grande ville frontalière du Canada. L’économie locale est étroitement liée à celle de Detroit, du Michigan et des États-Unis.
Nous avons le poste frontalier commercial le plus achalandé entre les États-Unis et le Canada. En fait, le passage frontalier Windsor-Detroit traite plus du tiers du commerce terrestre entre le Canada et les États-Unis à quatre points d’entrée, soit le pont Ambassador, le tunnel Detroit-Windsor, le tunnel ferroviaire du CP et le traversier routier Windsor-Detroit.
Le fait que l’un des plus grands projets d’infrastructure de notre pays, la construction du pont Gordie-Howe reliant Windsor et Detroit, le Canada et les États-Unis, soit en cours souligne l'importance du commerce avec les États-Unis dans la région. Ce projet a survécu à l’épreuve du temps grâce à quatre premiers ministres canadiens et à quatre présidents américains représentant les partis démocrate, républicain, libéral et conservateur. Nous en sommes là parce que les gens intelligents des deux côtés de la frontière comprennent la valeur de la fluidité et de l’efficacité des passages frontaliers, la valeur du commerce pour nos économies et ce qu’il signifie pour les emplois. Nulle part la valeur d’une circulation sûre, efficace et sécuritaire des biens et des personnes n’est aussi importante que dans la région de Windsor-Essex, probablement plus que partout ailleurs au Canada.
Windsor est fière d’être la capitale de l’automobile au Canada et d’abriter la plus importante grappe de fabricants d’outils, de matrices et de moules en Amérique du Nord. Nos deux principaux employeurs privés sont l’usine d’assemblage de Fiat Chrysler, qui produit la Grand Caravan, de Dodge et la Pacifica, de Chrysler, et la Ford Motor Company, qui exploite deux usines de moteurs localement.
Windsor-Essex abrite également la plus grande grappe automobile en Amérique du Nord, avec plus de 300 entreprises locales qui se consacrent à l’ingénierie, à la conception et à la fabrication de systèmes et de produits industriels de pointe pour des clients du monde entier. Il s’agit d’une industrie qui soutient des milliers d’emplois bien rémunérés et hautement spécialisés, et qui représente 30 % de notre PIB régional.
Le secteur de l’automobile est vital pour l’économie de Windsor-Essex, mais il l’est aussi pour l’économie globale du Canada ainsi que pour les diverses économies régionales des États-Unis. Nos chaînes d’approvisionnement locales sont toujours étroitement intégrées. En fonction de la géographie, les entreprises peuvent profiter des meilleurs éléments que les trois pays ont à offrir. Le meilleur exemple qui me vienne à l’esprit est que les pièces d’une voiture fabriquée au Canada traversent la frontière en moyenne sept fois avant que cette voiture ne sorte de la chaîne de production. Je pense que c’est un excellent exemple de la façon dont nos économies sont étroitement intégrées.
Les modifications apportées au nouvel accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique contribueront à renforcer et à protéger les emplois bien rémunérés et aideront nos entreprises à demeurer hautement concurrentielles dans une économie mondiale. C’est vraiment ainsi que nos employeurs se font concurrence, à l’échelle mondiale. La mise à jour des règles d’origine de l’accord, qui porte de 62,5 % à 75 % le seuil de la valeur régionale des voitures, fait en sorte qu’une plus grande majorité des pièces automobiles, comme les moteurs et les transmissions, par exemple, proviennent d’Amérique du Nord, dans des villes comme la mienne.
Le nouvel accord introduit également de nouvelles exigences pour faire en sorte qu’au moins 70 % des produits d’acier et d’aluminium d’un producteur proviennent de l’Amérique du Nord. Cet accord a le potentiel de générer une augmentation de la production automobile en Amérique du Nord, bien sûr, y compris dans des villes et des régions comme Windsor-Essex, ainsi que d’autres possibilités d’approvisionnement pour les fabricants de pièces canadiens dont un bon nombre ont une empreinte locale au Canada.
Je ne vais pas vous dire que ce nouvel accord est parfait. Ce n’est pas le cas. Les futures révisions des accords commerciaux trilatéraux avec le Mexique et les États-Unis devraient sérieusement envisager une meilleure mobilité de la main-d’œuvre afin que les travailleurs hautement qualifiés comme les techniciens en robotique, les spécialistes de l’apprentissage automatique et d’autres travailleurs de la nouvelle économie puissent se déplacer sans problème à l’intérieur de la zone commerciale pour répondre aux demandes changeantes des employeurs à mesure qu’ils évoluent et que nos économies évoluent. Les 8 000 personnes de ma ville qui traversent la frontière tous les jours pour aller travailler aux États-Unis comprennent à quel point la mobilité est importante pour leur gagne-pain et celui de leurs employeurs.
Il y a un vieil adage enseigné dans de nombreuses facultés de droit qui dit que le meilleur accord est habituellement celui qui laisse chaque partie penser qu’elle aurait pu obtenir un peu plus. Il ne fait aucun doute que c’est le cas dans cette négociation et cette révision de notre accord commercial. Toutefois, les améliorations progressives obtenues grâce au processus l’emportent de loin sur tout aspect négatif.
L’environnement politique et économique juxtaposé aux avantages de ce projet de loi m’amène à offrir mon plein appui au gouvernement fédéral. Au nom des habitants de Windsor—Essex, j’encourage le Parlement à ratifier rapidement cet accord. Je remercie personnellement la des efforts qu’elle déploie au nom de tous les Canadiens.
Merci, madame la présidente.
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Merci. Je n’entrerai pas dans les détails. Je vais simplement résumer quelques points.
Le projet de loi est une mesure de mise en œuvre. Il ajuste les lois canadiennes pour les rendre conformes à l’accord, à l'ACEUM, et il a besoin de l’approbation du Parlement, évidemment, pour apporter ces changements aux lois canadiennes. Les modifications proposées dans le projet de loi permettront au Canada de ratifier le traité.
