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Chers collègues, la séance est ouverte.
Je remercie tout le monde de sa patience. Nous devons évidemment nous assurer que les interprètes peuvent comprendre nos témoins, notamment pour les membres francophones du Comité. Tout le monde a passé le test et nous devrions tous pouvoir aller de l'avant.
Nous poursuivrons, puisque le temps nous est compté.
Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes tient aujourd'hui sa 31e séance.
Je dois procéder à quelques rappels, que je ferai très rapidement pour que nous puissions continuer.
La séance se déroule en format hybride. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. La diffusion Web montrera toujours la personne qui parle et non le Comité en entier. Comme il est interdit de faire des captures d'écran au cours de la séance, je vous prierais de ne pas en prendre pendant la présente séance.
Je demanderais aux membres qui participent en personne à la séance de garder à l'esprit les directives sur le port du masque du Bureau de régie interne et les protocoles de la Chambre des communes.
Je voudrais formuler quelques remarques à l'intention de nos témoins.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts au cours de la présente séance. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en aviser immédiatement, et nous veillerons à ce que le service soit rétabli avant de poursuivre.
Attendez que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous assistez à la séance par vidéoconférence, cliquez sur votre microphone pour activer votre micro. Pour les personnes dans la salle, le microphone sera contrôlé par l'agent des délibérations et de la vérification.
Je demanderais à tous, particulièrement aux personnes qui participent à la séance par vidéoconférence, de parler lentement et intelligiblement à l'intention des interprètes et de s'assurer que leur micro est activé. Je rappelle également à tous les députés et les témoins de toujours adresser leurs observations à la présidence.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous recevons Brendan Byrne, président des Grain Farmers of Ontario, qui témoigne par vidéoconférence; Branden Leslie, gestionnaire de la politique et des relations gouvernementales des Producteurs de grains du Canada; et M. Raymond Orb, président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities.
Chacun d'entre vous disposera de cinq minutes pour faire une allocution d'ouverture, après quoi nous procéderons à des tours de questions. Je lèverai la main pour vous signaler qu'il vous reste environ une minute, particulièrement à ceux qui témoignent par vidéoconférence.
Je demanderais à M. Byrne, des Grain Farmers of Ontario, de commencer.
Vous disposez de cinq minutes. Vous pouvez y aller.
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Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui. Comme il s'agit d'un sujet qui trône au sommet des préoccupations des agriculteurs membre de notre association, je suis enchanté d'avoir été invité ici aujourd'hui.
Je m'appelle Brendan Byrne et je suis président des Grain Farmers of Ontario. Avec ma famille, j'exploite une ferme à Essex, à proximité de la frontière de Windsor. C'est le temps des récoltes pour nos membres, et sur notre ferme, nous récoltons des fèves de soya, et autour de moi, la récolte du maïs a également commencé, comme partout dans la province.
Je veux commencer mon allocution en remerciant les membres du Comité d'examiner cet important projet de loi. C'est une question qui intéresse nos membres, qui suivent le dossier et posent des questions à ce sujet. Il est donc important que nous témoignions aujourd'hui.
Il importe que nos cultivateurs de grains soient exemptés de la taxe sur le carbone pour cinq raisons.
Premièrement, c'est pour éviter le gaspillage. Les grains doivent être séchés pour être entreposés, sinon, ils pourriront et seront inutilisables.
Deuxièmement, il faut disposer de systèmes de séchage du grain fiables. En ayant un approvisionnement fiable en énergie et une technologie de séchage du grain éprouvée, les agriculteurs peuvent sécher leurs grains en peu de temps et sous n'importe quelles conditions météorologiques.
Troisièmement, il n'y a pas de solutions de rechange. Certaines idées et solutions potentielles sont envisagées, mais aucune n'a prouvé qu'elle pouvait effectuer l'ampleur du travail à faire en Ontario. De plus, il n'est pas clair si ces solutions réduiraient réellement les émissions de carbone. L'Union européenne délaisse les technologies comme les séchoirs à biomasse en raison de leur profil d'émissions de carbone, et CBC a révélé la semaine dernière que la combustion de la biomasse ligneuse est pire que celle du charbon.
Quatrièmement, nos agriculteurs sont incapables de réduire le prix du carbone. Nous sommes des preneurs de prix. Nous considérons qu'il vaudrait mieux que l'argent reste dans les mains des agriculteurs pour qu'ils puissent continuer d'innover sur leur ferme afin de tenter de trouver des manières et des solutions pour améliorer leur empreinte carbone.
Cinquièmement, le remboursement qui a été présenté cet automne est loin de ce qui est payé en réalité. Ce sont moins de 15 % des sommes versées par les cultivateurs de grains qui leur sont remboursées par le gouvernement.
Je veux expliquer brièvement comment le séchage du grain fonctionne en Ontario. Le maïs, par exemple, doit avoir un taux d'humidité de 15 % pour être entreposé ou expédié. En septembre, les plants de maïs cessent de croître. Nous attendons alors que mère Nature sèche le plus possible des grains, notamment par l'action du vent, du soleil et des effets naturels de la météo. Nous devons cependant récolter le maïs avant que la température ne nous en empêche.
Une fois dans les champs, nous découvrons exactement quel sera le taux d'humidité du maïs. À cette étape, nous sommes entièrement à la merci de la météo; le temps compte donc quand vient le temps de récolter les cultures. Habituellement, le taux d'humidité du maïs est de 20 à 28 % quand nous le récoltons, pour ensuite le sécher afin de l'expédier à un taux d'humidité acceptable. C'est une tâche assez dure comme cela pour nos agriculteurs.
Le séchage du grain s'effectue en temps réel. Pendant la semaine de la récolte, le séchoir peut fonctionner 24 heures sur 24. Nous devons prendre soin de ne pas trop sécher le grain et de ne pas le faire trop rapidement pour ne pas endommager le maïs. Nous voulons nous assurer qu'il puisse servir à la consommation humaine et animale et aux multiples usages auxquels il peut servir.
Les séchoirs nous permettent actuellement de sélectionner l'énergie nécessaire et de la réduire si la température devient trop élevée. Le séchage du grain constitue une partie essentielle de la récolte. Si nous ratons notre coup, nous n'avons pas de récolte à vendre et nous produisons moins d'aliments.
Dans huit ans, les cultivateurs de grains de l'Ontario pourraient payer jusqu'à 2,7 millions de dollars en raison du prix du carbone payé pour le séchage du grain. Tout cet argent sort de nos poches. Les agriculteurs ne peuvent refiler ces frais à personne d'autre. Ils doivent tout simplement payer la note et assumer les frais. Comme je l'ai indiqué, le remboursement actuellement offert est loin d'être égal aux sommes versées.
La culture en serre est exemptée du prix du carbone, et le séchage du grain devrait l'être également. Le projet de loi nous accorderait le temps de trouver des solutions viables et de veiller à ce qu'il existe une feuille de route potentielle en matière d'innovation et de mise en œuvre, avec une chaîne d'approvisionnement en place pour appuyer le tout.
