:
Nous allons commencer tout de suite, puisque nous sommes un peu en retard.
Je souhaite la bienvenue à tous à notre 128e réunion.
Quelques députés sont nouveaux ici. Messieurs Saganash, Deltell, Vandal et Casey, je vous souhaite la bienvenue.
Nous commençons l'étude du projet de loi .
Nous recevons à titre de témoins la députée Mme Georgina Jolibois ainsi que M. Morley Googoo, chef régional de l'Assemblée des Premières Nations, qui représente la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador.
[Traduction]
Nous pourrions donc commencer avec vous, madame Jolibois, puisque vous défendez ce projet de loi?
:
Mahsi cho. Merci beaucoup. Je voudrais tout d'abord remercier les membres du Comité de m'avoir invitée à expliquer l'instauration de la Journée nationale des peuples autochtones comme jour férié.
Je suis très heureuse du soutien que mon projet de loi a reçu de tous les partis tout au long du projet de réconciliation du gouvernement avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada.
Je tiens à souligner que cette idée d'instaurer une Journée nationale des peuples autochtones ne vient pas de moi, mais du travail de plusieurs générations d'Autochtones avant la mienne. Elle découle aussi du travail des peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui, d'une année à l'autre, n'ont jamais manqué de célébrer le 21 juin.
Ces célébrations sont profondes et vibrantes. Je vous encourage à vous renseigner à leur sujet. La Journée nationale des peuples autochtones fait actuellement partie du programme Le Canada en fête!, quatre journées de célébration que le gouvernement parraine chaque été pour honorer dans tout le pays les gens à qui le Canada doit sont caractère exceptionnel.
Vous savez probablement que le 21 juin marque le solstice d'été, la plus longue journée ensoleillée de l'année. C'est donc un jour très spécial pour de nombreux Autochtones, qui se sentent profondément liés au territoire sur lequel ils vivent et dont ils sont inséparables.
Pendant votre étude du projet de loi , vous entendrez beaucoup parler des pensionnats, de l'appel à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation et plus particulièrement de son appel à l'action no 80, dans lequel elle nous demande d'honorer les survivants, leurs familles et leurs communautés afin que l'on n'oublie jamais les traces indélébiles que ces pensionnats laissent dans l'histoire.
J'ai déposé ce projet de loi dans l'esprit de l'appel à l'action no 80. Je reconnais que son libellé ne correspond pas exactement à celui de l'appel à l'action, mais je suis convaincue qu'il en respecte les intentions. Vous vous souviendrez que l'initiative des pensionnats visait à éliminer la culture et la présence des Premières Nations, des Métis et des Inuits parce qu'ils ne faisaient pas partie de la société canadienne. Le gouvernement était persuadé que les Premières Nations, les Métis et les Inuits n'avaient aucun avenir possible dans ce pays. L'histoire n'a pas favorisé les peuples autochtones, mais les peuples autochtones continuent à survivre et à participer en toute bonne foi aux travaux de tous les ordres gouvernementaux.
Les Premières Nations, les Métis et les Inuits veulent entretenir une relation positive avec le gouvernement fédéral. Je suis convaincue que les décisions de ce comité influeront sur les progrès de cette relation.
Je tiens à souligner que je comprends pour quelles raisons certains désirent choisir une autre date que celle que je propose dans ce projet de loi. L'appel à l'action no 80 demande en fait une journée de la vérité et de la réconciliation visant très particulièrement à honorer les survivants et à commémorer les séquelles causées par les pensionnats. La journée du chandail orange semble parfaite pour cela.
Avant de déposer ce projet de loi, j'ai beaucoup réfléchi à cette journée du chandail orange. Quand j'ai consulté mes collègues et ma communauté, j'étais convaincue que le 30 septembre serait une bonne date. Toutefois, si nous considérons tout le contexte de la réconciliation, je crois que le 21 juin devrait être un jour férié. À mon avis, les Premières Nations, les Métis et les Inuits n'incarnent pas uniquement les traumatismes qu'ils ont subis.
