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FEWO Rapport du Comité

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Autonomisation économique des femmes au Canada

 

Introduction

L’atteinte de l’égalité entre les genres et la création d’une croissance économique inclusive sont essentielles à l’autonomisation économique des femmes. La participation des femmes au marché du travail a augmenté au cours des récentes décennies, mais malgré cette augmentation, des obstacles et des défis entravent toujours la participation des femmes à l’économie canadienne et leur autonomisation économique. Reconnaissant les obstacles et les défis auxquels se heurtent les femmes au Canada, le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes (le Comité ou FEWO) a entrepris une étude sur leur autonomisation économique. Du 6 novembre 2023 au 29 février 2024, le Comité a entendu 30 témoins et reçu trois mémoires. Parmi les témoins, mentionnons l’honorable Rechie Valdez, ministre de la Petite Entreprise, des fonctionnaires d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada, et de nombreux autres témoins experts de divers secteurs du marché du travail, ainsi que des personnes et des représentants d’organisations qui œuvrent à l’avancement de l’égalité entre les genres et de l’autonomisation économique des femmes.

Le rapport qui suit présente un aperçu des témoignages et des mémoires reçus par le Comité. Le rapport est axé sur les initiatives existantes au Canada qui soutiennent l’autonomisation économique des femmes, sur les expériences des femmes sur le marché du travail dans divers secteurs, les obstacles et les défis qui peuvent entraver leur participation à l’économie et leur autonomisation économique, ainsi que les avenues possibles pour soutenir l’autonomisation économique des femmes au Canada. Les recommandations du Comité au gouvernement du Canada mettent en lumière les façons dont les initiatives existantes et de nouvelles initiatives peuvent soutenir et améliorer l’autonomisation économique des femmes.

Aperçu

Le Comité a entendu une diversité d’opinions et d’expériences concernant l’état de l’autonomisation économique des femmes au Canada. L’autonomisation économique des femmes est l’un des objectifs du gouvernement du Canada en matière d’égalité entre les genres, et les témoins ont souligné l’importance de la soutenir, que ce soit par l’emploi ou l’entrepreneuriat. Meseret Haileyesus, directrice exécutive du Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, a souligné que la sécurité économique des femmes – y compris leur droit fondamental à un logement sûr et à un revenu suffisant pour répondre à leurs besoins fondamentaux – est essentielle à leur autonomisation économique[1]. L’étude a porté sur différents thèmes, tels que l’accès au financement et aux marchés, l’accès aux services de garde d’enfants et à d’autres services, la culture organisationnelle et la santé mentale au travail, ainsi que le réseautage et le mentorat. Dans le présent rapport, le terme « femmes entrepreneures » est utilisé et englobe les femmes propriétaires d’entreprises, les femmes qui sont travailleuses autonomes, ainsi que les entreprises qui sont détenues en majorité par des femmes. En ce qui concerne les femmes occupant des postes de direction, il est entendu que ce terme englobe les femmes en politique, ainsi que les femmes occupant des postes de direction dans les secteurs privé et public.

Programmes et financement fédéraux existants

Le Comité a entendu parler de différents programmes fédéraux qui visent à soutenir l’autonomisation économique des femmes et les femmes entrepreneures. Divers témoins ont parlé de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat (SFE) lancée en 2018 par le gouvernement du Canada[2]. Cette initiative s’articule autour de trois piliers :

  • 1) Faciliter l’accès des femmes entrepreneures aux capitaux afin qu’elles puissent faire croître leur entreprise.
  • 2) Investir dans le Fonds pour l’écosystème de la SFE pour aider les femmes entrepreneures en leur offrant des occasions d’orientation, de mentorat et de réseautage.
  • 3) Recueillir des données et de l’information par l’intermédiaire du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) afin de continuer à améliorer les ressources et les services offerts aux femmes entrepreneures[3].

La SFE, qui compte pour 7 milliards de dollars d’investissements et d’engagements, vise à accroître l’accès des entreprises appartenant à des femmes au financement et aux réseaux par le truchement de différents programmes[4]. Le budget de 2021 a créé le Fonds de prêts pour les femmes en entrepreneuriat, qu’il a doté d’une enveloppe de 55 millions de dollars. Ce Fonds offre des prêts allant jusqu’à 50 000 $ aux femmes entrepreneures. Selon l’honorable Rechie Valdez, ministre de la Petite Entreprise :

[Dans le cadre de cet investissement global], 165 millions de dollars sont réservés pour le Fonds pour l’écosystème de la stratégie dans le but d’aider les organismes tiers à but non lucratif à renforcer les capacités au sein de l’écosystème de l’entrepreneuriat et à offrir un soutien aux femmes entrepreneures[5].

La SFE alloue également 17 millions de dollars au PCFE, un programme dirigé par l’Université métropolitaine de Toronto qui essaie de combler les lacunes dans les connaissances et qui fournit, dans ses 10 centres régionaux situés à travers le Canada, des données et des pratiques exemplaires sur l’entrepreneuriat féminin[6].

La ministre a décrit d’autres programmes du gouvernement du Canada qui peuvent appuyer les femmes entrepreneures ayant une identité intersectionnelle. Par exemple, le Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires a accordé plus de 25 millions de dollars en prêts à des entrepreneurs noirs pour les aider à surmonter les obstacles systémiques auxquels ils se heurtent; 20 % de ces prêts ont été consentis à des femmes. En juin 2023, le gouvernement du Canada a annoncé le Programme pour l’entrepreneuriat des communautés 2ELGBTQI+ afin de s’attaquer aux obstacles auxquels sont confrontés les entrepreneurs qui s’identifient comme personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers ou intersexes, ou qui ont d’autres identités de genre ou sexuelles (2ELGBTQI+). De plus, le gouvernement appuie le Programme pour les femmes entrepreneures autochtones, qui offre des occasions de mentorat, des ressources et des possibilités de financement sur mesure pour supporter les femmes entrepreneures autochtones[7].

En plus de ces programmes, les témoins ont traité du Défi 50-30, une initiative qui encourage les organisations à s’engager à atteindre la parité hommes-femmes (50 %) et une proportion de 30 % de membres d’autres groupes en quête d’équité au sein de leurs conseils d’administration et des équipes de haute direction[8]. En date du 7 février 2024, 2 450 organisations de différentes tailles s’étaient déjà engagées à relever le défi[9]. Ces programmes fédéraux et la façon dont ils appuient les femmes entrepreneures seront examinés plus en détail dans d’autres sections du rapport.

Les femmes sur le marché du travail et dans l’entrepreneuriat

Divers témoins ont parlé de l’expérience des femmes qui entrent et progressent sur le marché du travail; nombre d’entre eux ont reconnu que les femmes étaient toujours sous‑représentées sur le marché du travail en général, ainsi que dans des secteurs particuliers. L’accès au revenu d’emploi fait souvent partie intégrante de l’autonomisation économique des femmes.

Bien que les femmes soient sous-représentées dans certains secteurs, elles sont surreprésentées dans d’autres et sont pénalisées lorsque ces secteurs éprouvent des difficultés. Par exemple, des témoins ont fait référence aux effets de la pandémie sur les femmes, qui ont été « plus durement touchées par tous les confinements et toutes les fermetures, [car nombre d’entre elles] travaillent dans le secteur des services, soit celui qui a été le plus durement touché[10] ». Karen Campbell, directrice principale des Initiatives communautaires à la Fondation canadienne des femmes, a ajouté que « [l]es femmes, et en particulier les femmes noires, racisées, migrantes et à faible revenu, ont été les plus durement touchées par les pertes économiques liées à la pandémie[11] ».

Les femmes dans les domaines traditionnellement dominés par les hommes

Les témoins ont soulevé que l’un des problèmes était que les femmes avaient un accès limité aux domaines historiquement dominés par les hommes, notamment les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques, ainsi que les métiers spécialisés, les postes de direction et l’entrepreneuriat, et qu’elles y étaient peu représentées. Selon Medora Uppal, directrice générale du YWCA Hamilton, les emplois dans les domaines traditionnellement dominés par les hommes paient généralement de bons salaires et sont relativement plus sûrs, de sorte qu’ils sont habituellement en forte demande. Malgré l’attrait et les avantages des emplois dans ces domaines, les progrès dans la recherche et la représentation des femmes à ces postes ont été lents[12].

Les femmes dans le domaine des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques

Divers témoins ont informé le Comité que la sous-représentation des femmes dans les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques (STGM) est un problème de longue date[13]. Selon Statistique Canada, en 2016, les femmes ne représentaient que 23 % des travailleurs dans le domaine des STGM parmi les Canadiens âgés de 25 à 64 ans[14]. Penny Wise, vice-présidente de 3M Canada, a indiqué qu’« [e]nviron 24 % des femmes qui ont entamé une carrière dans le domaine des [STGM] ont changé de fonction[15] ». Les immigrantes se heurtent à des obstacles particuliers dans ces domaines, des obstacles qui nuisent à leur autonomisation économique. Par exemple, Saadia Muzaffar, présidente de TechGirls Canada, a souligné que les immigrantes représentent 52 % des femmes qui travaillent dans le domaine des STGM au Canada[16]. Malgré cette proportion et l’importante contribution des femmes dans ces domaines, « en moyenne, dans les domaines des [STGM], les immigrantes gagnent 55 ¢ pour chaque dollar que gagnent les hommes non immigrants ayant les mêmes qualifications[17] ». Un changement s’impose dans les milieux de travail pour rendre ces domaines plus inclusifs. L’augmentation de la représentation des femmes dans ces domaines peut avoir une incidence bénéfique sur leur autonomisation économique dans son ensemble.

