Bienvenue à la 15e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroulera en format hybride, conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre des communes du 25 janvier 2021, et les délibérations seront sur le site Web de la Chambre. La diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Je vais vous dispenser des autres directives usuelles liées au format que nous donnons au début de la réunion, car toutes les personnes présentes les ont déjà entendues à maintes reprises.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 28 octobre 2020, le Comité va commencer son étude de l'initiative pour la création rapide de logements. L'étude portera sur tous les aspects du programme proposé, avec une attention particulière accordée au nombre de logements obtenus et à leur emplacement.
Je souhaite la bienvenue à notre témoin, M. Adam Vaughan, secrétaire parlementaire du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, pour le logement. Il commence la discussion en faisant une déclaration liminaire de cinq minutes, qui sera suivie des questions.
Monsieur le secrétaire parlementaire, vous avez la parole.
Je comparais ici en partie parce que le ministre, que je m'étais engagé à faire participer à la séance, a malheureusement une réunion de comité sur la COVID et aide aussi à lancer le nouveau conseil du logement dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement. De plus, comme c'est le Mois de l'histoire des Noirs, il a de nombreux autres engagements. Je suis sincèrement désolé, mais j'ai travaillé très étroitement avec lui pour préparer cette politique et la faire adopter, et j'espère que vous ne poserez pas de questions auxquelles je n'ai pas la réponse. Heureusement, le député très vif d'esprit de Spadina—Fort York n'est pas ici pour me donner du fil à retordre, ce qui est une bonne chose pour moi.
Je tiens d'abord à souligner que je me trouve actuellement sur le territoire des Mississaugas de la Première Nation de Credit, qui détiennent le traité visant ces terres, mais c'est aussi le territoire traditionnel de la Confédération haudenosaunee et de la nation huronne-wendat. Ce territoire est depuis des générations un lieu de rassemblement pour un grand nombre de personnes issues de nombreuses nations d'un bout à l'autre de l'île de la Tortue, et à vrai dire maintenant de partout dans le monde.
Nous sommes maintenant au onzième mois de la pandémie, et pour situer la création rapide de logements dans notre lutte contre l'itinérance pendant la pandémie, nous devons revenir presque une année en arrière au moment où nous avons compris l'ampleur et les répercussions hautement dévastatrices de la COVID-19, tant en tant que risque et, en fait, pour beaucoup trop de Canadiens, en tant que réalité compte tenu des décès et des difficultés attribuables à cette pandémie sans précédent.
Nous avons immédiatement compris l'incidence sur les populations vulnérables. Surtout lorsque nous avons regardé la COVID apparaître, notamment en Europe et à New York, nous avons constaté ses conséquences sur les populations sans abri, les gens en situation précaire, qui dorment dans la rue, et sur un éventail de populations sans logement sûr. Nous savions que nous devions agir rapidement, car le logement était effectivement le médicament prescrit aux gens. C'est une chose de leur dire de rester chez eux, mais à défaut d'avoir un chez-soi, c'était un avis médical qu'ils ne pouvaient tout simplement pas suivre. Nous nous sommes penchés sans tarder sur les programmes existants pour voir comment nous pouvions les fortifier, et c'est le travail préparatoire qui, comme je l'ai dit, a mené à l'initiative pour la création rapide de logements.
Nous avons immédiatement plus que doubler les ressources pour le programme Vers un chez-soi et nous avons éliminé des règles, des restrictions et des règlements pour permettre aux collectivités locales de lutter contre la COVID en ayant le plus de souplesse et la plus grande force possible. Nous avons aussi organisé une réunion d'intervenants, que nous tenons régulièrement depuis, avec nos partenaires de Vers un chez-soi. Vers un chez-soi est évidemment le programme de logement qui s'attaque à l'itinérance dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement du gouvernement fédéral.
Nous travaillons aussi chaque semaine avec l'Alliance canadienne pour mettre fin à l'itinérance dans le but de parler à des travailleurs de première ligne et d'examiner les études et les données qu'ils ont demandées pour non seulement nous assurer qu'aucun effort n'est ménagé avec l'argent du programme Vers un chez-soi, mais aussi pour commencer à mobiliser immédiatement des ressources visant à appuyer les solutions de logement qui étaient proposées pour favoriser l'isolement, pour des raisons de sécurité et pour offrir des traitements médicaux, notamment en vue d'aider des toxicomanes difficiles à isoler, alors que la pandémie semblait devoir se poursuivre longtemps. Nous avons commencé à nous pencher sur l'initiative pour la création rapide de logements en mars. Il nous a fallu du temps pour comprendre ce que le secteur nous demandait, comment il réagissait, comment les différentes villes et les différentes collectivités réagissaient, et nous avons mis sur pied l'initiative en nous appuyant sur l'expérience de première ligne d'un grand nombre de ces organisations.
Nous savons également que les populations en situation précaire ou qui vivent dans des milieux précaires, comme les communautés autochtones en milieu urbain, et aussi les communautés racialisées, seraient également touchées différemment. Face à cette situation, nous avons demandé à nos partenaires du réseau Vers chez-soi, dans les collectivités autochtones, du Nord et rurales et dans les collectivités désignées, de nous montrer ce qu'ils feraient rapidement, s'ils le pouvaient, pour apporter une aide d'urgence dans la lutte contre la COVID, mais aussi pour éviter de tout simplement verser de l'argent par l'entremise de ces collectivités pour lutter contre la COVID. L'idée était de trouver un moyen de mettre en commun ces fonds pour créer des solutions permanentes à l'itinérance dans le cadre des mesures prises pour traverser la crise de la COVID.
