:
Je déclare la séance ouverte.
Comme nous entamons une nouvelle année, je souhaite la bonne année à vous tous et toutes. Je vous remercie d'être présents pour travailler au nom des vétérans.
Bienvenue à la 33e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité entreprend l'étude de la Stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le jeudi 23 juin 2022. Les députés peuvent donc participer à distance, comme M. Darrell Samson.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Conformément à notre motion de régie interne concernant les tests de connexion, je souhaite informer le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
[Traduction]
Accueillons maintenant les témoins.
Ce sont des fonctionnaires du ministère des Anciens Combattants: le sous ministre Steven Harris, du Secteur de la prestation des services; la directrice générale par intérim de la Gestion des programmes et de la prestation des services, Mme Jane Hicks; le lieutenant-colonel (à la retraite) et directeur de la Transition et du soutien au programme, dans le Secteur de la prestation des services, Chris Hutt, CD; le directeur de la Recherche Nathan Svenson.
[Français]
Je vais maintenant céder la parole au premier témoin.
Monsieur Harris, vous êtes un habitué de notre comité. Malheureusement, je n'ai pas mes cartons de couleur aujourd'hui, mais je vais vous faire signe quand il vous restera une minute, puis lorsque votre temps de parole sera écoulé.
[Traduction]
Je sais. Je suis tellement désolé.
[Français]
Monsieur Harris, vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
Monsieur le président et chers membres du Comité, je suis heureux de venir parler de ce que fait notre ministère pour aider les vétérans canadiens à se trouver de l'emploi après le service militaire.
Chaque année, en moyenne, les Forces armées canadiennes libèrent du service 8 500 militaires. 4 000 à 4 500 d'entre eux s'orientent vers une deuxième carrière. Statistiquement, la proportion des vétérans sans emploi se compare à la moyenne canadienne: 4,5 % contre 6,6 % dans la population générale. Malheureusement, les vétérans sont plus susceptibles de se déclarer sous-employés et insatisfaits de ne pas être employés à leur plein potentiel.
Durant leur carrière militaire, les vétérans, nous le savons, révèlent de nombreux talents, notamment des qualités de chef et des compétences particulières en analyse, en résolution de problèmes et en communication. Nous voulons les appuyer, leur fournir des services et des moyens pour atteindre leurs objectifs de carrière. Bien sûr, nous savons que l'adaptation au milieu de travail peut être difficile et qu'ils peuvent éprouver des difficultés à s'adapter à la culture des milieux de travail civils.
[Français]
Anciens Combattants Canada s'est engagé à adopter une approche pangouvernementale dans l'élaboration d'une stratégie exhaustive afin d'améliorer les possibilités d'emploi pour les vétérans, de favoriser leur bien-être et de contribuer à leur succès pendant leur transition vers la vie civile.
L'expérience de transition est plus réussie lorsque les vétérans peuvent s'épanouir dans divers domaines de la vie. Ainsi, Anciens Combattants Canada a établi un cadre de surveillance du bien-être des vétérans, qui tient compte de sept domaines de bien-être, dont la santé, les aptitudes à la vie quotidienne, l'intégration sociale, l'environnement culturel et social, le logement et l'environnement physique, ainsi que la sécurité financière, qui est un objectif important.
Le programme de recherche de l'Étude sur la vie après le service militaire est un partenariat entre Anciens Combattants Canada et Statistique Canada qui a commencé en 2010. Les renseignements recueillis servent à mesurer le niveau de bien-être chez les vétérans et à éclairer les politiques et les programmes. Le programme a permis d'obtenir une multitude de renseignements sur la santé et le bien-être des vétérans ainsi que sur les facteurs qui contribuent à l'adaptation à la vie civile. Statistique Canada a mené des sondages en 2016 et en 2019. Les renseignements obtenus nous permettent de mieux comprendre les expériences et les besoins des vétérans.
Le recensement national du Canada fournira également à Anciens Combattants Canada de précieux renseignements. En 2021, pour la première fois en 50 ans, les vétérans ont été identifiés dans le recensement de Statistique Canada. Les données de Statistique Canada publiées à l'automne 2022 permettent à Anciens Combattants Canada d'avoir une vue d'ensemble de la situation d'emploi au sein de la population des vétérans.
