Bienvenue à la 43e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que seule la personne qui a la parole sera visible à l'écran, et non l'ensemble du Comité.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 2 février 2021, le Comité reprend son étude sur les répercussions de la COVID‑19 sur les aînés.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins qui disposeront chacune de cinq minutes pour faire leur déclaration préliminaire, après quoi nous leur poserons des questions.
Nous accueillons aujourd'hui Mme Mary Oko, présidente du Family Council of Copernicus Lodge; et Mme Kathy Majowski, infirmière autorisée et présidente du conseil d'administration du Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés.
J'aimerais donner quelques consignes additionnelles à nos témoins.
Des services d'interprétation sont offerts pour cette vidéoconférence. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais et le français. Lorsque vous parlez, exprimez-vous lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre micro devrait être en mode sourdine.
Vous remarquerez peut-être qu'à chaque série de questions, lorsque les députés commencent à approcher de la fin de leur tour, je lève un doigt pour indiquer qu'il leur reste une minute. Ne paniquez pas. Vous aurez l'occasion de terminer votre intervention. Une minute, c'est en fait assez long.
Cela dit, nous allons d'abord entendre Mme Oko, qui dispose de cinq minutes.
Bienvenue au Comité. La parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
Distingués membres du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, je vous remercie de me permettre de participer aux travaux importants que ce comité a été chargé d'entreprendre.
Comme vous le savez, je m'appelle Mary Oko. Je comparais devant vous aujourd'hui en tant que membre d'une famille dont la mère est actuellement au Copernicus Lodge, un établissement de soins de longue durée situé à Toronto, en Ontario. Je suis également présidente du conseil des familles, qui représente les familles dont des proches vivent dans cet établissement. Ma mère, Wanda Oko, est âgée de 95 ans et est atteinte de démence avancée. Je comparais devant vous pour vous expliquer comment ma mère et moi avons été touchées par la COVID et comment nous pouvons, à mon avis, améliorer la situation de nos aînés à l'avenir.
Je vais d'abord vous donner quelques informations générales.
Pendant la première vague, l'établissement dans lequel ma mère se trouve a eu de la chance, car il n'y a pas eu d'éclosion de COVID.
Pendant la deuxième vague, l'établissement a été durement touché. Vingt-deux résidants sont morts de la COVID. De plus, parmi les 200 résidants, 100 ont été infectés, et parmi les 300 employés, 85 l'ont aussi été. De nombreux résidants souffrent encore. Leur santé s'est dégradée. Bon nombre de ceux qui étaient capables de marcher et qui étaient indépendants auparavant ont maintenant besoin de déambulateurs ou de fauteuils roulants ou sont alités. Ma mère est l'une de ces victimes. Avant que les mesures de confinement soient prises, elle marchait. Elle est maintenant alitée, et pendant le confinement, elle a développé une escarre de stade 4 sur son coccyx de la taille d'une balle de golf qui ne guérira probablement jamais. Elle n'a pas contracté la COVID, mais elle a souffert du confinement et d'autres restrictions qui ont été mises en place sous prétexte d'assurer la sécurité des résidants.
Aujourd'hui, je vais vous faire part de trois problèmes qui nous ont profondément affectées, ma mère et moi.
Premièrement, le soutien de la part du personnel était insuffisant. Ma mère vit dans un établissement de soins de longue durée depuis neuf ans. Parce que le soutien qui lui était fourni était insuffisant, je me suis sentie obligée d'engager, à mes frais, une aide-soignante qui l'a aidée à faire des activités de stimulation intellectuelle, à faire de l'exercice, à se nourrir et à faire quelques promenades à l'extérieur. En outre, je lui rendais visite deux fois par semaine pour l'aider dans ces activités et pour d'autres besoins, comme s'habiller et se laver. Sans cette aide supplémentaire, ma mère n'aurait pas continué à marcher ou ne serait pas demeurée active intellectuellement.
Lorsque la COVID a frappé, l'aide-soignante de ma mère et moi n'avions plus accès à l'établissement. Lorsque j'ai été autorisée à y retourner en septembre 2020, la santé de ma mère s'était détériorée parce qu'elle n'avait pas bénéficié des soins supplémentaires que nous lui prodiguions auparavant. Elle avait cessé de parler et était moins éveillée. Pendant le confinement de la deuxième vague, elle ne faisait pas d'exercice et ne pouvait pas quitter sa chambre. Ma mère est maintenant alitée et a besoin d'utiliser un appareil pour passer de son lit à son fauteuil roulant.
L'aide à l'alimentation a toujours été un aspect concernant lequel le manque de personnel est le plus évident. Avant l'arrivée de la COVID dans l'établissement, l'aide-soignante et moi aidions ma mère à se nourrir. Pendant le confinement de la deuxième vague, en raison des pénuries de personnel et de l'absence du soutien de la famille, ma mère ne mangeait pas bien et son bien-être général s'est détérioré.
Deuxièmement, mon rôle d'aidante pour ma mère n'a pas été pris en compte. Étant donné qu'il n'y a pas assez de personnel pour fournir des soins adaptés à chaque résidant, les membres du personnel se sont toujours réjouis de l'aide que j'apportais lorsque je venais voir ma mère. Ils accordaient également de l'importance au fait que je pouvais signaler rapidement les problèmes qui nécessitaient l'attention du personnel ou, dans certains cas, qui devaient être portés à l'attention du médecin.
