Que la Chambre demande au gouvernement de respecter la coutume en matière de représentation régionale pour la nomination des juges à la Cour suprême du Canada, notamment dans le processus de remplacement du juge Thomas Cromwell, représentant du Canada atlantique à la Cour suprême, qui prend sa retraite.
-- Monsieur le Président, j'ai l'honneur et le plaisir de partager mon temps de parole avec le député de .
Je ne peux pas vraiment commencer mon intervention sans avouer à quel point j'ai été ému par ce qui s'est dit à propos du député de . Celui-ci a accompli un travail extraordinaire. J'ai été très fier de siéger au Parlement avec lui et j'ai été particulièrement touché par son allocution. J'espère que les gens qui étudient l'histoire de la Chambre des communes considéreront comme un des grands moments de cette enceinte les paroles prononcées par le député aujourd'hui.
J'interviens aujourd'hui pour défendre les intérêts des gens du Canada atlantique devant la remise en question par le de la convention constitutionnelle selon laquelle le Canada atlantique doit être représenté à la Cour suprême du Canada. Je parle au nom du Canada atlantique, mais en fait, je pense que tout le monde au pays est concerné par la convention constitutionnelle relative à la composition de la Cour suprême. Je suis certain que les habitants de l'Ouest trouveraient tout aussi inacceptable que le premier ministre se mette à douter que leur région doive être représentée à la Cour suprême. Je crois que ce serait le cas.
J'ai récemment été fasciné par la lecture d'un dossier portant sur mon arrière-arrière-grand-père, Alexander Campbell, qui s'est distingué en tant que député du comté d'Inverness à l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Même si le hansard tel que nous le connaissons aujourd'hui n'existait pas à l'époque, on transcrivait quand même fidèlement les paroles des députés, puis on faisait un résumé qu'on imprimait. J'ai été fasciné de constater que mon aïeul se demandait si le Cap-Breton était laissé pour compte, s'il obtenait sa juste part du gâteau d'Ottawa. Je me suis dit qu'il était malheureux et ironique qu'encore aujourd'hui, on se demande si le Canada atlantique ne serait pas laissé pour compte et traité injustement.
Il s'agit d'une convention constitutionnelle qui existe depuis plus de 140 ans, qui fonctionne bien et qui est tout à fait appropriée. Il s'agit d'un élément essentiel de ce pays, et ce, depuis sa création. Il y a 2,3 millions d'habitants au Canada atlantique, et il est inacceptable d'affirmer qu'ils ne bénéficieront plus de cette convention constitutionnelle qui leur assure un représentant à la Cour suprême du Canada.
J'espère que mes collègues du Parti conservateur et moi ne serons pas les seuls à nous opposer à cette idée. Des gens viennent me voir pour me dire qu'il faut comprendre que les libéraux n'aiment rien dans notre système, qu'ils n'aiment pas notre système électoral et n'aiment pas non plus la composition de la Cour suprême du Canada. Mais ne pas aimer n'est pas une raison suffisante. Les systèmes dont nous nous sommes dotés au Canada fonctionnent à merveille. Nous devrions être très fiers de ce que nous avons fait dans le cas de la Cour suprême.
Comme les députés peuvent le constater en lisant la motion, je l'ai rédigée ainsi dans l'espoir qu'elle ne soit pas perçue comme une motion partisane, déraisonnable ou inspirée par la colère. J'espère qu'une partie des 31 députés de la région de l'Atlantique se rangeront du côté de ceux du Parti conservateur pour défendre la même position. Bien sûr, le n'aime pas la motion, mais l'appuyer est la bonne décision à prendre. Je vous avoue franchement que le silence de certains me paraît assourdissant, et j'espère que, parmi les quatre premiers ministres libéraux des provinces de l'Atlantique, quelques-uns se feront entendre. Il y a une semaine, j'ai entendu les chefs de l'opposition appartenant au Parti progressiste-conservateur, dans les provinces de l'Atlantique, se prononcer à l'unanimité, avec enthousiasme, pour le maintien de cette convention constitutionnelle et dire que c'est une règle équitable.
Le Parti conservateur n'est pas le seul à penser que c'est une excellente idée de continuer d'appliquer cette convention. Un mouvement d'appui s'est formé. Je voudrais porter à votre attention d'autres prises de position dans ce sens.
Un juge du Canada atlantique qui a voulu préserver l'anonymat, ce que je peux comprendre, aurait dit ceci:
Tout le monde reçoit cela comme une gifle au visage. On exclut le Canada atlantique sans raison valable.
Je cite René J. Basque, de l'Association du Barreau canadien:
Nous aimerions que la plus haute cour du Canada continue de représenter toutes les régions du pays. Tous les représentants des régions, des systèmes judiciaires et de la population contribuent à orienter le domaine juridique grâce à la diversité de leurs connaissances et de leurs points de vue.
Une lettre de l'Association du Barreau canadien dit ceci:
Notre plus haute cour doit continuer à représenter toutes les régions du Canada, y compris celles de l’Atlantique. Par conséquent, nous vous exhortons à modifier le mandat du comité consultatif énoncé dans votre lettre du 4 août 2016, afin de garantir que le poste vacant des provinces de l’Atlantique sera offert à un candidat ou à une candidate méritoire de cette région du Canada. Nous vous exhortons en outre à honorer la représentation régionale lors de la dotation ultérieure de postes vacants à la Cour suprême.
Il n'est pas difficile de trouver des juges qualifiés qui proviennent du Canada atlantique. J'ai eu l'insigne honneur d'occuper la fonction de ministre de la Justice plus longtemps que ne l'a fait n'importe qui, du moins de mon vivant. J'ai participé à des centaines de nominations. Il y a des gens qui feraient d'excellents candidats au Canada atlantique.
C'est tout ce que mes collègues du Parti conservateur et moi-même demandons. Agissons comme il se doit.
Nous devons examiner toutes les candidatures possibles. Je vous dirai que des poursuites ont été intentées par des avocats du Canada atlantique, parce qu’ils estiment, à juste raison, que cela va à l’encontre d’une convention constitutionnelle. J’estime moi aussi, et je l’ai déjà dit, que cela va à l’encontre d’une convention constitutionnelle, d’autant plus que je suis convaincu, par principe, qu’il est important que toutes les régions du pays soient représentées à la Cour suprême du Canada. Ce n’est pas seulement une question de convention constitutionnelle, c’est une question de principe.
Il y a bien des choses qui ne plaisent pas au gouvernement et au , notamment notre système électoral au Canada. Il y a bien des choses qui ne leur plaisent pas et qui, pourtant, ont parfaitement servi les intérêts du Canada.
La convention relative à la composition de la Cour suprême du Canada en est un exemple, qui a toujours bien servi les intérêts du Canada, et il faut la conserver. J’invite les 31 députés qui représentent des circonscriptions de l’Atlantique à examiner avec soin le libellé de cette motion. Elle n’est pas particulièrement partisane. Cela ne devrait poser aucun problème. Ils ne doivent pas hésiter à défendre le Canada atlantique. Les habitants de cette région leur en seront reconnaissants. Leurs électeurs leur en seront reconnaissants car ils savent que c’est la chose à faire.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer vivement la motion invitant le et le gouvernement à nommer un Canadien de l’Atlantique pour remplacer le juge Cromwell.
Depuis que la Cour suprême a été créée en 1875, tous les gouvernements ont respecté le principe qui veut que le Canada atlantique soit représenté dans cette institution, tous sauf le gouvernement actuel.
La décision du gouvernement d’écarter le Canada atlantique de la Cour suprême est répréhensible pour de multiples raisons. Elle révèle un profond mépris à l’égard du Canada atlantique et des Canadiens de cette région, notamment à l’égard des dizaines de juristes et d’avocats qui sont éminemment qualifiés pour remplacer le juge Cromwell.
Cette décision révèle également un profond mépris à l’égard du principe de la représentation régionale, qui a pourtant été la caractéristique fondamentale du développement de la Cour suprême, et plus globalement, des institutions canadiennes. Elle fait entièrement fi d'une convention constitutionnelle qui garantit au Canada atlantique une représentation à la Cour suprême.
Il y a pourtant deux ans à peine, la Cour suprême a statué, dans l’affaire Nadon, que le Parlement n’a pas le pouvoir de modifier unilatéralement la composition d’un tribunal.
Aujourd’hui, ce n’est pas le Parlement qui veut modifier unilatéralement la composition d’un tribunal, c’est le pouvoir exécutif. C’est le gouvernement qui veut modifier la composition de la Cour suprême afin d’en écarter le Canada atlantique.
Il y a un peu plus d’un mois, la a comparu devant le comité de la justice. Je lui ai alors demandé, au vu de la décision Nadon, de quel pouvoir le gouvernement disposait précisément pour modifier unilatéralement la composition d’un tribunal. Malgré tout le respect que je dois à la ministre de la Justice, je dois dire que je n’ai pas obtenu de réponse claire, et que j’en attends toujours une, d’elle ou d’un autre député libéral, sur cette question importante. Je suppose que, si je n’ai pas eu de réponse claire, c’est parce qu’il y a tout lieu de penser que, sur le plan juridique, le gouvernement n’a pas le pouvoir de modifier unilatéralement la composition d’un tribunal et, en l’occurrence, d’empêcher que le Canada atlantique soit représenté à la Cour suprême.
Si le décide de ne pas nommer un Canadien de l’Atlantique pour remplacer le juge Cromwell, quelles en seront les conséquences? Bien évidemment, le Canada atlantique ne sera pas représenté à la Cour suprême, pour la première fois en 141 ans. Qui plus est, le Canada atlantique sera ostracisé, en ce sens qu’il sera la seule région à ne pas être représentée à la Cour suprême. Étant donné l’existence d’une convention constitutionnelle, il sera possible d’invoquer des arguments juridiques pour contester la constitutionnalité d’une telle nomination.
Il n’est donc pas étonnant que le processus de nomination proposé par les libéraux soit massivement dénoncé par des avocats et des universitaires de toutes les régions du Canada, notamment l’Association du barreau canadien et l’Association des avocats plaideurs des provinces de l’Atlantique.
Quelles personnes n’ont soulevé aucune objection et sont restées muettes à propos à la représentation des provinces de l’Atlantique à la Cour suprême? Ce sont les 32 députés libéraux du Canada atlantique. Ils n’ont pas pipé mot. Pas un mot, pas une objection du . Pas un mot, pas une objection du ministre responsable de l’APECA et des provinces de l’Atlantique. D’où vient-il d'ailleurs? Le ministre responsable des provinces de l’Atlantique vient de Mississauga. Je suppose que le n’a jamais appris à l’école que Mississauga est en Ontario, et non dans une province de l’Atlantique. Quoi qu’il en soit, le ministre responsable du Canada atlantique qui vient de Mississauga, en Ontario, n’a pas dit un mot pour défendre la représentation des provinces de l’Atlantique à la Cour suprême.
Nous avons maintenant 32 députés libéraux de l’Atlantique qui restent les bras croisés au lieu de s'élever contre un processus de nomination qui va à l'encontre de la Constitution. Voilà 141 ans que la région de l’Atlantique est représentée à la Cour suprême et ces députés ne font rien pour perpétuer cette tradition. Ils refusent de se porter à la défense des juristes et des avocats hautement qualifiés de leur région. Par-dessus tout, ils faillissent à la responsabilité première que le peuple canadien leur a confiée en les envoyant au Parlement, c'est-à-dire défendre les intérêts du Canada atlantique.
Depuis presque un an que je suis ici, j’ai appris à connaître un certain nombre de députés des provinces de l’Atlantique. Je suis profondément convaincu qu’ils désirent faire ce qui est juste et représenter de la meilleure façon possible leurs concitoyens et leur région. C’est pourquoi il est si triste et décevant de constater leur inaction dans ce dossier crucial.
Toutefois, cette motion de l’opposition offre à ces 32 députés libéraux l’occasion de s’unir au Parti conservateur pour défendre les provinces de l’Atlantique. À eux de choisir. Ils peuvent soit défendre le principe de la représentation des provinces de l’Atlantique, soit appuyer le processus de nomination du , qui envisage d’écarter la région de l’Atlantique. C'est un processus contestable et douteux sur le plan constitutionnel. Le choix est clair. Il sera très intéressant de voir quelle option les députés choisiront.
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Monsieur le Président, c’est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd’hui au sujet de la motion sur le processus de sélection des prochains juges de la Cour suprême du Canada.
La motion souligne, à juste titre, l’importance de la coutume en matière de représentation régionale. C’est une coutume qui a bien servi la cour ainsi que le pays et je souhaite l’aborder avec sérieux. Avant de parler de la représentation régionale, permettez-moi de situer cette motion dans le contexte du nouveau mécanisme établi par le gouvernement du Canada pour les nominations à la Cour suprême du Canada.
Les Canadiens ont le grand privilège de pouvoir compter sur les juges de la plus haute distinction et de la plus grande compétence qui soient depuis la création de la cour. La Cour suprême est reconnue autant ici qu’à l’étranger pour son excellence et sa compétence en matière de droit. Ses décisions sont citées par d’autres cours suprêmes du monde qui reconnaissent le leadership du Canada en matière de protection et de promotion des droits et libertés.
