:
Certainement. Merci beaucoup.
L'Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan est heureuse de pouvoir s'adresser au comité sur la question importante de l'avenir de la Commission canadienne des grains. L'APAS a pour mandat de défendre les intérêts des agriculteurs de la Saskatchewan. À titre d'organisation démocratique représentant des agriculteurs, son objectif est d'exercer une influence efficace sur le gouvernement et sur les autres parties prenantes du secteur et de contribuer à l'élaboration de bonnes politiques assurant la durabilité à court, moyen et long terme de l'agriculture de la Saskatchewan et du Canada.
Notre secteur a connu de nombreux changements pendant une période relativement courte de quelques décennies. Ces changements ont contribué à consolider le secteur agricole du Canada mais ont aussi eu pour objectif de réagir aux politiques agricoles d'autres pays. Au cours des années, les institutions, les processus et l'infrastructure mis en place pour bâtir ce secteur ont joué des rôles très différents dans un monde plus motivé par l'économie que la subsistance, et plus axé sur la mécanisation, ce qui nous a fait passer d'un paradigme essentiellement public à un paradigme beaucoup plus privatisé.
Dans bien des cas, l'infrastructure et les institutions mises en place pour rationaliser et bâtir le secteur agricole n'ont pas évolué au même rythme que le reste de l'industrie. Cela ne veut pas dire qu'il ne continue pas d'y avoir de la valeur dans la présence de ces institutions pour le bénéfice du secteur et de l'économie canadienne dans son ensemble. La Commission canadienne des grains est l'une de ces institutions. Elle a encore beaucoup de valeur pour le secteur agricole en s'acquittant de son mandat d'origine qui comprend quatre éléments : le classement des grains et les normes; la réglementation du transport, de la manutention et de l'entreposage des grains au Canada; la prestation de services de protection aux producteurs; et l'exécution ou la commande de recherches sur les grains et les produits céréaliers.
Bien qu'il soit peu douteux que la Commission canadienne des grains dispense encore des services de valeur à l'agriculture, les auteurs du rapport COMPAS ont cerné plusieurs domaines dans lesquels la CCG pourrait rationaliser les processus et les méthodes afin d'assurer que le secteur et, ce qui est encore plus important à nos yeux, les producteurs tirent le maximum de valeur de la production céréalière. Par exemple, nous approuvons les recommandations voulant que les processus de la CCG deviennent plus transparents pour les parties prenantes et que ces dernières aient toutes la possibilité de contribuer de manière plus intensive à l'élaboration des politiques et programmes de la CCG. Nous encourageons la CCG à continuer d'oeuvrer pour l'évolution du système de classement des grains de façon à garantir aux producteurs du Canada l'accès aux outils compétitifs dont ils ont besoin pour assurer leur rentabilité sur le marché mondial mais sans les empêcher de maximiser leur aptitude à être rentables sur le marché canadien aussi.
Avec la tendance croissante à la privatisation du système de transport et de manutention des grains, il est crucial que les producteurs puissent faire confiance aux institutions créées pour défendre leurs intérêts. C'est pour cette raison que l'APAS tient à ce que la CCG agisse de manière plus proactive dans l'application de la Loi sur les grains du Canada de façon à garantir que les intérêts des producteurs seront protégés pour leur permettre de conserver et de renforcer continuellement le pouvoir qu'ils détiennent sur le marché.
Toutefois, l'une des recommandations du rapport COMPAS, concernant le fait que la pesée et l'inspection à l'arrivée devraient être facultatifs, suscite des préoccupations au sein de l'APAS. À l'heure actuelle, avec la pesée obligatoire à l'arrivée, les installations appartenant aux producteurs, les producteurs qui utilisent des wagons de producteurs et les entreprises sans installations d'exportation sont tous sûrs d'obtenir une évaluation objective du poids et de la qualité de leurs grains et oléagineux destinés aux terminaux d'exportation. Cette obligation garantit la stabilité et l'intégrité de tout système. Même dans le cas des transactions intercompagnies, l'objectivité fournie par l'inspection d'une tierce partie assure plus de stabilité avec une pesée et un classement exacts. Ceci peut et doit se traduire par un avantage pour le producteur car les entreprises sont moins susceptibles d'accroître les marges pour couvrir les erreurs lorsqu'elles achètent au niveau du producteur.
