:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci aux membres du Comité. Je vais faire quelques remarques liminaires, puis je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins.
Permettez-moi tout d’abord de vous présenter les remarquables fonctionnaires canadiens qui m’accompagnent aujourd’hui. Sans leur travail acharné, leur dévouement et leur intelligence, ce nouvel accord crucial n'aurait pas pu voir le jour. Je vais vous présenter les deux personnes qui sont assises à côté de moi. Je dirais simplement qu'elles dirigent une équipe exceptionnelle de négociateurs professionnels canadiens. À un moment particulièrement difficile des négociations, l’un de nos négociateurs a dit: « Nous nous considérons comme les Navy SEALs du Canada ». Je pense que cela décrit très bien nos excellents négociateurs commerciaux professionnels.
Je suis accompagnée de Steve Verheul, négociateur en chef de l’ALENA et sous-ministre adjoint au Commerce, et de Kirsten Hillman, qui est notre ambassadrice par intérim aux États-Unis, ainsi qu'une négociatrice commerciale de renom.
Je suis très heureuse de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi la loi de mise en oeuvre du nouvel ALENA, l’Accord Canada-États-Unis-Mexique.
Le Canada est un pays commerçant. En effet, en tant que 10e économie mondiale, le commerce est l’épine dorsale de notre économie. Le commerce est essentiel au maintien de la prospérité des travailleurs, des entrepreneurs, des entreprises et des collectivités du Canada.
[Français]
Notre gouvernement fait la promotion d'une société ouverte et inclusive et d'une économie mondiale ouverte. Ces valeurs canadiennes fondamentales transcendent les partis et les régions. En effet, chacun des trois grands accords commerciaux conclus récemment par le Canada, soit l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou AECG, l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, ou PTPGP, et maintenant le nouvel accord, l'ACEUM, a été le fruit d'efforts déployés par tous les partis.
Les Canadiennes et Canadiens soutiennent un commerce international libre, équitable et équilibré fondé sur des règles convenues d'un commun accord. Ces règles apportent prévisibilité et stabilité à la façon dont les marchandises, les services et les investissements circulent entre le Canada et ses principaux partenaires commerciaux. Nous avons connu un succès remarquable sur ce front.
[Traduction]
En 1994, l’ALENA a créé la plus grande région de libre-échange au monde. En 2018, le commerce trilatéral de marchandises entre les États-Unis, le Canada et le Mexique s'est chiffré à près de 1,2 billion de dollars américains, soit quatre fois plus qu’en 1993.
Aujourd’hui, la région visée par l’ALENA compte près de 490 millions de consommateurs et a un PIB combiné de plus de 23,5 billions de dollars américains. Ensemble, nos trois pays représentent plus du quart du PIB du globe, avec moins de 7 % de sa population. Ce bilan de croissance est tout à l'honneur de tous les Canadiens, nos entrepreneurs et nos travailleurs des quatre coins du pays. Le commerce entre les partenaires de l’ALENA nous a aidés à établir un réseau continental de chaînes d’approvisionnement dans un éventail de secteurs industriels et agricoles. Il a rendu le Canada plus concurrentiel à l’échelle mondiale. Il a créé de bons emplois pour les Canadiens et a favorisé des investissements directs créateurs d’emplois entre le Canada et les États-Unis.
Le nouvel ALENA, l'ACEUM, nous aide à maintenir cette relation vitale et à maintenir la prévisibilité et la stabilité de nos relations commerciales avec les États-Unis, notre partenaire commercial le plus proche et de loin le plus important, ainsi qu'avec le Mexique.
Les négociations visant à moderniser l’ALENA ont été sans précédent en raison de leur intensité, de leur portée et de leur urgence. Au départ, nous avons fait face à un barrage de mesures commerciales protectionnistes de la part des États-Unis et à la menace très réelle d’un retrait unilatéral des États-Unis de l’ALENA. Équipe Canada a tenu bon et a fait front commun. Guidés par un appui solide à l’égard du libre-échange de la part des Canadiens de partout au pays, de tous les ordres de gouvernement, des chefs d’entreprise aux dirigeants syndicaux, en passant par les dirigeants autochtones, nous avons cherché à obtenir des conseils et un consensus, et nous avons agi de façon unie.
Je tiens aujourd’hui à remercier tout particulièrement le comité de l'ALENA pour son travail acharné. Ensemble, nous avons travaillé sans relâche pour moderniser l’ALENA pour le XXIe siècle et tirer d’autres avantages pour les Canadiens d’un partenariat commercial qui a été un modèle pour le monde, et c’est exactement ce que nous avons accompli.
L'ACEUM préserve l’accès en franchise de droits du Canada aux États-Unis et au Mexique. Il rétablit et renforce la prévisibilité et la stabilité de l’accès du Canada à notre plus grand marché et, ce qui est crucial, il le fait face à la montée du sentiment protectionniste au sud de notre frontière et partout dans le monde. L'ACEUM améliore et modernise l’accord initial.
Permettez-moi de souligner certains des principaux avantages tangibles pour les Canadiens.
[Français]
Tout d'abord, l'Accord protège, à hauteur de 2 milliards de dollars américains, les échanges transfrontaliers quotidiens de biens et services entre le Canada et les États-Unis. Cela signifie que 99,9 % des exportations canadiennes vers les États-Unis sont admissibles à une exemption de droits de douane.
Le nouvel accord, l'ACEUM, préserve les chaînes d'approvisionnement frontalières cruciales du secteur de l'automobile et incite les parties concernées à fabriquer des véhicules au Canada.
L'Accord engage tous les partenaires à respecter des normes de travail élevées et renforce les obligations en matière de travail afin d'uniformiser les règles du jeu pour les travailleurs canadiens. Le Mexique a également pris des engagements précis pour assurer la protection et la reconnaissance effective du droit à la négociation collective.
Je voudrais ajouter que notre gouvernement travaille en collaboration avec le gouvernement mexicain pour aider le Mexique à mettre en oeuvre ces réformes du travail.
Au cours des négociations, le Canada a été confronté à des droits de douane américains sans précédent, injustes et arbitraires sur l'acier et l'aluminium canadiens. Nous avons évité une escalade, sans toutefois reculer. Nous avons maintenu le cap sur la défense des travailleurs canadiens, de leurs familles et de leurs communautés.
Nous avons réussi, et les droits de douane américains ont été levés.
[Traduction]
Les États-Unis ont également menacé d’imposer un tarif en vertu de l’article 232 sur les automobiles et les pièces automobiles canadiennes. Pour le Canada, cette menace a été levée le 30 novembre 2018, le jour où nous avons signé le nouvel ALENA et le jour où nous avons signé une lettre exécutoire portant sur 232 automobiles et pièces d’automobile avec les États-Unis. Par conséquent, l’industrie canadienne de l’automobile a maintenant la stabilité nécessaire pour rechercher des investissements pour poursuivre sa croissance et son innovation.
L'ACEUM préserve également des éléments de l’accord original qui étaient essentiels pour le Canada et qui étaient menacés.
[Français]
Il conserve notamment le chapitre 29 concernant le processus de règlement des différends commerciaux, un mécanisme équitable et impartial qui avait été inclus dans l'accord original grâce à des efforts acharnés de la part du Canada. Le mécanisme a bien servi nos travailleurs forestiers au fil des ans en protégeant leurs emplois contre des mesures commerciales injustes.
Par ailleurs, le nouvel accord préserve l'exception culturelle de l'ALENA, qui contribue à protéger plus de 666 000 emplois dans les industries culturelles du Canada et, dans une large mesure, à soutenir les artistes qui racontent nos histoires dans les deux langues officielles.
