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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 64e réunion du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 83(1) du Règlement et à la motion adoptée le mercredi 28 septembre 2022, le Comité se réunit pour parler des consultations prébudgétaires en prévision du budget de 2023.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les députés siègent en personne ou à distance, au moyen de l'application Zoom.
J'ai quelques instructions à donner aux députés et aux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et mettez-le en sourdine si vous n'avez pas la parole. Dans l'application Zoom, vous pouvez accéder aux services d'interprétation en cliquant sur parquet, anglais ou français au bas de l'écran. Les personnes dans la salle ont une oreillette à leur disposition et peuvent choisir le canal qui leur convient.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence. Les députés dans la salle peuvent lever la main pour demander la parole. Dans l'application Zoom, utilisez la fonction « lever la main ». Le greffier et moi-même gérerons l'ordre des interventions de notre mieux. Nous vous remercions à l'avance de faire preuve de patience et d'indulgence à cet égard.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui, qui sont avec nous dans la salle ou par vidéoconférence.
Du Conseil canadien des affaires, nous accueillons Robert Asselin, qui est premier vice-président des politiques publiques. Bienvenue.
De la Fédération canadienne des contribuables, nous avons avec nous Franco Terrazzano, qui est le directeur fédéral.
Du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, nous avons Shimon Koffler Fogel, qui est le président-directeur général.
De la Coalition du budget vert, nous avons Theresa McClenaghan, qui est directrice exécutive de l'Association canadienne du droit de l'environnement; Tom L. Green, qui est analyste des stratégies sur le climat à la Fondation David Suzuki; et Andrew Van Iterson, qui est gestionnaire.
De Systèmes Info-Electroniques Inc., qui nous vient, je crois, de la côte ouest, nous avons Harinder Ahluwalia, président.
De l'Union des producteurs agricoles, nous avons David Tougas, qui est coordonnateur de l'économie et du commerce, et Martin Caron, qui est président général.
Nous allons commencer par les déclarations liminaires des témoins, d'une durée de cinq minutes au plus, en commençant par le Conseil canadien des affaires.
La parole est à vous, monsieur Asselin.
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Merci, monsieur le président.
Mon nom est Robert Asselin.
[Traduction]
Je suis le premier vice-président des politiques publiques du Conseil canadien des affaires. Nous représentons les dirigeants de 175 entreprises, qui emploient plus de deux millions de Canadiens.
J'aimerais vous transmettre deux messages simples aujourd'hui.
Le premier concerne la politique fiscale en période périlleuse. Nous sommes au centre du paysage de politique économique le plus dangereux que nous ayons vu depuis des décennies. L'inflation reste obstinément élevée, et les risques d'erreurs sur le plan des politiques augmentent. Cela exige un changement de cap de la politique budgétaire. Comme les récents événements au Royaume-Uni nous l'ont montré, un désalignement entre le gouvernement du Canada et la banque centrale pourrait causer un malaise sur le marché des obligations et augmenter le coût des emprunts par inadvertance. Autrement dit, plus la politique fiscale demeure expansionniste, plus il sera difficile pour la banque centrale de faire son travail et de ramener l'inflation dans la fourchette cible prévue par son mandat.
Il est généralement admis que tant que la croissance économique est supérieure à la hausse des taux d'intérêt, le fardeau du service de la dette diminue avec le temps. Dans l'environnement économique actuel, nous ne pouvons plus supposer que ce sera le cas. Lorsque les taux d'intérêt augmentent plus rapidement que la croissance, il n'y a tout simplement pas d'issue facile. Le financement de la dette devient beaucoup plus lourd pour les contribuables. Par conséquent, à l'instar de l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, nous sommes d'avis que le gouvernement devrait adopter une nouvelle cible fiscale fondée sur le coût du service de la dette. Il devrait s'engager à faire en sorte que, dorénavant, le coût du service de la dette ne dépasse pas 10 % des recettes annuelles du gouvernement.
Le deuxième message que je souhaite vous transmettre concerne notre compétitivité économique.
[Français]
Nous devons gérer et regarder l'avenir sans complaisance. Pendant trop longtemps, nous avons négligé notre compétitivité économique. Bien qu'au cours des deux derniers budgets le gouvernement ait annoncé certaines mesures qui aideront certainement notre économie, nous sommes encore loin du compte. Le gouvernement fédéral n'a toujours pas de plan cohérent de croissance à long terme ni de politique industrielle moderne qui rendront le Canada plus compétitif.
[Traduction]
La plus grande économie du monde — et le plus grand partenaire commercial du Canada — a maintenant une stratégie industrielle claire et audacieuse pour la première fois depuis la guerre froide. Pour cette raison, les décideurs canadiens doivent reconnaître la menace réelle qu'exerce sur notre compétitivité économique l'adoption récente aux États-Unis de la Inflation Reduction Act, qu'on appelle l'IRA, et de la CHIPS and Science Act. Nous entendons déjà parler de projets qui déménagent aux États-Unis pour tirer parti de l'IRA.
Pour rester compétitif, le Canada a besoin d'une stratégie industrielle qui lui est propre et qui comporte plusieurs éléments clés. Bien que je n'aie pas le temps de passer en revue tous les éléments dans ce témoignage, permettez-moi de souligner brièvement trois éléments essentiels.
Le premier est le talent. Dans une enquête récente auprès de nos membres, 80 % d'entre eux ont déclaré avoir des difficultés à trouver les travailleurs qualifiés dont ils ont besoin pour croître et être compétitifs à l'échelle mondiale. En raison de ces pénuries, 67 % ont annulé ou retardé des projets importants. Quelque 30 % ont été contraints de délocaliser leur travail à l'extérieur du Canada.
Compte tenu du vieillissement de la population active et de la baisse du taux de participation au marché du travail, la prospérité future du Canada dépend de la modification de notre système d'immigration afin d'augmenter considérablement le nombre de demandeurs de la catégorie économique qui obtiennent le statut de résident permanent.
Le deuxième point concerne les investissements. Le Canada doit démontrer au monde entier qu'il peut mener à bien de grands projets et construire l'infrastructure nécessaire pour accéder aux marchés mondiaux. Toutefois, pour que ces projets puissent aller de l'avant, les investisseurs ont besoin d'une prévisibilité réglementaire et d'une compréhension claire des règles du jeu.
Nous avons noté avec intérêt le récent discours de la à la Brookings Institution, dans lequel elle a engagé le gouvernement à « accélérer [...] les projets énergétiques et miniers dont nos alliés ont besoin pour chauffer leurs maisons et fabriquer des véhicules électriques ». Nous attendons avec impatience d'autres détails sur cette initiative importante et bienvenue.
Le troisième et dernier point concerne l'innovation. La nouvelle orientation de la politique industrielle américaine fait état d'une intervention gouvernementale plus étendue, au-delà de la R et D, pour soutenir les développements technologiques de l'idée au marché. Au Canada, notre capacité d'entreprendre des recherches industrielles à grande échelle est quasi inexistante, et nos mécanismes de transfert technologique n'ont pas suivi le rythme de l'évolution de la création du savoir. Nous nous appuyons encore trop sur l'innovation graduelle ou l'absence de risque. Le Canada doit devenir plus compétitif en matière d'innovation technologique, et la science doit se traduire par une croissance de la productivité et une prospérité future.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
:
Vous allez entendre des centaines de personnes et de groupes qui demandent plus d'argent.
Je m'appelle Franco Terrazzano. Je suis membre de la Fédération canadienne des contribuables et je suis ici au nom de 235 000 contribuables canadiens qui vous demandent de dépenser moins.