Il est important de comprendre que la conclusion des traités et leur ratification est un acte de l’exécutif. La ratification d’un accord par le gouvernement du Canada ne nécessite pas l’approbation du Parlement, mais la politique depuis de nombreuses années consiste à soumettre les accords importants, particulièrement les accords sur le commerce, à l’approbation du Parlement. Bien sûr, avant que le Canada ne puisse ratifier un accord, qu’il s’agisse d’un accord commercial ou autre, les lois canadiennes doivent être conformes aux dispositions de l’accord. Si le Canada ratifiait un accord et que les lois canadiennes n’étaient pas conformes à l’accord, le Canada serait, en tant que pays, en tant qu’État, en violation de ses obligations en vertu de l’accord.
Parlons du projet de loi . J’aimerais vous donner un peu plus de contexte au sujet du projet de loi. Je ne vois rien dans le projet de loi C-4 qui soit incompatible avec les dispositions de l'ACEUM. Je dois dire — et je pense que c’est important en termes de contexte — que l'ACEUM est un fait accompli. Les négociations sont terminées. Le Comité n’est pas chargé de renégocier ni de proposer de renégocier l'ACEUM. C’est fait. Les États-Unis l’ont ratifié. Le Mexique l’a ratifié. C’est maintenant au tour du Canada de ratifier l’accord. Cela exige que les lois canadiennes soient modifiées et ajustées à certains égards. Dans certains cas, c’est une question de rafistolage, mais à certains égards, il faut changer les lois et les lois canadiennes. C’est ce que fait le projet de loi C-4.
Il me semble que le Comité a trois options.
Il peut approuver le projet de loi , peut-être avec quelques modifications mineures ici et là. Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire à cet égard. Il peut approuver le projet de loi tel qu’il est présenté.
La deuxième option serait de proposer des amendements au projet de loi avec ou sans recommandation d’approbation du traité. Le Comité pourrait modifier radicalement le projet de loi C-4 pour en modifier le contenu, ce qui le rendrait incompatible avec ce que le Canada a accepté dans le cadre de l'ACEUM.
Troisièmement, il pourrait refuser d’approuver le projet de loi et de recommander que le Canada approuve le l'ACEUM.
Les deux dernières options ou scénarios signifieraient que le Canada ne pourrait pas ratifier l’accord. À mon avis, ce serait un énorme recul pour le pays et, en fait, ce serait sans précédent. Il n’est jamais arrivé dans l’histoire du Canada que le Parlement refuse d’approuver un accord sur le commerce et d’adopter les mesures législatives nécessaires. Nous savons qu’en 1987-1988, l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a été retardé au Sénat après son adoption par la Chambre. Il y a eu des élections et on en connaît les conséquences. Un gouvernement conservateur a été réélu avec une majorité et la Chambre a ensuite adopté la loi de mise en œuvre nécessaire.
Dans le cas de l’ALENA, avant qu’il ne soit présenté au Comité du commerce international ou même déposé à la Chambre, des changements ont été apportés à l’ALENA, qui a été renégocié, parce que le Canada, les États-Unis et le Mexique ont convenu qu’il était nécessaire d’ajouter des lettres d’accompagnement au texte négocié de l’accord. Le projet de loi de mise en œuvre de l’ALENA a été déposé à la Chambre et a été approuvé.
La Chambre a approuvé une loi canadienne de mise en œuvre dans d’autres domaines. L’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne — l'AECG et l’Accord transpacifique ont tous deux été approuvés par la Chambre. Si l’un des scénarios négatifs que j’ai décrits devait être proposé et approuvé par l’ensemble de la Chambre, je pense que les conséquences seraient désastreuses. Cela signifierait que les États-Unis et le Mexique auraient ratifié l'ACEUM, que le Canada ne l’aurait pas fait et je présume que le Mexique et les États-Unis iraient de l’avant avec la mise en œuvre et toutes les autres questions prévues dans l’accord. Le Canada ne serait pas partie à cet accord. Cela compliquerait énormément les choses en ce qui concerne les filières d’approvisionnement et d’autres questions. Qui plus est, cela nuirait considérablement aux relations canado-américaines.
Si cet accord qui, comme je l’ai dit, a été négocié, signé, approuvé et ratifié par les États-Unis et le Mexique, était rejeté par le Canada, légalement, du moins au départ, l’ALENA resterait en vigueur, tel quel, entre le Canada et les États-Unis. Il y aurait de sérieux doutes quant à savoir si l’ALENA serait maintenu par l'administration actuelle dans ce scénario. L’avenir de l’ALENA lui-même serait extrêmement incertain.
La question qui se pose alors au Comité est de savoir quelles seraient les conséquences pour le Canada si le Parlement, en donnant suite à une telle recommandation du Comité, refusait d’approuver l'ACEUM et d'adopter la loi de mise en œuvre nécessaire. C’est le problème auquel vous êtes confrontés.
Je sais qu’au cours de délibérations antérieures du Comité, on a proposé de rouvrir l’ALENA parce qu’un groupe d’intérêt ou un autre n’était pas satisfait de certaines de ses dispositions. C’est franchement voué à l’échec. Les États-Unis et le Mexique, mais surtout les États-Unis, n’accepteront pas de rouvrir cet accord. Il a été adopté par le Congrès américain. Il a été ratifié par le président, et la suggestion que le Canada pourrait retourner voir le gouvernement américain pour dire qu’il veut rouvrir l'accord est franchement utopique. Cela n’arrivera pas. Même dans l'éventualité improbable où les États-Unis et le Mexique seraient prêts à rouvrir l'ACEUM à cause de l’insistance du Canada, il faudrait envisager de recommencer les négociations, repasser par tout le processus, remettre sur la table notre position de départ, et être prêts à faire des compromis, parce que, comme M. Verheul l’a dit dans son témoignage, les négociations commerciales reposent sur l’équilibre des concessions. Il faudrait que le Canada mette sur la table son offre de départ et qu’il soit prêt à faire des concessions. Je vois cela comme le scénario le plus irréaliste qui soit.
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C’est encore le matin, alors bonjour.
Je m'appelle Leo Blydorp. Je suis agriculteur dans le comté de Dufferin, en Ontario, près d’Orangeville. J’ai commencé à faire de l’agriculture là-bas vers 1995 et avant cela, je travaillais dans le domaine des produits chimiques agricoles. J’ai commencé avec environ 250 acres et j’en suis maintenant à environ 1 300 acres. J’exploite ma ferme avec mon fils et nous avons un certain nombre d’employés à temps partiel. Je produis un certain nombre de cultures visées par l’accord, comme le canola, le maïs, l’avoine, le soya, le blé d’hiver, le foin et la paille, et j’ai déjà cultivé de l’orge, des haricots blancs et du quinoa.