[Traduction]
Le nouvel accord maintient l’accès en franchise de droits au marché américain pour les éleveurs et les céréaliculteurs canadiens. Il ne faut jamais oublier que l’objectif initial des États-Unis, lors des négociations de l’ALENA, était d’abolir le système canadien de gestion de l’offre.
Nous ne l’avons pas accepté. Au lieu de cela, nous avons défendu les agriculteurs canadiens et préservé la gestion de l’offre pour la génération actuelle et celles à venir.
[Français]
L'Accord comprend un chapitre exécutoire sur l'environnement qui exige des partenaires de l'ALENA qu'ils maintiennent des niveaux élevés de protection de l'environnement et une gouvernance environnementale solide. De plus, il reconnaît et soutient le rôle unique que jouent les peuples autochtones dans la protection et la préservation de notre environnement.
Le nouvel accord, l'ACEUM, prévoit des obligations en matière de travail ambitieuses et exécutoires, afin de protéger les travailleurs contre la discrimination en milieu de travail, y compris celle fondée sur le sexe.
[Traduction]
En conclusion, le nouvel ALENA, l'ACEUM, favorise la croissance économique et la prospérité au Canada. Il rétablit la stabilité et la prévisibilité pour les exportateurs et les centaines de milliers de travailleurs canadiens dans nos industries axées sur l’exportation. Cela nous permet de mettre un terme à l’incertitude de ces dernières années.
Le plus important, c’est que l'ACEUM est essentiel pour assurer l’avenir d’emplois canadiens de qualité dans tout le pays, car l’accès aux marchés des États-Unis et du Mexique sera garanti par le nouvel accord pour les années à venir.
Je veux être claire. Nous avons fait beaucoup de chemin. Toutefois, tant que cet accord ne sera pas ratifié par les trois pays et qu’il n’entrera pas en vigueur, il y aura toujours des risques et de l’incertitude, qui s’accentueront inévitablement avec le temps. Cet accord a déjà été ratifié par les États-Unis et le Mexique, nos deux autres partenaires de l’ALENA.
Le débat au Parlement, y compris aux comités, est très important dans notre démocratie, mais le risque pour le Canada est aussi réel. Il est impératif de consolider les gains que nous avons réalisés grâce à cet accord, la sécurité que nous avons obtenue et l’accès aux marchés pour lesquels nous nous sommes battus en ratifiant l'ACEUM sans retard indu. C’est ce que les Canadiens attendent de nous et c’est la bonne chose à faire.
Merci beaucoup.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier la ministre d’être venue ce matin et d’avoir répondu à l’invitation du Comité.
Madame la ministre, je comprends que le processus et le calendrier sont très importants. Je comprends les risques qui existent. Nous ne savons pas ce que le pourrait dire aujourd’hui ou demain pendant qu’il cherche un siège au Conseil de sécurité de l’ONU et comment cela influera sur nos relations avec le président. On a vu les problèmes que cela a créés lors des négociations. Nous savons qu’il est important d’agir rapidement.
Vu la façon dont le processus d'approbation s'est déroulé dans le système américain, il y a de quoi être mécontent. L’accord était prêt en avril. En fait, nous avons parlé de faire ici une étude préliminaire en avril, mais cela nous a été refusé. Nous aurions pu commencer à ce moment-là. J’ai d'ailleurs présenté une motion en ce sens, mais cela n'a pas eu lieu. Nous avons demandé que le Parlement soit rappelé en novembre ou en décembre, car nous aurions pu nous en occuper à ce moment-là. Cela n’a pas été fait. Nous avons cherché d’autres occasions d'étudier l'accord plus tôt, sans obtenir de réponse.
Je vais aussi parler du fait que M. Lighthizer parlait à Nancy Pelosi presque chaque semaine, là-bas, au sujet de l’ACEUM, et de la façon dont ils pourraient le faire adopter à la Chambre et au Sénat pour le mener à bien. Les pourparlers se sont poursuivis entre le gouvernement — la Maison-Blanche, dans ce scénario — et les démocrates, même pendant le processus de destitution, pour que cela se fasse. Pourtant, le n'a toujours pas appelé notre chef pour dire que c’est urgent.
Je sais que vous faites de votre mieux avec les outils que vous avez à votre disposition et que vous faites tout ce que vous pouvez pour y arriver, et nous y arriverons. Nous ferons tout notre possible. Si vous voulez que nous siégions plus tard, nous siégerons plus tard. Si vous voulez que nous siégions les fins de semaine, nous siégerons les fins de semaine. Si vous voulez que nous siégions pendant la semaine de relâche, nous siégerons pendant la semaine de relâche.
Beaucoup de gens sont touchés par cet accord. Nous devons comprendre quelles sont ses répercussions. Nous devons comprendre s’il y a quelque chose que nous pouvons faire lors de sa mise en œuvre pour atténuer ces répercussions. Nous devons savoir de quoi il s’agit. Nous avons besoin de temps. Je crains qu’en raison de la hâte et des pressions qui s’exercent pour que cela se fasse, ces gens-là ne soient pas entendus. C’est l’une de mes préoccupations.
C'est sans doute parce qu'il y a des choses que nous avons dû faire lorsque nous avons examiné les accords commerciaux précédents, par exemple le PTP. Nous avons réalisé deux études pancanadiennes. Puis, nous sommes revenus ici et nous avons étudié la question de nouveau lorsque le projet de loi a été présenté. Personne ne propose cela. Nous voulons que ce soit fait le plus rapidement possible afin que les choses avancent et que nos commerçants puissent profiter de cet accord, mais nous avons besoin de temps. J’espère que vous comprenez que nous avons besoin de temps et que nous faisons de notre mieux pour ratifier cet accord sans laisser de côté les gens qui en sont touchés.
Lorsque nous examinons l’accord, nous constatons qu’il faudrait mieux comprendre certaines choses. J’étais avec les producteurs d’aluminium la semaine dernière. Je suis allé dans la circonscription de M. . Nous avons parlé de l’aluminium vert. Ils ont parlé de la mise en œuvre. J’ai parlé aux producteurs primaires d’aluminium. J’ai parlé à des utilisateurs secondaires. Bien qu’ils ne soient pas contents, ils comprennent l’importance de conclure cet accord, mais ils veulent un programme d’atténuation pour eux.
Avez-vous réfléchi, par exemple, à ce que cela pourrait donner dans le secteur de l’aluminium?
Comment pouvons-nous nous adresser à ces secteurs afin de trouver une solution pour ceux qui pâtiront de cet accord?
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Merci, madame la présidente.
Madame la vice-première ministre, merci beaucoup pour le travail que vous et votre équipe avez accompli. Au nom des habitants de Nepean et de tous les Canadiens, je tiens à vous remercier, vous et votre équipe.
C’est un bon accord. Beaucoup de députés de tous les partis ont travaillé fort pendant longtemps pour protéger les intérêts du secteur de l’automobile, de l’acier et de l’aluminium. Ils ont travaillé très fort sur ces questions.
Cependant, l’économie évolue partout dans le monde. Nous nous dirigeons vers une économie mondiale du savoir. Ici, au Canada, l’économie évolue énormément. Pour vous donner un exemple, non commercial, la contribution des étudiants étrangers était très minime il y a 10 ans. Aujourd’hui, 500 000 étudiants étrangers injectent 21 milliards de dollars dans l’économie canadienne. On me dit que c’est plus que le secteur de l’automobile ici.
L’industrie sidérurgique et l’industrie de l’aluminium n’ont vu aucun nouveau projet, aucune nouvelle capacité, en 10 ou 15 ans — je me trompe peut-être. Il y a 10 ou 15 ans, nous étions au deuxième ou au troisième rang dans le monde pour ce qui est de la capacité de production de l’aluminium; cependant, au cours des 10 à 15 dernières années, je n’ai pas vu une seule nouvelle fonderie s’installer au Canada.
