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Bonjour à tous. La séance est ouverte. Bienvenue à la quatrième séance du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes.
La séance d’aujourd’hui sera hybride, conformément à l’ordre que la Chambre a adopté le 23 septembre 2020. Il est possible de suivre les délibérations sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que, en ligne, on voit toujours la personne qui parle plutôt que l’ensemble du Comité. Voici quelques règles à suivre pour assurer le bon déroulement de la séance.
Les députés et les témoins peuvent s’exprimer dans la langue officielle de leur choix, car les services d’interprétation sont disponibles. Au bas de l'écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français.
Quant aux députés qui participent en personne, ils doivent procéder comme d'habitude, lorsque l'ensemble du Comité se réunit en personne dans une salle. N’oubliez pas les directives du Bureau de régie interne concernant les masques et les protocoles de santé.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous désigne nommément. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, leur microphone sera contrôlé comme d’habitude par l’agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine. En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour suivre l’ordre des interventions de tous les députés, qu’ils participent virtuellement ou en personne.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit aujourd’hui pour entreprendre une étude sur l’accessibilité et l’abordabilité des services de télécommunications.
Comme d’habitude, je montrerai un carton jaune lorsqu’il vous restera 30 secondes et un carton rouge lorsque votre temps de parole sera écoulé.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux témoins d’aujourd’hui. De Télésat, nous accueillons M. Daniel Goldberg, président et chef de la direction, M. Stephen Hampton, gestionnaire, Affaires gouvernementales et politiques publiques, et Mme Michele Beck, vice-présidente des ventes en Amérique du Nord. De la Space Exploration Technologies Corporation, nous accueillons Mme Patricia Cooper, vice-présidente, Affaires gouvernementales Satellite.
Chaque témoin aura un maximum de sept minutes pour présenter son exposé, après quoi nous passerons aux questions.
Sur ce, je cède la parole aux témoins de Télésat. Vous avez donc sept minutes.
Bonjour à tous.
Madame la présidente, je vous remercie d’avoir invité Télésat à participer à la séance d'aujourd’hui.
Je m’appelle Dan Goldberg, et je suis président et directeur général de Télésat. Je comparais ce matin, comme vous l’avez dit, avec mes collègues Michele Beck et Stephen Hampton.
Télésat, dont le siège social se trouve à Ottawa, d’où je parle, est l’un des exploitants de satellites les plus importants et les plus prospères au monde. Cette fière entreprise canadienne a un rôle central à jouer dans l’infrastructure qui assure la connectivité du Canada. Aujourd’hui, grâce aux services qu'elle fournit à Bell TV et à Shaw Direct, elle offre des centaines de chaînes de télévision à des ménages canadiens des quatre coins du Canada. Elle propose des services à large bande et d’autres services essentiels aux collectivités rurales, éloignées et autochtones, et elle procure des services essentiels à la mission de sécurité nationale et de sécurité publique du Canada. Ce n’est là qu’une partie de ses activités au Canada. Elle offre les mêmes types de services dans le monde entier.
Télésat est active sur l’un des marchés mondiaux les plus concurrentiels, y compris ici au Canada, où le marché est très ouvert aux concurrents étrangers depuis plus de deux décennies. Cela nous convient. Nous sommes fortement en faveur de marchés ouverts et concurrentiels, car ils stimulent l’innovation et réduisent les coûts. Télésat a besoin de marchés ouverts partout dans le monde, même si elle ne décroche pas toujours les contrats.
Nous sommes tout à fait d’accord sur l’objectif du Comité, qui consiste à offrir des services à large bande abordables et à grande capacité aux millions de Canadiens qui en sont aujourd’hui privés. Ces services sont encore plus importants en cette période de pandémie. Télésat a été un innovateur de premier plan dans la prestation de services à large bande par satellite, en concevant et en lançant le premier satellite à large bande au monde, il y a plus de 15 ans. La réalité, cependant, c’est que les satellites géostationnaires que nous lançons et exploitons depuis 50 ans, même si chaque nouvelle génération est beaucoup plus puissante que la précédente, sont tout simplement trop éloignés pour fournir le genre de bande passante super rapide et abordable dont nous avons besoin aujourd’hui.