J’aimerais prendre un moment pour rappeler l’excellence des juges anciens et actuels de la Cour suprême. Ceux-ci se sont tous distingués dans leur fonction judiciaire, ce qui témoigne de la grande compétence de notre profession juridique que bon nombre d’entre eux ont exercée avec grande distinction. Dans ses décisions, la Cour suprême interprète notre constitution, confirme nos droits individuels et collectifs et nous rappelle nos responsabilités.
Le processus de sélection que nous avons établi vise à perpétuer la fière tradition d’excellence de la Cour suprême. En rehaussant la crédibilité du processus de nomination, nous renforçons la confiance des Canadiens dans cette institution essentielle.
Bien que les juges nommés à la Cour suprême du Canada aient toujours fait preuve d’une compétence exceptionnelle, le processus de nomination a fait l’objet de critiques en raison de son manque de transparence et de reddition de comptes. Les Canadiens sont en droit d’avoir un processus de nomination ouvert et rigoureux qui saura renforcer la confiance des citoyens dans le plus haut tribunal du pays. Le gouvernement du Canada est donc extrêmement fier de ce nouveau processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada, un processus ouvert, inclusif et responsable envers les Canadiens.
Ce nouveau processus garantit la transparence de bien des manières, notamment en rendant publique l’information sur les différentes étapes et les critères d’évaluation des candidats. L’identité des évaluateurs a également été rendue publique.
Le fait de rendre publics le processus et les critères d’évaluation fait en sorte que les décideurs devront rendre compte de leurs décisions. De plus, la présidente du comité consultatif et moi-même comparaîtrons devant le Parlement pour expliquer le processus de sélection et justifier le choix du candidat retenu par le gouvernement.
Le processus du gouvernement n’a jamais été aussi transparent et inclusif, permettant à tout avocat ou juge canadien qualifié de présenter sa candidature dans le cadre d’une mise en candidature ouverte. L’organisme chargé de dresser une liste de candidats exceptionnels est aussi de nature inclusive.
Comme les députés le savent, au cœur de ce nouveau processus, se trouve le Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada composé de sept membres, notamment un juge à la retraite nommé par le Conseil canadien de la magistrature, deux avocats, un nommé par l’Association du Barreau canadien et l’autre, par la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, et un spécialiste du droit nommé par le Conseil des doyens et doyennes des facultés de droit du Canada. Les trois autres membres, dont deux n’exercent pas la profession d’avocat, ont été nommés par moi en ma qualité de ministre de la Justice.
La composition du comité consultatif avait pour objet de garantir que les candidats seraient évalués par une entité indépendante et non partisane et que l’entité en question présente l’expérience, l’expertise et la diversité nécessaires pour appliquer efficacement les critères d’évaluation. À cet égard, la représentation des milieux judiciaire et juridique contribuera de façon importante à l’évaluation des qualifications professionnelles des candidats. Les membres qui n’exercent pas la profession d’avocat sont des Canadiens éminents et respectés qui offrent une perspective plus large et aident à soumettre les diverses opinions aux délibérations du Comité. Nous avons choisi les membres avec soin afin de garantir l’équilibre entre les sexes, la diversité, notamment linguistique, et l’équilibre régional dans la composition du comité.
Il importe de souligner que les membres du comité ne participent pas aux travaux dans le but de représenter les intérêts des circonscriptions. Leur rôle consiste plutôt à mettre à contribution leurs antécédents et points de vue pour déterminer les meilleurs candidats.
Le comité consultatif a, pour tâche principale, de recommander, à l’intention du et de façon non contraignante, entre trois et cinq candidats qualifiés et fonctionnellement bilingues, y compris du Canada atlantique.
La période de mises en candidature a pris fin le 24 août et depuis, le comité consultatif évalue les candidats en fonction de la liste de critères publiée portant sur les aptitudes, l’expérience et les qualités que les candidats doivent posséder pour accéder à la plus haute instance d’appel du pays. Les critères portent aussi sur les besoins institutionnels de la Cour suprême.
Plus précisément, les candidats seront évalués conformément aux aptitudes et à l’expérience personnelles que voici: connaissance supérieure démontrée du droit; aptitudes analytiques supérieures; capacité de résoudre des problèmes juridiques complexes; conscience du contexte social dans lequel les litiges surviennent et capacité à résumer les renseignements pertinents; clarté de pensée se manifestant particulièrement dans l’écrit; capacité de travailler dans des délais très serrés tout en examinant attentivement et avec diligence un volume important de documents écrits dans tous les domaines du droit; et engagement à l’égard du service public.
Les candidats seront aussi évalués selon les qualités personnelles suivantes: intégrité personnelle et professionnelle irréprochable; respect et considération envers les autres; capacité de tenir compte d’opinions, de points de vue et d’expériences de vie variés, y compris concernant des groupes traditionnellement désavantagés de la société canadienne; force morale, discrétion; et ouverture d’esprit.
Enfin, dans le cadre de leur évaluation, les membres du comité consultatif tiendront compte des besoins institutionnels de la Cour que voici: assurer un équilibre raisonnable entre l’expertise en droit public et celle en droit privé, en tenant compte des tendances historiques de répartition de ces domaines dans les appels à la Cour suprême; expertise dans tout sujet précis dont il est régulièrement question dans les appels et qui est actuellement sous-représentée à la Cour; et veiller à ce que les membres de la Cour suprême reflètent raisonnablement la diversité de la société canadienne.
Le gouvernement est convaincu que l’application de ces critères d’évaluation permettra de repérer des candidats exceptionnels pour notre plus haut tribunal.
Comme je l’ai fait remarquer, le comité consultatif est chargé de repérer entre trois et cinq candidats qualifiés et fonctionnellement bilingues dans ce bassin de candidats dans lequel il doit y avoir des candidats du Canada atlantique. Il reviendra alors au , avec mon aide en tant que ministre de la Justice, de choisir un candidat figurant sur la liste.
Notre gouvernement prend cette responsabilité très au sérieux. La brève liste fera l’objet de consultations auprès de la juge en chef du Canada, des procureurs généraux des provinces et territoires pertinents, des ministres du cabinet, des porte-paroles de l’opposition en matière de justice et des membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes et du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles.
Une fois le candidat choisi par le , je comparaîtrai devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes avec la présidente du comité consultatif pour expliquer en quoi la personne choisie satisfait aux exigences prévues par la loi et aux critères.
Après l’audience du comité, le candidat choisi participera aussi à une séance modérée de questions et réponses avec les membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes et du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles et des représentants du Bloc Québécois et du Parti vert. Notre gouvernement estime que ce processus établira une norme élevée en matière de reddition de comptes et servira à rehausser la confiance des Canadiens dans notre système de justice.
Maintenant que j'ai brossé un tableau descriptif du nouveau processus gouvernemental de nomination à la Cour suprême, je passe à cette importante question soulevée par le député de au sujet de la tradition de la représentation régionale. Je remercie mon collègue de me permettre de parler de cet aspect important de notre nouveau processus ouvert et transparent de nomination à la Cour suprême du Canada.
La motion demande au gouvernement de respecter la coutume de la représentation régionale au moment de faire des nominations à la Cour suprême du Canada et fait spécialement mention de la vacance occasionnée par la retraite du juge Thomas Cromwell.
Je tiens à intervenir en faveur de la motion. La représentation régionale du tribunal a été une priorité dans nos efforts pour créer un nouveau processus de nomination à la Cour suprême. Dans sa lettre à l’intention des membres du Comité consultatif indépendant, le a chargé le Comité de bien tenir compte de la coutume de la représentation régionale au moment de formuler des recommandations. Le premier ministre a ensuite fait en sorte que cette coutume se reflète dans la brève liste préparée par le Comité en demandant qu’il y ait dans la liste en question des candidats du Canada atlantique.
En précisant les facteurs qui influenceront les délibérations du Comité et en demandant que la brève liste comprenne le nom de candidats du Canada atlantique, le a affirmé l’engagement pris par notre gouvernement de respecter la coutume de la représentation régionale. Nous sommes vraiment déterminés à perpétuer cette représentation au tribunal. Il s’agit d’un engagement envers les régions du Canada, mais aussi envers la grande diversité de notre pays.
Comme notre l’a déclaré à juste titre, la diversité, c’est la force du Canada. Ce n’est pas un obstacle à surmonter ou une difficulté à tolérer. Notre diversité, c’est pour nous un atout en tant que pays. Nous estimons que la diversité dans toute sa richesse est aussi un atout pour la Cour suprême et le système judiciaire en général. C’est aussi ce que croit la juge en chef du Canada quand elle affirme ce qui suit.
La diversité dans le système judiciaire est importante pour deux raisons. Premièrement, à l'instar de la compréhension du contexte social, la diversité au sein de la magistrature est un bon moyen d’apporter des perspectives et des points de vue différents et importants au jugement. Deuxièmement, une magistrature diversifiée, qui reflète la société qu'elle sert, renforce la confiance du public dans le système de justice.
Une Cour suprême qui n'est pas représentative des régions ne sera pas un tribunal diversifié. Ce n'est pas pour rien que la coutume de la représentation régionale a vu le jour et a été respectée tout au long de l’histoire du tribunal. On aurait toutefois tort de supposer que cette coutume manque de souplesse ou doit avoir une application trop rigide.
La souplesse de la coutume, comme il en a été fait mention plus tôt à la Chambre, a été manifeste entre 1979 et 1982, quand le juge Spence de l’Ontario a pris sa retraite et a été remplacé en 1979 par le juge McIntyre de la Colombie-Britannique. Pendant trois ans, il y a eu trois juges de l’Ouest canadien au tribunal, au lieu des deux juges habituels.
En 1982, le juge Martland, de l'Alberta, a pris sa retraite. Il a été remplacé par une juge de l'Ontario, qui a été la première femme nommée à la Cour suprême. À peu près tous les députés connaissent son nom. Il s'agit de Bertha Wilson. Sa nomination a été rendue possible en partie parce qu'on a su faire preuve de souplesse en observant la coutume en matière de représentation régionale, et elle a eu des retombées positives pour la Cour suprême, puisque Mme Wilson a contribué à bon nombre d'excellentes décisions prises par celle-ci. En fait, ce précédent met en lumière une vérité générale.
Le respect de la coutume en matière de représentation régionale requiert une certaine souplesse. Sans cette souplesse, les trois territoires du Canada ne seraient jamais représentés au plus haut tribunal du pays. En observant cette coutume de façon trop stricte, nous priverions nos territoires de la possibilité d'avoir des représentants à la magistrature. Si nous n'avions pas une certaine marge de manoeuvre, l'Ouest canadien n'aurait jamais pu être représenté par trois juges à la Cour, et le Canada atlantique n'aurait jamais la chance d'être représenté par plus d'un juge au plus haut tribunal du pays. Sans cette marge de manoeuvre, nous ne pourrions pas profiter de la grande mobilité des Canadiens qui pratiquent le droit dans différentes provinces et qui ne s'identifient pas à une région du Canada en particulier.
Je pense par exemple à la juge Bertha Wilson, qui est devenue membre du Barreau de la Nouvelle-Écosse avant de pratiquer le droit en Ontario et d'être nommée juge dans cette province. Il y a aussi le juge Thomas Cromwell, né à Kingston, qui a pratiqué et enseigné le droit en Ontario avant de déménager en Nouvelle-Écosse et d'être nommé juge dans cette province.
L'expérience acquise par le juge Cromwell, la juge Wilson et beaucoup d'autres avocats et magistrats au sein des nombreuses juridictions de partout au pays est enrichissante, car elle apporte diverses perspectives et contributions en matière de droit. Nous devons éviter d'écarter ces perspectives et contributions en identifiant trop rapidement et trop simplement les Canadiens à une région donnée et en ne tenant pas compte du fait qu'ils peuvent aussi s'identifier à d'autres régions du Canada. Nous devons également garder à l'esprit que nous disposons d'une certaine marge de manoeuvre en ce qui concerne la coutume en matière de représentation régionale.
En prenant la parole pour appuyer cette motion, je tiens aussi à souligner que le gouvernement est résolu à ce que la Cour suprême représente bien les régions du Canada et la grande diversité de notre pays. Je suis convaincue que grâce au nouveau processus de nomination à la Cour suprême, qui est axé sur l'ouverture et la transparence, les habitants du Canada atlantique et, en fait, tous les Canadiens seront représentés au sein de cette prestigieuse institution nationale, qui joue un rôle essentiel.
À titre de députée et de Canadienne, j'ai très hâte de savoir quelle sera la décision ultime du et d'avoir l'occasion d'entendre directement le point de vue du candidat retenu. C'est extraordinaire de pouvoir participer au processus de nomination du prochain juge de la Cour suprême.
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Monsieur le Président, la question pour les Canadiens aujourd'hui est de déterminer le genre de Cour suprême que nous souhaitons avoir et comment y parvenir.