Nous avons reçu beaucoup de réponses des quatre coins du pays, et ces données ont été transmises à la Société canadienne d'hypothèques et de logement et ont été utilisées dans le budget au cours de l'été, et dans le travail fait avec la FCM, la Fédération canadienne des municipalités, et en particulier le caucus des maires des grandes villes, où l'itinérance a tendance à avoir la plus grande incidence et à toucher plus de monde, ainsi qu'avec nos homologues des gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones, et nous avons présenté un programme en vue de prendre deux mesures.
Premièrement, nous voulions réinvestir dans le programme Vers un chez-soi et le renforcer, et on a annoncé à l'automne un financement supplémentaire de 236,7 millions de dollars pour l'année en cours. De plus, dans l'énoncé économique de l'automne, un montant supplémentaire de 299 millions de dollars a été prévu pour la prochaine année comme point de départ afin que les intervenants du réseau soient au courant du montant versé par le gouvernement fédéral, dans le but de les aider à planifier et à coordonner la réponse des collectivités en matière d'itinérance.
Deuxièmement, nous pouvions voir, sans aucun doute dans les grandes villes, que la location de chambres d'hôtel devenait extraordinairement coûteuse et pouvait coûter jusqu'à 3 000 $ par mois dans certains cas, ce qui pourrait permettre d'acheter un logement en copropriété à Toronto ou à Vancouver. Nous étions d'avis que cet argent serait mieux dépensé en faisant l'acquisition de ces propriétés et de biens immobiliers en difficulté ainsi qu'en construisant des logements modulaires, plutôt que de tout simplement louer de l'espace pour en faire des foyers d'accueil d'urgence. Nous avons formulé un programme. Nous — le et moi — l'avons présenté au Cabinet et nous avons lancé en septembre l'initiative pour la création rapide de logements. C'est une initiative d'un milliard de dollars. Nous nous attendons à une augmentation du financement d'ici le 31 mars.
En fonction des études que nous avons menées, nous avons divisé les fonds en deux volets.
Il y a premièrement le volet des collectivités désignées, qui englobe 15 grands centres. Les représentants de la SCHL m'accompagnent aujourd'hui, et ils peuvent décortiquer pour vous certaines des formules utilisées.
Le deuxième volet s'appuie sur un traitement au cas par cas des projets et est ouvert à toutes les collectivités du Canada, et il englobe les programmes de logement dirigés par des Autochtones, y compris dans les réserves. L'approche était de très grande portée et comprenait tous les grands réseaux de logement et tous les grands fournisseurs pour tenter de mettre en œuvre l'initiative pour la création rapide de logements.
Le processus de demande a maintenant pris fin, mais je peux vous dire que dans le cadre du volet des grandes villes, nous sommes tout juste en train de mettre la touche finale aux ententes de transfert de deux ou trois villes, mais les propriétés sont plus ou moins garanties. Jusqu'à maintenant, nous avons mis en œuvre le volet des villes. Presque toutes les villes ont maintenant une entente en place. À Toronto, par exemple, le montant de 203,3 millions de dollars permettra de garantir 540 logements, des logements modulaires et des logements achetés. Encore une fois, la SCHL pourra vous faire part des détails.
Même à Montréal et à Québec...
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Je vous remercie. Vous avez répondu à ma question.
Pour ce qui est de votre premier point sur les ressources de Vers un chez-soi, je tiens à féliciter le gouvernement fédéral d'avoir créé ce programme. Les villes d'Abbotsford et de Chilliwack ont bien reçu des fonds, mais un peu moins puisque l'argent a été divisé entre les deux.
Je persiste à croire que nous devons nous attarder davantage aux collectivités rurales et aux fonds pour le volet rural qui sont versés par Emploi et Développement social Canada. Selon moi, c'est encore nettement insuffisant pour répondre aux besoins des collectivités autochtones rurales et des autres régions éloignées du pays qui sont aux prises avec de graves problèmes d'itinérance. Ce que nous observons, c'est justement la raison pour laquelle les taux sont si élevés dans les grandes villes: les gens quittent les régions comme le canyon du Fraser, que je représente, pour aller à Abbotsford et avoir accès aux ressources.
Dans le prochain budget, le gouvernement a-t-il prévu des mesures pour donner suite à certaines des propositions de l'Alliance nationale pour mettre fin à l'itinérance rurale et éloignée, afin que des fonds du programme Vers un chez-soi soient versés aux collectivités éloignées?
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L’Initiative pour la création rapide de logements s'adresse directement aux sans-abri chroniques et aux personnes les plus vulnérables qui vivent dans la rue et dépendent du réseau des refuges pour se loger. Ces personnes ont besoin de formes de subventions plus ciblées pour leur permettre de se loger à moindre coût, certes, mais elles ont aussi besoin d'un soutien pour vivre dans ces logements.
Le fonds de co-investissement vise à développer le volet à but non lucratif et inférieur au marché du programme de logement, ainsi qu'à exploiter certains taux de location afin de favoriser l'intégration aux quartiers, car notre but n'est pas de construire des immeubles destinés à un seul segment de la population. Nous aimons les immeubles mixtes. Nous croyons que c'est le meilleur modèle en matière de logement. C'est ce que le secteur du logement, les villes et les communautés nous ont dit.
L'objectif du fonds de co-investissement est donc très différent de celui de l’Initiative pour la création rapide de logements, mais pour résoudre le problème de l'itinérance, nous avons besoin des deux. Sur le chemin de leur rétablissement, les gens acquièrent une plus grande autonomie. Ils accèdent à différentes formes de logement au fur et à mesure que leurs proches et leurs revenus changent et, disons-le bien franchement, que leur santé s'améliore. Nous devons nous assurer que chaque perle de ce bracelet est reliée à la ficelle et que les gens ont la possibilité de faire des choix en fonction de leur situation.