Il s'agit d'une entreprise d'envergure qui a des conséquences sur la sécurité alimentaire et l'approvisionnement en aliments. Nous devons donc agir avec beaucoup de doigté.
Je vous remercie une nouvelle fois de votre attention. Si vous n'avez pas assisté au séchage du grain, nous pouvons certainement vous fournir une vidéo, qui dure environ trois minutes. Je tiens à remercier tous les membres du Comité de prendre le temps d'examiner ce projet de loi, et nous sommes impatients d'avoir une bonne discussion.
Je vous remercie beaucoup.
Bonjour. Je m'appelle Ray Orb et je suis président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities, aussi connue sous l'acronyme SARM. Je suis né, j'ai grandi et je vis dans la petite communauté de Cupar, une localité de 625 habitants située au nord-est de Regina.
Je voudrais remercier le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de m'offrir l'occasion de lui faire part des réflexions de l'Association alors qu'il se penche sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre.
L'Association est composée d'administrations municipales rurales de la Saskatchewan et est le porte-parole des régions rurales de la province depuis plus de 100 ans. Aujourd'hui, je vous présenterai le point de vue de ceux que nous représentons en vous expliquant l'incidence qu'aura le projet de loi proposé sur notre moyen de subsistance dans les régions rurales de la Saskatchewan.
Le projet de loi prend le relais du projet de loi , mort au Feuilleton au cours de la dernière législature, avant les élections fédérales. Comme vous le savez, le projet de loi C‑206 a été adopté à la Chambre des communes, mais n'a pas été entièrement approuvé par le Sénat.
Tout comme elle appuyait le projet de loi , la SARM appuie actuellement le projet de loi . Ce dernier offrirait à nos membres un répit économique dont ils ont grandement besoin en leur permettant de libérer les fonds de roulement dont ils ont besoin pour mettre en œuvre des innovations sur leurs fermes.
Les séchoirs à grains sont utilisés pour contribuer au séchage des grains humides pour qu'ils puissent être adéquatement entreposés. Ces dernières années, les automnes ont été particulièrement humides au Canada, ce qui nous a obligés à utiliser des séchoirs à grains. En 2020, les séchoirs à grains ont fonctionné pendant des durées records, et les agriculteurs ont payé des sommes supérieures aux estimations de la taxe sur le carbone du gouvernement fédéral. Des études récentes montrent que les agriculteurs de la Saskatchewan peuvent s'attendre à ce que la taxe sur le carbone leur fasse perdre 8 % de leurs revenus nets totaux. Pour un ménage gérant une ferme céréalière de 5 00 acres en Saskatchewan, la somme pourrait s'élever de 8 à 10 000 $.
Nos membres se préoccupent fort des répercussions du régime de tarification du carbone sur l'utilisation inévitable d'énergie pour sécher le grain ou chauffer les installations abritant les animaux. Nous faisons valoir depuis des années que les producteurs ne peuvent pas refiler ces frais supplémentaires à leurs clients et que cette taxe réduit encore leur viabilité financière. Les frais supplémentaires de la taxe sur le carbone ne peuvent pas contribuer à résoudre le problème des émissions de carbone.
La Saskatchewan compte certains des producteurs agricoles les plus verts du monde. La plupart des terres cultivées ne sont pas labourées, nos producteurs utilisant un système de semis direct qui perturbe peu le sol. L'agriculture sans labour non seulement capte plus de carbone, mais elle réduit aussi l'érosion du sol et la quantité de carburant nécessaire sur les fermes. La Saskatchewan Soil Conservation Association étudie le stockage du carbone depuis des années, et grâce à ses recherches, elle a découvert que les producteurs de la Saskatchewan stockent 9,64 millions de nouvelles tonnes de dioxyde de carbone chaque année sur 28 millions d'acres.
La taxation sur la production alimentaire est le fruit d'une vision à court terme et ne constitue pas une solution. Si nous ne travaillons pas ensemble pour trouver des solutions, le nombre d'agriculteurs et de fermes continuera de diminuer au Canada et nous perdrons la sécurité alimentaire dont nous jouissons.
En terminant, au nom des municipalités et des régions rurales de la Saskatchewan, nous remercions le Comité permanent de nous avoir offert l'occasion de nous faire entendre dans cette importante conversation. Nous espérons un dialogue constant alors que nous travaillons tous ensemble pour favoriser les intérêts de tous les Canadiens.
Je vous remercie.
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Bonjour, monsieur le président et honorables députés. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Je m'appelle Branden Leslie et je suis gestionnaire de la politique et des relations gouvernementales pour les Producteurs de grains du Canada. Ces derniers représentent 65 000 producteurs de grains, de légumineuses et d'oléagineux par l'entremise de leurs 14 organisations nationales, provinciales et régionales du Canada.
Les agriculteurs canadiens jouissent depuis longtemps d'une réputation de gérants responsables de l'environnement, car ils adoptent les meilleures pratiques environnementales dès qu'il est possible de le faire.
Le secteur canadien du grain est fier de sa réputation durement gagnée, lui qui figure parmi les plus importants producteurs de grains sécuritaires, durables et de haute qualité du monde, et dont les exportations de céréales, d'oléagineux et de légumineuses apportent plus de 30 milliards de dollars à l'économie canadienne chaque année.
Notre secteur est également fier de son record d'intensification durable de la production alors que le monde réclame plus d'aliments et de carburants propres, et cherche à réduire ses émissions et à augmenter le stockage du carbone. Cette intensification durable de la production est l'œuvre des agriculteurs, qui réinvestissent leurs profits dans leurs exploitations sous la forme de machines, de technologies et de pratiques de gestion bénéfiques qui, toutes ensemble, réduisent les émissions et accroissent l'efficacité opérationnelle.
Voilà pourquoi le projet de loi constitue une mesure législative essentielle, que nos membres appuient sans réserve.
En raison des changements climatiques, nous constatons une augmentation de la nécessité de sécher les grains. En plus d'une augmentation constante de la tarification sur la pollution qui s'applique au propane et au gaz naturel utilisés pour sécher les grains, les agriculteurs doivent aussi encaisser des augmentations de coûts faramineuses sans pouvoir se tourner vers d'autres sources de carburant. Même si de nouvelles sources de carburant potentielles font leur apparition pour le séchage du grain, en réalité, ces sources ne sont pas encore viables du point de vue commercial à l'heure actuelle. En outre, il faudra des années pour les perfectionner et pour apporter les modifications nécessaires aux infrastructures, le cas échéant.
Vu les coûts d'exploitation élevés de l'utilisation du propane ou du gaz naturel, il existe actuellement un signal de prix qui incite les producteurs à utiliser judicieusement ces carburants, car il n'existe aucun avantage à sécher les grains plus que nécessaire pour les vendre ou les entreposer. Ainsi, la plupart des agriculteurs ont déjà effectué des investissements substantiels pour moderniser leurs séchoirs afin de les rendre les plus efficaces possible, laissant peu de place à des améliorations dans ce domaine.