Lorsque la COVID a frappé, j'ai été exclue, comme de nombreuses familles au Canada. J'ai été limitée à des réunions vidéo. Lors de ces réunions, ma mère ne remarquait pas ma présence, car elle va mieux lorsque je lui tiens la main et que je lui parle.
Durant la deuxième vague, lorsqu'on a interdit une fois de plus aux familles d'entrer au beau milieu de l'éclosion, comme je l'ai déjà mentionné, ma mère a développé une escarre sévère. Avant que le confinement et les mesures de restrictions soient imposés en raison de la COVID, j'aurais pu avoir accès à ma mère et collaborer avec le personnel pour régler ses problèmes. Les familles n'étaient pas autorisées à apporter leur aide au moment où l'établissement en avait grandement besoin.
Troisièmement, ma mère et moi, qui agis comme son mandataire, n'avons pas été consultées comme il se doit pour les décisions qui ont des conséquences sur ma mère. Nous considérons le Copernicus Lodge comme le foyer de ma mère et non comme un simple établissement. Comme ma mère est atteinte de démence avancée, j'ai toujours participé aux discussions et à la prise de décisions relatives aux soins qui lui sont prodigués. La COVID a changé cette situation. En particulier, au cours de la deuxième vague, ma mère et moi, sa mandataire, n'avons pas été consultées sur certaines des décisions qui ont été prises et qui avaient des répercussions sur les soins qui lui étaient prodigués.
Par exemple, le 14 décembre, deux résidants ont obtenu un résultat positif au test de dépistage de la COVID à l'étage de ma mère, puis neuf, encore une fois principalement à l'étage de ma mère. Il a donc été décidé de confiner plus de 200 résidants dans leur chambre 24 heures sur 24, sept jours sur sept, souvent dans des zones où il n'y avait aucun cas actif. Cette décision a été prise à la suite de réunions entre le Bureau de santé publique de Toronto, le ministère des Soins de longue durée, Unity Health — l'hôpital qui travaille en partenariat avec notre établissement — et l'équipe de direction du Copernicus Lodge. Les résidants et les membres des familles des résidants touchés par ces décisions n'ont pas eu voix au chapitre lors de ces réunions.
Tout autre patient de notre système de soins de santé est consulté dans les décisions qui ont des répercussions sur sa santé. Durant la COVID, il n'en est pas de même pour les personnes âgées qui vivent dans des établissements de soins de longue durée ou leur mandataire. Pourquoi cela est‑il considéré comme étant quelque chose d'acceptable?
Comment régler les problèmes? J'ai quatre suggestions.
Premièrement il faut que des normes nationales pour les soins de longue durée soient adoptées. En comparant ce qui se passait dans l'établissement de ma mère avec ce qui se passait dans d'autres établissements de soins de longue durée à Toronto ou dans d'autres provinces, je constate qu'il y a un manque d'uniformité dans la façon dont on s'occupe de nos aînés sur bien des plans, notamment en ce qui concerne les effectifs, les tests de dépistage de la COVID et les mesures de prévention et de contrôle des infections.
Aucune personne âgée ne devrait avoir l'impression d'être victime de discrimination en raison de la ville ou du village où elle vit, de la province ou du territoire ou du type de foyer qu'elle choisit. Nous sommes tous des Canadiens, et nos aînés devraient être traités de façon juste et équitable d'un océan à l'autre.
Deuxièmement, on ne doit jamais exclure les familles. Elles jouent un rôle essentiel dans les soins fournis à nos aînés. Nous connaissons nos proches, et nous pouvons collaborer avec les établissements pour qu'ils reçoivent des soins de qualité, ce dont ils ont besoin. Jusqu'à ce que l'on règle les problèmes d'effectifs et que le financement à cet égard soit adéquat, il est essentiel que les familles ne soient pas privées du droit d'améliorer la qualité des soins, voire la qualité des soins palliatifs pour leurs proches qui vivent dans des établissements de soins de longue durée. Ma mère et nos aînés auront toujours besoin de l'amour et du soutien de leur famille.
Troisièmement, il faut mieux faire connaître le conseil des familles. Depuis le début de la COVID, le conseil des familles du Copernicus Lodge défend ses résidants avec vigueur. Il a fait pression pour la reprise des douches et des bains réguliers, il a demandé qu'on augmente les activités de stimulation intellectuelle et d'autres activités, et bien d'autres choses encore, mais les membres du conseil des familles sont des bénévoles non rémunérés, et c'est un véritable défi d'attirer des membres et de les inciter à rester membres, surtout lorsque les agences de soins de santé et les membres de la direction bien rémunérés ne nous écoutent pas.
Enfin, les résidants doivent être entendus à la table. Dans toutes les discussions qui ont des répercussions sur la santé et le bien-être des résidants, leur voix ou la voix des mandataires qui les représentent doivent être incluses.
Je vous supplie de ne jamais réduire ma mère au silence.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je remercie Mme Oko d'avoir parlé de son expérience.
Bonjour à tous. J'aimerais souligner que je m'adresse à vous depuis le territoire du Traité no 1, soit le territoire traditionnel des peuples anishinabe, inninewak, oji-cri, dakota et déné, et depuis le cœur de la nation métisse.
Le Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés est un organisme national à but non lucratif composé de personnes et d'organisations qui se soucient des personnes âgées et de la prévention de la maltraitance à un âge avancé.
