Passer au contenu
Début du contenu

ACVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain
Passer à la navigation dans le document Passer au contenu du document






Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent des anciens combattants


NUMÉRO 010 
l
1re SESSION 
l
41e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 15 novembre 2011

[Enregistrement électronique]

  (0845)  

[Traduction]

    Bonjour tout le monde. Nous avons un programme chargé aujourd'hui. Nous allons entendre trois déclarations puis nous consacrerons une demi-heure aux travaux du comité tout à la fin de la séance.
     Nous allons commencer par écouter les témoins qui vont faire des déclarations avant de passer aux séries de questions.
    Je tiens à saluer Greg Owen. C’est avec plaisir que nous le revoyons. Greg est avec EF Voyages culturels Canada. Est également présent, David Robinson, le coordonnateur des voyages étudiants.
    Nous accueillons Susan Mousseau de l’Association Centre Juno Beach.
    Nous accueillons de nouveau David Houghton de la Fondation Vimy.
    Nous sommes ravis de vous avoir tous parmi nous.
    Je crois que vous connaissez tous la procédure. Vous avez 10 minutes au maximum pour faire une déclaration préliminaire. Ensuite, la présidence du comité donnera la parole aux membres du comité désireux de poser des questions.
     Ce matin, nous commencerons par entendre les trois déclarations préliminaires puis nous passerons aux questions. Je pense qu’il est plus efficace de procéder ainsi.
     Monsieur Owen, votre nom est le premier inscrit sur la liste, je vais donc commencer par vous, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, merci. Allez-y, la parole est à vous.

  (0850)  

    Je me nomme Greg Owen et je suis vice-président de Voyages culturels EF au Canada. Je suis chargé des voyages axés sur des événements, y compris les voyages liés à des cérémonies commémoratives.
     Je suis accompagné de Dave Robinson, professeur d’histoire à la retraite de Port Perry, en Ontario. Certains d’entre vous le connaissent peut-être. Depuis 2004, il a accompagné des milliers d’étudiants dans des voyages organisés. C’est un passionné qui ne se lasse jamais d’emmener des étudiants à l’étranger pour qu'ils apprennent l'histoire de divers pays. J’ai apporté un supplément de documentation. Dave et moi nous nous partagerons le temps que vous nous avez accordé pour faire notre déclaration.
    Pendant 45 ans, la mission de Voyages culturels EF a consisté à surmonter les obstacles créés par les langues, les cultures et la distance géographique. Nous collaborons avec des enseignants pour incorporer des voyages dans leur programme d’enseignement et offrir aux étudiants la possibilité d’apprendre en vivant une expérience concrète.
    EF est le leader mondial du secteur privé en matière d’éducation. Nous avons des bureaux dans 50 pays. Depuis 1965, plus de trois millions d’étudiants ont participé à nos voyages organisés.
    Au Canada, nous collaborons avec plus de 3 000 enseignants et autres professionnels. Pratiquement toutes les semaines, des groupes se rendent dans l’une des 300 destinations offertes par EF partout dans le monde.
     Nous aimons beaucoup dire que les voyages forment la jeunesse. Il est facile de constater le changement et la maturité qui se sont opérés chez les étudiants qui reviennent d’un voyage organisé riches d'un nouveau regard porté sur une autre culture et sur le Canada.
    Nous offrons un programme complet de voyages axés sur l’histoire du Canada qui permet aux étudiants d’élargir, ici-même ou à l’étranger, leurs connaissances du Canada. Les enseignants peuvent voyager avec nous pendant leurs vacances ou pour commémorer un anniversaire précis.
     De nombreux enseignants se rendent avec nous aux endroits où nos soldats ont donné leur vie, que ce soit dans des lieux bien connus comme la plage Juno et Passchendaele ou moins connus comme Bergen-op-Zoom aux Pays-Bas, Hong Kong, l’Italie et Beaumont-Hamel. Et, bien sûr, ils vont aussi à Vimy.
    En avril 2007, plus de 1 700 étudiants ont utilisé Voyages culturels EF pour assister au 90e anniversaire de la bataille de Vimy.
     En mai 2010, nous avons emmené 2 400 personnes, étudiants et enseignants de 85 établissements d’enseignement, dans divers endroits du Canada, pour participer aux cérémonies commémoratives du 65e anniversaire de la victoire en Europe et de la libération des Pays-Bas.
    Et pour commémorer le 95e anniversaire de la bataille de Vimy, nous avons planifié 10 voyages qui avaient en commun la présence de tous les participants à Vimy pour les cérémonies organisées par le gouvernement le 9 avril 2012.
     Ce projet de voyage a suscité un grand intérêt, au point où nous prévoyons que 4 000 personnes de toutes les provinces — étudiants, enseignants, cadets de l’Armée et de la Marine — feront le pèlerinage au monument commémoratif du Canada à Vimy le mois d'avril prochain. Ils visiteront également d’autres lieux en Europe.
     Un groupe originaire de Cornerbrook fera le voyage de Vimy à Gallipoli, en Turquie, pour commémorer la bataille à laquelle a participé le Royal Newfoundland Regiment, en 1915, au côté des Australiens et des Néo-Zélandais.
    Les étudiants qui participent à ces voyages organisés spéciaux comptent parmi les milliers d’étudiants qui voyagent avec nous pour visiter les mêmes lieux, mais à d’autres périodes de l’année.
    Dave vous parlera de certains programmes éducatifs qu’il a conçus et que les étudiants suivent dans le cadre de ces voyages.
     Voyages culturels EF met l’accent sur l'établissement de partenariats avec des organismes qui se sont fixés les mêmes objectifs que nous. La Fondation Vimy est l’un de ces partenaires; nous sommes le voyagiste officiel de cette fondation et un commanditaire de ses programmes de bourses. C’est un partenariat qui est très fructueux et qui aide vraiment les étudiants à mieux comprendre ce qui s’est passé à Vimy. Nous collaborons avec la Société d’histoire nationale du Canada dont le siège social est à Winnipeg et qui publie le magazine Histoire Canada et organise la remise du Prix du Gouverneur général pour l’excellence dans l’enseignement de l’histoire canadienne.
    Nous travaillons avec Me to We et Free the Children, des organismes dirigés par des Canadiens remarquables: Craig et Marc Kielburger. Nous avons aussi établi un partenariat avec Evergreen, l’organisme écologiste canadien qui se soucie le plus de tisser des liens plus étroits entre les gens et la nature.
     Pour que les voyages éducatifs demeurent abordables, nous garantissons les prix les plus bas aux étudiants, et les voyages sont gratuits pour leurs enseignants. Nous offrons aussi toute une gamme de bourses et d’aide financière aux groupes désireux de faire un voyage. De plus, nous sommes fiers de pouvoir aider d’autres personnes qui en ont besoin. Par exemple, l'an dernier, nous avons payé les billets d’avion de 20 anciens combattants et de leurs accompagnateurs pour qu’ils puissent assister aux cérémonies du jour de la Victoire en Europe et du Jour de la Libération.
     Nous sommes également très fiers d'avoir collaboré avec des organismes gouvernementaux. Nous avons eu la chance de travailler avec le Cabinet du Premier ministre; M. Geerts, ambassadeur des Pays-Bas; de nombreux députés, notamment M. Stoffer et M. Dykstra; l’ancien ministre Blackburn; des membres du Groupe d’amitié parlementaire Canada-Pays-Bas et aussi avec le général Natynczyk au cours du voyage aux Pays-Bas l’année dernière. Leur soutien était remarquable et très apprécié. Nous continuons aussi à collaborer avec nos ambassades à l’étranger et avec Anciens Combattants Canada.
    Je vais céder la parole à Dave qui parlera du contenu éducatif de nos programmes.
     Pour conclure aujourd’hui, nous avons une courte vidéo qui montre ce que pensent de la commémoration les étudiants et les professeurs qui participent aux voyages.
     Dave.
    En ce qui concerne les commémorations et l’apprentissage par l’expérience, j’ai pu me rendre compte de visu de l’utilité d’emmener des étudiants voir sur le terrain ce qu’ils ont appris dans un manuel. Que ce soit à la plage Juno ou dans les tranchées de Beaumont-Hamel, les étudiants vivent toujours un moment où ils comprennent soudainement ce qu’on leur a enseigné.
    Pendant de nombreuses années, lors de mes voyages avec mes étudiants en Europe, j’ai toujours pris soin de visiter de nombreux champs de bataille où ont combattu des soldats canadiens. Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant que d’autres écoles nous demandent si elles pouvaient nous accompagner. En 2004, j’ai dirigé le voyage d’un groupe de Durham — que je jugeais important à l'époque — de 150 personnes, enseignants et étudiants, qui se rendait à la plage Juno pour commémorer le 60e anniversaire du jour J. Ce pèlerinage initial a été suivi d’autres voyages d’étudiants pour commémorer la bataille de Hong Kong, la bataille d’Ortona, le 90e anniversaire de la bataille de Vimy et le 65e anniversaire de la libération des Pays-Bas.
    Depuis 2004, j’ai accompagné plus de 11 000 personnes, étudiants et enseignants, dans des voyages commémoratifs. Pendant ces pèlerinages, les étudiants sont jumelés à un ancien combattant qu’ils représentent lors des cérémonies commémoratives en portant fièrement son nom. Sinon, l’étudiant peut choisir un membre de sa famille qui a participé à une mission militaire canadienne, de la guerre des Boers à l’Afghanistan. Les étudiants font des recherches sur leur soldat pour pouvoir s’identifier à lui. Lorsqu’ils visitent son cénotaphe, ils prennent pleinement conscience de son existence, et je peux vous assurer qu’ils en gardent un souvenir inoubliable.
    Pour notre prochain voyage, j’ai conçu le programme « Nous nous souviendrons ». Chaque école est jumelée à un cimetière du Commonwealth où sont enterrés des soldats canadiens de leur bataillon local ou provincial et visitera ce cimetière. Chaque élève est jumelé à un soldat mort le 9 avril et à un soldat enterré dans le cimetière jumelé à son école. Chaque élève placera un « lampion du souvenir » au cénotaphe de son soldat au cours de la cérémonie commémorative organisée par son école au cimetière.
    En outre, chaque école participera au projet du drapeau « Nous nous souviendrons ». Chacune a reçu un morceau du drapeau « Nous nous souviendrons ». Après avoir récité le serment du souvenir de la Légion canadienne, l’étudiant signera son nom sur le drapeau en guise d’acceptation de son serment. Une fois les signatures apposées, les morceaux de drapeau provenant de toutes les écoles seront cousus ensemble pour être présentés à notre gouvernement le 9 avril.
    Permettez-moi maintenant de remettre un morceau de drapeau au comité, de manière à ce que vous puissiez y apposer vos signatures comme les étudiants. Nous comptons maintenant 144 établissements d’enseignement de chaque province du Canada. Si j’étais un parti politique, j’aurais 144 sièges. J’aimerais que votre morceau de drapeau soit cousu à nos morceaux.
    J’aimerais aussi vous dire que je suis prêt à revenir à Ottawa pour rencontrer votre caucus et lui remettre un morceau de drapeau afin que tous les membres de votre parti puissent aussi se joindre à nous et relayer ce message dans leurs collectivités.
    Chaque étudiant signera aussi un morceau du drapeau « Nous nous souviendrons ». Les morceaux seront cousus ensemble pour former un drapeau du souvenir qui sera conservé à l’école. Chaque morceau aura une feuille d’érable au centre, le nom de l'étudiant en haut et celui du soldat de chaque côté. Sous le nom de chaque soldat, l’étudiant inscrira l’histoire du soldat et un hommage.
    Les écoles coudront les morceaux de drapeau ensemble avec une bordure blanche de dix pouces. Lors d’une cérémonie à l’école, les étudiants qui ont fait le voyage feront réciter à tous les étudiants de l’école le serment du souvenir. Puis, tous les étudiants signeront leur nom sur le drapeau du souvenir de l’école.
    Notre programme « Nous nous souviendrons » amènera aussi nos étudiants à relever symboliquement et littéralement le défi de John McCrae. Le 8 avril, un bon nombre de nos étudiants allumeront le flambeau du souvenir à la ferme Essex et l’apporteront au monument commémoratif du Canada à Vimy. Le matin du 9 avril, chaque étudiant aura l’occasion de transporter un flambeau du souvenir au cours de la marche silencieuse des étudiants au monument commémoratif du Canada à Vimy. Quatre-vingt-quinze ans après, jour pour jour, la jeunesse du Canada sera de nouveau unie lorsqu’elle gravira la colline du monument commémoratif du Canada à Vimy.
    À l’occasion d’une cérémonie organisée par les étudiants au cimetière no 2 et pendant la cérémonie nationale au monument commémoratif du Canada à Vimy, nos étudiants allumeront une flamme symbolique éternelle. Le soir, tous les étudiants se rassembleront pour le souper et pour la cérémonie de la « naissance d’une nation ». Je vous invite à vous joindre aux étudiants le 9 avril à Vimy pour partager avec eux leur fierté envers leur pays et leur histoire, pour les accompagner, marcher avec eux et célébrer en leur compagnie.
    L’année 2017 marquera le 100e anniversaire de la bataille de Vimy et le 150e anniversaire du Canada. Nos étudiants retourneront là-bas en 2017 pour rapporter au Canada le « Flambeau du souvenir de Vimy », puis traverseront le Canada d’école en école et termineront leur voyage sur la Colline du Parlement, le 1er juillet.
    Monsieur le président, je peux vous assurer que les étudiants canadiens ne manquent pas d’intérêt et qu'ils se souviennent. Et leur passion pour le souvenir est contagieuse. Je vous demanderais de prendre le temps de vous demander si autant de jeunes sont motivés à assister au 95e anniversaire, combien seront-ils au 100e anniversaire?

