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Merci. Bienvenue à tout le monde.
Malheureusement, c'est tout ce que je peux dire en français. J'aimerais vous remercier de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui, surtout compte tenu du fait que je suis à l'origine de ce dossier. J'espère que nous pourrons nous quitter sur une bonne résolution.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer concernant la Déclaration des droits des passagers aériens. Comme vous l'avez mentionné, je m'appelle Woodrow French. Je suis le maire de la petite ville de Conception Bay South, qui est située tout près de St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador. Je suis également conseiller en sécurité, ce qui m'amène à m'occuper de santé et de sécurité au travail. La sécurité est, pour moi, un grand domaine d'intérêt.
Je dois dire que je suis un peu déçu qu'on ne m'ait pas avisé plus tôt que je serais invité à témoigner devant vous. Par chance, je devais venir à Ottawa pour participer à des activités de la Fédération canadienne des municipalités. Je n'ai pu prendre l'avion qu'à 17 h 30 hier, et j'ai dû préparer ma déclaration ce matin. J'espère que j'aurai le temps de tout dire.
Mon travail visant l'établissement d'une déclaration des droits a commencé en décembre 2007. J'ai alors vu des familles et des personnes âgées complètement désemparées qui, par une froide nuit d'hiver, à 1 heure du matin, attendaient de prendre un avion à l'aéroport international de St. John's. L'aéroport était bondé, mais il y avait seulement deux employés au comptoir de la compagnie aérienne. Aucune annonce n'a été faite, et il n'y avait pas de personnel supplémentaire pour informer les voyageurs. Des gens m'ont dit qu'ils n'allaient pas pouvoir prendre d'avion avant la semaine suivante au plus tôt. D'autres, qui avaient des billets, ont appris qu'il n'y avait pas de sièges pour eux.
Dans la foule, il y avait de jeunes familles avec des enfants en bas âge, et à 1 heure du matin, les enfants étaient surexcités et couraient partout. Les familles étaient complètement désarmées, elles ne savaient pas quoi faire. Le plus triste, c'était de voir les personnes âgées, dont certaines venaient de petites collectivités éloignées, et qui étaient arrivées à l'aéroport sans avoir de réservations à l'hôtel et sans savoir si elles devaient rester à l'aéroport ou non. Il n'y avait absolument personne pour les aider. Beaucoup se sont fait dire qu'il était impossible de savoir quand elles pourraient partir.
À titre de membre de la Fédération canadienne des municipalités et de maire, j'ai estimé que j'avais la capacité de me faire le porte-voix des passagers aériens sur le plan provincial et national. J'ai l'appui des municipalités de Terre-Neuve-et-Labrador, du caucus des maires de l'Atlantique et de la Fédération canadienne des municipalités. Ce n'est pas un problème propre à notre région. Il ne concerne pas seulement Terre-Neuve-et-Labrador. Il concerne tous les Canadiens, peu importe où ils vivent, que ce soit dans le Nord du Québec, dans le Sud de l'Ontario ou en Colombie-Britannique. Tous sont concernés.
J'ai fait appel aux médias et j'ai communiqué avec les députés provinciaux et fédéraux. Lorsque les médias provinciaux et nationaux se sont intéressés au dossier, des passagers aériens de partout au Canada ont commencé à raconter leurs histoires d'horreur. En s'attaquant à ce dossier, les groupes que j'ai mentionnés ont attiré l'attention du pays en entier sur le problème. Les Canadiens de tous les horizons ont raconté les difficultés qu'ils avaient vécues avec les compagnies aériennes, qu'elles soient canadiennes ou étrangères.
L'un des cas les plus tristes s'est produit ici, à Ottawa, notre capitale nationale. Des Canadiens ont été gardés dans un avion de la compagnie Cubana pendant six heures, sans eau ni nourriture. Les toilettes débordaient. Il est consternant qu'un incident de la sorte ait eu lieu dans la capitale du Canada, et que personne de l'aéroport n'ait eu le courage de dire: « Ramenez l'avion à l'aérogare et laissez sortir les passagers ». Je crois que cette affaire a vraiment attiré l'attention sur le problème.
Les Canadiens ont parlé de surréservations, de refus d'embarquement, de bagages perdus, d'être tenus en otages sur les aires de trafic sans pouvoir sortir de l'avion et de l'impolitesse du personnel des compagnies aériennes. Ils se sont adressés aux députés fédéraux, leurs élus, pour qu'on les aide à corriger les problèmes auxquels ils se heurtaient lorsqu'ils voyageaient en avion à l'intérieur du Canada ou vers d'autres pays. Je dois moi-même voyager dans le Nord canadien à l'occasion, et il m'est arrivé que des vols soient annulés sans préavis. Même le personnel qui travaille dans les collectivités isolées ne sait pas si et quand l'avion doit arriver. Tout ce qu'il peut nous dire, c'est « de retourner à la pension de famille et d'attendre, et de revenir le plus vite possible à l'aéroport lorsqu'on vous appellera ».
Je préconise l'adoption d'une Déclaration des droits des passagers aériens depuis 2007. J'aimerais que le Canada adopte une loi semblable à celle qui est déjà en vigueur dans l'Union européenne.
Après toute la publicité négative, le député Gerry Byrne, que je me réjouis de voir ici aujourd'hui, m'a demandé si je voyais un inconvénient à ce qu'il présente une résolution invitant ses collègues du Parlement à soutenir une Déclaration des droits des passagers aériens. J'étais très enthousiaste; je croyais que je faisais vraiment progresser le dossier.
La résolution a été adoptée, et Transports Canada a proposé la stratégie « Droits des voyageurs aériens Canada », un ramassis de foutaises complètement inutile qui a seulement réussi à faire enrager davantage les voyageurs aériens. Il est inconcevable que cette stratégie ait pu être considérée comme une solution définitive au problème. En fait, les plaintes concernant la surréservation et le refus d'embarquement vont continuer de s'accumuler.
Par la suite, le député Jim Maloway m'a informé qu'il voulait présenter à la Chambre des communes un projet de loi d'initiative parlementaire qui demanderait au gouvernement d'adopter une Déclaration des droits des voyageurs aériens par voie législative. Cette déclaration ferait en sorte que les voyageurs aériens du Canada soient traités avec courtoisie et respect et qu'ils soient indemnisés convenablement lorsqu'un transporteur aérien prendrait une décision qui perturberait leurs plans de voyage. Le projet de loi a été adopté à l'unanimité, et votre comité en est maintenant saisi pour le mettre en oeuvre.
Mesdames et messieurs les membres du comité, les Canadiens ne demandent rien d'autre que d'être traités avec justice par les transporteurs aériens. Nous ne demandons pas aux pilotes de compromettre la sécurité des passagers et des appareils. Cela n'aurait aucun sens. Tout ce que nous demandons, c'est d'être traités avec équité et d'être indemnisés adéquatement. Il s'agit en fait de maintenir une bonne pratique commerciale. Les billets d'avion coûtent très cher, et on les achète parfois bien à l'avance, sans savoir si les services promis seront rendus. Je pense aux familles qui partent en voyage et qui, à leur arrivée à l'aéroport, se font dire qu'il y a eu surréservation et qu'elles ne peuvent pas partir. Pour moi, c'est inacceptable.
Les transporteurs canadiens qui font affaire dans l'Union européenne connaissent bien les lois qui y sont en vigueur. À ceux qui se plaignent et qui disent qu'ils perdront de l'argent ou qu'ils feront faillite, je répondrai qu'aucun transporteur canadien n'a déposé le bilan. J'ai communiqué avec des gens de l'Union européenne, et on m'a dit que les seuls transporteurs qui avaient fait faillite étaient ceux qui étaient en difficulté avant que la loi soit adoptée.
Si j'achète à Londres un billet à destination du Canada, je suis protégé par la déclaration de l'Union européenne. Si je ne reçois pas un traitement équitable de la part d'un transporteur canadien, le transporteur doit m'indemniser. Des transporteurs canadiens et leur association ont dit que la déclaration leur imposerait des contraintes inadmissibles. Et bien, les contraintes ne semblent pas si intolérables en Europe, puisqu'ils y font toujours affaire. Je n'en ai encore entendu aucun dire qu'il ne ferait plus affaire en Europe en raison de la législation.