[Traduction]
De nombreux partenaires soutiennent l'emploi des vétérans: parties prenantes, employeurs, défenseurs de la cause, organismes non gouvernementaux et administrations municipales et provinciales. Notre stratégie vise à unifier leur vision de manière à mieux servir les vétérans et leurs familles. Actuellement, nous appuyons les vétérans en facilitant leur transition et en maximisant les possibilités d'emploi dans la fonction publique, le secteur privé ou le travail à son compte.
Concrètement, le ministère a voué une unité d'emploi des vétérans au soutien de l'emploi des vétérans et de leur réorientation professionnelle. Nous appuyons cette réorientation, notamment par un service individualisé d'orientation professionnelle, qui aide les vétérans à se trouver du travail en prenant contact avec d'éventuels employeurs, et par l'élaboration d'un plan personnalisé d'études ou de formation bénéficiant d'allocations.
[Français]
Nous utilisons les médias sociaux et LinkedIn pour faire le lien entre les vétérans canadiens et des employeurs canadiens. Pendant la pandémie, nous avons lancé un groupe LinkedIn qui, en un peu plus d'un an, a atteint 3 000 membres. Environ 75 % d'entre eux sont des vétérans et 25 % sont des employeurs, des recruteurs ou des professionnels des ressources humaines.
Au cours des deux dernières années, Anciens Combattants Canada a organisé une série de webinaires axés sur les possibilités d'emploi pour les vétérans et les membres des Forces armées canadiennes en transition. Plus de 2 500 personnes s'y sont inscrites et, en moyenne, 300 personnes ont assisté à chaque séance. Plus de 100 employeurs canadiens, dont au moins une douzaine de ministères et organismes fédéraux, y ont été présents et ont aidé les vétérans.
Nous avons créé un guichet d'emplois unique pour les vétérans, un portail où les employeurs peuvent sélectionner des candidats, et nous avons travaillé avec des spécialistes du marché du travail pour concevoir du matériel visant à aider les gens.
[Traduction]
Soulignons également le fait que le ministère appuie de nombreuses parties prenantes qui soutiennent l'emploi des vétérans à qui toutes ces mesures donnent des options.
Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
:
Très bien. Je vous encourage simplement à faire tout ce que vous pouvez, parce que si vous ne donnez pas l'exemple... Quand vous vous adressez au secteur privé ou quand l'un de nous le fait pour préconiser d'embaucher plus d'anciens combattants, objectif que nous voulons tous appuyer, si nous ne pouvons faire valoir votre exemple, cela rend manifestement la tâche beaucoup plus difficile.
Je tenais également à vous questionner sur le besoin fréquent de services de votre ministère, visiblement pour beaucoup d'anciens combattants, particulièrement ceux dont la période de service a été longue ou qui ont servi dans des circonstances très difficiles, pour faciliter leur transition et l'obtention d'un emploi dans le civil. Cela peut parfois prendre du temps. Une des grandes difficultés qu'affrontent maintenant beaucoup d'anciens combattants est le délai pour obtenir certains de ces services. C'est un obstacle à leur emploi. On nous dit qu'une année ou deux, ce n'est pas atypique de ce genre de dossiers.
D'après un rapport récent de la vérificatrice générale, ces quelques dernières années... Je crois que c'était 29 %, il y a deux ou trois ans, et 42 %, l'année dernière, en ce qui concerne les programmes précis visant à aider les anciens combattants dans cette transition de la vie militaire vers la vie civile. Le nombre de programmes qui satisfont aux normes de service est très faible, en ce qui concerne le nombre de vétérans qui obtiennent ce qu'ils escomptaient dans le délai qu'ils prévoyaient. C'est un gros obstacle au passage à la vie civile.
Que faites-vous pour que le ministère ne nuise pas aux anciens combattants dans leurs efforts pour décrocher des emplois intéressants?
Nous avons constaté que les sept domaines du mieux-être sont vraiment reliés entre eux. Impossible d'en toucher un sans provoquer d'effets secondaires et périphériques sur les autres.
Une question conduisant à la réunion d'aujourd'hui portait sur des études réalisées depuis 2010 sur la vie après le service. Les sujets de cet ensemble d'études étaient les vétérans libérés depuis 1998, c'est‑à‑dire sur lesquels nous possédions des dossiers. C'était l'ensemble de la population dont nous comprenions le mieux-être ou pour laquelle nous avons pu mesurer le bien-être dans les sept domaines en question.
