Bonjour, chers collègues. Je m'excuse pour le retard.
Nous avons des problèmes de son avec M. Turnbull. Nous allons essayer de les résoudre, mais nous allons commencer. D'après ce que j'ai compris, M. Turnbull n'a pas de questions à poser au cours de cette première heure. Je pense donc que nous pouvons continuer pour respecter l'horaire prévu. J'espère qu'avant de passer à la deuxième heure de discussion sur le rapport environnemental sur l'agriculture, M. Turnbull sera de nouveau en ligne.
Nous allons continuer avec ce qui est prévu pour cette réunion.
Chers collègues, bienvenue à la réunion numéro 69 du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes.
La réunion d’aujourd’hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d’information pour nos invités, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l’ensemble du Comité.
Monsieur Wiseman, je sais que vos enfants vous regardent, mais il est interdit de faire des captures d'écran montrant les prouesses de papa aujourd'hui.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Si l'interprétation est interrompue, veuillez m'en informer immédiatement et nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie avant de reprendre le travail.
Je demande à nos invités d'attendre que je les nomme avant de parler. Vous verrez le voyant rouge de votre microphone s'allumer et vous pourrez alors commencer. Lorsque vous vous exprimez, veuillez parler le plus lentement et le plus succinctement possible pour les interprètes.
Je rappelle à mes collègues que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 17 mai, le Comité reprend l'examen du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la faillite et l’insolvabilité et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (fiducie réputée — fruits et légumes périssables).
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons aujourd'hui Ron Lemaire, président de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Nous avons également Brad Wiseman, dirigeant principal des finances de EarthFresh Farms Inc.
Vous disposerez chacun de cinq minutes au plus pour faire vos observations liminaires. Je vous ferai signe lorsqu'il vous restera une minute pour conclure vos commentaires, puis nous commencerons à entendre les questions des membres de ce comité.
Nous allons commencer par M. Wiseman, de EarthFresh Farms. Vous disposez de cinq minutes. Allez‑y.
Merci beaucoup.
EarthFresh Farms Inc. est une entreprise canadienne de produits frais établie à Burlington en Ontario, spécialisée dans la culture, le conditionnement et la distribution de pommes de terre, en particulier de pommes de terre biologiques et de variétés exclusives de qualité supérieure, à des détaillants et à des services alimentaires au Canada et aux États-Unis.
Avec plus de 15 000 acres de ses propres variétés de pommes de terre, l'entreprise produit le plus grand stock de pommes de terre exclusives en Amérique du Nord. Au total, nous expédions 450 millions de livres de pommes de terre aux Canadiens d'un océan à l'autre. Nous disposons également de quatre installations de conditionnement. Nous en avons une à l'Île‑du‑Prince-Édouard, qui est la plus grande installation de conditionnement de pommes de terre fraîches. Notre siège social se trouve à Burlington, en Ontario. À Millgrove, en Ontario, nous avons une installation de culture, de conditionnement et d'entreposage. Nous avons une nouvelle installation à Atlanta, en Géorgie, où nous sommes également membres de la PACA.
J'aimerais remercier Agriculture et Agroalimentaire Canada pour son soutien continu, le Conseil national de recherches et le Programme d'aide à la recherche industrielle pour l'aide qu'ils nous ont apportée en vue de stimuler la croissance et l'innovation, ainsi que pour les avantages considérables du soutien du Canada à tous les projets qu'il a financés. Nous aimerions remercier Innovation Canada pour le programme de Service de croissance accélérée auquel nous sommes très fiers de participer.
Je vous remercie de me permettre de témoigner au sujet du projet de loi . Je suis heureux de voir à quel point nous sommes proches du but, mais il reste encore du travail à faire. Je suis ici pour représenter les transformateurs canadiens et souligner les difficultés financières que le projet de loi entraînera dans l'ensemble de la chaîne de valeur. La chaîne de valeur comprend les producteurs, les transformateurs, les grossistes, les détaillants, les services alimentaires et enfin le consommateur final. Le projet de loi engendrera une hausse des prix pour le consommateur final due à l'augmentation du coût de l'emprunt pour les besoins en fonds de roulement à chaque étape de la chaîne de valeur.