La maltraitance des aînés a longtemps été surnommée la « pandémie silencieuse ». Elle était répandue dans nos collectivités bien avant l'apparition de la COVID. Comme dans le cas de la violence fondée sur le sexe, la situation de la maltraitance des aînés s'est enflammée pendant la COVID et c'est devenu une pandémie de l'ombre en 2020.
Nous avons tous vécu le stress causé par la pandémie et les répercussions de la pandémie. Ce qui a aidé bon nombre d'entre nous à relever le défi chaque jour, c'est le soutien d'une famille ou d'un groupe social. Pour de nombreux Canadiens âgés, ces liens essentiels ont été détruits par la pandémie. La nécessité de rester à la maison et la distanciation ont réduit les possibilités d'interactions sociales et d'accès aux services de base.
Au cours des premiers mois de la pandémie, nous avons mené une enquête pour évaluer les effets immédiats de la COVID‑19 sur nos membres. Nous avons demandé aux personnes chargées de la prévention de la maltraitance des aînés et aux prestataires de services de nous dire ce qu'ils avaient vécu et observé. Lorsqu'ils ont été interrogés sur les répercussions de la pandémie sur les personnes âgées qu'ils aident, les répondants ont indiqué que l'augmentation de la maltraitance des aînés et de la violence conjugale était le problème numéro un, suivi de près par la réduction de l'accès aux services et à du soutien et l'augmentation de l'isolement social.
L'isolement social représente une grave menace pour la santé publique; il peut avoir des conséquences mortelles. Il peut être aussi néfaste pour la santé que le fait de fumer 15 cigarettes par jour. L'isolement social entraîne l'adoption de comportements néfastes pour la santé, affecte la santé mentale et constitue également un facteur de risque de maltraitance et de négligence envers les aînés ainsi que d'auto-négligence. Une personne âgée isolée peut ne pas avoir accès à des produits de première nécessité, être plus vulnérable aux escrocs et être coincée chez elle avec l'individu qui la maltraite, sans avoir accès à de l'aide.
Près de 65 % des répondants à notre enquête ont déclaré que la COVID‑19 a eu des répercussions importantes sur leurs programmes et leurs activités, 83 % d'entre eux ayant signalé une perturbation des services aux clients et 46 %, une augmentation de la demande de services. C'était la tempête parfaite: des personnes âgées de plus en plus isolées qui ont davantage besoin de services de soutien, lesquels ont été fortement perturbés par la pandémie. La distanciation sociale est devenue une arme à double tranchant.
Nous connaissons tous la suite. Les personnes âgées qui vivent à domicile ont signalé souffrir davantage d'isolement et de problèmes de santé mentale. En Ontario, la ligne d'assistance aux personnes âgées a signalé une augmentation de 250 % des appels concernant des mauvais traitements envers les aînés et, pendant ce temps, dans certains établissements de soins de longue durée, il y a eu des cas de mauvais traitements et de négligence épouvantables chez les résidents.
L'année qui vient de s'écouler a été un test de résistance qui a mis en évidence les faiblesses de notre système. Les Canadiens âgés ont été les plus durement touchés par cette pandémie par les décès, l'isolement et la diminution de leur sécurité et de leur qualité de vie, et ils refusent d'être sacrifiés et ignorés plus longtemps.
Environ 90 % des Canadiens âgés vivent à domicile et la plupart d'entre nous espèrent vieillir à la maison. Pour que cela se produise en toute sécurité, nous devons nous attaquer au problème des mauvais traitements et de la négligence dans nos collectivités.
Nous recommandons entre autres l'amélioration des programmes de formation dans tous les secteurs avec des soins adéquats prodigués aux personnes âgées à leur domicile et dans leur collectivité. Non seulement nous devons veiller à ce qu'il y ait suffisamment de ressources humaines pour accomplir les tâches assignées, mais les personnes âgées doivent également disposer d'un réseau de soutien et de services communautaires qui collaborent bien ensemble et qui ont la formation nécessaire pour reconnaître et prévenir l'âgisme et la maltraitance des personnes âgées et qui connaissent les ressources locales, régionales et nationales disponibles. La formation doit tenir compte des questions relatives aux traumatismes et à la violence et être axée sur l'équité afin que soit établi un pont entre les secteurs et les mandats pour favoriser une approche plus inclusive et collaborative de la prévention et de l'intervention.
Nous recommandons également d'encourager le développement de collectivités amies des aînés et de veiller à ce que cet effort soit axé sur la prévention de la maltraitance des aînés.
Nous savons que les préposés aux services de soutien à la personne, qui sont également connus sous le nom d'aides-soignants, sont les gens qui sont le plus fréquemment en contact avec les personnes âgées qui reçoivent de l'aide à domicile et que leur niveau de formation et de surveillance n'est pas uniforme. Une réglementation de ce rôle favoriserait une meilleure protection du public en précisant les responsabilités professionnelles, et la mise en place de normes minimales pour l'accès à la pratique ainsi que de processus pour répondre aux plaintes. De plus, une réglementation permettrait d'augmenter la sécurité par la vérification des compétences pour une pratique sûre au moyen d'un registre public et par la communication de renseignements sur les plaintes, à l'instar d'autres organismes de réglementation.
