Merci, monsieur le président. J'ai le plaisir de venir expliquer au comité en quoi consisteront les futurs programmes que l'ACDI mènera en Afghanistan. Permettez-moi d'abord de situer ces programmes par rapport à nos succès dans la province de Kandahar et au plan d'action de l'ACDI pour accroître l'efficacité de l'aide.
[Français]
L'ACDI apporte depuis longtemps un soutien à l'Afghanistan. Avant la chute du régime des talibans, en 2001, le programme d'aide de l'ACDI pour l'Afghanistan reposait surtout sur une aide humanitaire destinée à répondre aux besoins humains fondamentaux. C'est une aide qui se chiffrait entre 10 et 20 millions de dollars par année.
Après la Conférence internationale sur l'aide à la reconstruction de l'Afghanistan, tenue à Tokyo en janvier 2002, le Canada a haussé énormément son aide à ce pays, car le gouvernement afghan souhaitait que des investissements soient faits pour le développement à long terme. Le Canada est ainsi devenu l'un des principaux pays donateurs en Afghanistan. Il est le plus important bénéficiaire de l'aide bilatérale canadienne à ce jour.
[Traduction]
Nous avons récemment donné suite aux recommandations de l'honorable John Manley et du Groupe d'experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan. Avec nos alliés et nos partenaires du développement, nous avons fait des progrès en vue d'assurer un meilleur avenir à la population de Kandahar. Nous poursuivons notre collaboration avec eux et avec le gouvernement de l'Afghanistan afin de pouvoir atteindre nos objectifs communs.
L'ACDI a été chargée de réaliser trois projets de premier plan faisant partie des six priorités du Canada en Afghanistan: renforcer la capacité des institutions afghanes d'offrir des services de base et de favoriser la croissance économique, apporter une aide humanitaire aux populations extrêmement vulnérables et renforcer la capacité de l'Afghanistan en matière de gouvernance démocratique.
[Français]
Les trois projets de premier plan que le Canada appuie occupe aussi une grande place dans les activités réalisées par l'ACDI en Afghanistan depuis 2008.
Dans le cas du premier de ces projets, le Canada soutient la remise en état du barrage Dahla et du système de canaux et d'irrigation qui s'y rattache, ce qui crée des emplois et est favorable à l'agriculture. Dans le cas du deuxième projet, nous contribuons à la reconstruction de 50 écoles dans la province de Kandahar. Enfin, dans le cas du troisième projet, le Canada élargit le soutien à l'immunisation contre la polio.
À mesure qu'elles progressent, les interventions du Canada profitent à la population de la province de Kandahar. Les programmes que nous mèneront dorénavant en Afghanistan sont fondés sur ces réussites ainsi que sur l'expertise et l'expérience que possède le Canada.
[Traduction]
Le gouvernement a annoncé le 16 novembre 2010 qu'après 2011, le Canada axerait son engagement en Afghanistan sur quatre grands objectifs. Le premier est d'investir dans l'avenir des enfants et des jeunes de l'Afghanistan grâce à des programmes de développement dans les secteurs de l'éducation et de la santé visant en particulier les femmes et les filles. Le deuxième est de renforcer la sécurité, la primauté du droit et le respect des droits de la personne, notamment en mettant jusqu'à 950 formateurs à la disposition des forces de sécurité afghanes. Le troisième est de favoriser la diplomatie à l'échelle régionale. Le quatrième est de contribuer à la prestation de l'aide humanitaire.
[Français]
En vertu de ces quatre objectifs, l'ACDI sera chargée de réaliser des programmes dans les domaines de l'éducation, de la santé des mères, des nouveaux-nés et des enfants, de l'aide humanitaire et des droits de la personne, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international dans ce dernier cas. Le programme de l'ACDI qui sera géré de Kaboul aura une portée nationale.
[Traduction]
Nos priorités en matière de programmes ont été définies en consultation avec le gouvernement de l'Afghanistan, les organisations de la société civile canadiennes et afghanes et les organismes multilatéraux partenaires. Les programmes du Canada sont alignés sur les priorités et le plan de mise en œuvre de la stratégie de développement national de l'Afghanistan et reflètent directement les besoins et les priorités des Afghans.