Il est juste de dire qu'aucun agriculteur ne veut dépenser d'argent pour faire sécher son grain; les cultivateurs le font par nécessité et espèrent certainement que des options plus économiques et à moindres émissions s'offriront dans un avenir pas trop lointain. D'ici là, toutefois, ils n'ont d'autre choix que d'utiliser le propane et le gaz naturel pour sécher leurs grains, ce qui fait de la tarification sur la pollution une taxe punitive et non un signal axé sur le marché les encourageant à changer de sources de carburant. À l'heure actuelle, la situation fait simplement en sorte que les agriculteurs ont moins d'argent dans leurs poches pour entreprendre le processus nécessaire pour éviter que leur produit ne pourrisse pendant l'entreposage.
Le gouvernement fédéral a tacitement admis la nature lacunaire de la tarification de la pollution imposée sur le propane et le gaz naturel utilisés sur les fermes en offrant le programme de remboursement dans le cadre du projet de loi . Même si nous lui sommes reconnaissants d'admettre que les agriculteurs n'ont pas le choix d'utiliser ces carburants actuellement, le fait est que le remboursement est un outil mal calibré qui ne permet pas de rembourser équitablement les agriculteurs pour le carburant qu'ils utilisent. Ainsi, selon la culture qu'ils font, ils pourraient ne recevoir qu'un faible pourcentage du prix payé dans le cadre de leurs activités.
C'est pourquoi l'exemption prévue dans le projet de loi est supérieure au régime de remboursement. Avec cette exemption en place, les agriculteurs canadiens demeureront concurrentiels et auront plus de fonds de roulement à réinvestir dans leurs exploitations, ce qui se traduira par plus de résultats environnementaux tangibles et plus de réductions des émissions.
Le séchage du grain est nécessaire pour assurer la qualité des grains. Le fait de taxer cette pratique ne permettra pas de réduire les émissions et nuira plutôt à la capacité des familles d'agriculteurs à investir dans des innovations durables.
Il est prouvé qu'un réinvestissement dans des machines ou des technologies modernes mène à des réductions des émissions. Les agriculteurs canadiens ont besoin d'une politique, de l'encouragement de l'innovation des pratiques de gestion exemplaires et d'autres outils d'adoption qui remettent les fonds de roulement dans leurs poches. Ils sont confrontés simultanément à l'augmentation des prix des intrants, à la hausse des taux d'intérêt et à la croissance de la dette qu'ils doivent contracter pour financer l'équipement et les terres agricoles. Pour un grand nombre d'entre eux, donc, chaque dollar compte.
Il importe en outre de souligner que l'adoption de ce projet de loi n'éliminerait pas entièrement le prix du carbone et les signaux connexes intégrés aux frais du transport et des autres intrants que les agriculteurs utilisent, des frais qui leur sont refilés. À titre de preneurs de prix, ils sont incapables de transmettre ces coûts au reste de la chaîne.
Au bout du compte, les économies qu'effectueraient les agriculteurs si le projet de loi est adopté ne compenseraient qu'un faible pourcentage de leurs coûts d'exploitation, mais elles auraient certainement une incidence sur leur bilan financier.
En adoptant le projet de loi , le Parlement admettrait les importants efforts de durabilité que les agriculteurs ont entrepris et continueront d'entreprendre, et leur permettrait de réinvestir l'argent dans leurs exploitations afin de réduire les émissions et d'améliorer les indicateurs environnementaux sur les fermes. Nous exhortons tous les partis à appuyer l'adoption rapide de ce projet de loi.
Je vous remercie. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être des nôtres aujourd'hui pour discuter de ce sujet très important.
Un thème commun que j'ai entendu tout au long des témoignages que nous venons de recevoir, c'est le fait que les coûts assumés par les agriculteurs — surtout en ce qui concerne la taxe sur le carbone pour le séchage de leurs grains, dans ce cas particulier — ne peuvent pas être refilés au consommateur. Cela signifie que les agriculteurs ont plus de mal à joindre les deux bouts et qu'ils ne réalisent pas les bénéfices nécessaires pour pouvoir continuer à exploiter leur ferme.
Si nous continuons à appliquer des politiques de ce genre, je prévois que ces prix obligeront certains agriculteurs à cesser leurs activités. La nouvelle génération ne pourra pas prendre la relève des fermes familiales, parce que les gens n'en auront tout simplement pas les moyens. Sans agriculteurs, nous n'aurons pas de nourriture.
Cette question est particulièrement pertinente dans ma circonscription, où l'agriculture domine et où l'on produit beaucoup de maïs, de soja et de grain. J'ai rendu visite à un cultivateur de maïs en fin de semaine. Il possède un nouveau système de séchage à la fine pointe de la technologie. La plupart des gens ne comprennent pas qu'il faut mettre le maïs dans le séchoir afin de réduire son taux d'humidité avant de pouvoir l'entreposer.
J'ai une question pour le représentant des Grain Farmers of Ontario.
Pour revenir à ce que je disais, j'ai appris que cette ferme doit utiliser un séchoir pendant six heures afin que son maïs soit suffisamment sec pour être entreposé. Il sera ensuite transformé en éthanol ou en aliments pour animaux. Les agriculteurs font tourner ces machines 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Parfois, cela peut durer un mois; d'autres fois, trois semaines, voire six semaines. Nous avons connu un automne très pluvieux. Le taux d'humidité est élevé en Ontario ces jours‑ci. Il y a aussi un risque de maladie si on ne récolte pas le maïs dès maintenant, à cause des précipitations récurrentes.
Qu'est‑ce que les agriculteurs recevront en remboursement de la taxe sur le carbone par rapport à ce qu'ils paient réellement? À mes yeux, un montant de 800 $ semble être une goutte d'eau dans l'océan pour quelqu'un qui doit faire fonctionner, 24 heures sur 24, un séchoir à grains au propane ou au gaz naturel.
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Je peux commencer par là.
Cela variera d'un endroit à l'autre dans la province, en fonction du taux d'humidité dans les champs de maïs et de la quantité qui est utilisée. J'ai parlé à des cultivateurs de grains qui ont payé l'an dernier une facture de 8 000 $ rien qu'en taxe sur le carbone pour faire sécher leurs grains. Compte tenu de l'escalade des prix d'ici 2030, vous n'avez pas tort de dire que les fermes familiales seront en péril. Beaucoup de gens redoutent les politiques qui s'abattent sur eux, qu'il s'agisse des redevances sur le carbone ou les engrais, et ils se demandent comment ils vont s'en sortir.
Le coût des intrants n'a jamais été aussi élevé. Il n'y a pas beaucoup de certitude dans le secteur agricole. Nous sommes à la merci de la météo. À mon avis, lorsqu'on ajoute quelque chose comme la taxe sur le carbone, il devient très difficile pour les agriculteurs de prévoir leurs bénéfices nets. Les prix sont bons, mais certaines régions ont été frappées par une très grave sécheresse. Le rendement de la récolte de maïs de cette année sera probablement inférieur de 30 à 40 % à celui des années précédentes.