Comme le l'ai déjà dit, les institutions et les processus d'aujourd'hui continuent d'offrir des bénéfices nets à l'industrie. Dans le cas de la pesée et de l'inspection à l'arrivée, les producteurs tirent avantage de la relation de symbiose qui existe entre la Commission canadienne du blé et la Commission canadienne des grains. Les gains aux terminaux qui peuvent être partagés avec la CCB sont le résultat direct de l'inspection à l'arrivée et à la sortie effectuée par la Commission canadienne des grains dans les terminaux. Sans la quantification de la pesée et de l'inspection à l'arrivée et à la sortie, il n'y aurait aucun moyen de déterminer les gains ou pertes et l'on serait obligé d'accepter les informations fournies par l'entreprise.
Sans la CCB, il n'y aurait aucun mécanisme pour permettre aux producteurs d'obtenir cette valeur, comme il n'y en a actuellement aucun pour tous les autres grains vendus strictement sur le marché libre. Sans cette inspection obligatoire, il existe aucune mesure exacte des quantités expédiées. Si l'on veut protéger les intérêts des producteurs, il faut que la Commission canadienne des grains ait l'obligation de maintenir le système de pesée et d'inspection à l'arrivée pour garantir que le système de manutention des grains fonctionne avec intégrité et honnêteté pour le bien du secteur et de l'économie.
Il vaut la peine de préciser que ce sont essentiellement les entreprises qui possèdent des installations d'exportation dans les terminaux qui réclament l'abolition des services de pesée et d'inspection par la Commission canadienne des grains. Dans l'Ouest canadien, éliminer les services de pesée à l'arrivée donnerait une image très négative du système et ces opérateurs auraient la possibilité de traiter le reste du système de manière injuste.
Pour atténuer les problèmes que l'élimination des services de pesée et d'inspection à l'arrivée serait censée régler, l'APAS recommande qu'on examine les différences de normes pour l'intérieur et pour l'exportation afin d'en repérer les inefficiences et les coûts additionnels qui en résultent. Mélanger avec un produit de moindre qualité ou un produit étranger est peut-être l'une des pratiques les plus coûteuses et ce problème ne sera pas réglé simplement en éliminant la pesée et l'inspection d'arrivage. Les exploitants ont des incitatifs pervers à mal agir à cause de la différence de normes entre le Canada et les pays avec lesquels nous commerçons.
En fin de compte, les producteurs finiront par devoir assumer une grande partie des coûts du système. Même si d'autres participants demandent le service, et même s'ils le payent, ces coûts finiront par être assumés par les producteurs dans le cadre des frais de manutention et de nettoyage. Surtout dans le cas des transferts intercompagnies, il y aura un bénéfice net pour les compagnies si la CCG facilite l'expédition au grade le plus bas. Ces coûts ne devraient pas continuer à faire partie des coûts de bien public assumés par le producteur.
C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment. Merci beaucoup.
Au nom de l'Association canadienne du commerce des semences, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous sur cette question. Je voudrais limiter mon intervention à la question de la DVG, la distinction visuelle des grains, plutôt que d'aborder tout le rapport de COMPAS.
Ce que j'ai à vous dire se trouve en grande mesure dans le mémoire que nous vous avons adressé, en français et en anglais et, au lieu de vous le lire, je vais vous parler de mon expérience personnelle dans l'industrie des semences et vous donner quelques exemples des possibilités que pourrait offrir l'évolution de la DVG.
L'ACCS représente 143 sociétés de tout le Canada oeuvrant dans tous les domaines de l'industrie des semences, c'est-à-dire la recherche, la sélection des plantes, la production et la commercialisation sur le plan intérieur et international. Nos membres sont aussi bien de petites sociétés que des multinationales vendant des semences et des herbes de jardin; de grandes sociétés céréalières de l'ouest ou de petites entreprises familiales. Ils produisent des semences pour une cinquantaine de cultures différentes comprenant les grains et oléagineux, des cultures spéciales, du fourrage, de la pelouse, des fleurs, des légumes et des fruits.
Chaque année, plus de 4 000 producteurs chevronnés plantent plus de 1,2 million d'acres de semences contrôlées. L'industrie canadienne des semences contribue de manière importante au secteur agricole et aux économies du Canada et des provinces. Elle réalise plus de 770 millions de dollars de chiffre d'affaires et emploie, en plus des 4 000 producteurs, environ 9 600 personnes.
L'industrie des semences contribue également de manière importante à la balance des exportations du Canada. Environ 25 p. 100 de sa production est exportée dans plus de 70 pays et rapporte environ 188 millions de dollars.