L'un des éléments importants consisterait à établir des exigences minimales en matière de formation et à normaliser les programmes, notamment en ce qui concerne les soins tenant compte des traumatismes, les soins aux personnes atteintes de démence, ainsi que la sensibilisation, la prévention et l'intervention liées à la maltraitance des aînés, y compris les informations sur le processus de signalement si l'on soupçonne qu'il y a de la maltraitance. Cela favoriserait également la sécurité et la stabilité de ces professionnels, qui sont souvent des femmes issues de communautés racialisées, elles-mêmes plus vulnérables.
Nous recommandons d'offrir un financement soutenu et approprié au secteur de l'intervention en cas de mauvais traitements et de négligence à l'égard des aînés, au même titre que le financement lié à la violence familiale. En particulier, nous recommandons de fournir un soutien et un financement réservé au Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés, afin de veiller à ce qu'il existe un organisme national qui se consacre à la prévention des mauvais traitements infligés aux aînés et aux efforts de sensibilisation à cet égard. Cela permettra aussi de favoriser l'échange d'informations fiables entre les intervenants et les fournisseurs de services d'un bout à l'autre du Canada.
Enfin, nous recommandons la création d'un bureau fédéral de défense des intérêts des aînés. Ce bureau devrait assurer une surveillance et un leadership systémiques sur les questions liées aux besoins actuels des aînés canadiens, ainsi que fournir au gouvernement un aperçu, des analyses et des conseils sur les besoins futurs de notre population vieillissante. La sensibilisation aux mauvais traitements et à la négligence dont sont victimes les aînés et les interventions à cet égard devraient représenter un mandat clé et permanent de ce bureau.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup de votre question.
Le signalement est un enjeu très délicat. En effet, il ne faut pas oublier que, tout d'abord, 91 % de nos personnes âgées vivent dans la collectivité, de sorte qu'elles reçoivent du soutien dans cette collectivité. Lorsqu'elles subissent des mauvais traitements, nous savons que les coupables sont souvent des personnes qui leur sont proches, qu'il s'agisse d'un voisin, d'un ami, d'un membre de la famille qui joue un rôle de soignant ou même [Difficultés techniques] de la personne, ce qui complique énormément le signalement. Je dirais que c'est comparable au signalement de la violence familiale.
Parfois, lorsque des travailleurs de la santé, des travailleurs des services sociaux ou des travailleurs des services communautaires assument une responsabilité de déclaration obligatoire, cela va en réalité à l'encontre de ce que souhaite la personne âgée. En effet, il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les personnes âgées ne veulent pas signaler ces incidents. Il se peut qu'elles ne veuillent pas que les membres de leur famille s'attirent des ennuis en subissant des conséquences juridiques pour leur comportement. Parfois, c'est parce que la personne âgée ressent une certaine culpabilité. Nous envisageons donc un scénario de réduction des risques dans lequel la mise en place de soutiens supplémentaires peut soulager une partie de la pression et réduire la nécessité de dépendre de la personne qui inflige les mauvais traitements. Dans de nombreux cas, cela peut améliorer la situation.
Il est important de prendre en compte [Difficultés techniques] parler du signalement. En effet, les personnes âgées sont tout aussi capables que les gens plus jeunes de décider ce qui leur convient le mieux, et elles peuvent avoir des opinions divergentes sur le type de comportement acceptable. Nous devons tenir compte de leur point de vue et comprendre que nous avons peut-être de merveilleuses idées pour améliorer sensiblement la situation de ces personnes, mais que si ce n'est pas ce qu'elles veulent, cela fera diminuer leur qualité de vie et leur bien-être, et qu'elles pourraient se sentir moins en sécurité. La prévention des mauvais traitements infligés aux personnes âgées est une conversation très complexe et nuancée, surtout lorsque ces personnes vivent dans la collectivité.
La conversation est toutefois différente, par exemple, lorsqu'il s'agit du milieu des soins de longue durée. En effet, il s'agit d'un environnement beaucoup plus structuré. Il existe certainement des moyens d'uniformiser un peu plus les processus de signalement. Malheureusement, la situation n'est pas uniforme à l'échelle du pays. Les provinces et les territoires ont tous des modèles différents, et les familles et le personnel doivent donc connaître les ressources offertes dans leur établissement. Mais les choses deviennent certainement beaucoup plus complexes lorsqu'on parle de la collectivité.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées mène présentement cette étude sur la réalité vécue par les aînés pendant les pires moments de la pandémie. Or, certains problèmes existaient déjà auparavant, bien avant le début de nos travaux. Nous pouvons discuter des conditions de vie de nos aînés de façon globale, tant sur le plan financier que sur le plan social ou sanitaire.
Madame Oko, malheureusement, plusieurs aînés dans les résidences vivent une situation comme celle de votre mère et vous. Au Québec, ce fut aussi le cas dans certains établissements. Je ne mettrais pas dans le même panier tous les établissements publics de soins pour aînés, parce qu'il y a eu aussi de beaux exemples et de belles pratiques pendant la pandémie. Cependant, la situation est arrivée de façon sournoise, et chacune des provinces a pris des mesures pour y remédier, tant bien que mal. Parfois, ce fut douloureux pour les personnes aînées, leurs proches et leur famille.
On a dû prendre des mesures pour protéger les personnes aînées, notamment en empêchant leurs proches de les visiter, et vous avez tout à fait raison de dire que l'isolement a eu des effets divers. Je vous remercie de vos témoignages, même s'ils étaient difficiles. Je crois qu'ils reflètent les témoignages criants de gens d'un bout à l'autre du Canada, selon les réseaux.