Les femmes dans les métiers spécialisés

La représentation des femmes dans les métiers spécialisés reste faible; selon Statistique Canada, les femmes représentaient 7,4 % des personnes employées dans la catégorie des métiers, transport, machinerie et domaines apparentés en 2022[18]. Un témoin a fait remarquer que les efforts en cours pour recruter plus de femmes dans les métiers spécialisés ont connu un certain succès[19].

Jamie McMillan, fondatrice de Made in the Trades, est d’avis que le recrutement des femmes dans les métiers n’est pas un problème; au contraire, la rétention représente le problème le plus urgent[20]. Toutefois, selon elle, le manque de débouchés offerts aux femmes dans les métiers spécialisés peut rendre plus difficile le recrutement et l’amélioration de la représentation des femmes[21]. Les métiers spécialisés offrent un parcours professionnel lucratif qui permettrait de soutenir l’autonomisation économique des femmes.

Les femmes dans les postes de direction

Les femmes sont généralement sous-représentées dans les postes de direction, que ce soit dans les secteurs public, privé ou sans but lucratif[22]. Par exemple, selon les données de Statistique Canada, les femmes occupaient près de 20,5 % des 17 996 postes au sein des conseils d’administration en 2020. En outre, la majorité (59,7 %) des conseils d’administration inclut dans l’ensemble des données de Statistique Canada n’étaient composés que d’hommes[23]. Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications pour Le Projet Prospérité, a fait part de certains résultats présentés dans le rapport annuel de 2023 du Projet Prospérité. Il ressort du rapport « une baisse annuelle considérable du nombre de femmes en voie d’accéder à un poste de direction[24] ». En outre, elle a affirmé que ces données sont encore plus inquiétantes si l’on regarde les femmes noires, les femmes autochtones, les femmes racisées, les femmes en situation de handicap, et les femmes et les personnes 2ELGBTQI+[25]. Le Comité a appris que l’absence de femmes dans les postes de direction demeure, « [m]algré les efforts déployés pour promouvoir [leur] représentation ». Il est donc nécessaire « de prendre des mesures permanentes et proactives pour remédier à ces inégalités[26] ».

Les femmes entrepreneures

Dans le cadre de la présente étude, certains témoins ont souligné l’importance croissante des entreprises appartenant à des femmes pour stimuler l’innovation et l’économie du Canada[27]. Or, seulement 16,8 % des petites et moyennes entreprises sont détenues en majorité par des femmes au Canada[28]. Le Comité a appris que le Canada a perdu 61 000 entreprises appartenant à des femmes entre 2018 et 2022[29]. Un témoin a également informé le Comité que les entreprises appartenant à des femmes sont souvent plus petites que celles appartenant à des hommes. Jules Gorham, directrice, Affaires réglementaires et politique, Association canadienne des aliments de santé, a mentionné qu’« il est bien connu que, historiquement, la recherche n’a pas tenu compte des femmes. Les données sur les femmes sont rares. » Elle a souligné l’importance de procéder à une analyse comparative entre les sexes pour les initiatives et les décisions fédérales, telles que les réformes réglementaires de Santé Canada concernant les produits de santé naturels, afin de bien cerner tout effet négatif que pourraient entraîner ces mesures[30]. Des efforts plus importants sont nécessaires pour aider les femmes entrepreneures à accéder aux marchés et aux chaînes d’approvisionnement, et à ainsi faire croître leurs entreprises[31]. Le Comité a été renseigné sur les différentes voies menant à l’entrepreneuriat, telles que la vente directe[32], ainsi que les entreprises indépendantes dans le domaine de la garde d’enfants et les métiers spécialisés[33]. La section qui suit décrit certains des obstacles qui peuvent nuire à l’autonomisation économique des femmes.

Par conséquent, le Comité fait les recommandations suivantes :

Recommandation 1

Que le gouvernement du Canada appuie la croissance et l’expansion des entreprises des femmes entrepreneures en :

  • continuant d’investir dans la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat et en faisant mieux connaître ses mesures de soutien et ses programmes pour les femmes entrepreneures;
  • veillant à ce que les femmes entrepreneures participent de façon constructive à l’élaboration et à la mise en œuvre des mesures de soutien fédérales les visant et à ce qu’elles soient consultées à ce sujet;
  • cernant et en éliminant les obstacles réglementaires qui touchent les femmes de façon disproportionnée, notamment les femmes entrepreneures racisées et les entrepreneurs qui font partie des communautés bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer, intersexuelles, asexuelles et s’identifiant à d’autres identités de genre et orientations sexuelles;
  • améliorant l’accès des femmes entrepreneures aux nouveaux marchés ainsi qu’aux possibilités commerciales et aux occasions d’exportation à l’échelle internationale.

Recommandation 2

Que le gouvernement du Canada veille à ce que les décideurs effectuent toujours une analyse comparative entre les sexes et qu’ils consultent préliminairement les populations autochtones lorsqu’il adopte des politiques qui ont un impact disproportionné sur les entreprises détenues par des femmes.

Obstacles à l’autonomisation économique des femmes

Le Comité a constaté que de nombreux facteurs nuisaient à l’autonomisation économique des femmes, dont les cultures organisationnelles et sociales, le manque d’accès à divers programmes, mesures de soutien et occasions, ainsi que la persistance de la violence fondée sur le genre. Ces obstacles sont traités dans les prochaines sections. Karen Campbell a déclaré ce qui suit :

[B]eaucoup d’obstacles présents dans les années 1990 continuent d’entraver l’accès des femmes au travail et leur avancement[, même si celles-ci sont de plus en plus scolarisées]. Elles restent nettement sous‑représentées dans les secteurs des technologies et des métiers. L’écart salarial entre les genres perdure. Les phénomènes de la violence et du harcèlement sexuel en milieu de travail prennent une ampleur alarmante. Encore trop peu de milieux de travail offrent des horaires souples, qui tiennent compte des obligations liées à la prestation de soins, et la culture sexiste reste bien enracinée dans les milieux de travail. Tous ces facteurs nuisent à l’autonomisation économique des femmes[34].

Cultures organisationnelles et sociales

Les stéréotypes et les préjugés fondés sur le genre, qui peuvent mener à la discrimination, aux inégalités et aux iniquités, persistent au Canada malgré les efforts continus visant à les réduire et à y remédier. Le Comité a entendu que les stéréotypes et les préjugés sexistes, ainsi que la discrimination nuisent à la participation économique et à l’autonomisation économique des femmes de plusieurs façons. Par exemple, Karen Campbell a expliqué que quand les femmes « commencent à travailler, elles peuvent se retrouver dans un environnement hostile, où elles sont victimes de discrimination, de violence et de harcèlement[35] ». Ces expériences peuvent être amplifiées pour les personnes ayant des identités intersectionnelles, telles que les femmes racisées et les personnes 2ELGBTQI+. Les témoins ont en outre fait observer que, à la suite de ces expériences, les femmes et les personnes de diverses identités de genre peuvent quitter leur emploi[36]. L’entrepreneuriat peut offrir aux femmes l’occasion de surmonter les obstacles et les cultures organisationnelles discriminatoires auxquels elles se heurtent sur le marché du travail[37].

Des environnements hostiles et d’exclusion peuvent exister dans tous les secteurs et tous les milieux de travail. Comme mentionné plus tôt, selon des témoins, bon nombre de femmes travaillant dans le domaine des STGM ne perçoivent pas ce domaine comme étant inclusif en raison des obstacles systémiques, des préjugés[38] et des milieux de travail toxiques[39] qui y prévalent. Medora Uppal a abondé dans ce sens, soutenant devant le Comité qu’en plus des « histoires horribles liées à la discrimination [et] à l’absence de création de postes » dans ce domaine, il y a des « formes plus discrètes de discrimination » et un manque de leadership sur ces questions au sommet[40].

Au sujet plus particulièrement des métiers spécialisés, Jamie McMillan a déclaré ce qui suit :

Les défis et les obstacles dans le secteur des métiers sont très difficiles à surmonter, mais ils ne sont pas exclusifs à ces milieux de travail. Le harcèlement, l’intimidation et tous les autres problèmes existent ailleurs. Ce sont des problèmes liés à la nature humaine et ne sont pas plus de l’apanage du domaine des métiers que d’un autre domaine de travail. Je tiens à ce qu’il soit bien clair que les problèmes que nous rencontrons dans les métiers spécialisés sont les mêmes que partout ailleurs. De plus, les femmes ne sont pas les seules à devoir se débattre avec ces problèmes. Ils touchent aussi les hommes.