J'ai déjà affirmé que le fardeau de la réconciliation relève du gouvernement et non des peuples autochtones. Je crois que si nous ne désignons qu'un seul jour férié pour reconnaître les peuples autochtones du Canada, cette journée doit célébrer la culture, la vie, les moeurs et l'avenir des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
La journée des peuples autochtones ne doit pas uniquement célébrer les excuses qu'a présentées le gouvernement fédéral pour ce qu'il a fait et pour commémorer la période sombre des pensionnats. Il est crucial de se souvenir du passé, mais je crois qu'un plus grand nombre de Canadiens profiteront d'une journée d'activités éducatives, de célébration et de guérison soulignant le patrimoine et la vie des Autochtones. Les Canadiens pourront, en cette journée, pleurer le passé, célébrer le présent et se réjouir de l'avenir.
Les peuples autochtones ont choisi le 21 juin comme Journée nationale des peuples autochtones. Ils l'organiseront de manière à célébrer leur culture et leurs contributions. En reconnaissant ces contributions et en acceptant la date du 21 juin choisie par les peuples autochtones, le gouvernement ferait un pas de géant dans le processus de réconciliation.
Si le projet de réconciliation vise à corriger les torts que nous ont infligés les pensionnats, la Journée nationale des peuples autochtones accomplira l'opposé de ce que les pensionnats visaient à accomplir. Ils soulignaient les différences entre les Canadiens et les peuples autochtones pour faire de la discrimination et pour éliminer la culture autochtone. La Journée nationale des peuples autochtones honorera ces différences. Elle aidera les Canadiens qui normalement n'ont pas l'occasion de rencontrer des Autochtones dans leurs collectivités à comprendre les cultures autochtones, à regarder la vie de leur point de vue et à apprendre quelque chose de leurs voisins.
Quand je me demande quelle date contribuerait le mieux à améliorer la relation entre les Autochtones et les autres citoyens du Canada, la réponse est toujours le 21 juin, Journée nationale des peuples autochtones.
Le 21 juin est une journée de fête dans les communautés, de concerts et d'activités scolaires. On y organise des grillades, des défilés, des repas communautaires, des cérémonies. On visionne des films et l'on donne des leçons dans tout le pays. L'année dernière a marqué l'une des plus vastes célébrations de la Journée nationale des peuples autochtones. On a donné des concerts partout au pays, que les gens ont pu regarder en direct au site Web de la chaîne APTN, la chaîne des peuples autochtones.
De nombreuses personnes suggèrent que nous célébrions ces choses différemment. Elles ont raison. Les Premières Nations, les Métis et les Inuits pourraient honorer chaque jour ce qu'ils ont accompli. Chaque jour, j'ai l'occasion d'apprendre de mes aînés dénés et de transmettre leurs enseignements à d'autres. De nombreux Autochtones partout au pays ont l'occasion de suivre leurs traditions, de transmettre leurs récits, de vivre une vie autochtone.
Pour une vraie réconciliation, il faudra que la société canadienne apprenne à apprécier et à comprendre plus profondément les coutumes que moi-même et d'autres appliquons quotidiennement. Le 21 juin donne aux peuples autochtones une occasion d'exprimer publiquement leur fierté de ce qu'ils sont et de leurs racines culturelles.
À mon avis, la Journée nationale des peuples autochtones apporterait beaucoup plus de bienfaits à l'avenir de ce pays qu'une journée de commémoration des séquelles causées par les pensionnats. Autrement dit, je suis d'accord qu'il ne serait pas très bon que ce comité choisisse une journée de vérité et réconciliation et je suis fortement convaincue qu'il ferait mieux de choisir le 21 juin comme jour férié de la Journée nationale des peuples autochtones.
Merci de m'avoir accordé de votre temps.
Masi cho.