Par contre, je dois vous dire en tout respect que je suis sceptique quant à une solution que vous semblez mettre en avant, soit des normes nationales qui viendraient d'Ottawa pour réglementer ce qui se fait dans chaque province. Je pourrais vous illustrer les innombrables normes que nous avons, au Québec, concernant nos établissements et l'organisation des soins. Ce sont des choix que nous avons faits, notamment en ce qui concerne les ratios entre le nombre de préposés et le nombre de bénéficiaires. Je ne pense pas que cela puisse faire l'objet d'une politique nationale qui s'appliquerait uniformément. J'ai beaucoup de difficulté à croire que cela réglera la situation.
Cependant, vous avez mentionné une chose que nous trouvons importante. Vous avez parlé du sous-financement en ce qui concerne le personnel. C'est donc le sous-financement [difficultés techniques] des provinces, qui sont habilitées à s'occuper de l'organisation des soins, puisque c'est une compétence provinciale. Alors, Ottawa doit apporter sa contribution. Le gouvernement de l'Ontario et celui du Québec avaient une demande à faire au gouvernement fédéral: hausser considérablement les transferts en santé pour que la part fédérale du financement des dépenses corresponde aux besoins des provinces pour assurer les services.
Que pensez-vous de la position du gouvernement de l'Ontario, de celui du Québec et des autres gouvernements? Est-ce qu'Ottawa doit apporter une plus grande contribution?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord féliciter Mme Oko pour sa force et la remercier d'avoir partagé avec nous son histoire et celle de ses parents. J'ai moi aussi pris soin de mes parents lorsqu'ils étaient malades il y a de nombreuses années et je sais qu'il est difficile de veiller à ce qu'ils reçoivent les soins dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité. Je vous remercie beaucoup pour votre témoignage.
Madame Majowski, nous vous remercions également de nous transmettre vos grandes connaissances, et aussi pour le travail que vous faites. Ma première question s'adresse à vous.
Depuis plusieurs années, les défenseurs des droits de la communauté des personnes handicapées, notamment les aînés, demandent de meilleures mesures de soutien pour les personnes handicapées, afin qu'elles puissent vivre dans la dignité. Malheureusement, à mon avis, les droits de ces personnes n'étaient pas une priorité pour le gouvernement actuel et les gouvernements précédents, avant ou pendant la pandémie.
Aujourd'hui, à la veille de l'ajournement de la Chambre pour l'été — nous aurons peut-être des élections à l'automne —, le gouvernement présente enfin une mesure législative pour créer la Prestation d'invalidité du Canada, le projet de loi , qui, je l'espère, verra le jour, mais je n'en suis pas certain. À mon avis, ce projet de loi aurait dû être la priorité, à la lumière des statistiques émanant de la pandémie.
Pourriez-vous nous expliquer comment les personnes handicapées en général et les aînés ont été affectés de façon disproportionnée par la pandémie?
Je vais vous parler de mon rôle au travail.
Je suis infirmière autorisée et je travaille au centre-ville de Winnipeg. Nous constatons au quotidien à quel point les personnes âgées sont mal servies. Ce sont mes clients. Ce sont les gens que j'aide. Nous savons que, dans notre système, les gens qui ont l'appui de leur famille, de leurs amis et d'autres personnes qui parlent en leur nom s'en tirent mieux que les autres, mais il y a de nombreuses personnes — tant des personnes handicapées que des personnes âgées — qui n'ont pas de proche pour les défendre et elles sont laissées à eux-mêmes. Ainsi, elles n'ont pas accès aux services de base ou au financement auquel elles ont droit parce qu'elles ne savent pas comment naviguer à travers le système et qu'elles n'ont pas le soutien communautaire dont elles ont besoin pour le faire.
C'est là où entre en jeu notre programme. Nous tentons de combler les lacunes, mais ce n'est pas suffisant, depuis de nombreuses années. Les collectivités ne sont pas organisées pour aider les personnes handicapées qui vivent dans la pauvreté ou qui ont plus de 55 ou 65 ans. En fait, les obstacles sont plus nombreux que les mesures de soutien offertes. On leur dit souvent non, et quand toute sa vie on se faire dire « non, vous n'êtes pas admissible, vous ne pouvez pas », cela devient très décourageant.
Au cours de la dernière année, bon nombre des services qui étaient en place pour aider ces gens ont disparu, en raison de la pandémie. Aujourd'hui, il y a des gens qui vivent toujours dans la pauvreté, qui ont toujours des handicaps, qui sont toujours âgés et qui présentent des risques plus élevés s'ils contractent la COVID‑19, mais ils n'ont pas accès à la technologie et n'ont pas de téléphone. Certains de ces services sont uniquement accessibles par l'entremise de ces technologies. Notre province offre un excellent programme de counseling, qu'elle a financé et lancé dès le début de la pandémie, puisqu'elle a reconnu que les problèmes de santé mentale étaient importants. Bon nombre de nos clients ne peuvent y accéder. Ils n'ont peut-être pas les compétences nécessaires pour utiliser la technologie ou n'ont pas d'argent pour y accéder. Les lacunes sont importantes et elles se sont accentuées avec la diminution des services.
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C'est sans contredit un problème d'âgisme, et j'ajouterais que c'est aussi un problème lié au genre, parce que les femmes représentent la majorité des résidents des établissements de soins de longue durée et la majorité du personnel soignant, dont beaucoup de femmes racialisées ou de nouvelles arrivantes.