Je suis ici aujourd'hui pour dire qu'on ne peut plus dépenser 8 800 $ pour une exposition de jouets sexuels en Allemagne. Fini de dépenser près de 6 chiffres en nourriture de luxe en avion pendant un voyage d'une semaine. Fini de donner aux anciens gouverneurs généraux un compte de dépenses de 200 000 $ par année pour le restant de leur vie. Plus question d'accepter augmentation de salaire après augmentation de salaire pendant que des millions de Canadiens luttent contre une pandémie. Plus question d'accorder une augmentation à 300 000 bureaucrates pendant que leurs voisins perdent leur emploi ou leur entreprise. Plus question de distribuer des millions de dollars en primes à des sociétés d'État non performantes, comme la Banque du Canada. Plus d'annonces de 295 millions de dollars pour Ford, 420 millions pour Algoma Steel, 12 millions pour Loblaw, 20 millions pour Maple Leaf Foods, 110 millions pour Toyota ou 372 millions pour Bombardier.
Les Canadiens ont besoin d'un véritable soutien, mais les Canadiens paient trop d'impôts parce que le gouvernement gaspille trop d'argent. Il n'est pas étonnant que 72 % des Canadiens disent qu'ils paient trop d'impôts, selon un récent sondage Ipsos publié la semaine dernière.
Les gouvernements de 51 autres pays ont réduit les impôts pendant la pandémie ou ont atténué les effets de l'inflation. Cela inclut plus de la moitié des pays du G7 et du G20. Les deux tiers des pays de l'OCDE ont également réduit les impôts pendant cette période.
Alors que d'autres pays réduisent les impôts, Ottawa impose aux Canadiens des factures fiscales plus élevées. Le gouvernement a augmenté les taxes sur l'essence, les charges sociales et les taxes sur l'alcool. Le gouvernement s'apprête à imposer une deuxième taxe sur le carbone l'an prochain par le truchement de règlements sur les carburants, mais les Canadiens ne peuvent pas se permettre de payer des impôts plus élevés, et nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller plus d'argent pour couvrir les frais d'intérêt sur la carte de crédit du gouvernement.
Dans sa trajectoire actuelle, le gouvernement ne devrait pas équilibrer son budget avant 2041. En 2041, les contribuables auront payé 800 milliards de dollars sur cette période. C'est un coût de 18 000 $ pour chaque Canadien, et ce sont des centaines de milliards de dollars qui ne peuvent pas être utilisés pour améliorer les services ou réduire les impôts, car cet argent va aux gestionnaires de fonds d'obligations de Bay Street.
Il y a quelques bonnes nouvelles. Le gouvernement pourrait équilibrer le budget l'année prochaine. Il pourrait aussi annuler ses hausses d'impôts. Il peut le faire en ramenant les dépenses de programmes aux niveaux prépandémiques et antérieurs à ceux de 2018-2019, ajustés à la hausse en fonction de l'inflation et de la croissance démographique.
En 2018-2019, le gouvernement a dépensé plus d'argent que pendant n'importe quelle année de la Deuxième Guerre mondiale, même en tenant compte de l'inflation et des différences de population. Cela signifie que le gouvernement a trop dépensé pendant des années, alors trouver des économies dans chaque secteur du budget devrait être comme trouver de l'eau dans l'océan.
Heureusement, nous entendons maintenant la dire que si les politiciens veulent financer de nouveaux programmes et dépenser plus d'argent, ils vont devoir trouver des économies dans d'autres secteurs du budget. Dépenser des seaux d'argent supplémentaire ne ferait que jeter de l'huile sur le feu de l'inflation.
Nous sommes persuadés que les politiciens de tous les partis accepteraient au moins certaines des économies proposées dans la présentation budgétaire de 80 pages de la Fédération canadienne des contribuables, et nous serons heureux de travailler avec vous à ce sujet, car les Canadiens se débattent dans des difficultés. Ils ne peuvent pas se permettre de payer plus d'impôts ou l'augmentation des impôts. Les Canadiens ne peuvent pas se permettre de voir gaspiller encore plus d'argent en frais d'intérêt.
Heureusement, le gouvernement peut apporter un soulagement et équilibrer le budget. Cela nécessitera une modeste restriction des dépenses.
Je vous remercie.
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Je remercie le président et tous les membres du Comité d'accueillir la participation du Centre consultatif des relations juives et israéliennes à cette importante conversation.
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes est l'agent de défense des intérêts des fédérations juives du Canada. Nous sommes une organisation nationale, non partisane et à but non lucratif qui représente plus de 150 000 juifs, d'un bout à l'autre du pays, affiliés à leurs fédérations locales.
Dans mes brèves remarques, j'aimerais me concentrer sur trois points en particulier. Le premier est le soutien aux services sociaux sans but lucratif. Le Centre travaille en étroite collaboration avec ses partenaires du Réseau des agences juives de services sociaux dans tout le pays pour défendre les services sociaux sans but lucratif. Ces organismes offrent de l'aide aux Canadiens juifs et non juifs, y compris aux personnes ayant des déficiences cognitives et physiques, aux personnes âgées, aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de logement, et aux réfugiés qui fuient la persécution.
Je crois que nous reconnaissons tous que les prestataires de services sociaux du Canada sont en crise. La pandémie a augmenté la demande de services dans tous les domaines. Bien que de nombreux organismes sans but lucratif aient pu obtenir un financement fédéral d'urgence au cours des premiers mois de la pandémie, ce financement a été épuisé. La demande de services, elle, n'a pas ralenti. Les organismes sans but lucratif du Canada ont du mal à embaucher, à former et à conserver le personnel nécessaire à leur fonctionnement.
Les résultats récents de l'enquête de Statistique Canada sur la conjoncture économique montrent que 32 % des employeurs du secteur sans but lucratif croient que le maintien d'un personnel qualifié sera un obstacle au cours de la prochaine période, tandis que 36 % sont préoccupés par le recrutement de personnel qualifié. Cette situation est exacerbée par le fait que les salaires moyens dans les organismes communautaires sans but lucratif sont déjà inférieurs de 35 % à la moyenne de l'économie canadienne. Les possibilités de subventions actuelles, à l'échelle tant fédérale que provinciale, sont limitées sur le plan de la portée et de la disponibilité, et sont généralement axées sur les programmes.
Nous recommandons que le gouvernement du Canada établisse une stratégie nationale pour les organismes sans but lucratif, qui fournira le soutien pluriannuel requis pour stabiliser le secteur sans but lucratif. Nous recommandons également que le gouvernement réintroduise un financement d'urgence ou, par Transfert canadien en matière de programmes sociaux, un soutien direct aux services sociaux sans but lucratif, afin de répondre aux besoins urgents de capacité à court terme.
Le deuxième point concerne le lancement d'une fiducie de sécurité communautaire pour améliorer le Programme de financement des projets d'infrastructure de sécurité, le PFPIS. Le Programme est une initiative clé qui fournit des fonds essentiels aux institutions pour améliorer leur infrastructure de sécurité. Le Programme fournit des fonds aux organisations privées et à but non lucratif qui risquent d'être victimes de crimes motivés par la haine afin d'atténuer les coûts d'amélioration de l'infrastructure de sécurité, comme les systèmes d'alarme et les bornes de protection. L'efficacité et l'importance de ce programme ont été bien établies au cours des dernières années.
Cependant, si le PFPIS fournit un financement essentiel pour les infrastructures, il ne constitue qu'une partie de la solution. Il est essentiel d'habiliter, d'équiper et de former les membres de la communauté afin qu'ils soient conscients des menaces, qu'ils les repèrent et les dissuadent, et qu'ils aient la capacité de s'associer efficacement avec les forces de l'ordre qui, dans la plupart des villes, sont sollicitées au-delà de leurs capacités et ne peuvent donc offrir qu'un soutien limité sur place. De plus, les communautés à risque doivent avoir un sentiment d'appartenance plutôt qu'un sentiment de victimisation et de vulnérabilité.
Nous recommandons que le gouvernement du Canada finance un projet pilote en complément du PFPIS, en donnant aux communautés la capacité de dissuader les menaces et d'assumer une certaine responsabilité pour la protection de leurs institutions et de leurs utilisateurs.