Depuis les conférences tenues à Londres et à Kaboul l'année dernière, le gouvernement de l'Afghanistan a établi des groupements thématiques et des programmes nationaux prioritaires qui permettent à la communauté internationale de centrer ses efforts sur un ensemble précis de priorités de reconstruction et de développement. Le Canada continuera à chercher des occasions d'appuyer l'élaboration des groupements et des programmes nationaux prioritaires, qui sont essentiels pour renforcer les capacités et la responsabilité du gouvernement afghan ainsi que la prise en charge locale.
[Français]
Avant de vous en dire plus sur les secteurs d'intervention privilégiés, je tiens à préciser que nos futurs programmes s'inscrivent aussi dans le plan d'action de l'ACDI pour l'efficacité de l'aide.
Le gouvernement du Canada s'est en effet engagé à rendre son aide internationale plus efficace, mieux ciblée et plus transparente. Pour y parvenir, l'ACDI a pris des mesures pour améliorer l'efficacité de son travail, conformément aux accords internationaux et aux pratiques exemplaires reconnues.
[Traduction]
Dans le cadre de la stratégie retenue, l'Agence concentre ses efforts dans certaines régions et met l'accent sur des thèmes précis. Nous ciblons actuellement 20 pays et avons trois thèmes prioritaires: accroître la sécurité alimentaire, assurer l'avenir des enfants et des jeunes et favoriser une croissance économique durable. Afin d'obtenir des résultats durables et significatifs, l'ACDI appuie les initiatives qui aident le pays bénéficiaire à faire preuve de leadership à l'échelle locale et à prendre en charge des politiques et des stratégies de développement fondées sur des besoins et des priorités localement définis. Enfin, nous sommes déterminés à assurer l'efficacité et la responsabilité, notamment par une communication claire et ouverte avec les partenaires canadiens. Comme l'Afghanistan fait partie des 20 pays ciblés, les programmes que nous y réaliserons entre 2011 et 2014 refléteront ces grands principes d'efficacité de l'aide ainsi que d'autres.
Je vais essayer de me limiter aux grands thèmes, en commençant par l'éducation. Dans notre travail en Afghanistan, nous avons acquis une grande expérience et avons eu beaucoup de succès dans le secteur de l'éducation. Nous collaborons avec le gouvernement de l'Afghanistan dans le cadre du Programme d'amélioration de la qualité de l'éducation pour construire et rénover plus de 800 écoles partout dans le pays et pour financer la formation de plus de 110 000 enseignants et directeurs. Nous avons également appuyé la création de 4 000 écoles communautaires, ce qui a permis de donner à 125 000 enfants difficiles à rejoindre, dont 80 p. 100 sont des filles, une éducation de base.
Nous comptons faire fond sur ces expériences pour améliorer l'éducation formelle grâce à des programmes gouvernementaux et appuyer l'éducation communautaire non formelle afin de faciliter l'accès des filles à l'éducation. Sur le plan de la qualité, nous examinons actuellement des façons d'améliorer l'enseignement primaire en favorisant la formation préalable des enseignants, et surtout des enseignantes, et de normaliser le régime d'attestation des compétences et d'agrément des enseignants.
Enfin, pour encourager la participation et la prise en charge de ces projets par la population afghane, nous envisageons d'intensifier la participation communautaire, car il est démontré que la participation des collectivités améliore la responsabilisation du secteur public aux échelons local, régional et national. Nous examinerons également la possibilité de favoriser des réformes ministérielles susceptibles d'améliorer la qualité de la gouvernance en éducation.
Dans le domaine de la santé, l'Afghanistan est l'un des 10 pays ciblés par l'Initiative du G8 sur la santé de la mère, des nouveau-nés et des enfants. Comme dans le secteur de l'éducation, nos plans pour le secteur de la santé se fondent sur l'expérience acquise et les succès réalisés en Afghanistan. Notre engagement envers l'éradication de la poliomyélite — qui est l'un de nos projets de premier plan — est bien connu. Grâce à nos efforts, quelque 7,2 millions d'enfants afghans ont été vaccinés contre la polio, ce qui a contribué à réduire à 25 l'incidence de nouveaux cas en 2010, par rapport à 31 en 2009. Avec le temps, le projet de premier plan de l'éradication de la poliomyélite servira de tremplin pour dispenser d'autres services de santé de base aux enfants de moins de 5 ans, comme la lutte contre les carences en micronutriments et les campagnes de vermifugation.