À compter de 2022, grâce à la question qui, dans le recensement, permettait de déterminer qui était vétéran en 2021, nous avons pu élargir la population de l'étude à l'ensemble des vétérans. Les résultats, que nous prévoyons de connaître d'ici l'automne, devraient nous permettre de tirer des conclusions sur le mieux-être des vétérans dans les sept domaines, notamment sur leur emploi. Ils concerneront l'ensemble de la population de vétérans canadiens et non seulement ceux qui ont récemment été libérés.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
Ma première question porte sur le fait que l'on a clairement cerné un problème en matière d'emploi pour les anciens combattants qui appartiennent aux groupes suivants: les jeunes anciens combattants qui ont moins d'années de service, et les femmes anciennes combattantes — en partie parce qu'elles partent avant d'avoir accumulé 20 ans de service, ce qui signifie qu'elles ont une pension moins généreuse, et parce qu'elles sont deux fois plus susceptibles d'avoir des emplois à temps partiel. Les anciens combattants libérés pour des raisons médicales font aussi face à des problèmes en matière d'emploi.
C'est très inquiétant. En 2013, une étude sur les revenus a montré que les anciens combattants libérés pour des raisons médicales et les femmes de la force régulière subissent des réductions de revenus plus importantes, qui sont 10 fois supérieures à la moyenne, après leur libération. Ces chiffres sont effarants. De toute évidence, des défis importants n'ont pas été abordés sérieusement.
Pour ce qui est de la consultation publique, y a‑t‑il eu une stratégie de sensibilisation visant ces groupes pour que, au fur et à mesure que la stratégie est élaborée, on se concentre réellement sur les personnes qui ne reçoivent pas le meilleur soutien afin de s'assurer qu'elles le reçoivent à l'avenir?
:
Puis‑je vous interrompre ici?
M. Steven Harris: Bien sûr.
M. Blake Richards: Je vais être honnête. Je suis contrarié aujourd'hui, car je n'arrête pas d'entendre: « Nous allons travailler là‑dessus pour essayer de nous améliorer. » Ce problème n'est pas nouveau. Ce comité s'est déjà penché sur cette question, et les recommandations qu'il a formulées soulignaient que cette situation devait s'améliorer. Des rapports ont été publiés en 2018 et en 2019. On avait une idée de la situation avec ces publications.
Je ne siégeais pas à ce comité en 2018 et en 2019, mais j'imagine que j'y aurais entendu les mêmes paroles à l'époque, c'est-à-dire que vous savez que vous devez faire mieux et que vous allez faire mieux. Nous avons entendu ces réflexions. Pouvez-vous me donner des exemples précis de ce que vous faites? Donnez-moi un seul exemple de ce que vous faites en ce moment pour essayer d'améliorer la situation. J'aimerais aussi savoir comment vous savez si vous avez atteint ou non vos objectifs.
Je vais être franc. Je ressens une certaine frustration, parce que je n'arrête pas d'entendre: « Nous y travaillons. Nous y travaillons. » Que faites‑vous exactement?
:
Merci, monsieur le président.
J'ai participé au processus de consultation. Il s'agissait de discussions très approfondies auxquelles ont participé un certain nombre d'employeurs et d'organismes tiers que j'ai mentionnés et avec lesquels nous nous sommes entretenus.
Certains des points essentiels concernaient la communication. Il s'agit ici de la capacité des vétérans à expliquer quelles sont leurs forces sur le plan des compétences et de leur expérience, et de la capacité des employeurs à comprendre ce que les vétérans ont à offrir. Il fallait donc fournir des outils aux deux parties: d'un côté, pour que l'on comprenne les compétences et l'expérience des vétérans, et de l'autre, pour qu'on soit en mesure de les communiquer.
Parmi les commentaires que nous avons vus, il y en a un qui portait sur le soutien aux employeurs. Il ne s'agit pas seulement de recruter des vétérans. Il s'agit de conserver l'effectif de vétérans. Il s'agit de créer un environnement dans lequel ils font partie de la main-d'œuvre, sont intégrés et ont des mentors et un réseau de pratique ou une communauté de pratique qui les soutient dans le milieu de travail.