:
Ce projet de loi préconise la création de ce jour férié national. Cela favorisera la réconciliation. Dans mon rôle de chef régional, j’ai vu de mes propres yeux le pouvoir que nous avons aujourd’hui quand nous rassemblons les gens. Nous avons eu la rencontre de paix et d’amitié de Grand-Pré l’an dernier, où nous avons rassemblé la communauté acadienne pour contribuer à la réconciliation, pour examiner comment nous allons traiter les uns avec les autres, comment nous pourrions nous connaître.
Comme l'a dit Georgina, il n'y a pas beaucoup de gens qui viennent dans la réserve pour voir cela. Ils adoreraient se plonger dans notre culture et observer notre identité, mais comment allons-nous les y exposer?
Alors nous nous sommes rassemblés dans un parc national, et nous avons attiré plus de 30 000 personnes. C'était une occasion incroyable de voir un autre groupe de la société, un groupe allié, qui apprenait à comprendre nos récits. Si nous restons « loin des yeux, loin du coeur », nous n'encouragerons jamais le dialogue, et c'est justement ce qu'il faut pour effectuer une réconciliation réelle dans ce pays. Il faut que nous nous éduquions les uns les autres.
Les médias se concentrent surtout sur les circonstances négatives. Les Premières Nations font face à des épidémies de suicide, ils n'ont pas assez de logements abordables, ils paient plus cher pour les aliments, et bien d'autres problèmes cruciaux. Cette année, l'Angus Reid Institute a publié les résultats d'une étude indiquant que 61 % des Canadiens sont convaincus que leur relation avec les Autochtones s'améliorera. Il nous suffit de trouver des espaces, des endroits et un peu de temps dans nos vies hyperactives pour y parvenir.
En fêtant le 150e anniversaire du Canada, nous avons dit que nos engagements du 150e n'étaient qu'un premier pas dans la prochaine période de 150 ans. Pour cela, nous devrons faire des dépôts plus profonds. Il est crucial que l'organisation de journées comme celle-ci ne cause pas d'inconvénients. L'inconvénient, c'était que l'on nous a enlevé nos terres, notre culture et notre identité. Nous avons besoin de bons dirigeants pour développer un respect mutuel et de la confiance les uns envers les autres. Il nous faut du leadership pour investir fermement dans la confiance. Il est vraiment important que nous fassions tout notre possible pour répondre aux 94 autres appels à l'action.
La Commission de vérité et réconciliation et la Déclaration des Nations unies demandent à tous ces intervenants de participer et d'échanger de bonnes idées et de travailler ensemble pour organiser des célébrations, pour recueillir de l’information et de consacrer du temps comme nous le faisons ici pour éliminer le manque d’éducation et le racisme qui existent chez nous. Je pense qu’il est important que nous suivions une approche collective pour y parvenir.
Plusieurs provinces et territoires ont déjà reconnu l'importance de consacrer un journée pour honorer les peuples autochtones. En 2017, le gouvernement du Yukon a adopté une loi faisant du 21 juin un jour férié. Dans les Territoires du Nord-Ouest, on célèbre ce jour férié depuis 18 ans. Ce n'est pas nouveau. L'Assemblée des Premières Nations demande que l'on adopte une loi comme celle-là depuis 1982.
La Commission royale sur les peuples autochtones a recommandé que l'on désigne une journée spéciale, et l'Assemblée générale des chefs a présenté plusieurs résolutions portant expressément sur cette question. Parmi elles, il y a l’appel à l’action no 80, qui demande justement l'application des mesures proposées dans ce projet de loi. Je sais que le Canada vient de promettre de créer un jour férié fédéral pour souligner les séquelles qu'ont causées les pensionnats. Nous serons heureux quand il annoncera une date pour honorer l’histoire de cette période, comme le demandent les appels à l’action de la Commission.