Je ne sais pas si cet accord va régler le problème, mais le fait est que l’économie change et que le commerce change. Dans 10 ou 15 ans, cet accord sera-t-il suffisant pour répondre aux exigences commerciales changeantes de la nouvelle économie du savoir? Je voudrais savoir ce que vous en pensez.
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Merci beaucoup, monsieur Arya. C'est une excellente question. Il y a quelque chose dans le nouvel ALENA qui n'est pas pleinement apprécié par les Canadiens.
Nous avons souvent discuté avec les négociateurs du fait que, à bien des égards, les négociations entourant le nouvel accord étaient quasiment à deux niveaux. Il y a eu des questions très médiatisées, souvent au sujet de la résistance du Canada aux demandes protectionnistes sans précédent des États-Unis. C'est ce qui était le plus visible pour les Canadiens, ce qui les préoccupait le plus, à juste titre. Ensuite, il y a eu une négociation sur ce que nous avons parfois appelé les enjeux commerciaux fondamentaux. C'est le genre d'enjeux sur lesquels les négociations commerciales portent le plus souvent, et c'est là que certains des plus grands gains de l'ACEUM ont été réalisés. Permettez-moi d'en aborder quelques-uns.
Premièrement, cet accord a réussi à éliminer une bonne partie des formalités administratives associées au commerce transfrontalier. Lors des consultations que nous avons menées avant et pendant les négociations, une des choses que nous avons apprises, et sur laquelle les entreprises canadiennes qui faisaient du commerce dans la région de l'ALENA ont insisté le plus, c'est que la bureaucratie était leur plus grand problème. Nous avons entendu un nombre étonnant d'entreprises qui ne se sont tout simplement pas prévalues du traitement préférentiel de l'ALENA parce que les formalités administratives étaient trop lourdes. Pensez-y. Le fardeau administratif était plus lourd que la valeur de l'accès en franchise de droits qu'offrait l'ALENA.
L'un des véritables avantages de cet accord, c'est qu'en travaillant de concert avec les États-Unis et le Mexique, nous avons très bien réussi à réduire une bonne partie de la bureaucratie en utilisant certaines des technologies du XXIe siècle pour faciliter le commerce. C'est un des changements que nous avons apportés. Cela ne fait pas les manchettes, mais cela facilitera la vie de nombreuses entreprises canadiennes et les rendra beaucoup plus concurrentielles.
Pour ce qui est de l'économie du XXIe siècle en général, c'était un autre élément qui se trouvait sous le niveau de la mer, si vous pensez à un iceberg. Il y avait la pointe de l'iceberg, les difficultés très visibles, puis il y avait tout le reste de l'iceberg. C'était une autre partie de l'iceberg de la négociation, c'est-à-dire un effort concerté, une véritable entente entre le Canada, les États-Unis et le Mexique pour moderniser cet accord, pour l'adapter à l'économie du XXIe siècle, au secteur des services et aux secteurs de l'économie qui reposent beaucoup plus sur la propriété intellectuelle que sur les biens physiques. Je pense que nous avons beaucoup accompli à cet égard.
J'aimerais soulever un dernier point. Pour ce qui est de la certitude à l'avenir — et pour moi, c'est un élément très important du nouvel ALENA, quelque chose que j'espère que le Canada pourra reproduire — après un processus de négociation ardu, nous avons conclu un accord qui jouit d'un solide appui de tous les partis aux États-Unis et au Mexique.
M. Hoback a fait allusion au fait que les Américains ont réussi à ratifier cet accord dans le feu du combat pour la destitution du président aux États-Unis. Nous avons, dans le nouvel ALENA, un accord que Nancy Pelosi et Donald Trump appuient. J'ai du mal à imaginer quoi que ce soit d'autre que ces deux importants dirigeants américains appuient tous les deux. Il est important pour le Canada que les deux pays l'appuient, car cela nous donne une véritable garantie pour l'avenir.
Madame la présidente me demande de conclure, mais permettez-moi de le faire en mentionnant également notre invité du Mexique, M. Seade. Il représente un gouvernement qui n'était pas au pouvoir lorsque la majeure partie de cet accord a été négociée. Je tiens à souligner le travail de l'ambassadeur Seade et du président López Obrador et à les remercier. Ils ont accompli une tâche difficile, qui consistait à prendre en main un accord négocié par leurs prédécesseurs et leurs adversaires politiques pour lui faire franchir la ligne d'arrivée. C'est une véritable démonstration d'unité nationale au Mexique.
Je pense que ce serait formidable si nous pouvions faire la même chose ici, au Canada.
Merci.
:
En ce qui concerne l'Accord en général, je voudrais commencer par dire que je suis convaincue que c' est un bon accord pour le Canada et pour le Québec. Je suis convaincue de cela parce qu'il y a eu de très longues consultations et discussions avec les entrepreneurs, les travailleurs et les leaders du Québec. Comme vous le savez très bien, le premier ministre Legault a dit ouvertement et clairement à quelques reprises qu'il est d'accord avec le gouvernement fédéral pour dire que cet accord est très important et bon pour le Québec. Je suis d'accord avec M. Legault.
J'ai aussi constaté, tant dans les négociations touchant l'ALENA que dans celles liées à l'AECG, que le Québec est l'une des provinces du Canada qui comprend très bien l'importance du commerce international. Le Québec a des négociateurs avec beaucoup d'expérience et nous avons travaillé en étroite collaboration avec eux.
Concernant les producteurs agricoles et les producteurs laitiers, il est important de comprendre le contexte. Comme je l'ai dit dans mon discours, les États-Unis ont commencé par une demande claire: le démantèlement complet du système de gestion de l'offre. De mon côté, cette demande était étonnante. Comme vous le savez très bien, c'était le désir des États-Unis depuis plusieurs années. Encore une fois, ils ont essayé de démanteler complètement notre système de gestion de l'offre.
Je crois qu'ils ont pensé que ce serait possible. Je suis très fière que notre gouvernement ait été ferme dans sa réponse. Nous avons dit que cela ne sera pas possible et que nous allions préserver notre système de gestion de l'offre.
Vous avez raison de dire que, dans les négociations, nous avons donné aux États-Unis un peu plus accès à notre marché, comme le gouvernement précédent l'avait fait dans les négociations du Partenariat transpacifique, ou PTP, et de l'AECG. Je suis d'accord avec vous et avec les producteurs laitiers du Canada qu'à cause de cela, il est essentiel que notre gouvernement donne une compensation juste et équitable aux producteurs laitiers canadiens. J'espère que tous les partis politiques vont appuyer cette mesure. Pendant toutes les négociations, j'ai eu de longues discussions avec les producteurs laitiers du Canada. Les producteurs sont donc tout à fait au courant de tout ce que le Canada a fait.
Je voudrais maintenant remercier les producteurs du secteur laitier pour leur appui et leur collaboration. Les gens de ce secteur comprennent très bien que le Canada fait partie d'un monde où il se fait du commerce international et du libre-échange. Il a besoin d'avoir des marchés ouverts, mais il doit préserver une partie de son marché en protégeant son système de gestion de l'offre.
C'est complexe, c'est difficile, et les producteurs de ce secteur nous ont accompagnés dans ce processus. Après la ratification de l'Accord — j'espère que cela se fera assez rapidement —, ce sera le moment de donner à ces producteurs une compensation juste et équitable.