Elle a en outre reconnu la nécessité d’un changement de culture dans l’industrie et a ajouté que les gens doivent « assumer la responsabilité de leurs actes en milieu de travail. » Elle a souligné qu’au-delà de convaincre les gens que les métiers spécialisés sont « un travail lucratif », d’autres problèmes surgissent. « C’est un fait que les femmes sont sous‑représentées dans ce secteur. » Selon elle, les femmes dans les métiers spécialisés aiment « passionnément [leur] travail. C’est ce dans quoi [elles] excell[ent]. Parfois, c’est seulement l’environnement de travail toxique qui [les] décourage[41]. »

Bien que certaines femmes ne travaillent pas dans un milieu hostile, elles peuvent toujours ne pas y éprouver un sentiment d’appartenance[42]. Pour les témoins, le manque de milieux de travail inclusifs et positifs fait obstacle au maintien en poste des femmes et des personnes de diverses identités de genre, ainsi qu’à leur progression au travail. Caitlin Morrison a soutenu qu’un milieu de travail positif est un facteur important pour encourager les femmes à occuper des postes de direction[43]. Les milieux de travail positifs peuvent inclure ceux où l’on adopte « des initiatives en matière d’équité, de diversité et d’inclusion [et les] milieux de travail motivants où l’on permet une certaine latitude[44] ».

Plusieurs témoins ont reconnu que l’accès des femmes et des personnes de diverses identités de genre à des salles de bain faisait partie d’un milieu de travail inclusif. Jamie McMillan a fait remarquer qu’il peut être difficile pour les femmes travaillant dans les métiers spécialisés d’avoir accès à des salles de bains appropriées au travail[45]. Karen Campbell a convenu que dans de nombreux milieux de travail, il « est loin d’être facile » pour les femmes et les personnes de diverses identités de genre de trouver des salles de bains qui leur conviennent[46].

Pour les personnes de diverses identités de genre et les personnes transgenres, non seulement les milieux de travail manquent d’inclusivité, mais comme l’a expliqué Fae Johnstone, les personnes des communautés 2ELGBTQI+ peuvent faire face à des niveaux élevés d’intolérance, de haine et de violence, autant en tant qu’entrepreneurs qu’en tant que travailleurs[47]. Karen Campbell a ajouté que « [c]e genre de réaction toxique à l’endroit de la communauté trans » ne contribue pas à un espace de travail inclusif[48]. Ces expériences de haine, ainsi que d’autres expériences de violence fondée sur le genre, et leurs effets sur l’autonomisation économique et l’emploi sont examinés dans la section intitulée Violence fondée sur le genre.

Les obstacles à l’autonomisation économique des femmes, tels que le manque d’inclusivité, l’hostilité dans les milieux de travail, l’absence de soutien dans les milieu de travail, ainsi que des difficultés d'accès aux services de soutien dans les contextes ruraux et éloignés, peuvent avoir des effets négatifs importants sur la santé mentale des femmes, notamment le stress et l’épuisement professionnel, la faible estime de soi et le manque de confiance. Les conséquences de ces obstacles à l’autonomisation économique des femmes peuvent devenir elles-mêmes des obstacles; des témoins ont dit au Comité que lorsque les femmes ne se sentent pas valorisées, respectées et soutenues au travail, elles n’ont souvent pas la confiance ou l’enthousiasme nécessaires pour réclamer des promotions et un avancement professionnel. En outre, le sentiment de dévalorisation, conjugué à l’absence d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et l’insuffisance du soutien offert – au travail ou à la maison – peut entraîner du stress et mener à l’épuisement professionnel. Ces résultats négatifs en matière de santé mentale peuvent avoir des répercussions importantes sur la participation des femmes à l’économie et leur autonomisation économique[49].

Violence fondée sur le genre

Le Comité a été informé des diverses façons dont la persistance de la violence fondée sur le genre, y compris la violence conjugale, le harcèlement en ligne et la haine ciblée, nuit à l’autonomisation économique.

Certains groupes de femmes peuvent être exposés à des niveaux de violence plus élevés. Par exemple, le Comité a été informé que les femmes en situation de handicap sont confrontées à certains des taux les plus élevés de violence fondée sur le genre, y compris la violence économique, parmi toutes les femmes au Canada. Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, a conclu que ces taux élevés de violence contribuent de façon importante aux taux élevés de pauvreté chez les femmes en situation de handicap[50].

Violence conjugale

Les survivantes de la violence conjugale subissent souvent une forme de coercition financière ou d’exploitation économique[51]. Les auteurs de cette coercition financière ou de cette exploitation économique utilisent l’argent à des fins de pouvoir et de contrôle, notamment pour : limiter et contrôler l’accès d’une personne à son propre argent; surveiller étroitement ses dépenses; l’obliger à quitter son emploi, l’isoler davantage et souvent créer une dépendance financière à leur égard[52]. Selon Meseret Haileyesus, la perte de revenu, d’emploi et de stabilité financière, ainsi que l’expérience de la pauvreté sont monnaie courante pour les femmes qui fuient la violence conjugale[53]. La dépendance financière découlant de cette exploitation économique peut empêcher les femmes de fuir des situations de violence, ce qui réduit leur capacité d’obtenir et de conserver un emploi, et perpétue davantage le cycle de l’instabilité et de la dépendance financières[54], qui les maintiennent dans un cycle de violence.

Lorsque les survivantes fuient avec succès des situations de violence conjugale, elles peuvent se retrouver dans la pauvreté et l’itinérance et ont souvent besoin d’avoir accès à des services sociaux. Des témoins ont fait remarquer que la demande de la part des survivantes dépasse l’offre très limitée de maisons d’hébergement d’urgence et de logements de transition au Canada. Cependant, un logement stable, ainsi que des services de conseil et d’emploi sont indispensables à la guérison des survivantes et à la reconstruction de leur indépendance[55].

Selon Catherine Miller, mairesse du canton de Pelee, il existe moins de services de refuges sociaux et d’urgence dans les régions rurales que dans les centres urbains, et les femmes des communautés rurales ont besoin d’avoir accès à des fournisseurs de soins de santé et de soutien social qui peuvent répondre en toute sécurité aux besoins des femmes en crise[56]. En outre, dans les régions rurales et éloignées, les femmes peuvent ne pas se sentir en sécurité parce que leurs communautés sont plus isolées et que les forces policières ne sont pas nécessairement présentes dans la région. À ce sujet, la police peut ne pas être en mesure de réagir immédiatement ou rapidement à une crise; les femmes peuvent ne pas appeler la police, mais plutôt « continuer en espérant que tout ira pour le mieux[57] ».

Harcèlement en ligne, haine ciblée et médias

Le Comité a pris connaissance des effets du harcèlement en ligne, de la haine ciblée et de la représentation médiatique de ce harcèlement et de cette haine sur l’autonomisation économique des femmes. D’ailleurs, ces effets peuvent nuire à la représentation des femmes dans les postes de direction. Par exemple, pour ce qui est des femmes en politique, Catherine Miller a expliqué que « les attaques extrêmement partisanes ou personnelles » qui peuvent se produire à l’échelle fédérale peuvent être reprises dans de grands titres « agressifs ou toxiques » de médias qui n’ont aucun lien avec les enjeux politiques, et que cela peut se répercuter sur d’autres niveaux de politique. Ce genre de titres, ainsi que la manière dont les politiciennes sont traitées par leurs pairs et par les médias, peuvent dissuader les femmes de viser des postes de direction[58]. En ce qui concerne l’intimidation en ligne et sur les médias sociaux à laquelle font souvent face les politiciennes et les femmes occupant des postes de direction, Catherine Miller a expliqué qu’il existe très peu de façons pour elles de s’attaquer à ce comportement, en particulier sur les médias sociaux[59].

Fae Johnstone a raconté sa propre expérience de la haine et de la violence en ligne et dans les médias, notamment les répercussions de la haine ciblée sur les personnes 2ELGBTQI+ et leur autonomisation économique. Elle a dit que « [c]ertains membres de notre communauté courent un risque accru » d’ètre visés par de la haine. Elle a raconté qu’elle était devenue, il n’y a pas longtemps, la cible de cette haine à la suite de sa participation à une campagne de Hershey Canada à l’occasion de la Journée internationale de la femme :

En réponse à cette campagne, Tucker Carlson, le cher ami du Canada, a fait un reportage sur moi qui a été diffusé sur la chaîne Fox News et dans l’ensemble du réseau de Fox News. Au cours des trois semaines qui ont suivi, j’ai reçu des centaines de menaces de mort et de commentaires haineux, et d’autres horribles paroles ont été prononcées et écrites à mon sujet, y compris des renseignements privés sur ma famille et ma vie personnelle qui ont été publiés, au vu et au su de tous. Je ne me suis toujours pas remise de cette expérience. Je me suis effondrée sur l’épaule de mon partenaire à maintes reprises. Des agents de sécurité ont monté la garde devant ma maison pendant sept jours d’affilée, et ils devaient s’assurer que personne ne se présentait chez moi sans y avoir été autorisé au préalable […] Nous sous-estimons tant les répercussions économiques que l’incidence sur la santé mentale d’un environnement où la haine redevient normale[60].

La « montée stupéfiante de la haine » envers les personnes 2ELGBTQI+ dans la société peut entraîner des résultats négatifs à la fois sur l’économie, comme expliqué ci‑dessus, et sur la santé mentale de ces personnes[61]. Comme mentionné plus tôt dans le présent rapport, une piètre santé mentale peut devenir un obstacle à l’autonomisation économique.