Je voulais vous dire une autre chose. J'ai reçu un appel de deux membres de ma communauté de Millbrook. Je suis responsable de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve. Je m'occupe de 13 communautés en Nouvelle-Écosse. L'appel venait de Linda Maloney et Matilda Bernard, une des soeurs de Nora Bernard, qui a entamé un recours collectif de gens de tout le pays. Je leur ai promis que j'exprimerais leurs opinions si j'en trouvais l'occasion, alors voilà pourquoi j'ai ouvert cette parenthèse dans mon allocution. Je voulais être sûr de vous transmettre son message.
Elle m'a dit: « Morley, nous serons vraiment heureuses que tu leur parles d'une journée de vérité et réconciliation, mais on ne doit pas choisir le 21 juin, et pas la Journée du chandail orange non plus ».
Elle a ajouté: « Je ne veux pas choisir une date, mais je vais te dire pourquoi. Septembre était le mois où nous devions tous quitter nos familles, donc ce n'était pas un mois heureux pour nous. Juin était une période heureuse parce que nous rentrions à la maison pour revoir nos familles. Il est important qu'au lieu de lancer un débat pour choisir entre le 21 juin et la Journée du chandail orange, tu expliques ces choses aux personnes à qui tu t'adresseras là-bas ».
Alors aujourd'hui, j'ai tenu la promesse que je leur avais faite.
Je veux vous remercier tous. Je le répète, il est important de nous occuper de la vérité et de la réconciliation. Avons-nous besoin d'un autre jour férié et de tout cela? Oui, je le crois bien. Quand une statue de Cornwallis à Halifax enflamme les esprits et cause un problème à l'échelle nationale, on comprend tout ce qu'il faut encore y investir. Il ne faut pas avoir peur. Faisons sortir le poison. Noyons-le avec une génération de jeunes dirigeants qui ne laisseront pas le bon vieux manque d'éducation leur faire un lavage de cerveau. Il faut que les peuples autochtones réussissent et que nous développions cette relation.
Nous devons affirmer fièrement et à voix haute que nous réussirons à accomplir la réconciliation au cours des 150 ans qui viennent. Il ne faut pas que ces affirmations disparaissent en petites bribes avec les discours de Canada 150.
C'est tout ce que j'avais à vous dire. Je vous remercie beaucoup.
:
C'est à cette époque que cela a commencé, alors il y a longtemps qu'on se penche là-dessus.
Puis, quand je suis devenue mairesse, c'était gratifiant, car mon conseil de l'époque appuyait la célébration, pas le jour de congé, mais bien la célébration et le rassemblement du 21 juin.
J'ai été mairesse pendant 12 ans, de 2003 à 2015. Au fil des ans, j'ai parlé à des politiciens, à des organismes et à des aînés. Peu importe où je vais, je reçois les commentaires des aînés, c'est ma façon de travailler. Je reçois des commentaires des enfants d'âge scolaire, des enseignants, même des policiers et tous les autres. Mes conversations avec les Canadiens partout au pays se sont faites de façon inclusive.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Merci à vous deux, sincèrement. Il s'agit d'un moment enthousiasmant pour moi, comme parlementaire, que de venir ici, particulièrement avec Romeo Saganash assis à mes côtés. Je pense que c'est probablement la plus grande découverte pour moi comme député de Longueuil et de la Rive-Sud de Montréal. Je connais Kahnawake, qui est juste à côté de ma circonscription, mais la réalité et le processus de réconciliation qui a cours m'ont beaucoup ému.
Chef Googoo, j'ai beaucoup apprécié que vous soyez venu ici avec des artefacts, vous avez présenté un concept qui m'a bouleversé, quand vous disiez ne pas parler d'artefacts de musée ou d'objets dans une vitrine, mais d'objets sacrés, de choses très spirituelles et émotionnelles. Je pense que cela a eu un effet profond sur moi et je crois que cela a atteint tout le monde ici. Votre point de vue est intéressant.
Je dois dire que le Comité a eu la chance de parler du jour du Souvenir, le 11 novembre, et nous pourrions voir de bonnes intentions de toutes les parties. Les gens étaient soit pour ou contre, mais ils souhaitaient tous rendre hommage à nos anciens combattants. Je ne crains pas cette discussion. Je crois que votre point de vue est très valable et je crois que le choix de la journée devrait revenir aux Premières Nations.