Bien que je sois moi aussi exaspéré par la lenteur avec laquelle certaines demandes sont parfois traitées, le co-investissement est un élément essentiel de la construction d'un continuum complet de logements, depuis les abris dans la rue jusqu'aux acheteurs d'une première maison. Vous devez vous assurer que chaque partie de ce système reçoit sa juste part d'attention. Ainsi, afin de répondre le mieux possible aux besoins en matière de logement dans tout le pays, les efforts doivent être régionalisés et répartis dans les villes en fonction des populations et des données démographiques.
Vous ne résoudrez pas le problème des sans-abri en vous contentant de logements supervisés. Vous avez aussi besoin de logements coopératifs et de logements sociaux. Vous devez en outre faire en sorte que les personnes qui ont les moyens d'acheter un logement et de quitter le marché locatif n'empiéteront pas sur d'autres systèmes. Je dirais que les mesures qui sont prises pour mettre fin à l'itinérance — une initiative du qui s'inscrit dans la présente législature — vont en profondeur, mais elles demandent un investissement très réfléchi et très ciblé dans le logement supervisé. La création rapide de logements est le premier grand pas dans cette direction, et c'est une première dans l'histoire du pays.
Comme je l'ai dit, nous travaillons déjà sur le logement rapide 2.0 et nous examinons comment mieux intégrer ces services pour qu'ils soient plus efficaces.
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Je peux parler de Toronto en particulier, parce que j'ai une idée du travail que le conseil municipal fait à ce sujet et en ce qui a trait aux 540 unités. Le conseil a participé au processus de consultation et a commencé à répertorier les biens que la ville louait et sur lesquels elle avait des options d'achat. Lorsque la question des logements rapides a été mise de l'avant, la ville a simplement acheté ces unités, ce qui a fait passer les loyers de près de 3 000 $ par mois à environ 1 500 $ par mois.
Cela lui a permis d'utiliser les économies ainsi réalisées pour étendre les programmes et améliorer la prestation de services sur place. L'accent a été mis sur les populations rendues vulnérables par la COVID qui ont été négligées pendant des décennies en raison de l'absence d'un programme de logement supervisé. Cela nous a permis de nous préparer aux avancées que nous comptions faire dans les semaines et les mois à venir.
Le déploiement de ces fonds a été pratiquement immédiat. Quelques semaines après la signature de ces accords, les villes annonçaient l'acquisition d'actifs et l'emménagement de locataires.
Dans l'optique des logements modulaires — qui ne sont pas liés à la création rapide de logements —, disons qu'à Toronto, pour deux projets de 60 unités partant de rien, il s'est écoulé six mois entre l'acquisition du terrain et l'emménagement des gens.
Les projets ont été réalisés par coïncidence dans le cadre du fonds de co-investissement, mais cela signifie que le volet logement modulaire s'avère également très prometteur. C'est aussi un très bon outil de développement économique que d'installer des usines dans des régions éloignées du pays pour développer le programme de logement en milieu rural dont M. Vis a parlé.
Nous avons tiré de très bonnes conclusions de la rapidité, mais aussi de la souplesse dont nos partenaires municipaux ont fait preuve.
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Nous avons des partenaires extraordinaires dans les villes et dans les services de première ligne, et ils attendent ce genre de programme depuis longtemps.
Dans la ville de Saskatoon, par exemple, quatre demandes ont été présentées sans qu'il y ait implication de la ville, et ce qui est clair pour nous, c'est que si nous avions fourni cet argent à la ville, ces quatre projets seraient probablement en cours.
L'une des leçons que nous avons tirées de cette expérience, c'est que nous devons entrer en relation directe avec les villes pour l'octroi de ces fonds, car cela permet à l'argent d'arriver plus rapidement dans ces villes et, aussi, d'être utilisé plus rapidement.
Cela dit, les villes n'ont pas toutes la même rigueur. Dans certaines villes, les populations autochtones n'ont pas leur place à la table des négociations, et dans d'autres, ce sont elles qui dirigent les programmes, comme c'est le cas à Vancouver et à Regina.
Cela nous montre aussi les limites de Vers un chez-soi et de la Stratégie nationale du logement. En revanche, nous sommes à même de constater les avantages de travailler directement avec les services de première ligne et les villes pour apporter un soutien aux Canadiens les plus mal pris.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Vaughan, je vous remercie de votre présence comme témoin.
Je vais m'attarder à l'Initiative pour la création rapide de logements, dont le financement de 1 milliard de dollars se faisait en deux volets. Comme vous l'avez mentionné, cette dernière est maintenant terminée.
Le mandat de notre Comité n'est pas tellement de comprendre les objectifs qui ont milité en faveur de cela. En effet, on ne peut pas dire qu'une somme de 1 milliard de dollars ne répondait pas à certains besoins. En matière de logement abordable et sécuritaire, vous savez comme nous que les besoins sont criants dans tous les secteurs. On tente d'y répondre par les meilleurs moyens.
Mes questions porteront plutôt sur les objectifs rationnels qui ont conduit à octroyer le financement dans le cadre du volet des grandes villes. Si j'ai bien compris, les déterminants importants étaient à la fois les besoins et le facteur de l'itinérance.
Par exemple, au Québec, où se trouve quand même près du quart de la population canadienne, deux projets se sont inscrits dans le volet des grandes villes, soit ceux de Montréal et de Québec. D'autres grandes villes ayant les mêmes besoins auraient pu s'en prévaloir. Le financement accordé correspondait à peu près à 12 % du montant total. Je suis d'accord avec vous, l'itinérance n'est pas proportionnelle à la population, mais il semble quand même y avoir des laissés-pour-compte.