Le dernier point concerne les ressources gouvernementales pour mettre en oeuvre la nouvelle stratégie de lutte contre le racisme. Au Centre consultatif des relations juives et israéliennes, nous sommes profondément préoccupés par la situation dans laquelle les fonds du Programme d'action et de lutte contre le racisme de Patrimoine canadien ont été dirigés vers une organisation qui a donné une tribune à une personne qui a fait publiquement des déclarations au contenu antisémite des plus vils pendant des années.
Bien que nous soyons reconnaissants et heureux que le et le gouvernement se soient engagés et aient donné suite à un examen et à un renouvellement de la stratégie canadienne de lutte contre le racisme, il ne s'agit pas d'un incident isolé. Nous sommes préoccupés par le fait que des ressources insuffisantes sont affectées à la lutte contre l'antisémitisme et le racisme et à la sensibilisation à ces questions au sein des ministères concernés, en particulier pour ceux qui sont chargés d'examiner les bénéficiaires de financement.
Nous recommandons au gouvernement du Canada de fournir un financement dédié et de travailler avec les intervenants communautaires pour s'assurer que le financement gouvernemental ne va plus jamais à une organisation qui fait la promotion de l'antisémitisme et du racisme en général. Ce financement devrait comprendre une formation sur l'antisémitisme à l'intention des décideurs du gouvernement; une mise en oeuvre réelle et mesurable de la définition de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste, déjà adoptée par le gouvernement; et un financement continu pour le bureau de l'envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme.
Enfin, monsieur le président, bien que nous attendions avec impatience la nouvelle loi sur la haine et les préjudices en ligne sur laquelle travaillent le ministère du Patrimoine et le ministère de la Justice, il y a une autre dimension qui nous semble urgente.
Nous pensons qu'une campagne de sensibilisation aux médias sociaux doit être entreprise. Nous sommes d'avis que les haineux invétérés représentent une minorité de Canadiens. Ceux qui utilisent les médias sociaux pour fomenter, diffuser et encourager la haine ou qui utilisent des plateformes en ligne pour inciter à la violence sont irrécupérables. Cependant, la plupart des Canadiens s'engagent dans ce genre d'activités ou amplifient ce genre de messages par ignorance, sans être conscients de ce que ces messages représentent.
La voie à suivre pour sensibiliser les gens à la haine en ligne, aux formes qu'elle adopte et aux mesures à prendre passe par l'éducation. Nous devons entreprendre une campagne nationale d'éducation aux médias sociaux afin de sensibiliser les Canadiens — en particulier les plus jeunes et les plus vulnérables — à l'utilisation appropriée et à l'usage abusif des médias sociaux.
Compte tenu de l'heure, monsieur le président, je m'en tiendrai là.
Merci encore de nous avoir invités à participer. Je vous invite à formuler des commentaires ou des questions.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité. Je vous remercie d'avoir invité la Coalition du budget vert à s'adresser à vous aujourd'hui.
La Coalition du budget vert, active depuis 1999, est unique en ce qu'elle réunit les connaissances expertes de 21 des principales organisations environnementales du Canada, qui comptent collectivement plus d'un million de Canadiens comme membres, partisans et bénévoles.
La Coalition du budget vert a pour mission de présenter une analyse des questions les plus pressantes concernant la durabilité de l'environnement au Canada et de présenter un ensemble consolidé de recommandations annuelles au gouvernement fédéral concernant les possibilités stratégiques sur le plan fiscal et budgétaire.
Comme l'a mentionné le président, je suis heureux d'être accompagné aujourd'hui par trois de mes collègues experts pour répondre à vos questions: la coprésidente de la coalition, Theresa McClenaghan, de l'Association canadienne du droit de l'environnement, basée à Toronto et à Paris, dans le sud-ouest de l'Ontario; le responsable du climat à la coalition, Tom Green, de la Fondation David Suzuki, à Vancouver; et Shaughn McArthur, directeur adjoint des relations gouvernementales de Nature Unie, dans la circonscription de Mme Chatel, au Québec.
Hier, je vous ai envoyé à tous, par courriel, le mémoire de la Coalition du budget vert dans le cadre des consultations prébudgétaires du Comité, ainsi que des liens vers ce document détaillé ici en anglais et en français, qui constitue les recommandations détaillées de la Coalition pour le budget 2023.
Dans l'ensemble, tandis que le monde continue d'être aux prises avec des crises importantes, y compris les répercussions récentes de l'ouragan Fiona sur les Canadiens de la côte Est et les pénuries d'énergie en Europe, la Coalition du budget vert croit qu'il est maintenant essentiel d'accorder plus d'attention aux crises connexes du climat et de la biodiversité en façonnant un monde équitable, neutre en carbone et positif pour la nature, et en fournissant une énergie sûre et abordable aux générations actuelles et futures de Canadiens et de gens du monde entier.
La Coalition a accueilli favorablement les investissements de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral dans le budget 2022, qui ont fait avancer les recommandations de la Coalition, en particulier pour les bâtiments écoénergétiques, les véhicules à émission zéro et les solutions climatiques fondées sur la nature; cependant, comme nous l'avons vu, il faut en faire beaucoup plus.
Les prochaines réunions de l'ONU sur le climat en Égypte dans quelques semaines, puis sur la nature à Montréal en décembre, sont de parfaites occasions pour le gouvernement d'annoncer ces nouveaux investissements, de faire preuve de leadership mondial et d'inspirer d'autres actions à nos partenaires internationaux.
Dans ce contexte, la Coalition du budget vert a cinq principales recommandations pour le budget 2023 qui créeront des emplois, amélioreront l'abordabilité en réduisant les coûts énergétiques et soutiendront également le leadership et le bien-être des autochtones.
Tout d'abord, la mise en place d'un réseau électrique à émissions nulles fondé sur les énergies renouvelables — étape essentielle pour les grands investissements de transformation nécessaires dans la production, le transport et la demande d'électricité, y compris dans les communautés autochtones éloignées — nécessitera un investissement de 18 milliards de dollars sur cinq ans.
En deuxième lieu, il y a la vague de rénovation. S'inspirant du modèle de l'Union européenne, il s'agit d'un plan pour l'emploi et le climat. Nous recommandons d'améliorer l'efficacité énergétique et le confort du parc immobilier résidentiel dans tout le pays, y compris les ménages à faible revenu et les communautés autochtones, et le développement des compétences dans l'économie de la rénovation.
Troisièmement, nous recommandons de respecter les engagements du Canada en matière de protection des terres et des océans, en intégrant la conservation dirigée par les autochtones, le financement permanent de la protection et de l'intendance, la connectivité écologique et la collaboration des ONG.
Quatrièmement, c'est l'avancement de l'agriculture durable, avec des recommandations pour aider les producteurs et le Canada à être des chefs de file en matière d'agriculture durable et innovante avec un système alimentaire résilient et diversifié.
Cinquièmement, il s'agit de renforcer la capacité de justice environnementale pour les Canadiens, en créant un bureau de la justice environnementale et en engageant une partie appropriée des bénéfices provenant des dépenses liées au climat et à l'énergie propre pour les communautés défavorisées, à l'image de Justice40 aux États-Unis.
Enfin, dans notre document, nous présentons également un certain nombre de recommandations complémentaires concernant les mesures d'atténuation des changements climatiques et d'adaptation au climat, la conservation de la nature, la justice environnementale, la santé environnementale et humaine, l'eau douce, la réduction des subventions dommageables et d'autres questions importantes.
La mise en oeuvre de l'ensemble de ces recommandations permettrait de réaliser des progrès spectaculaires vers un avenir plus sain pour les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
Pour conclure, j'aimerais vous remercier encore une fois d'avoir invité la Coalition du budget vert à comparaître ici aujourd'hui. Nous serons heureux de recevoir vos observations et vos questions.
Merci.