  (0855)  

    Merci, Dave.
    La vidéo que je vais vous montrer dure environ trois minutes. J'espère qu'elle sera terminée dans le temps qui m'est attribué.
    Pour terminer, je veux vous parler de ma propre expérience. Mon arrière-grand-père était un ancien combattant de la Première Guerre mondiale et il a quitté l'Angleterre pour émigrer au Canada.
    Je sais que les étudiants vivent une expérience à nulle autre pareille pendant ces tournées. Nous voulons vraiment que les étudiants deviennent des citoyens du monde. Pendant ces tournées, ils accomplissent diverses choses.
    Premièrement, ils se rappellent les sacrifices de nos prédécesseurs et ils tirent les leçons du passé.
    Deuxièmement, leurs manuels scolaires prennent vie. Ils en viennent à comprendre comment les gens, les lieux et les événements s'imbriquent les uns dans les autres comme s'ils les avaient vécus eux-mêmes.
    C'est aussi pour eux l'occasion de célébrer le Canada. Ils prennent connaissance de notre rôle dans le monde et reviennent chez eux forts d'un engagement renouvelé dans l'avenir de notre pays et de leur collectivité.
    Merci, Greg.
    [Présentation audiovisuelle]
    Le président: Merci beaucoup. Cela a dépassé un peu le temps alloué, mais je suis sûr que les membres ne nous en voudront pas qu'on ait pris un peu de leur temps de parole.
    Merci beaucoup.
    Nous passons maintenant à Mme Mousseau, qui a 10 minutes pour faire son exposé.

  (0900)  

    Je m'appelle Suzanne Mousseau et suis la directrice principale de l'Association du Centre Juno Beach. Je suis la fille de Lise Cooper, cofondatrice du Centre Juno Beach, et de feu Georges Cooper, ancien combattant du jour J. Mon grand-père était ancien combattant de la Première Guerre mondiale.
    Pour ceux qui ne connaissent peut-être pas la Juno Beach Centre Association, que l'on appelle aussi la JBCA, il s'agit d'une organisation caritative associée au musée du Centre Juno Beach, situé à Courseulles-sur-Mer, en Normandie (France).
    Nous tenons d’abord à remercier Anciens Combattants Canada pour son programme « Le Canada se souvient », grâce auquel les Canadiens sont sensibilisés aux sacrifices et aux contributions de nos anciens combattants, et pour ses nombreuses initiatives visant à encourager l’ensemble des Canadiens à participer activement aux activités liées au souvenir et à la commémoration.
    Dans le même ordre d'idées, les objectifs de la JBCA sont également liés au souvenir et à la commémoration. Grâce à nos programmes de sensibilisation destinés aux jeunes, nous prenons conscience de la valeur de l'éducation pour veiller au maintien du souvenir et de la commémoration. Nous espérons que le processus qui consiste à faire connaître nos concepts et à prendre acte de ceux des autres sera avantageux pour tous.
    Nous avons établi notre exposé en nous appuyant principalement sur les quatre questions et concepts suivants: les mesures prises par le Centre Juno Beach en ce qui a trait à ses services commémoratifs pour les anciens combattants, les mesures prises pour sensibiliser les élèves à la commémoration, les réflexions sur les idées et concepts employés concernant la commémoration au XXIe siècle et, enfin, les liens que nous entretenons avec les enseignants qui ont visité le Centre Juno Beach ou participé à notre voyage de perfectionnement professionnel pour les éducateurs.
    Nous les aborderons un par un puis, espérons-le, nous aurons le temps de répondre à toutes vos questions.
    Les services commémoratifs pour les anciens combattants prennent diverses formes. Nous organisons de grandes cérémonies de commémoration les 6 juin et 11 novembre. Le personnel essaie de passer du temps et de s'entretenir avec chaque ancien combattant qui visite le centre. Des événements spéciaux ont lieu pour des groupes régimentaires ou des groupes comptant d'anciens combattants dans leurs rangs. Le centre organise des séances de signature de livres par des historiens et des cérémonies de dévoilement. Des expositions spéciales temporaires ou itinérantes sont consacrées aux anciens combattants. La visite du musée comporte un système de passeports qui permet d'intégrer les biographies d'anciens combattants. Nous tenons par ailleurs une collection de récits recueillis de la bouche d'anciens combattants canadiens ainsi qu'un album souvenir dans lequel les familles peuvent relater des récits.
    Le concept suivant est la sensibilisation des enfants. On peut le diviser en trois catégories: les programmes éducatifs, les programmes de réseautage et les activités de financement.
    Au titre de l'éducation, le Centre Juno Beach offre des programmes destinés aux écoles élémentaires et secondaires. Notre programme de niveau élémentaire s'intitule « Un Canadien le jour J » et « Une infirmière canadienne pendant la bataille de Normandie ». Il s'agit d'une séance de narration accompagnée d'artéfacts que les enfants peuvent toucher pendant laquelle les enfants de huit à onze ans peuvent interagir avec un Canadien ou une Canadienne servant de jeune guide. Portant un uniforme de soldat ou d'infirmière, le ou la guide raconte à la première personne l'histoire d'un Canadien ou d'une Canadienne en Normandie en 1944.
    En entendant les souvenirs et les témoignages de véritables soldats et infirmières du Canada, les enfants sont sensibilisés beaucoup plus directement aux réalités de la guerre. Ce programme unique existe depuis cinq ans. Les notions complexes, comme celles des alliés traversant l'Atlantique, de l'éloignement du foyer, de la peur et de la fatigue de même que du retour au Canada en tant que personne transformée, sont mieux comprises par les enfants grâce à ce programme novateur.
    Notre programme de niveau secondaire s'intitule « Meuble à histoire ». Il s'agit d'une animation au cours de laquelle les élèves peuvent manipuler une grande sélection d'artéfacts de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant qu'un guide du CJB donne des explications sur chaque objet, les élèves explorent un certain nombre de thèmes importants liés au quotidien d'un soldat canadien en Normandie.
    L’idée de s’enrôler volontairement, le sentiment d’appartenance, la camaraderie, l’amitié, le moral, la peur, la nourriture, la faim, l’hygiène, les relations avec les civils français et les lettres de leurs proches. Les enfants prennent connaissance de ces concepts et peuvent ainsi mieux comprendre les difficultés auxquelles les soldats canadiens et leur famille ont fait face.
    Outre les programmes scolaires, le Centre Juno Beach a des expositions permanentes adaptées aux jeunes auditoires et mettant en vedette Peter et Madeleine, les deux jeunes personnages créés pour accompagner les jeunes pendant les expositions. Il y a aussi des jeux familiaux et des jeux-questionnaires pour différents niveaux.
    Le dernier volet de nos programmes éducatifs porte sur le parrainage de pierres. Afin de commémorer le sacrifice des soldats canadiens pendant la Deuxième Guerre mondiale et de souligner le soutien offert par les donateurs, la JBCA met en vente des plaques (ou « pierres », comme nous les appelons) gravées. Ces « pierres » personnalisées sont déposées sur des kiosques situés devant le Centre Juno Beach en Normandie. Deux types de pierres sont disponibles, à savoir les pierres gravées en l’honneur d’un ancien combattant et les pierres plus générales achetées par des donateurs.
    La campagne de pierres commémoratives et le guide de ressources du Centre Juno Beach ont été élaborés en collaboration avec les enseignants des conseils scolaires publics et catholiques d’Halton en l’honneur des sacrifices des soldats locaux ayant combattu lors de la Deuxième Guerre mondiale. Les enseignants et les étudiants commémorent les sacrifices des soldats locaux en effectuant de la sensibilisation et en réunissant des fonds pour l’achat de pierres commémoratives à la mémoire des soldats qui ont fait le sacrifice suprême. Ce projet pilote mené à Halton est devenu le modèle pour de nombreux projets commémoratifs semblables à l’échelle du Canada.

