Chers collègues, bienvenue à la 87e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
J'aimerais commencer par faire quelques rappels. La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Comme tout le monde le sait, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité. Bien sûr, les captures d'écran ne sont pas permises.
Je vais sauter le reste. Vous savez tous pourquoi nous sommes ici.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 19 octobre 2023, le Comité reprend son étude des efforts de stabilisation du prix des aliments.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui sont avec nous aujourd'hui. Pendant la première heure, nous accueillons M. Gonzalo Gebara, président et chef de la direction de La Compagnie Wal‑Mart du Canada. Il se joint à nous par vidéoconférence ce matin. Bienvenue, monsieur Gebara.
Nous allons accorder cinq minutes pour les déclarations préliminaires. Je vais faire preuve d'un peu de souplesse. Si vous avez besoin d'un peu plus de cinq minutes, cela conviendra, monsieur Gebara. Nous passerons ensuite aux questions et nous y consacrerons une heure.
M. Weston sera avec nous pendant la deuxième heure.
Monsieur Gebara, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de nous donner l'occasion de comparaître une fois de plus devant ce comité pour discuter du leadership de Walmart en matière de prix alimentaires.
[Traduction]
Nous sommes ici pour vous faire part des efforts que nous avons déployés pour offrir aux Canadiens nos bas prix de tous les jours, nos EDLP. Walmart a toujours été un joueur perturbateur parmi les épiceries canadiennes. Ce constat est souligné dans la récente étude du marché de l'alimentation réalisé par le Bureau de la concurrence qui mentionne que notre arrivée sur le marché canadien a offert une option supplémentaire aux consommateurs et poussé nos concurrents à baisser leurs prix.
Nous avons récemment publié sur notre site Web une étude réalisée par Deloitte à notre demande. Cette étude révèle que l'ouverture d'un magasin Walmart dans une grande région métropolitaine du Canada entraîne une baisse du prix d'un panier général de biens de consommation, ce qui permet aux familles canadiennes de ces régions d'économiser près de 1 000 $ par an, quel que soit l'endroit où elles font leurs achats.
Si vous faites vos achats chez Walmart, vous savez que nous nous distinguons de nos concurrents par notre stratégie des EDLP. De récents reportages ont mis en lumière les importantes économies réalisées par les Canadiens qui magasinent chez Walmart. Comme je l'ai souligné lorsque j'ai comparu pour la première fois devant le Comité en mars, notre stratégie des EDLP consiste à offrir des prix constamment bas à nos clients de sorte qu'ils ne sont pas obligés d'attendre des soldes. Cela signifie que les clients peuvent avoir la certitude que les prix seront toujours bas chez Walmart. Notre engagement à maintenir des prix bas est tel qu'une mesure interne clé de notre réussite est l'écart des prix, c'est‑à‑dire la différence entre nos prix et ceux de nos concurrents.
Au cours des 18 derniers mois, alors que les prix des aliments augmentaient partout au Canada, nous avons poursuivi nos efforts pour conserver un écart de prix nettement inférieur à celui de nos concurrents. Pendant cette période de forte inflation, nous avons fait preuve de diligence pour maintenir nos prix à un niveau stable dans la mesure du possible et, dans certains cas, nous les avons baissés. Pour y arriver, nous avons parfois été obligés d'absorber des augmentations de coûts ou de refuser des augmentations de coûts injustifiées de la part de nos fournisseurs. Pour vous donner une idée de l'importance de la situation, l'an dernier, Walmart a reçu six fois plus de demandes d'augmentation des coûts de la part des fournisseurs comparativement aux niveaux d'avant la pandémie.
Dans votre dernière étude sur l'inflation des prix alimentaires, des experts de l'industrie vous ont dit que de nombreux facteurs contribuent à cette inflation bien avant que les produits se retrouvent sur les tablettes des épiceries. Comme l'a signalé le Conseil canadien du commerce de détail cet automne, plus de 70 % du prix final sur les tablettes représente le coût imposé par les fournisseurs. La majorité du 30 % qui reste est consacré aux dépenses normales d'exploitation d'une épicerie.
Les politiques et les règlements du gouvernement, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, les conflits à l'étranger, les pénuries de main-d'œuvre au pays et les changements climatiques ont également des effets inflationnistes, non seulement sur le coût des denrées alimentaires pour les fournisseurs, mais aussi sur les coûts d'exploitation des épiciers. Ce contexte est important, mais, en fin de compte, nous savons que les Canadiens veulent des solutions.
