Comme vous le savez, la présidente élue, Mme Smith, a démissionné aujourd'hui, ce qui crée une vacance au poste de président du comité. Sans surprise, votre première tâche aujourd'hui sera d'élire un nouveau président du Comité permanent de la santé.
[Traduction]
Je tiens à vous rappeler que le Règlement stipule que le président doit être un député du parti ministériel.
Je suis maintenant disposé à recevoir des motions pour le poste de président.
Le greffier et moi allons préparer une lettre. Nous la distribuerons aux membres du comité pour qu'ils l'examinent et donnent leur aval, puis nous l'expédierons à .
Bonjour, mesdames et messieurs.
Nous avons tout un programme aujourd'hui. Nous entendrons les témoignages de quatre groupes distincts. Comme vous le savez — je suis sûr qu'on vous l'a dit — vous disposez de 10 minutes chacun pour faire votre exposé. L'exposé se fera sans interruption. Lorsque les 10 minutes prévues seront presque écoulées, je lèverai la main pour vous l'indiquer. Mais je suis convaincu que vos notes ont été préparées pour que vous arriviez à 10 minutes pile.
Nous commencerons par le ministère de la Justice. Nous accueillons donc M. Saint-Denis et Mme Goldstone. Que celui qui présente commence.
:
Étant donné que le ministère de la Justice du Canada dirige la Stratégie nationale antidrogue, je suis heureuse d'être ici aujourd'hui, à titre de chef par intérim, pour vous dire quelques mots au sujet de cette stratégie.
La Stratégie nationale antidrogue a pour but de contribuer à l’instauration de collectivités plus saines et plus sécuritaires grâce à des mesures coordonnées de prévention de la consommation de drogues illicites, de traitement de la dépendance et de réduction de la production et de la distribution de drogues illicites. La stratégie procède de l'effort concerté de 12 ministères et organismes partenaires fédéraux et est dotée d'un budget de 515,9 millions de dollars réparti sur un cycle quinquennal débuté en 2012 et se terminant en 2017.
[Français]
La stratégie comprend 22 programmes, dont la prestation est assurée au moyen de trois plans d'action, de prévention et de traitement gérés par Santé Canada. L'application de la loi, quant à elle, est gérée par Sécurité publique Canada.
[Traduction]
La stratégie porte principalement sur les drogues désignées illégales aux termes de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Depuis que la stratégie a été lancée, en 2007, le mauvais usage des médicaments sur ordonnance est devenu un important problème de santé et de sécurité publiques, ce qui se traduit par une augmentation des problèmes de dépendance, des surdoses, des décès et de la criminalité.
Les médicaments sur ordonnance consommés à mauvais escient proviennent souvent de l'armoire à pharmacie d'un ami ou d'un parent. Ils sont aussi détournés des voies légitimes et distribués par l'entremise de réseaux qu'utilisent habituellement les organisations illicites, c'est-à-dire le crime organisé. Les médicaments sur ordonnance sont dérobés à l'occasion de vols à main armée et de cambriolages dans les pharmacies; on se les procure en fraudant le système de santé — en sollicitant des ordonnances multiples auprès de différentes médecins ou en falsifiant des ordonnances —, en les achetant de particuliers qui tirent avantage des marchés lucratifs de la rue ou en profitant de leur vente illégale sur Internet.
Bien que la lutte au mauvais usage des médicaments sur ordonnance fasse déjà partie du mandat de certains ministères fédéraux, les pouvoirs stratégiques doivent être élargis afin que l'argent prévu pour la Stratégie nationale antidrogue puisse être utilisé pour s'attaquer à cet important problème.
Dans son dernier discours de Trône, le gouvernement du Canada s'est engagé à élargir les pouvoirs stratégiques de la SNA, la Stratégie nationale antidrogue, pour englober la lutte au mauvais usage des médicaments d'ordonnance. En outre, le besoin d'intervenir semble faire l'objet d'un fort consensus des parties concernées, dont les organisations des Premières Nations, les communautés du monde médical et de la recherche, celles du milieu pharmaceutique et les organismes responsables de l'application des lois.
Paul.
:
J'aimerais remercier le président et les membres du comité de m'avoir invité à vous entretenir des abus de médicaments d'ordonnance et de leurs répercussions sur la sécurité publique.
Mon ministère est responsable du Plan d’action sur l’application de la loi, lequel fait partie de la Stratégie nationale antidrogue du Canada. Cette responsabilité signifie que nous devons travailler en étroite collaboration avec divers partenaires, dont la Gendarmerie royale du Canada, le ministère de la Justice et Santé Canada, afin de veiller à ce que les interventions du gouvernement fédéral soient coordonnées en ce qui a trait à la lutte antidrogue et, en particulier, en ce qui a trait aux opérations de culture de marijuana et aux laboratoires clandestins qui produisent des drogues synthétiques telles que l'ecstasy.
[Traduction]
Dans le cadre de ce rôle, Sécurité publique Canada a continuellement tenté de régler les problèmes nouveaux et émergents liés aux drogues, qui ont des répercussions sur la sécurité publique. Au fil des dernières années, il est devenu de plus en plus évident que la consommation illicite de médicaments d'ordonnance est un problème de sécurité majeur au Canada.
Du point de vue de l'application de la loi, la criminalité associée à l'abus de médicaments d'ordonnance comprend l'utilisation frauduleuse du système de santé, les vols qualifiés de pharmacies, la conduite avec facultés affaiblies et les activités liées au trafic de drogues traditionnel, qu'elles soient menées par des membres du crime organisé ou par des personnes qui tirent profit des marchés lucratifs de la rue. En parallèle, ces médicaments « licites » mettent à rude épreuve les méthodes traditionnelles visant à réduire l'approvisionnement.
