Je suis ravi d'avoir été élu président à l'unanimité. Le fait que personne n'ait levé la main pour s'y opposer est probablement de bon augure. Nous partons vraiment du bon pied.
J'aimerais remercier Jean-François Lafleur d'avoir tout mis en place aussi rapidement.
Comme vous le savez, chers collègues, le Sous-comité du Comité permanent des Finances vient de recevoir son mandat.
Je crois qu'il est préférable de rappeler le contexte d'emblée.
Le deuxième rapport du Comité des Finances dit que:
A. conformément aux articles 108(1)a) et 108(1)b) du Règlement, un Sous-comité sur le projet de loi C-38 (Loi sur l'emploi, la croissance et la prospérité durable) soit créé afin d'examiner les dispositions de la partie 3 du projet de loi...
... c'est la partie que nous avons pour tâche d'examiner...
... (développement responsable des ressources), sous réserve que:
(i) le sous-comité soit formé de 12 membres, à savoir 7 du Parti conservateur, 4 du Nouveau Parti démocratique et 1 du Parti libéral, nommés à la suite des consultations habituelles avec les whips;
(ii) le président du sous-comité soit un député du Parti conservateur;
(iii) le sous-comité soit habilité à convoquer des témoins, à exiger la production de documents et de dossiers, à entendre des témoignages, à se réunir lorsque le comité ne siège pas à Ottawa, à se réunir lorsque le comité siège hors de la cité parlementaire et à se réunir pendant les périodes d'ajournement de la Chambre;
(iv) le sous-comité adopte les motions de régie interne du Comité permanent des ressources naturelles, sauf celle portant création d'un sous-comité du programme et de la procédure...
... par conséquent, l'ensemble du sous-comité participera aux discussions sur l'ordre du jour et la procédure...
(v) le sous-comité termine son examen au plus tard à 17 h 30, le lundi 4 juin 2012, et fasse rapport de ses conclusions au Comité permanent des finances à la première occasion, et que si le sous-comité n'a pas soumis de rapport à ce moment-là, il soit réputé avoir recommandé l'adoption des articles de la partie 3 du projet de loi C-38;
Est-ce que tout le monde comprend? Voulez-vous passer en revue les motions de régie interne du Comité permanent des ressources naturelles? Je pense qu'il serait utile de les avoir en main.
Est-ce que tout le monde en a une copie? Ces motions conviennent-elles à tout le monde?
Des voix: Oui.
Le président: Bien.
Le Parlement est saisi du projet de loi depuis un certain temps. Trois ministres sont parmi nous — il est de coutume de laisser les ministres et leurs collaborateurs intervenir en premier lors de la première séance d'un comité.
Je vois le ministre de l'Environnement Peter Kent, le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver, et le ministre des Pêches et des Océans Keith Ashfield.
Sans autre forme d'introduction, messieurs les ministres, je vous invite à prendre place pour que nous puissions commencer nos audiences sur cette partie du projet de loi.
Je souhaite également la bienvenue à nos analystes. Je vous remercie de vous joindre à nous.
Messieurs les ministres, je vous remercie d'être avec nous. Je vous suis reconnaissant de comparaître devant nous malgré le court préavis. Deux heures sont allouées à la séance d'aujourd'hui. J'imagine que vous resterez pour répondre aux questions tant que vous le pourrez — pendant la première heure, je suppose. Au besoin, vos collaborateurs pourront rester plus longtemps.
Si vous êtes d'accord, chers collègues, je pense que nous devrions nous réserver du temps à la fin de la séance afin de planifier nos travaux.
Est-ce que tout le monde veut que la séance soit télévisée? Si oui, l'un d'entre vous doit en faire la proposition.
[Français]
Je vous remercie de m'offrir cette occasion de rencontrer aujourd'hui le Sous-comité des finances en ce qui concerne le développement responsable des ressources. Je suis accompagné de l'hon. Peter Kent, ministre de l'Environnement, et de l'hon. Keith Ashfield, ministre des Pêches et des Océans.
Nous parlerons brièvement de nos intérêts communs en ce qui concerne le projet de loi avant de répondre aux questions des membres du comité.