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Je vais parler de deux points. Le premier concerne la manière dont nous devrions investir notre aide étrangère, qui est déjà inscrite au budget — la manière dont elle devrait être dépensée. Le deuxième point concerne la relance de notre économie par le renforcement de nos petites et moyennes entreprises de haute technologie.
En ce qui concerne le premier point, lors du sommet des dirigeants du G7 de 2021, le Canada a annoncé qu'il doublait son engagement financier international en matière de climat pour le porter à 5,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Cette somme a été annoncée pour améliorer les systèmes énergétiques et tenter de réduire les gaz à effet de serre. Or, les pays en développement, notamment l'Afrique, n'émettent que 3 à 5 % des gaz à effet de serre; donc, si nous les aidons, c'est pour l'avenir. Nous en avons vraiment besoin aujourd'hui pour notre sécurité, en raison de tous les problèmes causés par le réchauffement de la planète et le changement climatique.
J'estime qu'il faudrait consacrer une portion de cet argent à la sécurité. La sécurité signifie le renforcement des capacités en Afrique et dans d'autres pays moins développés. La sécurité, c'est l'infrastructure. La sécurité, ce sont des systèmes d'alerte précoce pour que les gens puissent sauver leur vie et leurs biens. Je recommande dans mon mémoire une autre façon de le faire. J'ai déjà rencontré le ministre responsable de l'aide internationale, le , et je rencontrerai le , ainsi que le , à propos de ces sujets.
Je crois que nous devrions fournir notre aide à la communauté internationale de manière appropriée et ciblée et non selon le principe que, si tout le monde le fait d'une certaine manière, il nous faut en faire de même. Nous devrions être des chefs de file dans ce domaine, les chefs de file de... Il existe des organisations qui sont des sociétés météorologiques internationales; il y a le Forum international des sociétés météorologiques. Ce sont toutes des organisations bénévoles dans le monde entier qui s'emploient à créer des capacités. Nous devrions soutenir ces organisations.
Je suis le président du Forum international des sociétés météorologiques, qui réunit toutes les sociétés météorologiques nationales du monde. Nous essayons de créer des capacités. J'ai consacré la moitié de ma vie à cela, sans aucune rémunération. La plupart des personnes qui y travaillent dépensent leur propre argent. Nous devons donc les soutenir pour qu'elles réussissent.
Le deuxième point est ma marotte, soit le fait que le Canada ne soutient pas ses PME de haute technologie correctement. Il y a quelques bonnes choses, mais il devrait y avoir une orientation différente. Il ne devrait pas y avoir de développement au sein du gouvernement, et il faudrait attribuer à l'industrie des marchés, surtout pour le travail dans les domaines environnementaux où la plupart des industries dépendent des projets gouvernementaux. Par conséquent, il ne devrait pas y avoir de développement interne, et ce développement ou la majeure partie du développement devrait être effectué par l'industrie. C'est ainsi que nous renforcerons nos petites et moyennes entreprises de haute technologie.
Pour ce faire, il y a lieu d'organiser une conférence où le gouvernement et les gens — incluant les politiciens, les fonctionnaires et les gens de l'industrie de haute technologie — se réunissent et discutent de ce qui est vraiment nécessaire pour augmenter notre rendement économique. Beaucoup de gens se plaignent que nous dépensons trop, mais j'affirme qu'il existe des moyens de créer plus de richesse. C'est sur ce plan que j'aimerais aider le Canada.
C'est un moyen sûr de créer de la richesse, un moyen sûr de créer des capacités dans les pays en développement et les pays les moins développés. Nous le faisons tout le temps; il s'agit simplement de veiller à ce que l'argent dépensé le soit dans la bonne direction. Je demande au gouvernement du Canada d'être un véritable chef de file dans ce domaine.
Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissant de m'avoir donné l'occasion de présenter mon opinion.
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Merci, monsieur le président.
Mon nom est Martin Caron, et je suis le président général de l'Union des producteurs agricoles. Je suis aussi producteur laitier et producteur de grandes cultures.
Mon intervention portera sur quatre thèmes: la résilience du secteur agricole; l'agroenvironnement et la production biologique; le régime fiscal des entreprises agricoles et forestières; et le soutien au secteur laitier.
D'abord, il est important de rappeler que le secteur agroalimentaire canadien employait 2,1 millions de personnes en 2021, ce qui représente un emploi sur neuf au pays, en plus d'ajouter 135 milliards de dollars au produit intérieur brut du pays. De plus, le Canada a exporté tout près de 82,2 milliards de dollars de produits agricoles et alimentaires, dont des matières premières agricoles, du poisson, des fruits de mer ainsi que des aliments transformés. Le Canada est le cinquième plus grand exportateur de produits agroalimentaires et de fruits de mer au monde.
Malgré les bonnes performances du secteur, celui-ci a été affligé par l'inflation, et ce, surtout depuis l'automne 2021. Les prix des intrants agricoles ont augmenté de 25 % entre le premier trimestre de 2020 et le deuxième trimestre de 2022, selon l'indice des prix des entrées dans l'agriculture de Statistique Canada.
Les trois principaux intrants de production, c'est-à-dire l'alimentation animale, les engrais et le carburant, ont connu des croissances de prix beaucoup plus élevées que l'indice des prix à la consommation. Pour les productions horticoles, le prix des contenants a aussi connu une hausse importante. De plus, dans l'Est du Canada, qui dépend de façon plus importante des engrais importés, la taxe punitive de 35 % imposée sur les engrais russes a non seulement fait augmenter le coût des fertilisants, mais a également fragilisé leur disponibilité. Parallèlement, les entreprises agricoles ont dû investir massivement au cours des dernières années afin de se conformer aux attentes sociétales en matière d'environnement et de bien-être animal.
Ces éléments ont eu comme conséquence de doubler l'endettement du secteur pendant cette période. Chaque hausse de 1 % des taux d'intérêt engendre, à terme, environ 1,2 milliard de dollars de dépenses en intérêt additionnel pour les entreprises agricoles, ce qui représente environ 25 % du revenu net total du secteur en 2021. Le taux directeur de la Banque du Canada ayant augmenté de 3 % depuis le début de l'année, vous pouvez imaginer la pression énorme que les producteurs subissent.
Dans ce contexte, et compte tenu du caractère essentiel de l'agriculture pour la sécurité alimentaire, surtout dans le contexte mondial actuel, le gouvernement doit intervenir rapidement afin d'appuyer le secteur agricole et de limiter ce contexte inflationniste exceptionnel.
Ainsi, l'UPA demande la mise en place d'un programme d'aide spécial pour le secteur agricole, afin de limiter l'incidence de l'inflation sur la santé financière des entreprises agricoles. Elle demande également la bonification du programme Agri-stabilité pour augmenter le taux de couverture à 85 % de la marge de référence, tout en maintenant le taux de compensation à 80 %, comme annoncé récemment par Agriculture et Agroalimentaire Canada.
En ce qui a trait à l'agroenvironnement, des investissements publics supplémentaires sont nécessaires. Même si elle est très peu utilisée au Canada, la rétribution des producteurs agricoles pour les biens et services environnementaux qu'ils produisent favorise l'adoption de pratiques bénéfiques et la reconnaissance de leur contribution positive. Aux États‑Unis, l'aide directe aux initiatives agroenvironnementales représente 1 % des recettes agricoles et constitue 25 % du soutien versé aux agriculteurs. Pour obtenir un soutien agroenvironnemental équivalent, un montant annuel de 650 millions de dollars devrait être accordé aux entreprises agricoles canadiennes.
Dans ce contexte, l'UPA demande d'assurer un continuum de soutien et d'accompagnement sur un horizon de 10 ans en matière de rétribution pour les biens et services agroenvironnementaux, ainsi que de lutte contre les changements climatiques, tant sur le plan de l'adaptation à l'évolution du climat que sur celui de la réduction des gaz à effet de serre. L'UPA demande aussi d'accorder aux producteurs agricoles un budget stable et prévisible en recherche et innovation agronomiques et agroenvironnementales adapté à leurs besoins.