Sommes-nous satisfaits des divers systèmes de nomination par l'exécutif qui ont été utilisés dans les dernières décennies, ou est-il temps d'adopter un système plus ouvert, plus inclusif et plus durable? La tradition des quotas régionaux fonctionne-t-elle adéquatement de nos jours, ou devrait-elle être remise en question ainsi que d'autres valeurs pour faire en sorte que la Cour reflète mieux la composition de notre grand pays?
Ces questions ne doivent pas servir à diviser les Canadiens. Chacun de nous ainsi que chaque personne de notre entourage y répondra différemment. Les habitants du Canada atlantique ont raison d'être préoccupés au sujet de la représentation régionale au sein de la Cour. Bien sûr, on ne peut pas mettre toutes les provinces de l'Atlantique dans le même panier. Ensemble, les quatre provinces de l'Atlantique ont fourni trois juges en chef à la plus haute instance judiciaire du pays. Or, nous n'avons jamais eu de juge provenant de Terre-Neuve-et-Labrador, tandis que le dernier issu de l'Île-du-Prince-Édouard a été nommé en 1924.
La tradition des quotas régionaux au sein de la Cour suprême n'indique nullement comment assurer une juste représentation parmi les provinces de l'Atlantique, pas plus qu'elle ne garantit l'équilibre entre chacune des provinces de l'Ouest. Quel que soit le moment, plusieurs provinces de l'Ouest et de l'Atlantique ne sont pas représentées à la Cour, et il n'existe aucun mécanisme pour remédier à ces inégalités au fil du temps.
Il n'est donc pas surprenant que certains se demandent si l'application rigoureuse de quotas suffit à assurer une bonne représentation régionale. On s'entend largement dans cette Chambre — et dans l'ensemble du pays d'ailleurs — sur le fait que le plus haut tribunal du pays doit refléter la population qu'elle sert.
Si l'on s'entend sur ce principe, il faut alors reconnaître que la représentation régionale n'est pas le seul enjeu. Il est honteux de constater que les peuples autochtones et les minorités visibles ont toujours été totalement écartés. Et si l'on célèbre la représentation accrue des femmes à la Cour suprême, celles-ci sont loin d'être équitablement représentées au sein de la magistrature.
Il ne s'agit pas de savoir si la Cour suprême doit représenter tous les Canadiens et toutes les régions du pays, mais de savoir comment faire en sorte que cette représentation soit assurée pour les années à venir.
Malheureusement, la motion dont nous sommes saisis n'offre pas de solution et vise plutôt à nous diviser.
Nous voterons toutefois en sa faveur. La motion comprend deux parties; la première est une déclaration générale réaffirmant le respect que l'on doit à la coutume en matière de représentation régionale. Nous sommes évidemment totalement d'accord avec cette proposition. Comme on l'a dit, la représentation régionale doit continuer d'être un critère essentiel des nominations. La seconde partie laisse toutefois entendre que le juge Cromwell représente simplement le Canada atlantique. C'est un point de vue restreint qui ne rend pas justice à sa contribution.
Peter Hogg a écrit ceci au sujet de la représentation régionale:
La fonction judiciaire, telle qu'elle est interprétée au Canada et dans d'autres pays, ne permet pas à un juge de « représenter » sa région d'origine de façon directe, et encore moins de privilégier les arguments des personnes ou des gouvernements de cette région.
Il est essentiel que notre Cour suprême soit une institution capable d'étudier une affaire provenant d'une région donnée à la lumière des caractéristiques propres à cette région.
Pour comprendre où nous en sommes, un bref rappel historique s'impose. La création de la Cour suprême ne découle ni de la Confédération ni de la Loi constitutionnelle de 1867. Même si la Loi constitutionnelle permettait la création d'une cour générale d'appel, il a fallu attendre huit ans avant que cette cour soit effectivement créée. Jusqu'en 1875, notre tribunal de dernière instance était celui du Royaume-Uni.
La Cour suprême du Canada a simplement été créée au moyen d'une loi fédérale. C'est cette simple loi promulguée par le Parlement qui encadre la compétence et la composition de la Cour.
Que prévoit-elle concernant la composition de la Cour?
Au début, la Cour suprême ne comptait que six juges, et la loi exigeait qu'au moins deux de ces juges viennent du Québec. En 1927, on a ajouté un septième juge, puis deux autres, en 1949. Après ce dernier ajout, le nombre de juges provenant du Québec est passé à trois, et ce nombre est toujours le même à l'heure actuelle.
La représentation régionale actuelle, soit trois juges du Québec, trois juges de l'Ontario, deux juges des quatre provinces de l'Ouest, puis un juge provenant de l'une des quatre provinces de l'Atlantique, constitue une pratique très récente, qui ne remonte en fait qu'à 1949. Elle a été adoptée il y a environ 67 ans, mais il importe de noter que les nominations n'ont pas été effectuées de façon automatique. Par exemple, comme la ministre l'a précisé dans ses observations, en 1978, le juge Spence de l'Ontario a pris sa retraite et a été remplacé par le juge McIntyre de la Colombie-Britannique, et non par un juge de l'Ontario. Quatre ans plus tard, un juge de l'Alberta a pris sa retraite et a été remplacé par une juge de l'Ontario, Bertha Wilson, rétablissant ainsi, au fil du temps, l'équilibre habituel.
Là où je veux en venir, c'est que le processus de nomination n'est pas contraignant. Il s'agit d'une convention qui a toujours très bien fonctionné, mais ce n'est pas un processus automatique.
De même, la pratique qui consiste à nommer tour à tour des juges en chef francophones et anglophones, qui a en général été suivie depuis 1944, n'est pas non plus automatique. Cette pratique n'a pas été suivie de 1984 à 1990, par exemple.
Ces deux traditions ont joué des rôles déterminants pour la représentation régionale et linguistique, mais elles ne datent pas de particulièrement longtemps, et leur application n’a pas non plus été constante. Chacune contribue à l’objectif suprême qu’est une cour représentative, mais pas selon une approche à l’emporte-pièce.
La convention concernant la représentation régionale a permis d’éviter les pires inégalités entre nos régions, sans toutefois mener à une représentation équitable pour chaque province. Comme je l’ai déjà mentionné, la triste réalité est qu’il n’y a jamais eu de juge issu de Terre Neuve-et-Labrador, et cela fait près d’un siècle qu’un juge provenant de l’Île-du-Prince-Édouard n’a pas siégé à la Cour suprême.
Pareillement, la convention relative à l’alternance des juges en chef n’a pas garanti une représentation linguistique équitable, car bien que les arguments soient reçus dans les deux langues officielles, la Loi sur la Cour suprême elle-même n’exige pas encore des juges qu’ils soient bilingues. De nombreux Canadiens seraient surpris d’apprendre cela. Après tout, une proposition visant à régler cette situation a été adoptée par la Chambre des communes il y a longtemps déjà, en 2010. Malheureusement, cette proposition a été bloquée au Parlement par les conservateurs, et elle n’est jamais devenue loi.
Cela dit, je me dois de saluer le travail acharné de mon collègue, le député de , qui porte le flambeau de cette indispensable réforme.
Il est question ici de garantir que les gouvernements futurs respectent le principe fondamental de l’accès égal à la justice. C’est ce qui a inspiré notre ancien collègue d’Acadie-Bathurst, Yvon Godin, à défendre ce projet de loi dans les législatures passées.
Je suis reconnaissant envers le député de pour son travail inlassable et son dévouement à voir cet objectif atteint cette année.
En partie, nous avons dû compter sur des traditions et des réformes continues parce que la loi qui a établi la Cour et défini sa composition impose simplement deux exigences: la première, que la personne nommée soit juge à la Cour supérieure d’une province ou un avocat inscrit au barreau de cette province depuis au moins 10 ans; la seconde, qu’au moins trois des neuf juges viennent de la juridiction de droit civil du Québec.
Beaucoup de Canadiens ont le sentiment qu’une loi abrégée de la sorte ne tient pas compte de l’ensemble des valeurs qui devraient éclairer la nomination des membres de notre plus haut tribunal. Ils veulent un juge et une cour qui représentent toutes les régions et comprennent nos différentes traditions culturelles et légales, notamment, je l’espère, le droit coutumier autochtone. Ils veulent une cour qui reflète la diversité du Canada d’aujourd’hui. Ils veulent une cour qui offre un accès égal à la justice pour chaque Canadien, peu importe la langue officielle qu’il choisit pour présenter sa cause.
Voilà pourquoi il est si important de laisser derrière nous les processus de nomination secrets qu’ont utilisés les derniers gouvernements, autant libéraux que conservateurs, et enfin mettre au point un processus de nomination ouvert, transparent et fondé sur le mérite qui résistera à l’épreuve du temps. Malheureusement, la résolution qui nous est présentée ne propose pas de solution à ce problème.
Les Canadiens ont des conceptions différentes de ce qui constitue un bon juriste et un tribunal diversifié. Comment tenir compte du sexe, de l’appartenance raciale et ethnique, de l’âge, de l’orientation sexuelle, de la religion et de la culture lorsqu’on veut établir un tribunal représentatif?
Tout comme beaucoup ont résisté à l’idée de nommer davantage de femmes dans nos tribunaux, certains soutiendront que les progrès réalisés sur le plan de la diversité et des tribunaux représentatifs ne reviennent qu’à cocher une case et laissent de côté le mérite. Cependant, le fait de présumer que les principes de mérite et de diversité sont en quelque sorte contradictoires fait du tort aux nombreux grands esprits juridiques de tous les horizons que nous avons au Canada et néglige la valeur que représente une expérience personnelle diversifiée.
Les Canadiens savent que pour s’attaquer aux questions les plus pressantes en matière de droit aujourd’hui, les tribunaux doivent non seulement comprendre le caractère distinctif de nos régions, mais ils doivent comprendre beaucoup plus. Ils doivent amener l’expérience des minorités racialisées dans le système judiciaire et tenir compte de la langue et de la culture d’où sont issus les traités autochtones.
À ceux qui voudraient faire obstacle à ce progrès, nous dirions simplement ceci: au XXIe siècle, nous nous attendons à ce que nos tribunaux soient aussi diversifiés que nos communautés. Il ne s’agit pas de mettre la barre moins haut, mais plus haut.
Nous devons nous rappeler que les fossés que ces nominations cherchent à combler ne sont pas étroits. Pour de nombreux Canadiens, il y a encore un vaste gouffre entre leur représentation dans nos communautés et leur représentation dans nos tribunaux.
Les femmes ont fait d’énormes progrès vers une représentation égale au cours des dernières décennies, mais elles ne représentent encore qu’un tiers des juges canadiens. Nos tribunaux et la Chambre des communes ont beaucoup de travail à faire pour atteindre l’égalité.
Dans d’autres secteurs, les fossés sont encore plus profonds. Une enquête menée cette année a révélé que seulement 3 % des 2 160 juges des tribunaux inférieurs du Canada appartiennent à des minorités raciales, et qu’à peine 1 % sont des Autochtones. En Ontario, où les tribunaux criminels se heurtent à une surreprésentation de prévenus autochtones et de race noire et où les cas de protection de l’enfance, notamment, nécessitent une sensibilité aux différences culturelles, seulement 24 juges sur 334 se sont identifiés comme appartenant à des minorités ethniques.
En Saskatchewan, les résidants autochtones sont sous-représentés dans les tribunaux dans un rapport de 10 à 1. Partout au pays, les peuples autochtones sont sous-représentés dans les tribunaux mais surreprésentés dans les prisons. Dans le Canada d’aujourd’hui, cela devrait constituer un appel à l’action.
La question est de savoir comment combler les fossés et faire en sorte que la Cour suprême du Canada reflète et représente plus fidèlement tous les Canadiens de toutes les régions de notre merveilleux pays. Les Canadiens répondront à cette question de différentes manières. Toutefois, il est clair que le fait d’abandonner le projet d’instaurer un processus de nomination durable, ouvert et transparent et de retourner à l’époque de la sélection secrète ne nous permettra pas d’atteindre notre objectif de représentation équitable.
Il est également clair que les quotas supplémentaires n’ont pas réussi à produire une représentation équitable pour toutes les provinces. C’est ainsi qu’aujourd’hui, il n’y a ni représentation équitable de toutes les provinces, ni équilibre équitable entre les provinces de l’Ouest ou celles de l’Atlantique.
Par contre, ce qui ne fait aucun doute, c’est que les Canadiens n’ont aucune leçon à tirer du bilan du Parti conservateur en ce qui concerne la Cour suprême — un parti qui est revenu sur sa promesse de transparence, qui a trouvé moyen de contourner son propre processus de nomination, qui a fait fi des exigences constitutionnelles et qui, dans la triste saga Nadon, a porté atteinte à l’intégrité de la juge en chef de la Cour suprême. Ce n’est pas le genre de modèle que nous devrions chercher à imiter.
Le fait de monter les Canadiens les uns contre les autres ne renforcera certainement pas la Cour suprême. On ne peut pas non plus réduire le problème d'un tribunal représentatif à une simple question géographique. Les Canadiens de l'Atlantique ne sont pas uniquement les habitants d'une région. Certains d'entre eux sont Autochtones, d'autres appartiennent à des minorités ethniques, d'autres encore à la communauté LGBTQ. Quoi qu'il en soit, tous comptent sur un tribunal qui respecte et comprenne leur expérience.