En ce qui concerne l’accord commercial, il n’y a pas vraiment de changement par rapport à l’ALENA. Rien n’a vraiment changé pour moi. Je suis un partisan du libre-échange, alors je pourrais m'arrêter-là, mais d’après mon expérience, le commerce n’est jamais aussi simple, et il n’est jamais ni libre, ni juste ni égal, à mon avis. Si vous me le permettez, j’aimerais dire quelques mots à ce sujet.
Tout récemment, nous avons eu le différend commercial avec la Chine — ou les États-Unis l’ont eu — et nous avons été pris dans un feu croisé, alors j’aimerais m’attarder un peu là-dessus.
Les États-Unis ont offert à leurs agriculteurs un soutien interne ayant un effet de distorsion sur le commerce, ce que notre gouvernement n’a pas jugé bon de faire. Suite à la guerre commerciale que les États-Unis ont déclenchée contre la Chine, les Chinois ont pris des mesures de rétorsion en juin 2018, ce qui a fait chuter le prix du soya d’environ 10 % au Chicago Board of Trade.
Le Chicago Board of Trade détermine également tous nos prix au Canada, de sorte que la plupart des produits de base, à l’exception du canola et de l’orge, sont échangés sur ce marché. Le canola, qui est un peu lié au soya parce qu’il s’agit d’un produit interchangeable pour l’huile végétale et le tourteau, a chuté d’environ 5 %, mais il a chuté d’environ 5 % de plus lorsque nous avons détenu la dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou. Essentiellement, la Chine a complètement cessé d’acheter notre canola. La Chine était notre plus gros client pour le canola. Le canola est cultivé en majeure partie dans l’Ouest du Canada, mais nous en cultivons un peu dans la région où j’exploite ma ferme, en Ontario.
En 2018, les États-Unis ont réagi aux droits de douane imposés par la Chine sur les produits agricoles, principalement le soya, en lançant le programme de facilitation des marchés du département de l'Agriculture, le MFP. Cela a donné 12 milliards de dollars aux agriculteurs américains en 2018 et 16 milliards de dollars en 2019. Je cite simplement la fiche d’information:
Le MFP (de 2018) prévoit des paiements directs pour aider les producteurs qui ont été directement touchés par des droits de rétorsion illégaux, entraînant la perte d’exportations traditionnelles...
Les taux initiaux du MFP sont les suivants:
... 0,01 $ le boisseau de maïs
... 1,65 $ le boisseau de soya
Par conséquent, environ 95 % de cet argent a été versé aux producteurs de soja, et un peu aussi aux producteurs de blé. Ce sont toutes des cultures qui traversent librement la frontière et qui font concurrence à ce que j’essaie de produire ici, en Ontario.
Nous avons également été touchés par les dommages causés par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et nous n’avons reçu aucun soutien du gouvernement.
Puis, en 2019, les États-Unis ont légèrement modifié le programme, parce que je crois qu’ils s'inquiétaient de la façon dont les différents partenaires commerciaux pourraient réagir. Ils ont établi un lien plus ou moins direct avec la culture en question. Ils ont largement modifié le programme pour qu’il soit propre à chaque comté, mais en fin de compte, l’agriculteur moyen de l’Illinois a reçu 21 $ de plus l’acre que l’année précédente. Cela a été cité dans le Weekly Farm Economics, Gardner Policy Series, dans un article dont l’Université de l’Illinois et l’Université d’État de l’Ohio sont les auteurs.
Qu’est-ce que cela signifie pour moi en Ontario? En 2018, nous avons cultivé 284,5 acres de soya et produit 16 040 boisseaux. Si vous convertissez 1,65 $ US, cela donne 2,20 $ canadiens. Si vous multipliez ce chiffre par 16 040 boisseaux, cela représente un manque à gagner d'un peu plus de 35 000 $ par rapport à mes concurrents américains. Pour le maïs, j’aurais reçu un petit montant de 294 $, et pour le blé tendre rouge d’hiver, un peu plus de 3 000 $, pour un manque à gagner total de 38 700 $ par rapport à mon concurrent américain. En 2019, si j’appliquais les mêmes chiffres, j’aurais reçu 51 580 $ de ce programme si j’avais eu une adresse au Michigan.
Pendant ce temps, le soya américain arrive en Ontario en énorme quantité. Il est transformé et exporté par Hamilton, et il remplace le soya de l’Ontario. À ce que je sache, le gouvernement fédéral n’a rien fait jusqu’à maintenant pour remédier à la disparité entre le Canada et les États-Unis dans le soutien accordé aux producteurs agricoles, alors qu’il a versé une indemnisation à d’autres secteurs agricoles.
Les producteurs laitiers, par exemple, ont reçu 1,75 milliard de dollars pour un préjudice commercial qui ne s’est pas encore produit et qui pourrait ne pas se produire, ou qui, s’il se matérialise, pourrait être impossible à mesurer. C'est ce que dit Agriweek, l’autorité canadienne de l’agro-industrie depuis 1967. Je n’ai rien contre les producteurs laitiers, mais je crois que les agriculteurs doivent être traités équitablement lorsqu’il y a des problèmes commerciaux.
J’ai siégé à un comité gouvernemental pendant trois ans. J’ai eu l’occasion de me rendre à Ottawa environ trois fois par année en 2015, 2016 et 2017. J’ai été nommé par le gouvernement fédéral pour représenter les producteurs au comité consultatif du programme national. Nous nous sommes rencontrés pour discuter des programmes de partenariat canadien pour l’agriculture. Nous avons passé beaucoup de temps à discuter des programmes de gestion des risques de l’entreprise, notamment d'Agri-stabilité. Il s’agissait en grande partie d’un exercice frustrant pour bon nombre d’entre nous, représentants des producteurs, puisque notre contribution n’a jamais été prise en compte ou mise en œuvre. Agri-stabilité a été modifié en 2013. C’est devenu un programme beaucoup moins utile pour stabiliser le revenu agricole, puisque la marge de référence qui déclenche le paiement a été réduite de 85 % à 70 %. Des changements ont également été apportés aux dépenses admissibles utilisées dans le calcul, avec un plafond pour certaines dépenses. Par conséquent, de nombreux producteurs ont abandonné Agri-stabilité, comme je l’ai fait moi-même sur la recommandation de mon comptable.