Les points clés sont les suivants:
En veillant à ce que les producteurs canadiens soient protégés par le projet de loi dans sa version actuelle, on créera, pour les entreprises de transformation comme EarthFresh, des montants à payer prioritaires à l'égard des producteurs. Les montants à payer prioritaires, comme les salaires, les impôts et les coûts associés au régime de retraite, sont déduits du calcul du coût des opérations et des services bancaires, et de la capacité d'emprunt. Les transformateurs perdront donc une partie de leurs facilités d'emprunt.
Les entreprises de l'ensemble de la chaîne de valeur seront obligées d'investir des réserves importantes ou de trouver d'autres sources de financement à taux d'intérêt élevé, car rien ne garantira ces facilités. Les entreprises de l'ensemble de la chaîne de valeur seront donc confrontées à des difficultés considérables pour se développer et innover.
Les prix pour le consommateur final pourraient augmenter d'au moins 5 %, car les entreprises devront trouver d'autres solutions de financement, comme l'affacturage des comptes débiteurs ou l'assurance des comptes débiteurs.
En tant que membres de l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, à laquelle nous sommes très fiers d'appartenir et avec laquelle nous travaillons beaucoup, nous avons discuté des difficultés auxquelles se heurteraient les transformateurs. Malheureusement, dans sa forme actuelle, le projet de loi n'offre pas la bonne solution. En outre, il convient d'effectuer plus de recherches pour comprendre les problèmes financiers importants qu'il entraînera dans toute la chaîne de valeur.
Nous avons abordé les principales préoccupations, mais à l'heure actuelle, l'analyse des répercussions financières sur l'ensemble de la chaîne de valeur est encore insuffisante. Nous devons prendre notre temps. Nous devons travailler avec le secteur des prêts, les banques, pour déterminer comment ils interpréteront le projet de loi à l'heure actuelle. Nous ne pouvons pas le faire après coup, car son adoption dans sa forme actuelle créerait un fardeau financier considérable pour l'ensemble de la chaîne de valeur.
Nous avons l'occasion de faire les choses correctement avant de passer à l'étape suivante. J'ai examiné l'analyse dont nous disposons actuellement. Elle date de 2015. Nous devons donc effectuer un travail supplémentaire.
En outre, les banques américaines actuelles déduisent les créances prioritaires de la capacité d'emprunt. C'est ce que confirme ma propre expérience en matière de financement direct auprès d'institutions bancaires nationales et régionales américaines.
En résumé, je me réjouis à l'idée de poursuivre les discussions sur les problèmes et les solutions. J'aimerais également formuler les suggestions suivantes:
Quantifier les répercussions sur les transformateurs et les autres entreprises agroalimentaires. Pour ce faire, nous devons entamer des conversations directes — c'est selon moi le point le plus important — avec les institutions bancaires canadiennes, avec Financement agricole Canada et Exportation et développement Canada, en notant que la majorité des entreprises de Financement agricole Canada bénéficient de prêts à terme qui ne sont garantis que par des actifs autres que le fonds de roulement; avec un plus grand nombre d'entreprises de la chaîne de valeur; et, enfin, avec des avocats d'affaires possédant une connaissance approfondie du financement au Canada et aux États‑Unis.
Merci.
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Bonsoir, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Au nom de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, je tiens à remercier le Comité de me donner l'occasion de m'exprimer au sujet du projet de loi , Loi sur la protection financière pour les producteurs de fruits et légumes frais.
L'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes représente plus de 830 entreprises qui cultivent, conditionnent, expédient et vendent des fruits et légumes frais au Canada. Nous soutenons le projet de loi , car il s'agit d'un outil essentiel et adapté à une industrie unique et qui ne bénéficie actuellement d'aucune protection. L'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes souscrit également aux témoignages du 12 juin, qui justifient et appuient le projet de loi.
C'est dans cette perspective de diversité de ses membres que l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes tient à souligner l'importance de maintenir les dispositions actuelles du projet de loi qui offrent une protection financière à tous les fournisseurs de produits frais. J'aimerais également déposer, dans les deux langues officielles, une lettre envoyée plus tôt ce printemps à tous les députés par 35 organisations nationales et régionales de tout le pays, exprimant leur soutien à cette importante législation pour l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
Comme l'ont souligné les témoins précédents, tous les fournisseurs de la chaîne d'approvisionnement en fruits et légumes frais sont essentiels à la stabilité du marché. Les conditionneurs, les grossistes, les courtiers et autres jouent un rôle d'intermédiaire essentiel entre les producteurs, les détaillants et les services alimentaires, et il est essentiel qu'ils bénéficient de la protection nécessaire pour garantir que les paiements puissent être effectués dans l'ensemble de la chaîne et, en fin de compte, arrivent au producteur. Que se passe‑t‑il lorsque ces fournisseurs font faillite et ne peuvent pas payer l'agriculteur, ou quand ils se retirent tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas faire de bénéfices? L'agriculteur n'est pas payé et la Loi sur la faillite et l'insolvabilité n'offre pas de protection efficace aux vendeurs de fruits et légumes frais au Canada, en raison du caractère hautement périssable de leurs produits et des délais de paiement plus longs du secteur.