Nous nous appuierons également sur notre expérience pour dispenser des services de santé aux mères et aux jeunes enfants à Kandahar et profiter des leçons apprises dans notre travail à l'échelle nationale. Par exemple, nous avons appuyé la création à Kandahar d'un centre d'attente maternel, modèle qui a encouragé des femmes et des jeunes enfants, dont beaucoup n'avaient jamais mis les pieds dans un hôpital auparavant, à accéder aux services de santé secondaires et tertiaires.
À l'avenir, le Canada continuera de figurer parmi les principaux donateurs dans le domaine de l'éradication de la polio à l'échelle nationale et mettra l'accent sur la prestation de services de santé aux mères, aux nouveau-nés et aux enfants dans les régions mal desservies du pays. Les programmes de santé de l'ACDI, qui sont axés sur les mères et les enfants les plus vulnérables et les plus démunis, viseront à trouver des solutions aux principaux problèmes à tous les niveaux du système de santé.
[Français]
Pour renforcer la qualité des services de santé, notre programme aidera les Afghans à améliorer la santé et l'état nutritionnel des mères, des nouveau-nés et des enfants de moins de cinq ans. Découlant de l'Initiative de Muskoka, l'aide canadienne contribuera à renforcer le système de santé, à améliorer la nutrition et à réduire le fardeau des maladies en Afghanistan.
J'aborderai maintenant la question de l'aide humanitaire. L'Afghanistan, qui compte parmi les pays les plus pauvres de la planète, demeure vulnérable aux catastrophes naturelles et à celles provoquées par l'homme. L'aide humanitaire est donc un autre domaine où les besoins restent criants. Près d'un tiers des Afghans souffrent d'insuffisance alimentaire chronique ou saisonnière provoquée par des conflits, des catastrophes naturelles, le manque de revenus et d'emplois et des pratiques agricoles inefficaces.
Pour réduire cette vulnérabilité, l'ACDI continuera d'aider le gouvernement afghan à faire face aux crises naturelles ou causées par l'homme en fournissant une aide alimentaire et non alimentaire.
[Traduction]
Le Canada est l'un des principaux donateurs qui ont contribué aux efforts humanitaires en Afghanistan. Nous veillons à ce que l'aide humanitaire demeure accessible aux plus vulnérables, notamment aux réfugiés afghans ainsi qu'aux personnes rapatriées et déplacées. L'une des stratégies les plus efficaces a consisté à favoriser la constitution préalable de stocks de fournitures non alimentaires pour répondre à des situations d'urgence au niveau local, à Kandahar et partout dans le pays. Ces stocks ont servi récemment à porter secours aux populations touchées par les inondations qui ont dévasté le Pakistan et causé des dégâts dans plusieurs provinces afghanes.
Afin d'améliorer la qualité de notre aide, nous envisagerons des solutions d'aide novatrices et efficaces pour combler les écarts entre les secours d'urgence et le développement durable, tout en favorisant l'égalité entre hommes et femmes dans nos interventions humanitaires. Par exemple, les leçons tirées d'urgences humanitaires dans d'autres pays de la région montrent qu'il importe, en situation de crise, de porter une attention particulière à l'aménagement des camps, à la manière dont les provisions sont distribuées, aux services de santé sexuelle et génésique et à la prévention de la violence. Dans le cadre de nos efforts pour faire la transition entre les secours d'urgence et le développement durable, l'ACDI appuiera les mesures préventives qui aident les responsables locaux à faire face aux urgences prévisibles ou récurrentes.
[Français]
Au chapitre des droits de la personne, l'ACDI, en consultation avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, tente plus particulièrement de faire valoir les droits des femmes pour éliminer les obstacles qui empêchent les femmes et les filles d'avoir accès aux services dans des domaines tels que la santé et l'éducation.
