AGRI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
STANDING COMMITTEE ON AGRICULTURE AND AGRI-FOOD
COMITÉ PERMANENT DE L'AGRICULTURE ET DE L'AGROALIMENTAIRE
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 26 février 1998
[Traduction]
Le vice-président (M. Murray Calder (Dufferin—Peel— Wellington—Grey, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.
Mesdames et messieurs, nous avons parmi nous aujourd'hui les représentants du Conseil de recherches agroalimentaires du Canada. Il s'agit de Dick Huggard, Norris Hoag et Linda Poste-Flynn. Soyez les bienvenus. Je vous cède la parole.
M. R.J. (Dick) Huggard (président, Conseil de recherches agroalimentaires du Canada): Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité et invités.
Comme il a été dit, je suis Dick Huggard. Je viens de Truro, en Nouvelle-Écosse. Je suis le président du Conseil de recherches agroalimentaires du Canada. Avec moi se trouve Norris Hoag, de Guelph. Il est directeur pour les provinces au conseil du CRAC et président du conseil d'administration. Et voici Linda Poste-Flynn qui fait partie de notre secrétariat ici, à Ottawa. Elle est notre directrice exécutive.
• 0910
Nous sommes vraiment très heureux de pouvoir vous rencontrer
aujourd'hui. Durant le temps qui nous est alloué, nous aimerions
accomplir deux choses. D'abord nous aimerions vous parler un peu du
CRAC, afin de vous familiariser, mesdames et messieurs les membres
du comité, avec son rôle et sa structure organisationnelle. Ensuite
nous vous exposerons notre stratégie, afin de vous aider à mieux
comprendre le document dont nous allons parler un peu plus tard,
intitulé: «Stratégie nationale canadienne pour la recherche et le
transfert de technologie dans le secteur agroalimentaire».
Au cours de ma présentation j'aimerais surtout attirer votre attention sur les points suivants: le CRAC est une organisation unique en son genre; c'est le seul réseau de ce type, et nous avons 800 participants bénévoles dans le Canada entier. C'est un partenariat de tous les intervenants, soit les universités, l'industrie et les deux paliers de gouvernement—fédéral et provincial. C'est une structure qui englobe une large gamme de compétences, propre à établir des priorités dans le domaine de la recherche et du transfert technologique. Et il est également important de noter qu'il s'agit d'une organisation qui parle d'une voix unanime et organisée au nom des intervenants de tous les secteurs de l'agriculture, de la ferme à la table du consommateur.
Nous avions d'abord prévu de parler une demi-heure, mais nous avons réduit notre temps d'intervention et devrions donc parler un peu moins longtemps et peut-être avoir davantage de temps pour les questions. Je vais prendre sept ou huit minutes pour vous entretenir en peu du CRAC et de son rôle, et Norris vous présentera la stratégie durant une quinzaine de minutes.
Avec votre accord, monsieur le président, nous allons procéder dans cet ordre.
Le président: D'accord.
M. Dick Huggard: Vous voyez notre organigramme sur le transparent. Il s'agit d'un réseau de coordination, établi au Canada en 1974. C'est en fait un partenariat entre divers intéressés représentant l'industrie agroalimentaire, les universités et les deux paliers de gouvernement. C'est le seul réseau de ce genre au Canada, et probablement d'ailleurs au monde.
Son réseau de comités canadiens et provinciaux regroupe environ 800 bénévoles. Ceux-ci cernent les questions et les possibilités à étudier et les soumettent par le biais du réseau, de la recherche agroalimentaire, du développement et du transfert technologique et les font traiter à ce niveau.
Je crois qu'il importe de signaler que le CRAC n'est pas un organisme de financement. Au contraire, son principal rôle consiste à coordonner les actions et à définir les priorités dans le domaine de la recherche agroalimentaire pour le bénéfice de tous les Canadiens. Il existe des comités de coordination agricole provinciaux dans toutes les provinces, sauf dans les Maritimes où les quatre provinces sont regroupées au sein d'une même organisation.
Ces comités de coordination régionaux identifient les sujets de recherche, de développement et de transfert de technologie régionaux et s'adressent aux comités canadiens pour résoudre les questions d'importance nationale.
Ainsi, un peu comme au Parlement, les participants bénévoles du CRAC son représentés au conseil. D'une certaine manière, on pourrait les comparer aux députés. Le comité directeur est l'équivalent du Cabinet, et les comités permanents et autres comités sont établis soit en fonction des disciplines, comme les ressources naturelles, les cultures, les animaux ou l'alimentation, soit par province. Les membres sont issus des universités, de l'industrie et du gouvernement.
Pour être compétitif, le secteur agricole canadien doit pouvoir s'appuyer aujourd'hui, peut-être plus que jamais, sur une approche coordonnée dans le domaine de la R-D. Il est important que nous ayons une structure comme celle du CRAC où les intervenants clés puissent se rencontrer pour déterminer les priorités et coordonner la recherche et les besoins de transfert de technologie.
Le système de coordination du CRAC est un partenariat entre tous les intervenants, et je crois qu'il est important également de dire que 50 p. 100 de nos membres proviennent de l'industrie. Cela est important, à notre avis, car nous pouvons être ainsi plus efficaces, pertinents et en contact avec la base. Nous avons également des membres qui représentent sept organisations nationales, comme l'Association des consommateurs du Canada, la Fédération canadienne de l'agriculture, l'Institut canadien de science et technologie, l'Institut national de nutrition, ainsi que Santé Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.
• 0915
Nous estimons donc que tous les secteurs sont bien
représentés, le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire en
particulier. Ceci permet à tous les intervenants de présenter un
front uni et organisé couvrant la totalité des secteurs concernés,
de la ferme à la table du consommateur.,
Le président (M. Joe McGuire (Egmont, Lib.)): Si je peux me permettre d'intervenir ici, j'aimerais remercier Murray d'avoir commencé cette présentation.
Nous devons voter à 10 h 15. Je ne sais pas si cela peut avoir des conséquences sur votre présentation et sur les questions qui vous seront posées ensuite... mais je vous laisse décider. Les membres du comité ont votre document depuis quelques temps déjà, depuis plusieurs jours. Si vous voulez changer votre façon de procéder à cause du vote, je laisse cela à votre discrétion.
M. Dick Huggard: Merci beaucoup, monsieur le président, nous aimerions avoir le plus de temps possible pour les questions, aussi allons-nous peut-être abréger cette partie et passer directement à la stratégie. Ensuite nous pourrons répondre à vos questions.
Le CRAC a une mission. Nous voulons être compétitifs au plan mondial. Nous voulons être respectueux de l'environnement et socialement responsables. En 1992, le CRAC a établi une stratégie après avoir tenu des consultations dans l'ensemble du pays. Je crois que cette démarche a été le point de départ des partenariats et de certaines des alliances qui se sont créés depuis. D'ailleurs ils sont de plus en plus nombreux aujourd'hui et nous recommandons vivement ce genre de choses dans notre stratégie.
La nouvelle stratégie, lancée en 1996, nous amène jusqu'aux cinq premières années du XXe siècle. Je crois que cela détermine les défis et les possibilités des cinq prochaines années.
En conclusion, monsieur le président, j'aimerais dire que nous sommes une organisation tout à fait originale. J'estime qu'il est important que nous ayons une organisation telle que le CRAC. Elle permet à tous les intervenants de l'agriculture et de l'agroalimentaire de s'exprimer de façon unanime et organisée. Elle englobe tous les secteurs et représente la totalité de l'industrie, de la ferme à la table du consommateur.
Sur ce, j'aimerais vous présenter Norris Hoag. Il va vous exposer les résultats de notre processus de planification et vous donner un aperçu de notre plan stratégique pour les cinq prochaines années.
Merci beaucoup.
M. Norris Hoag (directeur, Conseil de recherches agroalimentaires du Canada): Merci, Dick.
Monsieur le président, mesdames et messieurs du comité permanent et invités, nous vous remercions de nous donner aujourd'hui l'occasion de vous présenter la Stratégie nationale canadienne pour la recherche agroalimentaire.
Je voudrais prendre quelques minutes pour vous montrer quelques diapositives qui vous donneront une idée du contexte de l'étude et du contenu du document. Nous essaierons de garder le plus de temps possible pour les questions.
Je vous donnerai davantage d'explications sur les quinze recommandations qui sont regroupées sous trois grandes rubriques— la science et la technologie, les partenariats et la communication et la compétitivité.
Deux grands thèmes se dégagent de l'ensemble des recommandations. Premièrement, il était important que le secteur établisse des partenariats plus efficaces et synergiques, car compte tenu du climat de restrictions qui persiste, il est de plus en plus difficile pour une organisation seule de mettre en oeuvre des programmes d'envergure.
Et deuxièmement, la communication entre les divers intervenants de l'agroalimentaire et le public doit être améliorée. Ces deux messages nous ont été réitérés par presque tous ceux avec qui nous avons communiqué pour cette étude.
A mesure que nous approchons du XXe siècle, le succès de l'industrie de l'agroalimentaire, du secteur de la recherche dans ce domaine et de fait de toute l'économie canadienne dépendra de la capacité à gérer les enjeux critiques et les défis auxquels nous allons faire face. Non seulement faudra-t-il surmonter efficacement les problèmes nationaux, mais le secteur devra s'assurer que les défis inhérents à l'intégration au marché mondial seront compris et gérés comme il convient.
Nous avons adopté une approche semblable à celle «d'Équipe Canada» pour la recherche qui doit être entreprise. Pour ce faire, nous allons établir les partenariats innovateurs qui ont été recommandés, en améliorant les processus de communication et la recherche de pointe.
La recherche n'est qu'un élément du tout et non, comme certains le pensent, la force agissante. Par ailleurs, la recherche peut être répartie en trois grands éléments. Il y a ceux qui financent la recherche, ceux qui l'utilisent en fait et ceux qui la font.
• 0920
On peut lire dans les ouvrages populaires sur la gestion que
les gestionnaires d'aujourd'hui doivent désormais savoir quoi faire
et non plus simplement savoir comment faire les choses. C'est dans
ce sens que le gouvernement peut apporter une aide utile à
l'industrie en l'aidant à découvrir quoi faire. Car vous
reconnaîtrez que nul d'entre nous n'a le monopole dans ce domaine.
Le CRAC est un excellent moyen d'aider tous les intervenants à
rechercher l'orientation appropriée pour l'avenir.
Mais venons-en à la stratégie. Rappelons qu'en 1996, Keystone International, une firme d'experts-conseils de la région d'Ottawa a été engagée pour consulter les membres du secteur agroalimentaire canadien en vue d'élaborer et de renouveler la stratégie. Le réseau du CRAC—soit 800 bénévoles dans l'ensemble du Canada, comme vous l'a indiqué Dick—a servi de mécanisme de lancement de ce genre de discussions. Dès le départ, les objectifs étaient les suivants: consulter tous les intéressés; cerner et évaluer les défis, les enjeux et les actions afin de déterminer les initiatives et les mesures à prendre au cours des cinq prochaines années; et documenter et élaborer une stratégie nationale pour la recherche dans le secteur agroalimentaire pour les années 97 à 2002.
