Monsieur le président, membres distingués du comité, bonjour à tous et à toutes.
Je viens à peine d'être nommé au CRTC et déjà vous m'offrez cette opportunité de m'adresser à vous.
[Traduction]
C'est très accueillant de votre part. Je l'apprécie et je vous en remercie.
[Français]
J'ai reçu cette offre de nomination comme une grande marque d'estime. C'est avec fierté et un grand sentiment d'humilité que je l'ai acceptée.
Dans un secteur comme celui des communications, personne ne peut prétendre avoir toutes les réponses. Je suis convaincu que j'aurai plusieurs occasions de m'entretenir avec vous dans un esprit collaboratif, afin que nous puissions trouver des solutions appropriées aux défis qui nous attendent en matière de radiodiffusion et de télécommunications.
Mes parents sont arrivés en 1963. Leur connaissance des deux langues officielles était très limitée et ils avaient reçu très peu d'instruction formelle. Cependant, ils étaient prêts à travailler très fort. Pour mes frères et moi-même, c'est la principale valeur qu'ils nous ont transmise: la clé de la réussite passe par le travail acharné.
À l'instar de nombreux autres immigrants, ils se sont installés dans le quartier d'accueil allophone Parc-Extension de Montréal pour ensuite déménager, en 1976, dans le secteur de Boisbriand, un quartier qui était et qui restera probablement toujours à 90 p. 100 francophone. J'ai vécu un choc sur le plan culturel et linguistique, mais l'adaptation s'est faite en douceur grâce à notre sport national d'hiver.
Lorsque le moment est venu de poursuivre mes études postsecondaires, j'ai étudié en anglais à l'Université Concordia, où j'ai obtenu un baccalauréat en science politique et philosophie. Par la suite, j'ai étudié en français à l'Université d'Ottawa, où j'ai obtenu un baccalauréat en droit.
Depuis mon jeune âge, je m'intéresse à l'histoire du Canada et à l'identité canadienne. J'ai toujours été fasciné par la dualité linguistique et la pluralité culturelle du Canada. Montréal m'a offert une occasion, sinon unique très certainement convoitée, d'être sensibilisé à la réalité et à la fragilité canadiennes. Il suffit de penser aux bouillonnements qu'a connu le Québec des années 1970-1980 et à leur incidence sur le discours national.
Ainsi, mes expériences m'ont exposé aux nombreuses facettes de la mosaïque canadienne, dont: l'expression d'un sentiment profond pour la nécessité de protéger et de promouvoir la langue française et la culture québécoise dans une mer d'anglophones; la volonté de la communauté anglophone de Montréal de protéger sa langue et les institutions qu'elle a bâties à travers les siècles; la culture canadienne anglophone à l'extérieur du Québec; les défis de la population immigrante et néo-canadienne; et l'accès facile à la culture américaine et européenne pour ceux et celles qui s'y intéressent.
Le fait de pouvoir aisément se déplacer d'une culture et d'une langue à l'autre est un atout nécessaire et essentiel pour pouvoir agir, je crois, au sein du CRTC.
Grâce à l'expérience que j'ai acquise au cours des 20 dernières années, je connais très bien le fonctionnement des tribunaux et en quoi consiste la préparation des demandes. Ma formation en tant qu'avocat m'a amené à poser des questions serrées, analyser les faits en détail et suivre les procédures convenues. J'ai eu à travailler sur des enjeux techniques et complexes qui m'obligeaient à examiner et à comprendre des milliers de pages de documents qui n'avaient rien à voir avec le domaine juridique.
Qui plus est, j'ai beaucoup de respect pour le processus démocratique et les gens qui y participent, comme vous. Attiré par la politique et motivé par un désir de contribuer à accroître la prospérité du Québec, je suis devenu actif au sein de l'Action démocratique du Québec. En 2007, j'ai eu l'honneur d'être le président du parti. Dans ce rôle de gestion, j'ai travaillé à établir un consensus entre le personnel, les membres, les députés et les bénévoles, en dépit d'ordres du jour et d'intérêts personnels qui ne s'harmonisaient pas toujours.
