Bienvenue à la 48e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d’aujourd’hui se déroule en mode hybride, conformément à l’ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Certains députés seront dans la salle, donc en personne, et d'autres seront en ligne.
Pour faire en sorte que la réunion se déroule bien, je vais prendre quelques instants pour passer en revue certaines consignes.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous la donne nommément. J'invite les personnes qui participent virtuellement à utiliser l'icône « Lever la main ». Avant de parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Dans la salle de comité, les microphones seront contrôlés par l’agent des délibérations et de la vérification. La greffière et moi gérerons l’ordre des interventions.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Je vous demanderai de parler lentement pour que les interprètes puissent vous interpréter correctement. En cas de problème lié aux services d'interprétation, je vous prie d’attirer mon attention afin que je suspende la séance pendant que l’on tire les choses au clair.
Si vous comparaissez virtuellement et que vous n’utilisez pas un casque-micro approuvé par la Chambre des communes, je ne vous donnerai pas la parole et vous ne pourrez participer à la réunion.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 21 novembre 2022, le Comité entreprend son étude de la Stratégie nationale sur le logement.
Je précise à tous les membres du Comité que les témoins comparaissant à distance aujourd’hui ont effectué les tests techniques visant à vérifier leur connexion et leur équipement.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins qui débuteront par une déclaration préliminaire de cinq minutes, qui sera suivie d’une période de questions.
Nous accueillons donc, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, Romy Bowers, présidente et première dirigeante; Nadine Leblanc, première vice-présidente, Politiques; Carla Staresina, vice-présidente, Gestion des risques, stratégies et produits; Bob Dugan, économiste en chef; Simon Lahoud, directeur, Solutions de financement, et Yannick Monaghan, directeur, Solutions clients.
Avant de commencer, je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Lapointe qui remplace M. Long, et Mme Kwan, qui accompagne Mme Zarrillo à la réunion d’aujourd’hui. Bienvenue à Mmes Kwan et Lapointe qui sont en ligne.
Nous allons commencer par Mme Bowers, qui aura cinq minutes. Allez‑y, madame.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureuse de vous rencontrer ici, sur le territoire traditionnel non cédé des peuples algonquins Anishnaabeg.
Tout d'abord, je tiens à remercier le Comité pour son invitation. Nous sommes toujours heureux de participer à cette facette du processus démocratique et de parler de l'important travail que nous accomplissons à la SCHL.
Je comprends que des problèmes de temps nous ont empêchés de témoigner ici la semaine dernière, et je tiens à m'excuser pour cette malheureuse tournure des événements. Nous n'hésitons jamais à comparaître devant les comités. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai rencontré le comité des comptes publics et, la semaine prochaine, je serai de retour à ce comité, aux côtés de notre .
[Français]
En tant qu'agence nationale du logement du Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement est heureuse de mettre en œuvre la Stratégie nationale sur le logement.
Ce plan décennal est la première stratégie nationale globale du Canada visant à remédier au problème du logement inabordable. Cette stratégie comprend une série de programmes conçus principalement pour accroître l'offre de logements. Elle se concentre d'abord et avant tout sur les Canadiens les plus vulnérables, mais elle couvre le continuum du logement, par exemple les refuges, les logements communautaires, les loyers du marché et l'accession à la propriété.
À la SCHL, nous tirons parti de nos partenariats avec le secteur de l'habitation et tous les ordres de gouvernement pour nous assurer que les investissements fédéraux sont optimisés et ont le plus d'impact possible.
Nous améliorons continuellement nos programmes en fonction des commentaires de nos partenaires. Par exemple, nous avons récemment simplifié le processus de notre Fonds national de co-investissement pour logement et réduit de 50 % le délai de traitement des demandes.
[Traduction]
Nous avons appliqué les leçons apprises à de nouveaux programmes, comme l’Initiative pour la création rapide de logements. Ce programme très réussi devrait créer rapidement plus de 14 500 logements pour les personnes en situation ou à risque d'itinérance.
La SCHL a toujours atteint les cibles ambitieuses de la Stratégie nationale sur le logement. Et nous avons ajouté de nouveaux programmes à mesure que les conditions et les besoins continuent d'évoluer.
Le résultat est qu'à ce jour, nous avons pris plus de 30,28 milliards de dollars d'engagements pour soutenir: la création et la réhabilitation de 387 000 logements dont 170 000 sont actuellement en construction ou achevés; et la disponibilité continue de plus de 38 000 logements communautaires dont les ententes d'exploitation ont expiré. Ces indicateurs sont accessibles au public sur notre site Web.
Nous nous engageons à améliorer continuellement nos rapports pour nous assurer que les investissements publics ont un impact réel sur les Canadiens qui en ont le plus besoin. Et en même temps, nous continuons de recueillir et de partager des informations sur l'environnement du logement et les besoins des Canadiens en matière de logement.
Les chiffres démontrent notre impact, mais il en va de même pour les histoires de personnes qui ont maintenant une maison grâce à ce travail. Des gens comme Emily de Vancouver, qui était sans abri et aux prises avec des dépendances. Elle a trouvé un foyer au Women & Families Centre de l'Union Gospel Mission, et elle dit que le soutien qu'elle y a reçu a changé sa vie. Le centre a été construit grâce au financement du Fonds national de co‑investissement pour le logement.
Ou prenez Bill, un vétéran des Forces canadiennes à Ottawa. Bill est passé de l'itinérance à la maison des anciens combattants, un établissement de logement avec services de soutien à l'ancienne base aérienne de la BFC Rockcliffe. Ce projet a également été financé par le fonds de co‑investissement.
Il y a aussi les personnes âgées et les personnes vivant avec un handicap ou des problèmes de santé mentale à Gravenhurst qui auront bientôt une maison au tout nouveau centre de soins de retraite Alexander, encore une fois grâce au fonds de co‑investissement.
Il est clair que la Stratégie nationale sur le logement fait une différence dans la vie des Canadiens. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour relever les défis du logement au Canada. Et le gouvernement ne peut pas le faire seul. Il n'y a tout simplement pas assez de ressources pour répondre aux besoins de logement de tous les Canadiens.