[Traduction]
Monsieur le président, chers membres du sous-comité, la priorité numéro un de notre gouvernement a toujours été de soutenir la création d'emplois, la croissance et l'économie canadienne. Depuis que nous avons adopté le Plan d'action économique en réponse à la récession mondiale, le Canada a récupéré plus de la totalité de sa production et tous les emplois perdus au cours de la récession. Depuis 2009, le nombre d'emplois a augmenté de plus de 750 000, et il y a maintenant 260 000 emplois de plus qu'au moment du maximum d'avant la récession. C'est la plus forte croissance de l'emploi des pays du G7.
Les ressources naturelles ont toujours été le fondement de l'économie canadienne et le sont encore aujourd'hui.
[Français]
Au Canada, 760 000 personnes travaillent dans les secteurs des ressources naturelles. De plus, les secteurs des ressources naturelles génèrent des milliards de dollars par année en recettes fiscales et en redevances. Elles contribuent au financement des programmes et des services gouvernementaux destinés à tous les Canadiens.
[Traduction]
Notre force dans le domaine des ressources devrait continuer à croître loin encore longtemps. Nous estimons à l'heure actuelle qu'au cours de la décennie à venir, il pourrait y avoir dans le pays bien plus de 500 nouveaux projets et 500 milliards de dollars d'investissements, rien que dans les secteurs de l'énergie et des mines. On estime que ces projets créeront 700 000 emplois au Canada et apporteront une contribution importante à la prospérité économique de notre pays. En fait, ces chiffres ne font que croître à mesure que de nouvelles possibilités se révèlent.
Certains ont dit que le développement des ressources ne bénéficiait qu'à l'Ouest et causait du tort à l'Est. Cette idée est erronée et est une source de désunion. Des projets de développement des ressources sont réalisés dans tout le Canada dans les secteurs des mines, de la foresterie et de l'énergie, et ils bénéficient à l'économie de toutes les provinces.
En Colombie-Britannique, on développe rapidement l'exportation du gaz naturel liquéfié dans le cadre de trois projets.
En Alberta, les sables bitumineux créent des retombées pour tout le Canada, y compris le secteur manufacturier de l'Ontario.
En Saskatchewan, on développe de plus en plus les ressources pétrolières et la potasse, de même que l'uranium.
Le Manitoba a de grandes installations hydroélectriques qui fournissent de l'énergie propre à bon marché.
L'Ontario envisage le développement du Cercle de feu, un énorme gîte minéral d'une valeur potentielle de plusieurs milliards de dollars.
Le Québec, qui est depuis longtemps un géant du secteur des mines et de l'énergie, va de l'avant avec son Plan Nord, qui procurera des retombées énormes au gouvernement du Québec et à ses citoyens.
Le Nouveau-Brunswick a de vastes ressources forestières, la Nouvelle-Écosse a le développement du gaz extracôtier, l'Île-du-Prince-Édouard investit dans l'énergie éolienne et, bien sûr, Terre-Neuve-et-Labrador a beaucoup bénéficié de ses champs pétrolifères extracôtiers.
Le dernier point, mais non le moindre, c'est que le Nord et ses territoires sont largement inexploités. L'ampleur de leurs ressources n'est pas bien connue, mais leur potentiel est énorme.
Mais bien sûr, ce n'est pas là toute l'histoire. Le secteur des ressources ne fonctionne pas tout seul. Les mines n'apparaissent pas par magie. Elles nécessitent des travaux de construction, d'énormes investissements de capitaux, des matériaux et de la machinerie. Elles ont besoin de travailleurs de tous les secteurs de l'économie canadienne, en particulier de notre secteur manufacturier.
Jayson Meyers, président et chef de la direction des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, appuie fortement le développement des ressources, précisément parce qu'il est bon pour notre secteur manufacturier.
Je cite:
Au total, nous estimons que les entreprises du secteur de l'énergie et des ressources ont investi plus de 85 milliards de dollars dans de grands projets d'immobilisations en 2011, et nous pensons que ces investissements doubleront au cours des trois prochaines années. Ces investissements ouvriront aux fabricants canadiens de nouveaux débouchés dans divers secteurs qui vont de l'équipement, de l'acier de construction et de la fabrication de produits en métal à la fourniture de matériaux de construction et de pièces. Ils ouvriront des débouchés aux sociétés du domaine de l'ingénierie, de la construction, de la transformation et de la technologie environnementale, et pour des services qui vont de l'hébergement, des services alimentaires, environnementaux et des ressources à la gestion des terres, au camionnage et à la distribution.