Concernant la production biologique, les normes biologiques nationales doivent être révisées tous les cinq ans, mais le Canada n'a pas de programme pour soutenir les travaux de révision, contrairement aux États‑Unis et à l'Union européenne. Le Canada pourrait également augmenter le nombre d'entreprises certifiées s'il établissait, comme les Américains, un programme de partage des coûts de la certification biologique. C'est pourquoi l'UPA demande d'assurer un financement permanent pour la révision et le maintien des normes biologiques du Canada et d'offrir un programme de partage des coûts de la certification biologique.
Sur le plan fiscal, notre mémoire comprend trois demandes. La première est de mettre en place un crédit d'impôt à l'investissement remboursable de 30 % pour l'achat d'équipement neuf ou d'occasion par des entreprises agricoles ayant des revenus annuels bruts de moins de 50 000 $. La deuxième est d'éliminer ou de limiter les gains en capital imposable lors du don ou de la vente à faible coût de certains actifs à un neveu ou à une nièce. La dernière est la création d'un régime d'épargne et d'investissement sylvicole personnel pour les propriétaires forestiers canadiens.
Finalement, concernant le secteur laitier, nous rappelons qu'il est important que le gouvernement respecte son engagement d'offrir une compensation pleine et complète aux producteurs de lait pour atténuer les pertes liées à l'Accord Canada—États‑Unis—Mexique et de n'accorder aucune autre concession touchant les produits sous gestion de l'offre dans de futures négociations commerciales.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui et de s'être préparés pour le Comité.
Je vais commencer par la Fédération canadienne des contribuables.
Bien sûr, le Canada est confronté à une pénurie de main-d'oeuvre, alors, je pense qu'il nous incombe, en tant que responsables de l'économie, de faire ce qu'il faut, comme nous devrions toujours le faire, et de veiller à ce que les travailleurs soient pleinement récompensés pour le dur travail qu'ils accomplissent. Les Canadiens, bien sûr, travaillent très fort — parfois pendant de très longues heures — et je crois que le gouvernement prend une part trop importante et que des mesures comme le triplement de la taxe sur le carbone et l'augmentation des charges sociales ne feront que décourager le travail.
Monsieur Terrazzano, voulez-vous commenter?
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Merci, monsieur le président, pour cette question.
Ce sont les domaines où nous sommes faibles. Si nous avons une faible productivité, c'est que nous n'avons pas assez d'investissements commerciaux, et nous n'avons pas d'investissements commerciaux en partie parce qu'il n'y a pas dans notre économie assez de grandes entreprises qui investissent.
La composition de notre économie, je dirais, est trop axée sur la consommation de biens immobiliers, par opposition aux secteurs productifs, aux industries de pointe ou aux industries innovantes. La réalité de la compétitivité moderne est que nous devons rivaliser avec d'autres pays où la recherche et le développement sont intensifs et où la concurrence existe. Si l'on prend la technologie et la plupart des secteurs où de la R et D se fait et des travailleurs dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques sont présents, c'est là que la concurrence se produit. Nous devons investir, et nous devons être très précis lorsque nous envisageons une stratégie industrielle.
Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, les États-Unis viennent de faire un grand pas en avant avec les lois CHIPS and Science Act et Inflation Reduction Act. Je crois que le Canada doit avoir une stratégie plus globale en matière d'innovation. Ce que nous avons actuellement, ce sont des mesures très ciblées avec des programmes, comme le Fonds stratégique pour l'innovation, qui ne suffisent pas, à mon avis, pour encourager notre compétitivité à l'échelle mondiale.
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Merci pour la question.
Il ne s'agit pas d'une question d'évaluation subjective de ma part pour savoir s'il y a eu une hausse. Les statistiques objectives — fournies tant par les organismes nationaux que par les forces policières de tout le pays — font état d'une hausse alarmante. Je m'empresse d'ajouter que, même si la communauté juive est la plus ciblée, l'augmentation concerne pratiquement tous les groupes. Cela démontre une normalisation, au cours des dernières années, des paroles et des actes qui auraient été jugés marginaux ou inacceptables auparavant.
C'est pourquoi, par exemple, nous sommes de fervents défenseurs de la campagne de littératie en matière de médias sociaux. Étant donné le rôle que jouent les plateformes de médias sociaux dans la société d'aujourd'hui, nous pensons qu'il est extrêmement important d'éduquer les Canadiens sur ce qui constitue un discours juste et responsable et un bon usage des plateformes de médias sociaux, par rapport à ceux qui en abusent de manière à marginaliser, menacer, intimider et exclure différents segments de la société.
Pour nous, l'expérience que nous vivons en tant que communauté juive ne nous concerne pas exclusivement. Elle démontre ce que ressentent les autres communautés marginalisées et à risque, car ce qui commence avec les juifs ne finit jamais avec les juifs. Nous devrions prendre à coeur les statistiques et agir de façon proactivement pour instituer les mesures qui assureront aux Canadiens une défense adéquate.
J'ai été cordial et respectueux. J'ai simplement fait respecter la durée, comme vous vous en souciiez tant, monsieur Lawrence.
Les augmentations des cotisations à l'assurance-emploi et au RPC sont nécessaires pour garantir que lorsque les gens perdent leur emploi, dans le cas de l'assurance-emploi, ou lorsque nos aînés prennent leur retraite, les fonds sont là pour garantir qu'ils puissent toucher leur pension ou, dans le cas de l'assurance-emploi, leurs prestations d'assurance-emploi. Sans augmentation de ces cotisations, compte tenu de la demande d'assurance-emploi et de pensions, cela signifierait que lorsque les gens prendront leur retraite ou perdront leur emploi, les fonds seraient insuffisants pour qu'ils touchent leur assurance-emploi. Les fonds ne seraient pas là pour répondre à leurs besoins, mais aussi pour tenir compte de l'inflation. Cela s'appliquerait aussi au RPC.
Est-ce que cela vous préoccupe?
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Ce n'était pas une question.
J'aimerais maintenant passer à M. Fogel.
Monsieur Fogel, vous avez soulevé un point qui me préoccupe beaucoup. Vous avez en fait soulevé plusieurs points qui me préoccupent beaucoup.
Vous avez parlé de littéracie en matière de médias sociaux — c'est ce que j'ai saisi de vos propos, et corrigez-moi si je me trompe, ne me laissez pas vous mettre des mots dans la bouche — et de l'importance de veiller à ce les gens puissent bien comprendre ce qu'ils lisent et savoir l'interpréter et contribuer de la manière la plus constructive et respectueuse possible.
Tout d'abord, ai-je bien décrit ce que vous préconisez? De plus, pourriez-vous nous parler de la façon dont nous pouvons exécuter le programme que vous suggérez?
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Je pense que votre description est juste.
Permettez-moi, monsieur le président, de faire une analogie.
Sans me prononcer sur la question... Lorsque la décision a été prise de légaliser la consommation de cannabis, le gouvernement s'est très vite aperçu d'une chose qu'il n'avait pas prévue. Il y avait un ensemble de préoccupations concernant la sécurité, par exemple, par rapport à la consommation de cannabis, de mélanges de cannabis et d'alcool, et l'effet différent des produits de cannabis comestibles par rapport à ceux qui sont inhalés. Le gouvernement a reconnu qu'il était nécessaire de lancer une campagne d'éducation publique soutenue, sérieuse et complète pour sensibiliser les Canadiens, surtout un groupe démographique particulier — qui est, et ce n'est pas un hasard, celui qui compte le plus d'utilisateurs des plateformes de médias sociaux — aux risques et à la bonne utilisation des produits du cannabis, afin d'assurer leur sécurité.