Le processus a donné lieu à un examen approfondi du milieu en évolution de l'agroalimentaire, à la fois au Canada et dans le monde entier. Ont participé à ce processus de consultations approfondies des représentants du secteur agroalimentaire, des gouvernements fédéral et provinciaux et des universités, ainsi que du secteur privé. Nous avons reçu des présentations de 921 personnes, ce qui a représenté un taux de réponse de 31 p. 100.
Nous avons estimé qu'avec ce taux de réponse, nous avions un bon échantillon représentatif du milieu agroalimentaire du pays. Nous en avons tiré quinze recommandations qui sont regroupées en trois catégories. Ces trois catégories occupent une place importante dans notre présentation, ce sont: la science et la technologie; la création de partenariats et la communication dans le cadre du processus; et surtout la compétitivité, qui revêt une importance prioritaire si nous voulons être une force économique dans le secteur de l'agroalimentaire international.
Une bonne partie de ce que je vais vous dire aujourd'hui vous semblera peut-être évident; il est toutefois important de reconnaître qu'il s'agit de l'opinion consensuelle de tous ceux qui jouent un rôle dans l'industrie au Canada.
Deux grands thèmes ont dominé le processus. Le premier est celui de la création de partenariats, encore une fois parce qu'il n'est plus possible pour un seul groupe ou une seule organisation de tout faire et qu'il nous faut collaborer.
Le deuxième est celui des communications. Le partage de l'information sur les résultats de la recherche, sur la réglementation étrangère et sur l'accès aux marchés internationaux sera critique pour l'avenir du secteur agroalimentaire canadien. En raison de la conscientisation croissante et des exigences changeantes des consommateurs, le milieu de la recherche agroalimentaire devra s'assurer d'avoir des communications claires et efficaces pour continuer de jouir de l'atmosphère de fiabilité qui existe actuellement. Il sera essentiel de déterminer efficacement les préoccupations des consommateurs et les tendances du marché pour garantir que le secteur de la recherche mettra au point des méthodes et des produits nouveaux et ciblés qui aideront l'industrie à ouvrir de nouveaux marchés.
Ainsi que je l'ai déjà mentionné, notre document se divise en trois parties: la science et la technologie, la communication et les partenariats et la compétitivité.
Sous la rubrique science et technologie nous voulons souligner que la science est essentielle pour le succès continu du secteur agroalimentaire. Elle fournit la base de la mise au point de méthodes et d'outils nouveaux sur lesquels reposent les réussites sur le marché. Pour être concurrentiel, le milieu de la recherche devra favoriser une recherche ciblée en définissant des priorités nationales et régionales—et je tiens à souligner qu'il faudra nous occuper de priorités à la fois nationales et régionales dans ce processus.
Le Canada devrait gérer plus efficacement ses ressources humaines. La vigueur scientifique du pays repose sur un bassin de chercheurs d'âge, d'origines et d'expériences divers. Pour que l'industrie agroalimentaire se tienne au fait des changements technologiques rapides et mette au point des produits qui requièrent des technologies nouvelles et complexes, le Canada doit veiller à l'équilibre des ressources scientifiques, tant en termes de chercheurs permanents pour les activités à long terme qu'en termes de scientifiques embauchés dans le cadre de contrats à court terme pour traiter des problèmes spécifiques et nous aider à les résoudre.
• 0925
Au chapitre des partenariats et de la communication, on note,
et là nous sommes dépassés par la réalité, que des partenariats
sont en train de se former, à la fois sur le plan géographique et
entre le gouvernement et l'industrie. J'aimerais croire que cela se
produit à la suite des discussions que nous avons eues, mais je
pense que ce processus est dû également à des raisons économiques.
Au cours de ce processus, on nous a indiqué qu'il semblait y avoir des chevauchements, en partie attribuables à la répartition géographique et au fait que chaque région a tendance à vouloir réaliser sa propre recherche. Nous devons avoir l'intelligence de tirer parti des aspects positifs de cette répartition géographique et partager les résultats dans l'ensemble du réseau, en particulier dans le domaine de la recherche fondamentale.
Il nous faut améliorer l'enseignement scientifique dans nos écoles, afin de favoriser et de faire bien comprendre la contribution de la science à notre production alimentaire; la population tout entière en fait doit comprendre qu'elle est fondée sur la science.
Ce dernier point que nous mentionnons fait ressortir combien il importe de répondre aux questions des consommateurs. Ceux-ci ont toutes sortes de perceptions, fondées sur des informations qui leur viennent du monde entier, et il nous faut communiquer et répondre aux problèmes qui se posent afin de maintenir la confiance qu'ils ont, je pense, dans notre production alimentaire.
Toujours au chapitre des partenariats et de la communication, je pense que le secteur de l'agroalimentaire canadien a la réputation d'offrir des produits sûrs et de grande qualité, mais le public ne se rend pas vraiment compte de la contribution de la recherche à cet égard.
Le transfert efficace de la technologie entre les laboratoires publics et l'industrie peut aider cette dernière à obtenir plus rapidement les procédés et les techniques nécessaires. Le système actuel de transfert technologique a besoin d'être affiné, surtout dans le domaine alimentaire. Il faudra veiller à ce que le transfert de technologie devienne une partie intégrante du processus, du banc d'essai jusqu'au marché.
Nous avons la chance, au Canada, d'avoir un Conseil canadien de vulgarisation agricole où sont représentées toutes les provinces. Celui-ci est d'ailleurs présent à notre conseil. Il est idéalement placé pour faciliter un transfert organisé et coordonné de la technologie dans l'ensemble du pays.
Notre dernière recommandation concernant les partenariats et la communication a trait à la diffusion des résultats de la recherche. Le milieu de la recherche agroalimentaire devra diffuser largement les travaux en cours et les nouvelles technologies disponibles afin de favoriser des alliances et de garantir l'adoption efficace des plus récentes techniques. De fait, ces alliances sont réalisées à l'échelle internationale, et la contribution de notre milieu scientifique nous donne accès à l'information au niveau mondial.
S'agissant de compétitivité, nous avons mis l'accent sur l'application des résultats de nos recherches scientifiques et coordonné cette question avec celles qui touchent aux accords commerciaux. En raison de la multiplication des ententes commerciales, le Canada jouit de possibilités sans précédent de vendre ses produits sur les nouveaux marchés et d'avoir accès aux techniques et à l'information provenant d'une multitude de nouvelles sources.
Mais cette nouvelle liberté s'accompagne de la nécessité de tenir compte des exigences de ces nouveaux marchés et de travailler dans des consortiums internationaux tout en protégeant les innovations canadiennes. Le Canada devra fournir à ses scientifiques et à ses gestionnaires les compétences et les outils nécessaires pour interagir efficacement dans ce contexte mondial.
Même s'il est important de répondre efficacement aux exigences à court terme du marché, il faudra veiller à ce que le Canada maintienne une base de recherche solide pour son développement scientifique futur. La recherche à long terme effectuée pour le bien public coûte cher en temps et en argent; elle est donc réservée au secteur public.
Il convient de trouver un équilibre entre réactivité et viabilité en matière de recherche. Il nous faudra également éviter toute nouvelle érosion de notre base de ressources. L'argent offert par le gouvernement encourage la création de partenariats, et grâce à des mécanismes comme le programme de contrepartie de Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'industrie coinvestit.
Pour demeurer compétitif, le Canada doit veiller à ce que le contexte réglementaire international ait un fondement scientifique. Pour que les besoins des consommateurs et de l'industrie soient satisfaits, ces deux groupes doivent avoir la possibilité de contribuer à l'élaboration des politiques de réglementation.
Le Canada jouit d'une excellente réputation en matière de réglementation des aliments. Or il est de plus en plus question d'harmoniser les régimes d'inspection, d'essai et d'approbation des aliments et des normes de salubrité. Notre défi consistera à ne pas compromettre les normes canadiennes actuelles de salubrité et de qualité, car ceci pourrait entraîner un risque pour la santé des Canadiens et amoindrir la confiance accordée à notre production alimentaire sur le plan international.
• 0930
Le rapport conclut qu'il nous faudra non seulement résoudre
les enjeux nationaux, mais également gérer efficacement les défis
inhérents aux marchés internationaux. La solution consistera à
adopter une approche semblable à celle «d'Équipe Canada» axée sur
le partenariat, la communication et la recherche de pointe. Nous y
parviendrons si les chercheurs et les gestionnaires canadiens se
servent de nouvelles compétences en affaires pour attirer et
conserver les investissements et les ressources humaines.
L'existence d'une recherche et d'une technologie pertinentes revêt une importance essentielle pour la survie du secteur de l'agroalimentaire canadien. Le marché international pousse les entreprises à produire à des coûts réduits. Et à son tour l'industrie pousse les chercheurs en agroalimentaire à mettre au point les technologies les plus efficaces possible pour répondre aux besoins des consommateurs. La clé du succès pour la recherche agroalimentaire du Canada résidera dans la définition de priorités claires et dans la mise en commun des ressources pour réaliser ces objectifs.
En conclusion, chaque organisme devra élaborer un plan d'action particulier et des indicateurs de rendement pour la mise en oeuvre des quinze recommandations que je viens de passer en revue. La bonne mise en oeuvre de ces recommandations sera bénéfique pour tous les membres de notre secteur et sera source de richesse et d'emplois pour le Canada.
Mesdames et messieurs, c'est avec plaisir que je vous ai présenté cette Stratégie nationale canadienne pour la recherche et le transfert de technologie dans le secteur agroalimentaire pour les années 1997-2002. Dick et moi-même sommes prêts à répondre à vos questions.
Le président: Merci, messieurs. Nous allons passer immédiatement aux questions.
Monsieur Hoeppner.
M. Jake E. Hoeppner (Portage—Lisgar, Réf.): Merci, monsieur le président. Messieurs, bienvenue à notre comité. C'est un plaisir de vous voir ici. La recherche, en matière d'agriculture surtout, est ma grande priorité.
J'aimerais que vous m'expliquiez comment vous êtes organisés. Je vois que vous avez 800 membres. Ceux-ci paient-ils un droit d'adhésion pour appartenir à votre organisation?
M. Dick Huggard: C'est une structure qui est plutôt originale, comme nous l'avons indiqué. Ils contribuent de diverses manières, très souvent en offrant les ressources dont ils disposent. Ce sont des bénévoles, et chacun contribue à sa façon aux divers projets, aux ateliers qui sont organisés ou à certaines études. Ces ressources sont fournies par tous nos membres sous diverses formes.