Je sais que, dans une région comme la vôtre, madame Rood, on cultive beaucoup de maïs de qualité, mais je sais aussi que certaines régions ont été touchées par la sécheresse. Maintenant que le temps pluvieux est au rendez-vous, il y a certainement un risque de maladie.
Il est donc urgent de récolter les cultures. À ce stade‑ci, honnêtement, les agriculteurs sont très préoccupés par la récolte. Ils pensent chaque jour à ce qui les attend, à la prochaine hausse des coûts et à la manière dont ils vont surmonter cette situation afin de pouvoir un jour céder leur ferme à leur famille. Certains prennent des décisions difficiles et disent ne pas être sûrs de pouvoir y arriver.
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Merci, monsieur le vice-président. Je suis heureux de vous voir occuper cette fonction.
Quel plaisir de retrouver mes collègues au Comité. J'ai beaucoup aimé travailler avec vous dans le passé, et j'ai hâte de collaborer à nouveau avec vous à l'avenir.
Ma première question s'adresse à M. Byrne.
Je suis content de vous voir. Je sais que vous êtes occupé en ce moment, puisque c'est la saison des récoltes. Je suis heureux que vous ayez pris le temps de comparaître devant notre comité. Dans le cadre de l'ancien projet de loi, il avait été question d'inclure une disposition de caducité. J'essaie simplement de savoir ce que vous en pensez. Le Comité devrait‑il envisager une éventuelle disposition de caducité?
Certains témoins reconnaissent qu'il faut du temps pour innover dans le secteur agricole et pour effectuer des essais. Ceux qui utilisent des séchoirs à grains nous disent souvent qu'il n'y a pas encore de technologies viables du point de vue commercial. Certains les ont adoptées, mais ces solutions ne sont pas facilement accessibles.
Seriez-vous contre l'application d'une disposition de caducité, disons jusqu'en 2030, ou envisagez-vous plutôt une exemption permanente?
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D'accord. Merci, monsieur Byrne. Je vous comprends.
Ma prochaine question s'adresse à M. Leslie. Je suis heureux de vous voir devant le Comité. Je m'en voudrais de ne pas dire que nous avons travaillé ensemble, vous et moi, avant cette comparution devant le Comité.
C'est le même genre de question: seriez-vous en faveur d'une éventuelle disposition de caducité? Normalement, c'est mon collègue, M. MacGregor, qui s'en occuperait, mais il n'est pas là. C'est donc moi qui poserai ces questions, mais pas nécessairement en son nom. Pensez-vous que si nous fixions l'échéance à 2030, cela donnerait suffisamment de temps pour créer l'innovation nécessaire dans le secteur?
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Je vous remercie de votre question, monsieur Drouin.
Il est difficile de prédire à quoi ressemblerait l'innovation. J'aimerais beaucoup pouvoir dire que, dans huit ans, plus de la moitié des séchoirs canadiens seront convertis à une autre source de carburant. Voilà qui serait sans doute un peu exagéré. Cela aurait pu être possible il y a 10 ans, en 2006, mais maintenant que nous sommes en 2022 et que nous sommes saisis du projet de loi , je pense qu'un délai de 10 ans serait raisonnable.
Je comprends que nous voulons maintenir le signal de prix. Selon l'intention du gouvernement, la tarification de la pollution a sa raison d'être. Je pense que nous comprenons cela. Le problème que pose cette nuance particulière quant à l'utilisation du propane et du gaz naturel, c'est qu'une telle mesure n'est tout simplement pas applicable en l'absence d'un incitatif. Il n'y a aucune forme d'encouragement.
Je crois qu'il est raisonnable de vouloir maintenir cela. Toutefois, je ne voudrais pas avoir à recommencer ce processus en 2032. Selon moi, il serait important d'avoir un décret ou un mécanisme quelconque permettant au gouvernement en place de dire: « D'accord, nous espérions que plus de 50 % des agriculteurs adoptent un nouveau combustible pour le séchage du grain ou le chauffage et le refroidissement des bâtiments d'élevage, mais ce n'est pas encore le cas. »
Je vais peut-être passer à votre deuxième question sur les technologies propres. Je pense qu'il est absolument nécessaire de maintenir cela. Si nous voulons ajouter la disposition de caducité, il sera important de nous assurer d'avoir le financement nécessaire pour que ces nouvelles technologies soient adoptées et utilisées à la ferme. À mon avis, l'approche à deux volets restera nécessaire.
Je pense qu'il est raisonnable d'avoir une disposition de caducité, tant que le gouvernement pourra toujours appliquer l'exemption, de sorte que les agriculteurs ne soient pas soudainement obligés de payer une taxe sur le carbone de 170 $ la tonne. Ce serait alors un véritable coup dur, du point de vue de leurs dépenses d'exploitation.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
Je souhaite la bienvenue à nos amis qui sont de retour au Comité.
Je vais d'abord m'adresser à M. Orb.
Vous dites que votre association est la voix des régions rurales. Je veux juste m'assurer d'avoir bien compris ce que vous disiez tantôt, au sujet du remboursement de la taxe carbone. Les producteurs reçoivent, en moyenne, un remboursement qui équivaut à 13 % de ce qu'ils ont payé. Est-ce exact?
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Encore une fois, c'est problématique.
Le maïs est un bon exemple. Le maïs doit être séché. Il est récolté avec un taux d'humidité trop élevé et il doit être séché pour être stocké. Vous pouvez récolter une culture céréalière à un taux d'humidité correct de 13, 14 ou 15 %. Vous pouvez enlever cette humidité par séchage à l'air sans avoir à utiliser de combustible fossile pour chauffer le maïs. Lorsque l'année se révèle humide — 2019 est un bon exemple et, à certains endroits, cette année même —, vous devez baisser de quatre ou cinq points.
L'application de cette taxe manque d'uniformité. La raison pour laquelle cela pose problème et qui me porte à croire que l'exemption est préférable, c'est qu'en supposant qu'une année donnée, vous soyez en mesure de faire sécher toutes vos céréales sans avoir recours à votre séchoir, vous pourrez quand même, aux termes du projet de loi , être admissible à un remboursement en fonction de vos dépenses globales, même si vous n'utilisez aucun des combustibles auxquels nous tentons de nous attaquer cette année.
C'est la raison pour laquelle je crois que l'option la plus uniforme serait de permettre l'exemption de ceux qui utilisent les combustibles à cette fin plutôt que de recourir à des remboursements inégaux basés, en fin de compte, sur votre utilisation — ou non — de combustibles.
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Merci de me recevoir au Comité, monsieur le président.