Je m'en voudrais de ne pas commenter des articles parus dans les journaux hier, dans lesquels on disait que des hauts fonctionnaires et des représentants du ministère des Transports faisaient des pressions sur les compagnies aériennes pour qu'elles s'opposent à tout effort visant l'adoption du projet de loi. Cela m'indique que ces hauts fonctionnaires n'ont aucun respect à la fois pour leur ministre et pour les Canadiens en général.
Dans un article, M. Fitzgerald avance que les droits européens mettent l'accent sur le refus d'embarquement, les vols annulés et les retards « observés dans une industrie qui, de façon routinière, pratique la surréservation, annule les vols qui rapportent moins et rend difficiles les remboursements ».
Il me semble que c'est exactement ce qu'on constate au Canada, n'est-ce pas?
De toute évidence, les fonctionnaires de Transports Canada sont trop proches de l'industrie qu'ils réglementent. Je suis loin d'être convaincu, comme n'importe quel autre Canadien, que ces fonctionnaires parviendront à faire respecter des mesures volontaires. Personne ne sera tenu responsable. Si mon entreprise ne fournissait pas les services promis aux clients, je devrais en subir les conséquences et être tenu responsable.
Les transporteurs ont indiqué qu'ils s'opposaient au projet de loi. Ils ont aussi dit que M. French a peut-être raison lorsqu'il parle de la déclaration des droits des voyageurs aériens. Peut-être qu'il soulève un point auquel nous n'avions pas pensé. Il faudrait donc se mettre au travail et...
Merci beaucoup au comité de nous avoir donné l'occasion, aujourd'hui, de communiquer nos inquiétudes et nos recommandations au sujet du projet de loi .
L'AQTA est un organisme sans but lucratif qui travaille au développement de l'industrie du transport aérien au Québec. Nous représentons tous les intervenants de l'industrie, soit les transporteurs, les aéroports, les écoles, les compagnies d'entretien et les compagnies de services.
À la lecture de ce projet de loi, notre association se questionne sur la justification d'une telle initiative. Après vérification auprès de l'Office des transports du Canada, le nombre de nouvelles plaintes visant le service de transport aérien au Canada est à la baisse depuis 2005.
En 2005, il y avait 1 337 nouvelles plaintes et, comme vous pouvez le constater, ce chiffre diminue d'année en année. Pour la période 2008-2009, il y a eu 901 nouvelles plaintes. Il faut noter que non seulement le nombre de plaintes est à la baisse, mais que selon Statistique Canada, le nombre de vols au pays est à la hausse depuis 2003. Le pourcentage que représentent ces plaintes sur le nombre total de passagers transportés est également à la baisse.
Au-delà des perceptions et des anecdotes, il y a une réalité statistique bien documentée en matière de transport aérien au Canada. En regardant le pourcentage de plaintes, je pense que ce ratio serait apprécié dans plusieurs industries. De plus, je pense que notre système de transport aérien est adéquat, mais il y a toujours place pour l'amélioration.
Après analyse, nous constatons que le projet de loi ne semble pas répondre à une tendance négative sur le terrain. Nos recherches ont aussi permis d'établir que les plaintes indiquées par le rapport de l'Office des transports du Canada pour la période 2008-2009 indiquent que seulement 9 p. 100 des plaintes étaient reliées aux petits et moyens transporteurs du réseau. Il est donc surprenant de constater que le projet de loi ne fait aucune distinction entre les différentes catégories de transporteurs au Canada.
Le projet de loi fait référence à l'article 21 de l'Office des transports du Canada, mais il semble ne vouloir donner qu'un rôle strictement administratif à cet organisme. Dans les faits, si un réel besoin est présent sur le terrain, pour palier la situation, l'office doit, ainsi que l'indiquent sa mission, sa vision et ses valeurs, répondre aux attentes des Canadiens et mettre en avant un code de pratiques concernant les conditions du transport.
De plus, ce projet de loi soulève beaucoup de questions laissées sans réponse. Peut-il être appliqué à la complexité des opérations aériennes? Quel sera l'impact financier sur les petits et moyens transporteurs? Quel sera l'impact sur les routes aériennes pour les régions éloignées? Les frais de transport augmenteront-ils pour les usagers?
Air Inuit est un transporteur autochtone qui oeuvre au Québec depuis plusieurs années. Un des responsables de l'entreprise nous a communiqué l'exemple que voici. Pour un trajet Salluit-Montréal dont la distance est de 1 864 km, avec un appareil Dash-8 de 45 sièges, en cas d'annulation, l'indemnité s'élèvera à 36 000 $ par vol pour 45 passagers, soit 800 $ par passager. Dans le cas d'un retard de cinq heures, une indemnité de 22 500 $ devra être versée par vol. Le transporteur indique que des dispositions sont déjà prévues pour les annulations, les retards et les refus d'embarquement dans son tarif qu'il a déposé à l'Office des transports du Canada.
De plus, ce projet de loi mènerait plutôt vers une dégradation des services plaçant plusieurs transporteurs régionaux en situation difficile. Cette réalité s'applique également aux transporteurs qui desservent la Côte-Nord du Québec, les Maritimes, les Îles-de-la-Madeleine. Nous vous invitons, à ce titre, à prendre connaissance de la lettre d'Air Inuit.
Peut-on modifier le projet de loi pour l'améliorer? Certains voudraient en modifier l'esprit; d'autres, la teneur. On voudrait y ajouter des exceptions et des précisions. Nous doutons qu'il soit possible de résoudre un problème systémique par un projet de loi ayant une vision simpliste du réseau du transport aérien. Il ne tient pas compte de l'ensemble des intervenants, de la complexité des opérations et de la réalité géographique.
La question qu'il faut vraiment se poser est la suivante: quel est le meilleur outil disponible au Canada pour répondre aux préoccupations qui ont motivé la rédaction d'un tel projet de loi? Selon nous, le meilleur outil serait l'Office des transports du Canada. L'office est composé d'une équipe qualifiée, expérimentée, compétente et surtout indépendante — indépendante de tout intérêt économique et politique.
Voici nos recommandations. Les transporteurs ne doivent pas être les seuls à supporter les pénalités financières alors qu'ils évoluent dans un environnement incluant plusieurs intervenants et variables. Il est difficile de prouver hors de tout doute raisonnable l'origine de chacun des délais qui, malheureusement, constituent un produit secondaire de notre réseau.
Les préoccupations qui ont motivé cette initiative pourraient être acheminées à l'Office des transports du Canada pour validation et analyse, afin de mettre en avant des solutions viables répondant à des besoins réels.
Dans l'intérêt de notre réseau de transport aérien et de celui de l'ensemble des Canadiens, nous recommandons au comité de rejeter ce projet de loi car il ne semble ni justifié, ni approprié, ni applicable.
Merci beaucoup.
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Ce serait très utile. Ce serait d'une grande aide pour l'OTC, qui ne participe pas activement à la prise de décisions sur les plaintes des consommateurs.
J'aimerais maintenant m'adresser à M. French.
Woody, je me rappelle que vous avez défendu fermement et fièrement la décision du gouvernement du Canada, du Parti conservateur et de ses membres, d'approuver ma motion, la motion M-465, qui demandait au gouvernement de mettre en place des mesures de protection exécutoires, solides et améliorées pour les passagers aériens. J'avais dit que le projet de loi devait s'appuyer sur le modèle offert par le projet de loi présenté au Congrès américain et la loi adoptée par le Parlement de l'Union européenne. La loi européenne s'applique à tout avion — y compris à ceux d'Air Canada, de WestJet et d'Air Transat — qui entrent dans l'espace aérien de l'Union européenne et qui atterrit à un aéroport d'Europe.
Dans les 48 dernières heures, nous avons appris que votre enthousiasme pour l'appui apporté par le gouvernement à ma motion était, disons-le franchement, peu sincère. Nous avons appris que l'ancien ministre des Transports, , disait publiquement qu'il soutenait la motion, mais qu'il incitait activement des lobbyistes à la miner, à la contrecarrer.
Monsieur French, jetez un regard autour de vous. Vous voyez les gens derrière vous? Il y a là des journalistes, des représentants du ministère des Transports, mais aussi bien des lobbyistes. Ils sont ici pour s'assurer que ce que vous, moi et d'autres tentons de faire — protéger les passagers aériens — n'aboutissent pas.