Accès à l’aide financière

Le Comité a entendu que les femmes entrepreneures se heurtent à une difficulté importante, soit l’accès à du capital pour démarrer et faire croître leur entreprise[62]. L’honorable Rechie Valdez a expliqué ce qui suit :

Au Canada, seulement 16,8 % des petites et moyennes entreprises sont détenues majoritairement par des femmes. Ce chiffre atteint 37 % si l’on inclut les travailleuses indépendantes. Les femmes ont du mal à obtenir du crédit auprès des institutions financières, car elles ne remplissent pas toujours les conditions requises. [L]e montant moyen du financement obtenu pour les entreprises détenues par des hommes est plus de deux fois supérieur à celui obtenu pour les entreprises détenues par des femmes[63].

Outre les difficultés d’accès au financement, Alison Kirkland, présidente-directrice générale de l’Organisation d’entreprises de femmes du Canada, a expliqué que les cotes de crédit sont souvent utilisées « comme baromètre pour déterminer la solvabilité d’une entrepreneure », mais que très souvent, une mauvaise cote de crédit est le fruit de circonstances particulières, comme une « séparation » ou un « problème de santé passager ». Par ailleurs, il peut arriver que la personne vienne d’arriver au Canada et n’ait pas eu l’occasion de bâtir son crédit. Elle a ajouté que les entreprises détenues par des femmes sont souvent des entreprises de services. Aussi, les femmes « n’ont souvent pas de garantie à offrir pour obtenir un prêt commercial [et] elles n’ont pas de l’équipement ou un immeuble à mettre en garantie[64] ». Ainsi, les femmes entrepreneures n’ont souvent pas les fonds nécessaires pour démarrer ou faire croître leur entreprise.

En ce qui concerne l’investissement des entreprises et la taille des entreprises canadiennes, Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique de l’Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, qui a témoigné à titre personnel, a expliqué qu’au Canada, les grandes entreprises du secteur privé génèrent 10 % des emplois, alors que 90 % des emplois sont générés par les petites et moyennes entreprises. Par conséquent, selon elle, l’investissement et le financement des entreprises au Canada devraient se « concentrer » sur les petites et moyennes entreprises[65].

Selon Emily Whetung‑MacInnes, cheffe émérite, à titre personnel, des obstacles uniques nuisent à la capacité des femmes des Premières Nations d’obtenir des prêts et du financement. Selon elle, « au titre de la Loi sur les Indiens, les femmes — les personnes autochtones — ne peuvent pas donner en garantie leurs maisons pour obtenir un emprunt. Aucune propriété appartenant à un Indien inscrit sise sur la réserve ne peut être mise en garantie. » Par conséquent, les personnes vivant dans les réserves ne peuvent profiter des « options qui s’offrent à [elles], alors que d’autres femmes au Canada ont cette possibilité[66] ».

Le Comité a entendu parler des initiatives fédérales actuelles visant à favoriser l’inclusivité dans le financement des entrepreneures, notamment le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, la création du Fonds de prêts pour les femmes en entrepreneuriat, l’Initiative pour l’inclusion des femmes dans le secteur du capital de risque et le Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires[67]. En dépit des initiatives fédérales pour un financement plus inclusif à l’intention des entrepreneures, les témoins ont mis en évidence d’autres obstacles à l’accès au capital pour les femmes, notamment :

  • le manque de temps, de soutien et de conseils pour préparer les demandes de prêts, de fonds et d’autres formes de financement;
  • la perception qu’ont les femmes, en particulier les femmes autochtones et les femmes racisées[68], que leurs demandes de financement ne seront pas approuvées[69];
  • l’accès limité à d’autres options de financement ou une sensibilisation limitée à ces options;
  • les expériences de violence conjugale et de violence fondée sur le genre;
  • les effets de la discrimination raciale et de la discrimination fondée sur le genre qui s’exercent dans les institutions financières et les pratiques de prêt, et les liens entre ces types de discrimination[70];
  • l’intimidation dans les démarches menées auprès des institutions financières en raison de l’incompréhension du « jargon financier[71] »; et
  • l’« écosystème » de financement existant[72] qui ne répond pas aux besoins des femmes ni ne s’aligne sur leurs valeurs, comme la durabilité et la responsabilité sociale[73].

Sans accès à du financement et à du capital, les femmes entrepreneures doivent trouver d’autres options de financement pour subvenir aux besoins de leur entreprise. Selon une enquête menée récemment sur l’expérience des femmes entrepreneures au Canada, et le rapport qui en a découlé, 50 % des répondantes ont pour seule source de financement leurs épargnes personnelles ou leurs cartes de crédit[74]. Selon Alison Kirkland, l’épuisement des économies personnelles ou l’utilisation de cartes de crédit pour démarrer ou faire croître une entreprise peut avoir des effets à long terme dont les femmes « ne sont pas toujours pleinement conscientes au moment où elles les utilisent[75] ».

Par conséquent, le Comité fait les recommandations suivantes :

Recommandation 3

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, et au moyen de partenariats avec les ministères et organismes fédéraux et les établissements financiers concernés, prenne des mesures pour garantir l’accès équitable des femmes entrepreneures à du capital et à de l’aide financière au Canada, notamment offrir des prêts à faible taux d’intérêt, identifier des subventions et du capital de risque destinés expressément aux entreprises appartenant à des femmes et prévoir une certaine souplesse dans les critères de vérification du crédit dans les demandes de prêt et de subvention.

Recommandation 4

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones et en consultation avec eux, fasse davantage connaître les ressources offertes par la Banque de développement du Canada aux femmes entrepreneures.

Recommandation 5

Que le gouvernement du Canada veille à ce que la stratégie canadienne pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe comprenne des initiatives qui facilitent l’accès des survivantes à des ressources et à des soutiens en matière d’entrepreneuriat, de même qu’à des options souples de financement des entreprises, pour qu’elles soient plus outillées pour se lancer en affaires si elles le désirent.

Financement du secteur à but non lucratif

Lindsey Cooke, directrice générale de Manitoba Possible, a expliqué que le « manque chronique de ressources » du secteur à but non lucratif, en particulier les organisations qui fournissent des soins et des services sociaux, envoie le message que ces secteurs n’ont pas de valeur. Ainsi, le « cycle de la dévalorisation » se perpétue, ce qui renforce les obstacles à la représentation des femmes dans les postes de direction et à leur avancement professionnel. Elle a ajouté que les organismes subventionnaires, y compris le gouvernement fédéral, « ont souvent des politiques qui ne couvrent pas les frais administratifs et généraux raisonnables [ce qui signifie que] les mesures de soutien essentielles, telles que le développement professionnel, l’accès au perfectionnement et le mentorat officiel, ne sont pas accessibles aux effectifs féminisés[76] ». Pour sa part, Medora Uppal a déclaré que l’investissement dans le secteur à but non lucratif et dans les organisations de femmes est « essentiel » au bien-être du secteur et de ses travailleuses, mais qu’il est actuellement insuffisant pour que des salaires appropriés y soient payés[77].

Accès à l’éducation et à la formation professionnelle

En ce qui concerne l’éducation et la formation professionnelle, une témoin a fait remarquer que les femmes « sont de plus en plus scolarisées » depuis les années 1990, mais que plusieurs obstacles demeurent[78]. Tout d’abord, l’écart entre les genres perdure dans l’enseignement des STGM. Selon Penny Wise, des études ont constaté « un taux d’abandon considérable des femmes » au cours de leur deuxième année d’université dans le domaine des STGM[79]. Les diplômes dans ce domaine demeurent ceux qui sont les plus coûteux à obtenir, ce qui peut être un obstacle à la participation des femmes à ces programmes. Enfin, toujours selon elle, l’accessibilité demeure un problème pour le recrutement d’étudiantes dans le domaine des STGM partout au Canada, y compris l’accessibilité physique aux laboratoires et aux façons dont ces matières sont enseignées[80].

Ensuite, le Comité a entendu que les programmes de reconversion professionnelle, de perfectionnement des compétences et de mise à niveau doivent être souples et novateurs pour aider les femmes à retourner sur le marché du travail et à accéder à des emplois différents[81]. Lindsey Cooke a notamment proposé que les milieux de travail soient dotés de suffisamment de ressources pour être en mesure de fournir « des programmes de perfectionnement professionnel pendant les heures de travail rémunérées », soulignant qu’il faut « intégrer » les mesures de soutien et les programmes aux structures de travail[82]. Kathy Slotsve, directrice, Communication et engagement des partenaires à YES Emploi et Entrepreneuriat, a ajouté que pour les femmes entrepreneures, les possibilités de formation professionnelle doivent être souples et s’adapter à leurs horaires. Offrir des plateformes d’apprentissage en ligne, par exemple, peut être une option intéressante[83].