M. Jake Hoeppner: Quelle est l'importance du financement que vous recevez du gouvernement? Êtes-vous un organisme indépendant ou relevez-vous directement d'Agriculture et Agroalimentaire Canada?
M. Dick Huggard: Nous recevons un financement de base du gouvernement fédéral pour notre secrétariat d'Ottawa, pour les trois employés permanents que nous avons. Sinon, nous fonctionnons avec les ressources de nos membres. Ceci répond à votre question sur le financement.
M. Jake Hoeppner: Ce que je voulais savoir, c'est où vous vous situez en termes de recouvrement des coûts? On parle tellement de recouvrement des coûts sur la Colline. Dans quelle mesure desservez-vous le bien public et dans quelle mesure l'intérêt privé? Cela a-t-il quelque chose à voir, ou faut-il s'estimer satisfait en vous laissant fonctionner tout simplement?
M. Dick Huggard: En ce qui concerne le recouvrement des coûts, cet argent sert uniquement à assurer les ressources de base du secrétariat. Les autres ressources sont fournies. Lorsque nous organisons des ateliers ou élaborons des plans stratégiques, il y a recouvrement des coûts pour le réseau du CRAC, grâce au paiement des droits d'inscription et de participation. Linda, ou Norris, voudront peut-être apporter des précisions.
M. Norris Hoag: Je rajouterais qu'au lieu de parler de «recouvrement des coûts», nous devrions penser en termes de partenariats avec le secteur privé, car bien des programmes qui donnent lieu à un recouvrement des coûts ou à une initiative de cofinancement se situent au niveau de la recherche dans les universités ou dans les instituts de recherche. Je pense par exemple au programme de contrepartie de Agriculture et Agroalimentaire Canada, grâce auquel l'industrie coinvestit un dollar pour chaque dollar investi dans la recherche. Dans les universités des provinces que je représente, l'investissement est sur le point d'égaler, au dollar près, le montant investi par l'industrie. On parle de recouvrement des coûts, mais il s'agit plutôt d'appariement du financement au niveau du laboratoire, là où se fait effectivement la recherche.
M. Jake Hoeppner: Où se situe votre organisation par rapport aux stations de recherche? Par exemple, la station de recherche de Morden se trouve dans ma circonscription, vous savez, le genre de stations que les libéraux ont failli éliminer au moment des compressions budgétaires. Ils ont pris la moitié de mon personnel pour les muter dans leurs bonnes circonscriptions de Brandon et de Saskatoon. J'ai dit à ce moment-là aux chercheurs et autre personnel qui restaient qu'il s'agissait peut-être d'une bonne chose car nous savions qu'il faudrait aller chercher davantage d'argent auprès du secteur privé. Je peux vous annoncer que nous avons aujourd'hui dans notre station de Morden une personne de plus qu'au moment des compressions.
• 0935
Comment se passent les choses en matière d'attribution des
fonds ou d'orientation de la recherche? Je sais que la Commission
canadienne du blé a un système de prélèvement automatique pour la
recherche. Quelqu'un doit pouvoir accéder à ces fonds et déterminer
leur affectation.
M. Dick Huggard: En ce qui concerne le gouvernement fédéral, Agriculture Canada est l'un de nos membres et en tant que tel a la responsabilité de ces stations de recherche. Bon nombre des partenariats s'établissent justement avec le personnel de ces stations. Comme vous l'avez indiqué, il y davantage de gens, et parfois même beaucoup plus, qu'il n'y en avait auparavant, notamment grâce à des programmes comme les initiatives de contrepartie. Il y a donc un lien très étroit. Les gens de ces stations... et je sais qu'elles ont fait l'objet d'une réorganisation dans tout le pays, mais en ce qui concerne les activités qui ont effectivement lieu dans ces stations, je crois que dans certains cas, les résultats sont très positifs.
M. Jake Hoeppner: J'allais juste rajouter ceci. Je pense que celui qui a été responsable d'avoir attiré ce financement du secteur privé a fait un travail extraordinaire.
Une voix: Les libéraux.
M. Jake Hoeppner: Je ris parce qu'ils ne voulaient pas collaborer avec moi. Vous voyez, cela a été très positif pour moi.
J'allais juste vous demander, en tant que politicien et agriculteur—je suis toujours dans l'agriculture car je loue ma propriété sur la base d'un tiers de parts, et je prends donc le mauvais et le bon à la fois—que puis-je faire pour favoriser ce type de financement et de partage ou de coopération entre le secteur privé et le gouvernement?
M. Dick Huggard: Je pense que c'est une très bonne question. Au CRAC, nous avons favorisé la participation du secteur privé à notre conseil, de sorte que 50 p. 100 des membres appartiennent à l'industrie. Bon nombre d'entre eux sont des agriculteurs de toutes les régions du pays. Cette démarche a également renforcé notre organisation dans son ensemble, car nous sommes plus proches de la base. En tant que producteur, vous avez une occasion idéale, soit par le biais de vos comités de coordination provinciaux, il s'en trouve dans votre province, soit par l'entremise du comité canadien, d'entrer directement dans le système du CRAC. Je crois que la façon dont ce système s'est développé a été très efficace et l'on peut se rendre compte combien il revêtira d'importance, au cours des cinq prochaines années surtout.
M. Jake Hoeppner: J'ai gardé la question la plus difficile pour la fin: comment faites-vous pour vous préserver de l'influence du gouvernement et prendre des décisions qui sont dans le meilleur intérêt des intervenants, et non pas de l'État?
M. Murray Calder: Vous vous êtes levé du mauvais pied ce matin.
M. Jake Hoeppner: J'estime qu'il s'agit d'une question importante car si vous voulez demeurer crédibles, vous avez besoin d'un certain type de mécanisme, ou du moins de donner au public la perception de votre crédibilité.
M. Dick Huggard: Je demanderai aux autres de donner leur avis dans un instant, mais je crois que nous avons justement une organisation tout à fait unique de ce fait même. Nous sommes indépendants et nous nous appuyons sur la science. Notre organisation doit être crédible si nous voulons avoir une influence sur la définition des priorités et ainsi de suite. Nous sommes effectivement indépendants. Nos quatre catégories de membres sont représentées par des personnes clés au conseil. Nous estimons tous être crédibles et indépendants de toute influence qui ne soit pas de nature scientifique.
M. Norris Hoag: Je pourrais rajouter à cela deux observations. J'aimerais signaler le fait que le rôle du CRAC est un rôle de coordination, ce qui signifie que nous procédons à une identification des besoins avec nos 800 membres de tout le Canada, qui nous aident à déterminer les besoins et établir les priorités. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une relation directe entre ce processus et ceux et celles qui effectuent la recherche, cette démarche établit en gros le programme de recherche à la fois pour les stations fédérales et provinciales, et pour les universités.
De toute évidence, le processus de budgétisation des crédits gouvernementaux est un processus qui appartient au gouvernement. Je suppose que c'est là où se situe l'influence. Mais je dois dire, en tant que directeur d'un organisme de recherche dans la province d'où je viens, que lorsque nous nous asseyons pour décider comment dépenser l'argent et déterminer les priorités, c'est le CCSAO de notre province, qui fait partie du CRAC, qui définit effectivement les priorités auxquelles il convient d'affecter ces fonds. Il ne s'occupe pas du montant des sommes affectées, mais de la façon dont elles doivent être dépensées.
Le président: Monsieur Coderre.
M. Jake Hoeppner: Il nous faut...
Le président: Excusez-moi, Jake, votre temps est écoulé. Je passe la parole à M. Coderre.
[Français]
M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): Bonjour, messieurs. J'aimerais tout d'abord vous saluer et vous remercier de votre présence. Évidemment, un peu comme mon collègue, j'estime que la question de la recherche en lien direct avec la productivité et la compétitivité est extrêmement importante.
J'aimerais justement parler de compétitivité. Comment, à votre avis, peut-on concilier, d'une part, la compétitivité et la productivité et, d'autre part, les normes existantes en matière de salubrité et d'environnement? Vous savez que, bien souvent, lorsqu'on fait face aux Américains, à l'Europe ou à l'Amérique du Sud, on se rend compte qu'on n'a pas nécessairement les mêmes normes. Comment peut-on concilier ces normes et notre volonté d'être compétitifs et productifs? Comment pouvons-nous nous imposer compte tenu de nos propres normes actuelles de salubrité et d'environnement?
[Traduction]
M. Dick Huggard: C'est une excellente question, qui a fait l'objet de bien des discussions. Elle a été abordée lors de notre processus de planification stratégique. Je vais demander à Norris d'y répondre.
[Français]
M. Denis Coderre: Merci.
[Traduction]
M. Norris Hoag: L'une des recommandations touche effectivement à ce problème. Nous avions pensé, au début du processus, qu'il serait question d'abaisser les normes en faveur de la compétitivité. En fait c'est exactement le contraire qui s'est produit. Nous avons été fortement encouragés à les maintenir, et l'une des recommandations indique qu'au Canada, le fait d'avoir des normes très exigeantes nous ouvre des marchés. Nous continuons à respecter ces normes, tout en cherchant à vendre, dans nos stratégies de commercialisation, cette image virginale des produits canadiens dans le monde entier. En fait cette image elle-même devient notre produit de vente.
[Français]
M. Denis Coderre: J'aimerais, monsieur le président, m'excuser de n'avoir salué que ces messieurs et de ne pas avoir tenu compte de la présence de Mme Poste-Flynn. Alors, je vous salue, messieurs, dames. Merci de me le rappeler, chers collègues. Je ne suis pas macho; ce n'est pas le propre de ma génération.
J'aimerais vous parler d'éthique. On a discuté avec certains membres de l'UNESCO, et il est clair qu'un des débats ayant un lien direct avec la productivité et la compétitivité, c'est celui qui porte sur la question de l'éthique dans les techniques de reproduction. Est-ce que vous avez réfléchi à un code d'éthique bien précis, puisqu'on voit qu'on peut jouer de plus en plus avec la génétique?
[Traduction]
C'est une question difficile.
M. Dick Huggard: Non, c'est très bien.
Le président: Jake pensait être exigeant.
M. Denis Coderre: Le message a explosé.
Des voix: Oh, oh!
M. Dick Huggard: Je suis désolé, monsieur le président.
M. Norris Hoag: Cela nos amène à un sujet qui bien sûr est tout à fait d'actualité dans le domaine de l'agriculture. Je crois que le terme qui a cours actuellement est celui de «biotechnologie», c'est-à-dire l'identification des gènes et leur manipulation dans un programme de reproduction.
Je voudrais dire tout d'abord qu'il faut remettre la question en perspective, en ce sens que nous effectuons des manipulations génétiques depuis de nombreuses années. Il ne s'agit que d'un outil nouveau qui commence à se faire remarquer. En fait, dans certains cas, il est plus précis que certaines des techniques de reproduction traditionnelles que nous avons utilisées.