J'arrive au poste avec ces expériences personnelles et professionnelles, ainsi que ma passion et mon engagement envers cet organisme. Le dévouement et le professionnalisme des employés au CRTC me touchent particulièrement. Le CRTC doit composer avec des enjeux qui souvent sont forts complexes. Ses décisions peuvent avoir énormément d'incidence et parfois, elles peuvent faire l'objet de controverse. Le CRTC doit maintenir un équilibre entre des intérêts et des besoins divergents sans jamais perdre de vue l'intérêt des consommateurs, une tâche qui n'est pas simple.
Le secteur des arts et de la culture emploie plus de 630 000 Canadiens et contribue pour plus de 46 milliards de dollars au PIB du Canada. De toute évidence, la radiodiffusion occupe une place importante au sein de ce secteur et contribue énormément au dynamisme de l'économie canadienne. Cependant, elle joue un rôle encore plus important, soit celui de promouvoir l'identité canadienne, les valeurs canadiennes et la fierté canadienne.
Depuis sa création, le CRTC travaille à l'atteinte des objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. Grâce à ce travail, les Canadiens ont accès à un contenu de radiodiffusion de première qualité sur la plateforme de leur choix, ainsi qu'à des produits et des services de communication de premier plan. On est parvenu à réaliser cela en grande partie au moyen des exigences de contenu canadien auxquelles les radiodiffuseurs et les télédiffuseurs doivent se conformer.
[Traduction]
Cette réglementation a permis à nos artistes de remporter des prix Grammys, des Brit Awards, et des prix Victoires.
[Français]
On ne peut faire autrement que d'éprouver un sentiment de fierté pour notre industrie musicale, et ce, dans les deux langues, lorsque nos artistes connaissent du succès à l'étranger.
[Traduction]
Le CRTC a essayé différentes approches pour obtenir des résultats semblables du côté de la télévision. Les émissions de langue française obtiennent beaucoup de succès et attirent un très grand nombre de téléspectateurs au Québec. Les émissions de langue anglaise continuent de vivre une situation plus difficile, ayant à concurrencer le géant mondial du divertissement qui se trouve tout juste au sud de notre frontière.
Nonobstant ce fait, nous avons des compétences pour faire concurrence, comme en font preuve des productions telles que Flashpoint, Rookie Blue et Republic of Doyle. Voilà quelques exemples à suivre dans les années à venir. Mais que peut-on faire de plus? J'ai hâte de m'entretenir avec les représentants du milieu pour échanger des idées et mettre au point des stratégies visant à permettre au Canada de prendre sa place parmi les chefs de file du secteur mondial du divertissement.
[Français]
Le CRTC doit appuyer aussi le développement de notre système de télécommunications, ce qu'il fait en oeuvrant à l'atteinte des objectifs de la Loi sur les télécommunications. Les objectifs principaux de la loi stipulent que les Canadiens doivent avoir accès à des services fiables et de qualité à un coût raisonnable.
[Traduction]
En dépit des obstacles associés au fait d'avoir une petite population éparpillée sur un grand territoire, les entreprises de téléphone et de câble ont déployé de vastes réseaux au pays. Cela n'aurait pas été possible sans des entreprises prêtes à prendre d'énormes risques financiers.
À l'exception du système ferroviaire national dans les années 1800, peu de secteurs ont joué un rôle aussi important pour unifier le Canada. Ces réseaux sont d'une importance capitale pour permettre au Canada de réussir dans une économie du savoir. Les réseaux Internet à large bande jouent un rôle aussi essentiel pour nous aujourd'hui que le train de la Confédération en son temps.
Il ne s'agit pas uniquement d'une question de nature commerciale. C'est avant tout une question capitale d'intérêt économique national. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être à la traîne.
