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RNNR Rapport du Comité

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CHAPITRE 1 — LA RESSOURCE ET
L’INDUSTRIE FORESTIÈRES AU CANADA

La ressource forestière

Couvrant plus de 400 millions d’hectares, soit environ la moitié de la superficie totale du pays, le territoire forestier canadien compte pour environ 10 p. 100 des terres boisées de la planète et 30 p. 100 de la forêt boréale mondiale. Toutefois, ce ne sont pas toutes les forêts du Canada qui sont propices à des activités dites commerciales, c'est-à-dire capables de produire des produits forestiers. De fait, on estime que la forêt commerciale aménagée à des fins industrielles s’étend sur un peu plus de 140 millions d'hectares où, chaque année, on récolte moins de 1 million d'hectares. Un autre 150 millions d'hectares de forêt commerciale demeure intouché et n'est pas aménagé pour la production de bois d'œuvre. Cela laisse près de 110 millions d'hectares de forêt non commerciale, qui conviennent plus à des valeurs non ligneuses et où il demeure peu probable qu’on pratique un jour de la coupe à des fins commerciales.

Les régions forestières du pays sont classées selon leur type de couvert, qui est déterminé par la proportion de résineux qu'elles contiennent. Le couvert résineux, surtout situé au nord du pays et prédominant en Colombie-Britannique, est le plus courant par sa superficie (66 p. 100). Les forêts mixtes, qui s'étendent dans les Maritimes et le centre du Québec, de l'Ontario et des Prairies, occupent le deuxième rang en superficie (22 p. 100). De leur côté, les forêts de feuillus (12 p. 100 de la superficie totale) poussent dans une bande traversant le sud du Québec et de l'Ontario (bouleau et érable surtout); cette bande se rétrécit dans les régions sud du Manitoba et de la Saskatchewan puis s'élargit de nouveau en Alberta, où le peuplier et le tremble dominent.

La Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec se partagent près de 60 p. 100 des terres forestières productives inventoriées. Les provinces des Prairies en possèdent un peu moins de 25 p. 100 et les quatre provinces de l'Atlantique, presque 10 p. 100. Au Canada, environ 93 p. 100 des terres forestières constituent des terres publiques, donc gérées par les gouvernements; les provinces en possèdent 77 p. 100 et le gouvernement fédéral 16 p. 100. En Nouvelle-Écosse et dans l'Île-du-Prince-Édouard, les terres boisées appartiennent surtout à des propriétaires privés. Les terres de la Couronne fédérale se trouvent principalement au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest qui, bien qu'occupant 39 p. 100 de la superficie totale du pays, ne possèdent que 9 p. 100 des terres forestières productives non réservées.

Les terres forestières de propriété privée, qui représentent plus de 7 p. 100 des terres forestières productives du pays, appartiennent à quelque 450 000 propriétaires, soit des personnes, des familles, des sociétés et des collectivités. Environ 80 p. 100 de ces terres forestières privées sont situées à l'est du Manitoba et la plupart se trouvent dans les provinces maritimes et au Québec. Leur importance n’est pas négligeable : elles se trouvent à proximité des usines de transformation et elles procurent davantage de bois par rapport à la superficie forestière qu’elles occupent. Par exemple, au Québec, les quelque 130 000 boisés privés représentent 11 p. 100 des superficies forestières, mais fournissent plus de 20 p. 100 de l’approvisionnement des usines.

En vertu de la Constitution canadienne, la gestion des ressources naturelles relève des provinces. C’est donc dire que les provinces détiennent et gèrent les forêts des terres publiques se trouvant sur leur territoire et qu'elles élaborent les lois, les règlements et les politiques les concernant. Elles accordent également les permis pour la récolte du bois d'œuvre, perçoivent les droits de coupe et recueillent des données sur les forêts. Pour ce qui est des trois territoires, jusqu'à tout récemment, le gouvernement fédéral s'occupait de gérer leurs ressources naturelles. Cependant, des discussions et des négociations l'ont récemment amené à mettre en œuvre un processus de transfert en vue de confier cette responsabilité aux territoires.