Lors de la réunion du Comité du 12 juin, des questions ont été posées sur la définition du terme « fournisseur de fruits et légumes » et sur la question de savoir si le projet de loi pourrait bénéficier aux détaillants. Il est vrai que les détaillants opèrent souvent dans des écosystèmes fermés où les produits sont achetés et distribués par des centres et vendus à des magasins, à des succursales ou dans le cadre d'autres relations commerciales, et qu'ils fonctionnent en fait comme des grossistes. Nous devons également reconnaître que, dans le cadre de cette relation commerciale, les producteurs de fruits et légumes frais exigent toujours un paiement pour leurs produits, paiement qui pourrait être compromis si la protection de la fiducie présumée se limitait au premier niveau de vente.
À titre d'exemple, lors de la faillite de Target Canada en 2015, Sobeys Wholesale, avec qui l'entreprise avait conclu un contrat pour l'approvisionnement en fruits et légumes et autres produits alimentaires, a dû auto-assurer une dette de trois millions de dollars. Si elle ne l'avait pas fait, l'effet domino sur l'industrie canadienne des fruits et légumes aurait été considérable.
En vertu des dispositions actuelles du projet de loi , tous les fournisseurs bénéficieraient de la même protection. Cette définition du terme « fournisseur » est essentielle pour assurer une protection équivalente à celle prévue par la PACA des États-Unis, qui couvre tous les fournisseurs de la chaîne. Le projet de loi permettrait donc au Canada d'obtenir et de rétablir la protection réciproque pour les vendeurs canadiens qui a été perdue en vertu de la PACA, en 2014.
Le 12 mai 2016, le département de l'Agriculture américain a envoyé une lettre d'engagement à M. Gorrell, qui était alors sous-ministre adjoint d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, confirmant les étapes nécessaires à la réciprocité et à la mise en place de systèmes comparables, notamment l'octroi obligatoire de licences aux négociants en fruits et légumes frais au niveau fédéral, la disponibilité, la comparabilité et l'efficacité des systèmes de règlement des différends, les pouvoirs d'enquête et d'exécution, et un régime de fiducie réputée similaire, qui permettrait d'obtenir des résultats comparables à ceux du système de la PACA aux États-Unis. Nous avons trois de ces quatre éléments.
Pour conclure, je dirai que le chemin a été long. Il y a maintenant une volonté politique et un soutien unanime en deuxième lecture. C'est un signe clair de l'importance du projet de loi et de la nécessité de faire avancer cette loi. Ce faisant, vous fournirez un outil vital qui stabilisera un système fragile. J'encourage le gouvernement à agir le plus rapidement possible.
Nous tenons à remercier et toutes les personnes présentes dans cette salle pour leur soutien à l'avancement de ce dossier important.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence et de leur témoignage.
Monsieur Wiseman, j'aimerais commencer par vous poser une question.
Dans cette loi, le projet de loi , la disposition n'entrerait en vigueur qu'après 30 jours de non‑paiement, et 35 à 40 jours est le délai à partir duquel la plupart des banques considéreraient que la dette est mauvaise et refuseraient de la financer. Les paiements en arrérages sont souvent échelonnés et effectués partiellement sur une période beaucoup plus longue. Pensez-vous que cette loi aura un effet sur le financement des comptes débiteurs?
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Il y a beaucoup d'incertitude autour de cette loi. Nous devons obtenir des banques des indications claires sur la manière dont elles l'interpréteront. Il s'agit d'une créance prioritaire et elle passera donc avant la banque. Par conséquent, comme pour toute autre créance prioritaire, étant donné qu'elle primera sur la banque, elle sera considérée comme une déduction.