C’est pourquoi nous avons entrepris le projet le plus ambitieux et le plus innovateur de notre longue histoire: une constellation de satellites à orbite basse de plusieurs milliards de dollars. Cette constellation de pointe, Télésat LEO, se compose de près de 300 satellites hautement perfectionnés qui offrent des services à large bande abordables de type fibre optique et permettent d’offrir des services sans fil LTE et 5G partout sur la planète et dans l'ensemble du territoire canadien. C'est le plus grand programme spatial jamais conçu au Canada, et c’est exactement ce dont notre vaste pays a besoin pour combler le fossé numérique.
Télésat LEO adopte une approche holistique axée sur la collectivité pour brancher les Canadiens en s'associant avec les FSI locaux, les exploitants de réseaux mobiles, les municipalités et les communautés autochtones. Télésat LEO fournira une connectivité de base abordable et à haute capacité aux collectivités, puis les partenaires locaux fourniront le dernier relais pour que puissent se brancher les ménages, les écoles, les hôpitaux, les petites entreprises et d'autres utilisateurs, et les services LTE et 5G seront disponibles au niveau local et dans tout le pays.
Télésat LEO a été conçu au Canada par des Canadiens, et les chercheurs du MIT ont récemment conclu qu’il s’agit de la constellation à orbite basse la plus efficace en cours de développement. Nous nous attendons à ce que les satellites et certaines de leurs composantes clés soient construits ici, au Canada. À partir de la région de la capitale nationale, nous exploiterons la constellation et gérerons tout le trafic mondial qui y transitera. Pour cette raison, Télésat LEO procurera d’énormes avantages économiques et sociaux au Canada, en aidant à créer environ un millier d'emplois, en générant de la PI et des exportations précieuses et en positionnant le Canada à l’avant-garde de la nouvelle économie spatiale en plein essor qui, bien sûr, aidera aussi à combler le fossé numérique chez nous. Nous prévoyons lancer des services bêta dans environ deux ans, et le service commercial débutera en 2023.
Certaines des entreprises les plus novatrices et les mieux financées du monde développent leurs propres constellations LEO, dont SpaceX, et je suis très heureux de témoigner aux côtés de sa représentante ce matin.
Nous sommes depuis longtemps associés à SpaceX, qui a lancé nos deux derniers satellites. Je souligne que Mme Cooper, qui témoigne également ce matin, est une vieille amie très chère et une collègue. Nous avons travaillé fort pour ouvrir des marchés du monde entier à la concurrence.
Je suis très heureux de voir que SpaceX a été autorisée à desservir le Canada avec sa constellation Starlink. Combler le fossé numérique est un énorme défi, et aucune entreprise ne peut y parvenir seule.
Parmi les autres grands joueurs qui travaillent aux satellites à orbite basse, notons Amazon, OneWeb, qui est soutenu par le gouvernement du Royaume-Uni, et la Chine et la Russie, qui reconnaissent l’importance stratégique et économique de LEO. Tous ces acteurs partagent la conviction que LEO est un moyen convaincant d’offrir une large bande abordable à ceux qui vivent et travaillent dans les régions rurales et éloignées, ce qui favorisera une économie et une société plus équitables et inclusives.
Télésat est un chef de file mondial reconnu dans le domaine des communications par satellite, et sa constellation Télésat LEO tire parti de sa riche expertise technique, opérationnelle et commerciale et de sa culture d'innovation profondément ancrée. Notre industrie est très dynamique et concurrentielle, peut-être plus que jamais au cours de ses 50 ans d’existence, et nous sommes au beau milieu d’une course mondiale aux enjeux élevés et où la concurrence est vive. Grâce à une exécution ciblée et à notre équipe de professionnels de calibre mondial, j’ai pleinement confiance que nous sortirons gagnants de cette course, ce qui permettra à Télésat et au Canada de rester à l’avant-garde d'une nouvelle économie spatiale en rapide croissance et de combler le fossé numérique chez nous et dans le reste du monde.
Je vous remercie encore une fois de m’avoir donné l’occasion de participer à cette importante séance. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
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Madame la présidente Romanado, messieurs les vice-présidents Cumming et Lemire, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de me donner l’occasion de comparaître devant le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie au nom de SpaceX pour parler de son système à large bande Starlink. L’audience du Comité sur l’accessibilité et l’abordabilité des services de télécommunications arrive à point nommé et revêt une importance cruciale.