Comment vous sentez-vous à l'idée que certains tentent de faire dérailler votre proposition, laquelle est appuyée par bien des gens? La Fédération canadienne des municipalités est de votre côté. Des parlementaires sont de votre côté. Différents groupes de consommateurs contribuent activement à ce dossier.
Le ministre des Transports a envoyé lui-même des courriels aux lobbyistes pour leur dire qu'il prétendrait soutenir le projet de loi. Mais, en même temps, il leur a demandé de faire tout en leur pouvoir, d'utiliser les ressources des transporteurs canadiens afin de tuer le projet de loi. Et pourtant, il a voté pour le projet de loi. Apparemment, il a appuyé une mauvaise politique publique.
Les compagnies aériennes viennent maintenant nous enjoindre de ne pas voter pour une mauvaise politique publique.
Que se passerait-il si on suivait simplement l'initiative du ministre?
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Merci beaucoup, monsieur Volpe.
Habituellement, je pose des questions, mais je vais faire un commentaire, parce qu'au cours des débats, c'est probablement notre parti, le Bloc québécois, qui va faire la différence et qui va voter contre ce projet de loi. Je vais vous expliquer pourquoi.
Pourquoi un parti politique peut-il dire oui à un projet de loi en première lecture et changer d'idée par la suite lorsqu'il arrive en comité? Un des objectifs du Bloc québécois était, comme vous avez mentionné tout à l'heure, monsieur French, d'aborder la question de l'avion d'Air Cubana, dont une bonne partie des passagers étaient québécois. Plusieurs provenaient de ma circonscription. L'objectif avoué du projet de loi était de régler le cas d'Air Cubana. Ce projet de loi ne réglera pas le cas d'Air Cubana parce qu'il n'a jamais été prouvé que c'était la responsabilité de la compagnie aérienne. L'administration aéroportuaire avait sa part de responsabilités.
Mon objectif est que chacune des parties qui est responsable d'un retard paie pour le problème qu'elle a causé. Ce n'est pas ce que fait le présent projet de loi. Le problème d'un projet de loi privé est qu'on ne peut pas le modifier. Je vais déposer des modifications. Je les ai fait vérifier par le légiste de la Chambre, mais elles ne seront pas recevables parce que c'est un projet de loi privé.
Pour régler la situation d'Air Cubana, pour régler une bonne partie des situations dont vous avez parlé, monsieur French, il faudrait un projet de loi gouvernemental et il faudrait asseoir à la même table NAV CANADA, l'ACSTA, les administrations aéroportuaires et l'Agence des services frontaliers du Canada, parce qu'ils font partie du problème dans plusieurs situations.
Évidemment, la compagnie aérienne a sa part de responsabilités, je suis prêt à faire payer la compagnie aérienne pour les problèmes qu'elle a causés, mais je ne voudrais pas la faire payer pour des problèmes que d'autres ont causés.
Quand on dépose un projet de loi qui prévoit que tout retard est de la responsabilité de la compagnie aérienne, inévitablement celle-ci va payer pour des erreurs qu'elle n'a pas commises dans plusieurs cas. C'est le problème de ce projet de loi, on ne peut pas faire ce qu'on veut avec un projet de loi privé.
J'aimerais vous entendre à ce propos, monsieur French, et monsieur Prud'homme par la suite.
C'est une question piégée. J'estime que les compagnies aériennes, qu'elles soient grosses ou petites, ne sont pas des organisations caritatives. Elles n'évoluent pas dans ce secteur pour perdre de l'argent, mais pour en faire. Si elles n'en font pas, c'est qu'elles ne sont pas douées pour les affaires. Si vous avez de l'équipement et qu'une pièce se brise, eh bien, il faut avoir une pièce de rechange pour la remplacer. Si c'est quelque chose qui peut être réparé, très bien, sinon, il faut avoir un autre avion à votre disposition.
Je ne pense pas qu'on vise à mettre les compagnies en faillite. Ce n'est certainement pas ce que je vise. Mais peut-être que dans ce cas-ci, une même solution ne peut pas convenir pas à tous.
Cela étant dit, je m'en fous que je sois au Maine ou à l'aéroport international de St. John's ou dans un aéroport de Montréal. Je me fous de la compagnie aérienne avec laquelle je voyage. Mais, si j'ai acheté un billet qui stipule que vous devez m'amener du point A au point B, alors j'estime qu'il est de votre responsabilité, en tant que compagnie aérienne, de disposer de l'équipement nécessaire et en bon état pour ce faire, sinon vous devez être prêt à prendre des dispositions de rechange à mon égard.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu connaissance que des compagnies aient fait faillite.
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J'aimerais évoquer ce que vous avez mentionné plus tôt — c'est-à-dire que, advenant une annulation de vol, vous vous retrouveriez très désavantagé.
Je veux que vous sachiez que si la compagnie aérienne informe les passagers au moins deux semaines avant le départ, elle n'aurait rien à payer. Si le passager accepte par écrit un réacheminement parce que le vol a été annulé, vous ne payez rien.
Au sous-alinéa 4(1)iii), il est indiqué que si la compagnie aérienne peut prouver que l'annulation résulte d'une situation exceptionnelle qui n'aurait pas pu être évitée, même en prenant toutes les mesures raisonnables, vous ne payez rien. C'est ce que stipule le projet de loi de l'Union européenne.
Certaines compagnies aériennes nous ont demandé de définir ce qu'est « une situation exceptionnelle » parce qu'elles veulent obtenir une définition. Seules 8 des 16 compagnies aériennes en Europe ont en fait défini ce qu'est « une situation exceptionnelle ». C'est quelque chose que l'on peut faire au moyen d'amendements.
En fait, l'amendement apporté par KLM, qui est le plus vaste proposé par toutes les compagnies aériennes, reprend à ce que je sache point pour point les préoccupations que mon collègue M. Laframboise vient de mentionner. Le libellé est très vaste.
Le fait est que des groupes de consommateurs estiment que les compagnies aériennes disposent d'une échappatoire trop vaste et qu'on leur donne trop d'exemptions. Nous pensons que le projet de loi doit être équitable, et celui en Europe l'est parce qu'il a survécu à deux contestations judiciaires. Si nous rendons le projet de loi trop restrictif, les lobbyistes, ces avocats qui sont très bien payés, intenteront des poursuites qu'ils gagneront. En adoptant un libellé général comme ils ont fait en Europe en utilisant l'expression « situations exceptionnelles », cela permet d'assurer suffisamment de souplesse, du moins selon l'opinion du comité d'examen qui travaille sur le projet de loi en Europe.
Mais je suis certainement prêt à apporter des amendements. Ensemble, nos trois partis pourraient proposer suffisamment d'amendements pour présenter différentes versions d'une exemption afin que cela corresponde à ce qu'on voit en Europe.
Pensez-vous que ce serait une solution acceptable?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins qui comparaissent devant nous aujourd'hui.
Je voyage beaucoup par avion. Je suis un député de la Colombie-Britannique. Je prends environ 120 vols par année et, au cours des quatre dernières années, j'en ai pris près de 400. Je n'ai jamais dû faire face aux problèmes qui ont été mentionnés par M. French. Un de mes vols a été annulé. Il a été réacheminé, et je n'ai eu que deux heures de retard pour retourner à Ottawa. J'ai dû céder ma place une fois. Le vol avait été surréservé. Il s'agissait d'une situation d'urgence où une famille avait besoin d'un siège supplémentaire.
Ce que j'aimerais savoir, monsieur French, c'est qu'est-ce qui constitue une attente raisonnable de la part d'un passager? On parle de problèmes météorologiques. On parle de problèmes sur lesquels les compagnies aériennes n'ont aucun contrôle. Le problème pourrait découler de l'aéroport ou bien de la météo; ce pourrait même être l'Agence des services frontaliers du Canada qui éprouve des difficultés avec un passager et qui souhaiterait retarder le vol pour un certain temps.
Je pense que nous sommes en faveur des droits des passagers, mais nous devons avoir des attentes raisonnables. Ce n'est pas tant l'intention du projet de loi qui...
Selon moi, c'est un mauvais projet de loi. On a pénalisé les compagnies aériennes plutôt que d'avoir une vue d'ensemble et de déterminer ce qui constitue une attente raisonnable de la part d'un passager.
Monsieur French, pourriez-vous nous donner votre avis à cet égard?