La production agricole démarre avec les semences. L'innovation dans ce secteur a engendré des gains de productivité énormes dans le passé et demeure un outil crucial pour gérer le risque et accroître les bénéfices des agriculteurs. Par exemple, on envisage pour bientôt de nouvelles variétés qui seront plus résistantes aux maladies et aux insectes, seront plus tolérantes à la sécheresse et à la salinité et feront meilleur usage des éléments nutritifs.
Je représente aussi une association de producteurs de semences puisque je suis le directeur général de SeCan Association, d'Ottawa. Nous représentons environ 1 100 sociétés du Canada, grandes ou petites -- et, dans certains cas, multinationales -- qui sont des entreprises indépendantes de production ou de transformation de céréales. Nous commercialisons des produits génétiques mis au point par des entités publiques ou privées et sommes très fiers de notre contribution dans ce domaine. Nous rendons directement plus de 40 millions de dollars aux organismes faisant de la recherche sur les nouvelles variétés végétales au Canada et représentons environ 40 p. 100 des semences certifiées vendues au Canada.
Nous avons des opinions bien arrêtées sur la distinction visuelle des grains, notamment au sujet de son incidence sur notre aptitude comme sociétés de production et de commercialisation de semences à innover et à ajouter de la valeur pour nos clients de tous le pays. J'aimerais ainsi vous communiquer, en grande mesure à partir de mon expérience personnelle, ce qui s'est produit quand nous avons éliminé les barrières de la distinction visuelle des grains.
Je travaillais autrefois pour une petite société de semences de l'Ontario spécialisée dans la mise au point d'une variété de blé appelée blé roux. En Ontario, les restrictions de la DVG ont été abolies en 1989, ce qui nous a permis d'innover. L'industrie s'est épanouie et a mis au point une large gamme de nouveaux produits offrant de nouvelles possibilités d'ajout de valeur aux agriculteurs, ce qui a également débouché sur une augmentation des investissements en aval par les sociétés céréalières, les sociétés de transformation des aliments, etc. Tout ceci a réduit la dépendance des producteurs ontariens envers les marchés d'exportation et a élargi considérablement la diversité de leurs choix culturaux.
Si nous essayons de prévoir l'avenir pour l'Ouest canadien, nous pensons que la région est sur le point de bénéficier de nouvelles possibilités extrêmement intéressantes. Évidemment, nous avons un investissement important dans l'industrie des semences de l'Ouest canadien, et cette industrie bénéficiera de produits génétiques à haut rendement qui améliorent aussi la tolérance aux maladies.
Nous voyons également apparaître des possibilités dans le secteur de l'énergie avec la production d'éthanol dans les provinces de l'Ouest, ce qui exigera des variétés de blé radicalement différentes de celles du passé.
Cela étant, nous pensons que les recommandations du rapport COMPAS pourraient être à l'origine de nouvelles opportunités considérables, tout d'abord en assouplissant les exigences de la DVG sur les catégories mineures. En outre, nous pensons qu'il serait possible d'inclure certains grains dans d'autres catégories de blé qui ressembleraient en fait aux catégories RPOC et ADUR de l'Ouest canadien.
Dans les recommandations qu'elle a faites jusqu'à présent, la Commission des grains propose d'éliminer la DVG pour les catégories mineures. Nous approuvons cette recommandation qui constituerait à notre avis un pas dans la bonne voie, mais nous pensons aussi qu'il y a encore beaucoup à faire pour ouvrir encore plus la DVG de façon à permettre aux producteurs de l'Ouest de bénéficier des mêmes opportunités qui existent dans d'autres pays et même, aujourd'hui, en Ontario.
Nous pensons que le coût de la DVG dans l'Ouest canadien a été relativement sous-estimé dans le passé. Il est facile de le sous-estimer quand on ne voit pas exactement ce qu'on laisse de côté. Selon les auteurs d'un rapport, le coût pourrait être de l'ordre de 200 millions de dollars par an et je suis sûr qu'il est en réalité beaucoup plus élevé si l'on tient compte des effets bénéfiques cumulés dans le temps de la sélection des semences.
Nous avons le sentiment que le Canada ne détient pas vraiment d'avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents nord-américains et internationaux en ce qui concerne la production de blé, et nous aimerions que ces opportunités soient exploitées et élargies dans l'intérêt des producteurs. Comme je l'ai dit, nous pensons en particulier que cela débouchera sur un accroissement de la capacité de transformation dans l'Ouest canadien et sur une industrie plus saine des grains d'alimentation et de l'éthanol.