Oui, il y a un rôle clair pour les gouvernements à tous les niveaux lorsqu'il s'agit de s'assurer que les personnes vulnérables peuvent répondre à leurs besoins de logement de base en créant des logements plus abordables ou sociaux. Mais lorsqu'il s'agit de résoudre les problèmes d'abordabilité du logement les plus répandus au Canada, l'impact des interventions du gouvernement fédéral est beaucoup plus limité.
Par exemple, au Canada, environ 95 % des logements locatifs sont fournis par le marché. Il est donc évident que le secteur privé doit jouer un rôle important dans la solution.
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour répondre à vos questions et nous accueillons toutes les idées sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour nous assurer que tout le monde au Canada ait une maison abordable et convenable.
Merci beaucoup.
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Tout d’abord, je tiens à remercier la vérificatrice générale pour les observations qu’elle a formulées dans son rapport d'audit. La SCHL a accepté toutes ses recommandations, et nous travaillons judicieusement sur les plans d’action.
Pour ce qui est de votre question, je dirais que la Stratégie nationale sur le logement, bien qu’axée sur les populations vulnérables, comporte un certain nombre de volets qui répondent aux besoins de logement de tous les Canadiens. L’abordabilité des différents programmes dépend de l’intention du programme.
Par exemple, nous avons un programme qui est l'initiative Financement de la construction de logements locatifs, qui vise à fournir des logements du marché à un prix légèrement inférieur à l’offre. La définition de l’abordabilité sera très différente de quelque chose comme l’Initiative pour la création rapide de logements, qui s’adresse aux sans-abri.
Donc...
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Je suis d'accord avec vous. L'Initiative pour la création rapide de logements — par votre entremise, monsieur le président — est le programme le plus efficace que nous ayons dans le cadre de la stratégie. Nous devons nous en inspirer pour d'autres programmes, en vue d'offrir des logements plus abordables à la population vulnérable du pays.
Pour ce qui est de la financiarisation du logement, nous allons étudier cette question ultérieurement, et peut-être que vous participerez également à cette étude. Nous avons vu beaucoup d'information sur la perte de logements abordables. Ils ont été repris par le secteur privé. Certaines de ces unités ont été achetées par des particuliers qui jouent le rôle de locateurs sur le marché, et d'autres, par de grandes entreprises, comme les fiducies de placement immobilier, qui ont acheté des centaines, voire des milliers d'unités dans toutes les régions du pays. Dans certaines régions, ces fiducies ont presque le monopole; selon la taille de la collectivité, elles ont presque le monopole du marché locatif, et nous avons constaté une escalade des loyers à la suite de ces achats.
Puis‑je vous demander si la SCHL divulgue les mesures de soutien qu'elle offre aux FPI, que ce soit au moyen d'hypothèques ou de demandes dans le cadre de certains des programmes que vous avez déjà mentionnés cet après-midi?
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Monsieur le président, j'aimerais souligner que la Stratégie nationale sur le logement appuie tous les types de promoteurs immobiliers. Nous accordons des subventions uniquement aux fournisseurs de logements sans but lucratif et au gouvernement. Dans certains cas, nous accordons des prêts à des promoteurs privés. Je n'ai pas la ventilation exacte des chiffres dont vous parlez, mais nous pouvons certainement vous la fournir.
Avec tout le respect que je vous dois, au sujet de la financiarisation du logement et du rôle des acteurs du secteur privé, surtout dans le secteur locatif, si nous avons le temps, j'aimerais donner la parole à notre économiste en chef, qui pourra peut-être vous donner un peu plus de précisions, si vous le voulez bien.
Monsieur Dugan, pouvez-vous nous parler de vos observations sur la financiarisation du logement et la dynamique du secteur de l'habitation?
Merci de me donner l'occasion de m'exprimer, monsieur le président.
On entend beaucoup parler de « financiarisation » du logement. La réalité au Canada, c'est qu'environ 95 % du marché locatif relève du secteur privé, alors la financiarisation est quelque chose qui va de soi dans notre marché locatif. Dans un contexte où la population augmente et où la demande de logements locatifs est en hausse, nous avons besoin d'une plus grande financiarisation, afin d'accroître l'offre pour répondre aux besoins d'une population croissante.
Dans le cadre de notre enquête sur le marché locatif, nous avons essayé de mesurer la présence des FPI et d'autres types d'investisseurs sur le marché. Selon nos meilleures estimations, les FPI représentent environ 10 à 15 % des propriétaires d'immeubles locatifs. Ce n'est pas un monopole; c'est un petit joueur. C'est un joueur parmi d'autres investisseurs privés qui, comme je l'ai dit, sont propriétaires de la plupart des logements locatifs du pays.
Pour ce qui est des unités qui sont récupérées, je ne pense pas qu'elles le soient par des investisseurs du secteur privé qui les achètent auprès du gouvernement. Il s'agit plutôt peut-être de propriétaires du secteur privé qui vendent à d'autres propriétaires du secteur privé.
Le marché est majoritairement privé au Canada. Le gouvernement a aussi un rôle à jouer, bien sûr. C'est ainsi que notre système est conçu et que nous fournissons des logements. Nous pourrions toujours envisager des façons de modifier ces proportions, mais c'est ainsi que les choses se passent actuellement.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être des nôtres.
C'est une étude importante que nous menons. Le Comité en aura une autre également à faire, sur la question des logements sociaux et des logements abordables. Nous avons une obligation de résultat. La crise sévit partout et, dans toutes les circonscriptions, la question de la disponibilité des logements abordables et des logements sociaux est en tête de liste des revendications.
Quand nous avons adopté la motion pour mener cette étude, nous n'avions pas encore le rapport de la vérificatrice générale du Canada. Ce que le rapport nous a appris, depuis, est assez troublant: la SCHL ne sait pas si tous les logements appuyés par ces initiatives sont réellement occupés par des personnes vulnérables. Des études démontrent même que moins de 5 % des nouveaux logements construits grâce aux deux principaux programmes de la Stratégie nationale sur le logement sont accessibles aux personnes dont les besoins sont les plus criants. C'est assez troublant.