Je vais vous donner quelques exemples des efforts faits dans l'ensemble de notre entreprise pour lutter contre l'inflation au cours des 18 derniers mois. Nous avons beaucoup investi dans notre gamme de produits de marque privée Walmart qui offre 3 000 produits alimentaires et de consommation économiques. Les Canadiens peuvent compter sur les marques Walmart pour économiser en moyenne 33 % par rapport aux marques nationales dans nos magasins. Nous avons élargi notre programme à 97 ¢ pour offrir une gamme de produits de base pour le garde-manger à moins d'un dollar en absorbant d'importantes augmentations de coûts de la part des fournisseurs. Nos programmes promotionnels, comme Chute de prix et Économisez maintenant, offrent des économies d'environ 10 à 40 % sur des milliers d'articles. Cette année, pendant la période des Fêtes, nous avons lancé ces programmes encore plus tôt que l'an dernier. Pour l'Action de grâces cette année, nous avons offert un repas à un prix inférieur à celui de l'an dernier. Nous avons lancé nos Journées des dollars de décembre pour promouvoir des milliers d'articles à moins de 10 $ afin de répondre aux besoins de nos clients pendant la période des Fêtes.
Dans les mémoires que nous avons présentés au et à votre comité, nous avons formulé des recommandations stratégiques qui pourraient aider le gouvernement à stabiliser et même à faire baisser le prix des denrées alimentaires. Il s'agit notamment de renforcer le Bureau de la concurrence afin d'examiner la concurrence dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, y compris les fournisseurs; d'harmoniser les exigences réglementaires afin de réduire le coût des produits pour les consommateurs; d'élaborer une stratégie sur la main-d'œuvre dans la chaîne d'approvisionnement; et de prioriser les organismes de développement régionaux pour aider à renforcer la capacité de fabrication canadienne dans les secteurs clés de l'alimentation, notamment les pâtes, les haricots, les aliments surgelés, l'emballage des viandes et les préparations pour nourrissons.
Toute la chaîne de valeur doit être tenue de contribuer à la baisse du prix des denrées alimentaires pour les Canadiens. Cela comprend les fabricants, les producteurs, les fournisseurs, les détaillants et les gouvernements. Comme l'a dit notre fondateur, Sam Walton: « Si nous travaillons ensemble, nous réduirons le coût de la vie pour tous. »
Permettez-moi de vous assurer, monsieur le président, que plus de 100 000 associés de Walmart du Canada travaillent fort chaque jour pour atteindre l'objectif de réduire le coût de la vie pour les Canadiens.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gebara, merci d'être des nôtres ce matin.
Je vous écoute attentivement depuis le début de la séance. Je me souviens bien de la rencontre du mois de mars, où j'ai eu l'impression que vous étiez très ouvert à participer au code de conduite. Je suis peut-être naïf, mais j'ai cru que vous aviez répondu oui. Or, depuis tantôt, vous dites à Mme Rood que le code n'est pas acceptable. En réponse à M. MacDonald, qui se demande comment nous devons interpréter cela, vous dites que nous devons continuer à vous inviter à participer aux discussions du Comité pour aider à faire baisser les prix.
Monsieur Gebara, vous êtes invité à participer aux discussions sur le code de conduite, mais vous n'êtes pas là. Comment pouvez-vous expliquer aux citoyens que vous ne participez pas aux discussions et que, une fois que le code est presque établi, vous venez en quelque sorte le saboter en refusant d'y adhérer, alors que vous êtes un des acteurs importants sur le marché?
Je veux bien croire à votre bonne foi. Cependant, j'écoute les discussions ce matin et, honnêtement, je pense qu'il y a un problème de crédibilité.
Comment pouvez-vous expliquer cela aux gens qui produisent de la nourriture, aux PME du secteur de la transformation alimentaire et aux citoyens qui ont de la misère à faire l'épicerie?
Quelles sont les prochaines étapes à prévoir pour assurer votre participation à une réglementation saine du marché de l'alimentation? C'est cela, le but.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Gebara, je dois revenir sur cette question parce que je pense qu'étant donné que vous avez comparu devant le Comité en mars, vous auriez dû vous attendre à ce que le même genre de questions vous soit posé.
En mars, j'ai très clairement posé une question sur les salaires, les salaires que vous payez à vos employés de première ligne. Étant donné que nous évoluons dans le contexte... Mme Taylor Roy a qualifié la rémunération des dirigeants d'« élevée », ce qui est un choix de terme fort intéressant.
Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, je suis un peu inquiet que vous, PDG de Walmart Canada, compte tenu du fait que nous parlons de l'inflation sur le prix des aliments et que nous savons que les statistiques montrent que tellement de travailleurs n'ont même pas les moyens d'acheter les produits de première nécessité pour leurs familles...
J'ai vu votre site Web, et nous avons vu les documents que vous avez fournis au Comité. Vous faites certainement tout pour montrer que vous vous souciez de vos employés, mais le fait que vous, PDG de l'entreprise, ne sachiez pas si vos employés doivent recourir à la banque alimentaire pour s'en sortir... Je pense que les employés de Walmart Canada qui nous regardent en ce moment trouveraient cela un peu surprenant.
Encore une fois, si nous devons vous prendre au sérieux, vous et les autres PDG, sur ce sujet très important pour les Canadiens, comment le pourrions-nous si vous ne semblez même pas savoir combien de vos employés doivent recourir à une banque alimentaire ou s'ils sont suffisamment rémunérés?
S'ils sont maintenus dans un état de travailleurs pauvres, n'êtes-vous pas préoccupé, monsieur, de ne pas avoir de chiffres précis à ce sujet?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens également à remercier M. Gebara, PDG de Walmart Canada, de sa présence aujourd'hui.
C'est une conversation importante, et les Canadiens sont préoccupés par le comportement des grandes chaînes d'épiceries, puisqu'il s'agit d'un secteur fortement regroupé au Canada.
Si nous sommes ici, c'est parce que les Canadiens veulent de la transparence, de la responsabilité et un engagement envers des pratiques équitables face aux inquiétudes suscitées par la forte augmentation du prix des produits alimentaires et l'exploitation éventuelle des consommateurs. Voilà ce qu'on nous dit.
Vous l'avez déjà mentionné plusieurs fois. Nous avons parlé du renforcement du Bureau de la concurrence, ici, au Canada. Il semble que vous soyez d'accord avec cela. Vous avez cité Sam Walton, je crois, qui disait: « Si nous travaillons ensemble, nous réduirons le coût de la vie pour tous. » Il est envisagé de renforcer la Loi sur la concurrence pour permettre au bureau de prendre plus de mesures, par exemple, d'exiger la production de données pour réaliser des études de marché efficaces et complètes.
Pouvez-vous confirmer que vous convenez que la concurrence est une bonne chose et que vous êtes d'accord de donner plus de pouvoirs au Bureau de la concurrence?
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour. Je vous remercie de m’avoir invité à m’entretenir de nouveau avec vous et à discuter des mesures que Loblaw prend pour aider les Canadiens.
Bien que le pic de l’inflation semble passé, nous savons que l’augmentation du prix des aliments continue d’avoir un impact réel sur les Canadiens qui veulent nourrir leur famille tout en équilibrant leur budget. C’est encore plus difficile aujourd’hui où presque tous les prix ont tellement augmenté, y compris les loyers, le chauffage et le carburant, ce qui laisse moins d’argent pour des produits de première nécessité, comme les produits alimentaires.
Il est consternant de constater que les Canadiens sont près de 80 % plus nombreux à avoir recouru aux banques alimentaires cette année qu'en 2019. Nous devons tous faire plus face à cette situation. C’est une responsabilité que nous prenons très au sérieux et sur laquelle toute l’équipe de Loblaw continue de travailler.
Au cours des deux derniers mois, nous avons participé activement aux discussions avec le gouvernement, nous avons fait part de nos idées et fourni des détails sur les mesures que nous avons prises. Comme nous le soulignons dans notre récente lettre au Comité, nous avons cherché à réduire sensiblement le coût d’un panier de 35 articles dans des catégories qui comptent le plus pour les clients, comme le lait, le beurre, les oeufs et le poulet. Ces produits essentiels figurent dans presque tous les paniers d’épicerie et représentent près de 10 % de nos ventes.
Nous proposons ces économies dans des programmes de prix et de promotions que les clients comprennent et auxquels ils répondent le mieux. Ces programmes contribuent à améliorer la situation. Permettez-moi de vous donner un exemple concret.