Si je reprends l'exemple de l'Ontario, nous avons constaté une hausse spectaculaire depuis 1989 du nombre de catégories et d'opportunités offertes aux agriculteurs de la province, à un point tel que la plupart des variétés cultivées aujourd'hui sont visuellement impossibles à distinguer les unes des autres. Cela s'est traduit par une augmentation importante de la capacité de transformation et de l'investissement dans la province. Une bonne partie de ce blé, qui est livré à des minoteries canadiennes, remplace actuellement du blé de l'Ouest canadien où les producteurs subissent les contraintes de la distinction visuelle des grains.
En outre, nous avons pu importer des produits génétiques d'autres pays qui conviennent à de nombreuses régions de production du Canada mais qui ne se prêtent pas à la distinction visuelle. De fait, certaines variétés mises au point à l'intention de l'Ouest canadien ne sont pas admissibles à la culture dans l'Ouest alors qu'elles le sont en Ontario. Donc, nous concluons que l'Ouest canadien a tout à gagner de l'élimination de ces contraintes.
De plus, on parle dans le rapport COMPAS des avantages que produirait l'élimination ou la réduction des contraintes de la DVG. Nous avons repris un exemple particulier de l'Ouest canadien où l'un de nos chercheurs, d'une société membre de l'ACCS -- la nôtre, en fait -- affirmait que les sociétés de semences de blé d'hiver n'avaient eu aucune nouvelle variété de blé vitreux roux d'hiver approuvée pour l'enregistrement depuis cinq ans parce que son produit ne satisfaisait pas aux exigences de la DVG dans l'Ouest canadien.
Normalement, le blé vitreux roux d'hiver de l'Ouest canadien a un grain plus petit ou moins ventru que le blé dur roux de printemps de l'Ouest canadien. Toutefois, dans des conditions de culture idéales, le blé roux d'hiver a tendance à gonfler et à produire des grains plus gros qui le font ressembler au blé roux de l'Ouest canadien. Voilà pourquoi il n'y a pas eu de nouvelles variétés de blé d'hiver dans l'Ouest du Canada depuis cinq ans. Dans l'Est, par contre, nous avons actuellement une vingtaine de variétés différentes de blé roux d'hiver qui offrent aux producteurs toutes sortes de possibilités de valeur ajoutée -- dans certains cas, ce blé est même spécialement identifié et réservé pour les États-Unis.
Voilà donc le genre d'opportunités dont l'Ouest canadien pourrait très certainement bénéficier à l'avenir si nous étions capables tout d'abord d'adopter le concept de l'ouverture des catégories mineures et, ensuite, de réduire les contraintes de la DVG pour toutes les catégories de blé de l'Ouest canadien.
Je vous remercie de votre attention.
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Jetez les BlackBerrys par la fenêtre, monsieur le président, vous rendrez service à tout le monde.
Je vous remercie de vos exposés, messieurs.
Je m'adresse en premier à Jeff. Vous ne trouverez personne au sein de ce comité, je crois, qui contestera la nécessité de mettre au point de nouveaux produits ayant des caractéristiques différentes. Cependant, le problème, pour la Commission canadienne des grains, est qu'elle ne pourra pas garantir la qualité des grains si elle ne peut pas classer les grains par distinction visuelle, que ceux-ci soient destinés à fabriquer du pain dans un pays étranger ou à faire quoi que ce soit d'autre.
Voilà le problème: comment garantir la qualité? Devrons-nous utiliser des technologies différentes? Nous devons pouvoir garantir aux pays importateurs que les produits que nous leur envoyons sont bien ceux qui étaient annoncés et que nous n'avons pas mélangé à du blé roux de printemps numéro 1 un autre produit n'ayant pas les mêmes qualités. Voilà le dilemme.
On étudie actuellement dans un centre de recherche de Charlottetown des produits agricoles adaptés aux besoins de la santé humaine, entre autres, ce qui signifie que nous allons cultiver à l'avenir des produits pour des fins autres que la seule alimentation. C'est la même chose avec l'éthanol. À votre avis, comment pourrons-nous assurer la qualité à l'avenir? Vous avez eu l'expérience de l'Ontario.
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Merci beaucoup. C'est une question tout à fait cruciale pour l'avenir.