Des investissements de ce genre seront faits dans tout le Canada et profiteront à tous les secteurs de l'économie canadienne. C'est pourquoi il est si important de faire en sorte que le Canada ait en place des conditions qui attireront les investissements mondiaux vers nos provinces et nos territoires. Le Canada doit concurrencer d'autres pays riches en ressources pour obtenir les investissements créateurs d'emplois.
Et c'est là la raison fondamentale pour laquelle notre gouvernement s'engage à moderniser le système de réglementation du Canada. Nous devons assurer en temps opportun et de façon efficiente et efficace l'examen des projets. Ceci nous permettra de demeurer compétitifs face à des pays comme l'Australie et les autres nations productrices de ressources. Nous avons besoin d'un système qui favorise la confiance des entreprises et attire des investissements tout en renforçant nos normes environnementales de calibre mondial. En bref, nous avons besoin du développement responsable des ressources.
[Français]
Cette nouvelle loi accomplira ce qui suit.
Premièrement, elle rendra les examens de projet plus prévisibles et plus rapides.
Deuxièmement, elle réduira les chevauchements inutiles et le fardeau de la réglementation.
Troisièmement, elle renforcera la protection de l'environnement.
Quatrièmement, elle améliorera les consultations auprès des Autochtones.
[Traduction]
Pour simplifier et moderniser notre système de réglementation obsolète, nous adopterons une approche pangouvernementale. Nous voulons mettre en place un nouveau système comportant un examen pour chaque projet et qui fonctionne dans des délais clairement définis.
Les Canadiens comprennent que nous n'avons pas à choisir entre le développement économique et l'environnement. II ne s'agit pas de choisir l'un ou l'autre. Un nouveau sondage réalisé par Ipsos Reid montre que les deux tiers des Canadiens croient qu'il est possible de développer notre économie tout en respectant l'environnement.
Le fait est que notre nouveau plan renforcera la protection de l'environnement, y compris la sécurité des pétroliers et des pipelines. Et pour la première fois, il assurera l'application des conditions des évaluations environnementales réalisées en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Il renforcera aussi l'application de la loi, y compris en imposant des sanctions pécuniaires en cas de violation des conditions imposées par l'Office national de l'énergie aux nouveaux projets de pipeline. Nos changements sont donc judicieux, tant du point de vue économique que du point de vue environnemental. Les Canadiens ont d'excellentes possibilités nouvelles devant eux.
[Français]
Rien ne vaut le moment présent pour agir. Nous devons mettre toutes les chances de notre côté pour attirer les investissements créateurs d'emplois qui proviennent des marchés en pleine croissance, en Asie et ailleurs.
[Traduction]
Nous savons également qu'il est absolument nécessaire que nous développions nos ressources naturelles d'une manière responsable. Le développement responsable des ressources nous permet de réaliser l'équilibre dont nous avons besoin. Nous tirerons parti du potentiel de notre secteur des ressources pour créer des emplois dans tout le Canada tout en faisant en sorte que nos mécanismes de protection de l'environnement soient solides. C'est ce que les Canadiens attendent de nous et c'est ce que notre plan leur offre.
Merci, monsieur le président.
[Français]
Chers collègues, bonjour.
Monsieur le président, je suis heureux d'être ici ce matin alors que vous entamez votre étude du projet de loi . J'orienterai mes remarques sur les propositions d'une nouvelle loi canadienne sur l'évaluation environnementale ainsi que sur les changements importants à la Loi sur les espèces en péril et la Loi canadienne sur la protection de l'environnement de 1999.
[Traduction]
Certains commentaires pendant le débat sur ce projet de loi ont mis l'accent sur la proposition d'abroger la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale actuelle. C'est vrai. La loi actuelle sera abrogée, et je dois souligner qu'elle sera remplacée par les propositions du projet de loi C-38 visant une nouvelle législation efficace sur l'évaluation environnementale.
L'évaluation environnementale est un élément clé de mon portefeuille. Il s'agit d'un élément important des plans du gouvernement visant à renforcer la protection environnementale aujourd'hui et pour les générations futures de Canadiens et de Canadiennes.
[Français]
C'est pourquoi nous avons protégé le financement de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale en période de réductions budgétaires. Malgré ce que les médias ont signalé, il n'y a pas de réduction du financement de l'agence. En fait, le budget de l'agence augmentera de 1,5 million de dollars.
[Traduction]
Un financement suffisant et stable, jumelé aux modifications apportées à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale il y a deux ans, a jeté les bases des changements fondamentaux proposés par le projet de loi . Ces changements rendront le processus encore plus prévisible et opportun, réduiront le dédoublement, renforceront la protection environnementale et faciliteront des consultations valables auprès des Autochtones.