Le personnel d’Agriculture et Agroalimentaire Canada a répondu que nos propositions ne résisteraient pas à l’examen des droits compensateurs et qu’elles seraient probablement classées dans la catégorie des programmes de soutien interne orange. Je n’ai vu aucune discussion de la part du gouvernement fédéral, ou même provincial, quant à savoir si le soutien offert en 2018 et 2019 par le gouvernement américain dans le cadre du programme de facilitation du département de l’Agriculture pourrait faire l’objet de droits compensateurs — j'en suis convaincu pour 2018, parce que c'était très précis et très régional — ou relèverait de l’une ou l’autre des cases orange, bleue ou verte.
Si nous voulons avoir le libre-échange, nous avons besoin d’un gouvernement qui adoptera une approche proactive pour surveiller les programmes de soutien interne des autres pays membres de l'ACEUM et déterminer à la fois leur incidence sur les prix du marché au Canada et leur capacité de fausser le commerce. En tant qu’agriculteur, je n’ai ni les ressources ni l’expertise nécessaires pour le faire. J’ai passé environ une journée à préparer mon témoignage. Je ne connais pas grand-chose au commerce. Je viens de vous dire tout ce que je sais.
Pour ce qui est de la compétitivité, beaucoup de ces choses continuent de nous accabler. Je vais aborder une autre question, maintenant que j’ai la parole. Il me reste probablement quelques minutes.
:
[
Le témoin s’exprime en algonquin ainsi qu'il suit:]
Meegwetch. Kwey Kakina. Nidonjabà Kitigan Zibi Algonquin Aki. Nindijinikaz Judy Whiteduck.
[Les propos du témoin sont traduits ainsi:]
Merci. Bonjour à tous. Je viens de Maniwaki; je m’appelle Judy Whiteduck.
[Traduction]
Avant de commencer, je tiens à souligner votre présence et la mienne dans ce territoire. Nous désirons vous faire part d'une brève série de remarques par lesquelles je vais commencer.
Je tiens tout d’abord à vous remercier d'avoir invité le chef national de l’Assemblée des Premières Nations à comparaître devant le Comité pour éclairer l’étude du projet de loi . Le chef national regrette de ne pouvoir venir en raison d’autres engagements, mais nous sommes heureuses d’être ici en son nom.
Je m’appelle Judy Whiteduck et je suis la directrice du secteur économique. Je suis accompagnée de Risa Schwartz, notre avocate-conseil en matière de commerce international.
L’APN est une organisation nationale qui défend les intérêts des citoyens des Premières Nations au Canada, dont font partie plus de 900 000 membres des Premières Nations vivant dans les réserves, les villes et les centres urbains.
Les dirigeants des Premières Nations dirigent le travail de l’Assemblée des Premières Nations au moyen de résolutions adoptées lors des assemblées des chefs. En 2019, l’APN a adopté la résolution 37/2019, qui visait à continuer de militer en faveur des accords internationaux sur le commerce pour parvenir à une réconciliation économique. Elle a exhorté les Premières Nations à participer aux négociations commerciales internationales et a demandé au Canada d’inclure un chapitre sur le commerce et les peuples autochtones dans les futurs accords commerciaux internationaux. L’APN a un comité des chefs sur le développement économique, qui comprend les relations commerciales avec les premières nations.
En 2017, la , a accueilli le chef national au sein du conseil de l’ALENA en tant que membre. Au niveau officiel, Risa Schwartz et moi-même participons également au groupe de travail autochtone sur le commerce international dans le cadre de l’accord Canada-États-Unis-Mexique. Bien qu’il y ait encore beaucoup à faire, ce travail a donné lieu à un accord international plus inclusif à l'égard des peuples autochtones.
Je vais maintenant demander à Risa de formuler d’autres commentaires sur l'ACEUM et de recommander également une modification au projet de loi .
Merci.
Une fois l'ACEUM ratifié, le Canada prendra des mesures, en collaboration avec les Premières Nations, pour rendre le commerce international plus inclusif et plus équitable pour les peuples autochtones, en particulier pour les femmes autochtones.
En fin de compte, l'ACEUM n’a pas de chapitre sur le commerce et les peuples autochtones, mais le texte de l’accord final intègre de nombreuses dispositions importantes pour les Premières Nations. L'ACEUM maintient les réserves, les exceptions et les exclusions traditionnelles du Canada dans les domaines des services, de l’investissement, de l’environnement et des entreprises d’État. Il maintient l’accord de l’OMC sur les exemptions en matière d’approvisionnement pour les entreprises autochtones. Il contient des dispositions qui reconnaissent le rôle important que jouent les peuples autochtones dans la conservation de l’environnement.
L'ACEUM met un nouvel accent sur les activités de coopération visant à promouvoir et à améliorer les possibilités pour les entreprises autochtones dans le chapitre sur les petites et moyennes entreprises. Les Autochtones sont le groupe démographique le plus jeune et celui qui connaît la croissance la plus rapide au Canada, et les occasions d’affaires pour les Autochtones sont synonymes de possibilités pour les femmes et les jeunes. L'ACEUM contient une nouvelle disposition pour les textiles et les vêtements fabriqués à la main, qui sont maintenant admissibles à la franchise de droits.
De plus, et c’est important, pour la première fois dans un accord commercial canadien, l'ACEUM inclut des protections pour les droits inhérents et issus de traités au moyen d’une nouvelle exception générale à l’article 32.5 sur les « Droits des peuples autochtones ». La clause d’exception générale est beaucoup plus forte que dans d’autres accords. Cette nouvelle clause d’exception couvre l’ensemble de l’accord et s’applique aux peuples autochtones des trois pays membres de l'ACEUM. Elle permettra aux trois États de prendre des mesures pour remplir leurs obligations juridiques envers les peuples autochtones.