Le troisième point essentiel à retenir est qu'il n'existe pas de solution miracle. Il s'agira d'un système ou d'une série de solutions que nous devrons mettre en œuvre et offrir pour répondre aux besoins tant des vétérans que des employeurs intéressés.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Hicks, je vais revenir à vous.
Vous avez dit que l'allocation pour études et formation semble avoir un certain succès. Pouvez-vous nous donner des chiffres à ce sujet ou nous indiquer où nous pourrions en avoir? Cela nous aiderait.
Il y a des hochements de tête. C'est fantastique.
Mon autre question porte sur les préjugés, les stigmates et la discrimination auxquels les anciens combattants peuvent être confrontés lorsqu'ils tentent de trouver un emploi. Des anciens combattants m'ont dit qu'on les met tous dans le même bateau, sans nuance, à savoir qu'ils ont des problèmes de santé mentale, qu'ils souffrent d'un syndrome de stress post-traumatique, et qu'ils sont instables et difficiles à avoir comme employé.
C'est la perception qu'ils ont l'impression d'avoir à combattre sur le terrain. Je me demande si ACC prend cela en considération. Quelles sont les mesures concrètes que prend ACC pour contrer cette perception erronée?
C'est un portrait plutôt grossier qu'on semble vouloir appliquer à l'ensemble des anciens combattants. Cela jette assurément le discrédit sur la formation très avancée qu'ils ont reçue pendant leur service et la diligence qu'ils y ont acquise. Je me demande comment nous pouvons remédier à cela. Cet enjeu sera‑t‑il abordé plus succinctement dans le cadre de ce processus?
Merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
Merci, monsieur Hutt, des services que vous avez rendus.
Avec tout le respect que je vous dois, au cours de nos conversations d'aujourd'hui, une observation a été formulée selon laquelle vous faites des sondages auprès des personnes qui ont suivi le programme de rééducation et qui ont trouvé un emploi. Ces personnes ont réussi. Là où je vois un problème, c'est que les mesures devraient être... Vous devriez évaluer les personnes qui n'ont pas réussi et qui cherchent un emploi.
J'ai lu le rapport du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de juin 2019, le document « Une transition harmonieuse pour tous les vétérans: il est temps d'agir », qui date de mai 2018, et le projet de loi visant à élargir l'accès à l'emploi pour les vétérans qui a été adopté le 31 mars 2015. Quel genre de garanties allons-nous avoir? Il y a 32 recommandations ici. Nous avons besoin d'entendre ce que vous allez faire qui sera différent de ce qui a été fait pour tous ces autres rapports.
:
C'est un point d'information. J'avais prévu de vous poser quelques questions à la fin de la réunion pour faire le point sur certaines choses. Je pense que, potentiellement, selon la réponse, les témoins pourraient avoir quelque chose à dire à ce sujet. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais vous poser quelques questions rapides, juste pour voir où nous en sommes avec certains dossiers du Comité.
La première concerne les documents que nous avons reçus, je crois que c'était jeudi dernier. Dans la première partie de cette motion, nous avons demandé toutes les communications internes entre le cabinet du ministre et le ministère au sujet de l'aide médicale à mourir. Le ministère semble avoir cru que cette demande ne portait que sur une certaine période. Par conséquent, une partie de l'information que nous voulions obtenir a été tronquée. Cela n'est pas conforme à la motion, monsieur le président, et je suis curieux de savoir ce que nous allons faire pour nous assurer d'obtenir le reste de cette documentation. C'est la première chose.
La deuxième concerne l'étude que nous venons de faire sur le contrat de réadaptation. Je sais que nous avions donné des instructions pour un rapport. Je crois savoir que nous attendons le contrat, que le ministère est à faire traduire, et je présume que nous devrions le recevoir d'un jour à l'autre. Je me demande quand nous prévoyons de travailler sur ce rapport.
Ce sont mes deux questions. J'ai simplement cru qu'il était peut-être judicieux de les poser maintenant, étant donné qu'ils ont peut-être de l'information qui pourrait nous être utile. Je ne sais pas où nous en sommes avec ces dossiers‑là. Par exemple, avez-vous fait un suivi auprès du ministère à propos des documents demandés?
Je vais discuter avec M. Richards et déterminer quelle est la différence. La greffière vous appellera ou vous enverra une lettre à ce sujet.