Si j'examine la situation internationale, je crois comprendre, d'après mon expérience de l'industrie, que le Canada est le seul pays utilisant ce type de système de DVG. Il y a évidemment des exemples de systèmes qui fonctionnent bien ailleurs et le Canada n'est pas le seul pays à cultiver et à vendre du blé de qualité élevée. Ceci nous porte à croire qu'il y a donc d'autres solutions. Certaines ont été examinées dans le passé, comme un système d'affidavits qui pourrait certainement être envisageable.
Toutefois, si nous analysons l'avantage compétitif du Canada, nous devons admettre que son système de certification des semences en fait partie. Nous avons mis au point un système très efficace où l'ACPS -- les producteurs de semences -- collabore étroitement avec le gouvernement fédéral par le truchement de l'ACIA pour préserver ce que j'estime être le meilleur système au monde, garantissant à chaque agriculteur qu'il obtient des semences garanties de variétés connues. Je crois que cela nous donne une bonne base de départ pour instaurer un système qui, avec l'ajout d'un mécanisme d'affidavits, pourrait être très efficace comme il l'a été en Ontario.
Des occasions exceptionnelles s'offrent au Canada. Nous avons divers systèmes d'enregistrement garantissant que nous savons exactement ce qui est produit, ce qui peut être vendu et ce que les agriculteurs peuvent cultiver. Je le répète, nous avons un système de certification des semences qui n'a rien à envier aux autres et qui nous permet de savoir quelles semences sont livrées sous forme pure aux agriculteurs. C'est un excellent point de départ. Si l'on y ajoute un système d'affidavits, je pense que nous aurons une solution très efficace.
Je crois par ailleurs que la Commission canadienne du blé et le secteur privé ont démontré que nous sommes tout à fait capables de préserver l'identité des grains en gardant les choses séparées. La Commission canadienne du blé exploite un certain nombre de programmes de PI qui sont très efficaces à mon avis, et le secteur privé a démontré lui aussi avec toutes sortes de cultures qu'il est parfaitement capable de garder les choses séparées et qu'il sait exactement ce qu'il livre à sa clientèle. Donc, si le consommateur demande à savoir ce qu'on lui a livré, l'industrie est parfaitement capable de lui répondre, comme elle l'a souvent prouvé. En outre, nous pourrions fort bien nous doter d'un système de contrôle pour confirmer ça par la CCG.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, de comparaître aujourd'hui devant le comité.
Selon le rapport COMPAS, le secteur des céréales est à la croisée des chemins. On entend dire qu'il y a actuellement une chance unique concernant les biocarburants. Ça semble être le mot magique, aujourd'hui, mais la céréale idéale pour produire des biocarburants est une céréale à faible teneur en protéines et teneur élevée en glucides, ce qui est le contraire de ce qui est souhaitable pour la consommation humaine et il faudra donc qu'il y ait une transition de la part des producteurs.
M. McBride, j'aimerais vous demander comment vous pensez que la transition se fera pour les producteurs, c'est-à-dire en se fondant sur les forces du marché ou sur une intervention gouvernementale, et je voudrais vous demander combien de temps vous pensez qu'elle prendra.
Deuxièmement, les auteurs du rapport recommandent une profonde restructuration de la Commission canadienne des grains pour la rendre plus compatible. On a le sentiment qu'elle est vraiment dépassée. Qu'en pensez-vous? Quelle a été l'incidence sur les producteurs du fait qu'elle est dépassée -- si vous pensez qu'elle l'est?
J'ai aussi une question à poser à M. Reid. Je voudrais en savoir un peu plus sur la DVG. Vous dites dans votre mémoire que c'est un pas dans la bonne voie mais vous dites aussi qu'elle devrait être plus similaire à ce qui se fait en Ontario. Comme je viens de cette province, j'aimerais que vous me donniez un peu plus de détails à ce sujet et que vous me disiez exactement ce que vous voulez dire.
Je vous laisse la parole.
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Je vous remercie de ces questions.
En ce qui concerne les biocarburants -- et c'est vraiment le mot magique -- considérant ce que nous produisons, les quantités que nous produisons et les terres sur lesquelles nous produisons, je pense que l'Ouest canadien produit effectivement ou pourrait produire des céréales idéalement adaptées à cette production.
Évidemment, comme les producteurs sont situés en plein milieu des monts chauves des Prairies -- mais elles sont très belles, je le précise -- ils sont loin des ports et leurs frais de transport sont un facteur important. Tout ce que nous pouvons faire pour accroître la consommation interne de céréales de moindre qualité, mais de bonne qualité quand même, pour fabriquer de l'éthanol ou des biocarburants est extrêmement important car les frais de transport sont un coût élevé que doit assumer le producteur.