Voilà, comme l'a remarqué mon collègue, le ministre des Ressources naturelles, quels sont les quatre piliers du développement responsable des ressources. Certains peuvent les considérer à tort comme des objectifs contradictoires. Je ne partage pas cet avis. Ils sont au cœur du projet de loi C-38 et du nouveau processus d'évaluation environnementale. Je suis convaincu que les Canadiens bénéficieront d'évaluations environnementales opportunes et de haute qualité qui évitent le dédoublement et les efforts en double inutiles avec les provinces.
Le projet de loi viendra renforcer la protection de notre environnement. Puisque le temps le permet, je veux présenter aux membres du comité certains des faits saillants.
Premièrement, j'ai parlé devant la Chambre et ailleurs de l'importance de l'application de la loi. Le projet de loi mise sur les travaux antérieurs de ce gouvernement. Cet enjeu est arrivé au premier plan par l'intermédiaire du budget de 2008. On y affirmait que:
Pour assurer un environnement meilleur et plus propre, il ne suffit pas d'adopter des lois sur l'environnement, encore faut-il les faire respecter.
Mon prédécesseur y a donné suite en présentant la Loi sur le contrôle d'application de lois environnementales, adoptée par le Parlement en 2009.
Le projet de loi tire parti de cette excellente législation en fermant l'écart en matière d'application de la loi pour l'évaluation environnementale. La nouvelle Loi canadienne sur l'évaluation environnementale crée un énoncé de décision qui comprendra des conditions exécutoires. Ces conditions sont appuyées par des pouvoirs d'inspection afin de confirmer que des mesures d'atténuation sont mises en oeuvre. Il y a des pénalités allant de 100 000 $ à 400 000 $ en cas d'infraction.
La législation n'est qu'une partie de la solution. Le gouvernement a augmenté en permanence de 21 millions de dollars par année les ressources visant l'application des lois environnementales afin de s'assurer que les agents, l'équipement, la science judiciaire et les outils sont en place pour faire le travail.
[Français]
Aujourd'hui, il y a deux fois plus d'agents d'application de la loi qu'il n'y en avait il y a cinq ans seulement. Ils sont établis dans des bureaux partout au pays. Ils travaillent sur place afin de repérer ceux qui violent notre loi environnementale et de prendre des mesures à leur égard.
[Traduction]
Maintenant, ces agents seront en mesure de mener des inspections et de prendre des mesures à l'égard des infractions à la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Ces nouvelles dispositions en matière d’application de la loi sont complétées par une obligation d’établir un programme de suivi après chacune des évaluations environnementales. Ces programmes vérifient l'exactitude des prévisions d'une évaluation environnementale. Ils déterminent si les mesures d’atténuation fonctionnent comme prévu.
C’est ainsi que nous établirons les résultats environnementaux. C'est aussi un moyen d'apprendre et de tirer parti des réussites du passé et d’éviter les erreurs du passé. C'est un moyen d'améliorer la pratique de l’évaluation environnementale.
Le projet de loi compte aussi de nouveaux pouvoirs conférés au ministre de l'Environnement afin de lancer des évaluations environnementales régionales en collaboration avec une autre compétence.
À l’heure actuelle, la loi se limite à une orientation visant un projet unique. Il est difficile d'évaluer les effets cumulatifs de plusieurs projets et activités dans une région qui connaît un développement important. L’obligation d’évaluer les effets cumulatifs est néanmoins reportée de la loi actuelle. Il s'agit d'un élément essentiel du régime fédéral.
Ce que nous proposons d'y ajouter, monsieur le président, c'est un nouvel outil pour les études régionales afin de traiter la question des effets cumulatifs. Le ministre de l'Environnement aura le pouvoir d'établir un comité d'experts indépendant afin de mener une évaluation environnementale stratégique régionale en collaboration avec une autre compétence. Les résultats de ces études peuvent s'ajouter à l’évaluation de projets particuliers. Les gains sont doubles.
Premièrement, nous comprendrons mieux l'écosystème en question. Cela se traduira par de meilleures évaluations environnementales et de meilleures approches à l’atténuation. Deuxièmement, en effectuant la majeure partie des travaux scientifiques initiaux, les études régionales permettront de rationaliser les exigences propres aux projets.
Monsieur le président, encore une fois, la conclusion est claire: nous proposons des changements qui appuient les quatre piliers du développement responsable des ressources.