Lorsqu’elle a parlé des obstacles à l’éducation pour les membres de la communauté 2ELGBTQI+, Fae Johnstone a insisté sur la pauvreté et l’itinérance. Selon elle, 48 % des personnes trans et de diverses identités de genre au Canada gagnent moins de 30 000 $ par année, et de 25 % à 40 % des « jeunes sans‑abri de notre pays s’identifient comme des membres de la communauté queer et transgenre ». Elle a ajouté que « les débouchés économiques de ces personnes sont immédiatement réduits, parce qu’elles n’ont pas de domicile et qu’elles ne sont pas en mesure d’avoir accès à l’éducation ou d’aller à l’université — et elles ne vont certainement pas entendre parler de ces programmes sur les sites Web du gouvernement[84] ».

Finalement, la formation linguistique est essentielle à la réussite de nombreuses immigrantes et nouvelles arrivantes sur le marché du travail canadien. Queenie Choo, présidente‑directrice générale de S.U.C.C.E.S.S., a souligné l’importance de donner à ces femmes accès à une formation linguistique adaptée à leur profession afin d’accélérer le démarrage de leur carrière professionnelle[85]. Saadia Muzaffar a traité d’autres obstacles entravant l’accès au marché du travail et l’autonomisation économique auxquels les immigrantes peuvent se heurter à leur arrivée au Canada. Elle a expliqué que dans le cadre du processus de demande, les immigrantes décrivent leurs compétences et leurs qualifications, mais lorsqu’elles arrivent au Canada, elles « ont de la difficulté à entrer dans leur domaine de travail[86] ». Selon elle, il pourrait être utile d’apporter des changements aux processus de reconnaissance des titres de compétence. Une option pourrait être de permettre aux femmes d’entreprendre le travail nécessaire à l’obtention de leurs titres de compétence lorsqu’elles se trouvent dans leur pays d’origine – où elles ont des réseaux de soutien social – au lieu de les obliger à faire du travail supplémentaire à leur arrivée au Canada pour « obtenir l’emploi pour lequel [elles sont] déjà qualifiée[s][87] ».

Par conséquent, le Comité fait la recommandation suivante :

Recommandation 6

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, favorise l’autonomisation économique des femmes et leur participation au marché du travail et qu’il soutienne à cette fin des initiatives d’éducation et de formation, notamment :

  • des programmes de formation linguistique et de formation professionnelle spécialisée pour faciliter et accélérer le processus de reconnaissance des titres de compétence des immigrantes;
  • un accès à des programmes de requalification et de perfectionnement des compétences destinés aux femmes;
  • des campagnes de sensibilisation ou d’autres mesures visant les enfants d’âge scolaire afin de leur faire découvrir divers parcours scolaires et professionnels et de les encourager à s’y lancer.

Économie des soins et accès à la garde d’enfants

Le Comité a appris de la part de nombreux témoins que le manque d’accès à des services de garde adaptés et abordables constitue un obstacle important à l’autonomisation économique des femmes. Plus précisément, les services de garde d’enfants doivent répondre aux divers besoins des femmes et de leur famille partout au Canada[88]. De nombreux témoins ont reconnu le récent plan d’apprentissage et de garde des enfants pancanadien (le plan). Plusieurs d’entre eux se sont dits reconnaissants des efforts visant à créer des services de garde d’enfants abordables pour les familles partout au Canada et ont fait des suggestions pour améliorer le programme. D’autres ont montré pourquoi le plan ne fonctionne pas pour certaines familles au Canada et suggéré des solutions. Plus de détails sur ces problèmes se retrouvent plus loin dans la présente section. Pour améliorer le plan, les témoins ont notamment proposé ce qui suit :

  • élargir l’accès au programme et inciter les gouvernements à accroître le nombre de places offertes[89];
  • accroître la rémunération et améliorer les avantages sociaux et les conditions de travail dans le secteur des soins[90];
  • apporter des changements pour garantir un accès suffisant et abordable dans les communautés rurales et éloignées[91];
  • accorder des fonds qui serviront à fournir des ressources aux services de garde d’enfants qui « offrent des services aux travailleurs à temps partiel et aux parents ayant des horaires atypiques[92] ».

Le Comité a constaté que certaines difficultés peuvent nuire à l’élargissement des services et à l’augmentation du nombre de places fournies dans le cadre du plan. En particulier, plusieurs témoins ont parlé de la difficulté de recruter du personnel, et de le maintenir en poste, dans le secteur des soins, y compris la garde d’enfants et l’éducation de la petite enfance. En ce qui concerne le secteur des soins, Lindsey Cooke a déclaré au Comité que « le travail lié à l’économie des soins est essentiel. C’est ce qui soutient le reste de l’économie canadienne, en permettant aux autres de travailler et de contribuer[93]. » De son côté, Medora Uppal s’est dite d’avis que le secteur des soins est sous‑évalué et sous-financé, ce qui nuit à la rémunération – et à l’autonomisation économique – des employés, qui sont principalement des femmes[94]. Elle a dit craindre que « l’élargissement de la stratégie en matière de garde d’enfants et sa mise en œuvre […] ne prennent beaucoup plus de temps ou n’aient pas lieu du tout » parce que les garderies à but non lucratif ne peuvent pas se permettre de payer un salaire suffisant à leurs employées[95]. Selon Caitlin Morrison, pour inciter « plus de personnes à envisager une carrière dans le secteur de la petite enfance », il faut leur garantir une rémunération juste pour leur travail[96].

Certains groupes de femmes et leur famille se butent à des obstacles uniques dans l’accès à des services de garde appropriés. Des témoins ont souligné l’importance que les services de garde d’enfants au Canada répondent à ces divers besoins. Par exemple, Rosemary Cooper, directrice exécutive de Pauktuutit Inuit Women of Canada, a fait remarquer qu’il est difficile d’offrir des services de garde d’enfants aux Inuites des régions nordiques compte tenu du manque d’infrastructures, notamment les garderies et les logements[97]. En outre, selon Bonnie Brayton, le plan actuel ne sert pas bien les femmes et les enfants en situation de handicap. Elle est d’avis que les services de garde d’enfants fournis dans le cadre du plan devraient répondre aux besoins des enfants en situation de handicap, ce qui n’est pas le cas actuellement. De plus, elle a informé le Comité que les parents qui ne travaillent pas « de neuf à cinq » ont besoin de souplesse dans les soins auxquels ils ont accès[98].

Par ailleurs, Andrea Hannen, directrice générale de l’Association of Day Care Operators of Ontario, a parlé des femmes entrepreneures qui gèrent des garderies en Ontario, notamment de la façon dont le plan pourrait influer sur leur entreprise et leur autonomisation économique. Elle a expliqué que « [l]a grande majorité des garderies sont exploitées par des femmes » et que leur « principale motivation […] est d’offrir le genre de services qu’elles auraient aimé trouver pour leurs propres enfants ». Toutefois, elle s’est dite d’avis que le plan et « un système géré par l’État » pourraient remplacer les « services de garde qui appartiennent à des propriétaires indépendants en tant qu’entreprises agréées » ou en limiter l’élargissement. Plus précisément, elle a déclaré au Comité qu’« [e]n imposant une limite stricte à l’expansion du secteur », comme celui de l’Ontario, on fait savoir aux institutions financières, aux compagnies d’assurance, aux propriétaires d’immeubles et aux fournisseurs d’équipement « que cette catégorie de clients n’a aucun potentiel de croissance[99] ».

Par conséquent, le Comité fait la recommandation suivante :

Recommandation 7

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, accorde l’importance qu’il se doit à l’économie des soins en continuant à investir dans des services de garde abordables, souples et inclusifs partout au pays dans le cadre du système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, et qu’il soutienne, par le biais d’ententes relatives à la garde des enfants conclues entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ou territoriaux, le maintien en poste des employés dans le secteur de la garde d’enfants et d’éducation de la petite enfance au moyen d’une rémunération adéquate.

Accès à d’autres mesures de soutien et services adaptés

Le Comité a constaté que divers services de soutien peuvent être utiles à l’autonomisation économique des femmes, outre des services de garderie et d’éducation de la petite enfance accessibles, souples et de qualité. Au nombre de ces services figurent les suivants :

  • l’amélioration des services de santé mentale et psychologique pour toutes les femmes au Canada[100];
  • l’intégration des mesures de soutien par mentorat dans les initiatives fédérales existantes[101];
  • le logement abordable et les autres mesures de réduction de la pauvreté[102], y compris le financement de la prestation canadienne pour les personnes handicapées[103];
  • l’amélioration et l’accroissement de l’accès aux services à large bande et de connectivité partout au Canada, ainsi qu’aux programmes visant à donner accès à une technologie adéquate pour répondre aux besoins en éducation et en entrepreneuriat[104];
  • la reconnaissance du « fardeau financier considérable des soins de fertilité » au Canada et l’allègement de ce fardeau par l’amélioration du financement et de l’accès équitable aux traitements de fertilité pour soutenir ceux qui cherchent à avoir des enfants, y compris les personnes 2ELGBTQI+ et les personnes seules[105];
  • la simplification de l’accès aux programmes et aux mesures de soutien offerts actuellement aux femmes entrepreneures au Canada, et l’accroissement de la sensibilisation à ces programmes et à ces services[106];
  • l’accessibilité et l’abordabilité du transport partout au Canada dans les milieux ruraux, éloignés et urbains, y compris pour les femmes en situation de handicap[107].