  (0905)  

    Au fil des ans, des milliers d'élèves canadiens de niveau secondaire ont réuni des fonds pour l’achat de pierres et tenu leurs propres cérémonies du souvenir sur place. Le Centre Juno Beach établit et entretient des relations avec des écoles de tout le pays aux fins de sensibilisation et de commémoration.
    Le voyage de perfectionnement professionnel de la JBCA à l’intention des enseignants, organisé tous les ans en Normandie, en était récemment à sa 7e édition. Au total, plus de 150 enseignants canadiens y ont participé.
    En plus d'offrir des programmes éducatifs, le Centre Juno Beach crée des réseaux avec divers conseils scolaires, associations d'enseignants et organisations éducatives.
    Évidemment, le financement est au coeur des préoccupations des enseignants canadiens qui souhaitent que leurs élèves puissent effectuer ce voyage enrichissant. Nous essayons d’aider les enseignants à trouver des solutions créatives en matière de financement. Les échanges entre les écoles de France et du Canada sont nombreux, et le Centre Juno Beach a également établi au fil des ans des partenariats locaux.
    Dans le cadre du processus de l’achat de pierres, les élèves effectuent des recherches sur un soldat en particulier, peut-être un diplômé de leur école ou un parent, et la cérémonie de dévoilement a souvent lieu sur place au CJB. Certains voyagent avec un ancien combattant mais de plus en plus se rendent au Centre avec une mission commémorative particulière au nom d’un ou de plusieurs anciens combattants.
    Lors de ces cérémonies, le CJB invite des représentants français locaux, des survivants du jour J et des travailleurs français qui avaient été recrutés expressément pour la construction du « mur de l’Atlantique »; les élèves peuvent rencontrer toutes ces personnes et entendre leurs récits de vive voix, à l’endroit même où l’histoire s’est écrite. Le résultat est assez unique, puisqu’aucun autre format de cérémonie commémorative ne peut englober autant d’aspects de l’histoire du Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. Évidemment, en procédant de cette façon, nous pouvons également veiller à ce que les élèves comprennent mieux le peuple français que les Canadiens étaient venus libérer.
    Cela conclut notre résumé des activités de sensibilisation des jeunes menées par le CJB.
    Nous passons maintenant à quelques réflexions sur les idées et concepts concernant la commémoration. Grâce aux programmes de guides canadiens, le CJB est résolument attaché à l'avenir de la commémoration. Nos guides, qui représentent la jeunesse d'aujourd'hui, maîtrisent et transmettent l'histoire du Canada au temps de la Deuxième Guerre mondiale. Dans le cadre de notre programme éducatif, ce sont des jeunes qui enseignent aux jeunes la notion de commémoration; dans le cas de nos programmes publics réguliers, ce sont des jeunes qui enseignent à d'autres générations la notion de commémoration.
    Le site du Centre Juno Beach offre une expérience authentique et avec le temps, les rappels tangibles de la guerre revêtent de plus en plus d'importance. La mise en valeur du Parc Juno, grâce à la restauration du bunker et à la récente découverte de tunnels, est extrêmement importante.
    La programmation publique dans le cadre de nos expositions permanentes et temporaires se poursuit, tout comme les présentations publiques régulières animées par nos guides. Nous continuons d’offrir des programmes de sensibilisation dans les écoles de la région et poursuivons l’élaboration d’outils d’apprentissage en ligne de même que la transmission en direct de cérémonies associées à des événements commémoratifs de grande envergure tenus au Canada.
    Le CJB contribue à financer le développement du projet de Bibliothèque et Archives Canada salué à l’échelle nationale et intitulé « Nous nous souviendrons d’eux ». Le projet consiste en la création d’une ressource Web sur la Deuxième Guerre mondiale par Blake Seward, professeur d’histoire et lauréat du certificat de reconnaissance du ministère des Anciens Combattants et du Prix du gouverneur général. Le site offrira de nouveaux outils en ligne et des ressources interactives afin d’aider les élèves à effectuer leurs recherches dans les dossiers de service militaire de la Deuxième Guerre mondiale.
    Le dernier concept est le voyage de perfectionnement professionnel pour les éducateurs au Centre Juno Beach. Le CJB octroie une importante bourse aux enseignants canadiens qui prennent part au Voyage annuel de développement professionnel pour les éducateurs. Les participants assistent à des exposés de niveau universitaire lors de la visite de tous les lieux historiques pendant le voyage. Ils passent du temps avec des anciens combattants et des citoyens français afin de commémorer les sacrifices de nos soldats canadiens. Ce voyage se veut une expérience émotionnelle pour tous les participants et intervenants, lesquels deviennent des promoteurs à vie du centre. Tous les enseignants qui y participent retournent chez eux animés par des émotions vives et le désir de voir à ce que la commémoration dans leurs écoles se poursuive.
    J’aimerais d'ailleurs vous faire part d'une déclaration de l'un des participants:
Le voyage pour les éducateurs au Centre Juno Beach m’a donné l’occasion unique d’en apprendre davantage sur l’histoire militaire de notre pays. Aucune autre expérience de vie ne peut se comparer au fait de marcher sur les champs de bataille de Normandie ou de se tenir debout au milieu des soldats dans les cimetières, où règne un silence envoûtant. Je n’ai jamais rien vécu d’aussi significatif et émouvant pendant mes années d’enseignement. Je suis retourné à la maison après avoir noué de nouvelles amitiés et approfondi ma compréhension de l’histoire, ce qui a donné une nouvelle perspective à ma façon d’enseigner et de travailler avec les élèves.
    Le CJB reste en relation avec tous les anciens participants au voyage au moyen d’un bulletin d’information semestriel. Nous élaborons actuellement la page Facebook et des sites de médias sociaux afin d’entretenir les liens établis avec les enseignants et de voir à ce que ces derniers continuent de s’intéresser aux activités du centre.
    Certaines réalisations montrent l'enthousiasme que déclenche le passage des enseignants ou des groupes scolaires au centre. Une école à Calgary se nomme Juno Beach Academy, et sa cérémonie de remise des diplômes a lieu au Centre Juno Beach. Un groupe fera le voyage pour la quatrième fois et a acheté jusqu’à maintenant 80 pierres commémoratives. Des élèves de tout le Canada participent au programme de vente de pierres commémoratives pour maintenir le souvenir des soldats de leur collectivité.

  (0910)  

    En conclusion, nous pouvons tous encourager les jeunes Canadiens à participer activement aux activités liées au souvenir et à la commémoration, et nous devons poursuivre cette importante mission. La JBCA reconnaît la nécessité pour tous les intervenants d’utiliser leurs ressources afin d’inciter les jeunes Canadiens à poser les questions essentielles et à participer activement à la commémoration et au souvenir, que ce soit par l’intermédiaire des médias sociaux — Facebook et Twitter sont un bon départ — ou par tout autre moyen disponible. Nous espérons que notre intervention au comité saura générer de nouvelles idées et approches qui pourront être diffusées.
    Merci de votre attention. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions, le cas échéant.
    Merci, madame Mousseau.
    Nous passons maintenant à M. Houghton, qui est le dernier intervenant.
    Je m'appelle David Houghton et préside la Fondation Vimy. Notre mission est de préserver et de promouvoir le patrimoine canadien de la Première Guerre mondiale que symbolise la victoire remportée à la crête de Vimy en avril 1917. Cet événement est souvent révéré et considéré comme un jalon de notre histoire et la naissance de notre nation.
    Il y a environ cinq ans, Historica-Dominion a fait auprès des Canadiens un sondage dont les résultats se sont avérés décourageants. Très peu d'entre eux en effet connaissaient Vimy ou tout autre engagement ou guerre auxquels le Canada avait participé. Au niveau national, seulement environ 30 p. 100 en avaient connaissance, ce pourcentage tombant même à 6 p. 100 au Québec. L'éducation relève des provinces et l'enseignement de l'histoire, et en particulier de l'histoire canadienne pendant la Première Guerre mondiale, est très différent d'un endroit à l'autre. En Europe, par exemple, l'Allemagne et la France utilisent le même manuel d'histoire du XXe siècle. Imaginez deux pays qui se sont faits la guerre trois fois en moins de 100 ans s'unir et utiliser le même manuel d'histoire! « Qui a fait quoi » ne les intéresse pas; cela fait partie de notre histoire et nous ne l'enseignons même pas à nos propres enfants.
    Des groupes comme le nôtre sont là pour combler cette lacune.
    Comment la fondation Vimy encourage-t-elle cet apprentissage? Nous le faisons de trois façons. Tout d'abord par ce que nous appelons le Prix Vimy Beaverbrook, qui est une bourse. Il s'agit d'un concours scolaire qui prend diverses formes. On demandait auparavant une simple composition, mais nous acceptons aujourd'hui différents formats artistiques comme la vidéo pour nous adapter aux divers talents et favoriser la participation.
    Les gagnants suivent en Europe deux semaines de cours intensifs offerts par des pédagogues. Ces dernières années, le titulaire d'un doctorat de l'université d'Oxford a emmené des étudiants en Grande-Bretagne, en Belgique et en France. On choisit chaque année douze Canadiens ainsi que deux Britanniques et deux Français. Les candidatures proviennent de presque toutes les provinces. Pour les encourager, Patrimoine Canada nous a récemment offert une subvention, qui ne permet pas d'assumer le coût réel du prix mais qui sert à financer une campagne de sensibilisation dans tout le pays.
    Nous parrainons par ailleurs deux semaines à Rencontres du Canada, programme implanté depuis longtemps à Ottawa, au centre Terry Fox du boulevard Saint-Laurent. Les semaines que nous parrainons portent tout particulièrement sur les guerres auxquelles le Canada a participé. Nous appelons notre programme Semaine de Vimy. Nous parrainons cette année deux programmes d'une semaine qui nous coûtent plus de 100 000 $.
    Le troisième volet de notre action est la sensibilisation. Vous connaissez le Guide pour un pèlerinage à Vimy. Nous avons de notre côté produit l'épinglette de Vimy, que nous souhaitions voir portée par tous les Canadiens pendant la semaine du 9 avril. L'an dernier, où l'année d'avant — je ne me souviens pas exactement —, elle avait été portée par tous les députés et c'est désormais une tradition adoptée d'un océan à l'autre.
    Pourquoi la crête de Vimy et le 9 avril sont-ils importants pour nous? Anciens Combattants fait aujourd'hui un excellent travail de commémoration à l'occasion de cérémonies de dépôt de couronnes. Mais j'aimerais voir, si cela ne fait pas trop maladroit, une composante festive à l'événement. Les Texans par exemple, qui ont perdu tous leurs soldats, saufs deux, à la bataille d'Alamo, ne s'en excusent pas. Au contraire, ils en ont même fait un autocollant de pare-choc qui dit: « Ne vous frottez pas au Texas ». Il y a eu des pertes à la bataille de Trafalgar, à celle de Waterloo. Pour une raison que l'on ignore, ce n'est pas dans notre nature de Canadiens de célébrer une victoire. Nous parlons toujours du maintien de la paix. À la crête de Vimy, c'est presque comme si nous avions tiré la courte paille. Cela faisait partie d'une bataille plus générale, celle d'Arras. Mais nous avons eu Vimy. Nos deux nations mères, la Grande-Bretagne et la France, avaient essayé en vain de la prendre et y avaient perdu plus de 100 000 hommes. Cette crête était généralement considérée comme imprenable.