J'insiste sur l'idée qu'il s'agit d'un outil. Dans mon domaine de travail, il nous reste encore à déterminer ce qu'il convient de faire et à utiliser cet outil pour nous aider à y parvenir.
Il a été mentionné que nous avons besoin de blé sans fusarium. En fait, je sais qu'il existe des programmes, de niveau fédéral et provincial en Ontario, qui portent justement là-dessus en ce moment. Cela est très important pour notre économie. Nous vendons du blé dans le monde entier, à la fois en provenance de l'Ouest et du pays entier, et également des produits à base de blé, ce qui est probablement encore plus important. Nous devons transformer notre matière première en produit qui se vend. Pour y parvenir dans le secteur du blé, il nous faut des produits sans moisissure.
• 0945
L'outil en question, qui permet d'identifier les gènes qui
favorisent la résistance de ces cultures, est quelque chose qui
nous aidera à dominer le marché. L'un des avantages que nous avons,
au Canada, compte tenu de notre climat nordique, comme nous en
avons fait l'expérience lors des tempêtes de pluie verglaçante au
mois de janvier dernier dans notre région, est que, bien que nous
pensions parfois que notre climat nous défavorise, nous pouvons
tourner la situation à notre avantage en mettant au point un
produit unique et sain qui pousse ici, justement du fait de notre
climat nordique. La biotechnologie nous permet de tirer parti de
cette situation et de faire des progrès plus rapidement.
[Français]
M. Denis Coderre: Ceci m'amène à poser deux courtes questions. Premièrement, j'ai beaucoup de difficulté face à la question des hormones de croissance. Chez les producteurs de lait, on parle de la fameuse hormone STBr. Est-ce votre conseil qui a la responsabilité de faire de la recherche sur les tests, sur les hormones et sur la présence d'hormones?
Deuxièmement, vous me dites que dans le cadre de votre stratégie, vous voulez éliminer les chevauchements et les dédoublements, ce qui fait mon affaire. Cependant, il y a toujours la vieille chicane des normes nationales. Quelles sont les relations actuelles avec le Québec? Et est-ce que Québec est prêt à s'embarquer dans une stratégie nationale et à accepter des normes nationales?
[Traduction]
M. Dick Huggard: Nous avons là deux questions.
Premièrement, nous aimerions signaler que le Québec joue un rôle actif dans le réseau par le biais de CORPAQ, et qu'il est représenté au conseil par Hélène Tremblay. Il a donc grandement participé à l'élaboration de cette stratégie.
En ce qui concerne les normes, je vais redonner la parole à Norris. Il faut vraiment que nous réglions toute cette question. Ce n'est pas le CRAC qui réalise les essais eux-mêmes, mais nos membres peuvent le faire.
Vous avez soulevé une question qui touche aux hormones. Ce sont des décisions qui doivent être prises par la société, sur la base des meilleures connaissances scientifiques possible à ce moment-là.
Je vous laisse sur cette introduction et vais demander à Norris de finir, car c'est un sujet dont nous avons longuement discuté.
M. Norris Hoag: Vous m'avez posé une question précise sur l'hormone STBr. J'aimerais diviser ma réponse en deux parties.
D'abord, il y a la recherche fondamentale, qui met au point la technique qui permet de faire cela. Et deuxièmement il y a la recherche appliquée, qui détermine comment l'appliquer.
En fait, en ce qui concerne la recherche fondamentale, les hormones de croissance ont été mises au point dans le contexte de la médecine humaine, en réponse à des problèmes de nanisme. On a ensuite commencé à appliquer cette même technologie et cette recherche fondamentale au domaine de l'agriculture. Cela s'est fait d'abord dans le secteur de la production laitière. Comme l'a indiqué Norris, je crois, des préoccupations ont été exprimées à ce sujet.
Donc la science et les capacités scientifiques sont neutres en elles-mêmes. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. La façon dont nous les appliquons devient un sujet délicat, en ce sens que la société doit décider comment se servir des hormones de croissance. Toutefois, lorsque nous prenons des décisions dans ce domaine, il faut tenir compte du fait que le Canada n'est pas une île. Nous travaillons dans un contexte mondial, et d'autres que nous se servent de ces technologies. Qu'ils s'en servent pour commercialiser un produit ou comme une étape dans la mise au point de la technologie suivante, est un choix qui revient à chaque pays.
• 0950
Ainsi tout le milieu de la recherche fait face à l'inconnu, et
il est très difficile de prédire l'inconnu. Nous ne savons vraiment
pas sur quelle nouvelle étape nos connaissances de l'hormone STBr
pourraient déboucher.
De mon point de vue de scientifique, je dirais donc qu'il nous faut nous tenir au courant. Comment nous allons nous servir de ces connaissances à un moment donné est un problème de société, et nul n'est mieux placé que vous, en tant que représentants du gouvernement, pour savoir comment ces normes sont établies.
Le président: Merci beaucoup.
Nous allons passer à présent à M. Calder, puis à M. Proctor.
M. Murray Calder: Merci beaucoup, monsieur le président.
Linda, Dick, Norris, bonjour.
Au début des années 90, nous avons élucidé le code de l'ADN, et compte tenu des activités que cette découverte a déclenchées, je ne peux qu'imaginer ce qui se passe au niveau quatre de la recherche en ce moment, puis finalement au niveau un, avant que le grand public ne soit enfin informé.
Mais dans une perspective provinciale, je sais très bien, ainsi que mes collègues en ont déjà parlé à propos de la STBr, qu'il faudra se soucier d'informer les gens, car les progrès que nous allons accomplir dans le domaine de la R-D vont franchement effrayer le grand public si l'on ne lui donne pas l'information appropriée. Aussi aimerais-je savoir comment vous estimez qu'il faudrait s'y prendre pour s'attaquer à ce problème.
L'autre sujet qui m'intrigue est que de toute évidence tous les pays au monde possèdent actuellement leur programme de R-D, et puisque nous sommes si près des États-Unis—je pense par exemple à l'agence de réglementation sur les pesticides et aux problèmes que ceux-ci suscitent en ce moment même—que faisons-nous actuellement pour partager nos recherches avec les États-Unis?
Et, finalement, notre comité a examiné l'AMI, l'Accord multilatéral sur les investissements. Avez-vous pensé à cette question et avez-vous des inquiétudes à ce sujet?
M. Dick Huggard: Cela fait trois questions.
M. Murray Calder: Oui.
M. Dick Huggard: Je vais peut-être répondre.
Sur le premier point, en ce qui a trait à la biotechnologie et au fait que l'on s'inquiète un peu de ses résultats, je crois qu'il faut surtout voir ce que la biotechnologie peut apporter de bien, comme l'amélioration de la santé, la réduction des maladies et autres aspects positifs.
Dans notre réseau, nous en sommes conscients. Notre stratégie tient largement compte du fait qu'il faudra mettre au point, avec tous les intéressés, un programme de plus en plus important pour calmer ces inquiétudes. C'est comme pour tout ce qui est nouveau, l'inconnu fait peur.
Je crois que Norris vous en dira un peu plus, car cela nous ramène à l'école et au grand public.
Quant à la réglementation sur les pesticides et au rôle que nous y jouons, je vous dirais que le Canada contribue à un effort de recherche d'envergure mondiale. Cette recherche fait l'objet d'importants échanges, et vu la qualité actuelle des réseaux de communication, ces échanges se font de plus en plus facilement et les scientifiques des diverses disciplines savent ce que font leurs collègues.
Je crois que c'est un point très positif. Il faudra accorder davantage d'importance à cet aspect au niveau de la réglementation. L'une des choses qui ressort de notre stratégie est que nous ne voulons pas compromettre les normes que nous appliquons actuellement au Canada.
Pour votre troisième question, je vais passer la parole à Norris, car il en a été question également.
M. Norris Hoag: Murray, j'ai deux commentaires à faire.
Premièrement, dans le domaine scientifique, je pense que nous cherchons à travailler avec nos partenaires mondiaux pour établir et accepter nos normes respectives. C'est en gros ce que la science a fait, ce que le monde accepte en matière d'essais.
Cela n'influe pas, cependant, sur le droit souverain de toute nation de déterminer comment elle veut appliquer ces normes, et je pense que c'est ce qui se passe en ce moment au Canada. Nous approchons de plus en plus du moment où les deux pays accepteront les mêmes normes et les mêmes essais scientifiques. Mais cela n'empêche pas le Canada de se réserver le droit de décider comment appliquer ces normes.
• 0955
En d'autres termes, nous déciderons quelles normes nous allons
appliquer au Canada en tenant compte de celles qui seront
appliquées aux États-Unis. Je pense que nous tous ici présents, en
tant que citoyens canadiens, sommes d'avis qu'il s'agit d'un droit
que nous voulons préserver. Ces décisions seront prises par le
biais du processus parlementaire.
J'aimerais faire une autre observation. Je ne suis pas vraiment en mesure de me prononcer à propos de l'AMI. Je n'ai pas suivi la chose de suffisamment près. Mais j'aimerais dire que pour ce qui est de la relation entre la recherche canadienne et celle qui se fait dans le reste du monde, j'estime qu'il s'agit, dans une certaine mesure, du prix à payer pour faire partie d'un club d'information mondial. Les statistiques indiquent que le Canada représente environ 2 p. 100 de l'effort de recherche mondial.
On peut se demander si nous sommes un partenaire assez important pour faire une différence. Je répondrais très franchement que oui, et dans les faits, ceci nous permet d'entrer dans le système d'information mondial et, avant tout, de nous doter de technologies que nous pourrons échanger contre d'autres dans le monde afin de nous procurer certaines informations, mais, surtout, nous avons des gens qui ont la capacité d'aller apprendre de nouvelles technologies ailleurs dans le monde et de les rapporter pour les mettre en oeuvre chez nous. C'est un aspect essentiel de notre appartenance à la communauté internationale.
Le président: Monsieur Proctor.
M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Merci beaucoup.
Monsieur Hoag, vous avez indiqué dans votre présentation qu'il y a un certain nombre de questions d'importance nationale auxquelles il faudra attribuer des priorités. Pouvez-vous nous en exposer quelques-unes?
M. Norris Hoag: Nous en avons déjà abordé quelques-unes. Nous avons parlé du fusarium dans le blé, qui a provoqué une vraie catastrophe en Ontario, il y a deux ans. Je ne suis pas très au courant de la situation dans l'ouest du Canada, mais c'est une menace constante et il nous faut trouver une solution.
En ce qui a trait à l'environnement, je pense que tout le monde se rend bien compte qu'à mesure que s'intensifie l'industrialisation de notre production alimentaire, nous ne pourrons nous permettre de négliger notre environnement.
Ce sont des questions qui figurent très haut dans la liste des priorités, et c'est le genre de choses auxquelles nous devons également accorder de l'importance dans notre réseau. Je sais que je parle de façon très générale, mais...