Quels critères ont permis de n'accorder à ces deux grandes villes du Québec que des sommes qui correspondent seulement à 12 % du montant?
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Les deux principaux indicateurs... l'écart entre l'aide sociale et le loyer moyen du marché dans les grandes villes.
Tout d'abord, nous avons examiné où les besoins en matière de logement allaient être les plus criants et, par conséquent, les plus urgents à combler pour mettre les gens à l'abri et assurer leur sécurité. Par conséquent, si vous êtes dans une collectivité où il n'y a pratiquement pas de sans-abri, vos chances d'obtenir un score élevé à cet égard sont très faibles. Si vous comparez une ville comme Toronto où l'on compte près de 9 000 sans-abri qui vivent dans la rue, à une ville comme Montréal où les dénombrements ponctuels font généralement état d'un peu moins de 1 000 sans-abri, vous allez voir une différence dans la distribution des fonds, et cet écart sera fonction du nombre de personnes qui expriment ce besoin.
Le deuxième critère dont nous avons tenu compte est le dénombrement ponctuel. À ce titre, la dernière série de dénombrements à travers le pays nous a permis de comprendre exactement où se concentraient ces populations. Je dois pour cela donner tout le crédit au Québec. Son programme de logement est l'un des plus développés au pays. La Colombie-Britannique ne laisse pas sa place non plus, mais ce n'est que récemment.
Quand vous regardez les chiffres ponctuels à Montréal et à Québec et dans d'autres grandes villes — Laval et Gatineau, par exemple —, vous voyez qu'ils sont beaucoup plus bas pour ce qui est du nombre total de sans-abri. Le besoin d'avancer l'argent immédiatement pour garder les gens en sécurité dans des logements n'était par conséquent pas aussi urgent au Québec que dans d'autres régions du pays. Les ressources ont donc été réparties en conséquence.
Cela étant dit, lorsque nous avons examiné les critères, ces villes ont quand même obtenu des résultats assez élevés dans le classement — elles sont dans le haut du deuxième palier pour les chiffres. Nous voulions voir comment l'argent était dépensé, comment il passait par l'accord québécois sur le logement qui a été signé récemment et qui prévoit également le transfert de cet argent au Québec, puis aux villes, de manière différente. Il nous fallait voir comment l'argent était dépensé — comment il rejoignait la population cible — avant de revenir au logement rapide 2.0 pour atteindre notre objectif d'éliminer l'itinérance partout.
C'est ainsi que cela a été conçu. Nous avons examiné une liste de six, dix, quinze et vingt-cinq villes, et ce à quoi ressemblerait une application projet par projet.
Avant de passer à la prochaine enveloppe de financement, nous voulons tirer des leçons de ces derniers financements et faire des ajustements en fonction d'observations comme la vôtre, où vous souteniez que cela ne fonctionnait pas dans les petites collectivités et demandiez comment remédier à cela. Pour fournir ce type de logements aux collectivités à faible population, la solution est-elle un financement global, un financement par ville ou une sorte de financement particulier qui devra être modifié?
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D'abord, je vous remercie d'avoir dit que le Québec avait de bons programmes. Je suis d'accord avec vous.
Je veux vous poser une question en lien avec la réponse que vous venez de donner. Comme on le sait, certains marchés immobiliers sont plus élevés ailleurs. Par exemple, Toronto et Montréal sont deux mondes différents.
Est-on pénalisé selon la nature des marchés immobiliers? Si l’on réussit mieux en matière de marché immobilier, en sera-t-on pénalisé?
Il y a aussi un autre volet, celui de l'itinérance. On connaît les taux d'itinérance de Montréal et de Québec, puisqu'il s'agit de grandes villes. Ailleurs, l'itinérance est peut-être moins visible, mais cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas.
C'est assez difficile de comprendre pourquoi seulement deux villes du Québec ont pu se prévaloir de ce programme.
D'abord, il est très difficile de chiffrer l'itinérance invisible. Ç'a été une difficulté pour le secteur, qui nous préoccupe beaucoup. Ça sous-entend également que ces sans-abri vivent quelque part, plutôt que dans des parcs, des ravins ou dans la rue. Voilà une nuance très nette qui a servi en partie à diriger le financement vers différentes villes.
Ensuite, vous avez raison de dire qu'on traite différemment les régions où l'immobilier est soumis à des conditions extrêmes, par exemple à Vancouver et à Toronto, notamment, où le coût de la vie est foncièrement différent de celui d'autres régions. Il s'ensuit que le besoin de logement est susceptible d'être plus prononcé pendant l'épidémie de COVID, au gré des circonstances.
La Société d'hypothèques et de logement peut expliquer la formule exacte qu'elle emploie, mais un calcul a été effectué sur la population qui éprouvait des besoins impérieux de logements, et c'est le résultat qui a décidé de la destination du financement. C'est une partie de l'explication, particulièrement pour les petites villes éloignées des grandes, malgré les problèmes de sans-abrisme invisible. Bien sûr, l'itinérance en milieu rural est aussi grave qu'en milieu urbain, mais les chiffres ne sont pas les mêmes.
En focalisant les projets, ces communautés restent admissibles à l'essentiel du projet, ce qui est susceptible de modifier les statistiques du Québec, mais les montants affectés aux grandes villes ont découlé des chiffres qui se rapportaient à elles.
C'est un début, mais, comme je l'ai dit, les 3 000 unités sont une goutte d'eau dans l'océan.
Nous savons également qu'il faut un financement durable des opérations, pour que ces unités de logement maintenant financées restent fonctionnelles.