Comme le Comité le sait pertinemment, la COVID-19 a mis en évidence le besoin urgent d’un accès universel et abordable à large bande et à haute vitesse. Même avant la pandémie, cependant, la stratégie du Canada pour la connectivité disait que les « collectivités rurales et éloignées ont indiqué que les difficultés d'accès abordable à Internet haute vitesse étaient le principal obstacle à leur croissance économique ».
Étant donné que Starlink a été autorisé par ISDE à offrir des services partout au Canada, SpaceX se réjouit à l’idée de contribuer à combler le fossé numérique au Canada, en particulier dans les régions éloignées et rurales qui souffrent le plus des lacunes de la large bande.
Un mot sur le contexte. SpaceX est aujourd’hui le plus grand fournisseur de services de lancement au monde, si on se fie au nombre de missions prévues par contrat. Nous concevons, fabriquons et lançons nos lanceurs réutilisables Falcon et nos véhicules spatiaux pour des missions de mise en orbite terrestre et des missions plus lointaines encore.
Dans cette entreprise, SpaceX a établi un partenariat de longue date et productif avec le Canada et l’industrie canadienne. En juin dernier, par exemple, SpaceX a réussi à mettre en orbite trois satellites de la MCR construits par MDA pour la constellation RADARSAT de l’Agence spatiale canadienne. En 2018, comme M. Goldberg l’a fait remarquer, SpaceX a lancé, au cours de deux missions distinctes, les satellites de télécommunication Telstar 19 Vantage et 18 Vantage de Télésat.
Fait peut-être le plus notable, l'astronaute canadien David Saint-Jacques est devenu, en mars 2019, la première personne à entrer dans le véhicule spatial Crew Dragon, qui était arrimé à la Station spatiale internationale. Ce fut une étape importante vers Crew-1, la première mission opérationnelle vers la SSI que SpaceX ait lancée avec succès pour notre partenaire, la NASA. Le véhicule a été lancé dimanche dernier et s'est arrimé hier soir.
Compte tenu de ces antécédents, SpaceX est fière de se lancer dans une nouvelle aventure avec le Canada, celle de Starlink, son système Internet spatial de nouvelle génération qui fournira la large bande à haute vitesse à des endroits où l’accès est peu fiable, coûteux ou complètement inaccessible. SpaceX tient à remercier le ministre , la ministre , le personnel professionnel du bureau de planification et d’ingénierie du spectre d’ISDE, le CRTC, Affaires mondiales Canada, Ressources naturelles Canada et bien d’autres, y compris des membres du Comité, d’avoir travaillé avec elle tout au long du processus réglementaire.
Nous faisons bon usage des approbations accordées par le Canada. Moins d’une semaine après avoir reçu les licences, SpaceX a commencé à expédier des trousses Starlink au Canada pour ses premiers clients, dont des communautés autochtones, et le déploiement des services bêta pour les Canadiens débute en ce moment même.
Les Canadiens comptent de plus en plus sur Internet. Selon Statistique Canada, la proportion des Canadiens de 15 ans et plus qui utilisent Internet est passée de 83 % en 2012 à 91 % en 2018. À mesure que croît la demande des consommateurs, qui veulent plus de rapidité et une plus grande capacité, les disparités d’accès et de choix entre fournisseurs persistent dans bien des collectivités. En effet, 60 % des ménages ruraux n’ont pas accès à la large bande, c’est-à-dire 50 mégabits par seconde pour le téléchargement et 10 mégabits par seconde pour le téléversement.
Par conséquent, le gouvernement du Canada a pris l’engagement audacieux et historique de brancher 98 % des Canadiens à Internet haute vitesse au cours des six prochaines années et de tous les Canadiens d’ici 2030.
Fait important, le gouvernement a axé ses initiatives sur plusieurs domaines clés, dont le déploiement rapide pour combler les lacunes en matière de services à large bande pendant la pandémie; la diversité des parcours technologiques, reconnaissant qu'aucune solution unique ne saurait convenir à tous les Canadiens; l’extensibilité, pour s’assurer que les réseaux peuvent croître à mesure que la demande et les utilisations d’Internet évoluent au fil du temps; l’abordabilité; la qualité et la résilience des réseaux, en particulier dans les environnements difficiles du Nord.