Prenons les pilons de poulet dont le coût pour nous a augmenté de 30 % depuis 2019. Cependant, les investissements que nous consentons pour faire baisser les prix font que le prix moyen de ce produit sur les 12 dernières semaines est inférieur de 4 % au prix d'il y a quatre ans. Ce résultat s'ajoute à la stratégie de très bas prix de tous les jours de nos magasins à escompte, où nous vendons régulièrement des produits comme les bananes, le sucre et le lait à un prix inférieur à leur prix coûtant.
Nous sommes tous les jours en concurrence avec d’autres grandes chaînes canadiennes, avec des multinationales comme Walmart et Costco, des chaînes régionales, des indépendants locaux et des entreprises en ligne, comme Amazon. Le marché canadien de l'épicerie est très concurrentiel. Nous savons que si nous n’offrons pas une réelle valeur, les clients iront et vont acheter ailleurs.
Depuis début septembre, nous avons fait économiser encore plus d'argent à nos clients grâce à nos points PC Optimum et à nos prix réservés aux membres, ainsi qu’à des programmes tels que les Prix rétro chez No Frills et la campagne Maxi Merci au Québec, qui a servi plus de 2,2 millions de clients.
Nous sommes également le seul épicier national à toujours avoir un programme d’alignement des prix dans tous nos magasins à escompte. Chaque année, plus de 10 millions de clients profitent de ce programme. En l’espace de deux mois seulement, nous avons ainsi égalé les offres de nos concurrents à hauteur de 38 millions de dollars.
Enfin, en plus de ces mesures immédiates, nous investissons autrement dans les collectivités en ouvrant plus de magasins à escompte sur plus de marchés. Ainsi, d’ici la fin de l’année prochaine, nous aurons ajouté près de 70 magasins à escompte, nouveaux ou convertis, ce qui nous permettra d'offrir à deux millions de Canadiens supplémentaires la meilleure combinaison de qualité et de valeur dans le pays — en moyenne, à 20 % moins cher que dans un magasin sans escompte.
Ces efforts paient. Nous surveillons de près les prix dans nos magasins et les taux d’inflation à la caisse. Par rapport à l’IPC des denrées alimentaires de Statistique Canada, qui était de 5,4 % en octobre 2023, notre taux d’inflation interne est de 5,1 %. Quand nous prenons en compte les produits réellement achetés dans nos magasins, notre taux d’inflation interne est déjà inférieur à l’IPC global.
Nous faisons notre part pour aider à stabiliser le prix des produits alimentaires pour nos clients, mais comme nous l’avons dit à maintes reprises, nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Des études récentes de la Banque du Canada et du Bureau de la concurrence montrent que les épiceries ne sont pas responsables du prix élevé des aliments. Nous ne pouvons donc pas contrer unilatéralement les pressions inflationnistes.
Comme je l’ai expliqué au Comité plus tôt cette année, nous ne dégageons qu’un dollar de bénéfices par tranche de 25 $ de produits alimentaires vendus. Autrement dit, même si l’industrie ne réalisait aucun bénéfice, une facture de 25 $ coûterait quand même 24 $.
Il est important de souligner que les fournisseurs, qui représentent de 70 à 80 % du prix des produits, restent largement absents de cet effort. Malheureusement, nous n’avons encore reçu aucune proposition de réduction de prix de la part de fabricants. Au contraire, nombreux sont ceux qui nous ont déjà annoncés ou qui ont déjà commencé à nous soumettre des augmentations de prix plus élevées que prévu pour l’an prochain.
Il y a tout de même de bonnes nouvelles. Les prix des produits alimentaires sont clairement en train de se stabiliser, mais nous craignons que le Code de conduite des épiceries ne ralentisse cette tendance.
Quand j'ai comparu devant le Comité, il y a six mois, je me suis déclaré favorable à un code équitable, équilibré et empreint de réciprocité. J’ai également souligné qu’un code unilatéral qui priverait les détaillants de la possibilité de tenir les fournisseurs responsables de leurs engagements risquerait d’entraîner une hausse des prix. Les grands principes du Code sont louables, mais il n’en reste pas moins que, lorsque l’on en analyse les détails de la version actuelle, on constate que le risque de hausses des prix et de rayons vides est important.