Par mes questions, je n'essaie pas de trouver des coupables, mais je cherche surtout des réponses.
Comment peut-on mieux soutenir les personnes vulnérables et avoir des données à jour pour s'assurer que les programmes que vous avez la responsabilité de faire appliquer répondent adéquatement à leurs besoins?
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Comme je l'ai déjà dit, nous sommes très reconnaissants à la vérificatrice générale de ses observations. Nous avons convenu d'un plan d'action pour combler les lacunes relevées dans le rapport.
Pour ce qui est du premier sujet, à savoir que la SCHL n'est pas au courant des populations vulnérables qui sont desservies, nous recueillons des renseignements à l'étape de la demande et nous accordons la priorité aux demandes des groupes vulnérables. Il y a toutefois un délai entre la construction des logements et le moment du déménagement. Parfois, nous ne pouvons pas fournir de renseignements concrets sur les personnes qui vivent dans un logement particulier, en raison de la nature du cycle de construction. Nous essayons d'améliorer nos rapports pour qu'ils soient plus à jour.
De plus, comme il a été mentionné dans la réponse au rapport de la vérificatrice générale, nous travaillons avec Statistique Canada pour produire des rapports plus détaillés sur les groupes vulnérables, sans sacrifier les questions de protection de la vie privée de certaines populations.
En ce qui concerne le logement social...
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Je suis désolée, mais je vais devoir vous interrompre un instant.
Peut-être que nous pourrions obtenir les données, puisque nous tournons en rond. J'aimerais obtenir les données concernant les logements qui ont été financés dans le cadre du Fonds de co‑investissement et les critères d'abordabilité qui s'y appliquaient. Autrement dit, quel est, ventilé par année de mise en œuvre du programme, ainsi que par province et territoire, le nombre de logements dont le loyer est de 80 % du loyer moyen du marché dans sa catégorie? J'aimerais pareillement obtenir de l'information sur le nombre d'unités de logement dont le loyer représente 30 % du revenu total du ménage afin de pouvoir voir en détail ce qui s'est réellement passé. Il ne sert à rien de continuer de parler en rond.
Enfin, j'aimerais savoir qui a pris la décision concernant le critère d'abordabilité du fonds de co‑investissement et à quel moment. L'objectif du fonds de co‑investissement était censé être de créer des logements dont le loyer ne dépasserait pas 30 % du revenu total du ménage. C'était le critère d'abordabilité à l'origine, mais il a été modifié de quelque façon par la suite. Faut‑il s'étonner que la vérificatrice générale ait constaté que le programme ne répondait pas aux besoins de logement abordable des personnes dont la situation l'exigeait le plus?
Je serais très heureuse d'obtenir cette information. Pouvez-vous me confirmer les données que je demande me seront fournies?
Dans un autre ordre d'idées, au sujet de l'Initiative pour la création rapide de logements et le Fonds national de co‑investissement pour le logement — les deux programmes —, la vérificatrice générale a affirmé:
[M]ême si la Société savait que des types de logements qui conviendraient aux groupes vulnérables, notamment les logements de transition et les logements avec services de soutien, étaient financés, elle ne savait pas si les personnes issues des groupes vulnérables prioritaires qui devaient bénéficier des projets approuvés étaient logées une fois les projets achevés.
La SCHL pourrait-elle produire cette information? Quelles données la SCHL possède‑t‑elle sur les personnes qui ont été logées dans le cadre des programmes de la Stratégie nationale sur le logement, particulièrement dans les six programmes examinés par la vérificatrice générale, auxquels le gouvernement a consacré 4,5 milliards de dollars?
Le rapport de la vérificatrice générale a également constaté que la SCHL ne savait pas si les projets destinés aux groupes vulnérables prioritaires, comme les personnes handicapées, procuraient effectivement des logements aux personnes appartenant à ces groupes prioritaires.
Voici ma demande. Pouvons-nous également obtenir des données ventilées sur ces logements? Combien de ces logements étaient destinés à des personnes handicapées?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
Ma question porte sur la capacité de la SCHL à répondre à la volonté du gouvernement, qui est de financer la Stratégie nationale sur le logement pour assurer l'abordabilité du logement. Or, ce qu'on entend sur le terrain, c'est qu'il y a du travail à faire pour y arriver.
L'une des raisons est que les organismes communautaires, qui sont les mieux outillés pour offrir des logements abordables du fait qu'ils ne sont pas dans le marché locatif lucratif, ont de la difficulté à faire affaire avec la SCHL. En effet, les organismes à but non lucratif ne sentent pas qu'ils sont bien accompagnés pour répondre au fardeau administratif et aux demandes interminables de la SCHL, sans parler des longs délais avant d'obtenir une réponse aux projets qu'ils présentent.
Comment allez-vous corriger la situation afin de mieux accompagner les organismes à but non lucratif?
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En ce qui concerne les organismes communautaires, j'ai entendu que la SCHL avait mis en place, au printemps, un service à la clientèle pour le secteur à but non lucratif. Je crois que c'était en juin. Cela fait quand même cinq ans que la Stratégie nationale sur le logement a été lancée. Or, ce n'est que tout récemment que la SCHL a mis en place des mesures pour les organismes à but non lucratif.
En réponse à ce que Mme Bowers a dit un peu plus tôt, je vais rappeler un peu l'histoire de la SCHL. Au début, le gouvernement a demandé à la SCHL de répondre aux besoins en matière de logement abordable, après la Seconde Guerre mondiale, et c'est ce qu'elle faisait.
Aujourd'hui, qu'est-ce que la SCHL va mettre en place pour s'assurer qu'on fait non seulement du logement abordable, mais aussi du logement très abordable? Ce n'est pas ce qui se passe actuellement sur le terrain avec les organismes communautaires. J'aimerais savoir ce que vous allez faire maintenant pour augmenter l'abordabilité des logements, notamment ceux offerts par les organismes à but non lucratif.