SpaceX appuie fermement ces objectifs, et je souhaite donc faire porter le reste de mes observations sur la façon dont Starlink s’y adapte.
Au départ, Starlink est une technologie idéale pour le Canada. La constellation des satellites Star Link qui seront en orbite près de la terre traversera le vaste territoire du Canada, avec ses petites collectivités rurales, ses montagnes escarpées ou ses côtes échancrées, là où le coût du déploiement de solutions classiques rend impossible d'obtenir un rendement sur l’investissement, si bien que la construction de l’infrastructure est retardée.
Même dans sa phase bêta actuelle, Starlink dépasse les exigences canadiennes de 50/10 mégabits par seconde. Nos premiers essais bêta aux États-Unis montrent des vitesses de plus de 100 mégabits par seconde pour les ménages, avec des latences de moins de 40 millisecondes.
Même dans les régions éloignées, les Canadiens auront accès à des services à large bande offrant la performance nécessaire pour l’apprentissage à distance, le télétravail, la télésanté, les vidéoconférences et même le jeu vidéo compétitif.
Avec près de 900 satellites déjà en orbite, Starlink est maintenant en mesure de desservir de grandes zones au Canada, y compris des régions de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario et du Canada atlantique.
Au fur et à mesure que nous lancerons des satellites et qu’il y aura d’autres approbations réglementaires au Canada, Starlink atteindra des latitudes encore plus hautes dans les autres provinces et même dans le Nord. Comme l’équipement grand public de Starlink comprend un dispositif prêt à l’emploi, la vitesse de déploiement devient une question de délais d’expédition. Par conséquent, Starlink est rapidement déployable, à n'en pas douter.
SpaceX est bien connu pour l'itération et l'amélioration constantes de sa technologie. Pour le système Starlink, cela signifie une innovation progressive à la fois dans les satellites présents dans l’espace et dans l’équipement du consommateur au sol. Cette approche itérative de la conception du système nous permet de tenir compte des rétroactions, d’améliorer le rendement et d’accroître la capacité disponible de façon constante.
Les résultats de nos premiers essais bêta aux États-Unis et au Canada nous permettront de peaufiner les offres de service de Starlink au fil du temps, et, grâce à l’ajout constant de satellites, le système peut prendre de l’ampleur à mesure que la demande du marché augmentera et s’adapter à l’utilisation en constante évolution d’Internet.
Depuis le premier déploiement, il y a 18 mois, SpaceX a établi une cadence régulière de deux lancements de Starlink, totalisant 120 satellites par mois, et a établi un record le mois dernier en déployant 180 satellites Starlink.
Enfin, l’abordabilité est un facteur clé pour SpaceX puisque Starlink est fondamentalement optimisé en tant que service direct au consommateur. SpaceX conçoit le système de bout en bout en gardant à l’esprit la rentabilité et la fiabilité. À mesure que les services prennent de l’expansion et que nous passons d’une production à faible volume à une production à fort volume, nous continuons de nous concentrer sur la réduction des coûts.
Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie encore une fois de m’avoir donné l’occasion de participer à cette audience. Nous sommes prêts à offrir un service à large bande Starlink haute vitesse fiable aux Canadiens dans tout le pays.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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À l’heure actuelle, nous fournissons des services de connectivité à large bande partout au Canada, et nous le faisons depuis longtemps.
Nous avons encore de la capacité et nous pouvons élargir les services dans presque toutes les collectivités que nous desservons aujourd’hui. Nous travaillons avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous travaillons avec d’autres FSI et des compagnies de téléphone partout au Canada pour ouvrir les canaux.
Sur ce plan, nous pouvons faire très rapidement. Nous avons des propositions qui nous permettraient de faire tout cela. Nous pouvons donc apporter au cours des prochains mois des améliorations notables au type de capacité à large bande dont disposent presque toutes ces collectivités.
Parfois, cela prend un peu plus de temps. Nous devons envoyer de l’équipement dans le Grand Nord. Cela dépend de notre capacité de respecter ou non les dates des transports par bateau. C'est le facteur qui détermine notre aptitude à déployer la capacité sur le terrain.