Dans les études régionales, nous avons un outil qui favorisera des examens de projets prévisibles et en temps opportun. Nous en tirerons des renseignements qui renforceront la protection de l’environnement. En travaillant avec les provinces, nous évitons le dédoublement. Enfin, de telles études donnent la possibilité aux Autochtones de faire connaître leurs préoccupations, informant ainsi les consultations ultérieures relativement à des projets particuliers.
Monsieur le président, on a beaucoup parlé — avec beaucoup d’exagération et de fausses représentations — des changements aux évaluations environnementales en vertu de l'initiative du développement responsable des ressources. J’ai présenté certains faits afin de mettre les choses au point.
D’abord et avant tout, le budget de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale n’est pas réduit. De plus, avec les nouvelles dispositions en matière d'application de la loi, des programmes de suivi obligatoires et un nouvel outil pour les études régionales, nous améliorons l’évaluation environnementale fédérale, nous ne l’éliminons pas, comme certains pourraient le penser.
Monsieur le président, j’aimerais maintenant parler des consultations auprès des Autochtones.
[Français]
Le processus d'évaluation environnementale est particulièrement bien placé pour aider le gouvernement du Canada en ce qui a trait à son obligation constitutionnelle de consulter et, le cas échéant, de satisfaire aux demandes des groupes autochtones lorsque leurs droits risquent d'être touchés négativement par un projet proposé.
[Traduction]
L'évaluation environnementale commence tôt dans la planification d'un projet, lorsqu'il est encore possible d'apporter des modifications au modèle dans le but de réduire les impacts. Les changements à l'environnement qui touchent les Autochtones, y compris leur utilisation actuelle des terres et des ressources à des fins traditionnelles, sont un des « effets environnementaux » dont traite particulièrement le projet de loi. Le processus compte aussi des points logiques afin d'obtenir directement les commentaires des groupes autochtones, prendre connaissance de leurs préoccupations et élaborer des moyens afin d’éviter ou de réduire les effets négatifs.
C'est pourquoi le gouvernement continuera, dans la mesure du possible, d'intégrer les consultations auprès des Autochtones dans le processus d'évaluation environnementale.
Monsieur le président, le budget de 2012 fournit à l'Agence canadienne d’évaluation environnementale 6,8 millions de dollars par année pour appuyer les consultations auprès des Autochtones. De cette somme, 5,3 millions de dollars représentent le renouvellement d'un financement fourni la première fois en 2007. Il est complété par 1,5 million de dollars en nouveaux fonds.
Même si l'on est encore à déterminer l’affectation exacte de toutes ces ressources, je peux dire qu'une partie importante ira directement aux groupes autochtones qui participent aux consultations. Le reste sera fourni à l'Agence pour appuyer sa participation à des activités de consultation.
Je tiens à assurer aux membres du comité que le gouvernement fédéral prend ses responsabilités très au sérieux. C'est pourquoi l'amélioration des consultations auprès des Autochtones constitue l'un des piliers de l'Initiative du développement responsable des ressources. Le personnel de l'agence et les comités de révision communiquent avec les Autochtones et continueront de le faire directement dans leurs collectivités.
Dans le cadre du plan de développement responsable des ressources, le gouvernement propose aussi des changements à la Loi sur les espèces en péril et aux dispositions sur l'immersion en mer de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999). Ces changements prévoient établir dans le règlement des délais contraignants pour les décisions en matière de délivrance de permis.
Les modifications au processus de délivrance de permis pour l’immersion en mer prévoiront aussi les renouvellements de permis pour les projets réguliers à faible risque. Ils changeront les exigences afin de permettre la publication dans le site Web du Registre de la LCPE plutôt que dans la Gazette du Canada. Cela créera un processus plus efficace pour la délivrance de permis.
Les modifications à la Loi sur les espèces en péril prévoient des permis de plus longue durée et rendent les conditions des permis exécutoires. Ces changements appuieront la protection effective des espèces inscrites tout en permettant au gouvernement d’émettre des autorisations pour une période qui se prête mieux aux grands projets.
[Français]
Pour terminer, je souhaite du succès à tous les membres du comité alors qu'ils entreprennent cette importante étude de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de 2012 qui est proposée.
Merci.
:
Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de décrire les changements apportés à la Loi sur les pêches proposés dans la Loi sur l'emploi, la croissance et la prospérité durable.