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Lorsqu'il s'agit d'offrir des logements abordables, la collaboration avec les provinces et les territoires est un défi. Comment travaillez-vous avec eux pour assurer une meilleure coordination entre les programmes fédéraux et les leurs?
Vous pourriez également nous parler des normes de service pour nous aider à comprendre votre travail entourant les programmes. D'après ce que je comprends, les délais de traitement sont très longs. Dans un contexte d'inflation, où le marché est très difficile, quand cela prend six mois pour obtenir une réponse, les coûts de construction ont le temps d'augmenter et les logements ne sont plus abordables.
Bref, comment collaborez-vous avec les provinces, d'une part, et comment réagissez-vous au marché actuel, d'autre part?
Si le temps nous manque, je vous invite à nous envoyer vos réponses par écrit.
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La Stratégie nationale sur le logement a été mise en œuvre il y a cinq ans. On est donc à mi-chemin de la période fixée pour atteindre ses grands objectifs, que je ne répéterai pas, faute de temps.
Vous nous dites que vous comprenez les préoccupations de la vérificatrice générale, que vous êtes d'accord sur ses recommandations et qu'elles seront inscrites dans votre plan d'action. Or, plusieurs pensent, comme nous, que la Stratégie nationale sur le logement devrait être revue, parce que les données que nous avons à l'heure actuelle ne nous permettent pas de savoir comment elle répond aux besoins des personnes les plus vulnérables. Nous ne savons pas si la Stratégie atteint ses objectifs, notamment sur le plan des délais de traitement.
De plus, la vérificatrice générale dit qu'on ne sait pas qui, d'Infrastructure Canada ou de la SCHL, est responsable de quoi. C'est inquiétant.
Quelles mesures concrètes prendrez-vous pour changer la situation?
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Je peux vous donner une idée de certaines des cibles que nous visons et de la façon dont nous récompensons le travail de nos employés.
Six indicateurs de réussite ont été établis dès l'origine pour la Stratégie nationale sur le logement. Le premier est le nombre de ménages dont les besoins en matière de logement sont réduits ou éliminés. La cible de la SNL était de 540 000 ménages. À mi‑chemin du programme, nous avons aidé 246 000 ménages.
La SNL avait pour cible de créer 160 000 nouveaux logements. À mi‑chemin du programme, nous avons pris des engagements financiers pour 114 000 logements. C'est 62 % de la cible.
Nous nous sommes engagés à réparer et à rénover les logements sociaux existants. La cible était de 300 000 logements. Jusqu'à ce jour, nous avons procuré le financement voulu pour 272 000 logements. À mi‑chemin de la Stratégie, cette cible est atteinte à 91 %.
Nous nous sommes engagés à préserver 385 000 logements communautaires. À mi‑chemin de la Stratégie, nous avons fourni un soutien pour 220 000 logements communautaires. C'est 57 % de la cible.
Nous nous sommes également engagés à soutenir l'abordabilité du logement pour 300 000 ménages au moyen de l'Allocation canadienne pour le logement. Jusqu'à ce jour, 100 000 ménages ont reçu cette allocation.
Nous nous sommes engagés à consacrer au moins 25 % du financement de la SNL aux besoins des femmes et des enfants en matière de logement. La cible était de 25 %. En ce moment, nous sommes à 30 %.
Vu ces résultats, nous estimons avoir répondu aux attentes initiales des programmes.
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Pour ce qui est de la question des données, et cela s'est effectivement produit...
Mme Rosemarie Falk: La recommandation?
Mme Romy Bowers: C'est celle portant sur la qualité des données. Nous travaillons avec Statistique Canada pour améliorer l'information sur les personnes occupant les unités de logement que nous finançons. C'est une première initiative. Ce travail a déjà commencé.
Nous ne cessons d'améliorer nos rapports et d'accroître la transparence de l'information que nous publions. C'est le deuxième point concernant les données.
Quant à l'obligation redditionnelle et à la collaboration avec Infrastructure Canada, nous avons mis sur pied un groupe de travail au niveau des sous-ministres adjoints afin de mieux coordonner nos programmes à la SCHL, les programmes de financement du logement, avec le programme de lutte contre l'itinérance, dont la mise en œuvre relève d'Infrastructure Canada.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à mes collègues et merci à la SCHL et à Mme Bowers d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais commencer par l'habitation coopérative. Dans ma circonscription, Saint John—Rothesay, Housing Alternatives a lancé un magnifique projet d'habitation coopérative. Nous savons que les coopératives d'habitation jouent un rôle essentiel dans l'expansion de l'offre de logements abordables. Dans le budget de 2022, le gouvernement prévoit le plus important investissement depuis 30 ans dans l'habitation coopérative. Pour reprendre votre mot de tout à l'heure, cela fait longtemps.
Pouvez-vous nous parler du travail que la SCHL fait déjà avec le secteur coopératif, ainsi que du travail qui se fait pour créer des partenariats dans ce secteur et mettre à profit ces nouveaux investissements?
Merci.
Madame Bowers, je vous propose une analogie. Dans le passé, j’ai été président d’une équipe de hockey, les Sea Dogs de Saint John. Je le mentionne souvent. Quand j'étais président de cette équipe, si des détenteurs de billets de saison étaient venus me voir à plusieurs reprises pour me dire à quel point il était fastidieux de faire affaire avec les Sea Dogs de Saint John, si c'est quelque chose qui avait circulé dans le milieu, j’aurais conclu à un problème à l’interne, peut-être au niveau de la culture de l'organisation, du déroulement des opérations, du fonctionnement administratif, ou je ne sais quoi encore.
Nous avons d'excellents promoteurs dans ma circonscription et deux d'entre eux, désolé pour la franchise, ont pris tout un coup de vieux dans les dernières années, à force d'essayer de passer à travers les étapes du programme de co‑investissement, qui comporte son lot de frustrations et de retards. Une autre employée d'un refuge financé par le programme de logement rapide — je suis reconnaissant de l'existence de ce dernier — m'appelait parfois et, pour être franc, elle était tellement exaspérée au bout du fil qu'elle pleurait. Elle n'arrivait pas à passer au travers toutes les étapes du processus de demande.