Il est évident que ce sujet soulève bien des passions. Afin qu’il puisse faire l’objet de discussions éclairées, nous avons fourni aux membres du Comité la toute dernière version du Code et les détails de nos préoccupations. J'aimerais vous faire part d'un exemple précis. La version actuelle du processus de résolution des litiges donne aux fabricants la possibilité, en cas de litiges sur des augmentations de prix, de recourir à un mécanisme faisant intervenir une tierce partie qui n’a pas encore été défini. En Australie, cette tierce partie se prononce en faveur des augmentations dans la quasi-totalité des cas. Si cela s'était produit au Canada depuis le début de l’année dernière, les pressions inflationnistes se seraient accentuées et auraient coûté 750 millions de dollars de plus aux consommateurs.
Ce risque est bien réel et il justifie à lui seul une pause. Trois autres aspects du Code présentent des risques, aux articles 2.5, 3.4 et 4.4. Nous exposons ces risques dans la documentation communiquée au Comité. Je me ferai un plaisir d'offrir une perspective plus détaillée sur l'un ou l'autre, mais selon nous, chacun est très susceptible d'entraîner des augmentations de prix de détail ou une diminution de la quantité de produits dans les rayons.
Je tiens à dire que je suis perplexe quant à la raison pour laquelle d’autres dirigeants de l’industrie affirment de manière aussi confiante que le Code peut stabiliser les prix, alors qu'il n'a jamais été prévu pour cela. Les discussions sur le Code ont commencé avant que l’inflation s'installe. La version locale de ce code n’a pas aidé à stabiliser les prix au Royaume-Uni, en Australie ou en Irlande au cours des deux dernières années, et l’inflation sur le prix des produits alimentaires n'y est pas inférieure à celle que connaît le Canada. Je crains donc que, malgré notre enthousiasme collectif à l’idée d’offrir aux Canadiens une baisse sensible du prix des produits alimentaires, nous nous dirigions avec espoir vers quelque chose qui fera exactement le contraire, simplement parce que l'idée semble bonne. J'invite donc le Comité à examiner de plus près les détails.
Nous sommes tout à fait d’accord pour dire qu’il est possible d’améliorer la collaboration entre les détaillants et les fabricants, et il y a certainement des choses que nous pouvons faire différemment de notre côté. Nous agissons déjà dans ce sens. Il y a quelques semaines, nous avons annoncé notre nouveau programme pour les petits fournisseurs qui offre des avantages concrets à plus de 1 000 fabricants afin de réduire les coûts et les risques que comporte le fait de faire affaire avec nous.
Quoi qu'il en soit, nous ferons plus. Nous restons absolument ouverts à la bonne version du Code, mais nous ne devons pas l'adopter aux dépens de nos clients. La raison d'être de Loblaw est d'aider les Canadiens à vivre bien. Nous serons toujours prêts à faire notre part et à participer à ces discussions. Nous défendrons les intérêts de nos clients même si c'est impopulaire.
Nous nous réjouissons de l’intérêt soutenu du Comité.
Je vous remercie.
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Il est certain que nous allons adhérer au Code. Nous avons toujours dit que nous allions adhérer au Code. Nous devons simplement adhérer à un code qui n'augmente pas le risque de hausser le prix des aliments pour les Canadiens. Nous sommes fermement convaincus que le Code, dans sa version actuelle, aura cet effet.
Comme je l'ai dit, le Code a été élaboré dans le but d'améliorer les relations entre les fabricants et les détaillants. Il n'a jamais été conçu pour faire baisser les prix des aliments. Nous sommes actuellement dans une situation très différente, dans laquelle les prix des aliments ont augmenté de manière générale.
À mon avis, l'idée que les épiciers sont le problème fait partie de ce qui a orienté le dialogue dans la mauvaise direction. J'ai ici une liste de fabricants qui ont tous affirmé que les augmentations de prix ont été la source de leurs excellents rendements au cours des 12 derniers mois. Cela comprend les résultats trimestriels de Pepsi, de Nestlé, de Kraft, de Procter & Gamble, et j'en passe. Il s'agit de grands fabricants multinationaux, et le Code de conduite renferme plusieurs dispositions qui réduisent la capacité des épiciers à négocier âprement avec ces fournisseurs.
L'an dernier, nous avons pu faire obstacle à 18 % de ce que nous estimions être des augmentations de coûts injustifiées dans l'ensemble du secteur. Selon le libellé actuel du Code, notre capacité à le faire sera gravement restreinte.
Il est tout à fait évident que, dans ce cas précis, cela engendrera des augmentations de coûts plus importantes pour les fabricants, ce qui se traduira par des prix plus élevés pour les consommateurs.