Je tiens à féliciter d'avoir présenté ce projet de loi. C'est un grand jour lorsque le Parlement se réunit et vote ensemble, surtout pour une proposition du NPD. Je suis ici au nom de , et c'est un honneur de célébrer cette victoire aujourd'hui pour nous tous au Parlement.
Je présume que ma question... Je m'excuse parce qu'une partie de cette question sera quelque peu répétitive, mais elle s'inscrit dans le thème de nos interrogations. Le Comité a entendu dire que les progrès technologiques qui permettraient aux agriculteurs de sécher leur grain sans utiliser de propane ou de gaz naturel ne seront probablement pas disponibles et économiquement viables avant une dizaine d'années. Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de la mise en œuvre d'une disposition de caducité pour cette exemption, disposition aux termes de laquelle, après une période de 10 ans, la loi reviendrait au libellé actuel?
Monsieur Byrne, souhaitez-vous dire quelque chose à ce sujet?
Au chapitre des progrès technologiques, je sais que mon collègue, , a interrogé Agriculture et Agroalimentaire Canada au sujet des technologies émergentes, et Natasha Kim, sous-ministre adjointe à AAC, a déclaré que le gouvernement avait investi 1,5 milliard de dollars pour aider les agriculteurs à réduire les émissions de carbone au moyen de pratiques et de technologies durables. Toutefois, lorsqu'on lui a demandé précisément quelles étaient les nouvelles technologies pour le séchage des grains, elle a fait référence aux programmes de gestion des risques de l'entreprise.
Monsieur Leslie, vous avez en quelque sorte souligné le fait que nous ne savons pas où nous serons dans 10 ans et quels soutiens seront là. Pouvez-vous nous parler des innovations qui se profilent à l'horizon pour l'industrie du séchage des grains, du temps qu'il faudra pour les commercialiser et des mesures de soutien qu'il faudra prévoir à cet égard?
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Bien sûr. Je dirais, à la défense du gouvernement, qu'il y a eu un programme consacré uniquement aux séchoirs à grains. Le problème, c'est que les séchoirs à grains sont des machines qui coûtent cher. Pour en moderniser un ou en acheter un nouveau, il faut prévoir des centaines de milliers de dollars. Même un fonds de 20 millions de dollars ne sera pas en mesure d'accomplir beaucoup, puisqu'il s'agit de moderniser des dizaines de milliers de séchoirs à grains dans tout le pays ou d'en construire de nouveaux, plus efficaces. En ce qui concerne les progrès technologiques dans le contexte d'une période de 10 ans, ce sera tout un défi.
Pour ce qui est de la nécessité d'examiner les résultats de l'utilisation d'autres sources de chaleur, on a pensé à la biomasse. L'une des idées mises de l'avant était d'utiliser la paille qui est actuellement... Vous savez, après la récolte, il y a de la paille dans le champ. Quelles seraient les conséquences de repasser la herse dans ce champ? Combien de diesel faudra‑t‑il pour rassembler cette paille, la mettre en botte, la conserver et la brûler si nécessaire? Quelle incidence cela aurait‑il sur les matières organiques contenues dans le sol? Il pourrait y avoir des ramifications.
L'industrie forestière, qu'il s'agisse de produits du bois, pourrait peut-être fournir des possibilités. Je ne sais pas quels pourraient en être les répercussions, mais je pense que nous devons examiner la question d'une manière holistique, dans une certaine mesure. D'accord, peut-être que ces sources de carburant sont possibles, mais quels effets auront‑elles sur le facteur x? Ensuite, dans le contexte de la conversion de dizaines de milliers de séchoirs, quels besoins en matière de fabrication faudra‑t‑il prévoir pour faire en sorte que chacune de ces exploitations puisse profiter de ces innovations, et à quelle échelle pouvons-nous réellement le faire?
En ce qui concerne votre question sur les 10 ans, je pense que c'est ambitieux. Je pense que nous sommes d'accord si cela signifie l'adoption de ce projet de loi, et nous voyons d'un bon œil l'enchâssement d'une disposition de caducité. C'est pourquoi je reviens à l'idée de recourir à un mécanisme — un décret ou autre chose — pour faire en sorte que cela se produise si les choses peinaient à se matérialiser dans les délais prévus. Je pense que nous aimerions tous voir — et ce serait assurément le cas de l'agriculteur — que cela puisse se traduire par une réduction des dépenses à cet égard. Le cas échéant, l'agriculteur serait plus qu'heureux de faire ces achats. Toutefois, je pense que nous devons être réalistes quant à la vitesse à laquelle cela pourra être mis en œuvre à grande échelle et ainsi avoir une incidence significative sur les émissions globales du pays.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais simplement vous donner quelques chiffres au sujet des émissions. Premièrement, 1,6 % de toutes les émissions dans le monde sont canadiennes. De ce 1,6 % d'émissions totales pour notre pays, 10 % sont liés à l'agriculture.
Monsieur Leslie, vous pouvez peut-être répondre à cette question. À votre avis, quelle proportion de ces émissions agricoles provient du séchage des grains et du chauffage des étables?
Dans un autre registre, est‑ce qu'un de nos témoins a une idée du pourcentage de ces émissions dont nous parlons pour cette taxe sur le carbone? Il ne s'agit pas d'un prix sur la pollution. C'est une taxe sur le carbone.
Auriez-vous une idée de ce que seraient ces émissions?
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Merci beaucoup, monsieur Orb.
Évidemment, la Saskatchewan est géographiquement très vaste, donc il y a beaucoup de camionnage dans le secteur agricole. Nous devons également en tenir compte.
Certains de mes collègues de la Saskatchewan ont déclaré... J'aimerais connaître votre avis là‑dessus, monsieur Orb. Le fait est que, sur certaines factures de séchage du grain et de chauffage des bâtiments, la taxe sur le carbone est assujettie à la TPS. C'est une taxe sur une taxe, ce qui était inconcevable avant l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement.
Avez-vous entendu de tels commentaires d'autres résidants de la Saskatchewan? Est‑ce une préoccupation chez les personnes que vous représentez dans les municipalités rurales de notre province?
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Merci beaucoup pour cette question.
Je suis désolé pour la panne de mon système d'interprétation.
Pour nos agriculteurs, en Saskatchewan, l'aspect du séchage du grain est beaucoup plus important que celui du chauffage des bâtiments d'élevage. Il y a des personnes qui ont des bâtiments d'élevage, plus particulièrement des étables laitières, ce genre de choses, donc nous estimons important qu'elles obtiennent un rabais ou une exemption, selon le cas.
Ailleurs au pays, comme en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et dans d'autres provinces du genre, il y a davantage de bétail logé dans des bâtiments. Pour nous, dans les Prairies, et plus particulièrement en Saskatchewan, le séchage du grain est ce qui coûte le plus cher aux producteurs.
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Chers collègues, merci de reprendre votre place dès que possible puisque, en raison des votes, nous sommes légèrement en retard.
Je salue notre nouveau groupe de témoins pour cette deuxième heure. Bienvenue au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Bien que mes collègues, ici, aient déjà entendu cette ritournelle, je vais la répéter pour les témoins.