Quant à l'âgisme, juste [Difficultés techniques] accroître ou exacerber les problèmes. Malheureusement, dans mes nombreuses discussions avec le ministère des Soins de longue durée de l'Ontario, les médias et beaucoup d'autres gens, j'avais l'impression que les gens s'en moquaient éperdument. Je leur décrivais en détail la situation dans les établissements de soins. J'avais toujours l'impression que ma mère et les résidents étaient punis parce qu'ils vivaient trop longtemps.
Lorsque ma mère a eu une plaie de lit, après l'éclosion, on m'a dit que ma mère était fragile, qu'elle était atteinte de démence avancée et qu'il fallait s'y attendre. Certes, il fallait s'attendre à ce qu'elle décline, puisqu'elle est atteinte de démence avancée, mais on ne peut s'attendre à ce qu'elle ait une plaie de lit de stade 4 et qu'elle décline en cinq mois.
Voilà le genre de conversation que j'ai eue avec de nombreuses familles de notre résidence et d'autres établissements. Le résident a décliné au point d'avoir de la difficulté à manger, et il lui faut de l'aide, et le commentaire qui revient constamment, c'est: « Eh bien, c'est l'âge » ou « C'est la démence ». Il y a toujours une excuse quelconque. Je pense que toute personne devrait être traitée avec dignité, devrait avoir une qualité de vie et devrait mourir dans la dignité. Chaque jour devrait être un jour de joie jusqu'à ce que la personne décède. Nous ne devrions pas faire de discrimination en fonction de leur âge.
J'ai discuté avec un médecin qui m'a dit que dans certains cas, la discrimination fondée sur l'âge commence dès la soixantaine. Je regrette, mais je pense qu'à 60 ans, une personne est encore jeune et a encore beaucoup de valeur.
À qui revient la décision? Je pense que personne ne devrait prendre cette décision ou porter un jugement sur la qualité des soins qu'une personne reçoit.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier les répercussions de la COVID-19 sur les aînés.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention de nos témoins.
Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. L'interprétation est offerte pour cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français.
[Français]
Lorsque vous parlez, exprimez-vous lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en sourdine.
[Traduction]
J'aimerais maintenant accueillir nos témoins afin de poursuivre notre discussion. Chaque témoin aura cinq minutes pour sa déclaration, puis nous passerons aux questions.
Nous accueillons aujourd'hui M. Doug Mackie, président de la Canadian Men's Sheds Association.
[Français]
Nous accueillons également Mme Violaine Guerin, coordonnatrice du Conseil régional de développement social des Laurentides.
[Traduction]
Nous allons commencer avec M. Mackie pour cinq minutes. Je suis impatient d'entendre les témoignages.
Monsieur Mackie, la parole est à vous.
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Dois-je commencer par une blague, ou est‑ce que cela va?
Merci de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Men's Sheds est une organisation communautaire bénévole comptant actuellement 39 groupes au Canada. L'association fait partie d'un mouvement mondial de plus de 2 200 groupes dans le monde, notamment en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, en Irlande, aux États-Unis, au Kenya, en Islande et au Canada. Le premier groupe de Men's Sheds en Amérique du Nord a été formé en 2010, ici à Winnipeg.
Men's Sheds est une organisation communautaire bénévole unique gérée par des hommes, pour des hommes. Les décisions sur les activités et les projets sont prises à l'échelle des groupes et non par un bureau central. Men's Sheds vise avant tout à offrir aux hommes un lieu sûr et convivial où ils peuvent se réunir, socialiser, vivre l’esprit de camaraderie et mener des projets personnels ou de groupe tout en travaillant en collaboration.
Lorsqu'un homme prend sa retraite, il perd un aspect structurant de sa vie. Il laisse parfois ses plus importants contacts sociaux derrière lui, dans son ancien milieu de travail, et sa vie perd un peu de son sens. Les centres pour aînés ne comblent pas ce vide, car dans la majorité des cas, leurs membres sont composés de 80 % de femmes et de 20 % d'hommes. Les hommes tendent à hésiter à demander de l'aide. Il n'existe au Canada aucun autre programme destiné aux hommes et géré par des hommes.
Nos groupes combattent la solitude, l'isolement, l'anxiété et la dépression chez les hommes. La Men's Sheds Association n'est pas un groupe d'entraide. Elle ne reçoit aucun financement fédéral, ni même provincial, sauf un financement sporadique, contrairement aux programmes Men's Sheds du Royaume-Uni, d'Irlande et d'Australie. Les groupes pour hommes contribuent à l'amélioration du bien-être émotionnel ou de la santé mentale des hommes participants, et, par conséquent, à l'amélioration de la vie des hommes et de leur famille, et à l'amélioration de leur milieu de vie.
Je soumets le tout respectueusement.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Le Conseil régional de développement social des Laurentides a pour mission d'accroître et de soutenir la capacité d'action collective en matière de développement social dans la région des Laurentides. Ses membres proviennent de différents secteurs œuvrant auprès des personnes vulnérables, notamment les aînés.
Les mesures qui ont été adoptées en contexte pandémique ont eu des répercussions profondes sur la santé mentale des personnes aînées, et on a observé une hausse de l'incidence des troubles psychologiques, dont la dépression, les troubles anxieux, les troubles du sommeil et le syndrome de stress post-traumatique.