De plus, nous aimerions souligner que le mécanisme de règlement des différends entre un investisseur et un État sera progressivement éliminé, comme c’est le cas entre les États-Unis et le Canada. Le RDIE menace les droits des peuples autochtones. Toutes ces questions sont le fondement d’un changement positif.
Une fois que l'ACEUM aura été ratifié, nous devrons travailler ensemble pour réaliser des gains économiques et veiller à ce que ces dispositions soient mises en œuvre de manière à assurer une plus grande équité économique pour les Premières Nations. Nous notons que la lettre de mandat de la prévoit « qu’au moins 5 % des contrats du gouvernement fédéral soient attribués à des entreprises gérées et dirigées par des Autochtones ».
Cet engagement doit être surveillé par chaque ministère fédéral et faire l’objet d’un rapport annuel au Cabinet pour s’assurer que l’objectif est atteint. Le gouvernement du Canada devrait également publier les progrès réalisés pour atteindre l’objectif de 5 % par souci de transparence.
Bien que l'ACEUM soit un exemple des meilleurs résultats que l'on obtient lorsqu’on s’engage auprès des peuples autochtones à un stade précoce, il doit y avoir davantage de possibilités pour les Premières Nations de participer directement aux négociations internationales sur le commerce, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
L’Assemblée des Premières Nations continuera de préconiser que le Canada aille au-delà d'un simple engagement et invite les Premières Nations à la table de négociation; qu’il inclue des chapitres sur le commerce et les peuples autochtones dans tous les accords commerciaux internationaux nouveaux ou modernisés; qu'il reconnaisse explicitement la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans les accords internationaux sur le commerce et l’investissement; et qu'il veille à ce qu’une exception générale visant à protéger les droits des peuples autochtones, comme celle de l'ACEUM, soit une condition sine qua non des accords négociés. Comme la Nouvelle-Zélande, le Canada doit s’engager à protéger les droits des Autochtones dans les accords commerciaux internationaux. Cela ne devrait pas être négociable.
De plus, nous demandons au Canada de mettre fin à la négociation de nouvelles dispositions sur le RDIE dans les nouveaux accords internationaux sur le commerce et l’investissement et de supprimer les dispositions sur le RDIE lorsque les anciens accords seront modernisés.
Enfin, nous demandons au Canada d’investir dans les programmes et les services nécessaires pour les réseaux commerciaux des Premières Nations et le commerce inter-nations, afin de renforcer la capacité en matière de politique commerciale, de programmes et de services des Premières Nations. Nous sommes également ici aujourd’hui pour recommander un amendement au projet de loi . Il manque au projet de loi une disposition de non-dérogation. Le chef national a déjà proposé cet amendement lorsqu’il a comparu devant le Comité dans le cadre de l’étude du projet de loi .
Toutes les lois de mise en œuvre des accords internationaux qui peuvent avoir une incidence sur les droits inhérents et issus de traités doivent comprendre une clause de non-dérogation. Il n’y a pas que les accords internationaux sur le commerce et l’investissement qui peuvent avoir une incidence sur les droits inhérents et les droits issus de traités, mais aussi sur la façon dont l’accord est mis en œuvre en fonction de questions internes de réglementation et de politique. Une disposition de non-dérogation précisera que la loi et l'ACEUM doivent être interprétés de manière à maintenir les droits ancestraux et issus de traités reconnus et confirmés dans notre Constitution.
Chi-meegwetch de l’occasion qui lui est donnée aujourd’hui de témoigner devant le Comité permanent du commerce international.
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Merci, madame la présidente. Bonjour à tous.
Je suis heureux d'être ici au nom des 90 000 manufacturiers et exportateurs du Canada et des 2 500 membres directs de notre association pour appuyer le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord entre le Canada, les États-Unis d'Amérique et les États-Unis mexicains, aussi connu sous le nom d'ACEUM.
Avant de commencer, je tiens à remercier le , la , le négociateur en chef Steve Verheul et tous les membres de leur personnel pour les efforts qu'ils ont déployés pour négocier l'ACEUM. Comme nous avons fait partie du processus, nous les représentants de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, ou MEC, comprenons à quel point ces négociations ont été difficiles. Il était crucial d'obtenir un résultat positif pour les entreprises et tous leurs employés, et c'est ce qui s'est produit. Par conséquent, MEC appuie sans réserve ce projet de loi et nous exhortons le gouvernement et tous les parlementaires à ratifier l'ACEUM le plus tôt possible.
Mon objectif aujourd'hui est simple. Je veux expliquer pourquoi le libre-échange est important pour le secteur manufacturier et comment l'ACEUM représente une amélioration par rapport à l'ALENA. Pourquoi le libre-échange est-il si important? En termes simples, le commerce nord-américain est la base sur laquelle repose l'industrie manufacturière canadienne. À lui seul, notre secteur emploie 1,7 million de travailleurs dans toutes les collectivités du pays.
En 2019, nous avons expédié pour 455 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis et au Mexique. Cela a représenté 77 % de nos exportations totales vers tous les pays cette année-là. Les deux tiers de ces exportations, d'une valeur d'environ 305 milliards de dollars, étaient des produits manufacturés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Voyez-vous, les fabricants canadiens, américains et mexicains ne se font pas vraiment concurrence. Nous bâtissons plutôt quelque chose ensemble: un écosystème manufacturier continental relié par des chaînes d'approvisionnement intégrées.
Le libre-échange nord-américain est donc un pilier de notre économie nationale. C'est pourquoi le secteur de la fabrication est à l'origine de la majeure partie des exportations du Canada. C'est ainsi qu'il peut faire concurrence au reste du monde. C'est pourquoi aussi l'ACEUM, et l'ALENA, avant lui sont si importants. Sans ces accords et sans une production intégrée avec celle des États-Unis et du Mexique, nous n'aurions tout simplement pas l'envergure nécessaire pour être un acteur sur la scène mondiale. La capacité du Canada de tirer parti de tout autre accord commercial n'est possible que si des activités concertées de fabrication se poursuivent en Amérique du Nord.
Comment l'ACEUM représente-t-il une amélioration par rapport à l'ALENA? L'ACEUM préserve les activités de fabrication intégrées qui permettent la libre circulation relative des biens et des services entre nos trois marchés. Au moment de l'amorce des négociations, nos membres nous ont bien fait comprendre que l'objectif premier du Canada devait être de ne pas nuire à cette économie manufacturière intégrée, ce que l'ACEUM a permis de faire.