Nous sommes d'avis que la nature omniprésente des médias sociaux aujourd'hui exige que nous offrions ce même type de formation et de sensibilisation afin que les utilisateurs de plateformes des médias sociaux soient conscients de ce qui constitue de l'intimidation — quels sont les mots et les messages codés qui ciblent des groupes particuliers et cherchent à les marginaliser.
Je pense que la plupart des Canadiens, s'ils étaient conscients que certains mots, que certains emojis ou que certains autres éléments déclenchent ce genre de réaction s'autogéreraient pour s'assurer de prendre leurs distances de ce genre de messages et de ne pas les utiliser, les amplifier ou les rediffuser parce que nous ne pouvons pas tout mettre dans un processus législatif qui cherche à punir ou à codifier l'utilisation des médias sociaux.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à saluer tous les témoins et à les remercier de leur présence et de leurs témoignages très intéressants. C'était particulièrement le cas lors du dernier échange. Nous en apprenons toujours beaucoup dans les réunions du Comité permanent des finances.
Monsieur Caron, je vous remercie de votre présentation. Vous avez envoyé au Comité vos recommandations et votre mémoire en lien avec les consultations. Vous les avez brièvement présentées et je voudrais y revenir, mais dans l'ordre inverse.
Votre dernière recommandation est de n'accorder aucune autre concession touchant les produits sous gestion de l'offre dans les futures négociations commerciales. Je rappelle que lors des négociations ayant mené aux trois derniers accords, soit l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste et le nouvel Accord Canada—États‑Unis—Mexique, l'ACEUM, ce sont des parts de marché des productions sous gestion de l'offre qui ont servi de monnaie d'échange. C'est inacceptable, bien entendu.
Une autre de vos recommandations en lien avec cela demande au gouvernement de respecter l'engagement qu'il a pris lors du dernier budget d'offrir une compensation pleine et entière aux producteurs de lait en réponse aux brèches créées par l'ACEUM. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi cela n'a pas encore été fait?
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Ce que vous dites est très clair. J'espère que vous aurez convaincu le gouvernement d'adopter cette mesure.
Je vais maintenant établir un lien entre votre autre recommandation et un projet de loi que nous avons adopté avant les dernières élections générales, au début de l'été 2021, si je ne me trompe pas. Ce projet de loi porte sur le transfert d'entreprises agricoles ou de fermes aux enfants et vise à rendre moins désavantageux le fait de transférer ces biens aux enfants.
Ce projet de loi a été adopté, mais on ne peut pas encore faire de transactions, parce que le gouvernement refuse d'en communiquer les modalités aux comptables professionnels agréés, qui refusent alors d'aller de l'avant. Après tous ces mois d'attente, il faudrait vraiment mettre ce projet de loi en œuvre.
Pour votre part, vous recommandez d'éliminer ou de limiter l'imposition du gain en capital au moment du don ou de la vente à faible coût de certains actifs agricoles à un neveu ou à une nièce. Cela se fait-il dans les fermes familiales?
Tous les membres du comité ici présents comprennent certainement que les actifs des entreprises agricoles ont beaucoup augmenté. La ferme moyenne au Canada vaut 3 millions de dollars ou plus. Cela vous donne idée des investissements et des actifs.
Il est incompréhensible qu'aucune mesure de soutien ne soit en place pour aider les parents à transférer leurs entreprises et leurs fermes à la famille. Nous sommes désavantagés par ce genre de transfert. Pourtant, 56 % des transferts d'entreprises agricoles se font entre des parents et leurs enfants.
Il y a trois éléments à mettre en place, dont le contrôle des actions et des actifs en pourcentage. Compte tenu de la valeur des actifs que nous avons dans nos entreprises, il est bien important que les parents demeurent présents pour soutenir financièrement l'entreprise, notamment dans un contexte d'inflation comme celui que nous vivons actuellement. Il s'agit simplement de pérenniser nos entreprises.
Nous ne demandons pas beaucoup d'argent. Nous demandons seulement que les façons de faire changent et qu'il y ait un certain équilibre.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins pour tous leurs témoignages.
Je pense que j'aurai le temps de poser une ou deux questions que j'aimerais adresser à la Coalition du budget vert.
Au NPD, nous croyons que la restructuration de l'économie canadienne pour faire face à la crise climatique n'est pas seulement un impératif d'un point de vue planétaire, mais aussi, je pense, un élément clé pour permettre à notre économie de tirer profit de la transition nécessaire vers des sources d'énergie durables, ce qui, selon nous, mettrait le Canada en bonne posture pour affronter le XXIe siècle.
Comme vous le savez, une partie de l'accord de confiance et d'appuis budgétaire que nous avons conclu avec le gouvernement libéral prévoit des mesures pour lutter contre la crise climatique, et la création d'emplois bien rémunérés en est un élément important.
J'aimerais me concentrer sur votre première recommandation, soit d'étendre un réseau électrique à émissions nulles basé sur les énergies renouvelables. J'aimerais que vous nous parliez un peu du montant requis pour le faire, et de la façon dont les types d'investissements que vous suggérez permettront non seulement de réaliser l'objectif de la carboneutralité, mais aussi de créer des emplois.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Green, si vous pouviez nous communiquer le chiffre concernant le réseau électrique à émissions nulles, cela nous serait utile.
Je vais poursuivre avec la Coalition du budget vert. Dans l'aperçu plus détaillé, vous parlez de la création d'un conseil pancanadien du réseau électrique.
Mon collègue d', qui ne peut être présent, a certainement été un ardent défenseur d'un réseau électrique d'est en ouest. Dans les consultations qu'il a menées sur le sujet, l'un des éléments qui ressortent des discussions comme des lacunes est l'absence apparente de table à convoquer pour tenir les conversations nécessaires afin de favoriser la coopération.
Pourriez-vous préciser le montant que vous avez prévu dans votre proposition pour créer cette table, les personnes qui devraient y siéger selon vous et les types de projets que vous vous attendriez à voir naître d'un tel conseil?
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En plus de notre recommandation d'affecter 10 milliards de dollars par an pour les immeubles résidentiels afin de couvrir les dépenses qui vont au-delà de ce que les ménages consentiraient habituellement à l'entretien régulier, nous parlons de 2 milliards de dollars par an pour des rénovations majeures et sans frais pour les ménages à faible revenu, peu importe le type d'occupation, pour les ménages propriétaires à faible revenu ainsi que les locataires à faible revenu.
Nous parlons de gratuité parce que nous savons, d'après des études antérieures comme celle effectuée par le Low-Income Energy Network ici en Ontario, que ces ménages ne réussissent pas à mettre de l'argent de côté pour engager ces dépenses, même en bénéficiant d'un certain type de prêt ou de programme de remboursement, ce qui les exclut complètement du programme et beaucoup de ces ménages sont ceux qui ont plus besoin de ce type d'aide.
En ce qui concerne l'équité en général, nous avons constaté que le climat a un impact inéquitable sur les communautés vulnérables, sous-financées et à faible revenu, car de nombreux autres ménages peuvent prendre des mesures pour compenser certains impacts, mais pas tous; cela dépend de l'endroit où ils se trouvent. Souvent, ils habitent des endroits plus exposés aux inondations, par exemple. Après une inondation, sans travaux d'assainissement, ils se retrouvent avec de la moisissure ou de l'asthme dû à la moisissure. Ils n'ont pas accès à la climatisation, par exemple, et il y a un grave problème de décès dus à la chaleur au Canada, avec des conséquences fâcheuses.
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Je vous remercie, monsieur le député, avec tout le respect que je vous dois.
J'ai entendu quelque chose au sujet des personnes âgées, et savez-vous qui est vraiment frappé par la taxe sur l'inflation? Ce sont les personnes âgées qui vivent d'un revenu fixe. Depuis des années, nous assistons à des dépenses incontrôlées. Avant la pandémie, le gouvernement fédéral dépensait des sommes record, même en tenant compte de l'inflation et de la croissance démographique. Puis, pendant la pandémie, la Banque du Canada a imprimé 300 milliards de dollars à partir de rien. Puis, la cerise sur le gâteau pour les travailleurs canadiens qui sont déjà à la peine, ce sont les hausses fiscales. Les taxes sur le carbone sont en hausse, les taxes sur la masse salariale sont en hausse et les taxes sur l'alcool sont en hausse.