  (0915)  

    Bien que notre commandant était alors le général Byng, qui allait devenir plus tard le baron Byng et notre gouverneur général, le plan de la bataille du 9 avril avait été conçu par le général Arthur Currie. Il a fait appel à plusieurs programmes différents qui n'avaient jamais été mis à l'essai ou utilisés avec succès. Il a établi un schéma d'attaque qui misait sur un barrage roulant et sur la communication des plans de bataille aux soldats dans les tranchées, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. De tout temps, seuls les officiers avaient accès aux plans de bataille. Lorsque les officiers étaient tués au combat, on se retrouvait bien évidemment avec un groupe de soldats qui ne savaient plus quoi faire. À Vimy, l'information a été communiquée à tout le monde, une bonne illustration du fonctionnement de notre pays et de la démocratie canadienne. Nos mères patries abordaient le combat dans une optique très différente.
    De plus, le plan de bataille a été répété pendant plusieurs mois à l'entraînement. C'était une autre première. Un grand terrain d'entraînement situé à l'arrière du front a permis aux différentes divisions de s'exercer à faire ce qu'on attendait d'elles, notamment quant aux objectifs visés, et à réagir en cas de problèmes. Le tout s'est bien sûr soldé par une réussite retentissante qui, je crois, a surpris tout le monde.
    Le général Currie a été promu au rang de commandant des Forces canadiennes et jamais celles-ci n'ont été dirigées par la suite par un non-Canadien. En outre, le Corps expéditionnaire canadien a poursuivi...
    Soit dit en passant, la bataille de Vimy a été la première où les quatre divisions canadiennes ont livré combat ensemble. Avant cela, nos divisions étaient déployées à différents endroits en fonction des besoins du Corps expéditionnaire britannique. À Vimy, les 100 000 soldats de nos quatre divisions ont livré bataille les uns auprès des autres.
    Après Vimy, le général Currie a planifié et réussi la conquête de ce qu'on a appelé par la suite la Colline 70, puis la capture de Passchendaele, avant de mener à bien l'offensive des 100 jours, une campagne dont très peu de Canadiens connaissent l'existence.
    Mais tout bien considéré, c'est la bataille de Vimy qui a été choisie pour représenter l'effort de guerre canadien. La France nous a donné un terrain de 100 hectares où l'on a érigé ce formidable monument qui est maintenant devenu un site de pèlerinage. C'est toute une expérience de se rendre là-bas.
    Cet effort de guerre a changé l'avenir de notre pays. Non seulement avons-nous signé le traité de Versailles malgré l'opposition de nos alliés américains qui y voyaient un coup de force des Britanniques, mais nous avons eu gain de cause en raison de tout ce que nous avions accompli pour faire plus que notre part, comme nous aimons à le dire. Et ce sentiment de fierté canadienne s'est manifesté au retour des soldats au pays. Peu de temps après, nous avons revendiqué et obtenu le statut de Westminster en vertu duquel le Canada acquérait l'autonomie totale en matière d'affaires étrangères. Le Canada est donc devenu un pays différent en raison de la victoire de Vimy.
    Je vous invite à réfléchir à la possibilité qu'Anciens Combattants Canada envisage de faire de la commémoration de Vimy un événement davantage axé sur la célébration, tout en maintenant bien sûr les marques de respect et de reconnaissance à l'égard des sacrifices consentis à l'occasion du jour du Souvenir.
    Je vous remercie.

  (0920)  

    Merci beaucoup, monsieur Houghton.
    Je crois que vous avez également signalé qu'il a sans doute été le premier chef de guerre canadien à être reconnu par les états-majors européens. C'était donc tout un accomplissement; nous en convenons avec vous.
    Nous allons maintenant passer aux questions des membres du comité en commençant par une période de cinq minutes pour le NPD.
    Monsieur Stoffer.
    D'abord et avant tout, un grand merci pour votre présence aujourd'hui, et un merci tout particulier à chacun de vous pour les formidables efforts que vous déployez afin que nos héros canadiens soient toujours présents à la mémoire des générations futures.
    Monsieur Robinson, j'ai entendu parler de ces voyages outre-mer que tous ces jeunes ont la chance de faire. Il est vraiment extraordinaire que vous réussissiez à mobiliser autant de jeunes intéressés et désireux d'apprendre. Je vous en remercie donc vivement.
    Madame Mousseau, vous avez parlé de ces briques commémoratives que l'on peut acheter à Juno Beach. Combien se vendent-elles?
    Elles se vendent 250 $. Il y en a des plus grandes, mais les briques régulières coûtent 250 $. Nous offrons également de petites répliques en bois qui peuvent servir de cadeaux. Alors si vous faites une donation au nom de quelqu'un, vous pouvez lui remettre...
    Peut-être l'ignorez-vous, mais j'ai déposé à la Chambre il y a un certain temps une motion qui va dans le sens de ce que vous indiquez, à savoir qu'un élève qui a la possibilité d'aller visiter en Europe un cimetière, comme ceux que nous avons vus ici sur l'écran, en revient bouleversé et complètement transformé. Je souhaitais donc notamment encourager le gouvernement fédéral à collaborer avec les provinces, les commissions scolaires, les entreprises ou n'importe quel autre partenaire de telle sorte que tous les élèves canadiens aient au moins la chance de se rendre là-bas pendant leurs études secondaires. Comme c'est un voyage que bien des étudiants et leurs familles ne peuvent pas se permettre, il serait d'autant plus intéressant de leur fournir cette occasion pour qu'ils puissent vraiment faire une idée de ce qu'ont vécu nos soldats et leur être reconnaissants en honorant la mémoire de ceux qui ont tant fait pour notre pays.
    J'aimerais savoir ce que vous pensez d'une motion semblable. Vous paraît-elle justifiée? Y a-t-il autre chose que nous pourrions faire en tant que députés ou sénateurs pour vous aider à amener plus de jeunes en Europe?
    Comme vous le savez peut-être, il y a seulement trois provinces où l'enseignement de l'histoire canadienne est obligatoire. Je crois que la première chose que nous devrions faire, et j'en serais ravi, serait de réunir au même endroit tous nos ministres de l'Éducation qui pourraient nous expliquer les raisons pour lesquelles l'histoire n'est pas enseignée davantage.
    Lorsqu'il est question de commémoration, je pense plus à l'aspect éducation. C'est vraiment notre histoire. Je suis réellement très inquiet. Depuis février, j'ai visité des groupes d'élèves dans 80 écoles d'un peu partout au Canada. Je leur raconte notamment que lorsque je fréquentais l'école secondaire, l'enseignement de l'histoire s'arrêtait pour ainsi dire aux plaines d'Abraham. C'est à quoi se limitait l'histoire du Canada dans les années 1960 en raison notamment de la situation du secteur de l'édition à l'époque. De nos jours, on ratisse beaucoup plus large.
    Les prochaines années, soit de 2012 à 2017, vont être fertiles en événements, car nous allons souligner de nombreux centièmes anniversaires. Ce sera un peu comme ce qu'on a connu dans les années 1960 avec tous ces grands films de guerre comme La grande évasion et Le jour le plus long. Des auteurs révisionnistes des deux côtés de l'océan vont nous dire comment les États-Unis ont gagné la guerre et tout ce qu'ils ont accompli et vont nous raconter les réalisations des Européens.
    Tous les gains importants obtenus par le Canada depuis les années 1960 seront perdus si nous ne collaborons pas pour les souligner. J'estime qu'il nous faut d'abord et avant tout réunir les enseignants et les ministres de l'Éducation pour parler d'histoire du Canada et, plus précisément, de ce qui s'est produit depuis la guerre de 1812. Nous allons d'ailleurs célébrer le deux centième anniversaire de cette guerre dont je pourrais vous entretenir longuement.
    Il y a bien des gens qui ne comprennent pas vraiment comment les choses se passent dans le monde de l'éducation. Il a fallu par exemple deux ans à mon conseil scolaire — je viens tout juste de prendre ma retraite — pour obtenir l'approbation requise afin que je puisse organiser ces voyages. Si un enseignant souhaite amener ses élèves sur la crête de Vimy en 2017, il doit connaître toute la marche à suivre et tous les coûts afin de pouvoir présenter sa demande dès 2015. J'y travaille déjà.
    Les gouvernements ont des échéanciers différents qui ne concordent pas avec ceux du milieu de l'enseignement. Nous avons besoin de délais plus longs, alors il faut amorcer dès maintenant la planification. L'Europe s'emploie déjà à préparer tous les événements qui seront tenus alors que nous n'avons encore rien fait.