Au fil des ans, Sécurité publique Canada a travaillé avec le Comité sur l'abus des drogues de l'Association canadienne des chefs de police afin de faire de la sensibilisation au sujet de ce sérieux problème qui touche nos collectivités. Comme un grand nombre d'entre vous le savent, la consommation illicite ou abusive de produits pharmaceutiques, en particulier les opioïdes, constitue un problème de plus en plus préoccupant qui a des répercussions sur la sécurité publique et le bien-être collectif. En fait, les tendances indiquent que les jeunes utilisent de plus en plus des médicaments d'ordonnance à des fins récréatives, et qu'ils obtiennent ces médicaments des armoires à pharmacie de la maison et de leurs amis.
En juin 2011, Sécurité publique Canada a organisé à Vancouver un atelier national sur l'usage illicite de produits pharmaceutiques qui a réuni 100 participants représentant des organismes d'application de la loi fédéraux, provinciaux et municipaux ainsi que des responsables de la santé, y compris des médecins et des pharmaciens. Cet atelier avait pour objectif de faciliter les discussions multisectorielles et de permettre aux participants de mieux comprendre le problème que pose l'usage abusif de produits pharmaceutiques du point de vue de la sécurité publique.
Après ces ateliers, le ministère a investi dans un projet pilote dans la région de Niagara afin d'organiser en mai 2012 une journée de remise de médicaments d'ordonnance. L'objectif d'un tel événement était de disposer facilement des médicaments qui n'ont pas été utilisés ou complètement utilisés afin d'en restreindre un éventuel abus. Cette initiative a été couronnée de succès. En une seule journée, nous avons pu réunir 4 000 kg de médicaments, dont 835 comprimés d'oxycodone, plus de 3 400 comprimés de Percocet et d'Oxycocet, plus de 5 000 comprimés de codéine et 23 timbres de fentanyl.
Fort du succès du projet pilote, le ministère a appuyé l'Association canadienne des chefs de police dans la mise en oeuvre de son projet de journée nationale de remise de médicaments d'ordonnance, notamment en mobilisant des appuis au sein des forces de l'ordre. Le ministère a organisé un atelier et créé un manuel — je crois que des copies de ce manuel ont été distribuées aux membres, monsieur le président — pour aider les forces de l'ordre à organiser leur première journée nationale de remise de médicaments, laquelle a eu lieu en mai 2013. Ce manuel, maintenant connu à l'échelle internationale, porte sur les initiatives de remise de médicaments d'ordonnance actuellement mises en oeuvre au Canada. Il est accessible sur le site Web de Sécurité publique Canada ainsi que sur le site Web de la Stratégie nationale antidrogue.
Dans le même esprit que cette journée nationale, Sécurité publique Canada, en collaboration avec Santé Canada, a proposé au nom du Canada une résolution à la Commission des stupéfiants de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. Adoptée par la commission le 15 mars 2013, ladite résolution encourage les États membres à favoriser des initiatives pour permettre la récupération des médicaments d'ordonnance dans des conditions opportunes et sécuritaires, en particulier des médicaments contenant des stupéfiants et des substances psychotropes placés sous contrôle international.
Santé publique Canada a également collaboré de près avec le Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies en vue d'élaborer un Cadre national sur le mauvais usage de médicaments d'ordonnance. Plus précisément, en collaboration avec le Comité sur l'abus des drogues de l'Association canadienne des chefs de police, nous avons dirigé la rédaction du volet portant sur l'exécution de la loi de la stratégie « S'abstenir de faire du mal: Répondre à la crise liée aux médicaments d'ordonnance au Canada » du Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies. Nous travaillons actuellement sur le plan de mise en oeuvre de ce volet.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous offrir un aperçu du rôle que joue mon ministère dans la Stratégie nationale antidrogue et du travail que vous avez accompli jusqu'ici pour gérer le problème d'abus de médicaments d'ordonnance.
Je serai heureux de répondre à vos questions. Je vous remercie.
:
Bonjour, monsieur le président. Veuillez avant toute chose agréer mes félicitations pour votre élection à la présidence.
Distingués membres du comité, merci d'avoir invité la GRC à prendre la parole ici aujourd'hui. Je suis heureux d'être ici avec mes collègues et partenaires.
Je suis l'inspecteur Jean Cormier, actuellement directeur des Centres fédéraux de coordination au sein de la Police fédérale à la Direction générale de la GRC. Les centres fédéraux de coordination supervisent de nombreuses initiatives d'exécution des lois fédérales.
[Français]
Je suis accompagné aujourd'hui par le caporal Luc Chicoine, qui est l'un des coordonnateurs nationaux du programme antidrogue à la direction générale de la GRC.
Je vous remercie de me permettre de dire quelques mots à propos de la mobilisation de la GRC face au problème de l'abus de médicaments d'ordonnance ainsi que sur notre relation avec les différents partenaires du gouvernement canadien engagés dans cette lutte.
[Traduction]
L'abus de médicaments d'ordonnance est un grave problème qui touche nos concitoyens. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais le fait qu'il ait récemment pris de l'ampleur exige la mobilisation de tous. L'utilisation de médicaments d'ordonnance à des fins non médicales est la troisième forme la plus fréquente d'abus de drogues chez les élèves ontariens, avec un taux de prévalence estimé à 16,7 % par Santé Canada, juste derrière la consommation de cannabis, à 22 %, et d'alcool, à 55 %.