Je tiens à être clair. Les Canadiens de l'Atlantique méritent une représentation équitable à la Cour suprême et les libéraux doivent dès maintenant leur dire franchement comment le gouvernement entend assurer l'équité du processus de nomination qu'ils ont élaboré. Les libéraux ne devraient ni fermer la porte au grand nombre d'excellents juristes du Canada atlantique, ni faire abstraction du principe de la représentation régionale. Par conséquent, au moment d'exprimer notre appui à la Cour suprême, je suis encouragé de voir qu'ils appuient cette motion qui prône cette valeur prépondérante, une de nos nombreuses valeurs clés.
En conclusion, engageons-nous tous à respecter le principe clé que constitue la représentation régionale pour équilibrer la composition de la Cour suprême. Ce principe n'a jamais été une exigence en vertu de la loi et encore moins une exigence constitutionnelle, mais il doit être appliqué lorsqu'il s'agit de la composition de la Cour suprême.
Au cours de notre histoire, cette exigence, cette convention, cette coutume, cette tradition a été respectée, mais non dans le cadre d'un processus parallèle automatique qui prévoit que le tour de quelqu'un est arrivé. Au fil des ans, la Cour suprême a fidèlement illustré la composition régionale du Canada, mis à part certaines exceptions, qui méritent davantage d'attention, dans les provinces de l'Ouest et les provinces de l'Atlantique.
Les Canadiens ne sont plus satisfaits du processus opaque du dernier gouvernement conservateur.
Au gouvernement actuel, permettez-moi de dire ceci. Ne tenez pas simplement compte de la composition passée de la Cour. Réfléchissez à ce que devrait être sa composition à l'avenir. Il est temps que la Cour comprenne des juges qui comptent parmi les meilleurs juristes au pays et qui sont aussi d'origine autochtone, qui appartiennent à des minorités ethniques ou qui ne se définissent pas comme des hétérosexuels.
L'enjeu dépasse de simples considérations géographiques. Il est question ici de toutes les valeurs nécessaires pour bâtir une Cour suprême véritablement représentative et moderne, qui est au service de tous les Canadiens et qui est plus sage comme groupe que la somme de ses éléments individuels. Ne dit-on pas que le tout est supérieur à la somme de ses parties?
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Nous nageons dans l'allégresse, monsieur le Président.
J'ai été heureux d'être le porte-parole en matière de pêches cette dernière année, pendant laquelle j'ai eu l'occasion d'échanger avec des pêcheurs de différents secteurs du Canada atlantique. Pas plus tard que la semaine dernière, le caucus de l'opposition officielle s'est réuni à Halifax pour renouer et reprendre contact avec les Canadiens de cette région, comme l'a fait la chef de notre parti. Je crois qu'elle s'est rendue six fois dans la région depuis qu'elle est chef intérimaire.
D'après mes discussions avec les Canadiens de l'Atlantique, il ressort qu'ils ont l'impression que le gouvernement les tient pour acquis. Ils ont l'impression que les députés qu'ils ont élus pour les représenter à Ottawa les tiennent pour acquis. Je songe par exemple à l'allocation des quotas de crevettes nordiques, le principe du dernier entré, premier sorti, qui a été truqué en faveur d'une province. Tous les membres du comité, sauf un, provenaient de Terre-Neuve-et-Labrador. Toutes les réunions, sauf une, ont eu lieu à Terre-Neuve-et-Labrador et dans des régions qui souhaitaient qu'on modifie le système des quotas.
Le ministre a accepté la recommandation, et la décision de réduire les quotas de pêche a coûté aux pêcheurs de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick des dizaines de millions de dollars. Qu'a dit la députée de aux pêcheurs qui ont perdu des millions de dollars en raison de cette décision? Elle n'a rien dit. Elle est restée silencieuse, malgré le fait qu'elle a fait campagne en promettant de maintenir la politique du dernier entré, premier sorti. Depuis ce temps, elle n'a absolument rien dit.
Je suis allé à l'Île-du-Prince-Édouard et j'y ai rencontré des pêcheurs à Charlottetown, LaVie, Morell et O'Leary. Que m'ont-ils dit? Ils m'ont dit que le gouvernement avait modifié la taille approuvée pour les carapaces de homard, quelque chose qui ne s'était jamais produit du temps de la députée Gail Shea. Elle prenait la défense des pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard, mais elle n'est plus là pour le faire.
Il y a quatre députés libéraux dans cette région. Qu'ont-ils dit pour protéger les pêcheurs de homard de l'Île-du-Prince-Édouard? Rien du tout. Le nouveau député d' n'a rien dit. Le n'a rien dit. Le député de n'a rien dit. Les pêcheurs ne sont nullement représentés par leurs députés parce que ceux-ci ont peur de s'exprimer.
Le exprime la position du Parti libéral du Canada en ce qui concerne le Canada atlantique, mais pas nécessairement celle des députés qui ont été envoyés ici pour représenter les électeurs de cette région. Les pêcheurs de homard que j'ai rencontrés à O'Leary m'ont dit avoir l'impression que le , le député de Cardigan, est devenu muet. Les députés du Parti conservateur, qu'ils viennent de la Colombie-Britannique, de l'Ontario ou d'autres régions du pays, prendront la défense de la population du Canada atlantique si personne de l'autre côté de la Chambre n'est disposé à le faire.
Aujourd'hui, la a éludé la question lorsqu'on lui a demandé si elle insisterait pour que le prochain juge nommé à la Cour suprême vienne du Canada atlantique. Les libéraux ont dit qu'ils insistent pour que des candidats de cette région figurent sur la courte liste. Ce n'est pas ce que nous avons demandé aujourd'hui, et ce n'est pas non plus ce que les Canadiens de l'Atlantique réclament. Ils exigent de continuer d'être représentés à la Cour suprême comme ils l'ont été au cours des 140 dernières années.
J'aimerais maintenant citer un autre article, qui est cette fois tiré du Guardian, le journal de Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard. Gerard Mitchell, un ancien juge en chef de la Cour suprême de l'Île-du-Prince-Édouard, a écrit ceci:
Monsieur le premier ministre, je vous écris pour vous demander de bien vouloir remanier votre nouvelle politique concernant la nomination des juges à la Cour suprême du Canada. La correction devrait aller dans le sens de la coutume bien établie, qui veut que les candidats choisis soient de la même région que leur prédécesseur.
Le mérite et le maintien des perspectives régionales à la Cour devraient être les critères déterminants de la nomination. Le bilinguisme est certainement un atout, mais il n'a jamais été et ne devrait jamais être une exigence absolue pour être nommé à la Cour suprême du Canada. Le plus haut tribunal du pays doit compter des juges hautement qualifiés de toutes les régions du Canada, qu'ils soient bilingues ou non, afin de faire valoir les perspectives de celles-ci dans les grands dossiers juridiques du jour.
La représentation régionale au sein de la branche judiciaire du gouvernement est un élément important de la démocratie canadienne. La nature pancanadienne de la composition de la Cour ajoute à la légitimité de son pouvoir décisionnel. Si la nouvelle politique demeure inchangée, la Cour pourrait un jour être composée de neuf juges provenant d'une ou deux régions du pays.
Il nous faut défendre les intérêts des gens du Canada atlantique. L'opposition officielle est prête à le faire, même si les députés libéraux en ont choisi autrement.
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Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole à la suite de mon bon ami de Colombie-Britannique qui, au cours des derniers mois, s'est révélé un ardent défenseur du Canada atlantique au Parlement.
Dans son rôle de porte-parole du Parti conservateur au sujet des pêches, il a attiré l'attention sur un éventail de questions, ce qui montre que lorsqu'un parlementaire possède les connaissances et la passion voulues, il peut représenter l'ensemble des Canadiens, même une région située à l'autre extrémité du pays qui ne jouit pas d'une telle représentation de la part de ses 32 députés.
Tous les députés du Canada atlantique sont des libéraux. Je vais mettre en évidence l'hypocrisie dont font preuve certains de ces députés par leur manque d'engagement envers l'égalité pour le Canada atlantique au sein de l'une de nos principales institutions, en particulier le , qui feignait fréquemment l'indignation à la législature précédente si quelqu'un osait toucher à la Loi sur la Cour suprême. Ce même député décrit maintenant la convention constitutionnelle de longue date voulant qu'un juriste du Canada atlantique fasse partie de la plus haute instance comme étant une simple coutume. Or, avant, il soutenait que c'était nécessaire pour notre diversité en tant que pays.
C'est très, très décevant. J'aime beaucoup un grand nombre de députés des provinces de l'Atlantique. J'y ai moi-même vécu longtemps, et je sais qu'ils ont de bonnes intentions. Mais il est temps qu'ils affrontent leur et leur pour corriger cette omission monumentale. Il est temps qu'ils montrent que, dans les provinces de l'Atlantique, on entend autre chose que le silence des agneaux.
Cette question me passionne, comme les députés l'ont sans doute remarqué, parce que je suis issu de l'excellent système juridique et de l'excellent système d'enseignement du droit d'une province de l'Atlantique, à l'Université Dalhousie. L'École de droit de l'Université Dalhousie, qui porte maintenant le nom d'École de droit Schulich, est la plus ancienne du Commonwealth britannique; elle a été fondée en 1883. En fait, les premiers diplômés de l'École de droit de Dalhousie, à Halifax, ont occupé les fonctions de doyen dans la plupart des plus anciennes écoles de droit du pays, y compris en Alberta.
L'Alberta continue à envoyer un grand nombre d'étudiants brillants se perfectionner à l'École de droit d'Halifax; je pourrais commencer par citer Joe Lougheed, le fils de l'ancien premier ministre Peter Lougheed, ainsi que mon ami Luke Day.
Les échanges entre étudiants qui viennent à Dalhousie d'un peu partout parce que c'est l'une des meilleures écoles de droit qui a produit des hommes de loi brillants. C'est là qu'étudient les étudiants en droit de Terre-Neuve-et-Labrador, qui y jouissent de conditions d'admission particulières.
Les Universités Dalhousie et du Nouveau-Brunswick figurent parmi les meilleures écoles de droit du pays. Les avocats qui en sont issus, des hommes de loi brillants, façonnent la loi de notre pays depuis sa fondation, ici au Parlement, dans les assemblées législatives et à la Cour suprême du Canada.
En balayant tout cela du revers de la main, le fait un geste très insultant. Il prétend que la diversité est le fondement même de son gouvernement, mais il ne semble pas accorder beaucoup d'attention à la diversité géographique et à la tradition qui garantit un siège aux provinces de l'Atlantique.
Le premier juge venant d'une province de l'Atlantique, William Johnstone Ritchie, un avocat de Nouvelle-Écosse qui est devenu juge en chef du Nouveau-Brunswick, a été nommé à la Cour suprême du Canada pour représenter le Nouveau-Brunswick par Alexander Mackenzie, le premier premier ministre libéral du pays.
Remontons un peu le cours de l'histoire — et je m'adresse aussi aux 32 députés des provinces de l'Atlantique. Sir John A. Macdonald, revenu au pouvoir sous les couleurs conservatrices, a fait de Ritchie le premier juge en chef de la Cour suprême du Canada provenant de l'Atlantique. Les avocats citent encore aujourd'hui certaines de ses décisions de jurisprudence.
Ces traditions sont très importantes dans notre pays. Il est ahurissant de penser qu'on puisse les balayer ainsi du revers de la main, alors que la région de l'Atlantique au grand complet est représentée par le parti au pouvoir. Je voudrais bien que les députés réfléchissent un peu à cela. Qu'ils aillent visiter la tombe du juge Ritchie au cimetière Beechwood, ici à Ottawa; cet homme symbolise l'importance de la Cour suprême de notre pays.
Sir Robert Borden, un avocat diplômé de la Nouvelle-Écosse et mon premier ministre préféré, a préservé l'unité de notre pays pendant la Grande Guerre, et c'est lui qui a créé l'Association du Barreau canadien.
La région de l'Atlantique a fait oeuvre de pionnier au Canada en matière de common law, d'enseignement du droit et de structure judiciaire, personne ne dira le contraire. Elle se surpasse depuis les débuts de la Confédération. En fait, Joseph Howe, le père du gouvernement représentatif, a instauré en Nouvelle-Écosse le premier gouvernement représentatif autonome des colonies britanniques. En l'honneur de l'héritage de Howe, j'invite les 32 députés de l'Atlantique à s'exprimer, parce que, pour l'instant, ils ne sont pas à la hauteur des idéaux érigés par les hommes et les femmes qui les ont précédés.
Il y a peu, j'ai eu l'honneur de rencontrer Constance Glube, qui nous a quittés en février dernier. Elle aussi était diplômée en droit de l'Université Dalhousie et elle a été la première juge en chef d'une cour supérieure canadienne.