Je pense que Mme Jolibois, ma chère collègue, a déjà mené de nombreuses consultations. Si l'idée est d'effectuer une réconciliation, je voulais vous demander quel serait le plus grand avantage du 21 juin, du point de vue de la réconciliation.
Je dois vous dire que lorsque Romeo nous a invités à la célébration du solstice le 21 juin avec Peter Decontie, le gardien du feu, cela a été un choc spirituel pour moi. Je dois dire qu'à mes yeux, cela a été un grand moment de réconciliation dans ma petite vie de Blanc.
Comment cela peut-il être possible de mieux partager et de mieux favoriser cette réconciliation dans tout ce pays?
:
Merci de votre question.
En tant que personne autochtone, j'ai grandi dans un territoire de piégeage et on m'a appris à prêter attention aux saisons et à la terre, à vivre de la terre. Les aînés m'ont enseigné et continuent à enseigner dans ma région. Les aînés enseignent aux enfants. Ils vont régulièrement dans les écoles pour enseigner. Le 21 juin, comme transition, représente la fin du printemps et le début de l'été, le passage de l'un à l'autre. Par ailleurs, c'est le jour le plus long.
Les aînés nous font voir les possibilités. Nous sommes habitués aux traumatismes et à la douleur. Il est très important de se sortir de ces traumatismes et de cette douleur pour aller de l'avant et il faut que tout cela ait un sens. Nous prêtons attention à la terre, à l'eau et aux saisons, beaucoup des discussions que j'ai eues en sont issues.
L'occasion est excellente pour la réconciliation, la guérison, la réunion et la construction. C'est là ce que je veux dire.
:
Tout à fait. Mes aînés m'ont dit qu'ils étaient très heureux que le gouvernement fédéral daigne seulement envisager cela. Ce serait fantastique qu'elle soit en juin, mais si l'on choisit septembre, nous serons heureux également. Il est important de ne pas perdre de vue l'objectif.
L'autre chose que je voulais mentionner est que dans nombre de réunions auxquelles j'ai participé, nous avons pris exemple sur la Nouvelle-Zélande. Je reviens tout juste d'une conférence sur le logement à Vancouver, où il était question des Autochtones et de la façon dont ils travaillaient ensemble. Eh bien, il y a 58 nations autochtones différentes ici, alors cela devient un peu plus difficile de ne pas tous nous mettre dans le même panier. C'est ce qui a créé le désordre au départ: le fait de nous appeler les « Indiens », puis les « Premières Nations », puis les « Autochtones » — la nouvelle étiquette.
Il est temps que nous nous tenions debout comme nations pour investir cette journée. Évidemment, vous ne saurez pas de quoi aura l'air ce jour férié, car nous n'avons jamais pris d'engagements assez sérieux envers la réconciliation pour voir à quoi cela pourrait ressembler. Nous devons résister à la peur.
Je vous dis que lorsque je me rends en classe et que je parle à des enfants de 9 ou 10 ans, ils en savent plus que les adolescents dans certains cas, et ce, même dans les écoles provinciales. Je dis que même si notre population adulte n'effectue pas ce changement de paradigme, ces enfants le feront. Ils ont compris comment...
:
Merci, madame la présidente et madame Jolibois.
[Français]
Merci d'être ici.
[Traduction]
Monsieur le chef régional, merci.
Mes excuses pour être sorti de la salle, mais je peux vous dire que vous avez mon appui pour une journée. Je crois que les détails peuvent être réglés. Par ailleurs, si mon arrière-grand-mère, une pure Crie, Lucy Brown Eyes, était ici, elle serait heureuse. Elle dirait quelque chose comme ceci.
[Le député s'exprime en cri.]
C'est ce qu'on dit en cri pour: « Les invités sont les bienvenus, il y a de la place ici. » C'est cela, l'esprit de réconciliation que nous devons instaurer, je crois.