[Français]
Ce fléau a des conséquences dévastatrices sur nos citoyens et sur toutes les composantes de notre société, et ce, sans distinction d'âge, de race, de classe sociale, de revenu, d'origine, d'ethnicité ou de sexe. Il a des répercussions directes sur l'ensemble de la population canadienne, sur nos entreprises, sur nos communautés et aussi sur notre réputation internationale.
L'un des dangers inhérents à ce genre d'abus est le faux sentiment de sécurité que ressentent les utilisateurs du fait que les médicaments sont prescrits par des médecins, produits par des installations réglementées et délivrés par des pharmaciens. Or, en abuser a le même effet destructeur que celui produit par d'autres drogues illégales.
[Traduction]
Il importe que la communauté d'application de la loi collabore avec ses partenaires au pays et à l'étranger afin de prévenir et de contrer le détournement de médicaments d'ordonnance et de poursuivre en justice les responsables. Les agents de la GRC et d'autres corps policiers sont souvent les premiers à intervenir sur les lieux d'incidents liés à l'abus de médicaments d'ordonnance. La sensibilisation et la formation des policiers sont donc indispensables.
[Français]
Nous croyons que l'échange d'information entre partenaires fait également partie de la solution.
La Stratégie nationale antidrogue prône depuis des années une approche en trois volets, soit la prévention, le traitement et la répression. La GRC est engagée à appuyer cette stratégie afin de s'attaquer aux problèmes liés à l'abus de médicaments d'ordonnance.
[Traduction]
Il est difficile d'enquêter sur l'abus et le détournement de médicaments d'ordonnance et de déposer des accusations tant les dossiers sont complexes. C'est pourquoi la GRC et ses partenaires concentrent leurs efforts sur deux volets de la stratégie nationale, à savoir la prévention et le traitement.
Tous les agents de la GRC sont tenus d'enquêter sur les activités liées aux drogues illicites. Nous disposons néanmoins d'agents qui, à l'instar du capitaine Chicoine, ont une formation spécialisée dans les enquêtes antidrogues et sont considérés comme des experts en la matière. Ces personnes sont également chargées d'enquêter sur les activités illicites touchant aux médicaments d'ordonnance et elles sont présentes dans toutes les provinces et tous les territoires du pays.
[Français]
Même si la coopération internationale a grandement favorisé l'établissement de normes pour prévenir et détecter l'abus de médicaments d'ordonnance en supprimant ou en restreignant davantage l'accès à certains d'entre eux, il nous faut poursuivre nos efforts et rester vigilants.
La GRC croit que chacun a un rôle à jouer dans la prévention de l'abus de médicaments d'ordonnance et doit y prendre part activement.
[Traduction]
Nous croyons qu'en mettant l'accent sur la prévention et en sensibilisant davantage nos communautés — notamment les intervenants de la santé — aux méfaits de l'abus des médicaments d'ordonnance, nous parviendrons à mettre en place des mesures efficaces aptes à contrer l'activité criminelle dans ce domaine. La GRC est déterminée à poursuivre ses efforts visant à détecter et à contrer l'abus de médicaments d'ordonnance qui nuit au Canada et au bien-être des Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir écouté et me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du comité.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui pour formuler des commentaires au sujet de l'étude du comité sur le rôle du gouvernement dans la lutte contre l'utilisation abusive de médicaments d'ordonnance.
Monsieur le président, à titre de commissaire du Service correctionnel du Canada, le SCC, je supervise les activités de 53 pénitenciers fédéraux, 16 centres correctionnels communautaires et 92 bureaux de libération conditionnelle et bureaux auxiliaires. Au cours du dernier exercice financier, le SCC avait la charge quotidienne moyenne de 22 762 délinquants, dont 15 056 étaient incarcérés.
Les membres du comité ne seront certainement pas surpris d'apprendre que la toxicomanie est un problème récurrent chez les délinquants. Nos données révèlent qu'au moment de leur incarcération dans un pénitencier fédéral, environ 80 % d'entre eux ont déjà eu des problèmes de toxicomanie, et ces problèmes sont très souvent liés à plus d'une substance. Il est tout aussi inquiétant d'apprendre que la drogue ou l'alcool ont joué un rôle dans les actes criminels ayant mené à la déclaration de culpabilité d'environ la moitié d'entre eux. Ce pourcentage est le même depuis de nombreuses années.
Dans les pénitenciers fédéraux, le personnel de première ligne doit jour après jour faire face à la grave menace que posent les drogues pour la sécurité des établissements. La diminution de l'offre de drogues constitue sans aucun doute une priorité pour mon organisation. Grâce à différentes mesures, comme le recours aux chiens détecteurs de drogues et l'amélioration de la capacité du renseignement de sécurité, le SCC a concentré ses efforts afin d'empêcher la drogue d'entrer dans nos établissements. Il a ainsi créé un milieu plus sûr pour nos employés et les détenus, ce qui favorise du même coup la réadaptation efficace des délinquants.
En plus de prendre des initiatives visant à réduire l'offre de drogues, le SCC est tout aussi déterminé à réduire la demande. À cette fin, le SCC offre des traitements pour les toxicomanes et des programmes de lutte contre la toxicomanie afin d'aider les délinquants à réussir leur réadaptation et de réduire le risque lié à la toxicomanie, facteur criminogène s'il en est. En fait, le SCC est reconnu mondialement comme un chef de file pour ses traitements et ses programmes en matière de toxicomanie.
Monsieur le président, le SCC peut sans aucun doute vous en dire long sur l'interdiction des drogues illicites et sur les traitements connexes. Toutefois, ce sur quoi le SCC serait d'une plus grande utilité pour ce comité concerne la question très pragmatique de la gestion de la distribution des médicaments d'ordonnance dans un milieu carcéral très complexe.