Les délibérations d'aujourd'hui se déroulent en format hybride. Elles peuvent être vues sur le site Web de la Chambre des communes. Les témoins doivent savoir qu'il est interdit de faire des captures d'écran au cours de la séance. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont offerts au cours de la présente séance. Veuillez parler lentement et intelligiblement pour faciliter le travail de notre équipe d'interprètes. Si l'interprétation est interrompue, je vais tenter d'attirer votre attention. Vous pourrez poursuivre une fois l'interprétation rétablie.
Attendez que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous assistez à la séance par vidéoconférence, cliquez sur votre microphone pour activer votre micro. Pour les personnes dans la salle, le microphone sera contrôlé par l'agent des délibérations et de la vérification. Je rappelle également à tous les députés et les témoins de toujours adresser leurs observations à la présidence.
Je souhaite de nouveau la bienvenue aux membres du Comité et les prie d'accueillir les deux témoins que nous recevons cet après-midi.
Il y a d'abord Serge Buy, président-directeur général du Conseil de l'innovation agroalimentaire. Monsieur Buy, merci beaucoup d'être là. Par vidéoconférence, nous accueillons aussi M. Tom L. Green, conseiller principal en politiques climatiques à la Fondation David Suzuki.
Messieurs Green et Buy, vous aurez chacun cinq minutes pour faire votre déclaration liminaire. Je vous ferai signe de la main quand vous n'aurez plus qu'une minute, pour vous prévenir. Ensuite, nous passerons aux questions des membres du Comité.
Monsieur Buy, je vais commencer par vous. Vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration. Allez‑y, je vous en prie.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Il est agréable d'être de retour en personne après deux ans et demi de réunions virtuelles et de problèmes de connexion Internet en région rurale.
Je tiens à remercier le Comité d'avoir invité le Conseil de l'innovation agroalimentaire à s'exprimer sur cette question. Nous l'avons fait dans le cadre de projets de loi antérieurs qui étaient très semblables à celui‑ci.
D'abord, je peux garantir aux membres du Comité que personne au pays ne se lève le matin avec l'intention d'utiliser plus de carbone et de polluer notre atmosphère. Il n'y a personne, et sûrement pas au sein de notre communauté agricole. Toutefois, la réalité veut que, même si la communauté agricole canadienne a grandement réduit ses émissions de carbone après avoir fait des pas de géants, elle dépend encore des combustibles fossiles.
J'ai entendu une question de l'un des députés plus tôt qui voulait savoir si le Canada était responsable de 1,6 % de la pollution dans le monde. La part de l'agriculture serait entre 8 et 10 %. C'est exact, mais ces chiffres ne tiennent pas compte du travail colossal des agriculteurs destiné à compenser la pollution au pays, et c'est là aussi un aspect non négligeable.
Monsieur le président, je ne mâcherai pas mes mots. Il y a deux façons de gérer la pollution et l'utilisation des combustibles fossiles. D'une part, nous pouvons pénaliser la communauté agricole et espérer que, en lui tapant constamment dessus, elle finira miraculeusement par renoncer aux combustibles fossiles ou aux sources d'énergie polluantes. D'autre part, nous pouvons prendre des mesures pour soutenir la communauté agricole dans sa transition vers des combustibles de remplacement et des sources d'énergie moins polluantes.
Les agriculteurs n'ont d'autre choix que d'utiliser des combustibles fossiles. Leur imposer une taxe sur le carbone nous semble donc l'équivalent de leur taper dessus, ce qui passe mal dans la communauté agricole de l'ensemble du pays. Qu'il s'agisse de céréaliculteurs ou d'éleveurs — il y a d'ailleurs eu quelques questions sur les éleveurs —, les combustibles et sources d'énergie de remplacement sont rares, voire inexistants, dans certaines régions du pays. Aux yeux des agriculteurs qui n'ont d'autre choix que d'utiliser des sources d'énergie liées aux combustibles fossiles, la taxe sur le carbone a des allures de punition. On leur demande de produire de la nourriture et de jouer un rôle crucial dans notre sécurité alimentaire, mais ce faisant, ils seront punis. Ce n'est guère une politique équitable.
Le document que nous avons remis à la greffière, et qui n'a pas été traduit, propose des solutions qui favoriseront une dépendance réduite aux combustibles fossiles et une meilleure adoption des nouvelles technologies, le soutien de plus de démonstrations de faisabilité dans les fermes canadiennes, le financement d'un déploiement à plus grande échelle et le versement d'incitatifs pour favoriser l'adoption.
J'ai entendu Mme Valdez donner des exemples dans diverses communautés. Partout au pays, il y a des exemples de technologies fantastiques. Le déploiement n'est simplement pas au rendez-vous. Ce n'est pas quelque chose qui peut soudainement être présent partout au pays et chez tous les producteurs. Dans certains contextes, les coûts sont tout simplement prohibitifs. Oui, de grandes fermes peuvent être en mesure de tirer profit de certaines technologies nouvelles, mais là, nous excluons toutes les fermes familiales, ce qui n'est probablement pas la volonté du Comité.
Nous conseillons donc au gouvernement de renverser la tendance qui a mené à la disparition des services de vulgarisation, car ils sont essentiels à l'adoption des nouvelles technologies et à l'offre de soutien aux agriculteurs à cet égard.
J'aimerais saluer le développement par le gouvernement de programmes qui constituent un pas dans la bonne direction. En effet, le gouvernement soutient la recherche dans les nouvelles technologies et fournit des incitatifs limités à leur adoption, mais c'est insuffisant. Si nous parlons ici d'une exemption de la taxe sur le carbone, nous estimons qu'il est important d'y aller à fond de ce côté.
Taxer les combustibles fossiles pénalise tout simplement les agriculteurs, qui déploient déjà d'incroyables efforts pour réduire leur empreinte carbone. L'agriculture de précision, le travail de conservation du sol, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments, les aliments pour animaux produits de façon durable, des techniques de préservation des cultures, des techniques efficaces de recyclage du fumier de sorte à réduire les émissions de méthane et d'oxyde nitreux, et la gestion des prairies sont des choses qui ont été adoptées volontairement et non parce que les gens étaient taxés pour le faire.
Il ne s'agit là que de quelques-uns des procédés adoptés par les agriculteurs pour réduire leur empreinte carbone et soutenir les objectifs de réduction des émissions de GES au Canada.
Les membres du Comité doivent comprendre que le pays est de plus en plus divisé. Les régions rurales se sentent exclues par les régions urbaines. L'adoption de ce texte législatif permettrait aux agriculteurs de voir que cette législature comprend leur réalité, leurs valeurs et leurs efforts et qu'elle les soutient.