Des témoins ont fait valoir au Comité que pour concevoir des programmes et des services qui répondent aux besoins des divers groupes de femmes au Canada, notamment les femmes entrepreneures, les femmes dans les métiers spécialisés et les femmes en situation de handicap, et qui appuient leur autonomisation économique, de véritables consultations et une collaboration doivent être menées avec elles[108]. La section suivante traite de certaines avenues possibles pour améliorer et accroître le soutien à l’autonomisation économique des femmes au Canada.

Soutenir l’autonomisation économique des femmes au Canada

Au cours de son étude, le Comité a reçu diverses recommandations de la part des témoins qui visaient à mieux soutenir l’autonomisation économique des femmes au Canada. Ces recommandations vont des stratégies de réduction de la pauvreté aux changements à apporter aux cultures organisationnelles, à l’amélioration de l’accès au mentorat et à l’aide financière, à la collecte de données, et à l’amélioration de l’accès à des marchés nouveaux et diversifiés.

Mesures de soutien et services de réduction de la pauvreté

Des témoins ont expliqué que l’expérience de la pauvreté et de l’insécurité du logement peut nuire à l’autonomisation économique des femmes. Ils ont traité de différentes mesures pour éliminer les facteurs structurels qui rendent les femmes et les autres groupes marginalisés plus susceptibles de vivre dans la pauvreté. Le Comité a appris de ces divers témoins qu’il est impératif d’investir dans le logement abordable au Canada et d’en élargir l’accès afin de soutenir l’autonomisation économique des femmes[109]. Meseret Haileysus a ajouté que la pauvreté et l’itinérance sont d’importants obstacles qui empêchent les femmes de réintégrer le marché du travail, de démarrer une entreprise et de suivre des études et de la formation professionnelle. Elle a laissé entendre que les initiatives canadiennes visant à soutenir le logement abordable et accessible, ainsi qu’un revenu suffisant, sont essentielles pour soutenir l’autonomisation économique des femmes et leur participation à l’économie[110].

Pour sa part, Medora Uppal a encouragé le gouvernement fédéral « à continuer de consacrer aux femmes 25 % des fonds affectés à la Stratégie nationale pour le logement[111] ». Le Comité a appris que la question du logement est encore plus essentielle lorsque les femmes tentent de mettre fin à des relations abusives et violentes. Pour Medora Uppal, « on ne peut attendre des femmes qu’elles se concentrent sur le développement de leur indépendance financière lorsqu’elles affrontent quotidiennement des menaces de violence[112] ». Le Comité a été informé que les YWCA de tout le Canada recommandent vivement au gouvernement fédéral de réinvestir 600 millions de dollars dans l’Initiative de maisons d’hébergement et de logements de transition afin d’offrir aux femmes un logement abordable où elles peuvent avoir accès à des services afin de guérir, de se sentir à nouveau en sécurité et de regagner leur indépendance[113]. Karen Campbell a également souscrit à l’idée qu’il est essentiel de créer des logements abordables destinés aux femmes dans le cadre des efforts visant à soutenir l’autonomisation économique des personnes et des femmes[114]. Enfin, Rosemary Cooper a souligné la nécessité d’offrir un meilleur accès à des logements sûrs et abordables aux Inuits, étant donné qu’ils sont essentiels à la santé et au bien-être des femmes inuites[115].

Par ailleurs, des témoins ont discuté de l’idée d’établir un revenu de base garanti suffisant pour réduire la pauvreté et améliorer l’autonomisation économique des femmes. Meseret Haileyesus a indiqué que :

L’exploitation économique touche de 95 à 99 % des survivantes de la violence familiale. Les survivantes déclarent avoir perdu des sources de revenus en raison de la violence familiale, mais elles n’ont aucun moyen de se lancer en affaires en raison de la vérification stricte des antécédents, y compris du dossier de crédit[116].

Meseret Haileyesus a ainsi convenu que la mise en œuvre d’un programme de revenu de base garanti suffisant « encouragerait certainement les femmes à accroître leurs revenus, à réintégrer le marché du travail et se lancer en affaires[117] ». Interrogée sur ce revenu de base garanti suffisant, Catherine Miller a déclaré qu’il s’agissait d’une mesure qui contribuerait à enrayer les problèmes liés à la garde d’enfants et à l’accès à d’autres services de soins dans les communautés rurales et éloignées[118].

Par conséquent, le Comité fait la recommandation suivante :

Recommandation 8

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, continue de prendre des mesures pour réduire la pauvreté et l’écart de rémunération entre les genres en encourageant l’adoption de politiques d’équité salariale dans tous les milieux de travail ainsi que des salaires décents et en continuant d’investir dans des logements sécuritaires, accessibles et abordables, en particulier pour les femmes, et qu’il envisage d’autres stratégies de réduction de la pauvreté, telles que l’instauration d’un revenu de base garanti suffisant.

Changements à la culture organisationnelle et aux attitudes sociales

Des témoins ont déclaré au Comité qu’il était essentiel de créer des milieux de travail plus inclusifs et moins préjudiciables aux femmes et aux divers groupes marginalisés afin de soutenir l’autonomisation économique des femmes. Ils l’ont aussi informé qu’il fallait réformer la culture du milieu de travail à l’échelle structurelle afin d’y favoriser la responsabilisation et d’y prévenir la violence, le harcèlement et la discrimination[119].

Saadia Muzaffar a ajouté qu’un changement de culture s’impose dans nos institutions, en particulier lorsqu’il s’agit des immigrantes qui cherchent à travailler dans leur domaine et qui sont victimes de discrimination, et ce, même si elles possèdent les qualifications requises[120]. Elle a mentionné qu’aider les immigrantes à obtenir leurs titres de compétence et à accéder aux postes pour lesquels elles sont qualifiées serait bénéfique pour l’économie du Canada et éviterait leur déqualification[121]. Enfin, Jamie McMillan a fait valoir qu’il faut modifier les attitudes sociales sur les divers parcours professionnels par l’intermédiaire de l’éducation et qu’« [i]l est très important que l’équité entre les genres devienne la norme dans le secteur des métiers. Il faut que la présence des femmes et des groupes sous-représentés dans ce secteur soit vue comme normale[122]. »

Comme déjà mentionné, le Défi 50-30 est une mesure qui vise à accroître la présence des femmes et des groupes sous-représentés sur le marché du travail et dans les postes de direction, et qui peut ainsi contribuer à changer les attitudes et la culture au travail. Cadleen Désir, entrepreneure sociale, à titre personnel, a fait part des difficultés systémiques auxquelles elle a fait face : « [ê]tre une femme, en plus d’être le seul visage de couleur au sein de l’équipe de direction d’une importante entreprise, m’a menée à l’épuisement professionnel[123] » et, en fin de compte, à un changement de carrière. Comme Penny Wise l’a dit, l’inclusion de personnes ayant des opinions, des études, des expériences de vie, des points de vue et des façons de penser différents est essentiel afin de véhiculer de nouvelles idées et inciter les gens à avoir une vision plus vaste et ainsi à trouver de meilleures solutions[124]. Par conséquent, la culture organisationnelle pourrait s’améliorer grâce à l’exposition à la différence et à une meilleure représentation.

Par conséquent, le Comité fait les recommandations suivantes :

Recommandation 9

Que le gouvernement du Canada renforce les campagnes de sensibilisation qui encouragent l’adoption de politiques de diversité, d’équité et d’inclusion au travail dans le but de favoriser des milieux de travail inclusifs et souples qui tiennent compte de la spécificité des genres et qui sont exempts de harcèlement et de discrimination.

Recommandation 10

Que le gouvernement du Canada soutienne les propriétaires d’entreprise et les entrepreneurs qui font partie des communautés bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer, intersexuelles, asexuelles et s’identifiant à d’autres identités de genre et orientations sexuelles au moyen d’une campagne de sensibilisation visant à combattre la haine, le harcèlement et la discrimination envers ces communautés.

Occasions de réseautage et de mentorat

De nombreuses femmes entrepreneures ont fait valoir l’importance d’avoir accès à des occasions de réseautage et de mentorat pour avancer sur le plan professionnel. Des témoins ont mentionné que le mentorat aide les femmes à surmonter les défis et les obstacles qui se dressent devant elles et qu’il « est l’un des éléments clés pour assurer la croissance de la carrière des femmes et leur autonomisation économique[125] ». Les mentors peuvent non seulement agir comme des modèles, mais aussi améliorer le sort des femmes entrepreneures[126]. Avoir un mentor et du soutien dans le processus de demande de financement peut également aider les femmes entrepreneures à recevoir le financement avec succès[127].

Au sujet des occasions de réseautage et d’établissement de liens, et du soutien communautaire offerts aux entrepreneurs, Lohifa Pogoson Acker, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, a souligné l’importance d’accroître la sensibilisation et l’échange de connaissances. Elle a déclaré au Comité qu’elle n’avait jamais entendu parler des nombreux programmes fédéraux et « écosystèmes » pour les femmes entrepreneures, et que « [l]es seuls écosystèmes [qu’elle] connaisse sont ceux [qu’elle a] créés dans [s]a petite communauté ». Elle a affirmé qu’il fallait mieux faire connaître ces initiatives et programmes gouvernementaux et améliorer la sensibilisation à leur égard, et elle a insisté sur le fait que le gouvernement doit « commencer à [se] servir de nous pour nous aider ». Elle a proposé que ce dernier collabore avec les communautés qui sont « prêtes à faire le travail […] à entrer en contact les unes avec les autres et à former une communauté, mais si nous ne disposons pas des connaissances et du soutien nécessaires, il est très difficile pour nous de le faire. Nous finissons toutes par vivre en vase clos, seules et frustrées[128]. » De même, Paula Huntley, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, a convenu que le fait d’être mise en relation avec un « partenaire économique », même par l’intermédiaire d’un système de soutien lié à un numéro 1‑800, lui aurait été utile pour l’aider « à trouver des subventions et des idées pour stimuler [sa] créativité[129] ».