Qu'envisage-t-on pour ce financement durable, pour que ces unités continuent d'exister et de répondre aux besoins?
À vrai dire, l'Initiative pour la création rapide de logements est déjà impayable. C'est une excellente idée, mais comment la ferons-nous marcher?
Quand nous présenterez-vous un plan à cette fin?
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Il viendra du budget. Nous avons jugé indispensable de verser immédiatement le financement au secteur, pour assurer la sécurité individuelle et publique pendant la COVID.
Veuillez vous rappeler que, à notre arrivée en poste, il n'y avait pas de robinet, pas d'eau, au sens figuré, pour cette communauté. Nous avons donc dû construire tous les éléments nécessaires, ces quatre dernières années, pour parvenir au point où nous sommes. D'accord, nous aurions dû construire ces unités il y a 10 ou 20 ans. Voilà pourquoi je me suis lancé en politique.
Mais nous sommes vraiment bien positionnés pour l'étape des logements supervisés. Comme vous dites, les aides et le financement des opérations, deux questions différentes, doivent faire partie de la solution. Ce tabouret à trois pieds en a besoin. Il s'agit, en partie, de collaborer avec les provinces et les territoires pour s'assurer que les services de santé arrivent dans les cadres résidentiels à la faveur de programmes communautaires, et le deuxième volet concerne les modalités de paiement du loyer.
Heureusement, les refuges coûtent plus cher, par nuitée, que la création rapide de logements. Les hôtels sont considérablement plus chers à louer qu'à acheter. Nous refaçonnons le système. Nous collaborerons avec les provinces, les territoires et les autorités autochtones ainsi qu'avec les villes et les fournisseurs de services de première ligne, pour bien assujettir les trois pieds de ce tabouret.
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Je suis absolument d'accord avec vous. J'aime bien l'Initiative pour la création rapide de logements, parce que son formulaire d'inscription avait deux pages dont l'étude prenait très peu de temps. Voilà l'objectif que nous devons viser. Bien sûr, nous devons faire preuve de diligence raisonnable, à cause de tout l'argent en jeu, mais la compression et la simplification du processus permettront à beaucoup de petites villes et de petits projets de toucher le but plus rapidement.
Nous avons modifié le rôle de la Société canadienne d'hypothèques et de logement pour que, d'arbitre du processus, elle devienne conseillère et que ses employés de première ligne aident à accélérer la réalisation des projets. Voilà pourquoi nous avons réussi à comprimer les durées de traitement et sommes parvenus à faire circuler plus rapidement les fonds de co-investissement.
Nous savons également que différents joueurs du système ont formulé diverses demandes pour le transfert d'argent aux provinces, pour les laisser le distribuer aux villes et placer les villes en première ligne. Représentez-vous l'argent comme si c'était de l'eau. Plus on y touche, moins il y en a et plus les coûts d'administration sont intégrés dans le transfert d'un partenaire au suivant avant d'arriver au destinataire qu'il est censé aider, c'est-à-dire le sans-abri. Nous avons travaillé très dur pour trouver des manières de collaborer avec les provinces, les territoires et les autorités autochtones, pour qu'ils portent l'argent directement aux fournisseurs de services de première ligne, pour éviter quatre ou cinq gestionnaires intermédiaires avant de le verser par chèque au destinataire pour payer pour le logement.
L'une des percées réalisées grâce à la création rapide de logements, laquelle a donné de vraiment bons résultats au Québec, notamment, c'est le rapport entre l'administration fédérale et les fournisseurs de première ligne. Nous collaborons en coordination avec les provinces, mais en amenant l'argent directement au projet et en le distribuant de façon mesurée dans les systèmes que le Québec et les villes ont conçus. Ça nous permet d'acheminer le plus directement possible l'argent aux constructeurs et aux occupants des unités que nous construisons. C'est une priorité.
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John Tory, un ancien chef du parti conservateur provincial de l'Ontario et aujourd'hui maire de Toronto, a dit la même chose. Kennedy Stewart, de Vancouver, a également tenu des propos semblables.
C'est vraiment la première fois, depuis le début des années 1990 et même avant les années 1990... Ceux d'entre nous qui travaillent sur ce dossier depuis longtemps le savent bien. Personne n'a jamais construit de logements supervisés au pays. Lorsque les maires affirment que ce type d'initiative change la donne, ils parlent de ce type particulier de logement qui permet d'apporter des changements concrets. Le volet de la création rapide est lié à la COVID-19, mais le modèle de logement vise les logements supervisés.
Un certain nombre de collectivités se sont réellement attaquées à ce problème et ont obtenu des résultats extraordinaires. Hamilton est un autre exemple. Edmonton et Victoria ont presque atteint le seuil du zéro fonctionnel en matière d'itinérance. Ce programme est peut-être précisément celui qu'il leur faut pour leur permettre d'atteindre leur objectif.
Par exemple, la ville de London a pratiquement éliminé l'itinérance chez les anciens combattants en misant sur le déplacement des anciens combattants dans des types de logements offrant des soutiens uniques aux anciens combattants, ainsi que des services d'Anciens Combattants Canada. Par conséquent, le nombre d'utilisateurs de leurs centres d'hébergement n'a pas connu une augmentation considérable pendant la COVID-19, ce qui est tout à fait remarquable, car d'autres populations ont augmenté.