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Alors quelle serait une attente raisonnable? Eh bien, si j'allais m'acheter une paire de chaussures, je m'attendrais, de façon raisonnable, que ce soit de bons souliers et je m'attendrais également que s'ils avaient quelque défaut que ce soit, que la personne qui me les a vendus s'occupe de la réparation.
Il en va de même pour les transports aériens. Si je paie une compagnie aérienne pour qu'elle me transporte du point A au point B, je m'attends à ce qu'elle m'amène du point A au point B de façon courtoise, respectueuse et, du moins je l'espère, à temps. Lorsque vous parlez de problèmes météorologiques et autres facteurs de ce genre — je viens d'une région du Canada où les conditions météorologiques sont parmi les plus mauvaises au pays, vous ne le croiriez pas, et je suis certain qu'il en va de même pour le Nord de la Colombie-Britannique. J'ai décollé à l'aéroport de St. John's alors qu'on ne voyait même pas le bout de l'aile. J'y suis donc habitué. Mais je pense que les Canadiens s'attendent, et à juste titre, d'être traités de façon équitable. Ils paient leur billet, et ils s'attendent à recevoir du bon service. Je pense que cela figure parmi leurs attentes raisonnables.
Alors pour une famille de quatre qui a des problèmes... Je pense que vous faites partie des chanceux qui n'avez pas eu de problèmes, surtout compte tenu de tous les voyages que vous avez faits. Je n'ai pas eu la même chance que vous. On m'a dit, lors de l'annulation d'un vol, de faire comme 2 000 autres personnes à l'aéroport Pearson et d'essayer d'obtenir réparation en utilisant deux téléphones blancs. Ce n'est pas ce que j'appelle du service. Et je ne pense pas que les Canadiens s'attendent à cela.
Vous avez tous entendu le même genre d'histoires que j'ai entendues à la radio au cours des deux dernières années, des histoires d'horreur que ce soit au printemps, à l'été, à l'automne ou en hiver. Les problèmes existent, et je pense que les Canadiens s'attendent à quelque chose de raisonnable. Ils s'attendent certainement à rien de moins que ce qui est offert aux Européens ou aux Américains. C'est tout, et comme l'a dit M. Maloway, je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un qui a fait faillite en offrant un bon service.
Monsieur French, je prends moi aussi très souvent l'avion. En fait, je suis le député de Fort McMurray. Sauf votre respect, je pense que je représente plus de Terre-Neuviens que vous...
Des voix: Oh, oh!
M. Brian Jean:... soit environ 30 000. C'est pour cette raison que je n'approuve absolument pas le projet de loi. Je ne l'appuie pas dans sa forme actuelle et, franchement, je ne crois pas qu'il puisse être modifié de manière à lui donner suffisamment de force sans que cela ne perturbe davantage mes électeurs terre-neuviens que qui que ce soit d'autre au Canada.
J'en suis fermement convaincu, et je vais vous dire pourquoi. Tout d'abord, la situation dont vous avez parlé est liée à la météo. Vous avez parlé d'une situation où les gens étaient bloqués dans un aéroport, et je sais que c'était à cause du mauvais temps. Si c'était pendant le temps des Fêtes, alors la recherche que j'ai faite prouve que c'était lié à la météo. Les retards étaient causés par le mauvais temps. Vous avez parlé des conditions météorologiques, et je comprends pourquoi vous soulevez la question.
Vous avez parlé de la déclaration des droits européenne. Paris et Londres, deux des aéroports les plus achalandés d'Europe ne connaissent pas les chutes de neige. St. John's est en fait la ville la plus brumeuse de tout le Canada; elle est sous le brouillard 124 jours par an. Dans le cas de Halifax, c'est 122 jours par an. C'est la ville où il tombe le plus de neige, avec 359 centimètres, après Québec, qui est aussi considérablement touchée avec 343 centimètres de neige. C'est la ville la plus pluvieuse, avec des précipitations de 1 514 millimètres. C'est la ville où il y a le plus de vent, avec une vélocité moyenne de 24,3 kilomètres à l'heure et c'est là où il y a le plus de nuages, avec 1 494 heures d'ensoleillement. St. John's a plus de journées de pluie verglaçante et de précipitations que toute autre ville.
C'est évidemment une préoccupation. Les Terre-Neuviens m'ont dit à quel point cela les préoccupait, mais comme dans le cas du chien de Pavlov — si on appelle constamment le chien, mais qu'on le frappe avec un bâton lorsqu'il arrive —, les lignes aériennes n'offriront plus de vols réguliers vers ces villes si elles sont constamment punies à cause du mauvais temps, ce qui semble être le cas. Même si on exclut le mauvais temps, ce qui, je ne crois pas puisse être possible dans le cadre du projet de loi à l'étude, il y aura d'autres problèmes.
Voilà donc ce qui me préoccupe, monsieur. À l'heure actuelle, j'ai deux vols de retour directs par jour de St. John's à Fort McMurray, et ces vols sont très importants pour les gens de ma région, car il en va de leur gagne-pain.
Franchement, monsieur, je suis d'avis que le projet de loi à l'étude causerait l'interruption de ces vols, comme bon nombre d'autres vols vers de petites localités, et je représente environ 37 de ces petites localités dans le Nord de l'Alberta. Je sais que Terre-Neuve compte bon nombre de petites localités également. C'est ce qui me préoccupe.
Sur ce, je cède la parole à M. Watson.
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L'une des choses que nous faisons très bien à Terre-Neuve-et-Labrador est attribuable au gouvernement fédéral qui, il y a des années, a mis en place un bon système ILS qui permet de faire atterrir et décoller les avions. Nous avons des chasse-neige, et les routes et les pistes d'atterrissage sont déneigées très rapidement après une tempête.
Vos électeurs prennent souvent l'avion à partir de St. John's et vers cette ville, j'en conviens, mais certains d'entre eux se plaignent à moi et à d'autres personnes également. Le problème est le suivant: il y a du mauvais temps, puis le soleil revient, et on a un Embraer ou un 737 qui arrive et qui tente de repartir avec tous ces passagers. Cela prend une semaine.
Les compagnies aériennes n'interviennent pas pour dire qu'elles vont ajouter un Boeing 767 ou 777 pour éliminer l'arriéré. Elles ne font rien, elles laissent vos électeurs et mes résidants dans un aéroport et ces derniers ne savent pas où aller, à qui s'adresser, ce qu'ils doivent faire ou quoi que ce soit.
J'ai bien peur, monsieur, de ne pas pouvoir être d'accord avec vous lorsque vous dites qu'à cause du projet de loi, les compagnies aériennes au Canada seront en bien pire posture encore qu'elles ne le sont à l'heure actuelle. On a expliqué ce qui s'est produit dans le National Post hier, et cela n'a rien à voir avec le mauvais temps; c'est tout simplement une question d'argent.
Je pense que si on perd de vue ce problème et qu'on ne s'occupe pas des Canadiens, ce n'est pas correct. Écoutez, si cela fonctionne en Europe, alors nous ne sommes donc pas assez bons pour ce système. C'est tout ce que je peux en déduire: les Canadiens ne méritent pas d'être protégés.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Prud'homme. Vous avez parlé des Îles-de-la-Madeleine, tout à l'heure. En fait, aux Îles-de-la-Madeleine, la compagnie aérienne qui desservait cette région vendait plus de sièges que l'avion n'en possédait et finalement, des passagers devaient régulièrement demeurer à l'aéroport parce que c'était le seul moyen de transport.
Je suis d'accord avec M. Laframboise pour dire que le projet de loi n'a pas de sens. Cependant, là n'est pas le sujet.
En tant que député depuis 10 ans, je dois vous dire que j'ai abandonné l'idée de prendre l'avion à partir d'Ottawa vers Montréal, puis Mont-Joli, etc. — il n'y a pratiquement plus de service à Mont-Joli —, parce qu'il y avait une correspondance à Montréal ou à Québec et que je la ratais régulièrement. Personnellement, j'ai eu beaucoup de difficultés à traiter avec les transporteurs aériens. Dans ma région, aux Îles-de-la-Madeleine, le système de transport était assez catastrophique. Par contre, on ne peut accuser les aéroports, ni NAV CANADA, mais les transporteurs étaient responsables de ce qui se passait aux Îles-de-la-Madeleine. Je ne vous parle pas des petites et moyennes compagnies. Je comprends qu'il y ait une différence entre votre association et les compagnies en question.