Comme les membres du comité le savent peut-être déjà, le SCC a le mandat de fournir des services de santé essentiels aux détenus sous responsabilité fédérale. Dans le cadre de ce mandat, le SCC doit veiller à ce que les délinquants aient accès, de façon raisonnable, aux médicaments d'ordonnance nécessaires. Comme vous pouvez sans doute l'imaginer, la gestion de la distribution et de l'administration des médicaments d'ordonnance au sein d'une clientèle composée de détenus constitue un défi unique en raison du grand potentiel d'abus.
Le SCC a donc créé un système permettant de limiter les possibilités que les délinquants abusent de ces substances tout en offrant des soins médicaux de haut niveau. Le formulaire national du SCC est l'élément le plus remarquable de notre cadre stratégique. Ce document, que tous les pénitenciers fédéraux doivent respecter, offre aux médecins et aux pharmaciens un moyen de favoriser la sélection de médicaments optimaux et économiques. Rempli par des professionnels de la santé et mis à jour deux fois par année, le formulaire dresse la liste des médicaments que le SCC est prêt à fournir, au besoin, aux détenus dont il a la responsabilité.
Par extension, tous les médicaments pouvant constituer un risque dans un milieu carcéral sont autant que possible exclus du formulaire. Toutefois, si, pour raison médicale, un médicament est absolument nécessaire, sa prescription et son administration sont assujetties à des restrictions.
Le formulaire fournit également des renseignements particulièrement importants sur certains médicaments, comme les médicaments de rechange disponibles, la façon de les distribuer aux délinquants en toute sécurité, la posologie, la période d'usage et les circonstances justifiant leur prise.
J'estime que les moyens qu'emploie le SCC pour distribuer des médicaments d'ordonnance en toute sécurité aux détenus sous responsabilité fédérale sont tout à fait pertinents dans le cadre de l'étude du présent comité. Compte tenu du temps qui m'est alloué, je ne peux pas vous faire part de détails précis sur ces politiques dans mon mot d'ouverture, mais je serai heureux de répondre aux questions que vous pourriez avoir à ce sujet.
Je vous remercie encore, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Premièrement, je remercie les témoins de leur présence aujourd’hui. Je me réjouis d’entendre vos exposés et d’apprendre ce qu’accomplit chacun de vos ministères.
Monsieur Bhupsingh, vous avez mentionné dans votre mémoire que des données de plus en plus nombreuses semblent indiquer que l’usage illicite de médicaments d’ordonnance est un important problème de sécurité publique. Pourriez-vous déposer les documents dont vous disposez qui nous apporteraient ces preuves? Je ne sais pas si vous parlez de sondages, de rapports ou d’enquêtes qui ont été menées. J’ignore ce à quoi vous faites allusion, mais si vous pouviez les déposer au comité, ils nous seraient très utiles.
L’autre chose qui m’a frappé en entendant les exposés d’aujourd’hui est le fait que nous avons entendu parler de ce qui est en train de se dérouler, à savoir la journée de remise. L’idée d’organiser une journée nationale de remise et le fait que nous participons à son organisation et qu’une résolution à cet effet a été adoptée à l’ONU ne me posent pas de problème, mais il me semble qu’en mettant l’accent sur une politique de retour appropriée, on prend en quelque sorte des mesures après coup. Je n’ai entendu aucun d’entre vous parler de ce que nous faisons de manière systématique pour prévenir d’abord les usages abusifs.
En Colombie-Britannique, notre programme d’assurance-médicaments fait appel à des systèmes qui, avec l’aide des pharmacies, utilisent des mécanismes de contrôle pour garantir que les gens ne magasinent pas pour se procurer des médicaments d’ordonnance. Il est difficile de savoir si l’un ou l’autre de vos ministères, ou même Santé Canada, s’emploie à tenter de promouvoir un programme de ce genre à l’échelle nationale.
Ma question est la suivante: pourquoi nous concentrons-nous tellement sur ce qui doit être fait après l’apparition du problème, au lieu de mettre sur pied des systèmes?
Monsieur Head, vous avez dit que vous disposiez de systèmes déjà en service. Peut-être pourriez-vous répondre à ma question en expliquant les leçons que nous pouvons tirer de vos systèmes, mais je suis préoccupée par le fait que nous ne semblons pas avoir une manière systématique de nous attaquer à ce problème. Il me semble qu’en étudiant le problème seulement dans le contexte de la mise en application de la loi, nous manquons le bateau. Nous devons examiner la façon dont le système lui-même garantit que nous minimisons autant que possible les cas d’abus.
L’un d’entre vous pourrait-il répondre à ma question
:
Monsieur le président, merci.
Premièrement, mon allusion aux tendances croissantes que nous observons relativement aux produits pharmaceutiques et aux médicaments d’ordonnance découle en grande partie de ce que nous constatons dans les enquêtes. Nous remarquons une hausse du nombre d’affaires qui font l’objet de poursuites pénales. Voilà les tendances dont je parle.
Monsieur le président, un certain nombre d’études mentionnées dans des mémoires présentés plutôt par Santé Canada et d’autres députés le démontrent clairement. Nous observons une tendance à la hausse dans celles-ci. En fait, je vous fais remarquer que, du moins sur le plan de la sécurité publique, nous n’observons aucune mesure différente pour contrer cette tendance. Je tiens à préciser que j’appartiens au milieu de l’application de la loi, mais je sais que les représentants de Santé Canada, qui étaient ici la semaine dernière, parlaient d’un certain nombre de systèmes qu’ils tentaient de mettre en place.