Nous étudions également les options pour continuer de renforcer la capacité des organismes de défense des droits de la personne en vue de sensibiliser les citoyens aux droits de la personne et leur donner des moyens d'agir dans ce domaine, de contrôler les violations ainsi que de recueillir des informations et d'enquêter sur celles-ci.
Enfin, forts de notre réussite à encourager la participation des femmes aux élections, nous tentons de favoriser des initiatives qui élargissent le rôle des femmes dans le processus décisionnel.
Dans l'ensemble de l'agence, la gouvernance, l'égalité entre les sexes et l'environnement sont d'importants thèmes transversaux qui contribuent à l'obtention de résultats et à leur viabilité.
[Traduction]
Aucun succès n'a eu autant de pouvoir transformateur que l'augmentation du nombre de filles scolarisées en Afghanistan. Différentes études ont montré que des investissements essentiels qui contribuent à réduire l'inégalité entre les sexes permettent aussi d'atténuer une pauvreté persistante. Enfin, comme la ministre l'a souligné le 16 novembre dernier, nous mettrons tout particulièrement l'accent sur les femmes dans tous nos programmes.
[Français]
Certes, des progrès importants ont été réalisés par le gouvernement afghan et la communauté internationale à l'égard des droits des femmes et des filles, mais d'énormes inégalités subsistent entre les femmes et les hommes. La violence contre les femmes et les violations des droits de la personne sont généralisées. Ils vont du mariage précoce sous la contrainte et des crimes d'honneur au trafic des êtres humains, à la violence familiale et aux mauvais traitements.
L'insécurité et le manque de services essentiels atténuent les nombreux progrès accomplis. Les indicateurs relatifs à la santé, à l'éducation, à la pauvreté et aux droits des femmes demeurent parmi les plus bas au monde. L'ACDI travaillera donc avec le gouvernement afghan et la société civile pour faire en sorte que des progrès continuent d'être faits en matière d'égalité entre les sexes, et ce, grâce à l'amélioration de la qualité des services de santé et d'éducation et à l'élargissement de l'accès à ces services et à l'aide humanitaire.
[Traduction]
Enfin, dans l'ensemble de notre travail, nous insistons sur la responsabilisation et une gestion responsable. Il s'agit notamment d'améliorer la capacité du gouvernement afghan de gérer les finances publiques et de réaliser des projets, et de mettre l'accent sur la participation et la transparence dans les processus décisionnels.
[Français]
Notre travail en Afghanistan a permis d'obtenir de remarquables résultats depuis 2003. Cela dit, nous devons continuer à investir dans ce pays pour aider les Afghans à le rebâtir.
[Traduction]
Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions. Vous pouvez compter sur moi pendant un très long moment.
Monsieur le président, j'ai eu des difficultés à présenter mon exposé préliminaire parce que j'essayais de brosser un tableau d'ensemble de l'Afghanistan sans insister particulièrement sur Kandahar. Je tiens cependant à assurer au comité, comme je l'ai dit lors de ma dernière comparution et comme je continue à le croire, que nous sommes en bonne voie d'atteindre nos... L'objectif de 50 écoles prévoyait de construire ou de rénover 50 établissements à Kandahar. Nous sommes en bonne voie d'atteindre cet objectif. En ce qui concerne les 3 000 enseignants à former à Kandahar, je crois que c'est presque fait. Je ne voudrais donc pas vous donner l'impression que nous n'avons pas l'intention de finir ce que nous avons entrepris.
Je tiens à dire cependant que nous faisions des choses partout dans le pays, et pas seulement à Kandahar. Cela explique les 110 000 enseignants, les 800 écoles et les autres choses que nous avons réalisées.
Pour ce qui est du long terme et des cibles précises, en élaborant le programme d'après 2011, à des fins de planification, nous avons très délibérément essayé de faire fond sur les succès que nous avons réalisés. C'est pour cette raison que nous concentrerons notre attention sur l'éducation et sur les enfants, domaines dans lesquels nous jouons un rôle de premier plan tandis que nous progressons vers 2011. C'est la même chose dans le domaine de la santé: nous poursuivrons les efforts là où nous avons eu du succès, notamment en ce qui concerne la vaccination contre la poliomyélite.