  (0925)  

    J'ai une dernière question pour vous. S'il y a un épisode de notre effort de guerre dont nous entendons peu souvent parler, c'est bien celui de la Guerre des Boers. L'an prochain, on en soulignera le 110e anniversaire. Nous n'avons rien fait pour marquer le centième anniversaire de la fin de cette guerre. Il y a eu très peu d'activités de commémoration, mais c'est pourtant ce conflit qui a permis d'établir les tactiques utilisées lors de la Première Guerre mondiale, car c'était la toute première fois que nous pouvions déployer des brigades entières comme unités de combat. Nous avons perdu plus de 250 hommes dans cette guerre d'Afrique du Sud, mais on ne semble pas vouloir beaucoup en parler. C'est la même chose pour la guerre de Corée. J'ai noté que votre exposé ne faisait pas mention de ce dernier conflit; les anciens combattants de la guerre de Corée ne sont pas reconnus comme ils le devraient.
    J'aimerais seulement savoir ce que vous comptez faire relativement à ces deux guerres.
    Dans le cas de la Corée, j'ai reçu le mandat d'essayer de voir ce qui pouvait être fait. Malheureusement, les Coréens ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour les commémorations que nous envisagions.
    C'était la même chose en Afrique du Sud à l'époque, mais dans le cadre de notre programme d'adoption, nous leur permettons de choisir un soldat en les encourageant à établir des liens personnels réciproques.
    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant passer du côté du parti ministériel avec M. Dykstra. Vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur le président. Bien que je ne fasse pas normalement partie de ce comité, je suis heureux d'avoir l'occasion d'être ici ce matin.
    Il s'agit bien évidemment d'un sujet très intéressant, d'autant plus que j'ai eu l'occasion de vivre vendredi dernier ma propre petite expérience personnelle lors de nos cérémonies du jour du Souvenir. Nous marchons alors depuis le bureau de la Légion au centre-ville jusqu'au Monument commémoratif de guerre en faisant de notre mieux pour suivre le pas des anciens combattants qui sont bien meilleurs que nous à cet exercice. Normalement, tous les écoliers attendent notre arrivée au monument, mais, chose intéressante, la procédure a été changée cette année. Ainsi, les élèves ont pu marcher aux côtés des anciens combattants.
    À mon sens, cela illustre bien le fait qu'ils sont désormais engagés dans le processus. Ils ont senti qu'ils avaient un rôle à jouer en marchant avec les anciens combattants, plutôt qu'en les observant à partir du trottoir.
    Il est clairement ressorti de votre exposé de ce matin que l'expérience concrète que vous procurez à ces jeunes est une composante importante de tout ce processus. Du point de vue de l'éducation, j'estime que leur capacité à prendre part à cette démarche est primordiale.
    Nous allons célébrer le 95e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy et le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale. Vous inspirez et formez tous ces jeunes, et je me demande comment nous pouvons renverser les rôles pour savoir de quelle manière ils peuvent nous être utiles. Plutôt que de leur parler uniquement de l'histoire de notre pays, comment pourrions-nous les inciter à mobiliser le reste des Canadiens dans le cadre de cette démarche?
    Je suis tout à fait d'accord avec vous, monsieur Houghton. Nous devons célébrer nos victoires et je pense que la meilleure façon de le faire, c'est de demander aux jeunes Canadiens de nous indiquer le sens que devraient prendre ces célébrations.
    Comment croyez-vous que nous devrions nous y prendre pour arriver à les mobiliser de cette manière?
    Le prix Vimy Beaverbrook ne peut être remis qu'à des élèves de troisième ou quatrième secondaire. Nous ne voulons pas que ce soit des finissants. Lorsque les vainqueurs retournent à leur école secondaire, ils doivent y faire une présentation. Ils doivent aussi prendre la parole à l'occasion du jour du Souvenir et ils sont nombreux à le faire.
    Comme Dave en a témoigné, ces jeunes reviennent transformés. Ils apportent leur collaboration et sont fiers de le faire; ils ne se font donc pas prier pour présenter des exposés sur les différentes tribunes qui peuvent leur être accessibles, y compris les clubs Rotary. C'est un modeste début, mais c'est un pas dans la bonne direction.

  (0930)  

    Il est bien certain qu'une visite sur les champs de bataille transforme les jeunes à jamais. Il est peut-être financièrement impossible de payer un voyage en Europe à chaque élève, mais je crois que le projet Nous nous souviendrons d'eux est très bénéfique. Je ne sais pas si vous connaissez ce projet. Si j'ai bien compris, on numérise les dossiers militaires pour les rendre accessibles aux élèves. Si l'un d'eux veut faire une recherche sur un soldat en particulier, il peut ainsi obtenir son dossier militaire, des photographies et des lettres qu'il a envoyées à la maison. C'est tout simplement formidable.
    Il semblerait que cela suscite beaucoup d'intérêt chez les élèves et ce projet exige peu de financement. Je crois que les enseignants ont la priorité. Il va de soi qu'Anciens combattants Canada dispose de moyens limités pour la numérisation de tous ces documents, mais les demandes des écoles et des enseignants sont traitées en priorité lorsqu'on veut obtenir le dossier d'un soldat en particulier.
    J'ai la formidable chance de pouvoir travailler avec les meilleurs enseignants et les plus brillants élèves au Canada. Ils sont tous extrêmement motivés et simplement désireux de profiter de l'occasion.
    Comme vous, je pense que nous devrions commencer à la base. Je crois d'ailleurs que c'est ce que nous faisons déjà, comme nos résultats l'indiquent. Nous sommes passés de 150 participants à plus de 15 000 en 2004. Voilà qui montre bien que ces questions intéressent les gens et qu'ils veulent apporter leur contribution.
    Il faut également offrir des conditions propices à une telle mobilisation. J'ai parlé d'éducation. En Alberta, par exemple, seulement deux journées d'enseignement sont prévues pour traiter de la Première Guerre mondiale. On n'a pas vraiment l'occasion de parler beaucoup des victoires canadiennes en deux jours seulement. La Seconde Guerre mondiale n'a droit elle aussi qu'à deux journées.
    Comme M. Houghton l'indiquait, il faudrait qu'il y ait une norme nationale. Il y a beaucoup d'excellentes choses qui se font au Canada, mais il y a un manque flagrant de cohésion. Il est parfois nécessaire que les hautes instances tracent une certaine orientation pour que tous puissent intervenir au diapason.
    Je pense que toutes les conditions sont réunies. Les prochaines années nous fourniront une excellente occasion de coordonner tous nos efforts, mais il faut commencer dès maintenant à s'organiser.
    Merci beaucoup.
    À moins que M. Owen ne souhaite ajouter quelque chose, nous avons terminé cette période de cinq minutes. Le temps passe tellement vite.
    Merci beaucoup.
    Monsieur Casey, vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur le président. D'abord et avant tout, je note dans l'ordre du jour que nous sommes censés terminer cette séance à huis clos. Je réitère ma requête pour qu'une motion en bonne et due forme soit présentée à cet effet, et je demanderais un vote par appel nominal à l'égard de cette motion.
    Mesdames et messieurs, bonjour et merci de comparaître à nouveau devant nous.
    Je vais m'adresser d'abord à M. Houghton. J'ai noté ce que vous avez dit concernant le fait que les Canadiens n'ont pas tendance à célébrer leurs victoires et à se bomber le torse comme les Américains. Je dois avouer que je suis du même avis, mais j'aimerais approfondir un peu la question.
    Dans ce contexte, comment entrevoyez-vous la transformation de nos activités de commémoration?
    Je crois qu'un changement est en train de s'opérer à l'échelle de notre nation. À l'occasion des Jeux olympiques, nous avons vu tous ces gens s'enflammer en agitant le drapeau canadien pour montrer leur fierté envers nos athlètes.
    À ce titre, je tiens à répéter à nouveau que je ne veux d'aucune manière dénigrer ou minimiser ce qui se fait déjà le 11 novembre. C'est la pierre angulaire de nos activités de commémoration. Mais j'estime que, compte tenu de ce qui s'est passé à Vimy, nous devrions y voir une occasion de célébrer, et non seulement de commémorer. Loin de moi la prétention de vouloir dicter le genre de célébrations ou d'activités que l'on devrait tenir, mais le tout devrait être davantage axé sur nos réalisations.
    Près de 3 600 hommes ont perdu la vie ce jour-là. C'est le plus grand nombre de soldats canadiens à avoir trouvé la mort au cours d'une seule et même journée. Sans rien enlever à l'ampleur de ce sacrifice, il faut constater qu'à la fin de la bataille, la crête était conquise et, ce faisant, les résidents de la ville d'Arras n'étaient plus à la merci des tirs de l'artillerie allemande. Les Allemands étaient en train de détruire Arras. Ils lançaient impunément leurs mortiers sur la ville jusqu'à ce que leur artillerie soit repoussée de plus de sept kilomètres à la suite de la bataille de Vimy.
    Il faudrait donc demander aux gens du ministère comment on compte effectuer ce virage pour en faire une journée davantage axée sur la célébration et l'optimisme.

  (0935)  

    Monsieur le président, si vous me le permettez, j'aimerais ajouter quelque chose rapidement. Nous avons travaillé avec des enseignants d'un peu partout au pays, et cela ne vous étonnera pas d'apprendre qu'ils font preuve de beaucoup de créativité. Nous avons entre autres remarqué que les écoles prennent part à des activités de commémoration tout au long de l'année, pas seulement lors de la Semaine des anciens combattants ou du jour du Souvenir.
    Pour revenir à ce que David disait à propos du 9 avril, je pense que c'est l'occasion pour nous de faire connaître les dates importantes de l'histoire du Canada, et d'encourager les écoles, les enseignants et les élèves à commémorer ces événements de la façon qui leur convient.
    Une école d'Ottawa, l'école secondaire John McCrae, organise un voyage à Vimy. Les élèves se sont déjà rendus à Ortona et aux Pays-Bas l'an dernier. Ils ont participé à six activités au cours des trois semaines précédant le jour du Souvenir. Je pense qu'il y a donc de nombreuses occasions pour encourager les enseignants et les élèves à prendre part à des activités de ce genre tout au long de l'année, et pas seulement pendant une semaine.
    Les parents de ces élèves sont sûrement très bien nantis, ou alors l'école a mené une importante campagne de financement.
    C'est un excellent point, et on a parlé une ou deux fois aujourd'hui des coûts liés aux voyages outre-mer. J'aimerais en profiter pour apporter quelques précisions à ce sujet.
    Un élève qui passera huit jours en Europe l'an prochain devra débourser environ 1 900 $ — pour les vols, les repas et le transport en autobus au départ et au retour. C'est beaucoup d'argent, mais avec un peu de planification, c'est certainement réalisable. Il faut ensuite ajouter les frais et les taxes de départ, ce qui donne un total de près de 2 500 $. Nous faisons tout notre possible pour garder les coûts au minimum, de façon à ce que les élèves aient la chance de prendre part au voyage.
    Madame Mousseau, est-ce bien cela?
    Oui, c'est parfait.
    Je trouve intéressant que vous nous ayez d'abord présenté votre groupe comme une organisation caritative, mais lorsque vous avez parlé des idées concernant la commémoration, vous avez mentionné des projets que vous financez, comme le projet « Nous nous souviendrons d'eux » et la mise en valeur du Parc Juno.
    Comment votre organisation est-elle financée, et d'où proviennent les fonds consacrés aux initiatives liées à l'avenir de la commémoration?
    Notre organisation a bénéficié des activités de financement de Walmart. Nous avons signé une entente il y a cinq ans. Nous ne savons pas si elle sera renouvelée pour une autre période de cinq ans. Walmart fonctionne par tranche de cinq ans. Les activités de financement menées par l'entreprise au cours des quatre semaines précédant le jour du Souvenir ont permis de recueillir plus de 800 000 $ pour l'Association du Centre Juno Beach. En outre, nous recevons 500 000 $ tous les ans du ministère des Anciens Combattants, en plus des dons personnels et des recettes générées par le centre lui-même.
    Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions.
    La parole est maintenant à M. Lobb pour cinq minutes.
    Ma première question s'adresse à M. Owen ou à M. Robinson. Dans votre présentation, vous avez évoqué la possibilité d'organiser des voyages pour commémorer la guerre de 1812. Quels autres voyages organisez-vous au Canada, afin de visiter différents...
    Nous offrons un programme très dynamique qui permet à des élèves de visiter Ottawa dans le cadre de leurs cours d'histoire nationale. Habituellement, les élèves peuvent aussi visiter Montréal et Québec. Nous leur offrons également la possibilité de se rendre dans les provinces maritimes pour en apprendre davantage sur l'histoire maritime. Ces voyages sont principalement offerts dans l'Est canadien, mais certains enseignants de l'Ouest, notamment, choisissent de visiter leur propre province ou les provinces voisines.
    Outre les élèves, je crois que la génération des baby-boomers jette un regard nouveau là-dessus et s'intéresse de plus en plus aux différentes batailles pour en apprendre davantage sur elles. Votre entreprise cible évidemment les élèves en premier lieu. Mais quelle est la meilleure option pour les baby-boomers qui veulent faire un voyage de ce genre? Peuvent-ils faire appel à vous?