Je voulais juste dire que nous devons porter attention à notre langage. Chaque fois que nous envisageons un jour nouveau où il sera question de dépenses, les tensions peuvent éclater. Je pense que nous devrions nous rappeler que le Canada moderne n'existerait pas sans les peuples autochtones, sans la prise de terres et sans la honte et la douleur des pensionnats.
Ce pays s'est bâti sur le dos des peuples autochtones. On ne pourra pas dire qu'un congé fédéral se fera sur le dos des Canadiens, s'il se fait. Utilisons notre langage et nos mots avec prudence.
Nous parlons de 11 millions de dollars. Je suis heureux de voir un congé fédéral honorer la culture et l'histoire autochtones pour 11 millions de dollars. Je serais pour, même si c'était plus cher.
Je vais me tourner vers vous d'abord, monsieur le chef régional, puis ce sera à Mme Jolibois. Comment ce type de journée — dans sa forme plus large, comme l'a décrite Mme Jolibois dans son témoignage — nous aidera-t-elle dans notre parcours vers la réconciliation?
:
Examinons les dates que nous avons en ce moment.
La fête du Canada me semble logique; une fête nationale qui nous donne l'occasion de travailler dans un esprit de réconciliation. Nous célébrons la fête du Travail et nous rendons hommage à tous les hommes, les femmes et les personnes non binaires qui travaillent fort pour bâtir notre pays. Puis, nous avons la longue fin de semaine de mai. À moins d'y réfléchir vraiment, quelqu'un se souvient-il de ce que commémore la longue fin de semaine de mai? Il s'agit de célébrer la reine Victoria, qui a régné de 1837 à 1901.
J'aimerais qu'au cours de mon mandat au Parlement, nous adoptions une sorte de journée fériée qui pourrait être une déclaration moderne de réconciliation, de sorte que, beaucoup plus tard, lorsque nous aurons 95 ans, dans nos chaises berçantes, nous puissions tous être fiers d'avoir accompli cela.
C'est la question que je vous pose, madame Jolibois. Supposons que nous réglions cette question, de même que la date et les changements qui doivent être apportés au libellé. Disons que dans 20 ans, vous regardiez en arrière. Quels sont les résultats concrets de la mise en place d'une fête nationale autochtone qui vous réjouiront le plus?
:
Je vous remercie de cette question et de votre appui à tous.
Nous progressons aujourd'hui. Je vois un legs positif. Ensemble, nous créons un legs positif. C'est cela que j'entrevois.
Pour ce qui est des résultats, je vois les enfants de mon arrière-petite-nièce de 10 ans des générations à venir. Quand nous serons vieux, nous serons des aînés. On fera appel à moi en tant qu'aînée le moment venu. Malheureusement, c'est vers cela que nous allons tous. Nous serons tous appelés à jouer ce rôle.
Pour nous, les Autochtones, le fait que nous prenions le temps, comme Canadiens, d'honorer, de respecter et d'accepter les Autochtones comme faisant partie de la société canadienne est une étape cruciale, et c'est exactement ce que vous dites. C'est cela que j'entrevois. Le Canada s'est bâti sur le dos des peuples autochtones, et pourtant, nous nous trouvons quand même dans un système marginalisé en ce moment, et nous voulons faire « partie » de l'ensemble. C'est ainsi que je vois les choses.
:
Nous reprenons la séance.
Nous avons parmi nous M. Guylain Thorne et Mme Kathryn Zedde, du ministère du Patrimoine canadien. Je remarque que la troisième personne invitée n'est pas ici.
Merci d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Nous poursuivons maintenant l'étude article par article du projet de loi , . Lorsque nous nous sommes arrêtés, nous en étions à l'article 2 et à l'amendement LIB-1.
Si vous me le permettez, je vous signale que si l'amendement LIB-1 est adopté, les amendements CPC-1 et NDP-1 ne pourront pas être proposés, puisqu'ils modifient les mêmes lignes.