Ce qui nous pend au bout du nez, dans la nouvelle année, c'est la deuxième taxe sur le carbone qui entrera en vigueur en vertu du Règlement sur les carburants. L'analyse même que le gouvernement a faite de ce règlement révèle exactement quel groupe sera le plus pénalisé: les Canadiens de la classe moyenne et à faible revenu, les personnes qui souffrent déjà de la pauvreté énergétique, les mères célibataires et les personnes âgées qui ont un revenu fixe. Encore une fois, c'est tiré de la propre analyse du gouvernement.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, je dois mentionner que je suis allée dans des pays où le taux d'imposition était très faible, voire nul. Honnêtement, je ne pense pas que quiconque ici veuille vivre dans un pays où il n'y a pas de soutien pour l'éducation, les hôpitaux, l'entretien des routes, la sécurité ou autre. Au Canada, nous sommes fiers de notre système d'assurance-emploi et de la Sécurité de la vieillesse. C'est important. Nous n'allons pas nous mettre à couper là-dedans lorsque les temps sont durs et qu'on a besoin de cette aide.
En ce qui concerne les réductions d'impôt, le Royaume‑Uni a récemment fait cette expérience, et on voit bien maintenant que ce n'est même pas économiquement viable. Ce que les interlocuteurs précédents proposent a donc été essayé, mais, contrairement à ce qui s'est passé au Royaume-Uni, nous ne voulons pas plonger notre pays dans une crise inflationniste encore pire, ni dans une crise monétaire ou politique.
Je vais donc plutôt m'adresser à des témoins qui apportent de vraies solutions, comme les représentants de l'Union des producteurs agricoles et de la Coalition du budget vert.
Monsieur Tougas, votre collègue, M. Caron, nous a dit avant son départ que lorsqu'on investit dans l'agriculture et l'agroalimentaire, on investit dans le garde-manger des Canadiens. J'aimerais que vous nous en disiez davantage sur ce que l'Union des producteurs agricoles propose, exactement.
Ainsi, une de vos recommandations consiste à soutenir directement et davantage les agriculteurs qui fournissent des biens écologiques. Dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable, nous avons créé le Programme des paysages agricoles résilients. Sommes-nous sur la bonne voie? Proposez-vous d'aller encore plus loin sur cette voie?
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Je vous remercie de votre question.
Nous reconnaissons effectivement que des sommes d'argent intéressantes ont été investies depuis environ deux ans dans le soutien aux entreprises agricoles en matière d'agroenvironnement.
Nous souhaitons qu'il y en ait davantage pour aller encore plus loin, et que ces fonds soient pérennisés. En effet, lorsque les entreprises agricoles mettent en place des pratiques agroenvironnementales, ce n'est pas à court terme. Nous visons une mise en place à moyen et à long termes, pour que les effets bénéfiques sur l'environnement perdurent. Nous voulons donc nous assurer que ces fonds seront maintenus au fil du temps.
Nous avons donné l'exemple des États‑Unis, dont les investissements dans ce domaine sont encore bien supérieurs à ceux du Canada. Vous avez donc raison: c'est un pas dans la bonne direction, mais on doit passer à la prochaine étape, si on veut vraiment que cela engendre des effets pérennes.
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Je vous remercie de votre question, madame Chatel. Cela fait longtemps que je n'ai pas pu débattre avec vous en français, mais je vais quand même répondre à votre question en anglais.
[Traduction]
Au printemps 2021, Nature United a publié une étude revue par des pairs sur 24 solutions climatiques naturelles susceptibles de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Canada de l'équivalent de 11 % de nos émissions globales d'ici 2030. Or, nous avons constaté que 11 milieux agricoles figuraient parmi les plus efficaces et permettaient de réduire d'environ 50 % les émissions totales par des solutions naturelles que nous avons calculées. Ce qui est vraiment intéressant à propos de ces solutions, c'est qu'elles sont disponibles dès maintenant. Les agriculteurs de tout le Canada commencent à les utiliser, mais l'adoption est loin d'être aussi importante qu'elle devrait l'être.
L'autre élément sur lequel nous nous sommes appuyés — et nous avons réalisé une étude en partenariat avec Bain & Company — est que si les agriculteurs qui adoptent certaines pratiques voient leurs rendements et leurs revenus diminuer au cours des deux premières années, au bout de la troisième et de la quatrième année, après avoir reçu un peu d'aide du gouvernement, ils constatent une augmentation de leurs revenus pouvant atteindre 30 %. En même temps, certaines sont des pratiques, comme la culture de couverture qui réduit la quantité d'eau nécessaire, et la gestion des nutriments qui réduit les coûts, car beaucoup de ces produits, notamment les engrais, subissent aussi des pressions inflationnistes. Ces pratiques présentent un double avantage: elles permettent de réduire les coûts tout en améliorant les résultats financiers des agriculteurs et en réduisant les émissions.
Nous constatons que les agriculteurs ont réellement besoin de trois choses à l'heure actuelle. Tout d'abord, ils ont besoin d'incitatifs pour faire la transition. Les agriculteurs se fient vraiment aux gens qui les entourent pour adopter de nouvelles pratiques, donc nous devons vraiment faire décoller ces projets et les mettre en oeuvre, pour ainsi dire. Deuxièmement, ils ont besoin d'une aide financière pour combler cet écart, que j'ai décrit précédemment, et troisièmement, ils ont besoin de services d'information et de vulgarisation. Nous avons vu les provinces...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Tougas, je trouve particulièrement intéressantes deux recommandations que vous avez faites en lien avec l'agriculture biologique. La première parle d'un programme partagé des coûts de la certification biologique par le gouvernement, et la deuxième a trait à l'octroi d'un financement permanent pour la révision et le maintien des normes biologiques au Canada.
Je représente une région agricole, l'Abitibi—Témiscamingue. Le Témiscamingue, dans sa planification stratégique, vise à devenir un chef de file en agriculture biologique, et c'est peut-être un des derniers endroits au monde où on retrouve massivement des terres propres à la production biologique.
Comment vos recommandations peuvent-elles nous permettre d'atteindre l'objectif d'une agriculture biologique viable, particulièrement en région?
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C'est une excellente question.
Si l'ARC ne va pas l'imposer, alors pourquoi veut-elle savoir à quel prix vous vendez votre maison? Est-elle simplement curieuse? Je n'ai jamais vu l'ARC être simplement curieuse.
Ce qui est si frustrant, c'est qu'aux dernières élections, le Parti libéral — c'est-à-dire M. Trudeau, pendant le débat des chefs — a déclaré qu'il n'imposerait pas la valeur nette des maisons. Alors pourquoi les contribuables paient-ils des centaines de milliers de dollars par l'entremise d'une société d'État pour financer une recherche sur cette taxe sur la valeur nette des maisons? Qui est plus, nous avons déterré des documents qui montrent que le personnel du cabinet du premier ministre a rencontré à deux reprises le groupe qui a fait pression pour la taxe sur la valeur nette des maisons.
Par-dessus le marché, nous avons aussi vu la société d'État, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, dont l'objectif primordial, selon son propre site Web, est l'accessibilité au logement pour tous... En 2020 et 2021, les Canadiens n'avaient pas les moyens d'acheter une maison. Pourquoi cette société d'État a-t-elle ensuite décidé de distribuer près de 60 millions de dollars en augmentations de salaire et en primes?
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Merci, monsieur le président.
Je vais quitter le Canada. Ce n'est pas un endroit où il fait bon vivre, d'après les témoignages et certaines accusations formulées ici aujourd'hui. C'est très intéressant.