M. Dick Proctor: C'est très bien, il s'agissait d'une question d'ordre général.
Pour en revenir au sujet de la biotechnologie et du génie génétique, dont nous avons parlé précédemment, à la page 8 de votre document vous notez que le public canadien accepte avec circonspection les produits fabriqués grâce à des technologies nouvelles.
Or, d'après ce que j'ai entendu ce matin, il me semble que votre organisation estime qu'il faut aller de l'avant dans ce domaine. Quels sont les moyens retenus par l'organisation pour surmonter la réticence du public?
M. Norris Hoag: L'une des quinze recommandations parle de sensibiliser les gens de façon générale aux principes scientifiques. Ceci, rajouté à cet autre concept dont nous avons parlé tout à l'heure, à savoir que les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas... je crois que si nous pouvons influencer et réellement informer les gens... non pas que nous cherchions à faire de tous les Canadiens des scientifiques, mais je pense qu'il faudrait que tous aient au moins une compréhension de base des principes scientifiques. Cela contribuerait à alléger la crainte des gens à l'égard des technologies nouvelles.
D'autre part, j'estime qu'en vertu de ces principes, nous avons la responsabilité, dans le secteur de l'agriculture et de l'alimentation, de faire savoir ce qui se passe et de le dire très franchement aux gens et de prendre le temps de les aider à comprendre ce que sont ces nouvelles technologies.
Encore une fois, j'en reviens au principe selon lequel la science et les technologies que nous découvrons ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi; c'est la façon dont elles sont utilisées qui peut être perçue comme positive ou négative.
M. Dick Proctor: Vous avez indiqué également dans votre document que vous travaillez avec le gouvernement canadien et tous les gouvernements provinciaux. De manière générale, ceux-ci coopèrent-ils en appuyant le travail réalisé par votre association?
M. Dick Huggard: Je dirais que oui, absolument. L'esprit de collaboration est là. Je pense que tout le monde s'entend sur ce qu'il faudra faire pour que l'on continue à respecter le Canada en raison des normes de qualité que nous maintenons. La recherche constitue vraiment la clé pour accroître la productivité chez nous, puis pour augmenter les débouchés sur le marché international.
• 1000
Je dirais donc qu'il y a effectivement une bonne collaboration
et que nous sommes très satisfaits. Lorsque ces 37 personnes
s'assoient autour de la table du conseil, c'est comme une véritable
conférence au sommet du monde de l'agriculture, et il règne une
volonté de collaborer pour examiner les enjeux et les défis.
M. Norris Hoag: Dick, j'aimerais simplement rajouter un exemple personnel, mon expérience venant, encore une fois, de la province de l'Ontario où j'ai la responsabilité de la recherche dans les domaines de l'agriculture et de l'alimentation. Je dois dire que je suis tout à fait satisfait des relations que j'ai avec des gens comme Brian Morrissey, le sous-ministre adjoint responsable de la Direction générale de la recherche, ici à Ottawa, et Yvon Martel, le directeur général pour l'est du Canada. En fait nous avons régulièrement des discussions au téléphone.
Nous prenons le temps de discuter de nos divers rôles. Agriculture Canada consacre son temps et ses efforts à certains domaines, qui ont trait aux besoins dans notre province, et nous desservons certains de leurs intérêts par la recherche que nous effectuons. En fait—et cela ne nous est pas particulier, la même chose se fait dans d'autres provinces également—nous avons conclu des accords bilatéraux entre les gouvernements fédéral et provincial qui définissent comment nous allions procéder. De fait, l'Ontario est en train de renouveler cette stratégie à l'heure actuelle.
Vu les compressions budgétaires qui ont eu lieu aux niveaux fédéral et provincial au cours des deux ou trois dernières années, nous nous rendons bien compte qu'il n'est pas possible de travailler seuls. Il nous faut mettre nos ressources en commun et travailler ensemble pour au moins tenter de gérer notre effort conjointement.
M. Dick Proctor: Merci beaucoup.
Le président: Monsieur McCormick.
M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox and Addington, Lib.): Merci, monsieur le président et merci aux témoins d'être ici.
Monsieur le président, j'aimerais simplement mentionner quelque chose. Je ne fais pas partie du comité directeur. Et dès lors que l'on ne siège pas à un autre comité, de nos jours, il est nettement plus facile pour tout le monde ici d'organiser son emploi du temps. ,
J'espère que nous avons prévu une autre visite à certains centres de biotechnologie comme Guelph et Saskatoon après cette réunion. Nous serons nombreux à y aller, en groupe ou autrement, car j'aime toujours vérifier—et j'en suis convaincu—que nous avons la production alimentaire au monde, la plus sûre, la plus raffinée et de la meilleure qualité qui soit. Il n'y a pas mieux.
Vous avez mentionné la peur de l'inconnu face à la biotechnologie. L'une des choses que j'essaie de faire comprendre—et d'autres me l'ont apprise—est le fait que la biotech était considérée, à un moment donné, comme une bonne science. Il relève également de notre responsabilité de donner cette information.
A propos de l'hormone STBr—je vais sans doute reprendre ce sujet puisque le Bloc n'est pas là, mais c'est également une question qui m'intéresse beaucoup—la moitié des utilisateurs sont des producteurs laitiers. Certains en veulent et d'autres pas, et le public se demande pourquoi nous en avons besoin. Votre groupe et vos gens sont tout à fait crédibles et votre réputation est excellente, mais dans le cas de la STBr, par exemple, la recherche est financée en bonne partie par les intéressés eux-mêmes. Pour les études sur la STBr, il y a Monsanto.
J'aimerais que vous en parliez, s'il vous plaît, car pour ce qui a trait à l'acceptation—je suppose que certains dans l'industrie pensent qu'il aurait fallu sortir la tomate Flavr Savr et d'autres produits nouveaux plutôt que ce délicieux lait entier d'un blanc pur. Je ne suis pas sûr d'avoir suivi l'ordre qui convient. Je vous confie tout cela, si vous voulez bien.
M. Dick Huggard: J'aimerais juste dire quelque chose à propos de votre introduction où vous avez parlé de la façon dont nous transmettons les informations, dont nous calmons les inquiétudes des gens et ainsi de suite. Je suppose que nous devons être positifs dans nos propos.
La biotechnologie est un outil qui sert à la science et à la recherche, et je crois que nous devons parler de ses avantages C'est le terme lui-même qui évoque une certaine crainte, mais cette technique permet d'améliorer la production et la productivité, d'accroître la qualité, elle nous aide à gérer nos exportations et à relever les défis sur le marché international et nous permet d'avoir des animaux en meilleure santé. Dans la mesure du possible, continuons à parler de tout ceci.
• 1005
A propos de la deuxième partie de votre question, je parie
qu'il s'agit d'une question qui fait l'objet de nombreuses
discussions, depuis longtemps. C'est une technologie fondée sur la
science. Le problème, je suppose est de savoir ce qui arrivera si,
à un moment donné, nos concurrents font des choses que nous ne
faisons pas. Où cela nous situera-t-il, en tant que pays et
société, et vous dans votre rôle de dirigeants? Je suppose que dans
notre cas, la réponse sera de fournir la connaissance scientifique.
C'est un exemple où les autres pays pourraient utiliser quelque
chose que nous n'utiliserons pas. Cela amènera toute une série
d'autres problèmes à résoudre.
Nous comprenons exactement ce que vous dites. J'ai passé la plus grande partie de ma vie dans l'industrie de la production laitière et je crois que j'ai entendu tous les arguments possible. Mais maintenant que les gens se disent qu'il y a peut-être quelqu'un, dans un autre pays qui s'en sert, la STBr est devenue en quelque sorte un outil de commercialisation. Il faut donc en tenir compte également. Cela dépasse le domaine de la science, n'est-ce pas?
M. Larry McCormick: C'est exact. Et j'apprécie de pouvoir me renseigner auprès de vous et j'espère qu'il y aura encore bien d'autres occasions de le faire.
Je ne vous demande pas de répondre directement à mes commentaires sur la STBr et Monsanto, mais j'aimerais vous demander si, à votre avis, la façon dont cette recherche est financée pose un conflit d'intérêt.
Je voudrais passer à certains programmes de télévision diffusés en journée, qui apparemment passent toujours encore dans tout le continent. A mon avis, les producteurs de boeuf devraient remercier Oprah et lui donner les 13 millions de dollars car je pense qu'elle a sauvé l'industrie en la forçant à mettre de l'ordre dans la façon dont les animaux étaient nourris. Ces normes sont en vigueur au Canada, et aux États-Unis également à présent.
Quant à savoir si nous allons nous faire dépasser par nos concurrents, il est vrai que les États-Unis ont la STBr. Mais nous avons également beaucoup à perdre avec certaines de ces hormones de croissance. J'aimerais en terminer avec le sujet des hormones, mais puisque nous en parlons, j'aimerais souligner le fait que des possibilités phénoménales vont se présenter, aujourd'hui et dans le futur, pour le secteur agricole. C'est excitant, j'ai hâte de voir cela.
Le président: Norris, avez-vous quelque chose à dire à ce propos?
M. Norris Hoag: Simplement pour élucider les commentaires que vous avez faits, que nous parlions de technologie des hormones ou de biotechnologie, il y a au moins deux aspects au problème, et je dirais en fait même trois.
Il y a d'abord l'aspect scientifique qui, je l'ai déjà dit, n'est ni bon ni mauvais, tout dépend de l'usage que l'on en fait. La société a ses idées là-dessus, fondées sur ses valeurs. En mentionnant le rôle du secteur privé, vous avez montré qu'il y a également un aspect économique au problème. Je pense que nous pouvons avoir des inquiétudes à tous les niveaux du processus.
Les motivations économiques font peur aussi parfois, mais vous remarquerez que dans ma présentation j'ai beaucoup parlé de compétitivité. Lorsque nous parlons de compétitivité, nous parlons d'économie, et il est certain qu'il faut tenir compte des affaires et du volume des affaires qui se font dans notre pays. Il nous faut donc trouver un équilibre entre ces trois éléments.
J'ai également parlé du régime de réglementation du Canada, qui à mon avis, vaut celui de n'importe quel autre pays. Le Canada jouit d'une très bonne réputation. Et de nombreux pays cherchent à savoir ce qui se fait au Canada avant de prendre position. En tant que Canadien, j'en suis très fier et j'espère que nous maintiendrons ce genre de régime.
D'un autre côté, nous craignons tous, et c'est mon cas, d'aller trop loin et de finir avec une réglementation excessivement restrictive qui nous ferait perdre des possibilités. Il faut trouver un juste milieu, et vous et moi pouvons avoir des opinions divergentes sur ce que constitue le juste milieu. Ce n'est que par le biais de discussions dans le cadre d'organisations comme le CRAC que nous arriverons à former un consensus à ce sujet.