Le réseautage et le mentorat ont également été décrits comme des occasions pour les immigrantes de recevoir du soutien émotionnel[130]. De plus, il a été mentionné au Comité que les organisations devraient avoir des programmes officiels de mise à niveau et des programmes de mentorat qui sont accessibles durant les heures de travail rémunérées[131]. Enfin, Cadleen Désir a expliqué que son expérience en tant que femme entrepreneure racisée n’est pas unique, et que les femmes entrepreneures noires et racisées ont besoin d’avoir accès à des mesures de soutien particulières, y compris des mentors et des occasions de réseautage et de rassemblement[132].

Certains témoins ont recommandé que davantage d’investissements soient accordés dans les occasions de mentorat et que plus de soutien soit offert en ce sens[133]. L’honorable Rechie Valdez a déclaré au Comité que le PCFE a permis à 22 000 femmes de participer à des activités de mentorat et de réseautage[134]. Outre la nécessité d’offrir davantage d’occasions de mentorat, il a également été question du soutien dont peuvent avoir besoin les personnes agissant comme mentors. Par exemple, l’Organisations d’entreprises de femmes du Canada « offre toute une gamme de ressources, de mesures de soutien au développement professionnel et d’activités qui sont conçues expressément pour les personnes qui conseillent, guident et encadrent les femmes et les personnes non binaires entrepreneures », de façon « à ce que les conseillers aient les connaissances et l’expérience nécessaires pour les soutenir de la meilleure façon possible[135] ». Enfin, Paula Huntley a laissé entendre qu’il fallait « aller dans les écoles » pour offrir du mentorat et du soutien aux étudiants, ce qui « ouvre l’esprit des jeunes et leur montre les possibilités qui s’offrent à eux[136] ».

Par conséquent, le Comité fait la recommandation suivante :

Recommandation 11

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, élargisse des programmes fédéraux existants, comme le Fonds pour l’écosystème de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, et qu’il supporte les possibilités de mentorat et de réseautage pour les femmes entrepreneures en créant d’autres programmes de réseautage et de mentorat officiels destinés à favoriser l’avancement professionnel de différents groupes de femmes – dont les femmes racisées et immigrantes – dans divers domaines, et qu’il envisage d’offrir ces programmes pendant les heures de travail rémunéré.

Changements aux mesures de soutien et aux structures de financement

Des témoins ont demandé des changements dans la façon dont les programmes de financement bancaires, de financement des entreprises et de financement fédéral sont structurés et répartis, afin que l’accès à ces mesures de soutien soit plus équitable. Wendy Cukier a souligné la nécessité de « supprimer les obstacles dans les systèmes de financement conventionnels » pour les femmes entrepreneures[137]. Parmi les changements proposés, mentionnons les suivants :

  • favoriser des pratiques financières sûres, abordables et non discriminatoires qui répondent aux besoins des femmes, notamment des prêts à faible taux d’intérêt, des prêts sans vérification du crédit, ainsi que des subventions et du capital de risque destinés aux femmes et aux entreprises appartenant à des femmes racisées;
  • « établir des lignes directrices claires sur la séparation des comptes bancaires conjoints à la suite d’une séparation ou d’un divorce »;
  • investir dans une stratégie fédérale collective avec les institutions financières afin d’éliminer les obstacles réglementaires existants et d’offrir des programmes de microentreprises ou d’entrepreneuriat qui tiennent compte des traumatismes[138];
  • envisager des changements aux structures de financement pour s’assurer que les programmes et les projets ciblant des groupes particuliers sont admissibles à ces fonds, notamment en supprimant le critère de l’« évolutivité » des entreprises[139].

Amélioration de la collecte de données

La création de politiques publiques inclusives dépend de la disponibilité de données et de recherches désagrégées, car il est « impossible d’éradiquer les inégalités sans savoir où les problèmes se trouvent[140] ». Jules Gorham a abondé dans ce sens, soulignant que « [l]es données sur les femmes sont rares » et que, par conséquent, ce manque de données peut entraîner des changements réglementaires et politiques qui peuvent avoir des répercussions négatives sur les femmes[141]. C’est pourquoi les témoins ont réclamé des investissements pour améliorer la collecte de données désagrégées sur l’entrepreneuriat, le leadership et l’autonomisation économique des femmes[142].

Par conséquent, le Comité fait la recommandation suivante :

Recommandation 12

Que le gouvernement du Canada, dans le respect des compétences des provinces, des territoires et des peuples autochtones, ainsi qu’en consultation et en collaboration avec eux, élargisse le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat afin de combler les lacunes dans les données, et qu’il finance et appuie la collecte de données, ventilées par genre et d’autres facteurs identitaires (p. ex. race, identité autochtone ou handicap), sur les femmes entrepreneures, les femmes dans des domaines à prédominance masculine, notamment les métiers spécialisés, et les femmes occupant des fonctions de direction à tous les échelons en vue d’améliorer les politiques visant à soutenir les femmes qui choisissent ces carrières.

Accès à des marchés nouveaux et diversifiés

Pour les femmes entrepreneures, l’accès à des marchés nouveaux et diversifiés est une étape importante vers la croissance et le succès de leur entreprise. Ruth Vachon, présidente‑directrice générale du Réseau des Femmes d’affaires du Québec, a expliqué que, comme les entreprises appartenant à des femmes sont souvent plus petites, elles ont besoin d’aide pour accéder aux marchés et aux chaînes d’approvisionnement[143]. Meseret Haileysus en a convenu et a exhorté le Comité à se pencher sur les initiatives qui donnent aux entreprises appartenant à des femmes des possibilités de commerce et d’exportation à l’échelle internationale par le biais d’accords commerciaux, de l’éducation et de l’accès aux marchés mondiaux. Elle a aussi fait observer qu’il faudrait aider les femmes racisées à avoir accès à plus de possibilités d’importation et d’exportation[144]. De son côté, Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, a fait part au Comité d’une histoire de réussite, celle de Tina Singh, de Bold Helmets, qui a créé une entreprise « qui a vraiment touché une corde sensible sur le marché et dans le monde entier. Elle exporte maintenant ses casques pour que les enfants sikhs puissent les porter. Elle en exporte maintenant au Royaume‑Uni et aux États‑Unis[145]. »

Par ailleurs, Peter Maddox, président de l’Association de ventes directes du Canada, a rappelé au Comité que « la réglementation fédérale ne doit pas entraver la capacité des entrepreneurs à fonctionner avec succès » et a cité comme exemple la proposition de Santé Canada d’établir des droits sur les produits de santé naturels[146]. Il a réitéré qu’« [a]lors que le gouvernement s’efforce d’autonomiser les femmes et de stimuler l’activité économique, il doit tenir compte de l’effet des frais et de la bureaucratie sur les possibilités et la participation[147] ». Jules Gorham a abondé dans le même sens et déclaré que les obstacles à l’entrée des produits de santé naturelle sur le marché « sont également nombreux ». L’Association canadienne des aliments de santé a recommandé au ministre de la Santé de « travailler de concert avec l’industrie pour réexaminer son approche » et « élaborer des politiques éclairées, équilibrées et dans l’intérêt supérieur des Canadiens[148] ».

Conclusion

Au cours de l’étude, le Comité a appris que les femmes se heurtent toujours à divers obstacles et défis qui entravent leur autonomisation économique, qu’elles occupent un emploi ou soient entrepreneures. Ces obstacles vont de l’accès à l’éducation, à l’aide financière, à la garde d’enfants, aux services pour les victimes de violence fondée sur le genre et aux cultures sociales. Dans son rapport, le Comité reconnaît que l’autonomisation économique des femmes est essentielle à l’égalité entre les genres et que la culture organisationnelle et les attitudes sociales doivent être modifiées pour parvenir à une véritable égalité.

Les témoins ont proposé différentes façons de soutenir l’autonomisation économique des femmes au Canada : réduire la pauvreté, changer la culture organisationnelle, offrir des occasions de réseautage et de mentorat, modifier les structures de financement et offrir des mesures de soutien, recueillir des données et ouvrir l’accès à de nouveaux marchés. Le Comité formule 12 recommandations à l’intention du gouvernement du Canada afin d’atteindre ces objectifs.


[1]              Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[2]              L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[3]              Ibid.

[4]              Ibid.

[5]              Ibid.

[6]              Ibid.

[7]              Ibid.

[8]              Jennifer Lusby, présidente, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024; et l’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[9]              L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[10]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[11]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[12]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[13]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024; Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique, Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024; Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024; et Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[14]            Katherine Wall, « Persévérance et représentation des femmes dans les programmes d’études en STGM », Regards sur la société canadienne, 2 mai 2019.