Il importe également de signaler que la protection de l’environnement n’est pas mentionnée comme telle dans la Loi constitutionnelle de 1867. En pratique, cette responsabilité est partagée entre les paliers fédéral et provincial.

Les compétences fédérales comprennent le commerce et les relations internationales, les affaires autochtones, la gestion des terres fédérales et la protection de l'environnement. Au fil des ans, le gouvernement fédéral a joué un rôle de premier plan en matière de recherche, particulièrement en ce qui concerne le contrôle des ravageurs et des maladies qui s’attaquent aux vastes forêts et, plus récemment, à l’égard d’enjeux globaux tels que l’incidence du changement climatique.

Le gouvernement fédéral aide aussi à forger un consensus parmi les intervenants sur d'importantes questions liées aux forêts. Il collabore de façon notable avec les provinces et territoires, par le biais du Conseil canadien des ministres des Forêts (CCMF). Le CCMF joue un rôle de leader dans les dossiers nationaux et internationaux et oriente l’intendance et l’aménagement durable des forêts canadiennes. Il est notamment responsable du Système national d’information forestière et du Programme national de données sur les forêts, du Cadre canadien de critères et d’indicateurs, et de l’élaboration de la nouvelle Stratégie nationale sur la forêt.

Le Canada demeure un des rares pays développés encore doté de vastes forêts naturelles qui n'ont pas été touchées par l'activité humaine. Cette situation privilégiée lui confère cependant un rôle d’intendant aux yeux de nombre de Canadiens et de la communauté internationale. Certains considèrent qu’il faudrait assurer une protection accrue à nos forêts, en réclamant notamment que l’État et l’industrie privilégient les pratiques d’aménagement forestier durable.

L’économie forestière du Canada

En 2006, le secteur forestier a contribué pour 36,3 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) du Canada, soit environ 3 p. 100 du total. La même année, plus de 300 000 Canadiens étaient employés directement par cette industrie, tandis que 500 000 à 600 000 autres dépendaient indirectement du secteur forestier pour leur emploi.

L’industrie forestière du Canada est tournée vers les marchés étrangers. Aucun pays au monde n’exporte davantage de produits ligneux que le Canada. Comme on peut s’y attendre, l’essentiel de nos exportations de bois et de produits ligneux (78 p. 100) va aux États-Unis. En 2006, les exportations totales de bois brut (grumes, bois de pâte, etc.) étaient évaluées à 980 millions de dollars; les exportations totales de semi‑produits de bois (bois d’œuvre, contreplaqué, etc.) étaient estimées à 16,4 milliards de dollars. Les exportations totales de pâtes et papiers se chiffraient quant à elles à 20,9 milliards de dollars. Au total, la valeur des exportations forestières canadiennes dépassait 38 milliards de dollars. L’industrie forestière canadienne a également contribué pour quelque 28 milliards de dollars au surplus commercial du pays.

Notre secteur forestier joue un rôle prépondérant dans de nombreuses localités rurales et éloignées. Selon Ressources naturelles Canada (RNCan), plus de 300 localités au pays dépendent économiquement[1] de l’industrie forestière. Le Comité est bien conscient que le bien-être des régions rurales et de l’économie canadienne dans son ensemble dépend beaucoup d’un secteur forestier vigoureux et dynamique.

Les activités forestières varient selon les régions et les localités du pays; elles témoignent des avantages relatifs des diverses régions. L’Ouest canadien a tendance à se spécialiser dans la fabrication de semi-produits (comme le bois d’œuvre), alors que l’Ontario, le Québec et les provinces de l’Atlantique prennent part à toutes les productions : bois d’œuvre, pâtes et papiers, papier journal, etc. La biomasse forestière est par ailleurs devenue une importante source d'énergie partout au Canada. Plus de la moitié de toute l'énergie utilisée par l'industrie forestière canadienne pour le chauffage et pour ses procédés de fabrication provient de la biomasse (déchets, sciure de bois, écorce, etc.).

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[1]      Il s’agit des collectivités définies comme celles où le secteur forestier constitue au moins la moitié de l’assise économique. Source : Ressources naturelles Canada, L’état des forêts au Canada 2007.