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Les prix des aliments sont la raison la plus importante pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, et je peux vous dire que Loblaw croit de tout coeur à une rémunération équitable. Nous offrons des salaires parmi les plus compétitifs du secteur.
Il n'en demeure pas moins qu'une grande partie de nos collègues travaillent à temps partiel, et la raison en est que les clients ne font pas leurs courses tout au long de la journée. Ils font leurs courses le soir et le week-end, et nous avons donc besoin de gens qui travaillent le soir et le week-end. Il doit y avoir des quarts de travail et des emplois à temps partiel.
Les emplois à temps partiel ont tendance à avoir des taux de rémunération plus proches du salaire minimum. Comme vous le savez, nous avons un régime de salaire minimum dans toutes les provinces qui est maintenant indexé sur l'inflation. Depuis 2019, le salaire minimum a augmenté de plus de 20 %, et la rémunération de notre main-d'oeuvre syndiquée, soit la majeure partie de nos employés, a augmenté proportionnellement à cette hausse du salaire minimum.
Il y a toujours des possibilités, mais nous devons nous assurer que nous sommes une organisation productive et efficace, et nous devons le faire en nous assurant que nous payons, évidemment, les salaires justes pour le secteur. Si vous prenez notre salaire moyen en tant qu'entreprise, il dépasse les 19 $ l'heure, ce qui est considéré, en général, comme un salaire décent.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Weston, merci d'être revenu nous voir en personne. Je vous en suis reconnaissante. Il y a tellement de questions que je pourrais vous poser.
Entre autres choses, je tiens à parler des mesures que notre gouvernement a prises pour résoudre les problèmes à long terme dans notre pays. Il s'agit, par exemple, des plastiques P2.
Évidemment, en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, comme vous l'avez dit, l'augmentation du coût des produits d'épicerie a été motivée en grande partie par... En fait, nous avons entendu la dernière fois qu'un des magasins s'attend à ce que le prix du jus d'orange augmente de 38 % en raison des effets du climat sur les récoltes dans différents pays.
Je sais que c'est la mission des gens d'affaires de se concentrer sur le profit à court terme et la valeur pour l'actionnaire. C'est le rôle du gouvernement de penser à des enjeux plus larges et pas forcément au court terme.
Au sein du comité de l'environnement, où je siège actuellement, nous étudions l'eau potable. Les microplastiques présents dans l'eau et leurs effets sur la santé humaine suscitent de vives inquiétudes. Bien sûr, cela a une incidence énorme sur les coûts des soins de santé à long terme. Je vous suis reconnaissante de travailler sur des solutions à ce problème en tant qu'utilisateur majeur de plastiques.
Nous devons trouver un équilibre entre l'établissement d'objectifs ambitieux pour motiver les gens et leur demander d'opérer des changements, et la prise en compte des incidences pour les entreprises. Vous avez dit que vous ne pensiez pas que l'échéancier de deux ans et demi était raisonnable pour trouver une solution. Vous y travaillez depuis un certain temps. Le secteur connaît notre ambition et notre volonté de protéger la santé des Canadiens en apportant ces changements.
Pourquoi pensez-vous qu'il n'y a pas eu de solution, et quand pensez-vous qu'elle pointera à l'horizon?
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C'est une excellente question.
Je dirais que nous sommes une entreprise familiale. Notre famille est dans ce secteur d'activité depuis quatre générations, et nous pensons donc nous aussi au long terme. C'est pourquoi nous sommes si ambitieux dans nos objectifs vers la carboneutralité. C'est pourquoi je copréside un effort mondial pour les détaillants du secteur manufacturier de trouver des moyens de réduire les déchets plastiques dans l'ensemble du secteur.
Des entreprises représentant un chiffre d'affaires de plus de 2 000 milliards de dollars dans le secteur manufacturier et le commerce de détail servent à respecter ce que nous appelons les « règles d'or de conception » pour réduire les déchets plastiques. Nous sommes de fervents défenseurs de la responsabilité élargie des producteurs, une innovation canadienne. Nous pensons que c'est en modifiant la conception du système que nous obtiendrons les résultats les plus probants.
Nous devons travailler en étroite collaboration avec les ministères de l'Environnement à l'échelle provinciale et fédérale pour nous assurer de mettre en place des politiques qui sont réalisables et qui vont réellement avoir un effet constructif.
Cette mesure contre les P2 est un objectif très ambitieux, mais elle n'est pas facile à mettre en oeuvre. En fait, je pense que je dirais qu'il est impossible de le faire dans ce délai.