  (0940)  

    Certainement. Nous leur permettons de prendre part aux voyages, et bien des parents en profitent pour accompagner leur enfant lors des voyages scolaires, soit comme chaperon, soit comme simple voyageur.
    Nous organisons aussi des voyages pour commémorer des événements précis, comme c'est le cas avec le programme de Vimy. Nous travaillons à l'élaboration de voyages qui s'adresseraient exclusivement aux adultes, pour qu'ils puissent se rendre là-bas en même temps que les élèves. Les diplômés peuvent certainement effectuer ce genre de pèlerinage. Je sais que la Fondation Vimy, et le Centre Juno Beach, si je ne me trompe pas, reçoivent des groupes à différents moments de l'année, des voyages organisés par d'autres organisations. Par exemple, je pense qu'un groupe de la Young Presidents' Organization a visité Vimy plus tôt cette année.
    D'accord.
    Monsieur Houghton, l'an prochain, ce sera évidemment le 95e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy, plus que cinq ans ensuite pour le 100anniversaire. C'est non seulement l'occasion de se rappeler de ceux qui se sont battus et sacrifié leur vie pour notre pays, mais aussi probablement notre meilleure chance de sensibiliser la population canadienne à l'importance de garder ces gens en mémoire et de commémorer ces dates.
    Pouvez-vous expliquer au comité ce que vous ferez au cours des cinq prochaines années pour commémorer le 100e anniversaire?
    Merci.
    Vous avez raison, le décompte est commencé, et j'espère que nous serons en mesure de suivre la cadence. Nous y travaillons depuis cinq ans. Les choses commencent maintenant à bouger, et ce sont de bonnes nouvelles. Notre but n'est pas de bâtir un empire. Si nous arrivons un jour à sensibiliser l'ensemble de la population, nous allons devoir fermer nos portes. Ce serait un peu comme trouver le remède miracle pour la maladie contre laquelle lutte un organisme caritatif, si vous voyez ce que je veux dire.
    Nous poursuivons notre campagne d'épinglettes, et c'est probablement là-dessus que nous allons consacrer le plus gros de nos efforts, car les gens n'ont pas à voyager pour faire leur part. Les adultes peuvent facilement poser ce geste en signe de respect et de fierté. Pour moi, c'est quelque chose d'universel, d'un océan à l'autre.
    Comme Dave l'a indiqué, d'autres possibilités de voyage s'offrent aux adultes. Nous dépensons beaucoup d'argent en ce moment pour rafraîchir notre site Web. Nous prévoyons entre autres faciliter... parce que nous ne sommes pas dans l'industrie du voyage. Les élèves qui remportent le prix Vimy Beaverbrook se rendent là-bas, mais nous laissons le soin aux professionnels d'organiser des voyages scolaires pour les groupes plus nombreux, par exemple.
    Ceci dit, souvent les adultes ne savent pas par où commencer. Nous allons élaborer une section sur notre site Web conseillant des endroits à visiter à Vimy, comme Juno Beach et Passchendaele, et donnant les dates de voyage, entre autres choses. Nous allons tenter de simplifier la planification des voyages pour ceux que cela intéresse.
    J'aimerais dire brièvement que j'y étais en juin de cette année. Une voyageuse, d'un groupe d'adultes participant à une activité de financement, a demandé à notre directrice générale si elle pouvait retrouver la tombe de son arrière-grand-père. Notre directrice générale, qui habite à Douai, est une experte de ce genre de recherches. Elle l'a trouvée rapidement sur son iPhone et s'y est rendue en voiture. Il existe des dizaines de cimetières, tous entretenus par la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth. Elle a pris une photo de la tombe et l'a fait parvenir par courriel à cette personne.
    La dame en question s'est dite très chanceuse d'avoir pu voir la tombe de son arrière-grand-père, une demi-heure à peine après en avoir fait la demande. C'était la première fois que quelqu'un de la famille la voyait. Elle a ensuite demandé à la directrice générale de lui indiquer où se trouvait la tombe, pour qu'elle puisse elle-même s'y rendre. La directrice générale, sans en informer la dame, a fait le nécessaire pour que tout le groupe puisse s'y rendre. Nous avions engagé un cornemuseur. Lorsque la dame l'a vu attendre dans les champs, elle s'est tournée vers nous et nous a dit « Il ne peut pas jouer, car je vais me mettre à pleurer. »
    C'était son arrière-grand-père, un homme qu'elle n'avait évidemment jamais rencontré, puisqu'il était décédé là-bas. Nous avons donc attendu un peu pour la cornemuse.
    Elle avait apporté un article de journal parlant de son arrière-grand-père, qui avait laissé dans le deuil sa femme et ses trois enfants. Les enfants ont vécu dans une pauvreté abjecte après le décès de leur père en France. Ce n'est pas une histoire hors du commun. C'est ce qui est arrivé à beaucoup, beaucoup de familles canadiennes, qui avaient perdu leur pourvoyeur. Quoi qu'il en soit, elle nous a montré cet article sur lui, et sur sa femme, qui avait quitté l'Angleterre pour s'établir au Canada.
    Le cornemuseur a commencé à jouer, et un des participants, un ami à moi, m'a glissé qu'on assistait aux funérailles de cet homme avec 94 ans de retard. Quand on jette un coup d'oeil à cette mer de tombes, on réalise que bien peu d'entre elles ont reçu la visite de membres de la famille. Ces garçons sont mort à l'étranger et ont été enterrés là-bas. Les familles n'ont jamais eu la chance de les voir.
    C'était un moment très émouvant.

  (0945)  

    Merci beaucoup.
    Madame Mathyssen.
    Merci, monsieur le président.
    Merci beaucoup pour vos présentations.
    En tant qu'ancienne enseignante, je m'intéresse particulièrement aux initiatives s'adressant aux élèves.
    Monsieur Houghton, vous avez fait mention du prix Vimy Beaverbrook et des différents médias utilisés par les élèves pour créer des projets, dont des vidéos, des dissertations, etc. Pouvez-vous nous décrire quelques-uns des projets que vous avez vus? Je serais très intéressée de savoir exactement quel genre de choses réalisent nos élèves.
    Je le suis aussi, parce que je n'en ai encore jamais vu. Autrement dit, c'est la première année que nous acceptons des projets autres que ceux exigés par le processus standard de demande. Nous avons fait appel à des pédagogues qui se spécialisent dans le domaine, et ils nous ont dit que notre façon de faire pouvait décourager bien des élèves brillants. Il s'agit d'un concours académique, du type bourse scolaire. Les pédagogues nous ont dit que ce n'était peut-être pas la chose à faire d'exiger une dissertation, car nous avons beaucoup d'élèves talentueux, mais leur talent peut s'exprimer de bien des façons.
    En passant, notre objectif n'est pas d'envoyer 1 000 enfants en France, parce que nous n'aurions pas les moyens de le faire. Nous laissons les entreprises comme EF s'en charger. Nous voulons plutôt recevoir 1 000 ou 10 000 demandes de bourse, parce que les élèves qui présentent une demande apprennent du même coup. En réalité, nous avons déjà atteint notre objectif lorsqu'un élève s'inscrit au concours.
    Si nous avons changé le processus d'inscription, c'est pour inciter des élèves qui n'auraient jamais fait l'effort de présenter une demande de le faire, car c'est un processus laborieux. C'est une expérience d'apprentissage.
    Vous nous avez dit que ces élèves avaient ensuite présenté des exposés devant le Club Rotary et d'autres élèves.
    Est-ce que les parlementaires, et le Parlement du Canada, pourraient favoriser la diffusion à plus grande échelle de ces projets remarquables? Il me semble que souligner le travail de ces élèves serait une façon idéale de commémorer ces événements, et ce serait également une excellente façon d'encourager la participation, meilleure encore que tout ce que nous pourrions imaginer.
    Ces deux messieurs vont probablement vouloir en discuter.
    Nous n'envoyons qu'un petit nombre d'élèves sur place, mais c'est peut-être quelque chose qui pourrait faire partie de votre programme, Dave. Ou peut-être est-ce déjà le cas? Je ne sais pas.
    Ce serait relativement facile, et j'aimerais beaucoup voir plus d'initiatives de ce genre. Ce serait agréable qu'il y ait une plus grande collaboration entre nous et les représentants élus. C'est avec plaisir que nous pourrions vous mettre en contact avec les écoles qui participent déjà au programme, de façon à ce que vous puissiez échanger de l'information.
    Pour répondre à votre question, les commissions scolaires approuvent ces voyages parce qu'ils couvrent différentes matières. On touche à des domaines variés. Les enseignants et moi-même informons les élèves qu'ils sont toujours responsables de faire leurs travaux pendant leur absence, mais qu'ils peuvent en discuter avec leur enseignant. Pour le cours de français, l'élève peut tenir un journal. Pour le cours sur les médias, l'élève peut préparer un film. De très belles choses sont ainsi réalisées. On peut penser qu'il est impossible d'établir un lien entre les mathématiques et ce qui s'est passé lors de la Première Guerre mondiale. Mais c'est facile, il suffit de parler de l'aspect mathématique des attaques d'artillerie.
    Ces jeunes font tellement de choses incroyables grâce à la vidéo. Allez sur YouTube, vous pourrez voir quelques-unes des vidéos que les jeunes ont réalisées. Elles sont absolument incroyables. J'aimerais beaucoup que les députés puissent faire connaître les belles réalisations des écoles.
    Nous pouvons vous fournir ces renseignements. Rien de plus facile.
    Je reviens à la question de M. Stoffer concernant les anciens combattants de la guerre de Corée. La vérité, c'est que les Canadiens ont été déployés à bien des endroits au monde, où ils ont fait un travail remarquable à l'égard du maintien de la paix et de la protection des civils. Vous nous avez dit qu'il n'y avait pas l'infrastructure nécessaire pour les anciens combattants en Corée.
    Je me demandais si on avait pensé à la contribution de ceux qu'on appelle les « vétérans de l'ère moderne ». Ils se sentent exclus de bien des façons. Ils ont l'impression d'avoir été oubliés. En réalité, nous leur devons beaucoup, mais ils n'obtiennent pas la reconnaissance qu'ils méritent.