En fait, l'ACEUM préserve bon nombre d'éléments clés de l'ALENA original que les États-Unis projetaient d'éliminer. Cela comprend les mécanismes de règlement des différends et les exemptions de visa pour les voyageurs d'affaires. Cela n'était en aucun cas garanti au départ, mais ces éléments sont toujours présents.
Fait important, l'ACEUM met à jour des aspects cruciaux de l'ALENA, ce qui le propulse dans le XXIe siècle. À elle seule, cette mesure améliorera considérablement le commerce nord-américain. Par exemple, le nouveau chapitre sur le commerce numérique reconnaît maintenant la présence d'Internet et établit un cadre pour le commerce électronique en Amérique du Nord. Le chapitre sur l'administration douanière et la facilitation du libre-échange contribuera grandement à moderniser les frontières de toute l'Amérique du Nord, ce qui facilitera la libre circulation des marchandises.
Enfin, le chapitre 26, le nouveau chapitre sur la compétitivité, n'a pas suscité beaucoup d'attention, mais c'est l'un des aspects les plus positifs de L'ACEUM à notre avis. Pourquoi? Parce qu'il établit un cadre permettant à trois pays souverains de devenir une entité commerciale unifiée. Pour ce faire, il favorisera une meilleure coordination et une meilleure intégration de nos industries manufacturières, afin que nous puissions relever ensemble les défis du commerce mondial. Il s'agit d'une réalisation importante.
Nous avons toujours exhorté le gouvernement à commencer à mettre en œuvre des parties de l'accord maintenant, comme le chapitre 26, qui ne nécessitent pas de modifications juridiques. Nous devrions chercher à faire des progrès dès maintenant en établissant des comités pour la compétitivité nord-américaine et les bonnes pratiques réglementaires, comme le prévoit l'accord. Cela montrerait que le Canada fait preuve de leadership, indiquerait à nos autres partenaires que nous prenons l'ACEUM au sérieux et nous permettrait d'entrer de plain-pied dans l'accord.
Une fois que l'ACEUM aura force de loi du pays, nous devrons nous efforcer d'aider les fabricants et les exportateurs à bénéficier du nouvel accord. Les États-Unis sont, et demeureront toujours, notre plus grand marché d'exportation. Nous devons tirer parti des excellentes ressources gouvernementales, comme le Service des délégués commerciaux et Exportation et développement Canada, afin d'aider les entreprises à faire la transition de l'ALENA à l'ACEUM.
L'accès limité aux marchés publics des États-Unis est également un grand défi. Nous encourageons le gouvernement à travailler avec les Américains, sur une base bilatérale, pour ouvrir cette zone lucrative aux exploitations agricoles canadiennes. C'est de cette façon que le gouvernement peut jouer un rôle positif en aidant les entreprises à tirer profit de l'ACEUM, une fois qu'il aura été mis en œuvre.
En dernière analyse, l'ACEUM est un bon accord pour le Canada et, compte tenu des négociations très difficiles qui ont eu lieu, représente un résultat impressionnant. Nous exhortons tous les partis à adopter ce projet de loi le plus rapidement possible. Si vous faites cela, je peux vous assurer que les fabricants canadiens feront leur part en créant de la prospérité pour tous les Canadiens pour les années à venir.
Merci. J'ai hâte de participer à la discussion.
Merci à tous les témoins de ce matin. Je vous suis reconnaissant de m'avoir permis de prendre connaissance des différentes dynamiques en présence.
Bonjour, monsieur le maire. Je m'adresse à vous aujourd'hui directement d'Ottawa. Soit dit en passant, il se trouve littéralement dans la Floride du Canada, et je peux confirmer que Detroit est juste derrière lui.
Ne me remerciez pas, monsieur le maire. J'ai quelques questions à vous poser ce matin.
D'abord et avant tout, merci de représenter la FCM et les maires des grandes villes. C'est un grand plaisir pour le comité et moi-même de vous recevoir. Je remarque que la FCM et les caucus des grandes villes sont enthousiastes à l'égard du nouvel ALENA.
Si je peux me permettre, Windsor—Essex est vraiment un microcosme du Canada, en ce sens qu'on y retrouve tout ce que le Canada a à offrir, très franchement, qu'il s'agisse du secteur de l'automobile, de l'agriculture, de la pêche commerciale, pour ainsi dire, de l'exploitation minière, et j'en passe. Nous nous trouvons dans une situation tout à fait unique. Nous avons en quelque sorte le pouls de ce qui se passe d'un océan à l'autre.
Cela dit, il semble certainement — et je parle précisément de l'ACEUM — que ce soit une bonne nouvelle pour le secteur de l'automobile, bien sûr, tout comme pour notre région, Windsor et Essex, compte tenu de l'importance que le secteur de l'automobile y tient.
Permettez-moi aussi de dire que nous sommes le parti du libre-échange et que nous n'avons certainement pas l'intention de retarder cet accord. Je préciserais toutefois qu'il est important que nous fassions preuve de diligence raisonnable. Je ne sais pas si vous le savez, mais j'espère que oui. Je pense qu'il importe que vous sachiez que, malgré des demandes répétées, nous n'avons toujours pas reçu d'énoncé des répercussions économiques. Pourquoi un tel énoncé est-il essentiel? Le temps presse et nous devons prendre des décisions très graves et, très franchement, il est très difficile de faire preuve de diligence raisonnable sans cela.
Par exemple, pour illustrer le genre de données dont nous avons besoin, j'aimerais mentionner une question importante pour notre région. Les syndicats ont appuyé la disposition qui exige que 40 % des voitures produites au Mexique le soient par des travailleurs gagnant au moins 16 $ l'heure, soit 20 $ canadiens. On suppose que les emplois dans le secteur de la fabrication automobile vont migrer vers le Nord, et ce serait une bonne nouvelle pour nous, bien sûr, si cette hypothèse se révélait juste. Toutefois, en l'absence d'une analyse, nous ne savons pas combien d'emplois seront créés au Canada. Une étude d'impact économique nous fournirait un cadre de référence pour suivre ces chiffres.