La production de biocarburants est une industrie extrêmement importante qui essaye de décoller et que nous devons faire décoller. Toutefois, les restrictions existantes, comme la DVG et toutes les choses qu'on fait pour assurer la qualité à l'exportation... Nous exporterons toujours des céréales et nous aurons toujours besoin d'exporter des céréales de qualité élevée mais nous devons aussi maintenir des mesures de protection pour veiller à ce que nos clients -- où qu'ils soient -- reçoivent bien ce qu'ils pensent avoir acheté. Nous devrons arriver au point où nous pouvons asseoir la culture de blés de qualité inférieure afin que l'industrie de l'éthanol puisse en disposer.
Nous pensons qu'il est extrêmement important d'avoir un organisme de réglementation comme la Commission canadienne des grains pour garantir ces normes mais tout en ayant la souplesse nécessaire pour assurer l'intégrité de ces grains de grande qualité. Je ne sais pas combien de temps durera la transition mais j'espère qu'elle sera courte. Les producteurs avaient déjà besoin hier de ce type d'industrie. Comme je l'ai dit, les frais de transport sont énormes et il faut tenir compte des coûts que nous assumons pour exporter les céréales -- tous les types de céréales.
Je pense que nous avons là une occasion à saisir. Il y a les tests d'ADN et un certain nombre d'autres choses qu'on peut faire pour faire décoller cette industrie des biocarburants. Nous devons envisager toutes ces options.
En ce qui concerne la gouvernance, il faut qu'elle soit bien assurée mais je pense que la chose la plus importante est la reddition de comptes. Tant que la reddition de comptes sera assurée et que la protection sera assurée, que ce soit par un PDG ou par un commissaire, nous serons satisfaits.
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Merci de votre question.
En ce qui concerne la différence entre l'Ontario et l'Ouest canadien, et les occasions à saisir, ce qui est proposé avec l'élimination de la DVG pour les catégories inférieures signifie que celles-ci seront laissées de côté mais qu'elles devront toujours pouvoir être distinguées des catégories supérieures que sont le RPOC et le blé durum roux. En fin de compte, la distinction visuelle des grains s'appliquera toujours à tout le blé, sous une forme ou une autre. C'est simplement que les catégories mineures n'ont pas à paraître différentes les unes des autres.
Dans un sens, on a très peu fait pour faciliter les choses aux phytogénéticiens pour leur permettre de faire des progrès plus rapides, essentiellement parce que, selon ce qu'ils nous disent, la forme naturelle du grain de blé roux ressemble à celle du RPOC. Ils continuent de se battre avec la DVG. Cela ralentit les progrès et constitue une entrave quand on constate qu'il y a de l'autre côté de la barrière des produits qui offrent une valeur considérable aux agriculteurs, du point de vue d'une meilleure tolérance des maladies, que ce soit le fusarium ou autre chose, ou d'une tolérance aux insectes, ou simplement du point de vue d'un rendement supérieur pour certains des nouveaux marchés émergents.
Nous pensons simplement qu'il serait possible de progresser beaucoup plus rapidement et que, compte tenu des revenus agricoles d'aujourd'hui, nous ne pouvons pas continuer de passer à côté de ces occasions. Voilà pourquoi nous pensons qu'il faut éliminer ces obstacles et, quand nous examinons la situation de l'Ontario, où cela a été fait en 1989, nous constatons que ce sont tous les blés roux qui ont été retirés de la DVG. Au fond, on a enlevé les menottes. Quel que soit le type de blé qui était proposé, s'il offrait plus de valeur économique pour l'agriculteur et pour le système dans son ensemble, on pouvait le cultiver.
Cela dit, nous avons encore la DVG pour le blé blanc en Ontario et cela a causé récemment des problèmes car l'industrie a essayé de se diversifier vers certains blés durs blancs, par exemple. Dans un cas, ce produit est maintenant cultivé au Michigan et importé en Ontario parce que la DVG empêche qu'il soit enregistré ici.
Nous pensons donc qu'il faut assurer partout où c'est possible la possibilité d'innover et d'ajouter de la valeur au Canada.
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Je vais essayer de vous répondre.
Comme je l'ai dit plus tôt, dans ma propre exploitation agricole, je m'efforce de cultiver du blé d'exportation de haute qualité car mes terres me le permettent. Ça ne veut pas dire que je ne pourrais pas changer pour cultiver autre chose si je voyais que ça me rapporterait plus. Les producteurs essayent toujours de faire ça.