Il est probable que les répercussions sur la santé psychologique et la santé physique des personnes âgées perdurent au-delà du contexte de la pandémie et de la période de maintien des consignes de distanciation physique. Afin de minimiser les répercussions négatives, il serait opportun de veiller à ce que les politiques relatives aux visites dans les établissements d'hébergement, les hôpitaux et les hospices traduisent un souci de parvenir à un équilibre entre la nécessité de protéger les autres et le fait que les résidants ont besoin de voir leur famille et d'avoir des rapports sociaux.
Il serait également opportun d'étudier et de revoir les modalités de participation des aînés à l'échelle nationale, afin de renforcer leur participation à la prise de décision et à l'élaboration des politiques qui les concernent. La participation sociale est un facteur de protection de la santé des personnes âgées. On remarque des fonctions cognitives plus élevées chez ceux qui la pratiquent. Alors que les mesures de distanciation physique visent à protéger la santé des populations vulnérables, ces mêmes mesures entraînent secondairement l'isolement social, lequel favorise à son tour la détérioration de la santé mentale et physique ainsi que des capacités cognitives.
Les personnes âgées se percevant comme isolées durant la pandémie avaient tendance à adopter des comportements défavorables à leur santé. De plus, l'interruption de plusieurs services communautaires et des visites à domicile en raison de la pandémie a eu des répercussions notables sur la santé des personnes âgées qui dépendent de ces services.
La pandémie a également engendré la croissance des discours teintés d'âgisme et de la discrimination envers les personnes âgées. Ces discours renforcent une perception préconçue des personnes aînées comme étant des personnes vulnérables dont la vie a une valeur moindre que celle des plus jeunes. [Difficultés techniques], on bafoue l'identité sociétale des personnes âgées en les percevant comme un groupe homogène, ce qui augmente leur susceptibilité à la discrimination et à l'exclusion, et n'illustre pas adéquatement la contribution sociétale de cette population ni la résilience de ces personnes devant la crise. Ces discours peuvent entraîner plusieurs conséquences sociétales, notamment en contribuant à une discrimination envers les travailleurs âgés et les retraités souhaitant retourner sur le marché du travail à la suite de la pandémie.
L'intériorisation des messages teintés d'âgisme par les personnes âgées pourrait aussi entraîner des conséquences importantes, telles qu'une perte d'estime de soi et une perte du sentiment d'être utile au sein de la société.
Il serait donc pertinent d'utiliser, pour décrire les personnes âgées, un langage qui ne les stigmatise pas, d'éviter d'avoir recours à des stéréotypes et d'éviter d'étiqueter les personnes âgées comme étant uniformément fragiles et vulnérables. Il faudrait également s'abstenir d'utiliser, pour désigner les personnes âgées, des mots qui ont des connotations négatives et qui véhiculent des préjugés. Il faudrait donc favoriser les échanges intergénérationnels afin d'accroître la solidarité entre les générations et de lutter contre les préjugés. Il faudrait également développer des campagnes de sensibilisation pour lutter contre l'âgisme.
La fraude et la maltraitance sous toutes leurs formes ont connu une recrudescence durant la pandémie. Les aînés ont été ciblés dans un contexte de vulnérabilité et d'anxiété exacerbées. Il sera important de les outiller adéquatement afin que tous soient les mieux informés possible sur les différentes arnaques et fraudes dont ils pourraient être victimes. Il serait donc souhaitable de renforcer les services de prévention et de protection des personnes âgées contre toute forme de violence, de maltraitance et de fraude. Il faudrait également informer, éduquer, sensibiliser et outiller les aînés pour qu'ils soient conscients de l'existence de ces phénomènes.
La pandémie est venue avec son lot de défis et nous a contraints à nous adapter très rapidement aux nouvelles technologies. Toutefois, ce passage au mode virtuel implique une exclusion sociale de deuxième ordre des personnes âgées. On dénote une hétérogénéité non négligeable sur le plan de la littératie numérique chez les aînés, qui participent peu aux rassemblements virtuels en contexte pandémique. Il existe des inégalités marquées dans la participation sociale virtuelle de cette population, car elle exclut davantage les personnes aînées à faible revenu possédant de plus faibles niveaux d'éducation ainsi que celles possédant des états de santé défavorables.
La situation a amplifié le phénomène de fracture numérique, notamment pour les aînés vivant en milieu rural, où l'accès à Internet fait encore défaut, et pour les aînés les plus vulnérables qui n'ont pas les moyens financiers de s'équiper d'outils technologiques.
Il serait donc pertinent d'aider les aînés ainsi que celles et ceux qui s'occupent d'eux pour qu'ils puissent avoir accès à des outils de communication numérique ou à d'autres moyens de garder le contact avec leur famille et leurs réseaux sociaux lorsque les déplacements physiques sont limités. Il faudrait également permettre aux personnes âgées de participer aux programmes d'apprentissage tout au long de la vie et améliorer leur accès aux technologies de l'information et de la communication.
Ceci n'est pas nouveau: les aînés souhaitent demeurer chez eux le plus longtemps possible. Étant donné les événements que nous avons vécus durant la pandémie, où le nombre de décès a été très élevé au sein des différentes ressources d'hébergement pour aînés, les personnes âgées sont confortées dans leur volonté de rester dans leur domicile privé. Les gouvernements devront se pencher sur des solutions concrètes pour favoriser le maintien à domicile des aînés. Les services à domicile devront être plus facilement accessibles, afin que le maintien à domicile se fasse dans les meilleures conditions possible.