M. Larry McCormick: Je voudrais simplement faire un commentaire, si je peux. J'ai peut-être mal compris—et je ne parle pas uniquement du Canada, de Monsanto et de la STBr—mais pensez-vous qu'il faille remettre en question le fait de financer les producteurs d'un produit lorsqu'ils financent, parfois indirectement, les études sur les effets d'un produit? J'aimerais avoir votre opinion là-dessus, si vous voulez bien.
M. Dick Huggard: C'est une bonne question. Je pense qu'il y a différentes opinions sur ce sujet. Nous estimons qu'un scientifique, qu'il travaille pour le secteur privé ou pour qui que ce soit, fait toujours un travail honorable. C'est l'opinion de notre organisation.
M. Larry McCormick: Merci beaucoup.
Le président: Pensez-vous que le fait de travailler pour l'industrie influence leurs résultats?
M. Dick Huggard: Les chercheurs ont beaucoup de respect les uns envers les autres, quel que soit l'organisme ou la personne pour qui ils travaillent, et d'ailleurs ils ne travaillent pas toujours pour les mêmes. La réputation d'un scientifique est très, très importante.
Le président: Nous l'avons vu dans l'industrie du tabac, et cela n'avait pas l'air important du tout.
Monsieur Hoeppner.
M. Jake Hoeppner: J'aimerais en revenir à cette histoire de fusarium. Au Manitoba nous savons que cela avait déjà été plus ou moins un problème dans le Dakota du Nord ou du Sud, il y a plusieurs années, surtout pour le blé dur. Ensuite, il a eu l'air de se propager aux blés vitreux. A présent, nous avons le problème de la vomitoxine dans l'orge. Nous n'avions jamais même imaginé qu'une telle chose puisse se produire.
J'ai entendu ou lu quelque part que si l'on parvient, d'une manière ou d'une autre, à contrôler la vomitoxine dans l'orge, celle-ci constitue en fait, dans une certaine mesure, un facilitant pour la valorisation des aliments. Que pensez-vous de ces questions, vous les scientifiques? Cette maladie des grains momifiés a un effet dévastateur sur nos blés durs et vitreux.
M. Norris Hoag: Il s'agit d'un domaine dans lequel je n'ai pas de connaissances suffisantes. Je ne peux vraiment pas parler de façon précise de la façon dont le fusarium se propage.
Dans les programmes de recherche auxquels je participe à l'Université de Guelph, nous travaillons sur l'amélioration de l'utilisation des aliments chez les animaux au moyen de certaines des toxines dont vous parlez. Ce genre de recherche se fait notamment dans le secteur de l'élevage des poulets. Il faut de toute évidence veiller à procéder de la bonne manière et en fait à isoler, puis à utiliser les substances appropriées.
Vous mentionnez la vomitoxine. En Ontario, bien sûr, nous la craignons dans le secteur du maïs également, puisque c'est ce que l'on donne à manger au bétail.
Aux États-Unis, les toxines sont souvent imputables à la moisissure puisque le pays a tendance à avoir un climat plus chaud et qu'il est donc davantage exposé à ce phénomène. L'un des avantages de notre situation plus au Nord est que nous évitons un certain nombre de ces problèmes. L'ennui c'est que nous ne les évitons pas tous. Nous avons le problème du fusarium et des vomitoxines.
Tout ce que je peux vous dire pour l'instant, c'est que nous consacrons des ressources considérables, au niveau fédéral et provincial, à des efforts visant à développer des souches et des variétés de blé et de maïs notamment, qui résisteront à ces maladies. Si nous y parvenons, nous serons dans une situation tout à fait unique au monde. Nous vendrons un produit qui sera très recherché.
M. Jake Hoeppner: J'aimerais en revenir aux préoccupations de M. McCormick, à savoir où va la recherche et autre. Nous nous sommes rendu compte, dans le cas du fusarium et des grains momifiés, que le problème n'était finalement pas aussi grave que nous ne l'avions d'abord cru. On a trouvé le moyen de s'en débarrasser et constaté qu'une certaine quantité de fusarium était tolérable. La première fois que le phénomène s'est produit au Manitoba, on en a fait une telle histoire que les gens avaient peur d'aller voir dans les silos et autres choses du genre. Et vous savez quel effet cela peut avoir sur le prix du produit. Il importe absolument, lorsque cela arrive, d'obtenir des renseignements exacts et de ne pas utiliser des tactiques qui effraient les gens, comme l'a fait Oprah Winfrey. Le résultat final, comme l'a dit M. McCormick, sera bénéfique à long terme.
Les coûts pour le producteur sont parfois phénoménaux. Je sais que la présence de vomitoxine dans l'orge... De nombreux agriculteurs m'ont téléphoné, Jake. Cela fait vraiment très mal, à raison de 50 ou 60 cents le boisseau. Compte tenu des marges de profit actuelles, c'est désastreux.
Le président: Vous pouvez répondre. Nous passerons ensuite à M. Steckle.
M. Norris Hoag: J'aimerais dire rapidement qu'à mon avis nous avons eu une expérience de ce genre cette année dans notre province avec la carie naine du blé, tout au début de la saison. La panique a saisi tout le monde, mais au bout de trois ou quatre jours, nous avons réussi à séparer, trier et utiliser la majeure partie des plantes, à condition de trier dans les bonnes proportions.
De toute évidence, il vaut mieux chercher à développer des variétés qui résistent à ces maladies. Cela nous reviendra moins cher, à nous les producteurs. Cela coûtera moins cher aux consommateurs également, et ils auront un meilleur produit.
Le processus consiste à isoler un produit de manière à pouvoir tolérer une certaine quantité de contamination et l'utiliser pour nourrir certains animaux. Les ruminants, en général, peuvent tolérer un plus grand taux de contamination que les animaux monogastriques. On peut donc faire le tri et peut-être s'en servir.
La meilleure solution, cependant, est de se donner les moyens de ne plus avoir à faire face à ce genre de problème. Cela nous évitera de nous donner la peine de faire le tri.
Le président: Merci, monsieur Steckle.
M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.): Merci, monsieur le président.
Monsieur Hoag, ce matin, dans vos transparents, vous aviez une suggestion sur l'importance de l'enseignement scientifique.
Nous serons bientôt au printemps, soit la période de l'année où les écoles organisent leurs expositions scientifiques. Les jeunes y présentent souvent des projets forts ingénieux. Participez-vous à ce genre de choses? Êtes-vous au courant? Que faisons-nous pour ceux qui remportent des prix? Sommes-nous au courant? Les encourageons-nous? Encourageons-nous ces jeunes à se lancer dans des carrières scientifiques?,
Nous faisons beaucoup d'efforts pour essayer de faire comprendre l'importance de la science aux Canadiens—voyez le dernier budget—et nous y avons consacré un certain montant d'argent. Mais je crains que nous n'accordions pas suffisamment d'attention à nos jeunes et que nous ne les encouragions pas assez dans ces domaines. Comment voyez-vous la chose? Que faites-vous dans les domaines de l'éducation, non seulement au niveau postsecondaire, mais également au niveau du secondaire et présecondaire?
M. Norris Hoag: D'emblée, je devrais probablement admettre que nous ne faisons certainement pas assez. Par contre, je ne sais pas trop ce qu'on entend par encourager suffisamment.
Ainsi que vous l'avez fait remarquer, les budgets fédéral et provinciaux ont prévu des mesures incitatives pour encourager les jeunes à se lancer dans le domaine scientifique.
Je peux parler de mon expérience personnelle, dans ma propre famille, je suppose. J'ai trois fils qui sont ingénieurs. D'une manière ou d'une autre, j'aimerais croire que j'ai eu une certaine influence sur eux en suscitant un intérêt pour la science.
D'un autre côté, en venant à Ottawa hier, en avion, j'étais assis à côté d'une femme. Nous avons commencé à parler de nos familles. Elle a quatre enfants qui ont tous cessé d'étudier les sciences à l'école.
Je ne sais pas très bien. J'aime votre idée. Nous ne faisons certainement pas assez pour profiter de ces expositions scientifiques et encourager ceux qui s'y distinguent en faisant connaître leurs projets.
J'ai vu des exemples de présentations extraordinaires en biologie dans certaines de ces foires. J'ai participé à certaines d'entre elles par le biais de l'Université de Guelph et l'Institut agricole du Canada. Il s'y fait un travail de grande qualité et nous pourrions peut-être effectivement faire plus.
M. Paul Steckle: Si ma collègue à une question à poser, je suis prêt à lui céder mon tour pour la prochaine question. J'ai d'autres questions, mais je lui cède mon prochain tour.
Le président: Monsieur Proctor, et ensuite Mme Ur.
M. Dick Proctor: Nous n'avons pas beaucoup parlé de production biologique ce matin. Je n'ai pas la documentation sous les yeux, mais j'ai lu certains articles récemment, attribués à Dan Glickman aux États-Unis, donnant sa définition de produit biologique. C'est plutôt surprenant et, à mon avis, effrayant.
Je me demande si vous avez—pour utiliser une expression que nous avons entendue ici ce matin—une idée virginale de ce que sont des produits biologiques, au conseil.
M. Dick Huggard: Je suppose que selon les provinces, vous obtiendrez des opinions divergentes sur la signification de «biologique», et quelque peu différentes également selon les groupes.
L'objectif du conseil est de maintenir l'image actuelle de l'agriculture canadienne. Nous faisons d'importants travaux de recherche axés sur la gestion intégrée des parasites et la constante réduction de l'utilisation de tous les produits chimiques dans le développement des productions végétales, notamment dans les grandes cultures, les serres et ainsi de suite.
Nous n'avons pas participé directement au mouvement biologique lui-même, mais par contre nos membres y participent, surtout ceux qui travaillent au niveau provincial. Les ministères provinciaux de l'Agriculture travaillent probablement en étroite collaboration avec leurs groupes de production biologique. Du point de vue commercial, les débouchés sont nombreux pour ces produits. Il se crée des créneaux dans plusieurs endroits du pays.
M. Dick Proctor: Il me reste une dernière question, monsieur le président, si vous le permettez.
J'aimerais en revenir au sujet de la biotechnologie génétique. J'ai entendu dire—et ces propos sont attribués à des fonctionnaires assez haut placés d'Agriculture et Agroalimentaire Canada—que dans le domaine de la génétique nous sommes peut-être en train de perdre la bataille dans l'opinion publique. Avez-vous une idée là-dessus? Votre association fait-elle des sondages ou autres choses du genre qui pourraient confirmer ou réfuter ce genre d'allégation?
M. Dick Huggard: Nous ne faisons pas de sondages comme tels.
Il faut continuer à parler de ce que la génétique et le génie génétique peuvent nous apporter de bien. L'un des domaines dans lesquels nous pourrions, à mon avis, mieux expliquer ce qui se passe, est celui de la biodiversité, à cause de notre base génétique, en précisant les avantages de poursuivre la recherche dans ce domaine. La plupart du temps, lorsque les gens pensent à la génétique et à la biotechnologie, ils pensent à des manipulations génétiques difficiles à comprendre.