Nous exporterons toujours du blé et de haute qualité. Nous devrons toujours en exporter, mais il y a toutes sortes d'autres occasions. Comme je l'ai dit plus tôt, les frais de transport sont un gros problème pour les producteurs de ma région, en Saskatchewan. Nous ne sommes proches d'aucun port.
Donc, tout ce que nous pouvons faire pour consommer notre production sur le plan interne est extrêmement important. Des recherches ont été faites qui m'aideraient à faire ça mais, s'il y a un risque que mes possibilités d'exporter un blé de qualité élevée soient menacées, j'aurais un problème avec ça aussi.
Jeff parlait tout à l'heure d'affidavits. D'une certaine manière, il nous faut une sorte de facteur de dissuasion pour que les producteurs ne donnent pas de fausses informations sur ce qu'ils ont cultivé et ne mettent pas en danger ce blé de haute qualité. Parfois, il faut imposer des pénalités pour s'assurer que les gens livrent vraiment ce qu'ils disent livrer. Il y a moyen de s'en assurer dans l'intérêt de l'industrie du Canada, de l'industrie du biocarburant, et de s'assurer également que ce que nous exportons est vraiment ce que nous disons exporter: de la qualité.
Il y a moyen de faire ça.
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Je tiens à me faire l'écho de M. McBride.
Comme tout le monde, je pense, dans l'industrie des semences, l'Association canadienne du commerce des semences est très favorable à un système de réglementation fondé sur la science. Toutefois, et je réponds ici à votre question, nous ne pouvons pas prévoir ce qui sera acceptable de temps à autres dans différentes régions du monde. Je pense que nous devons donc centrer notre attention sur un modèle fiable, fondé sur la science, et qui ne soit pas fiable seulement à l'échelle internationale. Nous devons vraiment travailler pour assurer que le système soit jugé fiable ici même, au Canada.
Il nous faut assurer la traçabilité. Il nous faut des systèmes pour faire face à ces choses lorsqu'elles se produisent. En ce qui concerne la DVG, si nous essayons de prévoir l'avenir, nous ne pourrons plus faire de distinction entre ce qui est modifié génétiquement et ce qui est modifié non génétiquement simplement par l'examen visuel des grains. Nous pensons donc qu'il est nécessaire de passer à la génération suivante où nous pourrons séparer et distinguer efficacement ces choses. Je pense que nous devons vraiment nous concentrer sur le processus et le système.
Voyons par exemple le soja cultivé en Ontario, dont la grande majorité a été modifiée génétiquement. Nous sommes cependant aussi le leader mondial dans l'exportation produits de qualité alimentaire non OGM vers des marchés de grande valeur, comme le Japon.
Donc, je pense que ces choses peuvent coexister. Nous devons simplement nous concentrer sur la mise en place du système.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais d'abord m'adresser à M. Reid.
Vous nous avez dit qu'il serait impossible de maintenir longtemps encore le système de distinction visuelle des grains, vu l'impossibilité d'identifier visuellement chacun des grains à l'arrivée au silo. Il faudrait donc le remplacer par un système de certification des semences.
Essentiellement, ça suppose qu'il va y avoir une multiplication des types de semences. Il va donc y avoir une fragmentation beaucoup plus grande de la production. En d'autres mots, on va se diriger vers une production multiple qui ne sera pas nécessairement du même niveau. Cette fragmentation de la production viendra avec une fragmentation du système de contrôle et du système de transport. En effet, plus les productions seront diversifiées, plus vous aurez de systèmes différents à gérer pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de mélange. En définitive, tout le problème est là.
À quel point le système de certification des semences pourrait-il générer une surfragmentation des types de semences? De plus, j'aimerais savoir si vous avez évalué, en pourcentage, dans quelle mesure les semences permettant de développer la production d'éthanol pourraient nous amener à réduire ou à modifier la production actuelle.
Je souhaite vous faire part de ma réflexion. Étant donné que nous venons du Québec, toutes les questions concernant l'Ouest canadien et les grains sont pour nous un peu lointaines.
En ce qui concerne les semences, je crois que la recherche est un élément fondamental. J'ai toujours été dans le milieu agricole et j'ai constaté, dans le cadre de mes lectures, qu'il y a 10 ans environ, Agriculture Canada a abandonné la recherche. Il ne reste que des voeux pieux.