Si une entreprise paie ses créances prioritaires dans les délais, tout va bien. C'est ce que font les bonnes entreprises comme EarthFresh. Si les banques estiment qu'il ne s'agit pas d'une créance prioritaire, tout ira bien, mais il y a beaucoup d'incertitude.
Dans le passé, et sur la base de notre expérience, s'il y a une créance prioritaire et qu'elle prime sur la banque, elle est déduite. Nous devons donc obtenir des précisions dès maintenant de la part des banques pour déterminer comment elles interpréteront ce projet de loi. Nous n'avons pas encore d'indications claires. C'est pourquoi nous devons prendre notre temps et voir comment elles interpréteront le projet de loi.
Je comprends votre point de vue, et ce serait formidable, mais nous ne savons toujours pas comment elles l'interpréteront.
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Monsieur Wiseman, personne ne passe d'un arrérage de 30 jours à la faillite. Les choses ne fonctionnent pas de cette manière. Il y a un processus de déclaration de faillite. Même selon les Comptables professionnels agréés du Canada, le processus prend environ 45 jours. C'est ce que disent les comptables.
Où se situe le décalage entre l'interprétation que font les banques du fonctionnement de ce projet de loi et celle de votre organisation? Nous avons entendu d'autres témoins et ils n'ont pas soulevé cette question. En fait, je n'ai entendu personne au sein de l'industrie mentionner ce problème ou dire qu'il pense que les banques interpréteraient ce projet de loi...
Aux États-Unis, cela ne pose pas de problème, et le fonctionnement de leur loi est semblable.
Je n'ai entendu aucun commentaire des banques à ce sujet. Vous êtes le seul à en parler. S'il n'est pas logique qu'une banque ne finance plus votre passif avec une période de seulement cinq jours, à moins que l'on ait emprunté trop d'argent et qu'il n'y ait pas d'actifs...
S'agit‑il d'une situation particulière, qui est peut-être propre à votre banque? Pourquoi êtes-vous la seule entreprise qui semble avoir cette préoccupation? Même les organisations n'ont pas soulevé cette question, y compris l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes ici présente.
Nous avons mené un sondage auprès des grossistes de tout le pays. Dans le cadre de ce travail, tout le monde a conclu que les relations de financement sont propres à la situation de chaque entreprise.
Nous comprenons que cela peut avoir une incidence sur des organisations particulières et que certaines d'entre elles pourraient courir un risque. Toutefois, lors de nos entretiens avec les prêteurs principaux du portefeuille agricole dans le secteur bancaire, ils ont pu voir comment cette mesure assurerait la stabilité du marché, comme l'ont expliqué les témoins précédents.
De plus, nous reconnaissons que les systèmes du Canada et des États-Unis, bien qu'ils soient différents, présentent de nombreuses similitudes. En ce qui concerne le mécanisme d'emprunt aux États-Unis, par exemple, même s'ils reconnaissent la créance prioritaire, ils l'excluent également des programmes de prêts, et c'est la même chose dans le régime d'emprunt.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être des nôtres.
Pour tout dire, EarthFresh Farms se trouve dans ma circonscription. Je suis très fière d'y être allée à maintes reprises.
Monsieur Lemaire, nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années lorsque vous défendiez les intérêts de votre association.
Monsieur Wiseman, je me demande si nous pourrions parler un peu des banques.
Est‑ce une situation qui est propre à EarthFresh, ou est‑ce parce qu'EarthFresh est la seule entreprise à s'être manifestée? Je voudrais simplement faire suite aux observations de Mme Rood. Je me demande si vous pouvez expliquer d'où vient l'incertitude que vous ressentez.
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Tout à fait, et je vous remercie de la question.
Cette situation ne touche pas uniquement EarthFresh Farms Inc. Lorsque vous avez une installation d'exploitation en guise de fonds de roulement, la banque vous accorde un prêt et adosse une marge à vos comptes débiteurs, qu'elle prend en garantie. Ainsi, lorsque vous faites vos calculs, on vous dit: « D'accord, déduisez vos créances prioritaires. » Comme je l'ai déjà fait remarquer, les créances prioritaires englobent les charges sociales, les retenues d'impôt et les fonds de pension; il s'agit de coûts vraiment minimes qui sont déduits parce que les entreprises les paient toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Le projet de loi créerait une situation où toutes les créances deviendraient prioritaires. Elles seraient entièrement déduites du calcul des fonds d'exploitation et, pour beaucoup d'entreprises spécialisées dans le domaine des fruits et légumes frais, il ne leur resterait rien.