Si nous pouvons continuer à faire ressortir les aspects positifs de la biotechnologie... cela ne se fera pas facilement, mais nous pouvons tous y contribuer. Tout commence à l'école, qui devra s'attacher à mieux faire comprendre les sciences.
M. Norris Hoag: J'aimerais vous donner un exemple particulier qui, je pense, illustre bien la question. Par l'entremise d'un programme de l'Ontario intitulé «Grow Ontario», nous avons financé la Food and Consumer Products Manufaturers of Canada—qui est une organisation d'envergure nationale—afin qu'elle réalise une étude dans tout le Canada sur la réaction des consommateurs au mot «biotechnologie». Cette étude a été réalisée l'année dernière et les résultats ont été présentés au cours d'une réunion au mois de novembre dernier.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a eu très peu de réponses négatives, ce qui répond à la question de savoir si nous sommes en train de perdre la bataille. Sur la base de ces résultats, je dois répondre que non. De fait, les gens ne se sont pas montrés très intéressés ni concernés par le sujet.
L'important est la façon dont on parle du sujet. Si l'on ne soigne pas ce que l'on dit, on risque de communiquer une image à la Frankenstein de ce genre de technologie. Nous devons tous veiller à ne pas faire ce genre de chose et nous efforcer au moins de demeurer neutres lorsque nous parlons de sciences.
L'étude a fait ressortir l'importance de la communication à ce sujet, mais au cours du sondage—qui a été mené de façon très intéressante, avec des groupes de réflexion—on n'a jamais proposé de mots. On n'a pas demandé «Que pensez-vous de la biotechnologie?». On a laissé parler les groupes qui ont eux-mêmes lancé certains termes clés. Par la suite, les groupes ont été guidés, mais à moins d'avoir été suggéré, le terme de biotechnologie n'a jamais été utilisé.
Je ne pense donc pas que nous ayons perdu la bataille de quelque manière que ce soit; en fait je pense qu'il s'agit d'un terrain fertile. Si nous procédons de façon judicieuse, nous avons une très bonne base de communication.
M. Dick Proctor: Merci.
Le président: Merci.
• 1025
Avant de passer à Mme Ur, j'aimerais rappeler au comité que
lors de notre prochaine réunion, le mercredi après notre retour,
nous rencontrerons le groupe dirigeant des jeunes. Chaque parti est
tenu de donner au greffier les noms de ceux qui voudraient faire
une présentation à cette réunion. Il s'agit du programme intitulé
Canadian Agriculture Lifetime Leadership, ou CALL.
Le greffier vous fera parvenir de la documentation traduite demain ou après-demain. Vous pourrez peut-être y jeter un coup d'oeil durant vos vacances—ou durant votre pause devrais-je dire plutôt.
Murray.
M. Murray Calder: De quelle manière leur présentation nous concerne-t-elle?
Le président: Et bien, un député de chaque parti devra expliquer aux gens de CALL le rôle de notre comité. Je crois que M. Borotsik voulait qu'eux nous disent ensuite ce qu'ils font. Il y aura donc un échange entre les deux groupes.
M. Murray Calder: D'accord.
Le président: Mais vous voulez une personne de chaque parti. Je suppose qu'il n'y a aucun problème pour les néo-démocrates ou les conservateurs, mais pour le Parti réformiste...
M. Murray Calder: Oh, ils posent toujours un problème.
Des voix: Oh, oh.
Le président: Ils posent un problème? Les libéraux aussi.
Rose-Marie.
Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.): Merci, monsieur le président.
Lorsque vous avez présenté vos divers points ce matin, vous avez dit que votre organisation avait entrepris de mettre à jour votre stratégie des cinq dernières années, soit de 1992 à 1997. Avez-vous des statistiques sur la productivité du programme au cours de ces cinq dernières années?
M. Dick Huggard: Je suppose que cela est difficile à mesurer. Nous sommes heureux de constater que les groupes intéressés se sont servi de cette première stratégie. Elle a servi de guide aux organismes du réseau. Ils ont bien sûr tous établi leurs propres priorités, mais notre stratégie a eu une influence.
J'estime que le plus important a été la formation de consortiums et de partenariats entre les intervenants. Nous en sommes très satisfaits. Dans notre deuxième stratégie, nous encourageons notamment la poursuite de ce genre de chose, à un rythme accéléré, les partenariats surtout, car compte tenu de nos ressources limitées, aucun groupe ne peut plus se permettre de réaliser seul toute la recherche nécessaire, que ce soit dans le secteur public ou privé. J'estime donc que tout cela est très positif également.
Cette démarche a probablement fait mieux comprendre pourquoi il importe que le Canada fasse de la recherche. Si nous ne faisions pas partie de cet effort mondial de recherche, nous serions exclus du club. J'aimerais souligner également qu'il y a certains travaux de recherche que le Canada devra effectuer, car ils ne se feront pas dans d'autres pays. Nous n'aurions ni graines de soja ni maïs dans notre pays si nous n'avions pas réalisé certains programmes de recherche ici. L'information est donc certainement un des éléments clés.
Norris pourra vous en dire plus.
M. Norris Hoag: Bon nombre des recommandations de l'étude de 1992-1997 ont été formulées d'une façon qui serait très difficile à mesurer par des statistiques. Elles sont plutôt de type anecdotique. C'est notamment le cas de la plupart des recommandations concernant la restructuration du CRAC. Il y avait en effet deux organismes auparavant. L'un s'appelait le Comité de coordination des services agricoles canadiens, et l'autre le Conseil de recherches agricoles du Canada. Les deux travaillaient plus ou moins ensemble.
L'une des recommandations était de les amalgamer. C'est ce qui a eu lieu. Le processus est en cours.
L'autre grande recommandation préconisait que lors de cette restructuration, le secteur privé représente 50 p. 100 ou plus. Nous avons effectué cette réorganisation et de fait, comme vous l'a indiqué notre président, la majorité des gens qui siègent au conseil viennent du secteur privé.
Il y avait en tout 39 recommandations. Bien sûr, l'une d'elles prévoyait une réévaluation tous les cinq ans, et c'est ce que nous venons de faire.
Lorsque nous avons préparé cette stratégie, nous avons revu ces recommandations. Toutes ont été mises en application mais, encore une fois, les résultats ont été mesurés de façon générale plutôt qu'en termes statistiques.
Mme Rose-Marie Ur: Comment le CRAC s'y prend-il en ce qui concerne l'environnement et l'agriculture? Cette question a été soulevée à propos des grandes exploitations agricoles qui se créent un peu partout. On signale des problèmes.
Vous êtes-vous penchés sur la question?
M. Dick Huggard: Oui, en effet. Le problème de l'élimination du fumier se pose et nous avons un comité au sein de notre structure qui s'occupe du problème. La protection de l'environnement a un grand rapport avec bon nombre de nos programmes. Le choix de l'emplacement des grands centres d'élevage a fait l'objet d'un symposium ici, à Ottawa, il y a deux ans. Ce symposium a permis de réunir tous les intéressés, de connaître les plus grandes exploitations et de voir comment gérer tout cela.
Il se fait pas mal de travaux de recherche dans ce domaine, probablement sous l'angle du génie et de la biotechnologie. Encore une fois, on examine la composition de l'alimentation des animaux en cherchant comment agir là-dessus, sur l'animal lui-même. Il se fait beaucoup de choses, et le rôle du CRAC est bien entendu de coordonner toutes ces activités en travaillant en étroite collaboration avec des organismes du secteur privé comme le Conseil canadien du porc et autres groupes du genre.
Mme Rose-Marie Ur: Votre organisme aurait-il de l'information à distribuer à ce sujet? J'aimerais bien voir des données là-dessus.
M. Dick Huggard: Nous avons un comité, comme je l'ai dit, dont un des projets actuels consiste à passer en revue ce qui se fait en ce moment. Nous avons également le système de l'IRAC, au sein du CRAC, qui donne de l'information sur les recherches. Nous pourrions remettre ces documents aux membres du comité si c'est ce que...
Mme Rose-Marie Ur: C'est un sujet de préoccupation dans ma région et sans doute chez certains de mes collègues également. L'information pourrait nous intéresser.
Le président: Si vous voulez bien faire parvenir l'information au greffier, nous la distribuerons ensuite.
M. Norris Hoag: J'aimerais rajouter que l'aspect écologique a une grande importance dans tout ce que nous faisons. Il ne saurait vraiment être question de toucher à un problème à moins de prendre en compte les problèmes liés à l'environnement.
Nous sommes en train d'incorporer cela dans notre réseau de recherche tout entier. Qu'il s'agisse d'AgCanada ou de l'une des universités, nous encourageons fortement les chercheurs à tenir compte de la dimension écologique lorsqu'ils élaborent un projet de recherche, quels que soient les résultats. Quel effet le projet aura-t-il sur l'environnement? Cette question est présente dans tout ce que nous faisons. Bien entendu, il y a des domaines sur lesquels nous nous concentrons plus particulièrement, et nos ressources servent à examiner comment réduire au minimum les effets sur l'environnement.
Mme Rose-Marie Ur: Lorsque vous avez parlé de compétitivité, vous avez dit que vous axez votre recherche sur les besoins des clients. Quelles sont les priorités sur lesquelles vous avez fait porter vos efforts au cours des cinq dernières années?
M. Norris Hoag: Vous me prenez un peu au dépourvu.
M. Dick Huggard: Pendant que vous pensez à la question, Norris, je pourrais dire qu'à mon avis, les gens veulent participer de plus près à ce qui se fait, qu'il s'agisse de réglementation ou de sciences ou autres choses. Il y a en fait deux types de recherche, l'une d'elle étant la recherche fondamentale, de base, à long terme, par opposition à la recherche appliquée. Il convient de trouver un juste équilibre entre les deux et de vraiment connaître les besoins des clients pour prendre les décisions qui s'imposent.
Je rends la parole à Norris.
M. Norris Hoag: Le milieu de la recherche a fait l'objet de critiques ces dernières années. Elles étaient fondées sur la perception, qui à mon avis ne correspondait pas à la réalité, mais selon laquelle les investissements dans la recherche étaient déterminés par des préoccupations théoriques plutôt que par des besoins pratiques, économiques ou propres aux clients.
Je crois que ce que nous voulons faire, dans cette série de recommandations et de projets, c'est énoncer clairement que l'investissement dans la recherche doit être fondé sur les besoins de clients. Quant à savoir si cela déclenchera beaucoup d'activités différentes, seul le temps pourra nous le dire. Mais je crois que nous devons faire disparaître cette perception qui veut que d'une manière ou une autre, il existe une force là-haut, dans les hautes sphères intellectuelles, qui détermine ce qui se fait.