En ce qui concerne la Loi sur l'emploi, la croissance et la prospérité durable dans son ensemble, je suis fier du travail qui a été accompli pour amener le gouvernement à trouver des manières plus efficaces de contribuer à notre croissance économique et à favoriser la création d'emplois de façon durable et responsable, maintenant et pour les générations futures.
Compte tenu de la conjoncture économique, il est primordial de s'assurer que les grandes ressources naturelles du Canada, y compris les pêches, sont bien gérées. En ce qui a trait aux pêches, c'est précisément ce que nous avons l'intention de faire. Les changements proposés à la Loi sur les pêches suggèrent trois éléments liés à la protection des pêches canadiennes. Premièrement, il s'agit de concentrer nos efforts de protection où ils sont nécessaires. Deuxièmement, c'est une question de règlements clairs et efficaces. Et troisièmement, il s'agit de permettre la création de relations avec les provinces et les territoires, les groupes autochtones, les organismes de conservation et d'autres intervenants pour qui la protection des pêches est importante.
Je souligne que les changements proposés ne modifient pas l'application de l'article 36, les dispositions sur la pollution, à Environnement Canada. Je parlerai surtout des mesures de protection des pêches qui ne sont pas liées à la pollution. D'abord, les changements proposés nous permettent de mettre l'accent sur les efforts de protection des pêches commerciales, récréatives et autochtones. Cela signifie qu'il faut s'écarter des règles en vigueur, qui veulent que tous les poissons et tous les habitats soient soumis au même traitement. À l'heure actuelle, en vertu de la Loi sur les pêches, les activités et les répercussions liées au fossé d'irrigation se trouvant dans le champ d'un agriculteur sont assujetties aux mêmes règles qu'une zone d'élevage de poissons sensibles du fleuve Fraser. Les répercussions sur ces plans d'eau sont assujetties aux mêmes règles, sans égard à l'ampleur de la répercussion, qu'il s'agisse d'un quai sur un lac, d'un pont à portée libre ou d'un important développement industriel ou de ressources.
Cela ne peut pas durer; ce n'est pas une approche logique. Les Canadiens s'attendent à ce que nous concentrions notre travail sur la protection des pêches. Les changements proposés seront axés sur les pêches récréatives, commerciales et autochtones. Ils inciteront Pêches et Océans Canada à protéger les pêches contre toutes sortes de menaces, et je tiens à souligner que cela comprend des menaces à l'habitat dont la pêche dépend. Cela comprend également des menaces découlant d'activités qui tuent les poissons par des moyens autres que la pêche et des menaces associées aux espèces aquatiques envahissantes.
La section portant sur l'objectif de la loi précise que les dispositions de protection des pêches doivent appuyer la durabilité et la productivité continue de la pêche. Nous offrons également des outils améliorés pour la protection et la conformité à la loi. Les changements proposés comprennent l'harmonisation des dispositions en matière de pénalité avec la Loi sur le contrôle d'application de lois environnementales. Ces changements rendront applicables les conditions relatives aux autorisations afin que nous puissions nous assurer qu'une surveillance et une production de rapports pertinentes aient lieu. Les changements permettent de déterminer les zones d'importance écologique pour assurer une protection accrue dans des zones telles que les frayères vulnérables ou les endroits où les effets cumulatifs constituent une préoccupation.
Un autre objectif de notre gouvernement est de fournir des règlements clairs et transparents. Nous avons aussi proposé des outils réglementaires qui nous permettraient d'apporter ces changements efficacement. Un exemple est la détermination de travaux mineurs, c'est-a-dire des classes de travaux comme des quais de chalets qui n'ont pas besoin d'un examen propre au site. Un autre exemple est les eaux de pêche secondaires, dans lesquelles nous pouvons trouver des classes d'eaux telles que des fosses d'irrigation qui n'ont plus besoin de faire l'objet d'un examen des projets.
Avec ces approches, nous pouvons définir clairement les situations où les dispositions relatives à la protection des pêches s'appliquent ou non. De plus, nous clarifierons comment les nouvelles dispositions s'appliqueront. Nous avons collaboré avec un organisme de réglementation pour établir les normes de protection des pêches — pour les débits d'eau, le passage des poissons ou les périodes de l'année ou des projets peuvent ou ne peuvent être entrepris pour protéger les zones de frai et de croissance des poissons. Les Canadiens s'attendent à ce que nous soyons clairs au sujet des règlements, des situations ou ils s'appliquent et de la façon de les appliquer. Nous élaborerons aussi des règlements qui préciseront aux promoteurs quels renseignements ils doivent nous fournir pour un examen des projets et quelle sera la durée de l'examen, qui déterminera si un permis pourra ou non être délivré.