Comme je l'ai mentionné, il y a d'autres sources de financement, des sources non garanties, mais elles sont assorties de taux d'intérêt plus élevés. Nous devons obtenir des éclaircissements de la part du secteur bancaire quant à la façon dont il interprétera cela. Cette situation touchera l'ensemble de la chaîne de valeur, c'est‑à‑dire les transformateurs, les grossistes et, éventuellement, les détaillants et les exploitants de services alimentaires. C'est pourquoi nous avons besoin de précisions sur la façon dont les banques effectueraient le calcul et l'interpréteraient à partir du calcul de la capacité d'emprunt.
Il s'agit d'une question très importante dont nous devons parler en toute transparence. Je prends le temps de vous dire qu'il faut bien faire les choses. Nous avons là une excellente occasion. Le projet de loi peut offrir beaucoup de sécurité et renforcer l'industrie, mais faisons les choses comme il faut et prenons notre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être des nôtres aujourd'hui. Nous leur sommes reconnaissants de mettre de leur temps à notre disposition.
Monsieur Wiseman, je veux être certain de bien comprendre vos craintes.
Vous dites qu'on ne sait pas comment vont réagir les banques. Ce n'est pas la première fois qu'on nous parle d'une espèce de peur qu'éprouveraient les banques, qui, en fin de compte, se trouveraient à descendre d'un cran dans la priorité des créances, pour dire les choses simplement.
Cependant, comme cela ne pose pas de problème aux États‑Unis, pourquoi cela en poserait-il un au Canada? Où est la différence?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs Wiseman et Lemaire, je vous remercie tous les deux d'être ici et d'aider notre comité dans son étude du projet de loi .
J'ai aussi quelques questions sur le crédit. Ce n'est pas la première fois qu'on soulève la question, mais je crois que c'est la première fois qu'elle est soulevée par un témoin, en l'occurrence par M. Wiseman.
D'après les conversations que nous avons eues avant la présentation de ce projet de loi, le gouvernement a exprimé certaines préoccupations à cet égard. J'ai également eu des conversations avec le personnel de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Je crois que, dans l'une de ces conversations, on a beaucoup parlé des États-Unis et de la façon dont, en fait, cette fiducie apporte une plus grande stabilité, ce qui pourrait inciter les prêteurs à voir d'un œil plus favorable la personne qui a besoin de ce crédit.
Je crois qu'il a été mentionné que l'industrie avait fourni un livre blanc rédigé par un avocat ou un économiste dont le cabinet avait travaillé avec des banques des deux côtés de la frontière pour appuyer cette mesure.
Monsieur Lemaire, êtes-vous au courant de cela? Est‑ce que ce document pourrait être produit et déposé auprès du Comité afin que tous les membres puissent y avoir accès?
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Je serais heureux de vous le transmettre.
Comme je l'ai mentionné, nous faisons ce travail depuis un certain temps. Ce document est l'un des premiers que nous avons utilisés pour soutenir notre position dans certaines de nos discussions avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada ainsi qu'avec Agriculture Canada, où ils examinaient une approche semblable sur le risque d'accès aux capitaux. Je vais utiliser le mot « risque », parce que je pense que c'est exactement ce que nous examinons. Quel est le risque?
Lorsque nous regardons ce qui se passe aux États-Unis et ce que nous avons constaté dans le cadre de notre sondage et de nos conversations avec l'industrie, nous observons que le risque est minimisé grâce au modèle de stabilité créé par la fiducie. Si la fiducie était indépendante, sans la Corporation de règlement des différends dans les fruits et légumes, la discussion serait différente, mais nous avons tous les morceaux du casse-tête.
Monsieur Lemaire, je vais passer à un autre point soulevé par rapport au projet de loi, à savoir qu'il est loin d'être prouvé qu'il est même nécessaire. Lors de notre réunion du 12 juin, nous avons entendu dire qu'il n'y a pas assez de données statistiques fiables. Pour beaucoup de gens, lorsqu'un cas d'insolvabilité survient quelque part dans la chaîne, le producteur peut tout simplement se retirer et ne pas en parler.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Vous pourriez peut-être nous donner un peu plus de détails sur le processus de paiement en sens inverse, soit jusqu'au début de la chaîne d'approvisionnement. Dans certains cas, il peut s'écouler pas mal de temps après la mise en marché du produit par le producteur.
