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NDDN Rapport du Comité

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LA FAMILLE

Il est largement reconnu chez les Forces canadiennes que le bien-être des familles des militaires est essentiel à l’efficacité des opérations. Le soldat au combat ne saurait avoir à s’inquiéter de sa famille, restée au pays.

Depuis 1992, le ministère de la Défense nationale appuie un réseau qui compte plus d’une quarantaine de Centres de ressources pour les familles des militaires (CRFM) situés dans des villes et sur des bases militaires partout au pays[51]. Quand les troupes sont déployées en mission, les bases des Forces canadiennes mobilisent aussi les Centres de soutien au déploiement (CSD), dotés de militaires qui se consacrent au soutien des familles des militaires déployés[52].

En 2008, les Forces canadiennes ont tenu le premier Sommet annuel sur les services aux familles, où les CRFM et les représentants des familles de militaires se sont réunis avec des officiers supérieurs pour discuter de la façon d’améliorer les services de soutien aux familles. Une campagne nationale a été élaborée qui souligne le rôle et l’importance des familles des militaires, sous le thème La famille des militaires : La force conjointe; de plus, il est prévu d’établir un Conseil consultatif sur la famille dans les Forces canadiennes qui fera rapport deux fois par année au Conseil des Forces armées afin de conseiller directement les officiers supérieurs des Forces canadiennes sur les questions touchant les familles des militaires.

Les familles de militaires ayant des difficultés de santé mentale ont accès à tout un éventail de services et de programmes dispensés par les Forces canadiennes et Anciens Combattants Canada, dont des programmes de counselling offerts par le Programme d’aide aux membres et le réseau de Soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSVSO)[53]. Le soutien est également assuré par le Centre du ministère de la Défense nationale/d’Anciens Combattants Canada pour le soutien des militaires blessés ou retraités et de leur famille (baptisé « le Centre ») et le Centre national pour traumatismes liés au stress opérationnel, à Sainte‑Anne‑de‑Bellevue, au Québec[54]. L’intervention en situation de crise est offerte par l’intermédiaire du réseau des CRFM au Canada, aux États-Unis et en Europe.

ACCÈS AUX SOINS

La prestation de services de soins de santé aux familles des militaires, comme aux familles civiles, incombe aux provinces. Toutefois, l’accès aux soins est inégal. Sur les bases militaires rurales ou relativement isolées, comme BFC Cold Lake et BFC Petawawa, pratiquement aucune des familles de militaires n’a de médecin de famille, en raison de la pénurie de professionnels de la santé dans la région, bien qu’elles aient accès aux hôpitaux et aux cliniques d’urgence avoisinantes. Une famille qui a un médecin de famille risque de le perdre en déménageant dans une autre région ou à l’étranger, et n’en trouvera pas toujours un autre.

Le Comité a entendu des témoins affirmer que même lorsque les services de santé sont disponibles, il est parfois difficile de s’y rendre, surtout, encore une fois, dans les régions isolées ou rurales. Les membres de la famille doivent parfois parcourir une distance considérable pour se rendre au cabinet d’un médecin spécialiste, mais ne disposent pas de moyens sûrs de s’y rendre. À cet égard, ce qui nous a été décrit comme un problème d’accès aux soins n’est peut-être, dans certains cas, qu’un problème de transport. C’est une difficulté que peut régler le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes.

RECOMMANDATION 23

Le ministère de la Défense nationale devrait immédiatement fournir de meilleurs moyens de transport (comme des fourgonnettes modernes ou des autocars avec chauffeurs) dans les bases militaires isolées afin que les militaires et les membres de leur famille disposent d’un transport adéquat lorsqu’ils doivent se rendre à l’extérieur de la ville pour des services de soins de santé ou des rendez-vous médicaux.

RESPECT ET EMPATHIE

Certains membres de famille, particulièrement des parents, ont clairement exprimé leur déception face au manque évident de respect et d’empathie de la part de certains commandants, ou de leurs représentants, quand ils cherchaient à intervenir au nom de leur fils ou de leur frère qui, dans les cas dont le Comité a été saisi, occupaient le rang de soldat ou de caporal.