[Français]
L'industrie des télécommunications ne cesse d'évoluer. La convergence est sur le point de faire disparaître la ligne de démarcation entre la radiodiffusion et les télécommunications.
Les consommateurs se tournent de plus en plus vers Internet et les dispositifs mobiles pour s'informer et se divertir, et ce contenu peut provenir de n'importe où dans le monde.
[Traduction]
Par conséquent, les radiodiffuseurs au Canada ont perdu leur auditoire captif.
[Français]
Cette capacité d'obtenir le contenu de leur choix, sur la plateforme de leur choix, amène les consommateurs à se montrer encore plus exigeants.
[Traduction]
Quelles sont les manières façons de soutenir la création et la promotion de contenu canadien de grande qualité dans cet environnement numérique? Voilà un de nos plus grands défis. De plus, pour faire face à cette nouvelle réalité, le CRTC doit appliquer des lois qui remontent à 25 ans. Cela équivaut à appliquer une réglementation datant de la période du Jurassique à l'industrie des communications du 21esiècle. Il ne fait aucun doute que ce contexte numérique exige des compétences, des approches et des stratégies différentes. Nous devons nous montrer encore plus intelligents, plus créatifs et faire montre d'un plus grand esprit d'innovation.
Je prends très au sérieux mon rôle comme vice-président de la radiodiffusion. J'ai hâte de travailler avec mes collègues et les Canadiens intéressés en vue de préciser les nouveaux concepts qui renforceront la capacité du CRTC de réglementer le monde des communications tout en gardant à l'esprit les intérêts des consommateurs.
[Français]
Merci de votre attention.
:
Monsieur le président, je comprends bien les angoisses exprimées par certains députés de l'opposition membres du comité. Il semble y avoir des accrochages dans le processus de nomination, non seulement de cette nomination mais des nominations ministérielles en général. Notre formation politique, alors qu'elle était dans l'opposition, considérait que le système devait être réparé. Notre formation politique s'est engagée à réparer le système. Peu après l'élection de 2006, c'est exactement ce que nous avons tenté de faire, et nous avons proposé, à l'époque, un système qui était plus ouvert, plus public. On a même proposé le nom d'un imminent Canadien pour le présider. Cet imminent Canadien a fait face à une inquisition. Compte tenu du fait que le gouvernement n'avait pas un nombre suffisant de députés au sein du comité, le poste a été refusé à ce Canadien. Il n'a pas été nommé à un poste pour lequel il aurait reçu une rémunération annuelle d'un dollar. Ensuite, les députés des différentes partis de l'opposition ont demandé au gouvernement de proposer une autre personne. On peut supposer que si le gouvernement avait proposé une autre personne, celle-ci aurait été son deuxième choix, donc une personne de qualité inférieure à la première. On ne s'est pas prêté à ce jeu.
Depuis ce temps, on procède à des nominations. Parfois, il s'agit de gens qui appuient le gouvernement et, parfois, de gens qui n'appuient pas le gouvernement. Naturellement, si le gouvernement a le malheur de nommer quelqu'un qui appuie sa formation politique, cela doit être, par définition, une mauvaise nomination.
Je crois comprendre qu'au même moment où le vice-président du CRTC a été nommé, il y a quelques semaines, le gouvernement a nommé un autre individu au conseil d'administration de la Société Radio-Canada. Cette personne avait sans doute les qualifications nécessaires, puisqu'elle n'appuie pas notre formation politique.
Ce genre de critiques est un peu louche. Il y a eu une espèce d'inquisition, plus tôt cet après-midi, et on a présenté, comme si c'était une preuve, des qu'en-dira-t-on qu'on a lus dans les journaux, entendus à la radio ou vus à la télévision.
Je ne pense pas que des parlementaires sérieux devraient se comporter de cette façon.
Monsieur le président, je veux savoir si vous m'imposez une limite de temps.