Nous vivons dans un endroit plutôt agréable. Je ne suis peut-être pas d'accord avec la Fédération canadienne des contribuables, mais il y a un point de son préambule sur lequel nous sommes d'accord, c'est que des millions de Canadiens ont souffert au cours des deux dernières années et que le gouvernement actuel est intervenu. Dans ma province, 33 000 personnes se sont retrouvées comme ça sans emploi, en un clin d'oeil. Je suis heureux d'entendre qu'il a un peu de compassion pour ces personnes.
L'autre point est que le Canada se classe 23e sur 190 pays pour la facilité de faire des affaires. C'est la Banque mondiale qui le dit. Nous allons dans une direction qui n'est peut-être pas parfaite, mais nous allons certainement dans la bonne direction.
Monsieur Asselin, j'aimerais revenir sur certains de vos commentaires du début.
Les États-Unis ont un plan très énergique en matière de changements climatiques. Ils envisagent d'imposer des droits de douane aux importateurs non engagés dans leur pays, dont les plans en matière de changements climatiques ne sont pas très bons. Nous voyons que les marchés du monde entier commencent à investir dans les entreprises qui ont de bonnes pratiques durables.
Quel sera l'effet...? Dans quelle mesure est-il important pour le Canada de reconnaître les changements climatiques comme une entité très importante dans les investissements?
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Merci, monsieur le président.
Il n'y a aucun doute que le monde va dans cette direction. Il ne s'agit pas de se demander ce qu'il faut faire, mais comment le faire. En ce qui concerne le comment, ce que nous avons vu au cours des derniers mois aux États-Unis est très important. Il s'agit d'une approche très chirurgicale pour attirer des investissements privés dans les énergies propres dans des secteurs clés de l'économie.
Je pense que tout le monde — certainement dans le milieu des affaires et au sein de notre conseil — s'est montré très favorable à tout effort visant à réduire les émissions. C'est un objectif très important qui est partagé, mais il faut aussi le voir à travers le prisme de la compétitivité économique. C'est là que je trouve, du côté de la réglementation, que les approbations de projets, par exemple, et la souplesse nécessaire pour les faire avancer sont des domaines où nous pourrions faire mieux.
Aucun pays n'est parfait, comme vous l'avez dit. Il ne s'agit pas d'accuser qui que ce soit. Il s'agit de faire mieux en tant qu'équipe Canada, tant du côté des entreprises que du gouvernement.
Ce geste — c'est-à-dire la direction ferme dans laquelle les États-Unis viennent de s'engager — exige une réponse canadienne. Il exige une réponse très chirurgicale. Je suis encouragé par ce que je vois à propos des véhicules électriques. Je suis encouragé par ce que je vois à propos d'une stratégie pour les minéraux essentiels, mais nous devons agir plus rapidement que nous le faisons, car le monde évolue rapidement.
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Merci de me donner la chance d'aborder ce sujet.
Vous avez parlé de compétitivité face aux États-Unis, où il y a eu des investissements considérables dans les pratiques agricoles durables, respectueuses de l'environnement et de la nature ces derniers temps.
Comme j'ai commencé à le dire tout à l'heure, un des grands défis du Canada sera d'harmoniser les données d'Environnement et Changement climatique Canada avec celles d'Agriculture et Agro-alimentaire Canada et de Statistique Canada. Nous avons besoin de toutes leurs données détaillées pour la surveillance, la déclaration et la vérification à la ferme et dans les champs. C'est le rôle du gouvernement central, le fédéral, d'aider les agriculteurs à déclarer leurs données pour que les établissements financiers puissent s'adresser aux marchés et que nous puissions faire fond sur notre compétitivité au chapitre des émissions de carbone. Actuellement, c'est extrêmement difficile.
Nous avons formulé diverses recommandations sur la nécessité de mobiliser tous les intervenants concernés pour soutenir les agriculteurs. Nous avons besoin de chercheurs universitaires. Nous avons besoin de services de vulgarisation agricole, qui donnent accès à des formations à la ferme. Auparavant, c'était le rôle des provinces, et ce l'est encore au Québec, mais le privé gagne de plus en plus de terrain.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Tougas, une de vos recommandations est d'accorder un budget stable et prévisible en recherche et en innovation agronomiques et agroenvironnementales. Cela tombe bien, car la Station de recherche agroalimentaire de l’Abitibi‑Témiscamingue, qui est située à Notre‑Dame‑du‑Nord, s'intéresse notamment à la question de l'agroforesterie. Cette station relève de l'UQAT, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Elle est en campagne de financement pour la création d'une filière spécialisée en grandes cultures biologiques. Ne croyez-vous pas que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle majeur en tant que partenaire financier et contribuer à ce financement de manière permanente, ce qui aiderait l'UQAT à s'implanter?
Évidemment, cette question est valide pour tous les autres centres de recherche partout au Québec et au Canada, qu'ils soient de niveau collégial ou universitaire.
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Merci de cette question. Très brièvement, je répondrai que le plus important est la compétence. Accélérer l'immigration économique sera essentiel pour nous assurer d'avoir une main-d'œuvre compétente. Notre population est vieillissante, comme vous le savez.
Nous devons également faire beaucoup mieux en matière de recherche et développement, et transposer les résultats de la recherche et du développement appliqués et industriels dans l'économie. Nous ne pouvons pas compter sur une architecture aussi solide que celle qui existe aux États-Unis avec la Defense Advanced Research Projects Agency pour la défense, la National Aeronautics and Space Administration pour le secteur spatial et, dorénavant, l'Advanced Research Projects Agency-Energy pour celui de l'énergie. Le Conseil national de recherches du Canada fait du bon travail, mais il a été fondé dans les années 1950 et il n'a jamais renouvelé son mandat. La commercialisation des résultats de la recherche et du développement est capitale, mais il reste beaucoup de chemin à faire au Canada.
Je vous suggère de concentrer les efforts sur quelques secteurs concurrentiels d'avenir, comme les Américains viennent de le faire. Nous sommes déjà en bonne position dans le secteur de l'intelligence artificielle quantique. Le Canada a des atouts, comme les minéraux essentiels… Les véhicules électriques… Nous devons aller de l'avant avec les technologies agricoles, les biotechnologies, les technologies propres et tout cela, mais choisissons nos chevaux de bataille, donnons-nous des objectifs très clairs et poursuivons-les avec détermination.
À mon avis, une stratégie industrielle doit viser à accroître la productivité pour améliorer les conditions de vie de l'ensemble des Canadiens.
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Je crois que nous avons été interrompus parce que je parle trop. Je vais essayer d'être un peu plus succinct.
Je ne suis pas un spécialiste de l'éducation. En revanche, je sais que si la majorité des Canadiens s'engagent dans une activité sans en connaître les risques, c'est assez dangereux. Quand les gens comprennent mieux à quel point un outil ou un instrument peut être puissant, ils l'utilisent de manière plus responsable.
Une campagne nationale de littératie en matière de médias sociaux aiderait les Canadiens en les éduquant sur la façon de déceler les dangers quand ils utilisent les médias sociaux.
Je ne prétends pas tout comprendre. Les gens de ma génération ne sont pas aussi habiles avec les médias sociaux que nos enfants et les jeunes qui sont complètement immergés dans cet univers, mais il y a des pièges. Nous connaissons les dangers inhérents à ces outils très attrayants, que des personnes mal intentionnées peuvent utiliser pour leurrer leurs proies. Les médias sociaux sont aussi des outils redoutables pour ceux qui propagent des messages haineux et qui incitent à la violence parce qu'ils leur offrent une plus grande protection.
Nous devons outiller les gens, surtout les jeunes, nous assurer qu'ils ont les connaissances et la compréhension nécessaires pour dépister les dangers, faire demi-tour quand ils les rencontrent, et les signaler aux plateformes et aux autorités publiques afin que des mesures efficaces soient prises.