Comme vous le savez, nous recevons un autre groupe de témoins aujourd'hui. J'aimerais donc remercier les témoins qui se sont joints à nous jusqu'à maintenant.
[Français]
Tout d'abord, je voudrais remercier les représentants du ministère des Anciens Combattants: M. Steven Harris, qui est sous-ministre adjoint au Secteur de la prestation des services; Mme Jane Hicks, qui est directrice générale intérimaire de la Gestion des programmes et de la prestation des services; le lieutenant-colonel à la retraite M. Chris Hutt, CD, qui est directeur de la transition et du soutien aux programmes au Secteur de la prestation des services, que je tiens à remercier aussi de son service au sein des Forces canadiennes; et M. Nathan Svenson, qui est directeur de la recherche.
Au nom des membres du Comité, je vous remercie de vos témoignages.
Nous allons suspendre la séance quelques instants afin de passer au prochain groupe de témoins.
:
Nous allons maintenant passer au deuxième groupe de témoins.
Nous rappelons rapidement à tous les témoins qu'ils doivent attendre que je les nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons Mme Mary Beth MacLean, une candidate au doctorat de l'université Queen's, qui témoignera à titre personnel par vidéoconférence.
[Français]
Nous accueillons parmi nous M. Serge Blais, qui est directeur général de l'Institut de développement professionnel de l'Université d'Ottawa.
[Traduction]
J'aimerais commencer par entendre Mme MacLean.
Vous disposez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire. Veuillez prendre la parole.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous en vue d'aborder ce sujet important.
Je vous parlerai aujourd'hui des conclusions liées à l'emploi des vétérans qui découlent d'une étude que j'ai menée à l'époque où j'étais analyste à Anciens Combattants Canada. Cette étude est fondée sur des données provenant des Études sur la vie après le service, ou EVAS, ainsi que des résultats d'une recherche menée par l'OTAN sur la transition de la vie militaire à la vie civile.
L'emploi s'est révélé important pour la santé, le bien-être et l'adaptation des vétérans pendant leur transition de la vie militaire à la vie civile. Heureusement, la plupart des vétérans trouvent un emploi après leur libération et sont satisfaits de leur travail. Les taux d'emploi et de satisfaction augmentent tous deux avec le temps.
De plus, bien que leur taux de chômage, c'est‑à‑dire le nombre de personnes qui cherchent effectivement un emploi, ne diffère pas de celui de la population canadienne en général, les vétérans sont moins susceptibles de trouver un emploi et risquent davantage de subir des restrictions en matière d'activités au travail.
Les résultats varient également en fonction des différents groupes de la population. Vous y avez fait allusion dans certaines des questions que vous avez posées plus tôt. Ceux qui cherchent du travail sont plus susceptibles que les vétérans qui ont un emploi d'avoir été plus jeunes au moment de leur libération, d'avoir moins d'années de service et d'avoir servi dans l'armée. Ceux qui ne font pas partie de la population active sont plus susceptibles d'être plus âgés et d'avoir un plus grand nombre d'années de service. Ils peuvent rencontrer des obstacles au travail, tels que l'âgisme et des déficiences.
La satisfaction à l'égard de l'emploi civil varie aussi considérablement en fonction du grade militaire, les officiers étant les plus satisfaits et les soldats et élèves-officiers, les moins satisfaits.
Ceux qui touchent les revenus les plus faibles sur le marché du travail font partie de ceux qui ont servi dans une unité de combat. Les taux d'emploi sont plus faibles chez les vétérans de sexe féminin et chez les vétérans libérés pour raisons médicales.
Il existe également des différences de revenus entre les sexes. Les vétérans de sexe féminin gagnent environ 58 % du salaire de leurs homologues masculins. Cela ne dépend pas du type d'industrie dans laquelle les femmes travaillent, car elles gagnent moins que leurs homologues masculins dans toutes les industries, à l'exception de l'industrie minière.
Le changement d'employeur est fréquent chez les vétérans. Plus de la moitié des vétérans ont changé d'employeur au cours des trois premières années qui ont suivi leur libération. Environ un vétéran sur dix déclare que sa principale activité est l'« invalidité » ou qu'il est en situation d'invalidité au cours de la première année qui suit sa libération. Ce chiffre ne change pas avec le temps.