Il est certain que si la ville de Windsor, par exemple, concluait une entente de type PPP avec quiconque, le personnel et le conseil s'assureraient d'en connaître les répercussions économiques.
Est-ce que la FCM, que vous représentez, a préparé un énoncé des répercussions économiques du nouvel ALENA et a l'intention de surveiller ces répercussions à l'avenir?
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Monsieur Lewis, c'est un plaisir pour moi aussi de vous voir. Je ne vous ai pas vu depuis votre assermentation, alors félicitations à vous et à tous les députés qui ont été élus et réélus.
À ma connaissance, la FCM n'a pas mené ce genre d'analyse. De façon générale, si l'on tient compte de la valeur que représente pour toutes les villes un excellent accord commercial et la capacité de s'assurer que les marchandises peuvent continuer de circuler... Comme vous l'avez souligné, il n'y a pas d'endroit plus représentatif que la région de Windsor-Essex, qui est certainement un microcosme du Canada, mais certainement aussi un chef de file en ce qui concerne la nature des échanges commerciaux et la dépendance à l'égard du commerce entre les États-Unis et le Canada.
J'ai reconnu dans mes observations qu'au bout du compte, il n'y avait pas de plan, pas de moyen de s'assurer que tout est parfait. Compte tenu de l'environnement économique et politique actuel, je pense que nous avons très bien compris, dans les conversations que j'ai eues avec la au cours des négociations, qu'il y a des gens dans la collectivité qui ont très peur de ce qui pourrait arriver.
Il ne fait aucun doute que la préoccupation que nous avons en tant que collectivité — et je suis sûr que la FCM serait d'accord avec moi à bien des égards —, c'est que, compte tenu de la décision de General Motors de fermer son usine d'Oshawa et de réaffecter sa production, si je pense à la possibilité que cela se produise dans ma collectivité en raison du plus grand nombre de frictions commerciales qu'occasionne le système, je constate que les conséquences économiques et autres pour notre collectivité locale seraient extrêmement dévastatrices.
La FCM est certainement informée des questions de haut niveau. Je pense que nous sommes tous d'accord sur de nombreux points, surtout en ce qui concerne l'augmentation de la valeur du contenu régional dans le secteur de l'automobile, compte tenu de la nécessité d'accroître la production nord-américaine d'acier et d'aluminium. Dans l'ensemble, cela représente une bonne proposition de valeur pour les Canadiens, les entreprises canadiennes et les emplois au Canada également.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur le maire Dilkens, je n'ai pas de questions pour vous, mais je sais que vous faites l'expérience des applications Ring Doorbell et Neighbours d'Amazon. J'ai hâte de voir comment les choses se passeront.
Je tiens à remercier Manufacturiers et Exportateurs du Canada de leur contribution à la conclusion de cet accord. Vous avez dit que le gouvernement doit jouer un rôle positif. C'est le gouvernement, en collaboration avec vous et avec beaucoup d'autres Canadiens, qui a conclu cet accord avec succès.
Vous avez mentionné que vous vous attendez à ce que vos membres prennent de l'expansion et deviennent des acteurs mondiaux, compte tenu de la portée de cet accord. Ils peuvent l'utiliser pour accroître leurs capacités de fabrication et jouer un rôle sur la scène mondiale. Vous avez également dit que vous aimeriez que vos membres soient en concurrence avec le reste du monde, compte tenu de la force de cet accord.
Hier, nous avons accueilli certains de vos principaux membres : l'association des producteurs d'acier et l'association des producteurs d'aluminium. Leurs membres — c'est-à-dire l'ensemble de l'industrie de l'aluminium et de l'industrie de l'acier — concentrent leurs activités uniquement sur le marché nord-américain.
Il n'y a pas eu de nouvelle fonderie construite au Canada depuis 15 ans. Cela fait 20 ans que la production de l'industrie sidérurgique se maintient autour de 15 à 16 millions de tonnes. Le secteur ne semble pas investir pour accroître sa capacité à devenir un joueur mondial et à soutenir la concurrence dans le reste du monde. Il se contente de s'attaquer à ce marché captif. Est-ce la bonne approche?
Je tiens d'abord à remercier tous ceux qui ont comparu aujourd'hui et qui nous ont fait part de leurs réflexions.
Je voudrais adresser ma première question à nos invités de l'Assemblée des Premières Nations et, tout d'abord, faire remarquer que le Canada se trouve actuellement dans une situation exceptionnelle, en partie, je pense, parce que le gouvernement fédéral a fait du mauvais travail quant à la reconnaissance des droits et des titres autochtones et qu'il ne fait pas preuve de la clarté dont nous avons besoin pour aller de l'avant. Non seulement l'article 35, mais aussi les traités et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, entérinée par le Canada, sont des textes fondamentaux pour le Canada.
Il y a ici quelque chose d'étrange. Normalement, il n'est pas nécessaire de préciser dans un accord que celui-ci ne peut prévaloir contre la Constitution. Je me demande simplement comment nous pouvons nous assurer que ces textes fondamentaux demeurent vraiment primordiaux et établir clairement qu'un accord commercial, par exemple, ne peut pas avoir préséance sur le cadre juridique fondamental et l'entente entre le Canada et les peuples autochtones.
Vous avez dit un mot sur l'ajout d'une disposition de non-dérogation à la loi. Je suis curieux de savoir comment une telle disposition s'appliquerait et comment elle se répercuterait sur l'article 32.5 de l'accord, qui, je le sais, ne porte vraiment que sur l'article 35 et les accords d'autonomie gouvernementale. Il n'y est pas question de la DNUDPA ni des traités.
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Je vous remercie beaucoup d'avoir posé cette question. De nouveau, je répondrai d'abord à la première partie de la question.
Beaucoup de lois comportent des dispositions de non-dérogation. De fait, je crois qu'il y a quelques années le sous-comité sénatorial chargé d'examiner les questions autochtones a recommandé que toutes les lois canadiennes comportent une disposition de non-dérogation. Cette mesure générale n'a pas encore été mise en œuvre, mais elle a certainement été recommandée.