Je ne suis pas la personne la mieux placée pour formuler des observations sur l’adoption d’une approche systématique pour cerner le problème au stade initial. Toutefois, je peux vous dire qu’en réglant quelques-unes des préoccupations des forces de l’ordre concernant la diminution de l’offre, nous faisons des progrès, et nous pensons qu’en fin de compte, les journées de remise et d’autres initiatives de ce genre peuvent avoir un effet bénéfique. Je sais qu’il ne s’agit pas d’une approche systématique comme celle dont vous parlez, mais, pour ce qui est d’apaiser les inquiétudes des forces de l’ordre, nous pensons que c’est une façon appropriée d’intercepter une partie de l’offre
:
J’ai quelques observations à formuler, monsieur le président.
Premièrement, d’après mes souvenirs, lors de leur comparution, les représentants de la santé ont signalé que le Canada était le deuxième pays consommateur de médicaments d’ordonnance en importance dans le monde. Cela signifie que le nombre de médicaments en circulation est effectivement élevé. Ces médicaments sont distribués par des moyens légitimes, c’est-à-dire qu’ils sont prescrits. Donc, lorsque nous parlons d’un problème systémique, nous indiquons peut-être que la façon dont les médicaments sont prescrits est inappropriée.
Bon nombre des médicaments prescrits finissent par être parfois volés, parfois utilisés de manière abusive, alors que d’autres médicaments sont volés dans les pharmacies. Je ne crois pas qu’une approche réglementaire systémique réglerait le problème des cambriolages de pharmacies, de maisons ou de résidences pour personnes âgées, au cours desquels des médicaments sont volés, ou qu’elle préviendrait ceux-ci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également nos témoins de leur présence.
J’ai un certain nombre de questions à poser, alors je vous serais reconnaissant de me donner, si possible, des réponses relativement concises. J’aimerais commencer par la sécurité publique.
Certaines personnes parlent de faire appel aux organisations locales, de communiquer avec des groupes communautaires et de travailler avec ceux-ci. Je pense qu’il serait plutôt logique de s’attaquer au problème au niveau le plus bas qui soit – soit, entre autres, des groupes communautaires qui s’occupent des jeunes et qui les tiennent à l’écart des drogues.
Pouvez-vous parler de la mesure dans laquelle vous coordonnez vos activités avec des groupes communautaires? Avez-vous des exemples de coordination à nous donner? Est-ce que les grandes compagnies pharmaceutiques ont un rôle à jouer à cet égard, du point de vue de l’éducation?
:
L’une des facettes que nous examinons en ce moment… J’admets, monsieur le président, qu’il y a probablement un certain nombre de façons de s’attaquer au problème, en ce qui a presque trait à la sensibilisation à un certain nombre d’égards.
Le problème que nous observons du point de vue de l’application de la loi tient essentiellement au fait que le problème s’étend des plaques tournantes au crime organisé, en passant par des individus. En ce qui concerne le caractère individuel du problème, je pense que vous avez raison. Nous avons probablement l’occasion d’amorcer des campagnes de sensibilisation populaire, au sein des collectivités locales. Je pense qu’à l’avenir, c’est un aspect que nous examinerons.
En ce qui concerne les compagnies pharmaceutiques, elles ont probablement un rôle à jouer. Que pourraient-elles faire? Au bout du compte, il y a un certain nombre de sujets dont nous pourrions discuter avec elles, notamment les mécanismes de contrôle, etc. Encore une fois, cela fait partie de la solution.
Toutefois, notre première priorité est vraiment la sensibilisation, qui est un problème croissant. Notre deuxième priorité est de nous attaquer au problème probablement à divers niveaux, dont le niveau local, les individus et vous, mesdames et messieurs.
:
Je peux bien sûr contribuer à cette conversation.
Nous offrons un certain nombre de programmes de sensibilisation. L’un d’eux s’appelle le programme Bouclier autochtone, et il cible en principe les collectivités autochtones et certainement les jeunes, en commençant par les enfants d’âge scolaire.
Nous mettons aussi en oeuvre le Programme de sensibilisation aux dangers de la drogue, aussi connu sous le nom de DARE. Ce dernier cible aussi les enfants d’âge scolaire, mais plutôt ceux de 7e et 8e année, avant leur entrée à l’école secondaire où ils seront plus susceptibles d’être exposés à divers types de drogues ou de s’en faire offrir. Encore une fois, c’est une question de sensibilisation et de prévention.
Nous mettons aussi en oeuvre le programme des EMD, des enfants menacés par la drogue, soit une initiative d’intervention précoce qui cherche à mettre un terme au cycle de la violence faite aux enfants occasionnée par l’exposition à des activités liées aux drogues. Le programme offre un guide de ressources, qui a été traduit en français, et un programme de formation que peut suivre le personnel responsable de la prestation des services.
Tous les témoins ont donné des exposés très intéressants.
Je sais qu'au sein de l'équipe, vous vous occupez particulièrement de la question de l'offre. Mais je sais, en raison de mes connaissances de médecin et de la compréhension de ces problèmes que j'ai acquise au fil des ans, qu'on ne peut pas s'occuper uniquement de l'offre. Il faut examiner les raisons qui justifient la demande; il est nécessaire d'examiner cet aspect.
Comme M. Hawn, j'aimerais vous demander d'être concis dans vos réponses. Je m'efforcerai de vous poser de brèves questions.
Monsieur Head, vous avez dit que 80 % des délinquants qui arrivaient dans vos prisons souffraient d'une dépendance, quelle qu'elle soit, ou prenaient des médicaments prescrits ou illicites d'une sorte ou d'une autre. J'ai aussi remarqué que vous aviez dit, qu'après 20 années d'expérience, cette statistique était toujours la même. Examinez-vous des données probantes...? Je veux dire, si une statistique demeure constante pendant 20 années, envisagez-vous la possibilité d'examiner le bien-fondé de cette approche?