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Merci beaucoup pour ces questions, monsieur Blaikie, et aussi pour les conversations très détaillées et professionnelles que vous et moi avons eues au cours des dernières semaines, et auxquelles ont également participé nos excellents représentants commerciaux qui, je crois, en savent beaucoup plus long que nous sur le sujet du commerce.
J'aimerais répondre en deux parties, d'abord en parlant du commerce en général et des Canadiens progressistes, et ensuite, de vos propositions précises.
L'un de mes objectifs, dès le début de cette négociation, a été de parvenir à un accord commercial vraiment progressiste, un accord commercial que les Canadiens, qui avaient peut-être traditionnellement des doutes sur les vertus du libre-échange, pourraient appuyer. C'est pourquoi, entre autres choses, nous avons fait un réel effort pour inclure les dirigeants syndicaux, et je mentionnerais particulièrement Hassan Yussuff, qui, je le sais, a beaucoup parlé avec vous aussi, pour sa participation au conseil de l'ALENA et pour les conseils qu'il a donnés tout au long des négociations.
Monsieur Blaikie, vous avez souligné deux questions qui préoccupent les progressistes au Canada... et en fait, M. Manley s'inquiète depuis longtemps de l'une des questions que vous avez mentionnées, le RDIE. Cependant, vous avez mentionné les préoccupations que les progressistes ont depuis longtemps à l'égard des accords de libre-échange en général, et du nouvel ALENA en particulier, en ce qui concerne le RDIE et la clause de proportionnalité. Deux des choses dont je suis le plus fière, c'est que nous nous sommes complètement débarrassés du RDIE — une grande victoire, un avantage réel pour le Canada et un précédent puissant — et que nous avons éliminé la clause de proportionnalité.
Je mentionnerais également, comme élément du programme commercial progressiste que nous avons non seulement mis au point, mais concrétisé dans le nouvel ALENA, les protections sans précédent pour les travailleurs. Le Mexique — et encore une fois, je vous remercie beaucoup, monsieur l'ambassadeur Seade — dans le cadre de cet accord, a mis en œuvre des réformes historiques en matière de main-d'œuvre qui donnent aux travailleurs mexicains le droit de s'organiser. L'accord rend cet engagement du Mexique exécutoire. C'est un gain énorme pour les travailleurs du Canada, des États-Unis et du Mexique. Il en va de même pour les dispositions relatives à la valeur de la main-d'œuvre. Il en va de même pour les mesures de protection et de protection environnementales sans précédent que nous avons prises à l'égard des Autochtones et des femmes.
Je vais maintenant passer à la deuxième partie de votre question. J'aimerais aussi que cet accord, c'est-à-dire tout le processus de négociation et, en fin de compte, la ratification, nous apporte des certitudes pour nos échanges commerciaux avec les États-Unis et le Mexique, mais également qu'il renforce le consensus national autour du Canada en tant que pays commerçant. Je suis d'accord avec vous pour dire que la transparence est une bonne chose. Nous avons négocié en cherchant à être très transparents et à consulter les Canadiens, mais je conviens avec vous qu'il serait souhaitable de chercher à officialiser certaines des choses que nous avons faites. En ce qui concerne l'avis de 90 jours, permettez-moi simplement de dire que les Canadiens ont eu beaucoup plus de temps que cela pour apprendre que nous allions entamer une négociation de l'ALENA. C'est effectivement une bonne chose que d'informer les Canadiens lorsque nous envisageons de conclure un accord commercial.
Pour ce qui est de l'énoncé des objectifs, nous avons lancé les négociations dans un assez long discours que j'ai prononcé ici, à Ottawa, dans lequel j'ai énoncé en détail les objectifs du Canada. Il était important, je crois, que les Canadiens entendent cela. Encore une fois, je pense que nous serions très favorables à l'idée de trouver une façon de codifier cet effort, tout comme lorsqu'il s'agit de partager avec les Canadiens notre évaluation de l'incidence économique d'un accord donné.
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Je vais essayer de dire ce que j'ai à dire le plus rapidement possible.
Madame la ministre, je pense que nous sommes tous d'accord. Vous avez mentionné qu'il y a un certain degré de risque et d'incertitude à mesure que le temps passe. Je veux simplement qu'il soit clair que de ce côté-ci, nous allons faire de notre mieux, utiliser tous les outils possibles, pour nous assurer de régler cela efficacement. Cependant, vous avez promis que nous agirions de concert avec les Américains et les Mexicains, et nous avons l'obligation constitutionnelle de revoir l'accord.
Nous entendons des familles, des entreprises et des secteurs qui pourraient être touchés négativement, et nous voulons respecter notre obligation de mener cette étude et donner à des témoins l'occasion de s'exprimer.
M. Hoback était... Nous n'avons pas fait le tour de la question, pour ce qui est du processus américain, mais si nous regardons l'échéancier et le processus aux États-Unis, nous constatons qu'en avril 2019, les Américains étaient ouverts et transparents. Ils ont présenté une étude d'impact économique à leurs législateurs à l'avance pour qu'ils puissent l'examiner. Comme vous l'avez fort bien dit, des amendements ont été apportés, et nous pourrions convenir, je pense, que les amendements ont amélioré l'accord dans son ensemble.
Ce qui me préoccupe, c'est qu'ici, du côté canadien, on n'a pas eu la même courtoisie, et on aurait peut-être pu améliorer un peu l'accord, si tous les partis l'avaient examiné.
Nous vous avons posé des questions à la Chambre, à maintes reprises, au sujet des études d'impact économique. Des gens me demandent: « Qu'est-ce qu'elle a à cacher? » Essentiellement, j'aimerais vous donner l'occasion de répondre. Pourquoi le gouvernement s'est-il montré si peu coopératif? Il est exaspérant qu'il ne nous ait pas donné d'information sur les résultats de l'étude d'impact économique alors que nous allons chercher des moyens de soutenir les familles, les entreprises et les secteurs qui sont touchés négativement. Pourtant, ces connaissances existent déjà.
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Permettez-moi tout d’abord de vous remercier, monsieur Dhaliwal, du travail acharné que vous avez accompli tout au long de la négociation. Je sais que cet accord revêt beaucoup d’importance pour vous personnellement et pour vos électeurs. Ce fut un plaisir de travailler avec vous dans ce dossier.
Je voudrais dès le départ rappeler que, tout au long de la durée de l’accord, j’ai comparu quatre fois, je crois, devant des comités pour discuter de l’ALENA, soit le 14 août 2017, le 8 février 2018, le 19 juin 2018 et le 28 mai 2019. Ça, c’est pour les comités de la Chambre. Pour les comités du Sénat, vous recevrez plus d’information en temps opportun. Comme j’ai fait mention de mes comparutions antérieures, je tenais à être précise à ce sujet.
Pour ce qui est de la protection des femmes et des filles, c’est l’une des réussites les moins connues de cet accord commercial. Dans cet accord, nous avons réussi à obtenir de nouvelles protections — beaucoup plus importantes que celles prévues dans l’ALENA actuel — pour les femmes et les filles canadiennes, ainsi que pour tous les Canadiens relativement à des enjeux liés à la main-d’œuvre en particulier, par exemple, la non-discrimination des Canadiens en raison de leur identité de genre.
Comme je l’ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, nous avons également réussi à obtenir des protections sans précédent pour les peuples autochtones, y compris la reconnaissance du rôle spécial qu’ils jouent dans la protection de l’environnement.
C’est réellement une nouveauté dans les accords commerciaux. Cela fait partie de ce dont je parlais avec M. Blaikie, du programme commercial progressiste que le gouvernement a cherché à mettre de l’avant. Nous avons intégré dans l’équipe de négociation un tout nouveau groupe de fonctionnaires qui, pour la première fois, ont travaillé ensemble sur les questions autochtones. C’est vraiment nouveau pour le Canada. Il reste encore beaucoup à faire, mais je suis heureuse que nous ayons pu enregistrer des progrès quant à la protection des femmes, des filles, des personnes LGBTQ et des Autochtones dans cet accord historique.