Par ailleurs, je comprends votre position concernant le projet de loi, lorsque vous dites que les gens doivent se plaindre à l'Office des transports. Allez poser aux gens des Îles-de-la-Madeleine la question de savoir où et auprès de qui ils peuvent se plaindre. Ils ne vous répondront pas que c'est à l'Office des transports parce qu'ils ne le savent même pas. Alors, ils se plaignent d'abord aux transporteurs aériens ou aux médias.
J'observe vos statistiques concernant les nouvelles plaintes. S'il y avait un préposé aux plaintes aux Îles-de-la-Madeleine, vos statistiques tripleraient parce que les gens ne savent pas où se plaindre. Bien sûr, ils vont s'adresser aux médias, aux députés. Je ne parle pas de vos membres mais des grands transporteurs. Personnellement, étant de la région, si j'avais voulu déposer des plaintes, j'en aurais déposé peut-être une ou deux par mois. Aussi, vos statistiques me posent beaucoup de difficultés. Je ne suis pas favorable au projet de loi proposé et je sais qu'il n'est pas amendable.
Je vais me permettre en tant que président de faire une très brève observation.
Vous pouvez peut-être répondre, monsieur Prud'homme, à ces quelques commentaires que je juge utiles de faire.
Premièrement, vous avez mentionné que vous ne pouviez pas obtenir de renseignements précis concernant les opérations des lignes aériennes, car les opérations et les trajets sont un peu trop complexes. Je me demande si c'est tellement complexe que personne n'en comprend le fonctionnement. C'est la première chose qui m'a traversé l'esprit.
Deuxièmement, nos analystes ici ont fait quelque chose que tous nos collègues des deux côtés de la table ont fait — notamment, l'Office des transports du Canada, bien qu'il administre les tarifs intérieurs des lignes aériennes, n'a pas vraiment d'autorité pour faire respecter les mesures qui pourraient être recommandées à la suite de plaintes.
Je sais que vous avez sans doute un point de vue différent ici, mais je soulèverai peut-être la question auprès de certains de vos collègues que nous entendrons après vous.
Ce ne sont là que deux observations. Je me rends compte qu'il ne nous reste plus de temps. J'espère que vous ne me trouvez pas trop injuste, mais j'ai pensé que vous aimeriez peut-être entendre les réactions de quelqu'un.
:
La séance est ouverte. J'ai dit que nous ferions une pause d'une minute.
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux représentants de l'Association du transport aérien du Canada. M. John McKenna est le président et premier dirigeant. Il est accompagné de Mme Tracy Medve, qui est membre du conseil d'administration.
Nous allons également entendre l'Association des consommateurs du Canada, qui est représentée par M. Mel Fruitman.
Madame est messieurs, merci de vous joindre à nous. Comme vous l'avez vu, vous aurez dix minutes chacun. On nous appellera pour aller voter à 17 h 30. Nous mettrons fin à la séance du comité à ce moment-là. Nous devions examiner les travaux du comité, mais nous devrons le faire lundi pour donner à nos témoins la chance de nous transmettre leurs messages.
Au fait, même si vous êtes deux, vous n'avez quand même que dix minutes. Vous souhaiterez peut-être partager votre temps; peu importe.
Monsieur McKenna, madame Medve, qui veut commencer?
Allez-y, monsieur McKenna.
Bonjour. Je m'appelle John McKenna et je suis le président de l'Association du transport aérien du Canada.
Je suis accompagné aujourd'hui des membres de notre conseil d'administration: Tracy Medve, présidente des lignes aériennes Canadian North, et Mark Williams, président des lignes aériennes Sunwing. Michael Skrobica, vice-président des affaires monétaires de l'industrie à l'ATAC est également ici.
L'Association du transport aérien du Canada représente l'industrie du transport aérien commercial du Canada depuis 75 ans. Nous comptons environ 185 membres qui représentent le secteur de l'aviation commerciale dans chaque province canadienne et qui offre des services à la grande majorité des 700 aéroports et plus au pays.
Nos membres sont d'avis que le projet de loi pourrait compromettre la sécurité, qu'il est extrêmement punitif et qu'il pourrait avoir des conséquences indésirables involontaires pour l'industrie et les consommateurs. Nous aimerions parler plus précisément de quatre éléments du projet de loi qui méritent d'être examinés sérieusement. Il s'agit des menaces à la sécurité, d'un dédommagement déraisonnable offert aux consommateurs, le fait que le projet de loi pourrait ne pas s'appliquer aux régions du Nord ou éloignées et aux petites localités et le fait que les lignes aériennes deviennent financièrement responsables de problèmes qui échappent à leur contrôle.
La sécurité des passagers devrait primer. C'est pourquoi la Loi sur l'aéronautique et la Loi sur les transports au Canada devraient avoir préséance sur tout autre mesure législative portant sur les droits des consommateurs.
À l'heure actuelle, le Canada a l'un des systèmes de transport aérien les plus sécuritaires au monde. La pierre angulaire du système est la Loi sur l'aéronautique. Un principe clé du projet de loi, c'est que le pilote aux commandes décide s'il est sécuritaire d'effectuer un vol. Le projet de loi , en raison de la menace d'une sanction pécuniaire, a une influence négative sur la décision du commandant de voler ou non.
Le projet de loi envisage d'exempter les compagnies aériennes des sanctions seulement si on a fermé un aéroport. Les aéroports ne ferment presque jamais et ne sont pas autorisés en vertu des règlements de déterminer si un avion devrait décoller ou atterrir. Nous sommes d'avis que le projet de loi donne à penser que le pouvoir de prendre une telle décision serait retiré au commandant de bord.
Un pilote doit par ailleurs considérer le type d'aéronef, sa charge, la distance du vol, les conditions météorologiques en route, sa destination et d'autres éléments. En confiant à une tierce partie la décision de décoller ou non et étant donné les sanctions qui pourraient s'élever jusqu'à 120 000 $ pour un Boeing 737-200, il est probable que les pilotes soient enclins à prendre des risques. Nous sommes convaincus que ce n'est pas là l'intention du projet de loi qui est proposé.
La question des retards sur les aires de trafic constitue un autre problème de sécurité. Ces retards se produisent lorsqu'il y a du mauvais temps, notamment de la neige et du verglas, et il faut alors dégivrer l'avion. Étant donné que les aéroports ont installé des aires de récupération de l'éthane pour des raisons environnementales et que le nombre de places est limité, les files d'attente pour utiliser ces aires sont parfois congestionnées.
Étant donné que la sanction pour un retard d'une heure d'un Boeing 737 pourrait atteindre 50 000 $, il est clair que dans des conditions météorologiques difficiles, un pilote pourrait ainsi être enclin à éviter de faire la file. La leçon que nous avons tirée de l'accident de 1989 à Dryden, c'est qu'il faut faire le dégivrage.
L'ATAC recommande que toutes les sanctions prévues dans le projet de loi dans des situations qui échappent au contrôle direct des lignes aériennes et tous les éléments qui pourraient avoir des conséquences sur la sécurité soient éliminés et que la décision de ne pas décoller continue d'être prise par le pilote.
Le dédommagement prévu dans le projet de loi ne correspond absolument pas aux réalités économiques du transport aérien au Canada. Comment peut-on dire qu'il est juste de verser une indemnisation de 1 200 $ à un client qui n'a payé son billet pour la Floride que 99 $?
S'il y a une sanction de 500 $ de l'heure pour les retards sur l'aire de trafic, comme on l'a dit précédemment, tous les passagers à bord surveilleraient alors impatiemment l'heure à leur montre puisqu'avec une telle indemnisation, ce serait comme s'il gagnait à la loterie.
Le Canada a un marché ouvert avec concurrence sur la plupart de ses routes aériennes. Si un transporteur en particulier retarde ou annule régulièrement ses vols, les clients peuvent généralement se tourner vers d'autres transporteurs. Je soulignerais qu'aucune mesure semblable n'est imposée à d'autres modes de transport qui pourraient avoir des retards ou des annulations, alors pourquoi en imposer au transport aérien?
Laissons les passagers décider avec leur portefeuille. Rien n'envoie un message plus clair qu'un consommateur qui choisit un autre concurrent ou un autre mode de transport lorsqu'il n'est pas satisfait. L'ATAC recommande de réexaminer les amendes de façon à ce que combinées, elles n'excèdent jamais le prix du billet.