Pour ce qui est du déploiement accéléré de notre constellation LEO, je m’attends à ce que nous annoncions ces prochaines semaines le nom des entreprises qui construiront et lanceront les satellites. Nous allons accélérer au maximum la réalisation du programme. J’ai dit que ces satellites seraient vraisemblablement construits au Canada. Nous devons nous mettre à l'œuvre. Nous avons environ neuf mois de retard sur notre objectif. La COVID ne nous a pas aidés.
Suis-je préoccupé par SpaceX? Beaucoup de choses me préoccupent dans la vie. Comme je l’ai dit, nous évoluons dans un environnement mondial où la concurrence est extrêmement vive. J’ai beaucoup d’estime pour SpaceX. Cette entreprise a été un excellent partenaire pour nous. C’est l’une des entreprises les plus novatrices au monde.
J’applaudis ses réalisations. SpaceX innove. Je dirais qu’elle reçoit un appui massif du gouvernement américain pour développer la technologie, qu’il s’agisse de fusées ou de satellites. Tant mieux pour elle.
Oui, je me demande si nous pourrons concurrencer SpaceX. Je me demande si nous pourrons concurrencer Amazon, lorsqu’elle s'y mettra. C’est l’une des plus grandes entreprises au monde. Comme je l’ai dit dans mon témoignage, les Russes et les Chinois ont leurs propres plans. Toutefois, comme je l’ai aussi dit, nous avons un excellent plan. Nous devons simplement aller de l’avant. Je suis convaincu que nous réussirons.
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Je vous avoue que je trouve cela plutôt décevant de voir que l'ensemble des provinces du Canada sont couvertes, sauf le Québec.
Cela dit, selon les études faites dans ce comité, pour chaque dollar de fonds publics que le gouvernement investit, on s'attend à ce que les compagnies puissent investir 1 $.
Cette logique vous apparaît-elle rentable?
Peut-on faire en sorte que cela soit abordable pour le client?
Comme mon collègue M. Erskine-Smith, je trouve que l'abonnement à 129 $ en plus d'une connexion à 149 $ n'est pas vraiment quelque chose d'abordable. Encore une fois, non seulement les citoyens des régions éloignées et des milieux ruraux, comme l'Abitibi—Témiscamingue, n'ont pas accès à la technologie, mais celle-ci coûte beaucoup plus cher que dans les grands centres.
Peut-on s'attendre à ce que les prix soient plus abordables?
Le programme gouvernemental vous soutient-il suffisamment pour offrir cette abordabilité et cette accessibilité?
Je pose la question à M. Goldberg, de Telesat.
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En fait, notre système est architecturé de façon très différente de celui de SpaceX.
Nous n'envisageons pas de lancer des milliers de satellites. Nous avons conçu notre propre système, et je dois signaler que nous avons un brevet en instance sur cette topographie d'orbite hybride que nos collègues ont mise au point.
Nous aurons environ 78 satellites sur des orbites polaires, dont Mme Cooper a parlé, afin de nous assurer d'obtenir une couverture exceptionnelle du Nord canadien. En fait, nous avons décidé de commencer notre déploiement sur orbite polaire afin de nous assurer de couvrir la totalité du territoire canadien, y compris le Grand Nord, que nous sommes résolus à desservir. Par la suite, nous lancerons environ 220 autres satellites sur d'autres orbites, de nature plus équatoriale.
Nos satellites se trouvent à une latitude un peu plus haute que ceux de SpaceX, si bien qu'ils peuvent couvrir une plus grande superficie terrestre. Ils sont tous sont reliés les uns aux autres par lasers optiques, de telle sorte qu'ils sont toujours en ligne.
Je dois dire — et cela est vrai tant pour SpaceX que pour Télésat — que nous avons tellement de satellites qu'il y en a toujours plusieurs qui sont visibles à partir d'un point sur la Terre. C'est en fait cela qui rend les communications par satellite beaucoup plus fiables que celles par fibre.
Le problème avec les communications par fibre dans les collectivités rurales, c'est que la fibre peut être coupée. Nous en entendons constamment parler. Les satellites sont beaucoup plus résistants que redondants.
Merci de votre attention.