Dans les faits, nos avons essayé d'analyser ce problème particulier. La question est de savoir comment documenter la motivation. Je pense que l'on a terriblement exagéré, mais néanmoins, nous voulions en publiant nos recommandations qu'il soit bien clair que les programmes de recherche canadiens devraient être axés sur les besoins des clients.
Mme Rose-Marie Ur: Je suis d'accord. Merci.
Le président: Merci beaucoup.
Il reste les questions de M. McCormick et ensuite nous passerons à la conclusion.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président.
Oui, monsieur Hoag, j'ai une question qui concerne un endroit géographique très particulier en Ontario. Je bois du café et mange pas mal de soupe au New Liskeard. J'adore cette région. Cette zone argileuse est très productive, et pourtant à peine le tiers de la région a été déboisé. Un jour, je ne sais quand, la région deviendra accessible et nous aurons alors besoin de production alimentaire.
• 1035
C'est pourquoi je me suis inquiété lorsque j'ai vu
pratiquement disparaître la recherche dans cette station
particulière, mais je suppose que les activités ont lieu ailleurs
au pays. Je ne cherche pas à jeter de blâme, mais je crois que
cette région a un grand avenir qu'il nous faudrait explorer, afin
d'être prêts au moment voulu.
M. Norris Hoag: Merci pour la question. C'est une très bonne question.
Tout d'abord, l'ouverture et l'utilisation des régions du Nord sont des questions d'ordre économique et dépendent donc de cet aspect des choses.
Et soit dit en passant, lorsqu'on regarde les statistiques de l'avenir, qui prévoient qu'en 2030 il nous faudra nourrir une population mondiale de 9 milliards de personnes, au lieu de 5 milliards, il ne fait aucun doute que ces régions devront absolument servir à la production alimentaire. Les statistiques indiquent également qu'il n'y a qu'environ 10 p. 100 de plus de l'écorce terrestre qui soit encore disponible pour nourrir les gens, ce qui signifie que nous aurons un défi de taille à relever au cours des 50 prochaines années.
Pour en revenir plus particulièrement au New Liskeard, vous faites très justement remarquer que le collège du New Liskeard n'existe plus. Par contre nous avons conservé la même quantité de recherche exactement. Nous poursuivons nos travaux, et l'un des principaux arguments en faveur des ces travaux tient au fait qu'il s'agit d'une zone climatique particulière. Nos recherches portent sur des cultures horticoles et du bétail qui peuvent convenir à cette région. De fait, tous nos travaux sur les pâturages et les ovins pour la province se font au New Liskeard.
Nous faisons donc autant de recherche qu'auparavant au New Liskeard, et peut-être même plus, puisque nous avons désormais des partenaires du secteur privé.
L'Ontario Cattlemen's Association a voulu être notre partenaire. Ils se sont présentés d'eux-mêmes et nous ont dit qu'ils voulaient nous aider à maintenir les activités dans la région. Dans une certaine mesure, il y a davantage d'activités de recherche qu'avant au New Liskeard, bien qu'il n'y ait plus de collège.
M. Larry McCormick: Je vous remercie de ces renseignements et vous félicite pour ce que vous faites là-bas.
M. Norris Hoag: Merci.
Le président: Vous êtes le premier et le dernier.
M. Jake Hoeppner: Merci, monsieur le président. Je voudrais en revenir à la question de la recherche en matière d'agriculture et peut-être de santé également.
Comme vous le savez, je viens d'une région du Manitoba où il y a une incidence extrêmement élevée de la sclérose en plaques, et depuis récemment de tumeurs du cerveau chez les jeunes. Y a-t-il un échange d'informations entre vos recherches et la recherche médicale? Je crois qu'il y a également une région de l'Ontario où la sclérose en plaque poses de grands problèmes, pour des raisons inconnues.
Mon frère, qui est médecin—j'ai perdu un autre frère à la suite d'une tumeur au cerveau, ce qui explique peut-être pourquoi on parle davantage de cette maladie dans notre famille qu'ailleurs —dit qu'il n'achèterait jamais de lait contenant de la STBr s'il avait le choix.
Vous pouvez donc voir l'énorme différence entre la recherche agricole et la recherche médicale. Je crois qu'il faudra surmonter certains de ces problèmes avant de pouvoir convaincre le public des avantages de la recherche en biotechnologie, car les gens sont en train de commencer à se méfier. Je crois que cela est évident, du moins dans ma région.
M. Dick Huggard: Tout d'abord, j'estime qu'il y a des échanges assez important entre le milieu de la recherche médicale et celui de la recherche agricole, les travaux se faisant souvent parallèlement et avec les mêmes objectifs.
Santé Canada siège au conseil du CRAC; l'Agence canadienne d'inspection agroalimentaire regroupe bien des gens qui s'occupent de recherches médicales et agricoles. Donc pour répondre à votre question, je dirais que les recherches dans le domaine de la santé font l'objet d'importants échanges. Lorsqu'on parle de santé et d'alimentation, on parle en gros de la même chose.
M. Jake Hoeppner: Merci beaucoup. C'est une bonne réponse.
Le président: M. Steckle a une question.
M. Paul Steckle: Elle fait suite aux discussions que nous avons eues ce matin, sur la perception du public à l'égard de ce que nous faisons. Il y a l'élément humain dans la science; il y a les propriétés animales, dont nous avons parlé; et puis les propriétés végétales. D'une certaine manière, une différentiation s'opère entre ces trois dimensions, du moins dans la perception des choses.
Et je me demande si la façon dont nous vendons la science sur le plan international ne représente pas une autre dimension encore. Nous pouvons vendre un produit ici, mais l'Europe n'a pas accepté la STBr. Certains pays l'ont acceptée et d'autres non. Les Américains s'en servent.
• 1040
J'estime qu'il doit y avoir un partage entre les pays—et
c'est pratiquement une science—concernant la façon dont nous
combattons certains des mythes, si nous pouvons les appeler ainsi,
qui ont cours dans l'opinion publique à propos de ce qu'est la
science et ce à quoi elle sert. Pourtant, nous savons qu'il faut
continuer à aller de l'avant. Je crois qu'il y a
d'extraordinaires... car même les propriétés des gènes de la
cacahuète, pour prendre un exemple des propriétés propres aux
plantes, peuvent être désastreuses si l'on s'en sert à mauvais
escient.
Aussi j'estime important que nous ayons une perspective internationale car nous sommes concernés par les propriétés des produits qui entrent dans notre pays et qui en sortent.
M. Dick Huggard: Oui, c'est très vrai. Je crois que vous soulevez un point important. Et une partie de ce que nous faisons à cet égard est inhérent à bon nombre de discussions sur le commerce international, et la préoccupation que vous mentionnez est présente. Comme vous le suggérez, ce genre de communication est une science en soi.
Le monde est de plus en plus petit, et nous devons agir en tenant compte de l'aspect international. Nous ne voulons pas être exclus à cause de ce que nous faisons, ou vice versa, et il faut donc faire des efforts dans ce sens.
Norris.
M. Norris Hoag: Premièrement, j'aimerais rappeler que dans le domaine théorique, le Canada fait partie de cette communauté internationale, ce qui est tout à fait souhaitable. Les résultats des recherches scientifiques sont échangés de façon routinière lors des conférences internationales auxquelles les scientifiques participent pour partager leurs idées.
Mais je crois que l'aspect économique commence à prendre de l'ampleur. On parle de «propriété intellectuelle» et de «protection» aussi bien à propos de brevet que de droit d'auteur. Toute une industrie est en train de se développer autour de la protection de la propriété intellectuelle, car les gens cherchent à se protéger afin de pouvoir faire des profits et rentabiliser leurs investissements dans ces domaines.
On ne sait pas encore très bien comment trouver un juste équilibre dans toute cette affaire. Il nous faudra encore un certain temps pour trouver comment protéger et profiter d'une découverte scientifique tout en continuant à échanger nos idées au niveau mondial.
Dick a évoqué le fait que notre monde est de plus en plus petit. Il suffit de penser à Internet. Après le souper, je peux m'installer dans mon bureau, me brancher sur Internet et partager des informations à l'échelle mondiale, comme nous pouvons tous le faire d'ailleurs.
M. Murray Calder: Et cela depuis 1994 seulement.
M. Norris Hoag: Oh oui, et nous n'en sommes qu'au début de cette technologie.
Le président: Merci, messieurs. Nous avions hâte de vous entendre. Les membres de notre comité ressentent un vif intérêt pour la biotechnologie, et nous nous pencherons à nouveau sur le sujet prochainement. Nous avons eu de très bonnes questions ce matin et de très bonnes réponses.
M. Larry McCormick: J'ai une question rapide à vous poser avant que nous arrêtions de parler de biotechnologie.
Monsieur le président, nous avons un jour discuté du fait que notre comité dispose d'un budget limité. Nous nous étions demandé si nous pourrions nous rendre sur les lieux d'un centre de biotechnologie. Je veux bien laisser la décision au comité directeur, mais je me demande si vous pourriez faire le point à ce sujet, monsieur le président.
Le président: En réalité, il ne s'est rien passé depuis notre dernière discussion.
M. Larry McCormick: Et bien, nous pourrions peut-être examiner la question plus tard, lorsque nous reviendrons après notre semaine passée à l'extérieur d'Ottawa.
Le président: Nous pourrions essayer de faire quelque chose après la semaine de Pâques.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président.
Le président: Monsieur Proctor.
M. Dick Proctor: Monsieur le président. Tout d'abord, il existe des unités de biotechnologie ici, à Ottawa même. La section des végétaux d'Agriculture et Agroalimentaire Canada est quelques coins de rue, si vous voulez la visiter. Je suis sûr qu'ils seraient tout à fait ravis de vous recevoir.
Deuxièmement, je serais très heureux d'organiser une visite si vous voulez venir voir ce qui se fait dans la région de Guelph.
Troisièmement, une conférence internationale de biotechnologie aura lieu au mois de juin à Saskatoon. Elle réunira des gens du monde entier pour parler de sujets se rapportant à la biotechnologie. Je voulais juste vous mettre au courant.
Et quatrièmement, bien qu'elle ait davantage une orientation pharmaceutique, une conférence similaire doit se dérouler cette année à New York. Il s'agit de la conférence Bio '98, et je le mentionne parce qu'elle aura lieu ensuite, en l'an 2000, à Toronto. Vous voudrez peut-être en prendre note dans l'intention d'y participer.
M. Larry McCormick: Très bien. Et vous pourriez nous procurer davantage d'information à ce sujet, monsieur Hoag?
M. Norris Hoag: Je serais heureux de vous la fournir.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président.
Le président: Monsieur Proctor.
M. Dick Proctor: A propos du comité directeur, il me semble me souvenir que nous avons une réunion le mardi 10 mars. Est-ce exact, monsieur le président?
Le président: C'est le jeudi 12 mars.
M. Dick Proctor: D'accord.
Le président: Nous reviendrons donc mercredi, et ensuite nous aurons cette réunion.
La séance est levée.