Le projet de loi a été rédigé selon l'infrastructure qui existe dans les grands aéroports. Malheureusement, au Canada, les circonstances dans les aéroports éloignés et les plus petits aéroports dans le Nord sont plus austères, et les communications sont peut-être moins fiables tout au mieux. Certains petits aéroports n'ont même pas d'aérogares. Si une ligne aérienne qui a des vols vers une telle localité et en provenance de cette localité tient compte des risques financiers qu'engendre le projet de loi C-310 par rapport aux profits moins élevés pour offrir ces vols, il est possible que le transporteur aérien décide de ne plus desservir ces localités ou d'offrir un service réduit. Était-ce là l'intention du projet de loi?
Le député de Western Arctic et bon nombre de vos collègues des régions côtières pourraient voir le service offert à leur circonscription gravement réduit pendant les saisons où le temps est instable. Les lignes aériennes pourraient tout simplement décider de suspendre le service dans ces régions pendant une partie de l'année plutôt que de courir le risque d'être pénalisé régulièrement en raison des conditions météorologiques instables.
L'ATAC recommande que les plus petites collectivités éloignées et celles dans le Nord soient exclues du projet de loi et que ce dernier ne s'applique pas aux opérations qui utilisent un aéronef de moins de 60 places. La plupart des aéronefs pour le service dans les régions du Nord, les petites localités des régions éloignées se retrouvent dans cette catégorie. Il s'agit des Beech 1900, des Dash 8 100, 200 et 300, des Metroliners, des ATR 42, du Convair CV-580, pour ne nommer que quelques-uns des avions qui desservent nos régions. Par ailleurs, dans le Nord, il y a de nombreux avions à réaction combi qui voyagent sans être complets. Il pourrait arriver qu'un 737-200 opère avec aussi peu que 20 passagers.
Bon nombre des dispositions du projet de loi tiennent responsables les lignes aériennes pour des situations qui échappent à leur contrôle direct. Les lignes aériennes seraient responsables du mauvais temps, des retards au sol à cause de problèmes de dégivrage, de congestion, de disponibilité des portes d'embarquement et de déneigement lent. Les retards sur l'aire de trafic peuvent être causés par la menace d'éclairs qui nécessitent que le personnel au sol se mette à l'abri à l'intérieur de l'aérogare. Le contrôle du trafic aérien peut être la cause d'autres retards. Est-il juste de rendre la ligne aérienne financièrement responsable de tels problèmes? La réponse est claire: non.
L'ATAC recommande que le libellé du projet de loi établisse une distinction claire au niveau des responsabilités. Les lignes aériennes ne peuvent être tenues responsables des retards qui échappent à leur contrôle. Pour faire un profit, les lignes aériennes doivent faire voler leurs avions le plus possible. Tout retard cause une série d'autres retards, d'inconvénients et d'autres annulations qui font en sorte que les passagers doivent prendre un vol plus tard au cours de la journée ou même au cours des jours subséquents en utilisant le même aéronef. Cela cause des pertes de revenu.
Malheureusement, nous devons vivre avec des pannes mécaniques qui font en sorte que le vol doit parfois être retardé ou même annulé. Un simple avertissement d'un instrument peut retarder le décollage, car les pilotes et l'équipe de maintenance doivent faire une vérification complexe afin de s'assurer que le vol peut être effectué en toute sécurité. Les lignes aériennes n'hésitent certainement pas à faire passer la sécurité avant leur réputation pour ce qui est de décoller à l'heure. Le projet de loi n'a certainement pas l'intention de changer notre engagement envers la sécurité.
L'Association de l'industrie touristique du Canada et la Chambre de commerce du Canada se sont toutes deux prononcées contre le projet de loi à l'étude, et ont dit qu'il se traduirait inévitablement par des coûts plus élevés pour les consommateurs et les entreprises. L'industrie du transport aérien au Canada a déjà de la difficulté à être concurrentielle et durable étant donné qu'elle doit déjà soutenir le fardeau considérable de coûts structurels élevés, des coûts d'infrastructure pour la sécurité et des taxes de toutes sortes, notamment la taxe d'accise sur le carburant. La menace de coûts additionnels — notamment les dommages-intérêts punitifs déraisonnables par rapport aux revenus du transporteur pour un vol donné — ne peut que mener à la détérioration de notre système de transport aérien viable pour les Canadiens.
En conclusion, nous voulons qu'il soit parfaitement clair que l'ATAC s'oppose au projet de loi dans sa forme actuelle. Nous estimons que si le projet de loi devait être adopté sans amendements de fond, il aurait des conséquences non intentionnelles qui pourraient diminuer la sécurité et ultimement se traduire par un service réduit aux voyageurs et aux consommateurs en général. Cependant, si les législateurs décident d'adopter le projet de loi, nous avons préparé une série d'amendements que nous proposons et que nous avons déjà fait parvenir à tous les membres du comité. Nous espérons que vous examinerez sérieusement ces amendements, car la sécurité, la qualité et la disponibilité du transport aérien au Canada sont en jeu.
[Français]
En terminant, je veux réitérer que l'Association du transport aérien du Canada s'oppose à ce projet de loi parce que sous sa forme actuelle, il donne préséance à la compensation aux passagers plutôt qu'à la sécurité dans l'exploitation d'une ligne aérienne. Cela est inacceptable pour l'industrie du transport aérien.
[Traduction]
Merci de votre temps et de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci de nous donner l'occasion de présenter notre point de vue sur le projet de loi C-310. Comme nous avons été invités à témoigner il y a moins de 24 heures, mes commentaires seront brefs.
L'Association des consommateurs du Canada a été fondée il y a 62 ans. C'est un organisme indépendant, sans but lucratif et composé de bénévoles. Notre bureau national est situé à Ottawa, et nous avons des représentants provinciaux et territoriaux.
En passant, je ne suis pas un consultant chèrement payé. Je suis un bénévole.
Une voix: Vous êtes embauché.
M. Mel Fruitman: Notre mandat consiste à informer et à sensibiliser les consommateurs concernant les questions relatives au marché, à défendre les droits des consommateurs devant le gouvernement et l'industrie, et à collaborer avec le gouvernement et l'industrie pour trouver des solutions aux problèmes touchant les marchés.
Les gouvernements qui se sont succédé à l'échelle fédérale au cours des 25 dernières années ne méritent pas nos félicitations au chapitre de la protection des consommateurs. Je dirais même qu'ils n'ont absolument rien fait. Nous avons maintenant la chance de donner à une partie de la population canadienne, les voyageurs aériens, le service et la protection qu'elle mérite. Depuis la chute de son concurrent principal, Canadien, Air Canada — et, dans une moindre mesure, d'autres transporteurs — semble traiter ses clients avec mépris, même si la concurrence est plus féroce depuis quelques années.
Entre autres exemples, il y a la publicité trompeuse, le fait qu'un seul siège soit disponible au prix annoncé — problème fâcheux pour une famille de quatre —, les coûts qui s'ajoutent de façon déraisonnable au prix du billet, les frais pour l'enregistrement de sacs, et, plus récemment, les frais supplémentaires pour les sièges qui ont un peu plus d'espace pour les jambes, étant donné leur emplacement dans l'appareil. Ces problèmes ne sont rien en comparaison aux situations que le projet de loi C-310 tente de modifier ou de corriger.
Avant de continuer, je tiens à préciser que la sécurité est toujours de première importance. Nous estimons que les mesures proposées dans le projet de loi ne devraient pas compromettre la sécurité. Nous croyons d'ailleurs que ce ne sera pas nécessairement le cas.
Le projet de loi porte sur certains des pires inconvénients imposés aux voyageurs aériens: les annulations, les retards, le fait de rester immobile sur l'aire de trafic, le refus d'embarquement, la surréservation et la perte des bagages. Même si notre association n'a pas pour mandat de recevoir des plaintes, nous en recevons chaque année des milliers concernant les problèmes que j'ai mentionnés. Je n'ai pas le temps de décrire les situations signalées, mais vous les connaissez bien, et M. French en a déjà parlé.
En fait, la preuve que ces problèmes sont très réels, c'est qu'il trouve un écho dans la bande dessinée de Bizarro publiée ce matin dans le Globe and Mail. On voit un patient, couché sur le divan de son psychiatre, qui dit: « Je n'ai pas peur de prendre l'avion en tant que tel, j'ai peur des longues files d'attente, des frais cachés, des contraintes de sécurité irrationnelles et des retards inexpliqués ».