Je pourrais continuer ainsi, mais il est décevant que j'aie ainsi à donner ces leçons élémentaires à la , parce qu'elle ne devrait pas faire fi, comme elle le fait, de cette tradition et de ces conventions importantes. Et c'est d'autant plus vrai pour son secrétaire parlementaire.
Voici un exemple d'hypocrisie tirée de l'ancienne législature. Le député de , qui est avocat tout comme moi et qui a pratiqué le droit dans la même firme que moi pendant un certain temps, a déclaré ce qui suit en février 2014:
Je dis cela parce que la Loi sur la Cour suprême du Canada est également un texte législatif qui devrait être considéré comme étant de la plus haute importance compte tenu de l'influence de la Cour suprême sur toutes nos institutions.
Le député se plaignait alors de certaines modifications à un projet de loi d'initiative parlementaire.
Aucune mesure législative sur la question n'a été présentée à la Chambre. On nous impose une décision que le a prise sans réfléchir, mais qui a pour effet d'oblitérer un siècle d'histoire. Or, le député de ne semble pas s'en formaliser. Au moins quand la Chambre a été saisie d'un projet de loi d'initiative parlementaire, nous avons débattu la question. Pour qu'il y ait un débat sur cet enjeu, il a fallu présenter une motion dans le cadre d'une journée de l'opposition.
Lors du même débat, le député de Charlottetown avait également dit ceci:
En temps normal, lorsqu'il est question de la nomination d'un juge de la Cour suprême, nous sommes certains que le processus est valable et se déroule de manière inclusive. Les Canadiens s'attendent également à ce que les dossiers soumis à la Cour suprême soient traités de manière non partisane et que les nominations soient faites de façon à maintenir un juste équilibre sur le plan de la langue, du sexe et de la représentation géographique.
Voilà les propos tenus à l'époque par le député de , qui affirme aujourd'hui à la Chambre que la coutume voulait simplement qu'on nomme de temps à autre un juge du Canada atlantique. Je lui demande de se lever. Quelques-uns de ses collègues devraient également faire de même, notamment le , lui aussi diplômé en droit d'un établissement universitaire du Canada atlantique.
En juin 2015, le député de s'est aussi plaint de la présence d'une disposition modifiant la Loi sur la Cour suprême dans le projet de loi d'exécution du budget. Il a fait mine d'en être passablement indigné à l'époque.
La Chambre ne s'est même pas vu soumettre un projet de loi à ce sujet. Le pense pouvoir n'en faire qu'à sa guise, et jusqu'ici, les 32 députés de la région de l'Atlantique lui permettent de gouverner de cette façon. Rien n'illustre mieux cette situation que l'action en justice intentée par l'association des avocats plaidants des provinces de l'Atlantique, qui considèrent la conduite du comme une tentative de modifier la Constitution du Canada. Ce que font les libéraux est inconstitutionnel de l'avis de l'association des avocats plaidants des provinces de l'Atlantique. Qu'en pense le député de ? L'action en justice a été déposée le 19 septembre. Elle invoque l'alinéa 41d) de la Loi constitutionnelle, qui porte sur la composition de la Cour suprême du Canada.
En raison des dispositions de la Constitution elle-même et d'une convention constitutionnelle, un juge des provinces de l'Atlantique fait partie de la Cour suprême depuis plus d'un siècle. Le juge Cromwell, un juriste distingué, est le représentant le plus récent de la longue lignée qui remonte jusqu'au juge en chef Ritchie. Je m'inquiète de voir que, dans le cadre de ses séances de photo et de ses conférences de presse, le a jugé que, sous prétexte de favoriser la diversité, il pouvait balayer du revers de la main une convention constitutionnelle appliquée depuis un siècle ainsi que la contribution de premier plan des provinces de l'Atlantique dans le façonnement du système judiciaire moderne du Canada.
La diversité, ce sont aussi les différences entre les régions du pays, et les points de vue qui nous viennent de notre vécu dans ces régions. Voilà pourquoi cette convention existe. Elle attribue à la région seulement un poste de juge. Songer à retirer ce poste à la région du Canada qui nous a donné notre common law moderne est une idée épouvantable, et il est temps que les 32 députés des provinces de l'Atlantique, dirigés par le député de , nous montrent qu'ils ont une épine dorsale et disent non au .
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
[Traduction]
C’est pour moi un honneur de parler de la motion à l’étude, d’autant plus que la Cour suprême du Canada a eu une grande influence sur moi. En effet, j’ai eu l’honneur d’y être greffier en 1989-1990 pour le juge Peter deCarteret Cory. Ce fut l’une des années qui ont fait de moi ce que je suis. Le portrait du juge Cory est toujours dans mon bureau, car le juge demeure au quotidien l’exemple de ce que c’est, être un homme moral. Pas un jour ne passe où je ne pense pas à la façon dont le juge Cory m’a traité, ainsi que les autres greffiers et les autres juges, sans oublier les avocats qui comparaissaient devant lui. Malgré mes imperfections, j’aspire à lui ressembler.
Il importe de rappeler que la motion à l’étude porte sur une coutume bien ancrée au Canada qui est respectée depuis environ 1949. Pour être plus précis, disons qu’elle veut que la Cour suprême du Canada ait une certaine composition et comprenne un juge du Canada atlantique. Il n’est pas vain de signaler que c’est là une coutume, et non une convention, et que nous y avons dérogé par le passé.
J’ajouterai que je m’exprime aussi à titre d’ancien professeur de droit à l’Université McGill, où j’ai enseigné pendant 20 ans, et de juriste qui a pu observer le fonctionnement interne de la Cour suprême comme greffier. J’ai vu tout le mal que les juges se donnent pour interpréter les lois, mais je suis également intervenu devant la Cour suprême et j’ai préparé des mémoires pour des plaidoyers oraux et écrits devant elle.
Je signale aussi à mes collègues d’en face que j’ai passé ma première année d’activité professionnelle à enseigner à l’Université du Nouveau-Brunswick. Ce fut une très belle année. C’était également ma première année de mariage. Ce fut une expérience fantastique que d’enseigner le droit dans le Canada atlantique, et de réfléchir aux problèmes de droit avec, comme étudiants, des habitants de cette région.
Ce qui compte le plus, ici, c’est la diversité. La diversité apporte des points de vue nouveaux à la Cour suprême.
[Français]
C'est vrai que, jusqu'à présent, le Canada a bénéficié d'une diversité linguistique et culturelle. On a un règlement selon lequel trois des juges doivent venir du Québec. Cela est très important pour respecter la tradition de droit civil du Québec, ainsi que la langue française dans la présentation des arguments et les décisions de la Cour suprême.
[Traduction]
Voilà pourquoi le bilinguisme est une exigence essentielle. Je me porte à la défense du bilinguisme passif que le gouvernement propose. C’est, dans les faits et en droit, la conduite que nous avons tenue à McGill au cours des 20 dernières années.
J’ai travaillé avec des avocats qui préparaient des auditions. Je les ai vus plaider. J’ai suivi les débats sur tous les termes employés dans les plaidoyers oraux et écrits. Je n’ai jamais entendu un excellent avocat, et j’en ai connu beaucoup, prétendre que la langue qu’ils emploient dans leurs plaidoyers est sans importance. Il est donc injuste de soumettre ces arguments au truchement de la traduction après qu’on y a consacré une si longue réflexion. Ce n’est juste ni pour les clients ni pour les avocats qui présentent ces causes. Par conséquent, en ce qui concerne les plaidoyers oraux et écrits, il est indispensable que les juges de la Cour suprême du Canada puissent saisir les nuances de l’original sans recourir à la traduction.
Je ne suis pas d’accord avec le député d’en face qui a dit que les juges devraient également pouvoir poser des questions. Ce serait effectivement souhaitable, mais ce qui est absolument nécessaire à l’équité, au Canada, c’est la capacité de comprendre les plaidoyers écrits et oraux, de saisir tout le travail qui se cache derrière chaque mot, dans les arguments d’une durée et d’une longueur limitées soumis à la Cour suprême.
[Français]
J'aimerais passer au principe de la représentation régionale. C'est vrai qu'il est de coutume, depuis au moins 1949, qu'un juge vienne des provinces maritimes.
[Traduction]
Mais je dois rappeler que nous avons rompu avec cette tradition en 1978, lorsque le premier ministre d’alors, Pierre Elliott Trudeau, a nommé le juge McIntyre de la Colombie-Britannique à la Cour suprême du Canada pour remplacer un juge de l’Ontario. Ce n’est que quatre ans plus tard, lorsque le juge Ronald Martland de l’Alberta a démissionné, que l’Ontario a récupéré son troisième siège avec la nomination de la juge Bertha Wilson.
Rien ne permet d’affirmer, même si certains invoquent une convention juridique, que cette convention soit devenue une loi contraignante. Au contraire, il n’y a pas de loi contraignante et, même s’il y a une coutume et que cette coutume est respectée, y compris par notre gouvernement, nous avons une certaine latitude permettant de nous en écarter lorsque les circonstances l’exigent.
J’ajouterai que, compte tenu de mon expérience dans le système judiciaire et dans l’enseignement du droit depuis plus de 20 ans, la parité hommes-femmes, que nous avons déjà essayé de mettre en place à la Cour suprême du Canada, a joué un grand rôle dans la modernisation du droit au Canada. Des juges comme Bertha Wilson, Claire L'Heureux-Dubé, Beverley McLachlin, Louise Arbour, Rosalie Abella et Suzanne Côté ont joué un rôle considérable dans la réinterprétation d’un certain nombre de doctrines en droit public, en droit privé et en droit pénal. Je pense par exemple aux droits génésiques, au Code criminel et au droit privé, domaines dans lesquels la parité nous a aidés à rendre nos lois plus justes et notre pays, plus équitable.
À l’heure actuelle, il n’y a ni Autochtone ni minorité visible à la Cour suprême du Canada, et il faut y remédier.
Prenons le temps de réfléchir un peu à l’inclusion de ces nouveaux points de vue, et je ne parle pas de représentation car il ne s’agit pas de représentation. Il s’agit d’inclure de nouveaux points de vue, car toutes les personnes qui seront nommées à la Cour suprême seront des juristes qui devront statuer en fonction des faits. Toutefois, en permettant à d’autres points de vue de s’exprimer dans cette institution, les problèmes seront appréhendés de façon plus complète et les décisions rendues seront plus justes. Nous devons reconnaître, en tant que pays et en tant que gouvernement, que la société canadienne a évolué et que l’absence de ces points de vue à la Cour suprême du Canada met à mal le concept de justice dans notre pays. Nous devons aux citoyens canadiens de permettre la prise en compte de ces points de vue. Nous devons aux citoyens canadiens de consacrer, dans une certaine mesure, l’inclusion de ces points de vue dans diverses institutions, y compris la Cour suprême du Canada, afin qu’ils puissent être pris en compte.
Je m’abstiendrai de parler du processus, car d’autres collègues ont abordé la question. Qu’il me suffise de dire que nous essayons de remettre en place un processus aussi transparent et aussi ouvert que possible pour la nomination des juges de la Cour suprême.
La diversité régionale est-elle une valeur importante? Bien sûr que oui. Nous reconnaissons que le Canada atlantique est représenté à la Cour suprême du Canada depuis fort longtemps et que c’est une coutume que nous devons continuer de respecter, toutes choses étant égales par ailleurs.
Or, il y a d'autres aspects de la diversité, notamment la représentation hommes-femmes, la diversité culturelle et la diversité linguistique, dont il faut également tenir compte d’une manière quelconque dans la composition de la Cour afin de favoriser les décisions équitables.
Un de mes mentors, Roderick Macdonald — professeur de longue date et doyen à l’Université McGill et également président de la Commission du droit du Canada -- a rédigé un rapport clé sur les pensionnats indiens au Canada, un document qui a profondément influencé la Commission de vérité et réconciliation. M. Macdonald se demandait toujours: « À qui incombe le fardeau de la justification? »
Nous aurons un groupe de trois à cinq candidats que le comité de sélection présentera à la Chambre. Le gouvernement se fera un plaisir d’assumer le fardeau de la justification si nous sommes d’avis qu’il y a lieu de déroger à la coutume relative à la représentation de l’Atlantique. Cela dit, nous appuyons entièrement la motion pour ce qui est de l'importance de la représentation régionale et reconnaissons que cette coutume devrait être respectée dans la mesure du possible.
:
Monsieur le Président, j'avouerai aujourd'hui à la Chambre être touché par ces éloges au sujet des gens de l'Atlantique et de leur capacité et plein potentiel, que nous entendons de la part de nos collègues de l'opposition officielle. Il n'y a pourtant pas si longtemps, leur chef sortant disait à qui voulait l'entendre que ces mêmes gens, de qui on fait l'éloge aujourd'hui du côté de l'opposition, nourrissent depuis longtemps une culture de défaitisme. La Chambre me trouvera heureusement surpris de ce soudain changement de perception de mes collègues de l'opposition.
Pour revenir à la motion d'aujourd'hui, j'aimerais remercier l'honorable député de de sa motion à cet égard, ainsi que la Chambre qui donne l'occasion d'y répondre.