En toute sincérité, en tant que présidente et première dirigeante de la SCHL, vous n'êtes sans doute pas sans savoir que... Je vais nuancer mes propos. Nous savons, vous l'avez dit vous-même tout à l'heure, que la question des logements abordables est complexe et qu'elle comporte de nombreux défis; il faut convaincre les entrepreneurs de construire ces logements, calculer le prix par porte, etc. En tant que présidente de la SCHL, admettez-vous que le processus de demande comporte certaines lacunes?
J'ai toujours dit que ce serait bien si la SCHL pouvait alléger sa bureaucratie et miser davantage sur l'esprit d'entreprise, je sais que ce n'est pas chose facile, mais bon nombre d'organismes sans but lucratif sont frustrés parce qu'on ne cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Je comprends que l'accès au programme implique un certain nombre d'étapes à suivre mais, en tant que présidente de la SCHL, pourriez-vous nous faire part de vos observations, des problèmes que vous avez identifiés et de ce que vous comptez faire pour améliorer la situation?
Merci.
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Monsieur le président, je prends ces remarques très au sérieux. En tant que présidente, je suis responsable de la culture de l'organisation et des programmes de la SCHL, alors c'est le genre de rétroactions que j'accueille favorablement. Chaque fois que je rencontre des députés, comme c'est le cas aujourd'hui, je les encourage à me faire part des difficultés qu'ils rencontrent avec les initiatives de la SCHL, c'est primordial pour moi d'analyser la situation pour pouvoir tirer des leçons.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons appris des ratés de la mise en œuvre des fonds de co‑investissement, c'est certain. Les processus de demande étaient trop laborieux et trop bureaucratiques. Nous avons entrepris de les simplifier. Je pense que M. Monaghan a parlé tout à l'heure d'un volet du fonds de co‑investissement basé uniquement sur les contributions, ce qui permettrait de fournir une réponse aux promoteurs dans un délai de quatre à six semaines. Pour faciliter les choses, nous avons découplé le processus de prêt et le processus de contribution.
Nous avons également mis en place un processus qui permet d'évaluer le niveau de satisfaction de la clientèle. Après chaque communication avec un client, nous lui demandons de remplir un petit questionnaire. Si son niveau de satisfaction ne correspond pas à ce qui est attendu, nous prenons des mesures pour y remédier.
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Monsieur le président, je ne suis pas en mesure de faire des prévisions de ce genre, mais je peux vous assurer qu’à la SCHL, nous prenons la gestion du risque très au sérieux. Nous dirigeons une entreprise d'assurance sur des prêts hypothécaires commerciaux. Nous effectuons des simulations de crise pour nous assurer que nous disposons d'un capital suffisant pour éponger des pertes éventuelles.
Actuellement, les arriérés de paiement comptent pour moins de 0,5 % de l'ensemble de notre portefeuille, ce qui est incroyablement bas. Je sais que nous traversons une période économique très difficile, mais jusqu’à maintenant, en raison de la situation de l’emploi qui nous est favorable, notre portefeuille de prêts hypothécaires n'a pas subi de dépréciation.
Il ne s'agit pas d'être complaisants. Nous surveillons attentivement le contexte économique et nous nous assurons de disposer d'un capital suffisant pour faire face à d'éventuelles pertes.
Monsieur le président, permettez-moi de prendre un peu de recul: il me semble qu'un plan et des objectifs concrets seraient bien mieux qu'un idéal à atteindre. Nous ne serons pas beaucoup plus avancés si après avoir englouti 4,5 milliards de dollars de l'argent des contribuables, nous ne pouvons toujours pas présenter des données sur le nombre de sans-abri... Dans ma circonscription de Peterborough—Kawartha, je constate qu'il y a plus de campements et plus de gens aux prises avec des problèmes de logement. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas nous donner une évaluation concrète du phénomène. Je pense que c'est frustrant pour les Canadiens et pour tous ceux qui voient tant de gens souffrir.
Je vais vous donner un exemple très concret. Dans ma circonscription, Peterborough—Kawartha, des gens cherchent des solutions pour régler la crise du logement. La Peterborough Housing Corporation vient tout juste de présenter une demande pour la construction de 85 logements, qui comprend des logements abordables pour soutenir les personnes âgées et des logements au prix du marché. En date d’aujourd’hui, 344 personnes figurent sur la liste prioritaire. Vingt-sept ont 65 ans ou plus et 60 ont 55 ans ou plus. Dix pour cent des personnes de 55 ans n'ont toujours pas de logement. En date du 16 septembre, à Peterborough, on compte 202 personnes sur la liste d’attente pour un logement avec assistance par l’entremise de nos IOV.
J’ai écrit une lettre au pour lui demander de prêter assistance à la SCHL, et je viens d'apprendre que le ministre a remis cette responsabilité à la SCHL et attend de voir ce qui sera fait. On peut y lire que la « Stratégie nationale sur le logement [...] aide les personnes qui en ont le plus besoin à trouver un logement. Cela comprend les aînés, les personnes handicapées, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie... »
Vous avez envoyé une note à cette organisation qui a obtenu une approbation. Conformément à ce que vous disiez, les résidents sont favorables, la communauté est favorable. Ils prennent le problème à bras le corps, et ils sont décidés à le résoudre. Ils apportent leur soutien. On dit que la situation est telle que la SCHL met ce financement en péril. Ils sont contrariés, car vous n'avez pas communiqué avec eux en temps opportun.
Je sais que vous êtes tout en haut de l'échelle, peut-être que vous n'êtes pas au courant de la situation — mon collègue, M. Long, a soulevé la question. Vous dites que vous vous en souciez, mais ce sont là des problèmes bien réels que la lourdeur bureaucratique empêche de résoudre. Avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas intéressé par un idéal à atteindre. J'aimerais connaître les mesures qui sont prises pour éviter ce genre de situations, j'aimerais savoir ce que vous comptez faire pour venir en aide aux personnes qui sont à la recherche d'un logement.
