La recherche et la collecte de données jouent un
rôle non négligeable dans la planification des RHS. Pour déterminer s’il y a
assez de professionnels de la santé ayant les compétences voulues pour assurer
des soins de haute qualité, les décideurs doivent en premier lieu recueillir
suffisamment de données sur l’offre actuelle de professionnels de la santé. D’après l’ICIS, l’ensemble minimal de données pour mesurer l’offre
de professionnels de la santé doit comprendre : les caractéristiques
démographiques, les niveaux d’instruction et de formation, la répartition
géographique, la migration, la réduction des effectifs non liée à la migration,
les caractéristiques d’emploi et de pratique et la productivité. L’établissement
d’un portrait exact de l’offre actuelle de professionnels de la santé constitue
donc la première étape de la planification des RHS. De plus, les décideurs
doivent disposer des informations pertinentes sur les besoins futurs de la
population en matière de soins de santé afin de déterminer quels types de
professionnels de la santé seront requis. Des
recherches sur les pratiques exemplaires en matière de prestation des soins de
santé sont également indispensables afin d’établir comment les professionnels
des soins de santé doivent collaborer afin d’obtenir les meilleurs résultats
possibles. Ce chapitre traite des diverses initiatives de recherche et de
collecte de données en RHS qui sont actuellement menées et constituent le fondement
de la planification des RHS partout au Canada.
Le Comité a appris que l’ICIS a recueilli de l’information
détaillée sur le profil démographique et les caractéristiques professionnelles
d’un large éventail de travailleurs de la santé, comme les médecins, les
infirmières, les ergothérapeutes, les pharmaciens, les psychothérapeutes, les
techniciens de laboratoire médical et les techniciens de radiation médicale. L’ICIS recueille en outre les données relatives à 17 autres
travailleurs de la santé, dont les chiropraticiens, les sages-femmes et les
psychologues. L’ICIS a ajouté que les données qu’il recueille facilitent la
planification collaborative nationale, car elles permettent aux planificateurs
des RHS et aux décideurs du pays de comparer les tendances de la main-d’œuvre d’une
province à l’autre. Selon l’ICIS, ces projets de collecte de données ont été
rendus possibles par le financement de l’ICIS reçu dans le cadre de la Stratégie
pancanadienne relative aux ressources humaines en santé.
Dans son rapport présenté aux membres du Comité, Les
dispensateurs de soins de santé au Canada, 2007, l’ICIS présente les
dernières tendances démographiques et données sur la main-d’œuvre concernant
les différentes catégories de professionnels de la santé au Canada. Il est
souligné en outre dans le rapport qu’il y a des lacunes dans la recherche en ce
qui concerne certaines de ces tendances; mentionnons, par exemple, le profil du
départ à la retraite d’une variété de professionnels de la santé; les taux de
départ chez les professionnels de la santé et les raisons expliquant ces taux;
le pourcentage de Canadiens autochtones dans certaines professions de la santé. D’autres témoins ayant comparu devant le Comité ont également
souligné l’absence d’un minimum de données sur les RHS autochtones. Les représentants
de Santé Canada qui ont témoigné devant le Comité ont indiqué qu’ils
travaillaient à analyser les données disponibles sur les RHS autochtones en
collaboration avec l’ICIS, de même qu’à recueillir plus d’information au niveau
local en collaboration avec les communautés.
Des témoins ont signalé d’autres lacunes dans la
collecte de données auxquelles il fallait remédier, dont la nécessité pour l’ICIS
et Statistique Canada de refaire le recensement national sur le travail et la
santé des infirmières, qui, selon des témoins, était périmé. Ils ont ajouté que le recensement devrait s’appliquer aussi aux
autres catégories de professionnels de la santé. Certains témoins ont souligné la nécessité de centrer la collecte
de données non seulement sur les tendances de l’offre de professionnels de la
santé, mais encore sur les besoins de la population en matière de santé dans l’avenir,
comme la gestion des maladies chroniques attribuables au vieillissement de la
population. Cela venait du fait que la planification des RHS était en train de
passer d’un modèle lié aux tendances actuelles de l’utilisation des soins de
santé aux futurs besoins de la population en santé. Des représentants de
Statistique Canada ont indiqué que de telles données sont mises à la
disposition des décideurs et des planificateurs, contre recouvrement des coûts,
dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui
vise à recueillir des données sur les déterminants de la santé, sur l’état de
santé et sur l’utilisation des services de santé. Ils ont
indiqué qu’il était possible de produire des données sur la santé à l’échelle
régionale, mais qu’il était difficile d’en produire à l’échelle des
collectivités en raison de problèmes de fiabilité et de confidentialité.