De combien de temps de plus avons-nous besoin? Je ne connais pas la réponse, mais je peux vous dire ceci: je trouve vraiment encourageant le degré de mobilisation du secteur, globalement, à cet égard, je pense donc que nous y parviendrons.
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Merci, madame Taylor Roy.
Monsieur Weston, je vais exercer ma prérogative et prendre quelques minutes pour poser quelques questions. J'essaierai de faire le plus vite possible.
Une partie de votre déclaration liminaire portait sur le fait que le Code de conduite n'allait pas forcément réduire les prix des produits d'épicerie. Je suis d'accord avec vous sur ce point. Nous devons être très transparents sur ce que le Code fait et ne fait pas. Nous ne pouvons pas dire aux Canadiens qu'un code de conduite des épiciers va entraîner une baisse considérable des prix, mais notre comité a également une obligation envers la chaîne d'approvisionnement et les agriculteurs qui approvisionnent vos magasins.
Vous avez parlé de votre inquiétude au sujet de l'augmentation des prix. Je regarde un graphique de M. Charlebois, qui présente les augmentations de prix sur 10 ans dans les pays qui ont un code et dans ceux qui n'en ont pas. Je constate que beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte dans le prix des aliments, mais je veux approfondir ce que vous nous avez fourni plus précisément.
Vous avez évoqué l'article 2.5, et j'aimerais le lire au bénéfice de tous. Il stipule ce qui suit:
Aux fins du Code, un accord est tout ce qui définit les éléments matériels d’une relation entre les parties commerciales. Il peut s’agir de contrats, de factures, de bons de commande, de connaissements, de courriers électroniques et d’autres formes de documents mutuellement acceptés qui témoignent d’une entente entre les parties.
J'ai exercé le métier d'avocat pendant une brève période. Je ne possède peut-être pas l'expérience de certains de vos avocats en droit des affaires chez Loblaw, mais si vous avez un courriel, un connaissement ou un paiement quelconque, il est certain qu'il y a été question du prix auquel le produit allait être facturé. Je comprends que ce n'est peut-être pas l'accord commercial inattaquable que vous recherchez, mais je pense à un agriculteur de ma circonscription qui vous fournit des produits. L'un de vos agents chez Loblaw dit: « Écoutez, nous allons acheter des tomates à un prix x ». Il s'agit d'un contrat, alors explicitement, qu'est‑ce que...?
Vous parlez de négocier de bonne foi. Ce sont des exemples, à tout le moins, d'un accord commercial entre votre société et un fournisseur. Pourquoi cela ne vous suffit‑il pas? Pourquoi ce code pose‑t‑il problème, précisément?
Vous parlez de négocier de bonne foi, alors qu'est‑ce qui ne correspond pas explicitement...? S'il y avait une facture ou un bon de commande, il y a forcément eu une conversation sur les conditions. Peut-être que ces accords ne sont pas aussi exclusifs ou haut de gamme que ceux conclus avec un grand fabricant de produits alimentaires, mais pourquoi pose‑t‑il un si grave problème pour vous?
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Ce sera ma dernière question, très brièvement.
Vous avez parlé de l'exécution des commandes. Vous dites aux consommateurs: « Écoutez, nous allons avoir tel produit à tel prix ». Vous avez ensuite dit que les fabricants de produits alimentaires ne fournissent pas le produit que vous attendiez.
Nous avons entendu des exemples, tant en privé et même devant notre comité, je pense, de la possibilité que des amendes importantes soient infligées si quelqu'un ne fournissait que 98,5 % de la quantité de produits attendus. Selon vous, quelle est la proportion raisonnable? Si vous demandez 50 000 unités d'un certain produit et qu'on en livre que 98,5 %, est‑il raisonnable qu'un détaillant en alimentation soit en mesure d'imposer de tels frais?
Je comprends que vous voulez des certitudes. Je le comprends, monsieur Weston, mais dans certaines circonstances, cela peut augmenter les coûts des aliments tout au long de la chaîne d'approvisionnement, des coûts qui sont répercutés sur les consommateurs. Dans un tel contexte, qu'est‑ce qui est raisonnable?
Lorsque j'examine la disposition, on dit qu'il y a une clause sur le caractère raisonnable de sorte que l'on ne peut pas imposer une amende à moins que l'entreprise n'ait vraiment pas exécuté sa commande dans une mesure flagrante par rapport aux modalités commerciales.