Il est clair que la population de la région du Canada atlantique et des autres régions du pays souhaite sincèrement que la tradition de la représentation régionale à la Cour suprême du Canada, le plus haut tribunal du pays, soit maintenue.
Comme les députés de la Chambre le savent, la Cour suprême est un élément essentiel de l'architecture constitutionnelle du Canada. La Cour suprême, qui constitue le tribunal de dernière instance pour toutes les questions juridiques, y compris celles de nature constitutionnelle, joue un rôle déterminant sur le plan du respect des droits fondamentaux et de la primauté du droit.
La Cour suprême s'est prononcée sur d'importants enjeux juridiques et sociaux très divers dans notre pays, notamment l'aide médicale à mourir, l'égalité dans le mariage et l'obligation de la Couronne de consulter et de prendre des mesures d'adaptation dans le cadre de ses relations avec les Autochtones.
Notre mode de sélection des juges de la Cour suprême est par conséquent de la plus haute importance pour tous les Canadiens. C'est pourquoi, en août dernier, notre gouvernement a annoncé un nouveau processus de nomination à la Cour suprême du Canada, qui est ouvert, transparent et responsable. En vertu de celui-ci, un comité consultatif indépendant et non partisan a été formé, et il a reçu le mandat de proposer la candidature de juristes qualifiés, de haut calibre, fonctionnellement bilingues et représentatifs de la diversité de notre grand pays.
Ce comité consultatif, qui est présidé par l'ancienne première ministre Kim Campbell, se compose de sept membres qui ont des liens aux quatre coins du pays. Quatre d'entre eux ont été nommés par des organismes professionnels indépendants et le comité inclut des non-juristes. Le comité consultatif examinera les candidatures et présentera pour examen au une courte liste de trois à cinq personnes.
Lorsque le premier ministre a annoncé, en août, le nouveau processus de nomination à la Cour suprême, nombreux sont ceux qui ont été surpris d'apprendre que le juriste qui serait retenu pour remplacer le juge Richard Cromwell serait choisi d'une liste qui ne comprenait pas uniquement des candidats provenant d'une des provinces de l'Atlantique. Je comprends que cette possibilité puisse surprendre, puisqu'elle contrevient à la pratique adoptée jusqu'à maintenant.
Toutefois, il faut parfois remettre en question les pratiques traditionnelles, et nous croyons qu'il est temps de se questionner et de voir où nous mèneraient les réponses.
Nous sommes conscients de l'importance que revêt la composition de la Cour et que certains éléments à cet égard sont établis par voie législative. Selon la Loi sur la Cour suprême, à titre d'exemple, au moins trois juges qui sont choisis doivent provenir de la Cour d'appel ou de la Cour supérieure de la province de Québec ou parmi les avocats de celle-ci. Il ne s'agit pas strictement d'une différenciation géographique, mais plutôt de la conséquence du caractère à deux régimes de notre système juridique canadien.
Comme bon nombre de mes collègues le savent, le système juridique du Québec suit un modèle de droit civil, alors que ceux de la plupart des autres provinces sont fondés sur le modèle britannique de la common law.
La nomination à la Cour suprême de trois juges à partir de la liste de juristes talentueux du Québec vise à doter le plus haut tribunal du pays de personnes comprenant bien les traditions de ce système juridique et non pas seulement de représentants d'une province.
En plus de cette importante distinction dans la loi, il faut tenir compte d'autres éléments importants qui vont bien au-delà de la géographie.
Depuis la nomination de l'honorable Bertha Wilson à la Cour suprême en 1982, la première femme à occuper un tel poste, bien d'autres femmes ont été nommées. C'est maintenant un fait accepté de respecter l'équilibre entre les sexes parmi les juges de la Cour suprême. Toutefois, d'autres groupes, sous-représentés depuis toujours, n'ont pas fait de percées aussi frappantes.
Le gouvernement est déterminé à faire en sorte que la Cour suprême du Canada reflète la diversité de la société canadienne.
En permettant à des candidats de partout au pays de se présenter dans le cadre du nouveau processus, nous espérons pouvoir traduire, dans une certaine mesure, cette vaste diversité dans la sélection de juges qui siégeront au plus haut tribunal du Canada pendant de nombreuses années. Nous croyons que la Cour suprême bénéficiera non seulement de leurs grandes connaissances et expériences en matière de droit, mais également de leurs expériences de vie.
Par exemple, le Canada est fier de compter de plus en plus de juristes autochtones de talent, y compris des juges, des avocats et des universitaires. De plus, notre pays compte bien des juristes qui sont des personnes de couleur, des personnes handicapées, des membres de la communauté LGBTQ ou des gens qui ne correspondent pas à la perception traditionnelle de ce que devrait être un juge à la Cour suprême.
Les Canadiens de toutes les communautés sont invités à encourager les juristes exceptionnels à se présenter au poste de juge de la Cour suprême du Canada. Le processus de nomination que nous avons élaboré découle en partie des préoccupations qui ont été émises à l'égard des processus précédents. Le caractère ouvert du processus est sans précédent, et il répond à certaines de ces préoccupations.
La Cour suprême regroupe, à juste titre, certains des plus grands juristes du pays, et ce, depuis sa création.
Comme l'a mentionné le , nous sommes déterminés à poursuivre cette tradition, voire même à la renforcer, en adoptant un processus ouvert, transparent et non partisan pour choisir les juges de notre Cour suprême.
Ce processus vise à faire en sorte que les meilleures personnes et les mieux qualifiées pour représenter la société canadienne soient nommées au plus haut tribunal du pays. Notre gouvernement a mis en application un nouveau processus uniforme, qui permettra à une grande diversité de juges et d'avocats canadiens de faire partie de cette tradition, quel que soit l'endroit d'où ils viennent ou la région du Canada d'où ils viennent.
Ainsi, les juristes représentant davantage la diversité du pays auront l'occasion d'assumer certaines des plus importantes responsabilités en élaborant le cadre juridique et social qui permet au pays de poursuivre son évolution.
Je suis fier de ce processus et de ce qu'il représente. Je suis fier de savoir que la candidature de juristes de l'Atlantique, de haut niveau et capables de rivaliser avec d'autres collègues au pays, a été analysée par ce comité de sélection indépendant et consultatif. J'ai bon espoir que certains d'entre eux ou certaines d'entre elles feront partie de la courte liste de trois à cinq candidats qui sera remise au .
Nous avons hâte de connaître les résultats, pour nous et pour le Canada, de ce nouveau processus de sélection de notre nouveau juge à la Cour suprême du Canada.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
C’est un grand plaisir de prendre la parole. Comme de nombreux députés, j’ai des racines dans le Canada atlantique. Mon grand-père et ma grand-mère venaient de cette région, où habitent encore des membres de ma famille. C’est avec un grand plaisir que j’y suis retourné la semaine dernière avec tous mes collègues. Nous nous y sommes déployés pour rencontrer les habitants de la région et rétablir les liens avec eux. En me rendant dans diverses régions de la Nouvelle-Écosse et du Cap-Breton, et même dans des endroits où je n’étais pas censé aller — car on parle beaucoup des risques de s’égarer au Canada atlantique —, j’ai eu une excellente occasion, comme mes collègues, de rencontrer beaucoup d’habitants de la région.
Une chose que j’ai maintes fois entendue dans mes échanges avec ces gens merveilleux, c’est qu’ils ont voté pour les libéraux, mais pas pour ce que ceux-ci font en ce moment. Je leur ai demandé de préciser leur pensée. Ils s’inquiètent de la dette et du déficit, et ils sont très préoccupés par la représentation du Canada atlantique à la Cour suprême du Canada. Ils se sentent vraiment trahis. Je vais dire un mot tout à l’heure de quelques personnalités en vue dans le Canada atlantique qui estiment être trahies par le Parti libéral et les 32 députés qui ont été élus pour les représenter. Voilà pourquoi je suis très fier de prendre la parole non seulement au nom des membres de ma famille et de mes amis, mais aussi comme membre d’un groupe parlementaire qui se soucie vraiment du Canada atlantique.
Je voudrais revenir sur un point que le député de a abordé avant que je n’intervienne. Il a parlé de la transparence du système du comité consultatif. Il a parlé du comité, de sa composition et de ses membres. De ce côté-ci, personne ne remet en doute la composition du comité consultatif. Néanmoins, nous avons entendu parler au cours du débat d’aujourd’hui de la lettre de mandat, et il est important de comprendre qu’une partie de cette lettre laisse à désirer sur le plan de la transparence et de la reddition de comptes. Une phrase de cette lettre dit que le comité consultatif doit remettre au premier ministre des recommandations non exécutoires, fondées sur le mérite, concernant trois à cinq candidats compétents et fonctionnellement bilingues à prendre en considération.
J’oserai dire, par respect pour les membres du comité consultatif, que ce qui est grotesque, dans la nature des propositions que le comité peut faire, c’est que le pouvoir de nommer des juges à la Cour suprême appartient au . Les députés d’en face pourront répéter toute la journée qu’il s’agit d’une formule ouverte et transparente, mais le fait est que le caractère non exécutoire des recommandations, précisé dans la lettre de mandat, donne toute latitude au pouvoir politique. Ce qui pourrait avoir pour conséquence qu’on ne nomme pas un représentant du Canada atlantique, comme le veut une coutume implantée depuis 141 ans au Canada.
Il y a donc lieu de se demander à quoi d’autre les libéraux sont disposés à tourner le dos. Quelles autres conventions constitutionnelles et coutumes bien ancrées sont-ils prêts à renier? C’est certainement ce qu’on pensera lorsque sera prise la décision sur la nomination d’un juge à la Cour suprême.
Je le répète, je veux être, comme l’est mon parti aujourd’hui, le porte-parole des Canadiens de l’Atlantique et transmettre à la Chambre leur point de vue sur ce processus. Je veux parler au nom des Canadiens de l’Atlantique, puisque leurs 32 députés restent muets.
La présidente de l'Association du Barreau canadien, Janet Fuhrer, a dit:
L'Association du Barreau canadien croit fermement que les nominations à la Cour suprême du Canada devraient être fondées sur le mérite pour que le pouvoir judiciaire reflète la diversité de nos régions, de nos systèmes juridiques et de notre population.
Que font les 32 députés du Canada atlantique? Ils se taisent.
Dans le Guardian de Charlottetown, le 22 août, Alex Whalen, un chroniqueur, a écrit:
Il n'est pas nécessaire, pour améliorer le processus, que le Canada atlantique perde une voix. Même s'il est vrai que les juges de haut niveau représentent des intérêts régionaux différents de ceux que représentent les parlementaires, ils devraient venir de partout au pays pour apporter une compréhension du contexte régional à leur fonction et dans leurs décisions. Un aspect important du travail du tribunal est de trancher sur des questions qui ont des implications nationales. Le point de vue du plus haut tribunal ne peut être véritablement national s'il exclut toute une région du pays.
Que font les 32 députés libéraux du Canada atlantique?
M. Todd Doherty: Ils se taisent. Ils sont muselés.
M. John Brassard: Ils se taisent, monsieur le Président.
Tout récemment, le 20 septembre, dans le Chronicle Herald d'Halifax, M. Ray Wagner de l'association des avocats plaidants des provinces de l'Atlantique a dit que la convention, en place depuis 141 ans, ne devrait pas être changée sans recours à la formule de modification de la Constitution parce que la Cour suprême du Canada a déjà rendu une décision semblable au sujet de propositions de changements au Sénat.
Que font les 32 députés libéraux du Canada atlantique?
Une voix: Rien.
Mme Cathy McLeod: Ils sont muselés.
M. John Brassard: Ils se taisent, monsieur le Président.
La réponse la plus accablante au plan du gouvernement nous vient probablement d'un éditorial intitulé « La résistance à la rebuffade dans le dossier de la Cour suprême n'est pas futile » et publié dans le Telegram de St. John's. Voici ce qu'on peut y lire:
Les décisions de la Cour suprême n'en sont pas moins importantes. La Cour doit être composée des esprits les plus brillants de chaque région, ceux qui possèdent les meilleures compétences. L'idée que se fait le premier ministre de la diversité tranche avec une convention honorée de longue date. Pour qu'il y ait diversité, les régions doivent être prises en compte.
Que font les 32 députés libéraux du Canada atlantique? Pourquoi ne prennent-ils pas position dans ce dossier?
Des voix: Ils sont muselés.
M. John Brassard: Si je parle de tout cela, monsieur le Président, c'est parce que je tiens à me faire le porte-voix des Canadiens de l'Atlantique à la Chambre. C'est d'ailleurs ce que nous faisons tous de ce côté-ci aujourd'hui.
Le 20 septembre, le Globe and Mail titrait: « Les avocats pressent le premier ministre de choisir un juge de l'Atlantique ». Voici ce que disait l'article correspondant:
L'association des avocats plaidants des provinces de l'Atlantique s'est adressée lundi à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse afin qu'elle déclare que, pour faire comme il l'a annoncé et s'éloigner de la convention constitutionnelle touchant la représentation régionale à la Cour suprême du Canada, le premier ministre devra modifier la Constitution et obtenir le consentement de toutes les provinces [...]