Un témoin précédent a dit qu'il prenait souvent l'avion et qu'il avait vécu des problèmes dans moins de un quart de 1 p. 100 de ses voyages. Je crois plutôt que ceux d'entre nous qui prennent souvent l'avion deviennent tellement habitués aux problèmes qu'ils ne les remarquent plus, à moins que ces problèmes leur fassent manquer une réunion ou la fête d'anniversaire d'un petit-enfant.
Mais qu'en est-il des personnes qui doivent raccourcir leurs vacances ou même leur dire adieu en raison d'annulations ou de surréservations? Qu'en est-il des parents qui s'efforcent de distraire deux enfants en bas âge pendant qu'ils attendent leur vol retardé? Ou de la dame âgée qui tombe malade parce qu'elle est emprisonnée pendant des heures dans un avion gardé immobile, et où il n'y a pas de climatisation, pas d'eau et pas de toilettes? Ou des invités à un mariage qui doivent se trouver de nouveaux habits parce qu'on a perdu leurs bagages? Allez donc leur dire que ces problèmes surviennent dans moins d'un quart de 1 p. 100 des cas.
Contrairement à ce que certains vous ont dit, le projet de loi C-310 vise à donner des droits aux passagers et à rendre les voyages des Canadiens plus agréables. Du point de vue des consommateurs, les dispositions du projet de loi réduiraient la fréquence des inconvénients subis par les voyageurs si les transporteurs réagissaient convenablement. Le projet de loi n'a pas pour objet de pénaliser les transporteurs, mais d'agir comme moyen dissuasif. Il veut inciter les transporteurs à bien traiter leurs clients, à travailler mieux et à éviter les pénalités. Ne vous laissez pas intimider par le chantage et par les menaces selon lesquelles les collectivités rurales de partout au Canada bénéficieront de moins de services. Si les transporteurs le voient comme un incitatif à rendre leurs clients plus satisfaits et plus heureux, je ne vois pas comment le projet de loi pourrait toucher en profondeur la structure des coûts des entreprises ou entraîner une augmentation radicale des prix pour les consommateurs canadiens.
Les exigences visant à améliorer la satisfaction et l'expérience de voyage des clients et à les indemniser pour les inconvénients les plus flagrants ne sont pas déraisonnables. Contrairement à ce qu'on a dit, le projet de loi ne rend pas les transporteurs aériens responsables de la météo. Le projet de loi n'est peut-être pas entièrement satisfaisant, notamment en ce qui concerne les retards, mais on peut le mettre au point facilement.
Pour être franc, je suis stupéfait de la réaction à ce que le projet de loi dit concernant les circonstances extraordinaires. C'est le type d'échappatoire dont les avocats raffolent généralement. Je ne comprends pas la nature des objections jusqu'à présent. Les circonstances prévues sont très vastes et donnent beaucoup de marge de manoeuvre aux transporteurs.
Rien dans le projet de loi n'exige que les transporteurs compromettent la sécurité du public au profit de l'agrément des voyageurs. Les scénarios catastrophes sont avancés par les transporteurs qui ne traitent pas leurs clients avec respect, qui n'aspirent pas à améliorer l'expérience des passagers, qui n'acceptent pas la responsabilité de leurs propres erreurs, qui ne souhaitent pas atténuer les inconvénients vécus par les passagers et qui, par conséquent, ne voient que les pénalités et non les possibilités.
Nous exhortons les membres du comité à appuyer le projet de loi et à procurer aux voyageurs aériens du Canada la protection et le confort qu'ils paient et qu'ils s'attendent à recevoir.
Je reprendrai l'interprétation que je donnais aux témoins précédemment.
Monsieur Fruitman, vous avez mentionné qu'on pouvait apporter des modifications. Et monsieur McKenna, vous avez dit que certaines mesures du projet de loi pourraient être modifiées. Le problème est qu'il s'agit d'un projet de loi privé. On ne peut pas faire ce que l'on veut avec ce projet de loi.
Je vous donne un exemple. Les libéraux et les néo-démocrates charrient dans la tragédie d'Air Cubana, qui touchait plusieurs Québécois. J'appelle cela une tragédie puisque des voyageurs, en mars 2008, sont demeurés plusieurs heures sur le tarmac de l'aéroport d'Ottawa parce que leur avion avait été détourné vers Ottawa à cause de la température. L'administration de l'aéroport d'Ottawa nous dit qu'Air Cubana n'a pas payé ses droits, alors qu'Air Cubana affirme l'avoir fait. Finalement, les passagers ont payé le prix. L'important pour moi est que les passagers y trouvent leur compte.
Je dois vous dire que j'ai soumis aux légistes de la Chambre des communes un amendement qui se lit comme suit: Que le projet de loi C-310, à l'article 5, soit modifié par adjonction, après la ligne 25, page 4, de ce qui suit:
(2.1) Si le transporteur aérien qui a dû fournir des services ou verser des indemnités au titre des paragraphes (1) ou (2) est d'avis que la présence des passagers pendant plus d'une heure à bord d'un aéronef retenu au sol résulte d'une mesure ou d'une décision prise par une administration aéroportuaire, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), NAV CANADA ou l'Agence des services frontaliers du Canada, il peut en référer au ministère des Transports, qui se prononcera sur la responsabilité de l'organisme en cause et son obligation de rembourser au transporteur aérien les sommes qu'il a eu à débourser.
J'estimais que c'était honnête. Si jamais des passagers vivaient cette expérience, comme ceux d'Air Cubana, ils devraient être dédommagés. Si la compagnie aérienne n'est pas responsable, qu'elle soit remboursée par le responsable.
J'ai l'avis du légiste de la Chambre des communes: ce n'est pas recevable parce qu'on change le sens du projet de loi privé. Ce n'est pas un projet de loi du gouvernement. Je veux que vous compreniez cela, monsieur Fruitman. Je suis d'accord pour que l'on protège les consommateurs, mais je suis ligoté par le fait qu'il s'agit d'un projet de loi privé, qui ne peut subir que de très mineures modifications. La grande majorité des choses que propose M. McKenna et ce que vous pourriez proposer seront jugés irrecevable par le légiste de la Chambre. Ce n'est pas un projet de loi du gouvernement. Seul un tel projet de loi peut être travaillé par le comité, changé, trituré, etc. Un projet de loi privé est limité par son intention première, et c'est le problème que nous avons ici.
Je veux bien accepter qu'on me blâme, qu'on dise que je subis des pressions de lobbyistes — ce qui n'a jamais été le cas —, mais je n'accepterai jamais qu'on me fasse dire des choses que je ne peux pas dire légalement. Je n'ai pas le droit d'apporter les modifications que j'aimerais à ce projet de loi parce que c'est un projet de loi privé.
N'en déplaise à M. Byme, le gouvernement a répondu à sa motion. Il a accepté le programme proposé par les transporteurs aériens. Il y avait une motion, le gouvernement a accepté l'entente signée par les transporteurs aériens, mais il a décidé de ne pas déposer de projet de loi. C'est le choix du gouvernement, mais on ne peut pas faire ce qu'on veut avec ce projet de loi privé. J'aimerais que vous me disiez ce que vous souhaiteriez changer et que vous compreniez ma position. Avez-vous des commentaires ou des questions?
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais d'abord signaler un incident survenu à Vancouver l'année dernière. Il y a eu une tempête de neige et des passagers ont été immobilisés pendant deux ou trois jours. Un des passagers m'a dit qu'en l'occurrence, la compagnie Air Canada avait l'intention de subroger contre ceux qu'elle estimait être la partie coupable — c'est-à-dire les responsables de l'administration aéroportuaire, n'est-ce-pas?
Ainsi, pour répondre à M. Laframboise qui demandait ce qui devrait arriver, la compagnie Cubana devrait dédommager les passagers en raison du retard sur la piste et à son tour, elle devrait ensuite subroger contre ceux qu'elle estime être la partie coupable, à savoir l'administration aéroportuaire.
Toutefois, c'est aux compagnies de démêler tout cela. Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de tout un chacun ici.
Je voudrais parler de quelques autres questions.
M. McKenna est le premier lobbyiste de l'industrie que j'ai rencontré qui semble aborder les choses de façon raisonnable. Si je dis cela, c'est parce qu'il a parlé d'amendements à apporter au projet de loi.