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Oui. C'est la complexité de la chose. Ce pourrait être un modèle de négociant ou d'emballeur. Cela pourrait venir du détaillant. Si nous partons du détaillant et qu'il fait des achats auprès d'un négociant, ce dernier paie ses producteurs. Il peut y avoir trois et parfois même quatre étapes, selon qu'il s'agit d'un grand détaillant, d'un détaillant indépendant ou de l'endroit où l'on se trouve au pays. La complexité et la circulation des produits ne sont pas linéaires. Cela ressemble davantage à une toile.
Je pense que l'élément le plus important qui entre en jeu ici, c'est votre commentaire sur la façon dont nous allons concrètement aborder et régler ce que nous avons entendu au début de la part du gouvernement et sur la voie à suivre. Je pense qu'un élément important — et M. Wiseman soulève un très bon point —, c'est qu'il y a un processus d'éducation. Le défi que nous avons, cependant, c'est le temps. Si nous tardons à faire adopter le projet de loi, nous ne pourrons pas bénéficier de la nature réciproque de la PACA lorsque nous retournerons aux États-Unis. Cela nuit à de nombreux exportateurs.
Dans un monde idéal, peu importe le projet de loi qui va de l'avant, il y a un délai de un à deux ans avant que quoi que ce soit ne se produise. Nous avons une marge de manœuvre et un échéancier approprié pour travailler avec les banques afin de nous assurer qu'elles comprennent ce que c'est, mais aussi ce que ce n'est pas, et qu'elles puissent le situer et le faire progresser afin de protéger l'industrie et l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
J'ai une question pour M. Lemaire.
Quelles seraient les conséquences si la mise en œuvre du projet de loi actuel, au lieu de se faire rapidement, s'étalait plutôt sur une période de cinq ans, par exemple, comme le recommande M. Wiseman? Je trouve cela un peu particulier. On fait beaucoup allusion aux banques, mais la grande majorité des gens qui nous ont interpellés sont des producteurs ou travaillent dans le domaine de la transformation.
Selon vous, quelles seraient les conséquences si on étalait la période de mise en œuvre de ce projet de loi?
Monsieur Wiseman, je suis quand même un peu surpris d'entendre vos propos aujourd'hui. Il faut dire que nous n'avons pas entendu très souvent ce genre de propos ici, à ce comité, et ce n'est pas la première fois que nous nous penchons sur la question de l'insolvabilité et des conséquences sur nos producteurs.
Qu'est-ce qui vous amène, aujourd'hui, à nous lancer ce cri à la dernière minute, si je peux me permettre de m'exprimer ainsi? Les banques doivent être dans le coup, en effet, mais je pense qu'elles seront capables de s'ajuster en fonction du projet de loi qui sera sur la table. Je ne sais pas si je m'exprime bien, mais je trouve cela un peu particulier.
Pourquoi, de votre côté, monsieur Wiseman, se préoccupe-t-on aujourd'hui de cet enjeu si important pour les banques?
:
Je vous remercie de la question.
Au cours des derniers mois, nous avons eu un dialogue direct avec l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Nous collaborons étroitement avec elle. Nous siégeons au conseil d'administration de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes.
Pour aller de l'avant avec une feuille de route... Vous avez la majorité, mais vous n'avez toujours pas la majorité. Je ne connais pas le pourcentage exact des entités qui pourraient être touchées. J'ai discuté directement avec les membres de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes et ceux qui ont participé à ce dossier. Nous leur avons fourni des preuves directes de la nature des problèmes.
Le projet de loi a franchi l'étape de la deuxième lecture, et nous en sommes maintenant à celle de l'étude en comité. Nous devons bien faire les choses. Il faut que les institutions bancaires fassent une analyse pour déterminer comment elles vont l'interpréter. Voilà le risque.
Nous ne voulons pas créer un risque dans toute la chaîne de valeur, où le coût du capital aura une incidence à tous les niveaux. C'est ce qui me préoccupe. J'appuie l'industrie. Nous voulons bien faire les choses. Assurons-nous de faire l'analyse et de bien faire les choses.
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Je vous remercie de la question.