Au Canada, il y a de très bons chercheurs, mais on a sabré dans les budgets et on en subit les conséquences présentement. Je crois que nous avons un retard de 10 ans en ce qui a trait à la planification stratégique, la recherche de mise en marché et l'évolution de l'agriculture, surtout dans le secteur des grains dans l'Ouest. Bien sûr, ce n'est pas facile. Aujourd'hui, on subit les conséquences de cette situation et on doit faire du rattrapage.
Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi sur ce que je dis. Nous croyons qu'il est nécessaire d'élaborer une vision qui pourrait être appliquée au cours des 10 ou 15 prochaines années pour améliorer la rentabilité de nos producteurs. On parle beaucoup de techniques qui vont peut-être permettre d'épargner de 2 $ à 10 $ par tonne. Il y a une dizaine d'années, si on avait davantage travaillé de concert, de façon stratégique, on ne serait même pas assis autour de cette table à essayer d'épargner 10 $ par tonne; on parlerait d'une industrie prospère.
Selon vous, par où doit-on commencer pour que l'industrie canadienne des grains devienne au cours des 15 prochaines années une industrie très prospère?
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Au port, pas à l'arrivée. À Thunder bay, on peut simplement voir au port, malheureusement.
Messieurs, avez-vous quelque chose à ajouter en conclusion?
Nous venons d'avoir une excellente discussion et je vous remercie beaucoup de vos témoignages. Vous pouvez être certains que ceci se retrouvera dans le rapport que nous déposerons en temps voulu.
Nous allons maintenant régler quelques questions de cuisine interne. Merci beaucoup, vous pouvez partir si vous voulez.
La Canadian Cattlemen's Association nous invite à déjeuner dans la cour de l'édifice de l'Est. Je suis sûr que les gens qui préparent les aliments du bétail sont également invités. Je crois comprendre que ça commence à 11 h 30 et tous les membres du comité sont invités. C'est un peu à l'écart.
Aucune réunion n'est prévue pour demain. Nous voulions voir s'il serait possible de rattraper les deux réunions supplémentaires avec la CCG. Cette réunion est reportée pour le moment. Nous devons recevoir un rapport sur le nématode vendredi et il serait préférable que nous l'ayons reçu avant de nous réunir. Voilà donc ce qui est prévu.
Nous avons également discuté de la situation du MPC avec les producteurs laitiers. Ils nous demandent d'attendre un peu pour leur donner le temps de finir les négociations. M. Bellavance est au courant de cette question, tout comme M. Gourde. Ils m'ont également adressé des informations. Ça règle donc cette question.
Cela convient-il à tout le monde ? Pas de réunion demain. Quelqu'un peut-il proposer une motion à ce sujet? Tout le monde est d'accord pour que la réunion de demain soit reportée? À main levée, tout le monde est d'accord. Merci.
Nous sommes maintenant saisis d'une motion de M. Easter demandant que Mme Charlton soit convoquée devant le comité. Elle nous a adressé une réponse qui n'a pas encore été distribuée. Cela dit, selon son calendrier, sa première date de disponibilité serait le 13 novembre. Apparemment, son mari est en voyage d'affaires pendant le mois d'octobre, elle a ses enfants, et c'est un problème. Elle sera disponible après cette date.
Jean-François fera traduire son courriel qui vous sera distribué. C'est la première réponse que nous recevons d'elle. C'est une discussion continue.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec ce que vous essayez de faire mais je pense qu'il faut être réaliste, Alez, et ne pas essayer de réinventer le fil à couper le beurre. Je sais que nous sommes tous, dans nos circonscriptions -- je le suppose, en tout cas -- en contact avec nos différents groupes de producteurs et que nous pourrions avoir des discussions infinies avec eux.
Le problème est que les dirigeants de ces groupes ont également des calendriers très chargés. Ce que nous pourrions faire, à mon avis, c'est leur demander de préparer quelque chose par écrit et de nous l'envoyer. Ensuite, si vous pensez qu'il est nécessaire... mais si vous voulez que nous-mêmes, comme députés, consultions les différentes parties prenantes et les groupes des denrées... le ministre le fait, le ministère le fait de temps en temps et, à moins d'avoir quelque chose à l'avance, je ne suis pas sûr que nous obtiendrons le résultat que vous recherchez.
Je comprends ce que vous voulez faire mais c'est simplement que je ne pense pas que ce soit la bonne méthode. C'est tout.