Si le revenu et l'accès aux prestations et aux indemnités sont importants pour la santé et la sécurité financière des vétérans et de leurs familles, le fait d'avoir un but au travail et dans la vie procure un sentiment d'identité et d'intégration sociale qui est essentiel pour une transition réussie vers la vie civile. Les recherches semblent indiquer que les personnes handicapées devraient être appuyées et encouragées à continuer de travailler ou à réintégrer le marché du travail dès que possible. À cet égard, un programme de placement et de soutien individuels s'est révélé plus efficace que la réadaptation traditionnelle pour améliorer les taux d'emploi et les revenus des vétérans atteints du TSPT ou de lésions de la moelle épinière.
Dans le cadre d'une étude systématique menée au Canada et portant sur la réinsertion professionnelle des vétérans atteints de troubles mentaux, le placement et le soutien individuels ont été mis en évidence comme une intervention prometteuse. De nombreux pays reconnaissent l'importance de l'aide à l'emploi, et la plupart d'entre eux disposent de programmes destinés à la fois aux militaires en transition et aux anciens militaires. Quelques-uns de ces pays, comme le Royaume-Uni, ont évalué officiellement leurs programmes.
Qu'est‑ce que tout cela nous apprend?
Premièrement, les services de soutien doivent tenir compte des différents genres de résultats en matière d'emploi qu'obtiennent les divers segments de la population concernés.
Deuxièmement, les services de soutien doivent également prendre en compte la nature dynamique du marché du travail, qui exige non seulement que des services de soutien au cours de la transition vers la vie civile, mais aussi que des services de soutien continus soient assurés pour maintenir l'emploi ou trouver un emploi plus adapté.
Troisièmement, en ce qui concerne les personnes atteintes d'une déficience, nous devons veiller à ce que des interventions fondées sur des données probantes soient mises en place et soient offertes aux personnes qui en ont besoin.
Notamment, nous devons prévoir des mesures d'adaptation en milieu de travail, des soins de santé et une gestion de cas multidisciplinaires, ainsi que le placement et le soutien des personnes, ou une combinaison de ces éléments, ainsi qu'un ensemble de principes axés sur la capacité plutôt que sur la déficience.
Enfin, nous pouvons tirer des enseignements des réussites et des échecs d'autres nations.
Je vous remercie de votre attention.
Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Richards et M. Desilets de l'invitation.
[Traduction]
Je tiens à souligner que M. Jeff Musson aurait dû être présent aujourd'hui. Je sais qu'il nous regarde. Bonjour, monsieur Musson. Il a connu de graves problèmes médicaux ce week-end. Ils ne mettent pas sa vie en danger, mais son médecin lui a sagement conseillé de ne pas venir, alors je vais essayer de le faire le meilleur exposé possible.
Je suis directeur général de l'Institut de développement professionnel de l'Université d'Ottawa. L'IDP, comme nous l'appelons, répond chaque année aux besoins d'environ 10 000 personnes en matière de perfectionnement, de recyclage et d'apprentissage. Il s'agit de personnes qui ont dépassé les programmes de baccalauréat et de maîtrise et qui sont donc essentiellement des professionnels. Les deux tiers, voire les trois quarts, de ces 10 000 personnes proviennent du secteur public fédéral. Nous osons croire que nous travaillons à l'intersection du monde universitaire, du gouvernement et de l'industrie.
Le programme de codage pour les vétérans que je décris aujourd'hui est offert par cet institut, et j'ajouterais que c'est probablement mon projet favori.
Le programme de codage pour les vétérans contribue à combler les lacunes en matière de compétences cybernétiques de la main-d'œuvre technologique canadienne. Nous constatons que les militaires libérés des FAC possèdent les compétences, le tempérament et les aptitudes nécessaires pour réussir dans le domaine de la cybersécurité. Nous soutenons que nous passons du champ de bataille à l'espace cybernétique, ou du déploiement à l'emploi, si vous voulez. Nous obtenons un taux de réussite de 90 % auprès de l'ensemble des vétérans qui suivent ce programme, et je vous en parlerai un peu plus tard.