Les changements proposés fourniront de nouveaux mécanismes pour assurer une meilleure coordination avec les provinces et les territoires et pour éliminer le chevauchement et le dédoublement. Lorsqu'un gouvernement provincial ou territorial dispose de normes qui sont considérées comme équivalentes ou supérieures aux normes fédérales, nous pouvons nous retirer et permettre l'application du processus provincial. Nous pouvons même déléguer à l'organisme de réglementation la tâche de prendre des décisions si des mécanismes adéquats sont en place.
Bien que nous prenions la protection des pêches récréatives, commerciales et autochtones très au sérieux, la question de la transparence, de la clarté et de l'efficacité est tout aussi importante. Les Canadiens veulent savoir quelles sont les règles, dans quelles mesures les règles s'appliquent à eux, quelles sont les attentes et combien de temps sera requis. Les changements proposés fournissent les outils permettant de répondre à ces questions.
L'un des changements qui m'enthousiasment le plus est la création de relations. J'ai mentionné tout à l'heure l'établissement de relations avec les provinces et les territoires en vue d'éliminer le chevauchement et le dédoublement, mais il est aussi question de la création de relations avec les groupes voués à la conservation et les autres intervenants qui ont à coeur la protection des pêches. Nous entretenons actuellement de bonnes relations avec les groupes qui représentent les milliers de Canadiens qui collaborent avec nous à la protection des pêches au Canada, mais nous savons que nous pouvons être de meilleurs partenaires. Les changements proposés nous permettraient donc d'établir des activités et des programmes et de conclure des ententes avec de tierces parties afin d'en assurer l'exécution.
Les groupes voués à la conservation, les groupes de pêcheurs, les groupes de pêche récréative et bien d'autres m'ont parlé des mesures importantes qu'ils prennent en vue d'assurer la protection des pêches au Canada, de même que de leurs idées visant à trouver de nouvelles approches novatrices pour y parvenir. Le fait d'écouter les idées partagées par des groupes si passionnés et ayant de l'expérience sur le terrain est un concept révolutionnaire et captivant. Le réseautage parmi ces groupes est extraordinaire. Nous devons assurer une plus grande collaboration avec ces derniers pour joindre le grand public.
En résumé, les modifications apportées à la Loi sur les pêches comportent trois composantes: la priorité relative aux répercussions importantes sur les pêches commerciales, récréatives et autochtones; les outils permettant la clarification et l'efficacité réglementaires; les outils permettant d'établir des partenariats avec ceux qui s'engagent pour la protection des pêches.
Je suis impatient à l'idée de ce projet de modification. Il nous permettra de nous concentrer sur l'essentiel; il nous fera sortir des fossés et des champs, et nous permettra de renforcer nos relations avec les Canadiens déjà engagés dans ce travail important. Grâce à ces modifications, je suis certain que nous aurons l'orientation, les outils et les partenariats nécessaires pour veiller à ce que les pêches récréatives, commerciales et autochtones prospèrent pour que les futures générations de Canadiens en profitent.
Monsieur le président, merci de l'invitation à témoigner ce matin.
:
Merci pour cette question.
Il y a un malentendu quant aux conséquences de l'exploitation des ressources au pays. Les gens doivent comprendre que le Canada regorge de ressources naturelles. Leur exploitation permettrait de transformer certaines collectivités, de générer des billions de dollars en activités économiques, de créer des centaines de milliers d'emplois et de produire des centaines de millions de dollars en recettes publiques que les gouvernements pourront réinvestir dans des programmes sociaux importants.
Toutes les régions du pays pourront en profiter. Les nouvelles dispositions concernant l'exploitation responsable des ressources s'appliqueront à tous les projets, qu'ils portent sur le pétrole, le gaz, les métaux ou les minerais. Elles auront un impact sur les projets d'exploitation pétrolière et gazière en Alberta, le cercle de feu en Ontario, le Plan Nord au Québec, et les projets hydro-électriques à Terre-Neuve-et-Labrador.