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C'est un domaine très prometteur qui, à mon avis, nous fait sentir l'urgence d'agir. Bien que nous ayons l'impression d'être une entreprise qui évolue assez rapidement, nous ressentons néanmoins que le moment nous impose véritablement de jouer notre rôle et d'aider le plus possible.
La télémédecine traditionnelle consiste à connecter un hôpital ou une clinique afin de permettre aux médecins de se parler entre eux et de consulter des professionnels de la santé spécialisés et chevronnés.
Nous constatons actuellement deux phénomènes.
En premier lieu, il y a une sophistication croissante dans ce domaine. J'ai parlé à des groupes qui font des interventions chirurgicales en ligne en utilisant ce genre d'accès à distance pour la télésanté, qui est largement tributaire de la fiabilité et de la latence.
Nos satellites étant si près de la Terre — ils se trouvent à environ 550 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre —, il faut moins de 40 millisecondes pour accéder à l'application satellite. C'est moins que la cible de la plupart des systèmes 5G. Il s'agit donc d'une plateforme viable pour les situations urgentes, pas seulement pour une téléconférence avec le médecin, mais qui offre aussi des possibilités d'élargir ses applications dans les cas d'urgence.
En deuxième lieu, c'est que, plutôt que se contenter de la connexion à la clinique ou à l'hôpital, de plus en plus de fournisseurs de soins de santé veulent une connexion au domicile des patients. Ils ne veulent pas obliger leurs patients à se présenter au cours d'un traitement dès lors qu'il suffirait d'une connexion à leur domicile, ne serait-ce que pour une courte période durant le traitement.
Nous nous sommes penchés sur la question avec divers groupes et cliniques de télémédecine, et je pense que cette voie est très prometteuse.
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Je crois fermement que pour offrir aux Canadiens des services de télécommunications efficaces, modernes et de pointe, la technologie 5G doit être mise en œuvre au Canada. Le Canada accuse un peu de retard par rapport à d'autres grandes économies dans ce domaine. L'un des principaux obstacles est la rareté de ce qu'on appelle le spectre de la bande moyenne.
Télésat était un participant très actif au sud de la frontière à la FCC, qui a réattribué environ trois bits du spectre de la bande moyenne que les exploitants de satellites utilisent, les a réservés à la 5G. De nos jours, nous utilisons tous ce spectre pour les communications par satellite. La FCC a versé 18 milliards de dollars aux exploitants de satellites pour dégager le spectre, construire de nouvelles installations et préserver tous les services importants existants.
Nos deux plus grands concurrents, qui sont déjà quatre fois plus gros que nous, se partagent ces 18 milliards de dollars.
Au Canada, ISDE vient d'entamer une consultation à ce sujet. Télésat a pris les devants et a proposé d'accélérer le dégagement du spectre de la bande moyenne parce que les fournisseurs de services sans fil en ont besoin, mais nous utilisons tout ce spectre aujourd'hui pour les services à large bande en milieu rural, les services de radiodiffusion et la sécurité publique. Nous proposons qu'on nous permette de réattribuer une partie du spectre, de le mettre rapidement à la disposition des exploitants de services sans fil, d'utiliser les recettes de cette opération pour construire un réseau LEO et de redonner le reste du spectre au gouvernement pour qu'il le vende aux enchères et en remette les recettes au Trésor.
Nous avons besoin que cela se fasse. Nous en avons besoin pour financer notre réseau LEO. À tout le moins, nous en avons besoin pour être en mesure de maintenir des règles du jeu équitables par rapport à nos grands concurrents internationaux qui, au sud de la frontière, ont dégagé exactement le même spectre et obtenu 18 milliards de dollars, qu'ils investissent dans des moyens qui constituent une concurrence accrue, voire une menace, pour nous.
Je vous remercie de la question.
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Merci, madame la présidente.
Merci aux deux témoins. Je trouve la séance très instructive.
Mes collègues ont parlé d'accessibilité, d'abordabilité, de rapidité, de fiabilité, de qualité, de résilience et d'extensibilité. Les deux témoins ont parlé du nombre de satellites qu'ils vont lancer.