Du fait de l'article 32.5 qui, dans l'accord lui-même, protège les droits des Autochtones, il est important que cette protection ne soit pas prévue seulement dans l'ACEUM, mais aussi dans le projet de loi parce que celui-ci aura pour effet de modifier des lois canadiennes et aussi de déterminer les politiques de mise en œuvre de l'ACEUM. En élaborant le projet de loi, nous devons également être conscients du fait qu'il pourrait avoir une incidence sur les droits inhérents ou issus de traités. C'est pourquoi il importe d'avoir la disposition de non-dérogation dans l'accord et aussi dans la loi de mise en œuvre.
Certains se demandent peut-être pourquoi il est important de ne pas pouvoir passer outre à la Constitution. Vous avez fait un commentaire à ce sujet, avec lequel je suis tout à fait d'accord, mais je tiens à souligner qu'il y a déjà dans le projet de loi un article portant sur l'eau. Il précise que rien dans l'accord ne nuit à notre « eau naturelle ». Le rédacteur du projet de loi a jugé qu'il était important de préciser que notre eau naturelle n'est pas touchée par l'ACEUM — et je suis d'accord là-dessus aussi —, mais il s'agit d'une clarification qui, selon moi, n'est peut-être pas nécessaire puisque l'ACEUM en dit autant.
Par conséquent, s'il est important de préciser que notre eau ne sera pas touchée, il est également très important de préciser que les droits inhérents des peuples autochtones ne seront pas touchés. Il y a un parallèle à faire. On ne peut pas vraiment dire que tel article est inutile, puis ajouter un autre article qui est également inutile. Je dirais que les deux sont nécessaires, pour la même raison. Nous voulons nous assurer que notre eau est protégée. Nous voulons aussi nous assurer que les droits prévus à l'article 35 sont protégés dans l'ACEUM, mais aussi dans le projet de loi de mise en œuvre.
C'est pourquoi nous avons présenté cette proposition.
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Nous sommes d'accord avec vous, et je vous remercie beaucoup de votre réponse. Nous ne cesserons de demander que tous les Canadiens aient cette information à leur disposition.
Sur le même sujet, je m'adresse maintenant aux Manufacturiers et exportateurs du Canada.
Tout d'abord, je vous remercie de tout le travail que vous avez fait en vue de cet accord. Ce que vous avez dit est très vrai. On nous répète sans cesse qu'il est nettement préférable d'avoir cet accord que de ne pas l'avoir, et nous sommes donc tous résolus à le faire adopter et à le mettre en œuvre afin de dissiper l'incertitude qui pèse sur les entreprises.
Vous avez insisté sur le chapitre sur la compétitivité, le chapitre 26, je crois. Je sais qu'avec notre gouvernement, nous allons vraiment vers une convergence de la réglementation et de l'harmonisation. Nous entendons ce que disent vos membres. Hier, par exemple, l'un d'entre eux a mentionné que, du fait de l'exemption pour la politique Achetez américain, nous avons eu l'occasion d'en tirer parti avec cet accord et que, apparemment, il n'en a même pas été question. Dans le cas de l'accord sur le bois d'œuvre résineux, nous avons entendu plus tôt un fabricant, un fabricant des Premières Nations... Encore une fois, rien n'a été conclu.
Nous avons maintenant un accord commercial géré de façon plus serrée, plutôt qu'en régime concurrentiel, surtout dans le secteur de l'automobile. Le maire Dilkens en a souligné l'importance et aussi le fait que l'accord n'est pas parfait. Malheureusement, à Oshawa — il a aussi parlé d'Oshawa —, ce n'était pas suffisant pour sauver notre usine d'assemblage. On a beaucoup d'inquiétudes pour l'avenir.
Nous nous dirigions vers la convergence de la réglementation. Le gouvernement actuel semble se trouver dans une situation caractérisée par une réglementation et des coûts proprement canadiens. M. Blydorp nous a parlé aujourd'hui même de la taxe sur le carbone et de l'incertitude quant au niveau qu'elle pourrait atteindre. Notre système de transport, la livraison juste-à-temps...
Je me demandais, monsieur Arcand, en parlant d'investissement au Canada, si vous aviez fait des premières études d'impact économique dont vous pourriez nous faire part. De plus, pourriez-vous nous dire ce qui, dans cet accord, encouragerait un grand investisseur comme General Motors ou Chrysler à investir au Canada plutôt qu'aux États-Unis?
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à vous remercier encore une fois de m’avoir permis de siéger à ce comité aujourd’hui. Comme la plupart ici le savent, je préside le comité des transports, de l’infrastructure et des collectivités. L’une des raisons pour lesquelles j’estimais très important d’être ici aujourd’hui, c’était précisément pour parler de l'intersectionnalité de cet enjeu pour les comités, notamment en ce qui concerne les investissements stratégiques dans les infrastructures.
Je voudrais aussi, avant de poser une question, faire un commentaire sur ce qu'on espère. Je pense que M. Herman a tout à fait raison de dire que nous devons aller de l’avant. L’ALENA, ou l'ACEUM tel que nous le connaissons maintenant, a été négocié par trois pays. Il est temps de tourner la page, d’aller de l’avant et d'envisager l’avenir des trois pays en collaborant plus étroitement et, surtout, d'examiner de près l’intégration de nos investissements dans les infrastructures, notamment en matière de transport, qu’il soit ferroviaire, routier, aérien ou maritime.
Troisièmement, je tiens à dire qu'il est impératif que ces investissements contribuent à consolider notre rendement commercial international global.
Cela dit, je voudrais poser une question au maire de Windsor.
Monsieur le maire, j'ai été maire moi-même, dans la région de Niagara, à l'autre bout du lac. Je peux vraiment comprendre ce que vous faites tous les jours compte tenu du fait qu'il s'agit d'une collectivité frontalière et, bien sûr, des créneaux commerciaux liés à votre région — votre région, c'est l’automobile, tandis que la nôtre, c'est l’acier, etc. Vous n'êtes pas que maire, vous êtes aussi le représentant de la Fédération canadienne des municipalités: selon vous, les investissements stratégiques jouent-ils et joueront-ils un rôle important dans le renforcement de notre performance mondiale globale en matière de commerce? D'après vous, ces investissements sont-ils essentiels?
Enfin, d'après vous, quels seront investissements intégrés avec nos partenaires américains pour reconsolider notre performance internationale en matière de commerce?