Mesdames et messieurs, la société est déjà suffisamment divisée, et nous n'avons pas besoin de creuser ce fossé, surtout entre les régions urbaines et rurales. Si vous voulez taxer les gros bras de la ville qui conduisent un Hummer jusqu'à ce qu'ils se mettent au vélo, bien vous en fasse, mais veuillez tenir compte du fait que les agriculteurs conduisent des camionnettes par nécessité. Ils n'ont pas le choix. Ils doivent chauffer leur grain pour s'assurer qu'il est sec et peut être mis en marché. Ils n'ont pas le choix. Ils doivent chauffer leurs bâtiments parce que nous vivons au Canada et qu'il y fait froid. Ils n'ont pas le choix. Se voir taxer pour cela est une grave préoccupation pour eux.
J'espère que nous pourrons nous élever au‑dessus de la partisanerie, que nous favoriserons de plus en plus l'adoption de technologies moins polluantes et que nous éviterons de pénaliser les agriculteurs. Faisons de la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles une expérience positive et établissons des ponts entre les communautés plutôt que de les diviser encore plus.
Merci.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous à nouveau. C'est toujours un plaisir d'être en compagnie de ce comité.
Le projet de loi , tout comme le projet de loi avant lui, propose des amendements à la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre.
J'aimerais d'abord rappeler certaines des raisons pour lesquelles le système de tarification de la pollution du Canada est si important. J'aimerais également souligner que, depuis ma dernière comparution, le projet de loi a permis le retour des recettes aux agriculteurs dans les quatre provinces assujetties au filet de sécurité fédéral.
Je m'adresse à vous aujourd'hui de Vancouver, où nous constatons constamment l'accélération des changements climatiques due à la combustion des combustibles fossiles, qu'il s'agisse de la fumée des incendies de forêt, d'un dôme de chaleur qui a tué plus de 500 personnes ou de rivières atmosphériques qui détruisent des infrastructures essentielles. Évidemment, les agriculteurs sont touchés par toutes ces tendances.
Nous sommes préoccupés et déçus de voir certains politiciens diffuser de la désinformation sur la tarification de la pollution et présenter de manière inexacte l'incidence de cette politique clé sur les changements climatiques. Certains vont jusqu'à profiter de la hausse des prix sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz naturel provoquée par l'agression armée injuste de l'Ukraine par la Russie pour promouvoir des arguments trompeurs. Il y a même eu à la Chambre dernièrement des déclarations qui laissaient entendre que la tarification du carbone n'était pas efficace.
En ce qui concerne les préoccupations en matière d'abordabilité, n'oublions pas que 90 % des recettes perçues sous forme de redevance sur les combustibles sont remis aux ménages dans les provinces où le filet social du fédéral s'applique. La majorité des ménages ont en fait reçu plus qu'ils n'ont payé dans le cadre du paiement de l'incitatif à agir pour le climat. Ensuite, les provinces ont la possibilité de concevoir leur propre régime de tarification de la pollution et d'établir de quelle façon remettre les recettes aux ménages et entreprises. Elles peuvent aussi traiter des préoccupations en matière de compétitivité.
Le commissaire à l'environnement et au développement durable a audité l'approche du Canada en matière de tarification du carbone et déposé son rapport le printemps dernier. Dans ce rapport, il affirme que les organismes internationaux de spécialistes, comme la Banque mondiale, l'Organisation de coopération et de développement économiques et le Fonds monétaire international, s'entendent pour dire que la tarification du carbone est indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. On peut également y lire que la tarification du carbone est généralement reconnue comme l'une des stratégies les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Nous remarquons que certains politiciens déclarent que la tarification de la pollution ne fonctionne pas, malgré le fait que ce soit l'une des politiques les plus efficaces pour réduire les émissions. C'est préoccupant. En Colombie-Britannique, nous avons une tarification du carbone depuis un peu plus longtemps et nous en voyons déjà les avantages avec une réduction de 19 % des émissions dans le secteur du transport.
Nous sommes d'accord: il est important d'établir correctement la tarification de la pollution, et il y a place à l'amélioration tant dans la mise en œuvre que dans les mesures complémentaires pour remédier à tout fardeau disproportionné cerné, mais ce n'est pas ce que le projet de loi propose. Il mettrait plutôt le pays sur une pente glissante avec des exceptions à la pièce selon les secteurs et les intérêts qui risquent de miner fondamentalement la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre à titre de mesure à l'échelle de l'économie. Chaque secteur peut avoir des arguments semblables à ceux formulés devant le Comité aujourd'hui. Si nous tenons compte de tous ces arguments, la tarification de la pollution ne sera plus qu'une coquille vide.
De plus, le projet de loi veillait à ce que les produits de la taxe carbone sur les combustibles utilisés dans les exploitations agricoles des provinces assujetties au filet de sécurité fédéral soient désormais remis aux agriculteurs d'une façon qui ne nuit pas à l'incitatif pour réduire la pollution. Si le projet de loi actuel est adopté, les agriculteurs vont obtenir un double allégement de la tarification de la pollution.
L'absence d'une technologie sans énergie fossile pour le séchage du grain ou le chauffage des bâtiments agricoles est un argument avancé en faveur du projet de loi . Ainsi, il ne devrait pas y avoir de tarification de la pollution tant que de telles technologies ne sont pas disponibles. Toutefois, cela entraîne un problème qui n'est pas sans rappeler celui de la poule et de l'œuf, car les entreprises seront moins incitées à innover et à offrir des solutions, soit de décarbonisation ou carboneutres, s'il n'y a pas d'incitatif financier prévisible pour réduire les émissions. De plus, de telles technologies font déjà leur apparition sur le marché, comme des séchoirs à fonctionnement thermodynamique ou d'autres façons de chauffer les bâtiments.
Pour aider le milieu agricole, Agriculture et Agroalimentaire Canada a lancé en 2021 le programme des technologies propres en agriculture.
J'ai eu l'occasion de témoigner devant vous il y a un an, et je vous invite à lire mes remarques sur les raisons pour lesquelles une exception est dangereuse et le début d'une pente glissante qui viendrait miner la tarification du carbone. Je rappelle également que, comme pour le projet de loi , le projet de loi entraîne une subvention pour les combustibles fossiles à un moment où le Canada s'est engagé à réduire ces émissions.
La Fondation David Suzuki exhorte le Comité à rejeter le projet de loi et à se consacrer à l'établissement de meilleures façons pour les gouvernements fédéral et provinciaux d'aider les agriculteurs à faire la transition vers la carboneutralité. Il y a d'autres solutions qui méritent votre attention. Par exemple, nous avons récemment publié une étude de modélisation majeure sur l'expansion de l'alimentation en électricité propre à l'échelle du Canada et l'importance cruciale de l'électrification pour éliminer les combustibles fossiles de l'économie. Le Comité pourrait, entre autres, étudier de quelle façon les fermes peuvent avoir un accès suffisant à une alimentation abordable et carboneutre en électricité.
Merci beaucoup. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents aujourd'hui.
Ma question s'adresse à M. Buy.