Une question que je me pose, qui est plutôt d'ordre technique, est de savoir comment nous allons positionner tous ces satellites en orbite basse. Lorsque vous avez parlé des satellites, monsieur Goldberg, vous avez mentionné que les 220 satellites, puis les 78 satellites seront sur une plus haute latitude que ceux de SpaceX. Je vois que SpaceX parle de 4 400 satellites, dont 900 sont déjà en place. Il s'agit donc de 300 satellites. Il est aussi question d'Amazon, de la Russie et de la Chine qui mettent tous des satellites en orbite basse.
Dites-moi, d'un point de vue technique, comment tous ces satellites vont se positionner. Je sais que vous prévoyez mettre un satellite en orbite polaire pour couvrir ce que vous appelez le milieu du 50e parallèle Nord et au-delà. Comment tous ces satellites trouveront-ils leur place? Comment prévoyez-vous mettre cela en place, vous informer mutuellement et vous assurer d'éviter les collisions?
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C’est essentiel. Les 18 milliards de dollars que j’ai mentionnés et que la CFC a accordés à nos deux plus grands concurrents... Ils dépensent déjà cet argent. De nombreux exploitants du secteur craignent que tout ce capital ne déstabilise notre industrie dans une certaine mesure. Nos deux plus grands concurrents sont les bénéficiaires de tout cet argent provenant de la libération du même spectre dont ISDE attend la libération par Télésat.
Nous sommes heureux de libérer ce spectre. Le Canada en a besoin pour la 5G, mais il ne faut pas oublier deux choses. Premièrement, nous l’utilisons aujourd’hui, et personne ne veut que les services importants que nous fournissons soient perturbés. Il sera coûteux de relocaliser les utilisateurs de ce spectre sans perturber les services offerts. Deuxièmement, nous dépensons plusieurs milliards de dollars pour financer le réseau. C’est la chose à faire pour le Canada et pour Télésat, mais il faut des capitaux. Nous espérons, mais nous sommes d’un optimisme prudent, qu'à l'instar des exploitants de satellites qui ont libéré ce spectre aux États-Unis, nous nous retrouverons dans la même situation au Canada.
Si cela ne se fait pas, il pourrait se produire deux conséquences néfastes. Premièrement, tous les services que nous fournissons actuellement seront en danger. Je ne peux pas imaginer que le gouvernement le permette. Deuxièmement, Télésat sera gravement désavantagée par rapport à ses concurrents déjà plus importants qui ont reçu 18 milliards de dollars pour libérer ce même spectre. Ce serait une parodie. J’espère que cela n'arrivera pas.
Si le gouvernement donne suite à nos recommandations, tout le monde y gagnera. Les exploitants de services sans fil obtiendront rapidement un spectre plus large pour la 5G; Télésat pourra servir tous les utilisateurs actuels du spectre et les repositionner, et nous recevrons une partie du financement dont nous avons besoin pour bâtir notre constellation LEO, ce qui rendra le spectre 5G disponible et nous donnera une chance dans cette course spatiale très concurrentielle.
Nous avons un excellent plan. Nous avons une excellente entreprise. Nous avons des gens très engagés...
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Il est certain que les réseaux LEO sont l'avenir de la connectivité planétaire à large bande. Tous ceux d'entre nous qui fournissent des services par satellite depuis des années voient bien que nous ne pouvons pas le faire avec assez d'efficacité en orbite géostationnaire. Nous devons rapprocher nos satellites de la surface terrestre afin de pouvoir offrir des services à plus faible latence et à plus grande capacité.
Parmi les principaux acteurs dans ce domaine, il y en a deux qui sont représentés ici aujourd'hui: Télésat et SpaceX. Amazon a ses propres plans. Les Chinois et les Russes aussi ont leurs propres plans. Il y a une entreprise appelée OneWeb qui s'appuyait sur Softbank et qui s'appuie maintenant sur le gouvernement du Royaume-Uni. Il y a un exploitant de réseau mobile appelé SparkVue, qui est un des plus importants en Inde et qui fournit des services dans d'autres régions du monde en développement.
Les problèmes ne sont pas les mêmes pour tous. Chez nous à Télésat, le plus grand défi à l'heure actuelle est de trouver le reste du capital dont nous avons besoin pour bâtir notre système. Nous avons plus de 1 milliard de dollars dans notre bilan. Nous investissons chaque sou que nous avons, mais nous devons trouver d'autres sources de financement. J'espère que les audiences d'ISDE sur le spectre nous aideront dans ce sens.