En ce qui concerne les protections pour les Autochtones, j’aimerais remercier nommément Perry Bellegarde, qui était membre de notre conseil de l’ALENA. Il a travaillé très fort avec nous sur tous les aspects du nouvel ALENA, mais en particulier sur les questions autochtones. Il a travaillé avec des partenaires autochtones partout en Amérique du Nord. Je pense que c’est un domaine dans lequel, quand il s’agira de futurs accords commerciaux, le Canada devra persévérer. Avec le nouvel ALENA, nous avons posé ce qui me paraît être des fondements très importants et d’une grande valeur.
Les mesures de protection pour les Autochtones, les femmes et les filles et les Canadiens LGBTQ figurent dans les chapitres sur la main-d'œuvre et sur l’environnement où, dans l’ensemble, nous avons fait de grands progrès, tant dans le contenu précis de ces chapitres que... De nouveau, je m’adresse également à M. Blaikie, parce qu’il s’agit d’une préoccupation de longue date — j’achève, madame la présidente — des gens progressistes qui s’intéressent au commerce. Il s’agissait de mieux faire dans les domaines de la main-d’œuvre et de l’environnement, mais aussi quant aux mécanismes d’application. Je pense que l’une des caractéristiques notables du nouvel ALENA, c’est la plus grande applicabilité de ses dispositions portant sur l’environnement et, plus particulièrement, sur la main-d’œuvre.
Merci de votre attention.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m’avoir invité à participer à vos consultations sur le projet de loi .
Le Conseil canadien des affaires représente les chefs d’entreprise et les entrepreneurs de 150 entreprises canadiennes de premier plan dans tous les secteurs de notre économie et toutes les régions du pays. Nos membres emploient 1,7 million de Canadiens, comptent pour plus de la moitié de la valeur des sociétés inscrites à la Bourse de Toronto, versent la majeure partie de l’impôt fédéral sur les sociétés et sont à l’origine de la plus grande part des exportations canadiennes, de la philanthropie d’entreprise et de l’investissement du secteur privé dans la recherche et le développement.
Il va sans dire, bien que je l’aie dit à maintes reprises devant votre comité, que le commerce avec les États-Unis est absolument essentiel à notre prospérité. L’économie canadienne dépend manifestement du commerce international, et les États-Unis sont de loin notre plus important partenaire en matière de commerce et d’investissement. Le commerce des biens et services représente environ 64 % du produit intérieur brut du Canada, les États-Unis étant la destination de 75 % de nos exportations de biens l’an dernier.
Le Conseil canadien des affaires est fortement en faveur de l’ACEUM et demande l’adoption rapide du projet de loi , pour quatre raisons fondamentales.
En premier lieu, l’accord protège l’accès aux marchés. Lorsque les négociations ont débuté, nous avions une recommandation primordiale à adresser au gouvernement et à notre équipe de négociation, à savoir qu’il fallait que l’accord ne soit pas nuisible. Pour éviter de nuire à l’emploi, au commerce et à l’investissement, les entreprises canadiennes, américaines et mexicaines doivent conserver leur accès préférentiel aux marchés et aux débouchés commerciaux dans chacun des pays. À cette aune, l’ACEUM est un succès éclatant. L’accord qui a été conclu est fondé sur l’accès et le traitement réciproques, et aucune entreprise canadienne ne sera confrontée à de nouveaux tarifs ou à d’autres obstacles à l’accès aux marchés en Amérique du Nord en raison de cet accord.
De récents rapports selon lesquels la Maison-Blanche envisage d’augmenter les droits de douane consolidés de l’OMC rendent d’autant plus importante la ratification rapide de cet accord. J’ajouterais simplement qu’au début des négociations, l’objectif primordial des Américains était d’améliorer leur balance commerciale et de réduire leur déficit commercial avec les pays de l’ALENA. En d’autres termes, les États-Unis avaient pour but de limiter les importations, non pas de libéraliser le commerce, comme c’est habituellement le cas avec un accord commercial. Compte tenu de ce point de départ, on peut dire que l’accord final a atteint le principal objectif du milieu des affaires canadien en protégeant notre accès au marché et en ne faisant aucun tort.
La deuxième raison pour laquelle nous appuyons fermement cet accord, c’est qu’il dissipe l’incertitude dans l’économie canadienne. La ratification de l’ACEUM élimine une grande incertitude commerciale. Selon les estimations de la Banque du Canada, les mesures protectionnistes actuellement en vigueur dans le monde réduiront le produit brut mondial d’environ 1,3 % d’ici 2021. Étant donné que les États-Unis demeurent le marché clé pour les entreprises canadiennes qui envisagent une croissance et un investissement à l’étranger, la réduction de l’incertitude dans cette relation cruciale stimulera l’économie canadienne dans l’immédiat.
La troisième raison, c’est que l’accord modernise l’ALENA, ce qu’on oublie parfois. L’ACEUM améliorera les relations commerciales en actualisant des éléments de l’ALENA qui sont désuets depuis longtemps. L’accord repose en grande partie sur le texte du Partenariat transpacifique, qui est notre accord commercial le plus moderne. Par exemple, il y a des chapitres sur le commerce numérique qui interdisent l’application de droits de douane et d’autres mesures discriminatoires aux produits numériques, tout en permettant de transférer des données au-delà des frontières. C’est là une amélioration importante par rapport à l’ALENA et c’est quelque chose dont il faut se féliciter.
La quatrième raison, c’est que l’ACEUM améliore la compétitivité nord-américaine. Il comprend de nouveaux chapitres et de nouvelles dispositions qui nous aideront à établir une relation plus productive et mutuellement avantageuse, notamment un chapitre sur la compétitivité et un autre sur les bonnes pratiques de réglementation. Nous demandons au gouvernement de tirer parti de ces nouveaux mécanismes en élaborant un solide plan de travail pour le Comité.
Avant de terminer, j’aimerais dire un mot sur le choix du moment. Les États-Unis et le Mexique ont procédé à la ratification de cet accord par leurs assemblées législatives respectives. Nous avons tout à fait le droit d’examiner et d’évaluer l’accord, mais je vous mets en garde contre les retards inutiles. Compte tenu de tous les défis qui se posent à l’économie canadienne à l’heure actuelle, dont les blocus ferroviaires, la menace du coronavirus et la détérioration de nos relations avec la Chine, la dernière chose que nous voudrions ajouter à la conjoncture en ce moment plutôt préoccupante, c’est un atermoiement dans la ratification de cet accord avec notre plus important partenaire commercial.
Je termine là-dessus et je reste tout disposé à répondre à vos questions.
Je m'appelle Sujata Dey, et je suis la responsable de la campagne sur le commerce international au Conseil des Canadiens.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou ACEUM, depuis l'extérieur du pays. Comme vous l'avez dit, je suis à Guadalajara, où cet accord est connu sous le nom de T-MEC, mais je vous jure que c'est un hasard si je me trouve ici.
Avec plus de 100 000 membres, le Conseil des Canadiens a été fondé dans la foulée du débat sur le premier accord de libre-échange entre les États-Unis et le Canada. C'était LE grand thème de débat aux élections de 1988.
Comme de nombreuses personnes l'ont dit, plusieurs éléments ont changé depuis 1988. À l'époque, notre organisme, comme le Parti libéral et le NPD d'ailleurs, se préoccupait de la souveraineté canadienne. C'était une question de nationalisme.