EarthFresh Farms Inc. est une entreprise canadienne de produits frais établie à Burlington, en Ontario. Nous sommes producteur, emballeur et distributeur de pommes de terre, plus particulièrement de pommes de terre biologiques et de variétés exclusives de qualité supérieure, pour les détaillants et les services alimentaires partout au Canada ainsi qu'aux États-Unis. Avec plus de 15 000 acres de ses propres variétés de pommes de terre, l'entreprise produit le plus grand stock de pommes de terre exclusives en Amérique du Nord. Dans l'ensemble, nous emballons et expédions 450 millions de livres de pommes de terre chaque année d'un océan à l'autre pour nourrir les Canadiens.
Nous avons quatre installations d'emballage, dont une à l'Île-du-Prince-Édouard, soit à East Point, près de Surrey. C'est la plus grande installation d'emballage de produits frais de l'île.
Notre siège social est situé à Burlington. À Millgrove, où nous cultivons des pommes de terre, nous avons une installation d'emballage et d'entreposage. Enfin, nous avons une nouvelle installation à Atlanta, en Géorgie, qui dessert toute la côte Est et le centre des États-Unis.
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C'est parfait. Merci beaucoup.
Vous avez parlé tantôt de la complexité de la chaîne complète, qui comprend les vendeurs, les emballeurs et ainsi de suite, et de l'importance de ne pas changer le vocabulaire. De plus, il faudrait ajouter dans le projet de loi une précision selon laquelle il faut absolument payer le producteur à l'origine.
Auriez-vous d'autres recommandations à faire? Selon vous, aurions-nous besoin d'apporter d'autres amendements au projet de loi ou devrions-nous l'adopter tel quel? Avez-vous d'autres commentaires à formuler à l'intention du Comité?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Lemaire, j'étais content d'entendre Mme Damoff soulever la question de l'incidence économique. Lorsque M. a témoigné ici pour présenter son projet de loi, il parlait d'un agriculteur dans sa circonscription et de la façon dont les répercussions économiques sont liées à la certitude. Cet agriculteur se demandait toujours s'il devait planter une plante ou une autre, parce qu'il ne savait pas s'il serait payé.
Nous avons aussi entendu Keith Currie, président de la Fédération canadienne de l'agriculture. Voici ce qu'il a dit:
Non seulement le projet de loi assurerait une protection financière, mais il ne faut pas perdre de vue la confiance qu'il donne aux producteurs pour qu'ils puissent non seulement cultiver une année donnée, mais aussi faire croître leurs activités, prendre de l'expansion. Il y a l'apport économique que cela représente, non seulement pour la zone rurale immédiate avec des emplois supplémentaires, mais aussi pour toutes les collectivités que cela va soutenir et faire grandir à l'avenir, ainsi que la question de la sécurité alimentaire, à la fois à l'échelle nationale et internationale.
Voulez‑vous ajouter quelque chose aux remarques de M. Currie sur le lien entre la certitude et les répercussions économiques? Avez‑vous réalisé une analyse des incidences si nous permettions aux entreprises canadiennes locales d'élargir leurs activités?
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Aucune analyse en bonne et due forme n'a été faite, simplement en raison du nombre élevé de cultivateurs et de la diversité de la chaîne d'approvisionnement, mais je suis d'accord avec le témoignage de M. Currie, comme je l'ai mentionné, ainsi qu'avec celui des témoins du 12 juin.
Comme je l'ai déjà indiqué, je sens qu'on se concentre ici sur la protection contre la faillite, mais il s'agit d'un modèle destiné à favoriser la stabilité. Si on l'applique correctement, en tenant compte du risque et de toute la chaîne d'approvisionnement, il permettra aux entreprises de continuer d'investir dans l'innovation, la main‑d'oeuvre et la croissance. Nous avons été chanceux, mais malheureusement, il y a eu la faillite de Lakeside récemment et celle de quelques petits détaillants indépendants. Cela dit, un cultivateur, une entreprise de conditionnement ou un exportateur seraient protégés en cas de faillite, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
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Merci beaucoup, monsieur MacGregor.
Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais poser une brève question à chacun d'entre vous, à titre de président.
Monsieur Wiseman, vous avez souligné qu'EarthFresh a des activités aux États‑Unis et que vous devez respecter la PACA, comme toutes les entreprises américaines.
Pourquoi serait‑il plus risqué d'appliquer ce système au Canada plutôt qu'aux États‑Unis, puisque vous fonctionnez déjà dans ce système là‑bas?