Cette initiative change donc certainement la donne, mais elle ne fonctionnera pas sans le deuxième chapitre. Et ce chapitre ne fonctionnera pas sans la mise en œuvre de deux autres éléments essentiels — l'un d'entre eux étant les soutiens en matière de santé. La pauvreté cause l'itinérance. Les questions liées aux soins de santé perpétuent l'itinérance. Il s'agit habituellement de problèmes de santé mentale et de toxicomanie, mais les lésions cérébrales représentent un autre facteur important. Enfin, les troubles du développement non diagnostiqués représentent le quatrième facteur.
La mise en œuvre des services médicaux et des aides au revenu nécessaires à l'acquisition et le modèle de logements modulaires rapides sont les méthodes qui fonctionnent le mieux. Ensemble, ces trois éléments nous permettront de réaliser d'énormes économies.
Les autres économies importantes qui seront réalisées par le gouvernement se trouvent dans le système de justice et le système de soins de santé. La Ville de Barrie mène actuellement un projet pilote qui démontre que lorsqu'on enlève les utilisateurs fréquents des services de police et des hôpitaux de l'équation, on fait économiser des sommes considérables au système de justice et au système de santé. En fait, on a découvert que 20 personnes étaient la cause d'une grande partie des appels reçus par le service de police de Barrie, en Ontario. En effet, 20 personnes ont généré 1 000 appels à la police sur une période de deux ans. Lorsqu'on héberge ces personnes, la police ne reçoit plus ces appels.
Cela démontre que l'atteinte de meilleurs résultats pour les personnes qui se trouvent à l'origine de ces situations représente l'une des façons d'économiser de l'argent dans les services sociaux et dans le système de justice.
Ce sont de bonnes nouvelles pour les gouvernements, mais ce sont de meilleures nouvelles pour la population.
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On considère que les jeunes qui ne sont plus pris en charge par le système de protection de l’enfance sont sur la voie rapide de l’itinérance.
En effet, si une personne est sans-abri à 16 ans, les chances qu’elle soit sans-abri à 28 ans sont près de 80 %. Lorsque les enfants grandissent et qu’ils ne sont plus pris en charge, si nous ne disposons pas de logements supervisés pour leur permettre de faire la transition du logement temporaire fourni dans le système de protection de l’enfance à l’indépendance — si nous ne pouvons pas les aider à franchir les étapes nécessaires vers une meilleure qualité de vie —, ces enfants finiront par devenir les sans-abri chroniques dont nous devrons nous occuper dans une génération.
Il est donc essentiel de nous concentrer sur les jeunes, et en particulier sur les jeunes gais, lesbiennes, spirituels et allosexuels. Pendant la pandémie de COVID-19, l’un des groupes de sans-abri dont la population a connu les augmentations les plus élevées est celui des jeunes de cette communauté qui se font expulser de leur foyer parce que leur famille n’accepte pas leur sexualité ou leur expression sexuelle.
Les camps de sans-abri de Toronto, en particulier, comptent un nombre beaucoup plus élevé de jeunes racialisés et de jeunes allosexuels, ce qui signifie qu’il est extrêmement important de construire des logements qui visent ces groupes si l’on souhaite mettre fin à l’itinérance.
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Le programme Vers un chez-soi a été lancé en 1999. Il a été restructuré à partir de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance pour devenir Vers un chez-soi il y a deux ans, dans le cadre de nos travaux de mise à jour du programme. En effet, il n’avait pas été touché depuis 1999. Nous avons également ajouté un volet autochtone et un volet nordique, afin de traiter les enjeux territoriaux.
L’une des choses qui ont été clairement exprimées par le Québec et les membres québécois de la commission — je ne pense pas pouvoir me rappeler leurs noms correctement, et je ne les nommerai donc pas —, c’est la notion que, tout d’abord, cette initiative est mise en œuvre à l’échelle locale. En effet, le gouvernement fédéral ne décide pas de la manière dont les fonds sont dépensés localement; ce sont les dirigeants locaux qui sont sur le terrain qui s’en occupent. Au Québec, grâce au modèle de l’Assemblée nationale, nous avons des régions avec tous les intervenants, c’est-à-dire les hôpitaux, les services de police, les fournisseurs de services juridiques, les fournisseurs de logements, les municipalités et le secteur des services sociaux. Ces entités conçoivent le programme. Elles dépensent les fonds dans le cadre de ce programme pour coordonner l’accès des gens à un système de logements et pour leur fournir les services qui leur permettront d’y rester.
En effet, les sans-abri chroniques ne s’en sortent pas si on se contente de leur donner les clés d’un logement. Ils s’en sortent mieux, mais ce n’est pas à cause du logement. Leur situation s’améliore parce qu’ils sont dans un logement, mais ce logement doit s’accompagner de services sociaux qui leur permettront d’être indépendants et d’améliorer leur qualité de vie. À mon avis, le Québec réussit mieux sur ce plan que toute autre entité en Amérique du Nord. Nous nous sommes donc inspirés du modèle québécois pour modifier le programme Vers un chez-soi et l’harmoniser avec ce programme plutôt que de laisser le Québec faire bande à part dans ce domaine. Puisque le Québec fait de l’excellent travail à cet égard, nous avons diffusé ses pratiques exemplaires et nous les avons intégrées au programme Vers un chez-soi. En fait, a joué un rôle essentiel à cet égard.
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… pour les provinces. Nous le voyons surtout dans les transferts en matière de santé.
Comme vous le savez, je fais partie du Comité depuis très longtemps, tout comme vous. Vous savez aussi que je viens d’une circonscription rurale. Je présume qu’un certain point m’a dérangé dans votre témoignage aujourd’hui. En effet, vous avez dit que le problème de l’itinérance en milieu rural est tout aussi important ou tout aussi — je ne me souviens plus du mot exact que vous avez utilisé —, mais vous avez dit que l’itinérance, qu’elle soit en milieu urbain ou en milieu rural, est une mauvaise chose et que nous devons veiller à ce que tous les sans-abri soient pris en compte.