:
Oui, je pense que c'est important, car il y a maintenant un nombre considérable d'études qui montrent que si ces personnes ne prennent pas de la diacétylmorphine ou de l'hydromorphone, c'est-à-dire du Dilaudid, elles retourneront dans la rue où se vendent les drogues. Je suis contente que vous pensiez que ces études devraient être utiles dans certains de ces cas.
Je veux parler de l'idée — et je ne sais pas qui devrait répondre. Monsieur le président, vous pouvez adresser ma question à la personne qui devrait y répondre — vous avez parlé du programme S'abstenir de faire du mal. Cela veut-il dire que vous estimez que la réduction des méfaits est un élément important, si ce programme est préconisé par les autorités médicales? Qui veut répondre?
Je remarque que personne n'a tenu compte de la réduction des méfaits en se penchant exhaustivement sur la toxicomanie et sur la diminution de la quantité. Qui veut...?
Monsieur le président, qui veut parler du programme S'abstenir de faire du mal et me dire pourquoi vos programmes ne mentionnent pas la réduction des méfaits?
:
Je sais que le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies compte parmi ses piliers la réduction des méfaits. Donc, je me demande pourquoi nous choisissons minutieusement certaines choses et pas d'autres, d'autant plus que l'utilité de la réduction des méfaits a été prouvée à l'étranger. En Australie et en Europe, elle est maintenant complètement acceptée comme étant une partie de la stratégie, car lorsque vous réduisez les méfaits et que la personne sait qu'elle ne va pas mourir, sa volonté de suivre un traitement se renforce.
Combien de temps me reste-t-il monsieur le président? Une petite minute.
Mme Davies a parlé de coordination. Je me souviens, du rapport que le comité a publié en 2002 sur cette question et qui proposait que chacun collabore. Pour vous, collaborer, c'est travailler avec les provinces, etc.
Je sais qu'il y a en Colombie-Britannique un programme des ordonnances d'opiacés en triplicatas. Ça signifie que, lorsqu'un médecin remplit une ordonnance, il y a trois exemplaires: un exemplaire pour le médecin, un pour le pharmacien et un pour les collèges et la police. C'est un programme qui a mis fin très efficacement à l'obtention d'ordonnances multiples.
Ne pensez-vous pas que collaborer avec les provinces est une bonne idée qu'il faut promouvoir dans le cadre d'une stratégie nationale? Il n'y a pas que les provinces. Vous travaillez avec elles. Vous avez tous dit que cette collaboration est efficace. Donc, pourquoi ne pas le faire, particulièrement en ce qui concerne notamment les Inuits, les Premières Nations et les forces armées dont le gouvernement fédéral est responsable?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de s'être présentés aujourd'hui. La plupart d'entre vous travaillent dans le domaine de l'application de la loi. Ça devient donc, disons, un peu compliqué parfois quand vous parlez de traitement et de prévention. Votre travail porte essentiellement sur l'application de la loi.
Monsieur Cormier, je pose ma première question à la GRC. Je suis un agent à la retraite. Donc, je respecte le grade. En 2009, la GRC — j'ignore si elle a cessé de le faire — publiait un rapport annuel sur la situation des drogues illicites.
Pouvez-vous me dire si elle continue de le faire? Si oui, où peut-on le trouver? S'agit-il d'un rapport interne?
Nous avons l'infraction de trafic de stupéfiants, nous le savons. Les infractions de trafic de stupéfiants s'appliquent à pratiquement tous les médicaments d'ordonnance inscrits aux annexes de la loi. Si, par exemple, ce médicament particulier figure à une annexe de la loi, le trafiquant se fera prendre pour le trafic et la possession en vue de faire du trafic.
Je ne connais pas ce médicament particulier, j'ignore donc s'il est inscrit à une annexe de la loi.
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous nos témoins de leur présence aujourd'hui.
J'aimerais aborder quelques aspects de la question avec vous. Dans un premier temps — et j'y reviendrai — je veux parler des jeunes et de quelques-uns des problèmes associés aux différentes formes de toxicomanie. J'ai enseigné les maths et la physique au secondaire pendant 34 ans, ce qui fait que j'ai vu passer pas mal d'adolescents. J'ai vu d'excellents élèves nous arrivant du primaire qui, au moment de terminer leur secondaire... Après avoir été eux-mêmes des victimes au départ, ils se retrouvaient malheureusement pris dans le même engrenage quatre ou cinq ans plus tard. J'estime donc primordial de trouver des façons de briser ce cycle.
La consommation abusive de médicaments d'ordonnance n'est bien sûr qu'un aspect supplémentaire compliquant cette problématique. Je suis convaincu que les parents aimeraient savoir exactement de quoi il en retourne, car ce sont bien souvent leurs médicaments à eux qui sont en cause. C'est donc une facette dont nous pourrions discuter.
J'aimerais revenir à certains témoignages entendus précédemment. Monsieur Bhupsingh, vous avez parlé de l'atelier national tenu en 2011, de cette tribune pour une discussion multisectorielle et des différentes manières d'analyser la consommation abusive de produits pharmaceutiques.
Vous avez également abordé le sujet des aînés et des problèmes découlant du genre de médicaments qu'on leur prescrit. Je me demandais si des approches avaient été tentées auprès des aînés pour s'assurer que le même message parvient jusqu'à eux.
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Je vais vous répondre brièvement, après quoi je laisserai la parole à Mme Goguen.