[15]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[16]            Saadia Muzaffar, présidente, TechGirls Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[17]            Ibid.

[18]            Statistique Canada, « Tableau 14‑10‑0335‑02 : Proportion des femmes et des hommes travaillant dans les professions, données annuelles, inactif », base de données, consultée le 8 mars 2024.

[19]            Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[20]            Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024.

[21]            Ibid.

[22]            Queenie Choo, présidente-directrice générale, S.U.C.C.E.S.S., Témoignages, 27 février 2024; et Jennifer Lusby, présidente, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[23]            Statistique Canada, « Représentation des femmes au sein des conseils d’administration et dans les postes de dirigeants, 2020 », Le Quotidien, publié le 29 mai 2023.

[24]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[25]            Ibid.

[26]            Jennifer Lusby, présidente, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[27]            Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[28]            L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[29]            Ruth Vachon, présidente-directrice générale, Réseau des Femmes d’affaires du Québec, Témoignages, 13 février 2024.

[30]            Jules Gorham, directrice, Affaires réglementaires et politique, Association canadienne des aliments de santé, Témoignages, 13 février 2024.

[31]            Ibid.

[32]            La vente directe « consiste à vendre des produits ou des services à des consommateurs par le biais de rencontres individuelles, au lieu d’un magasin de détail […] La vente directe est également appelée vente sociale, de réseau ou personnelle. »

[33]            Peter Maddox, président, Association de ventes directes du Canada, Témoignages, 6 février 2024.

[34]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[35]            Ibid.

[36]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024; Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024; Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[37]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024; et Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[38]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[39]            Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique, Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[40]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[41]            Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024.

[42]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[43]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[44]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[45]            Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024.

[46]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[47]            Fae Johnstone, directrice générale, Wisdom2Action, Témoignages, 15 février 2024.

[48]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[49]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024; Lohifa Pogoson Acker, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 15 février 2024; Queenie Choo, présidente-directrice générale, S.U.C.C.E.S.S., Témoignages, 27 février 2024; et Fae Johnstone, directrice générale, Wisdom2Action, Témoignages, 15 février 2024.

[50]            Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[51]            Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023; Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[52]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[53]            Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[54]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[55]            Ibid.

[56]            Catherine Miller, mairesse, canton de Pelee, à titre personnel, Témoignages, 6 février 2024.

[57]            Ibid.

[58]            Ibid.

[59]            Ibid.

[60]            Fae Johnstone, directrice générale, Wisdom2Action, Témoignages, 15 février 2024.

[61]            Ibid.

[62]            Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023; Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024; et Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[63]            L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[64]            Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[65]            Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique, Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[66]            Emily Whetung-MacInnes, cheffe émérite, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[67]            L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[68]            Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[69]            Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[70]            Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023; et Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[71]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[72]            Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[73]            Meltem Kilicaslan, chargée de projet, ELLEvate, YES Emploi et Entrepreneuriat, Témoignages, 29 février 2024.

[74]            Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[75]            Ibid.

[76]            Lindsey Cooke, directrice générale, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[77]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[78]            Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondations canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[79]            Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[80]            Ibid.

[81]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[82]            Lindsey Cooke, directrice générale, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[83]            Kathy Slotsve, directrice, Communication et engagement des partenaires, YES Emploi et Entrepreneuriat, Témoignages, 29 février 2024.

[84]            Fae Johnstone, directrice générale, Wisdom2Action, Témoignages, 15 février 2024.

[85]            Queenie Choo, présidente-directrice générale, S.U.C.C.E.S.S., Témoignages, 27 février 2024.

[86]            Saadia Muzaffar, présidente, TechGirls Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[87]            Ibid.

[88]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024; Catherine Miller, mairesse, canton de Pelee, à titre personnel, Témoignages, 6 février 2024; Andrea Hannen, directrice générale, Association of Day Care Operators of Ontario, Témoignages, 6 février 2024; Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024; Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024; et Alison Kirkland, présidente‑directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[89]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[90]            Lindsey Cooke, directrice générale, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[91]            Catherine Miller, mairesse, canton de Pelee, à titre personnel, Témoignages, 6 février 2024.

[92]            Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[93]            Lindsey Cooke, directrice générale, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[94]            Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[95]            Ibid.

[96]            Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[97]            Rosemary Cooper, directrice exécutive, Pauktuutit Inuit Women of Canada, Témoignages, 29 février 2024.

[98]            Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[99]            Andrea Hannen, directrice générale, Association of Day Care Operators of Ontario, Témoignages, 6 février 2024.

[100]          Cadleen Désir, entrepreneure sociale, à titre personnel, Témoignages, 6 novembre 2023.

[101]          Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[102]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023; Rosemary Cooper, directrice exécutive, Pauktuutit Inuit Women of Canada, Témoignages, 29 février 2024; BC Coalition of Experiential Communities, Mémoire au Comité de la condition féminine, mémoire présenté au Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, mars 2024.

[103]          Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[104]          Peter Maddox, président, Association de ventes directes du Canada, Témoignages, 6 février 2024; Catherine Miller, mairesse, canton de Pelee, à titre personnel, Témoignages, 6 février 2024; et Kathy Slotsve, directrice, Communication et engagement des partenaires, YES Emploi et Entrepreneuriat, Témoignages, 29 février 2024.

[105]          Fertility Matters Canada, Mémoire présenté au Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, mémoire présenté au Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, 28 février 2024.

[106]          Lohifa Pogoson Acker, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 15 février 2024; et Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique, Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[107]          Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[108]          Bonnie Brayton, directrice générale, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, Témoignages, 27 février 2024; Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024; Rosemary Cooper, directrice exécutive, Pauktuutit Inuit Women of Canada, Témoignages, 29 février 2024; et Lohifa Pogoson Acker, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 15 février 2024.

[109]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[110]          Ibid.

[111]          Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[112]          Ibid.

[113]          Ibid.

[114]          Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024.

[115]          Rosemary Cooper, directrice exécutive, Pauktuutit Inuit Women of Canada, Témoignages, 29 février 2024.

[116]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[117]          Ibid.

[118]          Catherine Miller, mairesse, canton de Pelee, à titre personnel, Témoignages, 6 février 2024.

[119]          Karen Campbell, directrice principale, Initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes, Témoignages, 6 février 2024; Queenie Choo, présidente-directrice générale, S.U.C.C.E.S.S., Témoignages, 27 février 2024; Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024; et Medora Uppal, directrice générale, YWCA Hamilton, Témoignages, 27 février 2024.

[120]          Saadia Muzaffar, présidente, TechGirls Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[121]          Ibid.

[122]          Jamie McMillan, fondatrice, Made in the Trades, Témoignages, 6 février 2024.

[123]          Cadleen Désir, entrepreneure sociale, à titre personnel, Témoignages, 6 novembre 2023.

[124]          Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[125]          Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[126]          Penny Wise, vice-présidente, 3M Canada, Témoignages, 13 février 2024.

[127]          Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[128]          Lohifa Pogoson Acker, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 15 février 2024.

[129]          Paula Huntley, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[130]          Queenie Choo, présidente-directrice générale, S.U.C.C.E.S.S., Témoignages, 27 février 2024.

[131]          Lindsey Cooke, directrice générale, Manitoba Possible, Témoignages, 27 février 2024.

[132]          Cadleen Désir, entrepreneure sociale, à titre personnel, Témoignages, 6 novembre 2023.

[133]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023; et Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[134]          L’honorable Rechie Valdez, C.P., députée, ministre de la Petite Entreprise, Témoignages, 15 février 2024.

[135]          Alison Kirkland, présidente-directrice générale, Organisations d’entreprises de femmes du Canada, Témoignages, 27 février 2024.

[136]          Paula Huntley, propriétaire d’entreprise, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[137]          Wendy Cukier, fondatrice et directrice académique, Institut de la diversité, École de gestion Ted Rogers, à titre personnel, Témoignages, 29 février 2024.

[138]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[139]          Kathy Slotsve, directrice, Communication et engagement des partenaires, YES Emploi et Entrepreneuriat, Témoignages, 29 février 2024.

[140]          Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024.

[141]          Jules Gorham, directrice, Affaires réglementaires et politique, Association canadienne des aliments de santé, Témoignages, 13 février 2024.

[142]          Caitlin Morrison, directrice des opérations et des communications, Le Projet Prospérité, Témoignages, 6 février 2024; et Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, Recommandation 126 novembre 2023.

[143]          Ruth Vachon, présidente-directrice générale, Réseau des Femmes d’affaires du Québec, Témoignages, 13 février 2024.

[144]          Meseret Haileyesus, directrice exécutive, Centre canadien pour l’autonomisation des femmes, Témoignages, 6 novembre 2023.

[145]          Clare Barnett, directrice, Développement économique, ville de Brampton, Témoignages, 6 novembre 2023.

[146]          Peter Maddox, président, Association de ventes directes du Canada, Témoignages, 6 février 2024.

[147]          Ibid.

[148]          Jules Gorham, directrice, Affaires réglementaires et politique, Association canadienne des aliments de santé, Témoignages, 13 février 2024; et Association canadienne des aliments de santé, Mémoire présenté au Comité permanent de la condition féminine (FEWO), mémoire présenté au Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, mars 2024.