Certains ont parlé du syndrome hollandais où l'exploitation de ressources abondantes se fait au détriment du secteur manufacturier. Toutefois, deux études indépendantes menées récemment ont démenti cette crainte pour le Canada. Une de ces études, effectuée sous la direction de Jack Mintz, un économiste de renom, souligne que les États de l'Ohio et du Michigan ont connu une baisse de l'emploi dans le secteur manufacturier comparable à celle enregistrée en Ontario, et même plus forte. Cela signifie que cette baisse au Canada n'a rien à voir avec la force du huard. Elle est plutôt attribuable à la concurrence de fabricants dont les coûts sont moins élevés, notamment ceux qui se trouvent en Asie.
J'ai visité le pays d'un océan à l'autre, de St. John's à Vancouver, ainsi que des entreprises qui profitent directement, entre autres, des retombées de l'exploitation des sables bitumineux. En Ontario et dans les autres provinces, 1 000 sociétés font augmenter les recettes provinciales et emploient des travailleurs locaux. Nous sommes donc très chanceux. Nous devons faire en sorte que notre patrimoine ne dépérisse pas et que nos ressources ne soient pas abandonnées. Nous devons les exploiter de manière responsable tout en protégeant l'environnement, et ce, dans l'intérêt de tous les Canadiens.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais préciser qu'accueillir trois ministres à la fois, même si nous sommes heureux de les avoir pendant une heure, n'est pas la meilleure façon d'évaluer les répercussions du projet de loi.
Puisque je n'ai que cinq minutes pour aborder ces questions, j'aimerais surtout parler de certaines des préoccupations qui ont été soulevées au sujet des modifications à la Loi sur les pêches, y compris les préoccupations de deux anciens ministres des Pêches conservateurs.
L'un d'entre eux, Tom Siddon, a dit:
C'est une tentative de vider la Loi sur les pêches de sa substance par des moyens détournés, et il est déplorable qu'on essaie de le faire en catimini.
En 1984, John Fraser, un autre ministre des Pêches conservateur, a exprimé ses préoccupations au sujet de l'élimination des mesures de protection adéquates, ce qui démontre, à son avis, une « compréhension, une intelligence et une sagesse très, très limitées ».
Permettez-moi de commencer, monsieur le ministre Ashfield, par les facteurs dont il faut tenir compte pour autoriser des activités qui nuisent aux poissons. Absents de ces principes fondamentaux sur le plan environnemental, par exemple, le principe de précaution et l'approche par écosystème... ils sont absents des changements proposés. Des modifications proposées entre 2006 et 2008 visaient à « moderniser » la Loi sur les pêches. Ces principes fondamentaux en faisaient partie.
Ils ne sont pas là. Pourquoi, monsieur le ministre? Est-ce parce que le gouvernement est majoritaire et que vous pensez que vous pouvez jeter ces principes fondamentaux par la fenêtre? Il semble que les scientifiques et les biologistes considèrent que ces principes sont extrêmement importants dans la gestion des pêches et de l'habitat. Vous les avez éliminés. Pourquoi?
:
J'ai accordé un peu plus de temps aux ministres. Vous aimeriez peut-être nous remettre vos exposés. Je pense que nous pouvons les accepter dans nos délibérations, si vous les avez par écrit. Les membres du comité pourront ensuite les consulter.
Étant donné que le temps est limité, j'aimerais seulement savoir ce qui conviendrait aux membres du comité. Cette façon de procéder vous convient-elle? À mon avis, cela va nous donner assez de temps, à la fin de la réunion, pour parler des travaux futurs.
Nous accueillons, du ministère des Ressources naturelles, Jay Khosla, sous-ministre adjoint, Bureau de gestion des grands projets, et Adam Hendriks, directeur des Opérations, Ouest du Canada, Bureau de gestion des grands projets.
Nous accueillons aussi, du ministère des Pêches et des Océans, Kevin Stringer, sous-ministre adjoint, Politiques relatives aux programmes. Nous recevons, du ministère de l'Environnement, Coleen Volk, sous-ministre adjointe, Direction générale de l'intendance environnementale, et de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, Steve Mongrain, conseiller principal en politiques, et Helen Cutts, vice-présidente, Secteur d'élaboration des politiques.
D'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, nous accueillons Jean-François Tremblay, sous-ministre adjoint principal, et du ministère des Transports, Helena Borges, sous-ministre adjointe, Programmes.
Je vous remercie d'être ici, et je vous suis reconnaissant de votre patience. Je pense que nous allons tout simplement passer à la série de questions de sept minutes.
Nous allons commencer avec M. Allen, qui a sept minutes.