Quant aux choses que nous ne ferons pas, les programmes en faveur de l'Afghanistan coûtaient un peu plus de 200 millions de dollars dont la moitié devait aller à Kandahar, conformément aux recommandations du comité Manley. Je crois que nous avons réalisé entre 48 et 52 p. 100, selon le moment choisi. Les programmes courants auront une orientation nationale. Nous espérons qu'il nous sera quand même possible d'obtenir quelques ressources pour réaliser des projets dans les provinces. Toutefois, le budget de quelque 100 millions de dollars sera centré sur les programmes nationaux qui feront fond sur les succès que nous avons réalisés dans le passé.
Quant aux choses que nous ferons ou ne ferons pas, en ciblant particulièrement l'éducation et la santé, il restera des domaines dont nous ne nous occuperons pas à l'avenir. Nous faisions du développement économique, notamment dans le cadre des améliorations agricoles réalisées autour du barrage Dahla. Comme nous en avons discuté avec les autres donateurs, nous croyons que le travail se poursuivra, mais sans notre participation.
Au chapitre de la création de capacités, nous continuerons à faire des efforts en nous fondant sur l'expérience acquise. J'espère que...
:
Je vous remercie. C'est intéressant d'y penser pendant que nous faisons la planification de nos programmes.
J'ai sorti les chiffres relatifs à l'alphabétisation juste avant de venir ici. L'Afghanistan se situe au plus bas de l'échelle du développement humain sur le plan de l'alphabétisation ainsi que sur le plan de la mortalité maternelle et infantile. Il faut également mentionner que l'Afghanistan se distingue par l'écart sensible qui existe entre les taux d'alphabétisation des hommes et des femmes. À Kandahar, le taux général d'alphabétisation est de 4,5 p. 100, tandis que le taux des femmes est de 1,5 p. 100. Le chiffre de 4,5 p. 100 est bien sûr très faible, mais le chiffre de 1,5 p. 100 l'est encore plus.
Il en va de même pour le taux général d'alphabétisation de l'Afghanistan, qui se situe aux alentours de 14,5 p. 100 — je cite ce chiffre de mémoire — tandis que les femmes sont à 12,5 p. 100.
Avant notre arrivée en 2001, il y avait environ 400 000 enfants inscrits à l'école, presque exclusivement des garçons. D'après les chiffres officiels afghans, il y a actuellement 6,2 millions d'enfants inscrits à l'école.
À part différents autres problèmes, les obstacles qui empêchent les femmes et les filles d'aller à l'école comprennent des choses telles que la sécurité. Parallèlement à ce que nous avons fait en matière de formation d'enseignants et d'accès à l'école, nous avons dû établir des périmètres autour des établissements pour que les mères se sentent à l'aise lorsqu'elles emmènent leurs enfants à l'école. Il a également fallu prévoir des moyens de transport.
Souvent, le problème est de trouver des enseignantes. Les parents refusent de laisser leurs filles sous la direction d'enseignants de sexe masculin. Bien sûr, il a toujours été important, lorsque nous envisagions la création d'écoles normales, non seulement de former des enseignantes, mais aussi de prévoir le même genre de mécanismes de sécurité, l'aménagement de toilettes pour les femmes, l'établissement de barrières autour des écoles normales pour que les femmes puissent y aller et l'organisation de transports pour les femmes.
L'un des projets, qui semble très local, mais qui devient très général, consiste à prévoir un dortoir pour les femmes à l'école normale, afin de leur permettre de suivre la formation. Ensuite, nous pourrions les affecter un peu partout dans la province de Kandahar ainsi que dans le voisinage de l'école.
Nous envisageons aussi de travailler avec les parents et les collectivités, à différents endroits, pour définir les difficultés qui constituent des obstacles, qu'il s'agisse de transport, de sécurité ou d'autres aspects, y compris la possibilité de se rendre à l'école à un moment différent. Nous avons essayé de collaborer avec les collectivités pour trouver des solutions à ces problèmes.