[Traduction]
Des décennies plus tard, beaucoup de nos préoccupations sont les mêmes qu’en 1988: pression à la baisse sur nos protections sociales et nos règlements, privatisation et déréglementation de la sphère publique et l’effet d’érosion de ces accords sur la condition des travailleurs et la protection de l’environnement.
Il n’est pas ici simplement question de valeurs canadiennes. Il s’agit plutôt de la façon dont le libre-échange, tel qu’il est codifié dans ces accords, protège les intérêts des sociétés multinationales plutôt que ceux des gens et de la planète. Comme Maude Barlow, notre présidente, l’a écrit: « L’effet le plus important de l’ALE et de l’ALENA a été de créer une intégration économique nord-américaine [...] et l’origine des entreprises importait de moins en moins. Il s’agissait donc moins de l’origine de l’entreprise que de la façon dont elle a utilisé ces accords commerciaux. »
Souvent, lorsque ces accords commerciaux sont conçus, ils sont formulés de façon plutôt restrictive: gagnants et perdants, industries et marchés. Pourtant, ces accords redéfinissent nos règles démocratiques et nos sociétés, pas seulement nos marchés mondiaux.
Avec la renégociation de l’ALENA voulue par le président Trump, nous avons hérité du même modèle. Encore une fois, l’essentiel de la discussion a porté sur les chaînes d’approvisionnement et le volume des échanges. Bien qu’on ait consenti quelque effort pour faire participer la société civile, ce n’était pas au cœur de la négociation. Les députés, nos représentants démocratiques, n’ont pas non plus participé à l’élaboration de cette entente. Les partenaires autochtones n’étaient pas sur le même pied que les États.
Ainsi, nous avons un accord qui comporte peut-être certaines améliorations, mais qui fait encore cruellement défaut dans de nombreux domaines. C’est triste, parce que cela se produit à une époque où nous avons des problèmes mondiaux comme l’inégalité croissante de la richesse, qui pousse les gens à opter pour la voie du populisme dangereux. Il y a une crise climatique très réelle. Ces problèmes devraient aussi être abordés dans les accords commerciaux, non pas aggravés par eux.
Lorsque j’ai pris la parole devant le Comité en 2019, juste avant l’élection fédérale, j’ai fait remarquer que nous étions très heureux de voir quelques changements importants, dont certains ont été apportés à l’instigation de nos membres — plus de 35 000 — qui ont écrit aux députés en ce sens.
Le RDIE, soit le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, a été retiré de l’accord, du moins pour ce qui concerne le Canada et les États-Unis. Ce chapitre sur l’investissement donne aux sociétés le droit de poursuivre les gouvernements relativement à leurs politiques. L’ALENA a fait du Canada le pays le plus souvent ciblé par les recours en RDIE. Parmi les pays développés, il est celui où ces différends étaient les plus nombreux. Comme la plupart d’entre eux portaient sur la réglementation environnementale, cela a empêché le Canada de prendre des mesures audacieuses en matière de changement climatique.
Partout dans le monde, le RDIE devient de plus en plus impopulaire. Le Canada ne doit plus, à l’avenir, accepter une telle clause dans ses accords, que ce soit dans l’AECG — où il est très contesté —, dans le PTPGP ou dans tout instrument similaire proposé à l’OMC. C’est tout simplement trop dangereux.
De plus, les dispositions sur la proportionnalité énergétique obligatoire, qui nous imposaient l’exportation d’un contingent d’énergie aux États-Unis, ne figurent pas dans le nouvel ALENA. Cela nous donnera une marge de manœuvre plus grande pour respecter nos engagements pris envers le G8 et dans l’Accord de Paris.
[Français]
L'exemption culturelle a été bonifiée et maintenant s'applique à l'industrie numérique. Le Conseil des Canadiens et le Réseau québécois sur l'intégration continentale ont présenté une lettre ouverte qui défend ce principe. Cette lettre a notamment reçu l'appui de Margaret Atwood, Susan Swann, Jane Urquhart, Ronald Wright et Jack Stoddart. Du côté québécois, elle a reçu l'appui de France Castel, Dominic Champagne, Philippe Falardeau, Pierre Curzi, Micheline Lanctôt, Yann Perreau, Lorraine Pintal et Michel Tremblay, entre autres.
Des artistes autochtones, dont Marco Collin et Tantoo Cardinal, figurent parmi ceux qui ont appuyé ce principe.
[Traduction]
Au printemps 2019, un vent de panique a poussé à vouloir ratifier l’accord le plus tôt possible. En juin, les membres du Conseil des Canadiens ont écrit à leurs députés pour leur demander instamment d'attendre que les démocrates du Congrès américain aient fini d'améliorer l’accord. Nos membres s’inquiétaient également des dispositions relatives aux produits biologiques qui feraient augmenter le prix des médicaments. Cela ajouterait au coût d’un éventuel programme d’assurance-médicaments. Heureusement, ces dispositions ont été retirées dans le cadre du processus démocratique. Les dispositions relatives au travail ont également été consolidées, et nous estimons donc qu'il valait vraiment la peine d'attendre, mais l'accord soulève encore de graves questions.
[Français]
Le chapitre sur la coopération réglementaire pourrait paraître anodin, mais il ne l'est pas. En effet, cela permet aux intérêts privés de participer à un processus parallèle au Parlement et à la démocratie. Cela impose de nouvelles exigences aux responsables de la réglementation pour ce qui est de la défense des nouvelles politiques. Or si ce processus n'est pas conforme, les États peuvent contester des mesures réglementaires en se servant du règlement des différends entre États.
[Traduction]
L’AECG comporte, au sujet de la coopération volontaire, un chapitre semblable, mais beaucoup moins strict que celui du nouvel ACEUM. Cette semaine, en collaboration avec Food Watch, groupe d'action européen, nous avons dévoilé, en vertu d'une disposition sur l’accès à l’information, des documents portant sur une seule des réunions de ce comité de coopération en matière de réglementation. On pouvait y constater que les organismes de réglementation canadiens avaient réussi à contester parfois des normes supérieures de l’Union européenne concernant les animaux et les plantes, ainsi que des normes sur les pesticides et les herbicides. Ils sont également passés par ce comité pour s’attaquer au principe de précaution, qui est utilisé dans l’Union européenne.
Le Canada collabore régulièrement avec les États-Unis en matière de réglementation, mais le nouvel ACEUM codifie désormais cette relation. Les documents ont révélé que, bien souvent, les organismes de réglementation canadiens n’étaient pas disposés à discuter des problèmes avec l’UE parce qu’ils étaient très préoccupés par l’harmonisation avec les États-Unis. C’est alarmant pour les citoyens, à qui cela donne à penser que ces comités, au lieu de protéger la sécurité des êtres humains et des animaux, de nous protéger contre les toxines et d’essayer d'éviter les préjudices, utilisent ce chapitre pour affaiblir la réglementation. Nous avons besoin de freins et de contrepoids dans cette loi de mise en œuvre et, notamment, de dispositions prévoyant la surveillance parlementaire de ces comités, qui seront créés par le secteur privé.
Concernant l’agriculture, on a beaucoup parlé des attaques contre la gestion de l’offre et les quotas de produits laitiers américains entrant sur le marché canadien. Le Conseil des Canadiens s'inquiète également des normes applicables à l’importation de lait américain en plus grande quantité. Dans les années 1990, nous avons mené une campagne fructueuse pour mettre fin à l’homologation de l’hormone de croissance bovine au Canada. Cette hormone fait que les vaches produisent 25 % plus de lait, mais au détriment de leur santé. Elle est utilisée aux États-Unis et ne fait pas l'objet d'un étiquetage. Nous devons veiller à ce que la somatotrophine bovine fasse l'objet d'un étiquetage ou imposer des restrictions sur le lait ainsi produit et vendu au Canada. Ce sera particulièrement difficile, parce que le Canada et les États-Unis ont déjà réussi à contester les interdictions européennes sur les hormones en passant par la tribune de l'OMC.