Amazon ne manque pas de capital. Elle en a plein. Son problème, à vrai dire, c'est qu'elle est toute nouvelle dans le domaine et qu'elle tire de l'arrière. Elle ne progresse pas aussi vite que SpaceX et Télésat. Son accès au spectre laisse à désirer.
Mme Cooper et moi-même avons parlé de la nécessité de ces satellites. Il faut s'assurer qu'ils ne se croiseront pas, mais il faut s'assurer aussi d'avoir le droit d'utiliser les fréquences nécessaires pour offrir le service. Amazon est mal en point à cet égard.
OneWeb n'a pas tardé à lancer son service. L'entreprise avait deux problèmes. D'abord, elle devait réunir assez de capital. Ensuite, elle n'avait clairement pas les compétences techniques nécessaires pour concevoir et déployer un système vraiment efficace. Télésat, en revanche, n'est pas en reste de son côté et SpaceX est un chef de file dans le domaine de l'innovation en technologie spatiale. OneWeb partait donc doublement second.
Je suis préoccupé par la Chine et la Russie. Le capital ne sera pas le problème. Elles sont fortes en technologie spatiale. Elles seront de redoutables concurrentes dans ce domaine. Cela montre bien pourquoi il faut agir rapidement pour se tailler une place dans ce marché et commencer à offrir des services aux clients.
J'espère vous avoir un peu éclairé.
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Je vous en remercie. C'est une question extrêmement importante.
La réalité, c'est que, d'une part, nous exploitons ces constellations de satellites; elles fournissent un service aux consommateurs et on peut penser que cela s'arrête là. D'autre part, l'espace est stratégique et des États sont engagés à fond dans l'exploitation de l'espace et des technologies qui évoluent dans l'espace et qui y donnent accès.
Les constellations LEO illustrent très bien l'importance des enjeux stratégiques et le rôle que le gouvernement doit jouer. Il est évident que lorsque les Russes ou les Chinois — même le gouvernement de l'Inde — participent au secteur spatial, ils le font avec leurs sociétés d'État. Ils ont pris une décision stratégique. L'espace est important. Il en va de leur capacité de prendre soin de leurs citoyens et de veiller sur leur sécurité nationale. Ils font donc de gros investissements.
C'est la même chose aux États-Unis. Je lève mon chapeau aux réalisations de SpaceX. Écoutez ce qu'en a dit Mme Cooper. Elle a dit avec justesse qu'avec sa capacité de lancer des satellites, SpaceX est intégrée verticalement, ce qui lui procure certains avantages lorsque vient le temps de déployer une constellation LEO et de passer à l'étape suivante. Ce n'est pas arrivé par accident. C'est en pleine connaissance de cause que l'administration Obama a pris la décision stratégique de renoncer au lancement de la navette spatiale et de confier à l'industrie américaine le soin de prendre la relève. SpaceX a su relever le défi. C'est ainsi qu'elle a reçu des milliards de dollars pour mettre au point ses fusées et la capsule Dragon, que nous avons tous pu voir hier soir, et maintenant pour mettre au point des satellites à orbite basse et autres choses du genre. C'est un avantage énorme pour elle.
Oui, à plus petite échelle, l'entente de 600 millions de dollars conclue avec le gouvernement du Canada a été essentielle pour aider Télésat à concurrencer ces géants — pas seulement les entreprises, mais les gouvernements — et à se tailler une place dans ce secteur.
Je pense que nous allons y arriver. C'est une course à l'espace, un enjeu extrêmement stratégique. Il n'y a pas que la Russie, la Chine et l'Inde. Il y a les États-Unis. Il y a les Européens. Il y a le Royaume-Uni qui soutient OneWeb. Si l'espace est important pour le Canada, alors le Canada doit ouvrir grand les yeux, regarder ce qui se passe dans le monde et prendre part à la course.
Le Canada le fait, mais, et j'insiste, les audiences qu'ISDE tient actuellement sont d'une importance cruciale. C'est une question existentielle pour nous à Télésat, pour notre volonté d'investir dans le réseau LEO et de soutenir la concurrence mondiale.