Il y a trois filières de base. Sans entrer dans les détails, l'une d'elles porte sur le développement de logiciels sécurisés. Une autre mène à des postes d'associé en sécurité réseau, et une autre encore offre le programme d'architecte en cybersécurité. Chaque filière représente environ 650 heures de formation à suivre. Ces filières ne sont donc pas pour les âmes sensibles. Elles exigent beaucoup de détermination et de dévouement. En règle générale, les gens échelonnent la formation sur huit mois, ce qui représente environ 20 heures par semaine pendant huit mois.
L'achèvement de l'une de ces filières mène à un certificat de développement professionnel de l'Université d'Ottawa et, ce qui est très important, c'est qu'il prépare également les diplômés à obtenir des certificats reconnus par l'industrie. C'est extrêmement important pour l'industrie, surtout dans ce domaine. Ils ne laisseront pas entrer n'importe qui par le biais du service et de programmes de ce genre. Le programme doit démontrer que vous possédez les compétences nécessaires, et il prépare les étudiants à obtenir les titres suivants: la certification de professionnel en sécurité des systèmes d’information ou Certified Information Systems Security Professional, CISSP, la certification d'associé réseau de Cisco ou Cisco Certified Network Associate, CCNA, et tout un tas d'acronymes de ce genre.
Le programme est offert complètement en ligne et progresse à rythme libre, mais avec un soutien didactique. Nous ne laissons pas les gens se débrouiller seuls. Ils sont autonomes, mais ils ont accès à des tuteurs en temps réel. Le programme est, bien entendu, offert partout au Canada.
[Français]
Le programme s'offre dans les deux langues officielles. En ce moment, 50 % des cours sont offerts en français, mais nous avons pour objectif d'offrir, vers la fin de l'année, 100 % des cours en français comme en anglais, conformément au mandat de l'Université d'Ottawa. Tous les programmes que nous offrons doivent être offerts dans les deux langues, sauf quelques exceptions. Nous avons fait des présentations au Québec et au Nouveau‑Brunswick. Par exemple, nous sommes allés à Valcartier et à Bagotville. Le 26 octobre dernier, nous étions aux installations d'Aéro Montréal, à Mirabel, pour faire la promotion du programme.
[Traduction]
Nous procédons à une évaluation préalable. Il est important de s'assurer que les personnes qui s'inscrivent ne sont pas vouées à l'échec.
[Français]
Nous voulons assurer un minimum de compétences. Même si nous ne nous attendons pas à accueillir des candidats qui auraient une base en sciences informatiques, il est quand même important qu'ils aient certaines compétences et aptitudes de base. La présélection inclut une entrevue, car nous cherchons des personnes ayant les aptitudes cognitives et le tempérament requis pour le programme. Comme je le mentionnais tantôt, le taux de succès est de 90 %, ce qui rend jaloux bien des doyens de l'Université. C'est un taux de succès plus élevé que celui de bien des programmes à l'Université.
Le programme est aussi réalisé en collaboration très étroite avec des acteurs clés de l'industrie, comme Cisco, Amazon, LinkedIn et CompTIA. Il y a une raison pour cela. D'abord, nous voulons procurer à nos participants une expérience réelle et concrète. De plus, le fait de travailler avec l'industrie favorise l'employabilité, justement. Bien souvent, les participants du programme se voient offrir un poste avant même d'avoir terminé le programme.
Nous ajoutons aussi un cours obligatoire en comportement organisationnel.
[Traduction]
Tout le monde doit suivre un cours de comportement organisationnel en plus de la formation technique.
[Français]
De cette façon, nous voulons couvrir les aspects culturels du monde des TI, et en particulier de la cybersécurité.
Nous voulons aussi que chacun acquière des compétences relatives à l'employabilité.
[Traduction]
Il est important que nos diplômés comprennent comment rédiger un CV et comment élaborer un profil en ligne, et c'est ce que nous faisons dans le cadre de ce cours.
[Français]
La moyenne d'âge de nos participants n'est pas très élevée: elle est de 39 ans. Cela veut dire que ces gens ont encore beaucoup d'années de service devant eux. Les participants sont constitués à 80 % d'hommes et à 20 % de femmes, ce qui est à peu près la proportion qu'on observe dans le domaine militaire, me dit-on.
Combien de temps me reste-t-il, monsieur le président?
J'aimerais remercier nos visiteurs des exposés qu'ils nous ont donnés. Les premières questions que je poserai sont de nature exploratoire.