  (0950)  

    Je me suis peut-être mal exprimé tout à l'heure.
    Dans tous les voyages que j'organise, chaque étudiant est jumelé à deux soldats, selon la nature du voyage. Nous disons clairement aux familles, aux enseignants et aux étudiants que s'ils ont un lien quelconque avec un soldat qui a participé à des opérations militaires canadiennes, ils devraient le représenter afin de rendre cette expérience encore plus significative et personnelle. C'est la photo de ces soldats qui apparaîtra sur leur chemise à l'occasion de la cérémonie. Il n'est pas nécessaire que les soldats soient allés à Vimy, à la Première Guerre mondiale ou à la plage de Juno. Si vous connaissez quelqu'un qui a pris part à la guerre des Boers, à la guerre de Corée, à une mission de maintien de la paix au Moyen-Orient ou aux opérations en Afghanistan, il est important de porter son nom. Nous voulons que ce soit le plus significatif possible.
    Considérez-vous qu'on fait le lien entre les anciens combattants d'aujourd'hui et les anciens combattants traditionnels?
    À Sudbury, un ancien combattant s'est effondré en larmes lorsque je lui ai dit que son fils pouvait le représenter. Il m'a remercié et je lui ai répondu: « C'est plutôt moi qui vous remercie ».
    Nous avons également des professeurs qui invitent des anciens combattants dans leur classe pour venir parler de leur expérience. Nous avons eu la chance de recevoir des anciens combattants d'Afghanistan dans le cadre d'activités étudiantes. Nous continuons ainsi de reconnaître leurs contributions. Chose certaine, il est encore plus difficile pour ces gens de visiter les sites où ils ont donné leur vie et servi leur pays. N'empêche qu'il s'agit d'une bonne occasion de demander à ces anciens combattants de partager leur expérience avec les étudiants.
    Merci beaucoup.
    Monsieur Daniel.
    Merci beaucoup.
    Merci mesdames et messieurs d'être des nôtres aujourd'hui.
    Ma question porte sur la planification à long terme, puisque tout cela nécessite un minimum de planification. C'est une excellente chose que vous ameniez des étudiants en voyage avec des anciens combattants. Il est triste de constater que le nombre d'anciens combattants diminue de manière alarmante. Par conséquent, dans cinq ans ou plus, il se peut qu'il n'y ait plus beaucoup d'anciens combattants pour accompagner ces étudiants. Quels sont vos plans pour assurer la participation des jeunes à l'avenir? Comment comptez-vous faire participer les anciens combattants de l'ère moderne dans ce processus afin de maintenir un certain degré de motivation chez les jeunes pour qu'ils puissent apprendre et comprendre ces événements?
    N'importe qui peut répondre à ma question.
    Je m'intéresse vivement au projet « Nous nous souviendrons d'eux », puisqu'ils donnent aux étudiants la possibilité de faire une recherche détaillée sur la vie des soldats. De toute évidence, il est également important que nos anciens combattants d'Afghanistan participent à des activités scolaires, à des cérémonies et à des voyages.
    Vous remarquerez que les militaires qui ont servi en Afghanistan, lorsqu'ils sont de retour au pays, commencent à représenter les membres des Forces canadiennes qui les ont précédés. Les jeunes anciens combattants à qui j'ai parlé veulent participer à des événements comme la marche de Nimègue, en Hollande, et à certains pèlerinages comme l'ont fait des anciens combattants ayant pris part à des conflits avant eux. Nous l'avons déjà vu et je pense que nous continuerons de le voir.
    D'après mon expérience, ils sont honorés de représenter ce pays et éprouvent un grand respect pour les membres des Forces canadiennes qui les ont précédés. Je pense qu'ils estiment que c'est leur devoir de maintenir le flambeau bien vivant. Je suis sûr que vous verrez de ces anciens combattants participer à des activités au nom de leurs prédécesseurs.
    Vous êtes tous invités à vous joindre à nous. Ce que vous verrez à Vimy et en Italie est assez remarquable car cela prend de l'ampleur chaque année.
    Par exemple, il y a nos cadets. À Vimy, nous avons les cadets de la marine de Winnipeg — ce qui me rend très heureux — et les cadets de l'armée. Nous les représentons à nos cérémonies. Nos étudiants se trouvent aux côtés de nos cadets en uniforme. Cette relation se poursuivra à l'avenir.
    De plus, comme je l'ai indiqué brièvement, nous préparons le terrain pour le 100e anniversaire. Nous rapporterons au pays le flambeau du souvenir et nous traverserons le Canada. Le message sera donc encore mieux transmis.

  (0955)  

    L'un des programmes qui a été mentionné est le programme « Nous nous souviendrons d'eux ». Sachez que les enfants ne l'ont pas oublié; ils ne l'ont tout simplement pas appris. Ils ne peuvent pas oublier une chose qu'ils n'ont jamais apprise. Nous enseignons très mal l'histoire à nos enfants. Par exemple, dans le cas de la Première Guerre mondiale, nous transmettons très mal la réalité à laquelle les Canadiens ont été confrontés.
    Bien peu de gens savent que le taux d'enrôlement des sujets non britanniques, si je peux m'exprimer ainsi, est presque identique entre les Canadiens français et les Canadiens anglais qui ne sont pas britanniques. On ne devrait donc pas faire de reproches à cet égard. Autrement dit, si vous n'êtes pas Britanniques ou que vous n'êtes pas nés en Grande-Bretagne ou issus de parents nés en Grande-Bretagne, vos chances d'enrôlement sont minimes, et ce, peu importe votre langue maternelle. Je me plais à le préciser lorsque j'entends des reproches à ce sujet, car ce n'est pas vrai.
    En fait, le chef du recrutement, c'est-à-dire le ministre de la Milice, était Sam Hughes. C'est un fait établi. D'après le livre de Tim Cook, The Madman and the Butcher, le ministre Hughes serait perçu de nos jours comme une personne très sectaire. Je pense que c'est un miracle si des Québécois francophones ont pu se joindre au Corps expéditionnaire canadien, parce que cet homme a fait en sorte qu'il était presque impossible pour eux de s'y enrôler.
    L'issue de la guerre, évidemment, avec la signature du Traité de Versailles et le Statut de Westminster, nous ramène presque à ce que Robert Bourassa cherchait à obtenir lorsqu'il était membre du cabinet de Laurier. Il a baissé les bras par dépit devant un cabinet plus britannique que canadien. Après la Première Guerre mondiale, les Canadiens ont cessé d'être des citoyens britanniques et sont devenus des citoyens canadiens. Nous voulons que tous les enfants au pays comprennent ça.
    Merci beaucoup.
    Je vais maintenant céder la parole à M. Lizon pour les cinq dernières minutes.
    Bonjour. Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
    Ma première question s'adresse à MM. Owen et Robinson. Comme vous l'avez dit dans votre exposé, vous êtes le plus important établissement d'enseignement privé au monde. D'un autre côté, vous organisez ces voyages qui, dans bien des cas, sont fortement subventionnés. Comment y parvenez-vous?
    Nos programmes ne sont pas subventionnés. Nous ne recevons pas de financement de la part d'aucun ordre de gouvernement, et les voyages sont financés par les gens qui veulent voyager avec nous.
    Les frais des étudiants ou des anciens combattants sont-ils assumés par quelqu'un?
    Non.
    Non?
    C’est non. Tous les élèves qui participent à nos voyages paient leurs propres frais à 100 p. 100. Personne ne verse de subventions.
    Ils peuvent s’adresser à une filiale de la Légion qui leur donnera peut-être un peu d’argent, mais il n'y a aucune subvention du gouvernement. Voilà ce qui, à mon avis, rend l'initiative vraiment importante, et ce qui prouve que les jeunes qui y participent ont réellement à coeur de se rappeler des anciens combattants, parce que les familles contribuent, et que les jeunes individuellement…

  (1000)  

    Ces gens choisissent d’investir dans le projet pour des fins de formation personnelle.
    Vous accepteriez les élèves qui n’ont pas les moyens financiers voulus pour...
    Oui.
    Y a-t-il de l’aide ou de l’argent consenti par des fondations, des filiales de la Légion ou des établissements privés?
    Cela se passe de différentes façons. Certains élèves décident de réunir eux-mêmes les fonds pour leur voyage. Je peux vous citer l’exemple d’un jeune homme de Durham qui voulait l’année dernière participer au voyage commémorant la victoire en Europe. Il a fait du porte-à-porte dans son quartier et a promis de faire un marathon de marche à la mémoire des anciens combattants pour recueillir l’argent nécessaire à son projet. Il a pu défrayer le coût du voyage grâce à sa propre initiative.
    Certaines écoles collaborent avec des organismes locaux pour recueillir des fonds. Notre organisation offre également un soutien à des écoles qui ont une clientèle nombreuse et à d’autres groupes, sous forme de bourses.
    Il existe un large éventail de moyens que les élèves peuvent prendre pour obtenir de l’aide financière.
    C’est une des raisons pour lesquelles cela prend deux ans. Les conseils scolaires ont le même point de vue et veulent offrir leur aide; ils ne veulent pas se donner des airs d'élitisme. En accordant un délai de deux ans aux élèves, on réduit les versements, qui deviennent plus abordables, et on donne aux jeunes le temps d’organiser des ventes de pâtisseries ou de bouteilles, des marathons de marche ou de planche à roulettes, et ainsi de suite.
    La famille appuie le jeune qui veut faire le voyage. Je pourrais vous raconter des histoires incroyables d’écoles dans les quartiers pauvres de London, de Winnipeg ou de Sudbury où des familles disaient avoir à peine les moyens de s’acheter du pain, mais tenaient à ce que leur jeune fasse le voyage parce que le grand-père avait fait la guerre.
    C’est incroyable. Et bien sûr, monsieur Robinson, je partage vos opinions sur l’enseignement de l’histoire dans notre pays. J’espère qu’on pourra trouver le moyen d’amener les provinces à s’entendre sur un programme commun. Si l’Allemagne et la France peuvent avoir les mêmes manuels, peut-être que nous pourrions en faire autant dans notre merveilleux pays.
    J’ai une question à laquelle vous pourriez peut-être tous répondre. En général, dans beaucoup de pays, les gens estiment que les efforts de guerre doivent servir à la défense du territoire national. Or, dans les deux guerres, des Canadiens ont été envoyés en Europe et ailleurs dans le monde. Donc, vous pose-t-on parfois des questions du genre: « Qu'est-ce que nos soldats faisaient là, et pourquoi mouraient-ils, puisque ce n’était pas pour défendre le territoire canadien? » Comment répondez-vous à cela?
    Peut-être parce que la Deuxième Guerre mondiale est un peu plus proche de nous que la Première Guerre mondiale, je sais qu’au Centre Juno Beach, cette question nous est constamment posée par des Hollandais ou des Français qui demandent: « Pourquoi êtes-vous venus ici? Le Canada n’était pas menacé. Pourquoi avez-vous envoyé des jeunes gens pour nous libérer? » Ils ne comprennent pas pourquoi.
    Je me suis déjà fait dire la même chose par un Français, qui m'a posé la question une deuxième fois après un silence. En fait, sa famille avait connu deux invasions, et il n’arrivait pas à comprendre pourquoi les Canadiens étaient venus deux fois. C’est ainsi que nous agissons: par devoir.
    Il ne nous reste quasiment plus de temps. Je ne sais pas si M. Owen ou M. Robinson veulent dire quelque chose sur le sujet.
    Étant donné qu’EF est une entreprise internationale, les guides viennent de tous les pays. J’ai dû expliquer aux guides allemands pourquoi nous faisions cela. Dès qu’ils savent que nous parlons de commémoration et non de célébration et qu’ils réfléchissent à notre identité canadienne, ils comprennent pourquoi nous agissons ainsi.
    Merci beaucoup.
    Nous allons passer à un deuxième tour plus court en commençant par M. Genest, du NPD.