Quelqu'un veut-il parler de l'amendement LIB-1?
Allez-y, monsieur Long.
:
J'aimerais proposer un sous-amendement.
Bien sûr, je suis bien d'accord. Dans l'amendement que nous avons soumis, nous aurions dû inscrire « territoires », mais nous ne l'avons pas fait. Toutefois, je crois qu'il serait vraiment impératif qu'on ajoute aussi que cela doit se faire « en conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment l'article 31 de celle-ci ». Le libellé serait donc le suivant: « [...] des provinces et des territoires, et en conformité [...] »
Personnellement, si vous êtes d'accord, j'aimerais inverser le texte, pour donner plus de poids à cette conformité avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Je vais utiliser le texte anglais, ce sera plus simple. Il s'agirait d'ajouter ceci:
[Traduction]
“and territories must develop and implement a comprehensive national strategy in accordance with the United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples, including Article 31 of that text”, puis le reste du libellé.
Est-ce clair pour vous?
:
Merci au greffier législatif pour cette clarification.
Monsieur Boissonnault, en toute bonne conscience, de la même manière que vous m'avez dit que notre travail au sujet de la définition ne serait pas perdu et que notre texte serait à tout le moins envoyé au rédacteur législatif, j'aimerais souligner une autre chose. Dans la définition en anglais, on dit:
[Traduction]
« aboriginal cultural property includes objects of historical »
[Français]
En français, on ne retrouve pas le mot « inclut ». On ne dit pas qu'un bien culturel autochtone inclut un objet d'importance historique, mais bien que c'en est un. Il y a une nuance ici,
[Traduction]
juste pour que vous le sachiez.
:
Madame la présidente, cet amendement vise vraiment à nettoyer le texte.
[Traduction]
Il remplacerait les lignes 17 et 18, page 1, par l'ajout, avant le mot « autochtones », « de restes humains ou de biens culturels ».
Nous avons également oublié des mots aux lignes 2 et 3, page 2, qui se liraient donc comme suit: « de réacquérir ». Nous ajoutons encore une fois « des restes humains ou des biens culturels », avant le mot « autochtones ».
À la ligne 5 de la page 2, on dirait encore « de restes humains ou de biens culturels autochtones à les restituer ». Le terme « material » s'ajoute en anglais.
Encore une fois, il s'agirait de remplacer les lignes 8 à 11, à la page 2, par ce qui suit: « favoriser la reconnaissance que » et d'ajouter « des restes humains ». Le terme « material » s'ajoute encore une fois en anglais.
Ensuite, on remplacerait la ligne 12, à la page 2, par « des restes humains ou des biens culturels ».
Puis, l'élagage le plus important, si vous voulez, dans cet article consiste à remplacer les lignes 16 à 20, à la page 2, par ce qui suit: « résoudre des revendications contradictoires de communautés ou d'organisations autochtones, ou parmi leurs membres, à l'égard de restes humains ou de biens culturels, d'une manière qui respecte les traditions », et ainsi de suite. Nous avons ensuite « qui permet aux demandeurs de se représenter eux-mêmes ».
C'est beaucoup d'élagage.
Je vais expliquer aux gens ce qui est nouveau et ce qui ne l'est pas.
:
Y a-t-il des commentaires?
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
La présidente: Le titre abrégé modifié est-il adopté?
Des députés: D'accord.
La présidente: Le titre modifié est-il adopté?
Des députés: D'accord.
La présidente: Le projet de loi modifié est-il adopté?
Des députés: D'accord.
La présidente: Puis-je faire rapport du projet de loi modifié à la Chambre?
Des députés: D'accord.
La présidente: Le Comité doit-il demander la réimpression du projet de loi modifié pour usage à l'étape du rapport?
Des députés: D'accord.
La présidente: Merci beaucoup, et merci, monsieur Casey, d'avoir déposé ce projet de loi.
La séance est levée.