Comme certains de mes collègues l'ont déjà souligné, nous nous sommes rendu compte en 2011 qu'il ne fallait pas limiter nos interventions aux seuls plans de l'approvisionnement et de l'application de la loi à proprement parler. Nous avons alors voulu étendre nos actions dans d'autres secteurs. Ainsi, nous avons mobilisé les pharmaciens et les médecins pour discuter des vrais problèmes et concevoir des approches que nous estimons novatrices pour nous y attaquer.
La démarche est d'autant plus complexe qu'il s'agit au départ d'un produit parfaitement licite, ce qui est bien différent de la lutte contre le commerce de substances illégales. Nous avons donc dû intervenir en adaptant notre façon de voir les choses.
Je vais en rester là pour l'instant et demander à Mme Goguen de répondre à quelques-unes de vos autres interrogations.
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Je vous en serais vraiment reconnaissante.
Pour avoir été enseignante et conseillère pendant plusieurs années dans des écoles élémentaires et secondaires, je suis tout à fait à même de jauger la gravité de la situation. Je pense que les députés de tous les partis en sont pleinement conscients. Je crois toutefois que nous savons tous également qu'il n'existe pas de solutions simples. Il nous faut une approche à plusieurs volets.
J'aimerais poursuivre dans le sens d'une question posée également par mon collègue d'en face au sujet des programmes de prévention disponibles pour les jeunes. J'ai été fort impressionnée lorsque vous avez parlé de toute la formation qui est offerte et des différentes mesures qui sont prises du côté des fournisseurs de services. Mais je sais également que nous pourrions épuiser toutes nos ressources et ne plus rien avoir à dépenser sur quoi que ce soit d'autre si nous négligeons d'examiner les causes pour nous attaquer à quelques-unes d'entre elles, en commençant par l'éducation qui est le meilleur antidote... ou le meilleur remède, devrait-on dire, en l'espèce.
Au fil de mes années d'enseignement en Colombie-Britannique, j'ai assisté à l'érosion de bon nombre des ressources disponibles à cette fin. Lorsque j'ai quitté le système d'éducation — et cela remonte à quelques années — une bonne partie des programmes de prévention avaient déjà disparu, non pas en raison d'un manque d'intérêt de la part des intervenants, mais parce que le financement était insuffisant. C'est une situation qui me préoccupe énormément. Je sais que vous représentez le maintien de l'ordre, mais je pense qu'il serait très naïf de notre part de nous limiter à ce seul aspect dans le contexte de la problématique globale que nous souhaitons traiter.
J'ai une dernière observation que je tiens à formuler, après quoi j'aurai une question pour vous. Je suis députée de Newton—North Delta. La portion Newton correspond à la ville de Surrey dont je suis originaire. J'ai été atterrée d'apprendre aujourd'hui que nous avons enregistré notre 22e meurtre de l'année. Dans l'article de journal que j'ai lu, on indiquait que la majorité de ces homicides étaient reliés au trafic de stupéfiants ou à la guerre des gangs. Nous discutons donc d'un sujet qui m'interpelle fortement, car je vis au sein d'une collectivité où il se passe beaucoup de choses, et où chaque nouveau meurtre nous ébranle encore davantage. Nous avons d'ailleurs battu un record à ce chapitre cette année. La plupart des villes sont en quête de records, mais certainement pas de cette nature.
J'en viens donc à vous demander — et j'ai rencontré les services de police de ma circonscription...
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Je peux répondre. Mon collègue a aussi quelque chose à dire.
Nous avons certainement une stratégie. Pour l'application de la loi, nos stratégies rassemblent plusieurs partenaires. Nous croyons que la résolution du problème n'incombe pas seulement à la GRC, mais plutôt au gouvernement canadien, à tous les intervenants aux stades de l'application ou de la prévention ou qui ont un autre rôle, peu importe lequel.
De même, je crois que, pour maîtriser le problème, il faut s'attaquer aux causes premières, pas seulement aux symptômes. C'est pourquoi nous avons participé à des enquêtes approfondies sur les organisations criminelles qui pourraient se livrer à ce trafic.
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Mes félicitations, monsieur le président. Je suis arrivé en retard et j'aimerais profiter de l'occasion pour vous féliciter pour votre élection et remercier nos témoins d'être ici.
J'ai une question très simple, dont la réponse nous permettra peut-être de mieux comprendre le problème.
Pour l'application de la loi, on se trouve devant un groupe en état d'accoutumance aux médicaments délivrés sur ordonnance, un groupe de criminels, qui obtiennent ces médicaments et les distribuent, et, bien sûr, vous prenez les mesures appropriées. Mais on se trouve aussi devant un groupe à qui ces médicaments ont été délivré sur ordonnance du médecin et auxquels il a, je ne sais comment, développé une accoutumance. Techniquement, rien n'est illégal, parce qu'il obtient les médicaments d'un ou de plusieurs médecins, peut-être, à son gré. Et, parfois, ses enfants ou de jeunes visiteurs, éventuellement, peuvent mettre la main sur le médicament.
Maintenant, comment s'attaquer à ce problème? D'après moi, il n'y a pas vraiment d'activité criminelle dans ce dernier cas, mais il y a un problème. Alors, comment s'y attaquer? Avez-vous des exemples, particulièrement la GRC, de collaboration avec les forces de l'ordre de différents pays? Y a-t-il, à l'étranger, dans d'autres services de police, dans la profession médicale aussi, des moyens de le circonscrire? de l'aborder?
La question est très générale, mais une partie du problème, ici, ne procède pas nécessairement d'une activité criminelle.