Monsieur Buy, j'ai bien aimé la réflexion que vous avez faite, avant de conclure, sur la dynamique entre les régions rurales et urbaines. C'est un élément très important qu'il ne faut pas négliger dans toute la question de la taxation.
Effectivement, l'exemption est importante pour le séchage du grain, mais elle l'est aussi pour le chauffage des bâtiments.
Selon vous, y a-t-il des technologies qui, d'un point de vue réaliste, sont viables autant pour les petites entreprises que pour les très grandes entreprises?
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Non, il n'y en a pas en ce moment.
Le témoin M. Green parlait de thermopompes, mais ce n'est pas avec des thermopompes qu'on va réchauffer les grains dans les silos ou quoi que ce soit du genre.
Différentes technologies commencent à être mises en place, la technologie s'améliore, mais ce n'est pas appliqué partout au pays. On compare souvent le Canada aux Pays‑Bas. Or, je rappelle souvent aux gens que les Pays‑Bas sont un tout petit pays où il y a une forte densité de population. Au Canada, on doit parfois parcourir plusieurs kilomètres pour aller d'une ferme à l'autre. Bref, les solutions à offrir au marché n'existent pas.
Je comprends M. Green lorsqu'il dit que, si l'on ne fait rien, il n'y aura jamais rien qui changera. Par contre, il faudrait faire plus de recherche et donner une aide financière aux fermiers afin qu'ils adoptent de nouvelles technologies, au lieu de pénaliser ces derniers.
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Il faut avoir des programmes à la mesure de nos ambitions. Plus tôt, Mme Valdez a parlé de petits projets pilotes qui sont mis en place. Ces projets pilotes pourraient être étendus à d'autres fermes et à d'autres régions, mais il faudrait y investir beaucoup plus d'argent que ce qui est proposé en ce moment.
Tout d'abord, il faut faire plus de recherche relativement à certaines technologies qui existent ailleurs, mais dont la faisabilité n'a pas obligatoirement été démontrée dans un pays aussi froid et aussi grand que le Canada. Il faut donc faire plus de recherche pour en arriver à une preuve de concept.
De plus, on doit appuyer davantage les agriculteurs qui veulent mettre en place ce genre de technologies. Autrement dit, il faut appuyer non seulement les grandes entreprises agricoles, mais aussi les petits agriculteurs et les entreprises agricoles familiales.
Enfin, il faut s'assurer que les fermiers ont la capacité de comprendre ces nouvelles technologies. On doit donc leur donner l'appui et la formation nécessaires. Prenons l'exemple d'un fermier de 70 ou 75 ans qui reçoit une importante facture en raison du prix du carbone. Si une personne vient lui dire qu'il va devoir installer des panneaux solaires sur sa ferme pour améliorer les choses, il risque de rire un peu et de renvoyer la personne chez elle. Avoir quelqu'un qui donne des explications et une formation serait une meilleure façon de faire.
J'ai fait quelques recherches. Il y a 12 ans, dans Canadian Biomass, il y avait 16 exemples de technologies de séchage du grain qui étaient transférables. Vous pouvez affirmer qu'elles ne sont pas commercialement viables si vous le voulez, mais je n'entends personne parler de ces technologies. Il y a aussi plusieurs exemples d'entreprises canadiennes qui fournissent des solutions commercialement viables, ma collègue en a d'ailleurs cité une.
N'est‑il pas vrai qu'il y a aujourd'hui de la technologie de séchage du grain qui existe depuis au moins 12 ans et qui n'a pas encore été adoptée par l'industrie?
Monsieur Buy, souhaitez-vous faire un commentaire là‑dessus? Pourquoi l'industrie n'adopte‑t‑elle pas cette technologie de séchage du grain qui existe depuis 12 ans et est documentée?
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Je vous remercie, monsieur Buy.
Monsieur Green, je vais m'adresser à vous avant que mon temps de parole ne soit écoulé.
Je comprends bien votre point de vue, selon lequel il faut accélérer le changement au moyen d'un incitatif. Tout le monde parle d'un rabais. Cependant, tous les témoins du secteur agricole que nous recevons ici nous disent qu'ils reçoivent un remboursement de 13 à 20 %.
Ne pourrait-on pas avoir un juste milieu, où l'on accorderait une exemption limitée dans le temps, tout en apportant un soutien adéquat et en investissant de façon massive dans la recherche-développement pour trouver des solutions de rechange dans ce même laps de temps?
Qu'en pensez-vous?
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Merci à nos témoins pour leur précieux témoignage.
Je suis ravi que vous soyez à nouveau parmi nous, monsieur Buy. J'ai travaillé avec vous sur plusieurs autres dossiers. Je vous remercie du travail acharné que vous effectuez.
Le Comité a entendu dire que les progrès technologiques qui permettraient aux agriculteurs de sécher leur grain sans utiliser de propane ou de gaz naturel ne seront probablement pas disponibles et économiquement viables avant une dizaine d'années.
Monsieur Buy, pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de la mise en œuvre d'une disposition de caducité pour cette exemption? Par exemple, aux termes de cette disposition, la loi reviendrait au libellé actuel après une période de 10 ans.
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J'aimerais beaucoup répondre à cette question.
C'est bien beau de dire qu'avec l'électrification tout ira bien, mais le fait est... Prenons la Nouvelle-Écosse. Je sais que le président du Comité, , est originaire de la Nouvelle-Écosse. Dans cette province, l'électricité est produite par des centrales au charbon, ce qui pose déjà problème. De plus, le réseau n'est pas suffisant pour que vous puissiez soudainement y raccorder de grands séchoirs à grains. Il n'y a pas énormément de séchage de grain en Nouvelle-Écosse, mais cette question pose tout de même problème.
Le fait de faire des déclarations générales sur la création d'un incitatif... J'estime qu'une taxe n'est pas un incitatif; une taxe est une punition. C'est une pénalité. Si vous voulez créer des incitatifs, payez les agriculteurs pour qu'ils adoptent de nouvelles technologies, donnez-leur les moyens de le faire, soutenez‑les, accordez-leur des fonds. C'est le point de vue que j'essaie de faire valoir. Essayons d'aborder la question de manière positive, plutôt que de façon négative en imposant des taxes.
Merci, monsieur Johns. Merci également à nos témoins.
Notre temps est écoulé. Il nous reste environ une minute.
Monsieur Buy, je voulais vous poser une petite question, si je peux me permettre de tirer parti de mes prérogatives de président. Nos différents témoins ont beaucoup discuté aujourd'hui des technologies disponibles. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de choses intéressantes qui se profilent à l'horizon, mais beaucoup de questions portaient sur la transférabilité des technologies. J'aimerais obtenir une réponse rapide de votre part sur la différence, sur le plan de la transférabilité, entre une exploitation de 200 acres et une exploitation de 10 000 acres, entre une exploitation de la taille d'une maison et une grange qui abrite 10 000 poussins en janvier.
Qu'en est‑il, selon vous, de la transférabilité et dans quelle mesure nous en approchons-nous?