Par ailleurs, nous avons souvent mentionné le chapitre sur l’environnement. Il est contraignant, c'est vrai, mais il n'y est même pas question des changements climatiques. Il ne dit pas grand-chose de la pollution et il ne prévoit rien pour empêcher les entreprises de se délocaliser dans des endroits où la réglementation est plus souple. La DNUDPA ne fait pas partie de l’accord, et il n'y est pas question de la protection de l’eau.
Nous sommes ici pour obtenir un meilleur accord. Et, pour cela, le commerce doit se faire différemment dès le départ. Il faut que les citoyens et les parlementaires aient leur mot à dire. Pour avoir moi-même travaillé sur des accords commerciaux avec des ONG en Europe et aux États-Unis au cours des cinq dernières années, j’ai remarqué que leurs processus sont davantage axés sur le débat et qu’il y a beaucoup plus de consultations. Ce n'est pas par hasard, c'est délibéré. Au Canada, le degré de participation est laissé à la discrétion du Cabinet fédéral. On n'est tenu de consulter personne avant l’adoption de la loi de mise en œuvre. Et c'est ainsi que ces accords penchent plus du côté du huis clos que du côté de la surveillance démocratique.
Aux États-Unis comme en Europe, les objectifs de négociation sont publiés et débattus par les législateurs. Aux États-Unis, ces objectifs font partie intégrante de la procédure accélérée de la Trade Promotion Authority. À divers stades du processus, les ONG et les parties intéressées ont pour mandat de participer, dans le cadre de travaux en comité ou même dans le cadre de leur propre cycle de négociation. Les législateurs participent également au processus de négociation, et les textes négociés sont partagés. Aussi bien dans l'UE qu’aux États-Unis, on procède à des études d’impact économique avant l'achèvement du processus.
Au Canada, l'analyse économique n'est pas obligatoire, et cela se fait rarement. Par conséquent, dans deux de nos accords, avec la Corée du Sud et...
[Français]
Madame la présidente, membres du Comité, avant de commencer, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à comparaître devant vous afin de vous faire part de quelques points de vue de l'Ouest, qui ne concernent pas seulement l'ALENA, puisque tout le monde en connaît bien l'importance.
[Traduction]
J’aimerais plutôt aborder certaines questions dont il faut tenir compte dans notre propre cadre pour comprendre l’accord et progresser tandis que les débats se poursuivent en comité et, de fait, que le pays s'interroge et discute au sujet de la participation au nouvel accord.
La Canada West Foundation, comme le Comité le sait sûrement, a été créée il y a 50 ans pour donner voix aux provinces de l’Ouest et pour faciliter la participation de l’Ouest et sa contribution à l’édification d’un Canada fort. Un Ouest fort, cela veut dire un Canada fort, et, aujourd’hui, 50 ans plus tard, nous nous rendons compte que certains de ces débats demeurent, et la Canada West Foundation continue d'y participer.
Nous sommes également l’une des organisations les plus engagées dans le dossier du commerce, compte tenu de son importance pour l’Ouest. Vous avez vu notre travail sur des questions comme celles que soulevait le projet de loi . Notre fondation a pris les devants avant que cela ne devienne un enjeu national. Vous avez sans doute vu le travail que nous avons fait pour élaborer les modifications apportées à la loi.
Concernant le commerce, nous avons modélisé l’incidence de l’accord commercial du Partenariat transpacifique sur l’économie canadienne avant que le gouvernement fédéral ne le fasse. Nous poursuivons ce travail préparatoire. Nous sommes en train de modéliser les répercussions de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste sur notre infrastructure commerciale. Le gouvernement l'a fait pour l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et a choisi de ne pas le faire pour le PTPGP, mais la Canada West Foundation a décidé de le faire en raison de l’importance de l’accord pour le pays, et pas seulement pour l’Ouest.
Au sujet de l'ALENA, j’aimerais aborder rapidement trois points. Ils sont à l'origine des mesures que j'ai recommandées et sur lesquelles je ne m'étendrai pas puisque vous les avez par écrit.
Il y a d'abord cet empressement à normaliser nos relations avec les Américains, simplement parce que nous avons conclu un accord. Nous avons pourtant observé, maintes et maintes fois, de l’élection de Donald Trump à son traitement de la diplomatie en passant par sa conduite des relations commerciales, la destruction complète et la refonte de la politique étrangère, de la diplomatie et de la politique commerciale des États-Unis.
Permettez-moi de vous donner un exemple actuel. Un accord commercial vise habituellement à améliorer les conditions du commerce. Les parties conviennent qu’il est possible de prendre des mesures permettant d'améliorer ces conditions, et elles décident de discuter soit à partir de zéro, soit en s’appuyant sur un accord. C'est ce que nous avons fait en Amérique du Nord. Nous avons mis à jour l’Accord de libre-échange nord-américain pour le moderniser, pour l’adapter au XXIe siècle, et pour régler les problèmes de main-d’œuvre et de propriété intellectuelle. Tout le monde y a gagné, toutes les parties ont fait des concessions, et toutes les parties ont été satisfaites des résultats. Lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir, tout cela a été mis en pièces, et on nous a dit que les situations gagnant-gagnant, c'est fini; ce qui marche maintenant, c’est « je gagne, tu perds ». Un tel point de départ est sans précédent dans les négociations commerciales. Nous n’avions pas le choix, et le gouvernement a fait de son mieux — personne n'aurait pu faire mieux à mon avis. Chapeau au gouvernement pour le travail qu’il a fait dans ces circonstances très difficiles.
Ce n’est qu’une indication de l'ampleur du bouleversement du monde dans lequel nous essayons de fonctionner sur le plan commercial. Nous voyons aujourd'hui les États-Unis s'attaquer à l’Organisation mondiale du commerce. Il est impossible d'appliquer nos vieilles habitudes de penser ou nos vieux cadres de référence à l'examen de cet accord. Les témoins ici présents doivent nous dire comment cet accord et l'interprétation qu'ils en font s'inscrivent dans cette nouvelle réalité.
Permettez-moi de vous donner un exemple de ce qui nous inquiète. C'est vrai que nous avons un accord, et Brian a tout à fait raison: dans les domaines dont le président ne s'est pas occupé, où il ne nous a pas coupé l’herbe sous le pied ou n'a pas changé les règles, l’accord va effectivement fonctionner. C’est beaucoup mieux que de ne pas avoir d’accord du tout. Selon une modélisation faite par d’autres, cet accord commercial représente une perte nette de bien-être économique pour les trois pays. Le pire qui puisse arriver, ce serait de ne pas avoir d’accord du tout et de subir une perte encore plus grande du point de vue du bien-être économique et du PIB. Je vous suggère de faire appel à Dan Ciuriak, le modélisateur, ici à Ottawa. Il fait de la modélisation pour notre fondation. Il a déjà travaillé pour les Affaires étrangères. Il pourra vous donner plus de détails. C’est une conversation à laquelle je vous invite instamment, pour bien comprendre les chiffres de la modélisation et ce qu’ils révèlent.
Pour ce qui est du pouvoir légal du président, nous n’avons jamais vu un président se prévaloir des quatre ou cinq dispositions législatives lui permettant de gérer le commerce. Il s'agit de pouvoirs qui sont délégués au président par le Congrès.
Il y a eu les droits de douane sur l’acier et l’aluminium, et l’acier et l’aluminium canadiens ont été présentés comme une menace à la sécurité nationale. Ce n’est pas ce que le président peut faire de pire. Il y a effectivement pire.