Madame MacLean, lorsque vous parliez des vétérans qui ont quitté les FAC, vous avez parlé des officiers, et vous les avez décomposés. Vous avez parlé des élèves-officiers, puis des soldats. Pourriez-vous m'éclairer un peu à ce sujet?
J'ai l'impression que les officiers, disons des pilotes, sortent des FAC et travaillent pour Air Canada ou WestJet, ou poursuivent une carrière dans l'aviation. Ils ont un métier spécialisé. Un officier qui était peut-être un agent administratif entre au service d'une entreprise, et il est capable d'appliquer ses compétences, mais quand il s'agit de membres de l'armée...
Je ne veux pas vous donner la réponse, mais j'aimerais connaître votre avis sur la question.
:
Deux choses seraient envisageables, mais je dirais qu'il y a deux petits pépins.
D'abord, un candidat ne peut pas commencer le programme tant qu'il n'est pas complètement dégagé de ses fonctions, même si sa demande de libération du service militaire a été acceptée. Si le candidat pouvait commencer le programme dès qu'il sait qu'il va obtenir sa libération, il n'y aurait pas ce laps de temps entre la dernière journée de service et la première journée en salle de classe, compte tenu de tout le processus entourant le dépôt de la candidature, la demande de financement, et ainsi de suite. C'est le premier problème.
Le deuxième problème est lié à la cote de sécurité. À moins que le candidat n'ait un emploi dès le lendemain de sa libération, il perd sa cote de sécurité. Cela occasionne un délai et un problème pour l'employabilité, car les candidats qui ont terminé le programme avec succès doivent faire une nouvelle demande pour obtenir une cote de sécurité. Or, on dit que ce processus prend souvent neuf ou dix mois, voire un an. On me dit qu'il y a un système par l'entremise duquel la cote de sécurité peut être maintenue temporairement. Il serait effectivement souhaitable qu'elle soit maintenue pendant que le candidat suit son cours et qu'elle soit transférée dès qu'il obtient un emploi.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord vous dire, madame MacLean, à quel point j'ai aimé lire vos recherches. Elles étaient très instructives, et je vous remercie du temps que vous avez pris pour effectuer ce travail important.
Ma première question porte sur la stratégie « Parlons vétérans » qu'ils appliquent pour mener des consultations auprès des anciens combattants. J'ai pris note d'une question que j'ai posée aux représentants d'Anciens Combattants Canada quand ils étaient ici, et ils ont reconnu que la sensibilisation ne comprenait pas de stratégie particulière pour rejoindre les groupes dont vous avez dit qu'ils sont confrontés à difficultés particulières. Cependant, ils ont déclaré qu'ils en créeraient une à une date ultérieure.
Pouvez-vous nous dire ce qui constituerait de bonnes stratégies de sensibilisation? Nous savons que les résultats pour les jeunes anciens combattants, les anciens combattants handicapés, les anciennes combattantes et les anciens combattants libérés pour raisons médicales posent problème. Le système ne fonctionne pas bien. Souhaitez-vous formuler des commentaires? D'après vos recherches, d'après ce que vous avez appris, quelle serait la façon la plus efficace de rejoindre ces personnes et de s'assurer que cette stratégie inclut effectivement des solutions adaptées à ces groupes d'intervenants?
L'une des choses qui me posent problème est le fait qu'au Canada, le nombre de femmes membres des forces armées est encore très faible. Ces chiffres sont encore faibles, et quoi qu'ils fassent, le nombre de femmes dans les forces armées n'augmente pas. Lorsque je regarde les résultats pour les anciennes combattantes, il me semble qu'on observe peut-être ici un cycle que nous devrions étudier.
Nous avons vu dans votre recherche que la plupart des anciennes combattantes ne restent pas les 20 années nécessaires. Par conséquent, lorsqu'elles partent, elles ne peuvent pas se prévaloir de cette ressource. Ce que j'ai constaté dans vos recherches, c'est que les anciens combattants ont, eux, accumulé les 20 années et bénéficient de leur pension et de leur emploi, ce qui leur permet d'obtenir de meilleurs résultats. Les anciennes combattantes n'ont pas cette possibilité.
Sur cette base, pouvez-vous nous donner plus de renseignements? Existe‑t‑il une tendance particulière? Pourquoi les femmes quittent-elles le service?