[Français]

    J'ai noté que vous parliez beaucoup de commémoration à Vimy et à différents endroits. J'ai aussi noté que les vétérans de la guerre de Corée étaient presque exclus. Il n'y a pas de mémorial là-bas. J'ai même noté que dans les légions ou ailleurs, on avait tendance à les tasser dans un coin — je l'ai vécu.
    Qu'est-ce que vous voulez faire? Les vétérans de la guerre de Corée, ce sont les derniers vétérans qu'il nous reste. Y a-t-il un programme, émanant de vous ou du gouvernement, pour ériger un mémorial en Corée, pour montrer exactement quels sacrifices ces vétérans ont faits quand ils sont allés à la guerre de Corée? C'est qu'on a l'impression que ces vétérans sont des extraterrestres, car ils sont complètement ignorés. Avez-vous des projets pour améliorer la situation? Ce sont nos vétérans. C'est beau de commémorer ceux qui ne sont plus là, mais je pense qu'il est aussi important d'honorer ceux qui sont encore là.

[Traduction]

    Nous avons le même problème. Avant 2003, il n’existait aucun mémorial en France; il n’y avait rien qui permettait de commémorer quoi que ce soit.
    Voici comment on a conçu le Centre Juno Beach. Je participais à un voyage pour commémorer le 50e anniversaire du jour J. Nous avions suffisamment d'anciens combattants pour remplir trois autocars; nous nous sommes donc rendus à Courseulles-sur-Mer, à Bény-sur-Mer et à Bernières-sur-Mer — justement là où mon père avait mis pied à terre —; or, nous n'y avons rien trouvé. Le Winnipeg Rifles avait bien un petit monument, mais il n’y avait rien pour commémorer la participation canadienne dans son ensemble.
    À son retour après les célébrations du 50e anniversaire, ce groupe d’anciens combattants a décidé d’agir. Garth Webb a été l'instigateur de ce mouvement. Il s’est mis à faire des campagnes de financement, mais il a rencontré un obstacle après l'autre sur sa route. Il s’est adressé à des entreprises canadiennes comme la Banque Royale et Molson, de grandes entreprises typiquement canadiennes, pour demander un soutien financier. Or, ce n’est qu’auprès de Walmart, qui était à la recherche d’une cause canadienne... C’était le bon moment à la bonne place, alors les gens de Walmart nous ont adoptés et ils nous ont aidés dans nos activités de financement, mais ils ne nous ont pas donné d’argent du tout.
    Pour répondre à votre question, je crois que cela prendrait un groupe d’anciens combattants enthousiastes comme celui-là pour réaliser la même chose en Corée.

  (1005)  

    Merci, madame Mousseau. Nous avons dépassé le temps alloué et nous allons essayer d’avancer rapidement.
    Pendant que nous attendions, le drapeau a été apporté pour signature. Nous pouvons le faire circuler. On a même fourni un stylo. Alors si le comité est d’accord, nous ferons circuler le drapeau pendant que nous finissons les questions.
    Nous cédons la parole à M. Anders pour deux ou trois minutes.
    Non? Mes excuses, alors, madame Adams.
    Vous avez fait un travail extraordinaire pour commémorer le sacrifice de nos anciens combattants auprès des jeunes. Combien d’étudiants, combien de jeunes, diriez-vous, bénéficient chaque année de vos programmes?
    Je devrais peut-être commencer parce que je représente l'organisation la plus petite. Nous parlons de probablement 300 ou 400 jeunes, mais nous essayons de porter ce nombre à 1 000 et plus.
    C’est quand même remarquable.
    Merci.
    Ça fait combien d’années que votre programme existe, maintenant?
    Ça fait cinq ans.
    Mon Dieu!
    Madame Mousseau.
    Je peux vous dire qu’environ 56 000 visiteurs par année se rendent au Centre Juno Beach. Le plus grand contingent est constitué de groupes d’élèves canadiens. Je ne peux pas vous donner le nombre exact, mais je dirais que c’est probablement 30 p. 100.
    Là encore, c’est tout à fait remarquable.
    C’est remarquable.
    Monsieur Owen et monsieur Robinson.
    Nous avons examiné nos chiffres et constaté qu'au cours des trois dernières années, et jusqu'à la fin du mois d’avril de cette année, plus de 11 000 élèves ont visité Juno Beach. Plus de 9 000 sont allés à la crête de Vimy et certainement de 3 000 à 5 000 sont allés à Beaumont-Hamel, qui est peut-être un site un peu moins connu. Mais si vous êtes de Terre-Neuve, vous y apprendriez des choses sur la partie la plus importante de votre histoire, probablement, et c’est un endroit qui mérite d’être visité par tous les Canadiens en plus de Juno Beach et de Vimy.
    En ce qui concerne mon organisation, plus de 500 étudiants ont visité le site de la bataille de Hong Kong, et près de 3 000 sont allés à Ortona, en Italie. Au total, d’ici la fin du voyage qui a cours actuellement, nous aurons eu plus de 15 000 élèves depuis 2004.
    C’est vraiment extraordinaire. Il est clair que la commémoration est quelque chose de très important pour nos jeunes et pour les familles. N’est-ce pas?
    Étant donné l'intérêt considérable que ces visites suscitent, diriez-vous que la demande est beaucoup plus grande que ce à quoi vous êtes en mesure de répondre?
    Il y a une chose que nous ne comprenons pas parfois, au Canada, ou que nous ne soulignons pas suffisamment, c'est que les Canadiens aiment leur histoire et leur pays. Je ne pense pas que beaucoup de responsables au pays, de quelque niveau qu'ils soient, comprennent combien l’histoire du Canada est importante pour les Canadiens.
    Merci beaucoup. Nous sommes presque à la fin du temps alloué. Je ne sais pas si M. Anders veut toujours poser une question.
    Ça va?
    C’est au tour de M. Lobb.
    D’accord, soyez très bref, s’il vous plaît.
    Ma question s’adresse à M. Owen et à M. Robinson. Je ne veux pas avoir l'air de banaliser la chose, mais je veux seulement que vous disiez au comité ce que vous avez vu.
    Monsieur Robinson, vous avez visiblement consacré votre vie à l’enseignement. La jeune génération a joué à des jeux vidéo — Call of duty, etc. — et ne peut pas lever les yeux de son iPhone pendant cinq secondes. C’est ce que ces jeunes font.
    Alors, lorsque vous les emmenez en voyage, dites-moi, laissent-ils leur iPhone de côté pendant quelques minutes? Dites-moi comment ça se passe. Et parlez-moi également de votre relation avec vos anciens élèves et comment leur vie a été changée par le voyage qu’ils ont fait.
    J’ai quelques brèves anecdotes à vous raconter.
    Au 60e anniversaire de la bataille de Juno Beach, il y avait dans mon groupe une jeune fille très gâtée, mais dotée d'une belle nature. Après les cérémonies, la Reine — notre Reine —, les anciens combattants et mes élèves étaient les seules personnes autorisées à être sur la plage. Nous étions sur la plage, donc. C’est là que notre jeune personne a eu son moment de vérité. Elle a trouvé un ancien combattant assis sur la plage, elle s’est approchée de lui et elle lui a demandé si elle pouvait l’aider, s’il avait besoin de quelque chose. Il a répondu qu’il allait bien, mais n’a rien pu dire de plus.
    Elle lui a dit: « Êtes-vous certain? Voulez-vous de l’eau? ». Elle s’est éloignée et il lui a dit: « Mademoiselle, il y a quelque chose que vous pouvez faire pour moi. Iriez-vous me chercher des cailloux? J’ai promis à mes petits-enfants que je leur rapporterais des cailloux de Juno Beach. »
    Elle est partie à la recherche de cailloux et en a rapportés à l’ancien combattant, qui, entretemps, s'était levé debout. Lorsqu'elle a tendu sa main remplie de petites pierres, il a levé ses bras, au bout desquels il y avait deux crochets. Il lui a dit: « Voudriez-vous les mettre dans ma poche pour moi? C’est ici que j’ai perdu mes mains. »
    Cette jeune fille, boursière complète, obtiendra cette année son diplôme de MBA de l’Université de l’Alberta. À son retour, elle est devenue la citoyenne de l’année à mon école.
    Dans un autre cas survenu à Juno Beach le jour de la commémoration de la victoire, un étudiant autochtone s’est enfoncé dans l’eau jusqu'au-dessus des genoux parce que c’était là que ses grands-pères maternel et paternel étaient morts. Ils n'avaient pas eu le temps d'atteindre le rivage.
    À une autre occasion, alors que nous étions en Italie avec les élèves d'une école d’Ottawa, les jeunes ont dû tirer le quart-arrière étoile de l’équipe de football d’Ottawa pour qu'il quitte l'emplacement de la tombe du soldat qu’il avait adopté. La réalité l’avait rattrapé tout d’un coup.
    Je reçois régulièrement des courriels de parents me demandant ce que nous avons fait à leur enfant. Ils reviennent changés. Les parents disent: « S’il vous plaît venez chez nous et constatez par vous-même. » C’est absolument incroyable ce qui arrive à ces enfants.

  (1010)  

    Nous allons prendre quelques instants pour vous remercier brièvement, puis nous devrons suspendre la séance publique et passer aux travaux du comité.
    Merci beaucoup pour tout ceci.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
Explorateur de la publication
Explorateur de la publication
ParlVU