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Merci, monsieur le président, et merci beaucoup aux témoins d’être ici aujourd’hui.
Je suis relativement nouveau au gouvernement, du moins à la Chambre des communes. Cela fait un an que je siège. Je sais que ce programme — avec les 72 milliards de dollars qui ont été investis — représente une initiative incroyable pour venir en aide aux Canadiens. Pour moi, l’accès à la propriété représente la poursuite du rêve canadien, ce rêve de faire partie intégrante de la société canadienne. Je sais que vous ne disposiez que d'environ cinq ans pour rebâtir un programme abandonné depuis des décennies. Les gouvernements du passé n'ont pas investi suffisamment pour répondre aux besoins, et l'investissement de 72 milliards de dollars aura un impact énorme pour venir en aide aux Canadiens et aux Canadiennes.
Voici ma question: quels ont été les plus grands défis? Vous avez mentionné que vous avez dû reprendre contact avec les organismes sur le terrain. Quels sont les principaux obstacles que vous avez rencontrés, au cours des cinq dernières années pour rétablir les liens, rebâtir la confiance et réaffirmer le rôle du gouvernement canadien en tant qu'acteur majeur dans le domaine de l'accès à la propriété?
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Je peux donner beaucoup d'exemples. Nous avons simplifié la marche à suivre pour présenter les demandes. Nous avons rendu le portail plus accessible. Nous avons trouvé des groupes spécialisés capables d'appuyer les promoteurs qui présentent une demande. Nous avons appris à débloquer les fonds plus rapidement. Je dois dire qu'il est en fait plus facile de verser les fonds, parce que la diligence raisonnable est beaucoup moins lourde pour un programme de subventions que pour un programme de prêts. Nous avons tiré beaucoup de leçons pour simplifier nos méthodes.
Quant aux accords juridiques, notre groupe juridique a travaillé sans relâche à les simplifier. Encore une fois, je tiens à souligner qu'il y a toujours une tension entre l'expérience client, l'accélération du processus et la nécessité d'avoir les bons freins et contrepoids pour garantir que les fonds gouvernementaux sont utilisés aux fins prévues. Il y a toujours un peu de tension. Nous essayons de pratiquer une bonne gouvernance tout en offrant une bonne expérience client.
Je peux vous donner bien d'autres exemples, mais c'est là celui du changement de culture. Comme vous le savez, et mon expérience me dit la même chose, il faut du temps pour changer la culture d'une organisation. Je suis présidente et première dirigeante de la SCHL depuis plus d'un an et demi. Les employés de la Société sont très dévoués — non pas que nous soyons parfaits, mais nous faisons de notre mieux pour apprendre de nos erreurs et servir les Canadiens de notre mieux.
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Merci, monsieur le président.
En tout respect, madame Bowers, j'accepte une partie de votre réponse, pour ce qui est du processus, du changement de culture et du fait qu'il a fallu s'adapter. Toutefois, il n'y a pas seulement une obligation de moyens, mais aussi une obligation de résultat. Or, j'ai l'impression d'entendre un jargon qui ne donne pas vraiment de réponses aux personnes en attente d'un logement.
Je vous rappelle en tout respect que l'un des objectifs de la Stratégie nationale sur le logement est de réduire l'itinérance chronique de 50 % d'ici 2027‑2028, soit d'ici cinq ans, mais la vérificatrice générale dit qu'on n'est même pas en mesure d'obtenir des données, à l'heure actuelle.
Je vous donne un autre exemple très concret: la vérificatrice générale a indiqué récemment avoir constaté que les organisations, dont la SCHL, ne savaient pas si les efforts déployés à ce jour avaient vraiment amélioré les conditions de logement pour les personnes vulnérables.
Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet?
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Ces organismes sans but lucratif savaient-ils que les accords d'exploitation arrivaient à échéance au cours des 10 dernières années? Je sais depuis 10 ans que les accords d'exploitation vont expirer.
Je vais vous poser quelques questions au sujet de la création rapide de logements... Et rien n'a été fait au sujet de ces accords d'exploitation qui arrivent à échéance. J'ai une question inscrite au Feuilleton au sujet de l'Initiative pour la création rapide de logements, et je voulais simplement comprendre ce qu'on entend par « sous-financement ».
Combien de demandes présentées dans le cadre de l'Initiative pour la création rapide de logements ont été refusées? Dans la première série, il y avait environ 12 000 unités. Dans la deuxième, leur nombre a été ramené à 5 000. Pouvez-vous nous donner une idée des motifs de refus? Je vois qu'au Nunavut, on en est à seulement 12,5 % dans la première série.
Pourquoi n'ont-ils pas été financés?
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Ce qui me pose problème, c'est que les primes doivent récompenser le travail vraiment exceptionnel. Or, le directeur parlementaire du budget nous a appris que, au cours des trois premières années de la Stratégie nationale sur le logement, la SCHL a dépensé moins de la moitié des fonds affectés à deux initiatives clés, dont l'une, bien sûr, est le Fonds national de co‑investissement pour le logement, qui n'a dépensé qu'environ 50 % des fonds reçus au cours de ces trois années. Pour sa part, la vérificatrice générale a signalé que bon nombre de ces logements n'étaient pas abordables. À cause de l'inflation, qui est un peu débridée, une bonne partie des fonds affectés ne permettront pas de faire tout à fait autant.
En général, la situation du logement s'aggrave. Et il n'y a pas que le sort des sans-abri, même s'il est pitoyable; 216 personnes sont mortes à Toronto l'an dernier, ce qui représente plus de quatre personnes par semaine, soit le double des chiffres de 2017. Le prix des maisons a plus que doublé en sept ans. La Banque Nationale du Canada a déclaré au deuxième trimestre de 2022 que l'hypothèque sur une maison représente maintenant environ 63,9 % du revenu. C'est le taux le plus élevé depuis 1982. Le directeur parlementaire du budget a signalé qu'en moyenne, 118 millions de dollars par année étaient consacrés aux programmes de lutte contre l'itinérance. Il a été porté à 357 millions de dollars par année, mais l'itinérance continue d'augmenter. Bien sûr, nous ne savons pas au juste où va cet argent ni s'il a vraiment l'impact recherché.