Nous avons entendu le lobby de l'industrie. Nous avons en fait préparé des amendements. L'un de ces amendements, élaboré par l'un des députés, vise à éviter que le dédommagement excède le coût du billet d'avion.
Vous l'avez dit vous-même, si vous avez acheté un billet à 99 $, vous ne devriez pas vous attendre à une somme énorme en dédommagement. C'est précisément ce qu'un des amendements avancés prévoit.
J'aimerais beaucoup avoir une copie de tous les amendements que vous proposez, car il se peut qu'un ou deux nous aient échappé.
Vous avez évoqué la possibilité d'exclure certaines compagnies aériennes, celles dont les appareils comportent moins de 40 ou 60 sièges. C'est certainement possible. Je pense qu'on songe à un amendement pour exclure des compagnies aériennes nordiques, dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces détails peuvent être pris en compte grâce aux amendements.
Nous avons présenté un amendement pour réduire la pénalité de retard sur la piste, de façon à la faire passer de 500 $ à 100 $. Je suis sûr que vous voyez cela d'un très bon oeil.
Nous avons présenté un autre amendement pour réduire le dédommagement offert lors d'annulations de vol et de refus de monter à bord de façon qu'il corresponde à la moitié de ce qu'il est en vertu de la loi européenne. En fait, cela correspond au niveau de dédommagement offert en Europe il y a cinq ans. Comme vous le savez, la loi européenne n'est pas entrée en vigueur il y a seulement cinq ans, elle existe depuis 1991. Air Canada connaît très bien cette loi. La compagnie paie des dédommagements en vertu de cette loi depuis 1991. Les dispositions du projet de loi prévoient donc que ces diverses pénalités, ces compensations, correspondront aux niveaux qui avaient cours en Europe il y a cinq ans.
Voilà donc les amendements que nous avons déjà rédigés. Les membres du comité les proposeront en temps utile. Nous serions assurément heureux d'examiner les autres amendements que vous souhaiteriez présenter et que nous pourrions intégrer au projet de loi.
Je souhaite soulever une autre question, celle des droits de vol. J'avais l'impression, jusqu'à maintenant, que seulement quatre transporteurs avaient adopté l'accord sur les droits de vol, à savoir Air Canada, WestJet, Air Transat et une autre compagnie. J'avais aussi l'impression que c'était les seuls transporteurs qui incorporaient des droits de vol dans leurs tarifs. Nous avons beaucoup de mal à démêler toute cette question, car Air Canada, à elle seule, publie quelque chose comme 115 pages là-dessus sur son site Web.
De toute façon, en contrepartie, les droits de vol peuvent changer. Les tarifs diffèrent selon la compagnie aérienne, comme vous le savez. Vous pouvez aller de Toronto à Calgary avec Air Canada en vertu d'un tarif et ensuite de Calgary à Vancouver avec une autre compagnie, en vertu d'un autre tarif.
J'ose à peine imaginer le méli-mélo dans lequel vous vous retrouverez quand un passager va essayer de déterminer à qui revient la responsabilité pour telle ou telle chose? En outre, nous avons pu comprendre qu'il y a seulement quatre compagnies aériennes assujetties aux droits de vol.
De plus, les droits de vol se sont révélés être tout à fait inefficaces. Comme l'a signalé un député libéral, l'accord sur les droits de vol ne comporte pas de pénalité. Le seul élément positif que j'ai pu y trouver est qu'on ne peut pas garder des passagers captifs dans un avion plus de 90 minutes.
J'estimais qu'il était très important que les compagnies aériennes décident — et je ne sais pas sur quelle base — que 90 minutes représentaient un maximum de temps d'attente après quoi on permettrait aux passagers de quitter l'avion. À cela nous avons répondu que 60 minutes étaient préférables à 90 et qu'il y aurait des dédommagements.
Vous constaterez, à la lecture du projet de loi, que les dispositions qui s'y trouvent sont très claires. Les projets de loi sont rédigés par des juristes. En l'occurrence, nous avons prévu deux exclusions.
En cas d'attente sur la piste, l'exclusion se lit comme suit:
L'occasion de débarquer de l'aéronef s'il est possible de le faire sans exposer les passagers ou toute autre personne à un risque disproportionné pour leur santé ou leur sécurité, ou sans nuire à l'exploitation sécuritaire de l'aéronef ou d'autres aéronefs.
C'est l'exclusion. Nos avocats se sont penchés là-dessus et ils estiment que cela donne au pilote beaucoup de souplesse. S'il y a désaccord, cela pourra être modifié.
:
Monsieur le président, s'il me reste du temps, je vais en faire cadeau à M. Jean.
Tout d'abord, M. Laframboise a soulevé un élément très important pour notre discussion ici. Il arrive souvent que des groupes de témoins viennent dans le but d'apporter quelque chose à la discussion. Le débat autour de cette table vise un objectif ambitieux mais c'est la mécanique même de ce que nous faisons qui est importante ici. Je pense que nous partageons les mêmes aspirations. Personne autour de cette table ne chercherait à faire valoir que les passagers ne méritent pas d'avoir des droits. Ainsi, comment traduire des aspirations communes en résultats raisonnables? Autrement dit, le projet de loi C-310 serait-il le bon outil? Nous savons déjà, étant donné que c'est un projet de loi d'initiative parlementaire, que les modifications possibles sont limitées.
M. Maloway a donné une série de modifications mineures — car on peut faire varier le montant des dédommagements, par exemple. C'est une modification mineure. Mais nous, de notre côté, nous prétendons que le projet de loi pèche du côté de sa structure, ce qui nous pose de véritables problèmes. Je n'aime pas l'idée, comme l'a proposé M. Maloway, de pousser les transporteurs aériens à poursuivre d'autres entités pour des problèmes dont ils ne sont pas responsables.
Pour tout dire, selon nous, le projet de loi C-310 vise à punir les compagnies aériennes alors que d'autres parties responsables s'en tireraient impunément. Cela est un problème et nous ne pouvons pas modifier le projet de loi afin de le surmonter. Voilà donc le débat qui nous réunit autour de cette table.
Je voudrais décrire une série de situations potentielles. Certaines représentent peut-être des circonstances hors de l'ordinaire et d'autres plus ordinaires mais je tiens à vous les exposer.
Un accident sur la piste ou une prise d'otages ou une urgence médicale à bord d'un avion peuvent constituer des circonstances hors de l'ordinaire mais si ces situations entraînent que quelqu'un doit passer une nuit à un endroit avant d'atteindre sa destination, la compagnie aérienne est responsable. Le dédommagement qu'elle doit offrir n'est peut-être pas maximal, mais néanmoins elle doit assumer des dépenses qu'elle n'a pas occasionnées. Est-ce équitable?
Je m'adresse à M. Fruitman et lui demande s'il pense qu'une telle situation est juste.
Monsieur McKenna, vous pouvez ajouter quelque chose si vous le souhaitez.
:
D'accord, je serai bref.
Mon premier rappel au Règlement porte sur la bonne foi. Je me demande si nous ne sommes pas en train de faire de la politique.
Je sais que M. Byrne est ici depuis 12 ans. Il a déjà été ministre au sein d'un gouvernement libéral précédent. J'aimerais qu'il nous dise ce qu'il a fait pendant qu'il était ici, c'est-à-dire avant le gouvernement actuel, en rapport avec la question des transporteurs aériens. Il a présenté une motion s'adressant au gouvernement fédéral, et certains parmi nous ont l'impression qu'il politise la question.
Mon deuxième rappel au Règlement porte sur M. Fruitman.
J'ai consulté le site Web pour découvrir en quoi consistait son expertise et le type d'études qu'il aurait faites ou d'expérience professionnelle qu'il aurait acquise en rapport avec l'industrie aérienne et la chaîne d'approvisionnement de même que l'entretien, les syndicats, les manutentionnaires de bagages, les pilotes, les transporteurs correspondants, etc. Il s'agit d'une question très complexe. Je ne l'ai pas entendu dire, concernant son mémoire, quelle expertise il a utilisée pour en arriver aux conclusions présentées.
Je proposerais qu'à l'avenir ces renseignements soient indiqués sur le site Web, car votre CV ne s'y trouve pas, ou sinon, il faudrait les inclure dans votre exposé.