De plus, la chaîne de commandement opérationnelle semble indisposée par l’intérêt que manifestent les membres de la famille pour la prise en charge d’un soldat blessé et les soins qui lui sont prodigués, particulièrement si ce soldat se sent négligé. Le fait qu’un père ou une mère puisse avoir une opinion et influer sur le traitement de leur fils soldat hérisse parfois les commandants de rang intermédiaire. Nous avons déjà formulé une recommandation à ce sujet.

PARTICIPER

Les Forces canadiennes fournissent une abondance de services de soutien social aux familles des militaires, principalement par le biais du réseau des CRFM, mais aussi par l’intermédiaire des programmes des unités et des bases. Les CRFM sont situés sur les grandes bases des Forces canadiennes afin de soutenir principalement les familles de la Force régulière qui y habitent. Certains CRFM, comme celui de Calgary, servent une clientèle composée principalement de familles de réservistes. D’autres encore, comme le CRFM d’Ottawa, servent toute une brochette de familles aux antécédents divers et dont le seul lien commun est le fait qu’un de leurs membres est déployé sur un théâtre d’opérations quelque part.

Le Comité a entendu des témoins expliquer que certaines familles de militaires, tant de la Force régulière que de la Réserve, ne profitent pas pleinement des CRFM ou d’autres programmes de soutien à la famille. Il semble y avoir deux explications. Premièrement, les soldats qui reçoivent de l’information au sujet des services de soutien à la famille lors de l’instruction préalable au déploiement ne la transmettent pas toujours à leur conjoint. Deuxièmement, certains conjoints, particulièrement ceux qui élèvent une famille dans un grand centre urbain plutôt que sur une base militaire, préfèrent ne pas recourir aux services de soutien à la famille des militaires, estimant, semble‑t‑il, pouvoir se débrouiller très bien tout seuls.

Ces situations sont particulièrement fréquentes chez les familles des réservistes. Les parents d’un jeune réserviste, qui ont témoigné devant le Comité et dont l’un est médecin, ont admis ne pas avoir donné suite à l’information sur le soutien à la famille, qui leur avait été fournie par leur fils et son unité, avant le déploiement.

Certes, on ne saurait obliger les familles à participer aux programmes de soutien social offerts, mais le Comité estime qu’il faudrait leur rappeler respectueusement qu’en acceptant le soutien, elles seront plus à même de faire face à l’absence de leur proche et se sentiront rassurées par l’éventail des services d’aide à leur disposition au besoin. Par ailleurs, il importe également que les conjoints et les familles des militaires se rendent compte que même s’ils n’ont pas besoin d’aide durant la mission, ils peuvent être à même d’aider une autre famille moins fortunée. Si elles souhaitent tirer parti des nombreux programmes de support social fournis par les Forces canadiennes, les familles des militaires se doivent d’y participer.

RECOMMANDATION 24

Les Forces canadiennes doivent rappeler aux militaires qu’ils ont une obligation de tenir leur famille pleinement informée des services de soutien social et médical à leur disposition. Les Forces canadiennes doivent aussi continuer d’inciter les familles des militaires à se prévaloir de ces services de soutien médical et social.


[51]   Voir le directeur du Soutien aux familles des militaires, http://www.cfpsa.com/fr/psp/dmfs/index.asp.

[52]   Voir par exemple le site Web du CSD, http://www.army.forces.gc.ca/DSC_Petawawa/index-fra.html.

[53]   Voir le site Web du Centre, http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/cen/atc-slc/index-fra.asp. Voir aussi le site Web de SSVSO, http://www.osiss.ca/frgraph/index_f.asp?sidecat=1.

[54]   Voir le site Web du Centre national pour traumatismes liés au stress opérationnel, http://www.vac-acc.gc.ca/clientele/sub.cfm?source=sainteanne/centre_tso.