Également, la pénurie de logements abordables, adaptables et accessibles est un problème qui ne fait que croître. Cela incite parfois les aînés à se délocaliser et à se rapprocher des grands centres pour avoir accès à des logements moins coûteux et plus proches des services. Il serait donc souhaitable d'augmenter les services mobiles afin de garantir l'accès aux personnes âgées plus isolées, ou à celles dont la mobilité est limitée, pour évaluer leurs besoins et leur apporter un soutien.
Il serait également souhaitable d'assurer l'offre continue de services de soins adéquats aux personnes âgées, tels que les services de santé mentale et les soins palliatifs et gériatriques, notamment en soutenant les aidantes et les aidants naturels non rémunérés qui prodiguent des soins à domicile et dans les communautés, ainsi que les travailleuses et travailleurs sociaux rémunérés qui fournissent des soins à domicile et des soins en établissement.
Il faut veiller également au maintien des services communautaires et de l'aide apportée aux personnes âgées, notamment les services sociaux et juridiques, malgré les mesures de distanciation physique.
Il faut reconnaître le rôle crucial des proches aidants et leur permettre de jouer ce rôle avec les outils nécessaires.
Nous suggérons de mettre en place des programmes qui favorisent et soutiennent le maintien à domicile.
De plus, il faut construire davantage de logements communautaires abordables et accessibles aux aînés pour les maintenir dans leur milieu de vie dans un environnement sécuritaire.
Dans les Laurentides, 6,3 % des aînés de 65 ans et plus vivent sous le seuil de faible revenu, selon la mesure du panier de consommation, ce qui représente 5 930 individus en situation précaire. Il est important de développer une expertise et une vigilance à propos des conditions de vie et d'emploi des personnes de 55 ans et plus en évaluant la couverture des besoins essentiels et la sortie de la pauvreté après la prise de la retraite.
Il y a nécessité d'accorder la priorité à la réalisation effective du droit à une qualité de vie de base pour tous et toutes à la retraite, comme dans l'ensemble du parcours de vie.
La participation sociale des aînés n'est plus à démontrer. Certes, le vieillissement de la population engendre son lot de défis...
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Certainement, monsieur Morantz; merci beaucoup.
Hommes et femmes ne communiquent pas de la même façon, et les hommes communiquent différemment selon qu'ils sont seuls ou dans un groupe diversifié de gens. Très souvent, un homme commence à discuter avec les bras croisés sur la poitrine, pour se protéger.
Men's Sheds offre un espace ouvert où les gens peuvent venir apprendre et apprendre à se connaître. Pourquoi font-ils des choses comme ce que j'ai ici?
Eh bien, nous les appelons des oiseaux de réconfort, et ils sont destinés aux patients en soins palliatifs. Ils tiennent très bien dans la main. Un de nos hommes a fabriqué 150 oiseaux qu'il a donnés à une personne qui travaille auprès de gens en soins palliatifs.
Si vous donnez à un homme quelque chose à faire — grand ou petit projet, peu importe —, il s'assoit et il le fait. Puis il commence à regarder celui qui se trouve à côté de lui ou en face de lui pour voir ce qu'il fait. Ensuite, croyez-le ou non, il s'ouvre. Qui êtes-vous? Qu'avez-vous fait dans la vie? Avez-vous une famille? Comment vous sentez-vous? Que faites-vous?
Je peux vous raconter des histoires très personnelles concernant des hommes qui, simplement en travaillant ensemble, côte à côte — non pas dans le cadre d'un plan, d'un projet ou d'un programme précis, mais dans une activité libre —, ont eu l'occasion de s'asseoir, de se détendre et de commencer à communiquer.
C'est un des défis ou des problèmes. Les gens disent que les hommes ne communiquent pas, mais c'est faux. Ils communiquent, mais lorsque la situation s'y prête.
J'aimerais faire un commentaire sur le dernier témoignage. J'ai un fils sans abri ici à Winnipeg, qui vit dans un refuge. Si vous voulez vraiment aborder des sujets personnels, je peux vous raconter quelques anecdotes.
Mais je m'égare. Ce que fait l'organisme Men's Sheds, c'est offrir un lieu pour favoriser ce que nous appelons « la santé en douce ». Il ne s'agit pas d'un programme complet organisé sur un sujet quelconque; nous faisons plutôt appel à des conférenciers. Il peut s'agir de spécialistes de la maladie d'Alzheimer, du rétablissement après un accident vasculaire cérébral ou autre. Nous demandons à quelqu'un d'en parler aux hommes.
C'est intéressant, car si un homme et son épouse ou sa conjointe se rendent à une réunion publique, bien souvent l'homme reste assis les bras croisés sur sa poitrine, sans poser de questions et sans rien révéler, mais si vous réunissez un groupe d'hommes pour travailler ensemble, et essayer d'apprendre quelque chose ensemble, alors ils viendront écouter un conférencier sur la nutrition, sur Canards Illimités, sur le rétablissement après un accident vasculaire cérébral et tous ces types de choses.
La deuxième partie consiste à retourner vers ces organisations — qu'il s'agisse d'organismes de santé mentale ou d'ergothérapie — et à leur demander de prescrire socialement les Men's Sheds. Si vous ne connaissez pas la prescription sociale, je vous invite à vous renseigner. Ils nous envoient des hommes. Le personnel médical nous envoie des hommes.