Le Comité reconnaît les efforts de l’ICIS qui élargit
les initiatives de collecte de données pour qu’elles portent sur un large
éventail de professionnels de la santé. Le Comité admet aussi toutefois qu’il est
nécessaire que l’ICIS recueille de l’information détaillée sur le profil
démographique et l’emploi de toutes les catégories de professionnels de la
santé, y compris des données recueillies par le recensement. De plus, il pourrait
s’assurer que ses données sont à jour en faisant de nouveaux recensements,
comme le recensement national sur le travail et la santé des infirmières. En
outre, l’ICIS devrait, en collaboration avec Santé Canada, examiner des façons
de corriger les lacunes constatées dans la collecte de données sur les RHS autochtones.
Enfin, le Comité constate qu’il est nécessaire aussi que l’ICIS travaille avec
d’autres ministères et organismes fédéraux compétents afin de recueillir des
données sur les RHS concernant la prestation de services et d’avantages de
soins de santé aux autres groupes clients fédéraux, dont : la GRC; les
immigrants et les réfugiés; les Forces canadiennes; les anciens combattants;
les détenus sous responsabilité fédérale. Par conséquent, le Comité
recommande :
Recommandation 3 :
Que Santé Canada songe sérieusement à fournir du
financement à l’ICIS dans le cadre de sa Stratégie pancanadienne en matière de
ressources humaines en santé afin de lui permettre :
- d’élargir sa collecte de données pour qu’elle
comprenne l’information sur le profil démographique et l’emploi de toutes les
catégories de professionnels de la santé;
- de refaire le recensement national des RHS aussi
souvent que nécessaire pour qu’il reste à jour.
Recommandation 4 :
Que les ministères et organismes fédéraux
compétents travaillent en étroite collaboration avec l’ICIS à établir un
ensemble minimal de données pour la planification des RHS à l’intention de tous
les groupes clients fédéraux, dont les Premières nations et les Inuits, la GRC,
les anciens combattants, les membres des Forces canadiennes, les immigrants et
les réfugiés, et les détenus sous responsabilité fédérale.
Le Comité a entendu des organismes de recherche
dire qu’un nombre appréciable de travaux de recherche avaient été faits pour
évaluer les défis à relever sur le plan des RHS ainsi que divers projets
pilotes novateurs d’un bout à l’autre du pays qui avaient donné de bons
résultats sur le plan de la satisfaction des besoins des dispensateurs de soins
de santé. Par exemple, la Fondation canadienne de la recherche sur les
services de santé (FCRSS) a demandé la production d’un rapport en 2001 qui
avait pour titre Engagement de soins et dans lequel étaient signalées
les initiatives fructueuses du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique,
lequel avait lancé un programme visant à soulager les infirmières-chefs d’une
proportion de 20 à 30 % des soins aux patients en échange de services de
mentorat auprès des jeunes infirmières sans expérience. Cependant, en dépit de la publication de recherches soulignant la
résolution de difficultés en matière de RHS, les organismes de recherche ont
également attiré l’attention sur l’absence de mécanisme au Canada pour
recueillir et diffuser l’information à un large éventail d’acteurs.
En outre, des témoins qui ont comparu devant le
Comité ont soulevé la question du financement de la recherche en santé. Ils ont
fait valoir qu’en accordant un financement suffisant à la recherche clinique
réalisée par les dispensateurs de soins de santé, on pourrait attirer d’autres
dispensateurs de soins de santé au Canada et les conserver. L’accroissement du financement de la recherche clinique nous
permettrait de fournir plus de possibilités d’évaluation et d’amélioration de l’efficacité
des systèmes de la santé au Canada.
Le Comité reconnaît qu’il pourrait être nécessaire
d’établir des mécanismes supplémentaires pour la collecte et le partage de
données de recherche dans le domaine des RHS afin de promouvoir l’innovation
dans la fourniture de services de santé d’un bout à l’autre du pays, comme il
est dit plus haut dans le présent rapport. Le Comité estime aussi que des fonds
suffisants devraient être accordés aux IRSC pour qu’ils puissent continuer de
soutenir la recherche clinique faite par les dispensateurs de soins de santé,
comme moyen d’assurer leur recrutement et leur conservation, aussi bien que
comme moyen d’appui de l’objectif global d’amélioration de la fourniture de
soins de santé. Par conséquent, le Comité recommande :
Recommandation 5 :
Que le gouvernement fédéral songe sérieusement à
accorder à l’ICIS des fonds pour concevoir des mécanismes visant à soutenir la
recherche clinique dans le domaine des RHS, voyant là une façon d’attirer et de
retenir des professionnels de la santé au Canada.
Recommandation 6 :
Que le gouvernement fédéral continue de financer
le Conseil canadien de la santé et l’ICIS afin qu’ils déterminent la meilleure
combinaison de professionnels de la santé, rémunérés et non rémunérés, dans
différentes collectivités et pour divers groupes de population.