Ce que je me demande, comme beaucoup de Canadiens sans doute, c'est comment on peut consentir des primes qui totalisent 30 millions de dollars — mais peu importe le montant. Nous avons fait des progrès; nous avons fait de bonnes choses, et je n'ai aucun doute que tout le monde à la SCHL est bien intentionné, mais les primes devraient être fonction des résultats, et les résultats ne sont tout simplement pas au rendez-vous. Pourriez-vous nous en parler?
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Je comprends. Je voudrais vous en parler davantage, car même si nous donnons l'impression de nous en prendre à vous ici, il s'agit d'une question très sérieuse. C'est probablement l'une des raisons les plus importantes pour lesquelles j'ai décidé de me faire élire député. Lorsque j'étais maire, nous faisions toutes sortes de choses dans ma ville pour favoriser la construction de logements abordables et d'autres logements en général. Ce qui manquait chez nous, c'était un partenaire fédéral fiable, la SCHL. Il était impossible pour différents groupes d'en obtenir de l'argent.
Tout le monde se soucie du problème, et la Stratégie nationale sur le logement a été lancée en grande pompe. Tout le monde s'en soucie, mais si nous n'obtenons pas les résultats auxquels les Canadiens ont droit, nous devons nous ressaisir et voir qui est responsable. Vous avez dit que le logement était un sport d'équipe, et je suis on ne peut plus d'accord avec vous. Il n'y a pas que tous les ordres de gouvernement et le secteur privé qui soient en cause. Même à l'intérieur du gouvernement, on dirait que l'équipe n'a pas de capitaine. Voilà ce que les Canadiens ont du mal à comprendre en ce moment.
Je veux certainement poursuivre les échanges avec vous pour voir ce que nous pouvons tous faire pour mieux travailler afin d'obtenir des résultats pour les Canadiens. Il y a eu beaucoup de promesses. Pourtant, les sans-abri sont aujourd'hui plus nombreux qu'au début de la Stratégie.
Merci de nous accorder du temps.
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Absolument, madame Bowers.
Monsieur le président, la période varie d'un programme à l'autre. Je vais prendre l'exemple des deux programmes dont on a parlé le plus aujourd'hui, soit le fonds de co‑investissement et l'Initiative de construction de logements locatifs, ainsi que l'Initiative pour la création rapide de logements.
Nous essayons de communiquer avec les promoteurs et de leur donner des précisions sur les résultats probables de leur proposition dans les deux semaines suivant la présentation initiale. Nous travaillons avec eux à l'élaboration d'une demande qui sera acceptée et qui sera financée. Cela peut prendre — comme vous le savez, puisque vous avez été dans le secteur bancaire un certain temps — de six à sept mois. Il s'agit de bien comprendre les risques en cause, d'adopter un plan pour les atténuer et de s'assurer que le promoteur peut mener à bien le projet.
Nous avons apporté un certain nombre de changements pour tenir compte des réactions que nous avons reçues des promoteurs. Dans le cadre du co‑investissement, nous avons reçu des commentaires selon lesquels les volets prêts et contributions étaient difficiles à gérer pour les petits promoteurs. Nous avons élaboré un programme de la bonne taille pour ces organisations. C'est à ce moment‑là que nous avons lancé un programme de contributions seulement qui leur a permis d'avoir accès à du financement en quatre semaines.
Nous avons adopté des mesures semblables dans nos divers programmes pour tenir compte des réflexions des promoteurs avec lesquels nous traitons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Les témoignages d'aujourd'hui ont été très éclairants. Vous avez dit que les objectifs de la Stratégie nationale sur le logement étaient utopiques. Je pense que vous avez aussi dit que c'était un idéal à poursuivre.
Si nous examinons le plan du gouvernement libéral sur le logement... Il s'intitule « Un chez-soi pour tous ». Il s'agit d'un plan exhaustif qui vise à « faciliter l'accès à la propriété ». Il énumère ensuite un certain nombre d'objectifs et d'engagements. Je vais souligner deux engagements, car ils se rapportent à nos échanges d'aujourd'hui. L'un est d'« aider les locataires à devenir propriétaires » et l'autre de « mettre fin à l'itinérance chronique ».
Ces affirmations et les messages émanant du gouvernement, qui parle d'un plan et d'engagements, sont très nets. J'ai l'impression qu'il y a un vrai décalage par rapport à ce que vous dites aujourd'hui — c'est‑à‑dire qu'en fait, cette stratégie en matière de logement est une idée utopique, un idéal à poursuivre. Elle n'est pas vraiment réalisable.
Nous parlons beaucoup aujourd'hui du rapport de la vérificatrice générale sur l'élimination de l'itinérance chronique. Le gouvernement s'est engagé à y mettre fin, mais le rapport de la vérificatrice générale dit clairement que... Nous en avons beaucoup parlé aujourd'hui. Nous avons dépensé 4,5 milliards de dollars, mais nous ne savons pas si ces efforts ont été fructueux. Nous ne savons rien des résultats. Tout est expliqué dans le rapport. C'est très préoccupant.
Voici encore quelques questions.
Vous avez évoqué les obstacles à l'abordabilité du logement, dont les formalités administratives, la bureaucratie, dans différents ordres de gouvernement. Est‑ce un obstacle à l'abordabilité du logement au Canada? Est‑ce que c'est ce qui complique le problème? Faut‑il blâmer la bureaucratie et les formalités des divers ordres de gouvernement? Est‑ce cela qui rend les choses plus difficiles?
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec M. Long.
Je ferai remarquer, par votre entremise, qu'il semble y avoir presque unanimité autour de la table pour dire que certains programmes fonctionnent très bien. Nous sommes presque tous d'accord pour admettre que l'Initiative pour la création rapide de logements a très bien fonctionné pour nos clients. Elle a bien servi les municipalités et les organismes sans but lucratif. Vous avez souvent préféré parler de ce programme lorsque nous avons critiqué la Stratégie elle-même, et vous n'avez pas tort, car il a bien fonctionné.