Voilà une excellente question. Elle porte sur ce qui s'est dit précédemment, c'est-à-dire que, manifestement, si quelqu'un se fait prescrire un médicament à des fins médicales, la prescription constitue un renseignement personnel à son sujet, qui est assujetti aux lois fédérales et provinciales en vigueur. Certaines concernent le secteur public; d'autres le secteur privé. Il est sûr que, dans le domaine de la santé, différents acteurs créent et utilisent de l'information. Certains de ces acteurs sont privés; d'autres sont des acteurs de l'État.
Cela cause des difficultés. En effet, l'objet de ces lois n'est pas nécessairement d'empêcher la communication de ces renseignements, mais de la réglementer à certaines fins. Même si, d'un bout à l'autre du pays, les lois se ressemblent et se fondent sur les mêmes principes généraux, elles ne sont pas partout identiques, et on tend à traiter chaque cas comme un cas d'espèce.
En ce qui concerne l'utilisation des médicaments délivrés sur ordonnance, il faut peut-être distinguer de multiples circonstances. Visiblement, des patients respectent la loi, ils respectent la posologie, tandis que d'autres font le contraire. Dans différentes circonstances, la loi autorise la communication de renseignements; dans d'autres, peut-être pas. Visiblement, le remède est l'adoption de plus de lois, si c'est nécessaire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
On s'interroge beaucoup sur le mésusage des médicaments délivrés sur ordonnance. Je pense qu'il importe surtout de discerner un processus dans cette situation. Le médecin prescrit un médicament. Les opiacés et les opioïdes sont très utiles contre la douleur: postopératoire, due au cancer, due à la chimiothérapie, et ainsi de suite. Ce sont probablement les analgésiques les mieux connus.
Mais si vous vouliez examiner une manière de bloquer cet engrenage, les médecins, qui s'autodisciplinent dans chaque province, ont... C'est pourquoi j'ai parlé, plus tôt, de propager les pratiques exemplaires. Quand je pratiquais la médecine, beaucoup de gens d'autres provinces venaient me voir, pour obtenir des médicaments à base d'opiacés. Ils venaient de toutes les provinces. Ils me disaient que leur médecin en Alberta, à Winnipeg, etc., et je n'ai jamais cédé. Invariablement, je leur répondais: « Donnez-moi son nom, je l'appellerai et je vérifierai. »
En Colombie-Britannique, le collège des médecins peut se faire une idée du phénomène grâce aux ordonnances en triple exemplaire. Chaque ordonnance pour un opiacé ou un opioïde doit être faite en triple exemplaire, et le collège est en mesure d'examiner la quantité que tel médecin prescrit et de voir pourquoi il en prescrit tant, etc. La communication de cette information aux autres provinces a un effet préventif. C'est pourquoi ce programme national ou pancanadien de mise en commun de l'information, entre les collèges, serait un moyen très important pour faire cesser cela.
Mais il faut aussi parler de l'obligation du patient de s'interroger aussi. Ces médicaments causent une très forte dépendance, qui fait qu'on ne peut plus s'en passer, et ça devient le problème. Le patient a un rôle.
Les enfants l'obtiennent dans la pharmacie de leurs parents. Une grande partie de la propagation des médicaments délivrés sur ordonnance dans la rue s'explique par le fait qu'un comprimé d'OxyContin vaut combien? 45 $? Pour les enfants, c'est de l'argent facile. Certaines personnes se livrent à ce commerce et s'enrichissent. Ce n'est pas nécessairement du crime organisé de haut vol — il y en a aussi —, mais c'est à l'échelle de petites communautés qui essaient d'en tirer profit.
L'important, je pense, c'est de s'attaquer aussi à l'aspect accoutumance. Quelqu'un peut-il répondre à cette question jusqu'ici sans réponse, vu que l'opiacé le plus utilisé — nous occupons le premier rang mondial, devant les États-Unis — est l'OxyContin. Les États-Unis ont cessé la fabrication de l'OxyContin générique, qui est facile à consommer dans la rue et ils ont demandé au Canada de faire de même. L'année dernière, le ministre a autorisé six sociétés pharmaceutiques de produits génériques à fabriquer l'OxyContin.
Le secrétaire à la Justice des États-Unis demande maintenant que cela cesse. Comment, quand on est l'autorité qui réglemente l'offre, peut-on tolérer cela? Ne parlez-vous pas à Santé Canada pour l'avertir que les rues en seront pleines, lui faire remarquer que, pendant que ce ministère donne le feu vert, partout en Amérique du Nord, on n'en produit plus, sauf au Canada? La question est vraiment importante. Si nous allons collaborer pour résoudre le problème, il faut une certaine logique, du bon sens dans la collaboration.
Quelqu'un peut-il répondre à cette question? Est-ce que cela a du sens?
D'accord. Merci. Vous avez répondu.
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Je voudrais savoir combien de travail vous consacrez, puisque vous collaborez avec Santé Canada et d'autres groupes, à l'examen du problème de la demande réelle.
Sachant que l'accoutumance est une maladie chronique, à traiter médicalement... La plupart des toxicomanies ne proviennent pas d'une absence de volonté; elles sont imputables aux neurotransmetteurs du cerveau, etc. Comme nous le savons maintenant, tous s'entendent sur l'idée de thérapie de substitution.
Voici ma question. Que faisons-nous pour nous attaquer, très clairement, à la demande? Collaborez-vous avec Santé Canada et les provinces d'une manière raisonnable pour vous attaquer au problème de l'accoutumance proprement dite et au problème médical et comment pouvons-nous, en même temps, le traiter et le prévenir? Je veux simplement savoir si vous y participez. Je sais que les services de police le font. Mais, à la GRC, j'aimerais savoir si vous voyez le problème de ce point de vue.