La tradition que constitue la représentation régionale équivaut-elle à une convention constitutionnelle? « Oh que oui. Très certainement », répond au Globe Peter Russell, professeur émérite de science politique à l'Université de Toronto. « Un des éléments les plus importants de la Constitution est celui voulant que le plus haut tribunal du pays, celui qui interprète la Constitution, doit avoir la légitimité voulue dans les diverses régions du Canada. »
Que font les 32 députés libéraux du caucus libéral de l'Atlantique?
Des voix: Ils se taisent.
M. John Brassard: Ils se taisent, monsieur le Président.
Je terminerai avec l'éditorialiste Kelly McParland, du National Post, car c'est elle qui est la plus cinglante à mon avis. Voici ce qu'elle a déclaré au nom des Canadiens de l'Atlantique:
Aucun gouvernement ne s'était encore posé aussi ardemment en défenseur de l'« inclusion » — entre les sexes, entre les communautés ethniques, sur le plan identitaire et que sais-je encore —, ce qui ne l'a pas empêché de faire fi d'une pratique vieille de plus d'un siècle, de faire la sourde oreille aux attentes des régions et de réduire les Maritimes à une région de second ordre avec à peine plus qu'un haussement d'épaules et à peu près aucune remontrance.
Que font les 32 députés du caucus libéral de l'Atlantique?
Des voix: Ils se taisent.
M. John Brassard: Ils se taisent, monsieur le Président.
Au nom de ma famille et de celles, nombreuses, qui vivent encore dans les provinces de l'Atlantique, les conservateurs se portent à leur défense parce qu'ils veulent que leur voix soit entendue, que la nomination à la Cour suprême se fasse dans le respect de la convention constitutionnelle vieille de 141 ans et qu'elle fasse en sorte que les citoyens du Canada atlantique soient représentés. Voilà pourquoi nous sommes là aujourd'hui.
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Monsieur le Président, moi aussi, j'ai bien la certitude d'être la voix des gens de l'Atlantique, où j'ai grandi de l'âge de 2 ans à 11 ans. L'Acadie résonne encore en moi, et c'est pourquoi je tenais absolument à en parler aujourd'hui.
Au beau milieu de l'été, le a annoncé, de manière arrogante et sans vergogne, qu'il avait l'intention de changer la procédure historique par laquelle sont choisis les juges de la Cour suprême depuis 1875.
Plus que toute autre, cette annonce faite par ce gouvernement engendre chez moi une aversion définitive à l'égard de la formation politique qui gouverne actuellement notre grand pays. Oui, comme de nombreux Canadiens, je suis outré par de telles actions et attitudes qui témoignent d'une arrogance authentique, celle de ce gouvernement.
Je suis attristé par cette volonté déconcertante, exprimée sans timidité, faut-il le dire, par le , qui vise à engendrer un changement significatif à nos moeurs constitutionnelles, celles qui, après tout, guident nos actions gouvernementales depuis si longtemps ici, au Canada.
Si ce gouvernement libéral décide de changer la convention constitutionnelle relative à la sélection des juges de la Cour suprême sans d'abord avoir eu l'assentiment de l'ensemble des parlementaires de la Chambre, il va bien trop loin. Suivant ce raisonnement, et je pèse bien mes mots, les actions posées par ce gouvernement dans les derniers mois me font craindre le pire pour l'unité fédérale de ce grand pays.
En effet, le s'adonne non seulement à de l'ingérence dans les compétences provinciales quand bon lui semble, mais de plus, dans ses propres compétences, il prévoit y conduire des changements d'envergure sans toutefois consulter les partis de l'opposition ni même la population. Cela n'est ni plus ni moins qu'antidémocratique. D'ailleurs, quelques exemples en témoignent d'ores et déjà.
D'abord, le entend changer notre mode de scrutin canadien, vieux de presque 150 ans, sans faire de référendum. C'est un secret de Polichinelle: lui et ses acolytes le font pour des raisons partisanes et pour assurer leur intérêt politique de surcroît.
Ensuite, ce même a laissé entendre jusqu'à ce matin, sans honte, qu'il voulait mettre fin à une convention constitutionnelle vieille de 141 années. Je parle ici de la convention constitutionnelle qui veut qu'un premier ministre choisisse et nomme un juge à la Cour suprême, lorsqu'un siège est libéré, tout en s'assurant que la nouvelle nomination est issue d'une région semblable à celle de la personne qui occupait le siège laissé vacant.
Cette convention constitutionnelle a comme objectif de garantir que les décisions rendues par la plus haute institution judiciaire du pays reflètent les particularités régionales qui composent notre fédération. Dois-je rappeler à ce parti politique qui est devant moi que nous avons, au Canada, cinq régions distinctes et que ces mêmes régions ont une reconnaissance légale de fait?
Notons à ce sujet que le gouvernement libéral de l'honorable Jean Chrétien a adopté une loi qui prévoit et alloue un droit de veto quasi-constitutionnel à chacune des régions du Canada. Ainsi, on accorde aux provinces de l'Atlantique et à leur région dans son ensemble un droit de regard en ce qui concerne la Loi constitutionnelle de 1982.
De plus, nonobstant cet état de fait, notons que l'Acte de l'Amérique du Nord britannique garantit aux provinces de l'Atlantique une représentation efficace et équitable à la Chambre des communes. Par exemple, 10 sièges sont garantis au Nouveau-Brunswick, et il en va de même au Sénat, où autant de sièges lui sont garantis. La même convention veut que chacune des provinces de l'Atlantique reçoive au moins un siège au Conseil des ministres.
Alors, comment nos amis d'en face peuvent-ils justifier que, du jour au lendemain, on ait menacé de réduire à néant la présence des provinces de l'Atlantique au plus haut tribunal du pays? Si cette nouvelle façon de faire voit le jour, sera-t-elle répétée dans le cas du Québec également, le bastion national des Canadiens français de ce grand pays? Cela n'a aucun sens.
J'invite ce gouvernement à songer à la chose suivante: la Cour suprême du Canada peut-elle vraiment rendre des jugements justes et éclairés sur des causes qui concernent les provinces de l'Atlantique en l'absence de toute représentation de cette région?
Traiter les Canadiens de l'Atlantique avec justice, c'est les mettre sur un pied d'égalité. Toutefois, peut-être les libéraux veulent-ils tout simplement faire fi de nos régions canadiennes. Pourtant, chacune d'entre elles détient en son sein des communautés constitutives bien distinctes dont chacune espère voir ses valeurs, ses aspirations et ses visions du monde reflétées dans des décisions rendues par la Cour suprême.
Laisser entendre, comme le l'a fait, ne serait-ce que quelques secondes, qu'on ne veut pas respecter la convention qui veut qu'on réserve pour la région de l'Atlantique un siège à la Cour suprême du Canada est très grave aux yeux de plusieurs juristes et associations. C'est le cas notamment de Janet Fuhrer, qui fut présidente de l'Association du Barreau canadien, et d'Ann Whiteway Brown, présidente de la division du Nouveau-Brunswick de l'Association du Barreau canadien.
C'est le cas également pour le Barreau du Nouveau Brunswick, pour l'Association des avocats plaideurs de l'Atlantique et pour la Société nationale de l'Acadie, présente dans le monde entier à la défense des Acadiens.
Songer à ne pas respecter cette convention constitutionnelle, c'est songer à priver quatre provinces sur dix de toute voix au chapitre au sein de la plus haute institution judiciaire du pays.
Doit-on aussi rappeler que les provinces de l'Atlantique possèdent un grand bassin de juristes candidats des plus qualifiés, originaires de toutes les communautés de la région et, qui plus est, parfaitement bilingues. Surtout, il s'agit de candidats qui possèdent une connaissance approfondie des systèmes judiciaires et des enjeux de l'Atlantique. Y a-t-il quelqu'un à la Chambre ou ailleurs pour dire le contraire?
Plus important encore, d'importantes causes à caractère constitutionnel ou qui auront des retentissements majeurs dans les provinces de l'Atlantique sont à l'horizon au moment même où on se parle. À titre d'exemple, mentionnons le renvoi de la Cour d'appel de la Nouvelle-Écosse dans la cause portant sur l'abolition des circonscriptions électorales acadiennes. Les audiences sont en cours en ce moment même.
Le a-t-il vraiment songé à faire en sorte que des juges d'autres régions déterminent l'issue d'une cause qui porte sur la représentativité des Acadiens, ce peuple qui se bat depuis des générations pour survivre sur ce continent?
Est-ce bien cela que veulent nos amis d'en face, les libéraux des provinces atlantiques, faire taire le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, deux provinces fondatrices de ce grand pays?
Le changement que veut apporter le à la façon dont il lui est loisible de choisir les juges de la Cour suprême n'est ni plus ni moins qu'un renversement radical des coutumes constitutionnelles du pays. Quelle honte et quelle arrogance!
De toute évidence, le fils suit les traces de son père. Ne voit-on pas ce qui se passe? Tout comme son aïeul, le veut aujourd'hui altérer l'ordre constitutionnel de notre pays.
Cependant, que l'on soit sans crainte, car au Parti conservateur du Canada, nous ne sommes pas dupes. Non seulement nous voyons ce à quoi s'adonne ce , mais nous savons aussi très bien que derrière cette modification conventionnelle loge un dessein idéologique bien plus grand.
En effet, il y a une volonté sous-jacente qui vise à changer de manière profonde les arrangements constitutionnels canadiens afin de les remplacer par une vision post-matérialiste du monde qui fait route à part avec nos traditions constitutionnelles.
Dans cette vision du monde, l'objectif principal consiste à effacer de nos institutions gouvernementales, en l'occurrence la Cour suprême, les particularités communautaires historiques et traditionnelles dont est composé le Canada depuis sa naissance, et, pour ce faire, à les remplacer par des particularités individuelles et associationnelles.
En d'autres mots, il est évident que le veut mettre fin à la prédominance politique des communautés constitutives dans l'ordre constitutionnel canadien, tout particulièrement à la Cour suprême. Il veut ainsi favoriser une nouvelle prédominance politique, celle des groupes associationnels qui regroupent des individus partageant des droits individuels plutôt que des droits constitutifs.
Bien que cela puisse être louable à certains égards, bien entendu, il s'agit d'un changement profond, car ce faisant, le fait en sorte que l'essence même de la représentativité politique et du concept de diversité au sein du pouvoir judiciaire soit modifiée. Le veut donc voir une représentativité basée sur un concept de diversité individuelle et atomisée basée sur des particularités idiosyncratiques.
Devant un tel changement potentiel, les Canadiens de tout le pays, incluant ceux de l'Atlantique, doivent protester et amener le à répondre de ses intentions. Le ne peut agir de manière unilatérale dans ce dossier et se doit de faire appel à tous les acteurs concernés.
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Monsieur le Président, avant de commencer, j'aimerais souligner que je compte partager mon temps de parole avec la députée de , qui se trouve ici à ma droite.
C'est toujours un honneur de prendre la parole à la Chambre sur une question suffisamment importante pour faire l'objet d'un débat, mais je suis tout particulièrement enchanté de le faire aujourd'hui, car il s'agit d'un dossier qui m'est non seulement familier, mais qui m'intéresse tout particulièrement. C'est ce dossier qui m'a au départ inspiré à me lancer en politique, et il a une incidence sur la région du monde qui me tient le plus à coeur, c'est-à-dire le Canada atlantique.
Nous discutons aujourd'hui à la Chambre d'une motion portant sur la nomination des juges à la Cour suprême, notamment sur la coutume de nommer un juge de la même région que celle d'où vient le juge qui prend sa retraite.
C'est le nouveau processus mis en place par le gouvernement libéral qui a donné lieu au débat, un processus qui se veut ouvert et transparent, qui est indépendant du pouvoir exécutif et qui est non partisan. En fait, c'est une ancienne première ministre progressiste-conservatrice qui a été nommée à la présidence du comité chargé de surveiller le processus. C'est le genre de processus que la Commission internationale des juristes avait demandé au gouvernement précédent de mettre en place pour la nomination des juges de la Cour suprême.
Si l'on met de côté pour le moment, mais j'y reviendrai, l'importance de la diversité régionale, le processus pourrait être considéré comme exemplaire. Il n'y aurait aucune question, et je suppose qu'il n'y aurait pas suffisamment de controverse pour que les nominations fassent l'objet d'un débat à la Chambre puisqu'elles jouiraient d'un appui universel. Cependant, la question de la diversité régionale est importante, et c'est pourquoi j'appuie la motion. C'est une question de fédéralisme.
Le fédéralisme fait partie intégrante du tissu constitutionnel du Canada. Comme l'a souligné la Cour suprême du Canada, une institution que je respecte profondément, il s'agit d'un outil politique qui favorise la diversité au sein de notre pays et, du même coup, l'unité nationale.