Par contre, des questions portant sur d'autres programmes montrent que nous avons du mal à comprendre pourquoi nous ne servons pas une plus grande partie de la population considérée comme vulnérable. Comment pouvons-nous modifier la stratégie?
Au premier tour, j'ai demandé par votre entremise, monsieur le président, s'il n'y avait pas lieu de revoir la Stratégie de fond en comble. Si les résultats ne confirment pas que nos mesures de soutien aident les populations cibles, quelle orientation devons-nous vous donner, à vous et au conseil d'administration, pour revoir ces programmes afin d'éviter que la majorité des fonds n'aille aux organismes sans but lucratif et aux municipalités? Je veux que la grande majorité des ressources que nous fournissons soit canalisée vers les organisations qui servent les populations les plus vulnérables.
Monsieur le président, je demande par votre entremise ce que nous pourrions faire de notre côté pour modifier ces programmes afin qu'ils atteignent ces objectifs et servent les populations vulnérables?
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Il est absolument nécessaire d'investir davantage dans le logement abordable.
Cependant, je dois ajouter que le système de logement est un système unique. Il faut aussi avoir un marché du logement qui fonctionne bien. Comme nous l'avons signalé dans bon nombre de nos rapports de recherche, il y a un grand décalage entre la demande de logements sur le marché et l'offre. Lorsque le marché ne fonctionne pas bien, des pressions se font sentir dans l'ensemble du système de logement.
Voilà pourquoi il y a un avantage, en matière de politique d'intérêt public, à ce que le gouvernement appuie tous les aspects du système de logement. Il ne fait aucun doute que la majeure partie des subventions devrait aller au secteur sans but lucratif, mais il est également très important de s'intéresser à l'ensemble du marché.
Par exemple, la SCHL et moi-même croyons fermement que nous avons un déficit de logements locatifs au Canada. Nous n'avons pas construit de logements locatifs à grande échelle pendant des décennies. La construction d'un plus grand nombre de logements locatifs présente un avantage sur le plan de la politique d'intérêt public.
Je m'adresserai aux témoins, qui sont les principaux responsables de l'application des programmes de la Stratégie nationale sur le logement. C'est même la SCHL qui les a mis au monde.
Que doit-on faire, à partir de maintenant? Devant le constat d'échec de la Stratégie, on peut décider de la changer complètement. On se rend compte que les programmes ne sont pas assez souples pour que l'on puisse répondre à des questions bien précises. Par exemple, on ne sait pas combien de logements sont accessibles aux personnes vulnérables, combien de logements sont accessibles aux personnes en situation de handicap, combien de personnes on a pu sortir de l'itinérance en leur donnant accès à un logement, ni à quel moment on pourra atteindre les objectifs. Si on n'est pas capable de répondre à cela, on a un sérieux problème.
On a deux options: ou bien on continue comme cela et on rend les programmes plus souples, ou bien on jette le bébé avec l'eau du bain, ce qui n'est pas une solution.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec Mme Bowers pour dire que nous avons désespérément besoin de logements locatifs. Le gouvernement libéral avait promis des incitatifs fiscaux qui n'ont pas été mis en place. J'exhorte vraiment le gouvernement à envisager des incitatifs fiscaux pour les logements locatifs.
Un mot de l'Initiative pour la création rapide de logements. Je ne suis pas nécessairement tout à fait d'accord avec ma collègue. Dans les volets un et deux, environ 1 300 logements ont été construits, et environ 6 500 — selon les données que j'ai reçues le mois dernier — sont toujours en construction. Ils sont en préparation ou en construction. Dans les faits, seulement 1 300 logements sont achevés.
Je voudrais revenir aux propos tenus à l'instant: que faut‑il faire pour s'occuper de ceux qui ont été laissés pour compte? Je songe à des réflexions que vous avez faites au sujet de l'abordabilité des logements locatifs, même si on tient compte du Financement de la construction de logements locatifs. Les subventions et peut-être le soutien des allocations au logement figurent-ils parmi les mesures que le gouvernement doit prendre pour procurer des logements locatifs, pour loger les gens?
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Merci, madame Zarrillo.
Merci, madame Bowers, et merci aux représentants de la SCHL.
Vous pouvez constater qu'une certaine exaspération s'est manifestée de part et d'autre de la salle, mais je salue le témoignage convaincant que vous avez livré au Comité en prenant acte des éléments qui doivent changer.
Merci beaucoup de l'information détaillée que vous avez fournie au Comité. Nous allons consacrer d'autres séances à cette étude.
Encore une fois, je vous remercie d'avoir été là pendant les deux heures et d'avoir répondu aux questions.
Les représentants de la SCHL sont libres de partir.
Avant de lever la séance, je rappelle que les membres du Comité ont reçu une version provisoire du communiqué annonçant la décision concernant la flamme du centenaire. Puis‑je avoir votre approbation pour rendre public le communiqué?
Des députés: D'accord.
Le président: À titre d'information, la deuxième version du rapport sur l'appui aux communautés noires est terminée. Il y a une modification proposée par Mme Ferreri. Cette version sera communiquée un peu plus tard. À propos de la pénurie de main-d'œuvre, la première version est terminée. Nous devrions pouvoir l'étudier.
Là‑dessus...
Madame Zarrillo, vous avez la parole.
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Point de vue très valable. Merci, madame Zarrillo.
Il arrive parfois que nous apprenions très peu à l'avance que tel témoin ne peut pas comparaître. Plutôt que de perdre du temps, nous essayons de prévoir autre chose. Cependant, votre point de vue se défend très bien. Nous allons discuter — je préfère le faire en comité plénier, avec tout le monde... Nous allons examiner les motions dont le Comité est saisi et établir un calendrier.
Toutefois, à ce stade-ci, l'accent est mis sur ces deux études et sur l'adoption du rapport et du projet de loi .
Le Comité souhaite-t-il lever la séance?
La séance est levée.