Étant donné les volets en jeu ici, et à titre de Canadienne vivant en milieu rural, j’entends tout le temps mes électeurs affirmer qu’ils ont l’impression d’être traités injustement par le gouvernement actuel ou que leur mode de vie n’est pas reconnu parce qu’il est différent de celui du centre-ville de Toronto.
Prenez l’exemple de la taxe sur le carbone. Les habitants des régions rurales paient des taxes plus élevées en raison de l’endroit où ils vivent, par exemple. Lorsque j’examine ce programme, il ne me semble pas que l’on ait tenu compte des sans-abri dans les régions rurales, loin de là.
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Il y a deux choses à dire.
L’une concerne l’organisation dont Brad Vis a parlé, soit l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, et son volet sur l’itinérance en milieu rural. Elle nous offre de bonnes données et de bons renseignements qui nous aident à déterminer où verser des fonds. Nous commençons à recevoir et à évaluer l’ensemble des demandes de projet. C’est dans ce cadre que nous tirerons des leçons. Nous saurons où se trouvent les possibilités et quelles sont les priorités dans différentes collectivités du pays, et nous pourrons commencer à élaborer une stratégie rurale adaptée aux possibilités et au travail qui est accompli sur le terrain dans le Canada rural.
Je suis d’accord avec vous en ce qui concerne les logements pour les aînés et j’ajouterais à cela les établissements de soins de longue durée, qui ne sont qu’une forme de logement supervisé. Nous devons combler le fossé entre le secteur du logement et les soins de longue durée. Les soins de longue durée ont toujours été considérés comme un volet du système hospitalier et, par conséquent, comme une responsabilité provinciale, mais le chemin vers... À Saint-Pierre-Jolys, dans la partie sud du Manitoba, j’ai vu un complexe qui incluait des logements pour les retraités, des logements pour aînés avec des services de soutien, des soins de longue durée et un endroit au milieu pour les familles dont un parent vit d’un côté du couloir et un autre, de l’autre côté du couloir. C’est un programme remarquable dans la circonscription de Ted Falk. C’était près de Jolys et non pas à Jolys, mais c’est le genre de modèle pour le Canada rural qui offre un éventail complet aux aînés qui veulent rester dans la collectivité, près de leur famille, des commerces et des médecins, et vieillir sur place, grâce à l’intégration de différents chapitres de leur vie dans un même projet.
Nous allons examiner ces modèles de logements supervisés qui nous sont présentés dans le cadre du processus de demande et utiliser ces renseignements et ces données pour mieux répondre aux besoins de logement dans les régions rurales du Canada, car nous ne pouvons pas résoudre le problème de l’itinérance à Toronto si nous ne le résolvons pas dans votre collectivité.
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Dans le Vieux-Québec, on a transformé un ancien hôtel, en face de la gare. Chaque étage est destiné à une partie de la population sans abri. Les jeunes femmes sans-abri sont regroupées dans une partie distincte, et c'est le cas aussi des sans-abri plus âgés qui ne peuvent évidemment pas sortir pendant la journée, alors que d'autres le pourraient.
Les anciens monastères et édifices religieux de presque toutes les grandes communautés du Québec sont des lieux de vie collective, avec des chambres individuelles et un milieu de vie en communauté avec des programmes de repas. Ils sont conçus pour être transformés.
Ce que nous constatons dans ces situations, c'est qu'une fois qu'on a stabilisé le milieu de vie d'une personne qui est sans abri, en ajoutant les services de santé qu'il faut pour lui permettre de retrouver la santé et une pleine autonomie, la véritable réussite, ce n'est pas de loger des sans-abri, mais de les voir tracer la voie dans le système. En fait, des personnes qui ont vécu l'expérience de l'itinérance sont parmi les meilleurs fournisseurs de logements dans le pays actuellement.
Si vous cherchez des intervenants qui font un excellent travail — et je ne suis pas sûr de pouvoir en parler —, l'un des fonctionnaires les plus haut placés à Hamilton est passé par le système de logement et il était sans-abri quand il était jeune. Il a franchi les étapes du système. Il a obtenu un diplôme universitaire, a fait son entrée dans le secteur municipal et il mène maintenant la charge dans cette ville pour mettre fin à l'itinérance. La ville a l'un des programmes de logement les plus ambitieux et important au pays.
À mon avis, nulle joie n'est comparable à celle de voir un sans-abri obtenir son propre logement, et rien n'est aussi génial que de voir une de ces personnes devenir un chef de file et s'attaquer au problème de logements afin de le résoudre pour nous, sur le terrain dans différentes collectivités partout au pays.
Les histoires défilent si rapidement dans ma tête que je ne peux même pas tout raconter, mais le fait est que lorsque nous changeons les choses, nous transformons une personne qui a de grands besoins en une personne qui apporte une grande contribution.
Je vais vous parler de la population la plus inspirante. Il s'agit des anciens membres des forces armées. Ils ont l'expérience du service public en eux. Ils ont des compétences extraordinaires en construction, en gestion de groupe et en relations avec les gens en situation d'autorité. Je pense que les anciens combattants sans abri, en particulier, peuvent former littéralement la prochaine brigade de travailleurs dans le secteur du logement et qu'ils ont les capacités qu'il faut pour être redéployés dans le secteur. La bonne nouvelle, c'est qu'ils viennent de tous les coins et de toutes les collectivités du pays. Ils sont autochtones, anglophones, francophones et vivent sur les côtes, dans le Nord et dans les grandes villes.