Dans le renvoi concernant le juge Nadon, auquel je reviendrai dans un instant, la Cour suprême a signalé que ce ne sont pas seulement les articles 5 et 6 de la Loi sur la Cour suprême qui font que la représentation régionale au gouvernement est importante, mais aussi la compréhension des traditions juridiques et des normes sociales. Nous pourrions remplacer le nom de la Nouvelle-Écosse ou celui du Québec et la question demeurerait la même. J'appuie la diversité régionale au sein de la cour, et j'espère que le Canada atlantique y soit représenté. L'idée que les 32 députés du Canada atlantique sont silencieux alors que nous nous exprimons clairement comme cela à la Chambre des communes est ridicule et fausse.
Là où je veux en venir — et c'est la chose à retenir de mon discours —, c'est que le messager fait en sorte qu'il est difficile de prendre cette critique au sérieux. Pendant 10 ans le gouvernement conservateur a cherché à miner l'intégrité de la Cour suprême du Canada et du système judiciaire du Canada ainsi qu'à affaiblir le Canada atlantique en tant que région au sein de notre fédération.
J'ai mentionné plus tôt le renvoi concernant le juge Nadon. Ce cas portait sur la tentative de nomination inconstitutionnelle d'un juge à la Cour suprême. Pire encore, vers la fin du processus de décision, l'exécutif des conservateurs, le Cabinet du premier ministre, a eu une prise de bec avec la juge en chef de la Cour suprême du Canada, une juriste remarquable, que nous pouvons nous estimer heureux d'avoir au sein de cette institution. Plutôt que de respecter une décision qu'ils désapprouvaient, ce qui aurait été la chose adulte à faire, les conservateurs ont entamé une querelle d'adolescents pour tenter de porter atteinte à l'intégrité de l'institution judiciaire la plus éminente au pays. Ils devraient avoir honte.
En plus de leur irrespect pour la Cour suprême du Canada, l'attitude des conservateurs à l'égard de la justice au Canada me dépasse. À maintes reprises, ils ont cherché à dépenser des millions de dollars de l'argent des contribuables canadiens pour défendre leurs violations de la Charte. Il est donc difficile de considérer comme légitime la critique de l'opposition sur notre façon de gérer le dossier de la Cour suprême du Canada.
S’agissant de l’aide médicale à mourir, les conservateurs ont essayé d’empêcher l’adoption de la loi exigée par la Cour suprême. S’agissant des personnes vulnérables comme les toxicomanes et les travailleurs du sexe, les conservateurs ont essayé de faire adopter des lois pénales qui auraient aggravé leur vulnérabilité. La Cour suprême du Canada a dit non. Quand ils ont essayé de réformer le Sénat, la Cour suprême a dit non.
Quand ils ont essayé de refuser le titre autochtone à la population autochtone de l’Ouest du Canada, dans l’affaire Tsilhqot’in, la Cour suprême a dit non. Quand ils ont essayé d’interdire la marijuana à des fins médicinales sous prétexte que la marijuana n’est pas un médicament pour les malades, la Cour suprême a dit non. Lorsqu’ils ont essayé d’imposer des peines minimales obligatoires, ils sont partis du principe qu’à Ottawa, ils étaient mieux placés pour prendre une décision que les magistrats qui font face à des accusés et ont devant eux toutes les preuves nécessaires. J’ai du mal à comprendre une telle attitude. Mais encore une fois, la Cour suprême a dit non, que ce n’était pas acceptable.
Ce n’est pas seulement à la Cour suprême que les conservateurs s’attaquaient, c’était à l’ensemble du système judiciaire, depuis le haut de la pyramide jusqu’en bas. Le premier exemple qui me vient à l’esprit est leur refus d’allouer des deniers publics à l’intégration d’Omar Khadr dans la société canadienne. Un autre exemple est celui de Ron Smith. Là, ils se sont retrouvés empêtrés dans des procédures judiciaires parce qu’ils avaient refusé des services diplomatiques à un Canadien condamné à mort dans un autre pays.
Je m’excuse d'avance si je me laisse emporter par l’émotion avec l’exemple suivant, mais il me touche tout particulièrement. Les conservateurs ont dépensé 1,4 million de dollars des contribuables canadiens pour refuser des prestations d’assurance-maladie aux réfugiés. Cela me touche d’autant plus que ma collectivité a accueilli des réfugiés sur la rive sud du comté de Pictou et à Antigonish, en Nouvelle-Écosse.
Je me sens obligé de citer ici le cas de la famille Hadhad, à Antigonish, dont les membres sont devenus mes amis. Ils avaient une usine de chocolat à Damas, avec 30 employés, et en l’espace d’une semaine, ils ont tout perdu à cause de la guerre. Lorsqu’ils sont arrivés en Nouvelle-Écosse, complètement démunis, sans rien d’autre que la bonne volonté de la collectivité qui était prête à les accueillir, il leur fallait repartir à zéro. Ils ont dit que s’ils devaient repartir à zéro, ce serait le jour même, et, sans attendre, ils ont commencé à confectionner des chocolats dans le sous-sol de la maison que la collectivité leur avait trouvée. Quand ils ont retrouvé un peu de leur autonomie financière, ils ont voulu manifester leur reconnaissance à la collectivité, et c’est alors que les feux de forêt se sont déclarés à Fort McMurray. Ils ont fait un don équivalent à un mois de profits à l’intention des victimes de Fort McMurray.
Voilà le genre de gens que nous devrions accueillir au Canada, voilà le genre d’exemple dont nous, Canadiens, devrions nous inspirer. Alors que nous avons accueilli ces réfugiés au Canada, les conservateurs, qui forment maintenant l’opposition, ont dépensé 1,4 million de dollars pour leur bloquer l’accès aux services de santé. C’est scandaleux.
Il est donc difficile de prendre cette critique au sérieux. À ce propos, il existe chez les conservateurs un discours latent qu’ils essaient de faire entendre dans cette motion: le Canada atlantique ne serait pas représenté efficacement, même s’il a 32 députés libéraux. Il est curieux que les députés conservateurs de l’Atlantique gardent le silence à ce sujet. Peut-être est-ce parce qu’il n’y en a aucun, puisqu’ils ne parlent pas des questions qui comptent aux yeux des Canadiens de l’Atlantique.
Depuis les élections, nous mettons l’accent sur la croissance dans le Canada atlantique. Sans relâche, nous défendons les droits de ses habitants et favorisons l’investissement dans la région. Cet été encore, le s’est rendu à New Glasgow, et 4 200 personnes sont venues l’accueillir. Nous avons alors annoncé des investissements de 190 millions de dollars dans les infrastructures, de 75 millions de dollars pour les logements abordables et de 50 millions de dollars pour les ports pour petits bateaux. Ces fonds créent du travail à court terme et mettent en place un cadre propice à la croissance à long terme. Voilà ce qui compte, pour les Canadiens de l’Atlantique.
Ce qui me réjouit le plus, c’est que ce ne sont pas là des investissements ponctuels. Ils s’inscrivent dans une stratégie annoncée en juillet, la Stratégie de croissance pour l’Atlantique. Cette stratégie n’a pas été proposée pendant la campagne ni dans le budget. Elle est une réponse directe aux interventions de 32 députés libéraux qui travaillent avec le gouvernement et s’efforcent, avec succès, de faire intégrer les intérêts de leur région aux priorités du gouvernement. La stratégie met l’accent sur l’immigration, l’innovation, les infrastructures, le commerce et le tourisme. Les priorités du groupe parlementaire de l’Atlantique se sont retrouvées dans la politique fédérale, ce qui favorisera la croissance du Canada atlantique.
Il a été pénible, pendant 10 ans, de voir les conservateurs saboter l’économie de ma région en modifiant le régime de l’assurance-emploi. Ce qu’ils voulaient, pour le Canada atlantique, c’étaient encourager les jeunes à déménager en Alberta. Les fonds que nous injectons permettront aux jeunes et aux familles de rester dans la région. Vu le bilan de leur gouvernement, j’ai du mal à supporter leurs critiques au sujet du rôle de la Cour suprême du Canada ou à entendre leur prétendue défense du Canada atlantique. Je suis très heureux d’intervenir en sachant, au fond de moi, que nous avons défendu les droits des Canadiens de l’Atlantique et que nous agissons dans leur intérêt. Dans notre groupe parlementaire et en public, je continuerai de défendre ma région, car j’ai été élu pour faire ce travail.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'être ici aujourd'hui avec un grand nombre de mes collègues du caucus de l'Atlantique, qui compte 32 députés. Beaucoup d'entre nous étaient ici ce matin et ceux qui n’y étaient pas étaient occupés à travailler pour les gens qu'ils représentent et à s'acquitter de dossiers partout au Parlement. Ils travaillent donc très fort pour les électeurs de leur région.
Je suis ravie de prendre la parole au sujet de la motion de l'opposition présentée par le député de , qui porte sur la représentation régionale à la Cour suprême et en particulier sur le Canada atlantique.
La Cour suprême du Canada touche tous les Canadiens d'un océan à l'autre. Un processus de nomination rigoureux est donc de la plus haute importance pour que les Canadiens de tous les horizons puissent être représentés dans cette importante institution.
Le gouvernement s’est engagé à utiliser un processus ouvert, transparent et responsable pour nommer des juristes du plus haut calibre qui soient bilingues à un niveau fonctionnel et représentatifs de la diversité de notre grand pays. Je voudrais prendre un moment pour parler de ce que cela signifie exactement pour les électeurs de Long Range Mountains, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Les électeurs de ma circonscription ont clairement voté pour le changement. Ce changement veut dire un gouvernement fonctionnel, efficace et représentatif qui respecte les institutions de notre pays et notre diversité régionale. La représentation du Canada atlantique à la Cour suprême est un des exemples du nouveau ton que Terre-Neuve-et-Labrador peut attendre du gouvernement actuel. Je suis fière de présenter aux gens de ma circonscription et aux autres Canadiens notre position sur la motion, présentée par la .
Lors de la nomination des juges à la Cour suprême, l’ancien gouvernement conservateur utilisait un processus obsolète opaque qui avait désespérément besoin d'être modifié. Les Canadiens avaient peu de renseignements sur les candidats et les critères de sélection étaient nébuleux. Les Canadiens nous ont parlé de leur frustration face au fonctionnement du gouvernement précédent.
Nous avons écouté les Canadiens, nous avons entendu leurs préoccupations et nous avons fait campagne pour un gouvernement ouvert et transparent. Dans ce cas, cela veut dire que lorsque nous sélectionnons les juges de la Cour suprême, le gouvernement rendra publics le nom des membres du comité consultatif indépendant, les critères d'évaluation, le questionnaire auquel tous les candidats doivent répondre et certaines réponses au questionnaire données par le candidat désigné par le .
En plus, la et la présidente du comité consultatif comparaîtront devant le Parlement pour parler du processus de sélection. Un certain nombre de députés et de sénateurs de tous les partis auront également la possibilité de participer à une séance de questions avec le candidat retenu, avant son entrée en fonction. Les députés pourront ainsi véritablement représenter leurs électeurs dans ce processus de la plus haute importance pour notre région.
Ma ville natale, à Terre-Neuve-et-Labrador, a ses propres problèmes, comme l'ensemble du Canada atlantique. J'ai une des plus grandes circonscriptions du pays: Long Range Mountains commence à la côte sud-ouest de l'île et englobe les villages de Grey River et de Channel-Port aux Basques et longe ensuite la péninsule Great Northern jusqu'à St. Lunaire-Griquet.
Quand je parle de la taille de ma circonscription, ce n’est pas seulement pour donner une leçon de géographie aux députés d'en face sur une région qu’ils ont laissée pour compte pendant qu’ils étaient au pouvoir, c’est aussi pour donner aux gens une idée de son immensité.
Il faut environ 9 heures de voiture pour parcourir les 700 kilomètres qui mènent à Channel-Port aux Basques et, si je vais vers le sud, il faut 6 heures de bateau. Je pense sincèrement que certains députés du reste du pays ne se rendent probablement pas compte de la taille du Canada atlantique. Ce n'est qu'un exemple, mais il montre pourquoi on veut et on doit avoir un juge qui puisse comprendre les défis et les enjeux particuliers en cause dans les affaires judiciaires dont la Cour suprême est saisie.
La perspective régionale est cruciale quand il s’agit de choisir les juges. Comme je l'ai déjà dit, la Cour suprême a un effet direct sur toutes les régions, mais il y en a très peu où les décisions du gouvernement fédéral peuvent avoir autant de ramifications dans la vie quotidienne des gens. Les habitants du Canada atlantique comprennent cette réalité.
La pêche est un des grands secteurs d’activité dans ma circonscription. Quand je parle avec mes électeurs, comme je l'ai fait sur les quais tout l'été, ils savent donc pertinemment que c'est le ministère des Pêches et des Océans qui prend les décisions.
Si je soulève cette question, c’est que je trouve curieux que les députés d'en face s’intéressent subitement au Canada atlantique. Ils ont décidé tout à coup que le Canada atlantique leur tenait à coeur. Je trouve paradoxal qu’ils n’aient pas manifesté cet intérêt pendant les 10 ans où ils ont été au pouvoir. De toute évidence, ils ne comprenaient pas ou ne reconnaissaient pas l'importance de Long Range Mountains.
J’attends avec impatience de conclure mes observations après la période des questions.