À la fin du mois de mai, un beau matin, nous avons lu la déclaration suivante de la Maison-Blanche:
Comme tout le monde le sait, les États-Unis d’Amérique ont été envahis par des centaines de milliers de personnes passant par le Mexique [...]. La coopération passive du Mexique [...] constitue une situation d'urgence et une menace extraordinaire pour la sécurité nationale et l’économie des États-Unis [...]. Pour faire face à l’urgence... j’invoque les pouvoirs [...] énoncés dans l'International Emergency Economic Powers Act. Par conséquent, à partir du 10 juin 2019 [c'est-à-dire moins d’une semaine après cette annonce], les États-Unis imposeront un droit de douane de 5 % sur toutes les marchandises importées du Mexique [...]. Si la crise persiste [...], les droits de douane passeront à 10 % dès le 1er juillet [soit trois semaines ou 21 jours plus tard]. Les droits de douane passeront à 15 % le 1er août 2019, à 20 % le 1er septembre 2019 et à 25 % le 1er octobre 2019.
C’est la menace qui pèse sur nous si le président décide d’ignorer les règles et d'invoquer le pouvoir que lui confère la loi. Nous devons absolument en tenir compte. Il faut comprendre que la signature de l’accord n’est pas la fin de notre lutte commerciale avec les Américains ni la fin du commerce en Amérique du Nord. Ce n’est même pas la fin de la première période.
C'est un jeu à long terme. Nous allons devoir intensifier les efforts extraordinaires que nous avons déjà déployés pour forger des alliances avec les États américains afin de prévenir ce genre de situation. Ce n'est pas auprès de l'ambassadeur, à Ottawa, que nous menons cette lutte. Nous la menons à Boise. Nous la menons à Springfield. Nous la menons à Sacramento. Nous la menons auprès des États, où nos premiers ministres travaillent avec leurs homologues gouverneurs et où nos députés travaillent avec leurs homologues des assemblées législatives. Il est impératif de ne pas laisser tomber et de ne pas considérer que la mission est accomplie.
Le deuxième point, très rapidement. Il y a dans cet accord des parties que, à mon avis, nous ne comprenons pas vraiment. J’aimerais attirer l'attention sur l’article 32.10, qui porte sur les négociations avec les pays n'ayant pas une économie de marché. La disposition n’est pas problématique en soi. Nous annonçons quand nous allons négocier et nous devons partager le plus de texte possible — ce ne sont pas des dispositions exigeantes ou inhabituelles.
Mais qu’est-ce qu’un pays n'ayant pas une économie de marché? Qu’avons-nous accepté lorsque nous avons accepté de donner ces pouvoirs aux Américains à l'égard de ces pays? Nous pensons qu'il s'agit seulement de la Chine, mais les Américains ont une liste de 11 pays — 10, plus la Chine. Qui d’autre figure sur cette liste? Eh bien, le Vietnam figurait sur cette liste, mais nous l'avons échappé belle en concluant le Partenariat transpacifique, le PTP, avec le Vietnam avant que les Américains ne puissent utiliser cette disposition à des fins malveillantes. Encore une fois, j’invite instamment le Comité à examiner l’article 32.10. Est-ce qu’on le comprend bien? Est-ce que le gouvernement peut l’expliquer dans le détail?
Concernant les exemptions culturelles, nous avons accordé aux Américains le droit d’imposer des droits compensateurs au cas où nous invoquerions nos capacités en vertu des exemptions culturelles. Michael Geist vient d'écrire un long article à ce sujet. Je vous invite instamment à faire appel à Michael, à Wesley Wark et à d’autres pour vraiment tirer cette question au clair.
Concernant les aspects que je soulève dans mes recommandations, je crois qu'il faut aider les provinces à faire leur travail pour défendre nos intérêts auprès des différents États. Pendant les négociations, le greffier du Conseil privé et le premier ministre ont demandé aux provinces d’en faire plus. Celles-ci ont répondu à l'appel.
Le gouvernement a donné de l’argent à l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, l'APECA, pour aider les provinces de l’Atlantique à négocier avec différents États. Nous n’avons pas obtenu la même chose dans l’Ouest, et l’Ouest aurait vraiment besoin de ce soutien. En cette période de contraintes financières et de compressions budgétaires, on nous demande d’en faire plus, mais nous n’avons pas les ressources nécessaires. Nous aurions donc vraiment besoin de l'aide du gouvernement fédéral.
Il est également possible de discuter avec les Américains, sur une base bilatérale, de choses que nous ne pourrions pas négocier avec les Mexicains. Le plus grand échec de cet accord a été de ne pas faire avancer les dispositions relatives à la mobilité des gens d’affaires. Nous pouvons discuter directement avec les Américains, notamment à l'échelle des États et à l'échelle régionale.
Quant à l'idée d'une banque de l’infrastructure, c'est un domaine où les Américains ont vraiment besoin d’aide. Nous pouvons prendre les devants et leur offrir de l’aide, et, ce faisant, créer une institution permanente avec eux pour éviter les vicissitudes associées aux changements politiques et à l'évolution du climat politique et pour avoir une institution permanente axée sur la frontière nord-américaine.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins d’être venus nous voir aujourd’hui.
Permettez-moi de commencer par vous assurer d'une chose. Nous sommes le parti du libre-échange et nous n’avons certainement pas l’intention de retarder quoi que ce soit. Nous voulons aller jusqu’au bout et c'est avec enthousiasme que nous le ferons.
Je pense qu’il faut aussi comprendre que nous devons faire preuve de diligence raisonnable, et les questions que je vais vous poser aujourd’hui seront un peu différentes de celles que j’ai entendues ici. Elles concernent la mise en œuvre et ce que le gouvernement vous a précisément communiqué parce que, à des degrés divers, nous n'obtenons pas toute l’information dont nous avons besoin. Je veux parler notamment de la mise en œuvre et de la façon dont l’Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, y est liée. Avez-vous eu des échanges avec d’autres entreprises très engagées dans le commerce transfrontalier? C’est un peu là que je veux en venir.
Je dois vous dire que ma circonscription, Essex, touche littéralement la frontière, au carrefour d'échanges commerciaux internationaux le plus achalandé d'Amérique du Nord. Je suis donc très au courant de la situation à cet égard. J’ai aussi passé 25 ans dans une entreprise qui faisait du commerce international. J'inscrivais tous les merveilleux petits numéros tarifaires, et je suis donc assez informé de ce dossier.
Pour ceux qui ne le savent pas, l’ASFC est l’organisme qui supervise l’importation et l’exportation sécurisées des marchandises à destination et en provenance du Canada. L’Agence sera l’organisme chargé de mettre en œuvre une grande partie de l’ACEUM à mesure que des marchandises passeront par les 1 200 points d’entrée et de sortie du Canada. Les modalités de l'ACEUM entreront en vigueur le premier jour du troisième mois suivant le dernier avis de ratification entre les parties.
J’ai quelques brèves questions à poser, après quoi j’aimerais avoir votre avis.
Les entreprises semblent s’inquiéter de la mise en œuvre et se faire notamment du souci au sujet de la période de transition de 90 jours. Étant donné que l’ASFC est l’organisme qui mettra en œuvre une grande partie de l’ACEUM et que, dans la lettre de mandat du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, il n’est pas précisément question de la mise en œuvre de l'ACEUM — il y a cinq points sur le contrôle des armes à feu, mais rien sur la mise en œuvre de l'ACEUM —, craignez-vous que l’ASFC ne soit pas prête pour le premier jour du troisième mois? Vous a-t-on fait part d'inquiétudes à ce sujet?