Nous essayons aussi de collaborer avec les collectivités pour qu'elles prennent en charge certains projets d'éducation communautaire dans les cas où, quoi qu'on fasse, on ne réussira pas à convaincre les parents de laisser les enfants aller à l'école. On a beau former des enseignants, construire et rénover des écoles, il faut quand même avoir une solution de rechange. Dans ces régions, cela signifie parfois qu'il faut prévoir une éducation communautaire dans la maison de quelqu'un ou à un autre endroit. À part les écoles publiques, nous avons établi près de 4 000 écoles communautaires.
Je voudrais mentionner très rapidement, tandis que nous préparons les programmes futurs, que le Canada a très tôt assumé un rôle de leadership en ce qui concerne ce qu'on appelait alors le comité d'examen de l'éducation, collaborant avec le ministère de l'Éducation pour régler les problèmes d'envergure nationale. Les solutions étaient ensuite appliquées à l'échelle locale. Le comité s'est finalement transformé en une sorte de conseil de perfectionnement des ressources humaines.
Il est tout aussi important de travailler au niveau local et communautaire que de collaborer avec les autres donateurs. Ainsi, lorsque le budget passe de 200 à 100 millions de dollars, nous avons toujours la possibilité d'obtenir le concours d'autres parties. Nous continuerons à le faire.
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Comme vous l'avez dit, je vais laisser de côté les projets de premier plan.
En ce qui concerne les indicateurs et les succès, d'après la ministre elle-même, 66 p. 100 de la population a aujourd'hui accès à des soins de santé primaire à moins de deux heures de marche, par rapport à 9 p. 100 en 2000. Le Canada a donné de la formation à 1 450 médecins, infirmières, sages-femmes et travailleurs de santé communautaire. Sept millions d'enfants ont été vaccinés contre la polio. C'était un projet de vaccination presque entièrement financé par le Canada.
Il y a maintenant 4 000 écoles et centres d'apprentissage communautaires établis dans des régions du pays qui n'étaient pratiquement pas desservies dans le passé et dont un certain nombre n'avaient pas du tout d'écoles. En Afghanistan, on compte aujourd'hui 158 000 enseignants, par rapport à 21 000 en 2002, et 29 p. 100 d'entre eux sont des femmes. À l'heure actuelle, 6 millions d'enfants, dont un tiers de filles, vont à l'école à comparer à 400 000 écoliers ne comprenant pratiquement que des garçons.
Nous avons déminé 500 kilomètres carrés de territoire et avons donné à plus de 500 000 Afghans une formation sur les dangers des mines terrestres. Cela ne fait pas partie des trois projets de premier plan.
De plus, dans le domaine de la création de capacités, nous avons travaillé en consultation étroite avec le ministère de l'Éducation pour élaborer des programmes d'études et avec des instances communautaires pour établir des commissions scolaires. Nous avons donné de la formation en rédaction législative. Nous avons collaboré avec des institutions qui sont devenues indépendantes et bien connues, comme la Commission indépendante des droits de la personne de l'Afghanistan.
Je crois que nous avons beaucoup réalisé dans un pays qui n'avait pratiquement rien après 30 ans de guerre. Cela étant dit, il serait malhonnête de ma part de ne pas dire que tous les indicateurs de développement humain restent encore très bas en Afghanistan. Qu'il s'agisse des taux d'alphabétisation ou des indicateurs liés aux soins de santé, il reste encore beaucoup à faire.
Nous continuerons ce travail d'édification en tenant compte d'autres observations formulées au sujet de ces succès. Nous continuerons à concentrer nos efforts sur l'éducation, à réaliser l'initiative d'éradication de la polio et à contribuer partout où nous le pouvons à la création de capacités, sans nous départir du rôle que nous avons joué comme importants donateurs sur le front humanitaire.
Bref, je crois que l'investissement a été fructueux. En ce qui concerne l'importance du budget, on peut bien dire que les fonds passeront de 200 à 100 millions de dollars, mais ce travail constitue quand même l'une des plus grandes initiatives de développement jamais entreprises par le Canada. L'Afghanistan comptera toujours parmi les cinq plus grands bénéficiaires de l'aide canadienne au développement.