Ce qui est vraiment intéressant, c'est la façon dont le gouvernement et la population réagissent par rapport aux anciens combattants. Je ne pense pas qu'il y ait une seule collectivité dans ce pays qui dirait « pas dans ma cour », qui dirait qu'elle ne veut pas d'un foyer de groupe dans son quartier. Quand on dit aux gens qu'il s'agit d'un foyer de groupe pour des anciens combattants, ils se calment. Quand on leur dit que le foyer de groupe sera dirigé par un ancien combattant, ils respectent le service public et l'autorité dont est investie cette personne dans ce genre de formation.
Je pense que nous pouvons mettre fin très rapidement à l'itinérance chronique au Canada. Il nous suffit de décider que c'est ce que nous allons faire. Je pense que nous sommes à un tournant de l'histoire de ce pays, et c'est pour moi la chose la plus inspirante qui découle de l'Initiative pour la création rapide de logements. C'est ce qui m'a inspiré dans le discours du Trône et c'est le travail qui nous attend avec le budget. Fournir ces dates, ces projets, mais surtout, ces clés aux sans-abri et rendre possible cette transformation dans leur vie, c'est selon moi la véritable occasion qui se présente ici. L'Initiative pour la création rapide de logements a défait le nœud. Je m’attends à ce qu’il se passe de grandes choses à l'avenir et nous travaillons très dur pour les réaliser avec vous tous.
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Nous reprenons. Nous poursuivons notre étude sur l'Initiative pour la création rapide de logements.
Je remercie les témoins de comparaître devant le Comité. Je pense que, dans certains cas, c'est la première fois, alors je vous demande d'être patients, s'il vous plaît.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
L'interprétation fournie dans le cadre de la vidéoconférence fonctionne essentiellement comme celle offerte au cours d'une réunion de comité habituelle. Au bas de l'écran, vous pouvez choisir le parquet, l'anglais ou le français.
Vous étiez peut-être à l'écoute pendant la première partie de la réunion. Je vous demanderais de ne pas suivre l'exemple de M. Vaughan. Veuillez parler lentement et clairement, mais vous pouvez le faire avec la même passion et communiquer vos connaissances. Lorsque vous ne parlez pas, votre microphone doit être mis en sourdine.
Je veux souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous allons poursuivre la discussion. Ils disposent de cinq minutes pour leur déclaration préliminaire. Nous leur poserons des questions par la suite.
Nous accueillons des représentants de la Société canadienne d'hypothèques et de logement: Mme Romy Bowers, première vice-présidente, Solutions clients; Mme Caroline Sanfaçon, vice-présidente, Solutions de logement, Immeubles collectifs; et M. Yannick Monaghan, gestionnaire principal, Solutions financières.
Nous allons entendre Mme Bowers, pour cinq minutes.
Allez-y, s'il vous plaît. La parole est à vous.
Je vous parle aujourd'hui de Toronto, le territoire traditionnel des Wendat, des Anishnabeg, des Haudenosaunee, des Métis et de la Première Nation des Mississaugas de Credit.
[Français]
Je suis heureuse de comparaître devant ce comité au nom de la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
En tant qu'agence nationale du logement du Canada, nous sommes guidés par une aspiration audacieuse. Nous voulons nous assurer que, d'ici 2030, tout le monde au Canada aura un logement abordable qui répond à ses besoins.
[Traduction]
Au cours de la dernière année, cet objectif est devenu plus pertinent que jamais. Alors que les Canadiens participent aux efforts pour contenir la propagation de la COVID-19, leurs maisons sont devenues un sanctuaire, un lieu de sécurité et de refuge en ces temps très difficiles.
La pandémie n'a fait qu'aggraver les problèmes de logement. La réalité est que les populations les plus à risque sont plus susceptibles de se retrouver dans des logements très précaires. Cela comprend les femmes et les enfants qui fuient la violence, les personnes âgées et les groupes racialisés, y compris les Canadiens noirs et les Autochtones.
La crise de la COVID-19 a fait surgir une nouvelle urgence pour créer des logements plus permanents et abordables, à la fois pour assurer la sécurité de ces groupes pendant la pandémie et pour assurer une forte reprise une fois que nous sortirons de ces temps très difficiles.
C'est pourquoi l'Initiative pour la création rapide de logements a été créée. Nous avons lancé ce programme de 1 milliard de dollars le 27 octobre 2020. Il mènera à la création d'au moins 3 000 nouveaux logements abordables dans tout le pays, tous achevés dans les 12 mois suivant la signature de l'entente de financement.
L'initiative finance des projets visant à créer rapidement de nouveaux immeubles locatifs modulaires; à convertir des immeubles non résidentiels en immeubles résidentiels à logements multiples abordables; et à réhabiliter des immeubles abandonnés ou en mauvais état pour en faire des immeubles résidentiels à logements multiples abordables.
Il est important de souligner que l'initiative est basée sur une approche du logement fondée sur les droits. À ce titre, elle profitera directement aux Canadiens qui ont de graves besoins de logement et aux personnes et aux populations vulnérables. En particulier, elle permettra de créer des logements sûrs et stables pour les personnes qui sont à risque, qui vivent dans l'itinérance ou qui vivent dans des refuges temporaires en raison de la pandémie.
Pour que les fonds soient utilisés le plus efficacement possible, le financement a été divisé en deux volets.
Le premier est le volet des grandes villes, qui fournit 500 millions de dollars en soutien direct indispensable à nos villes, qui sont en première ligne pour faire face aux effets de la pandémie. Les 15 villes qui reçoivent le financement sont celles où l'on trouve les taux les plus élevés de locataires ayant de graves besoins en matière logement et de personnes en situation d'itinérance au pays.
En date du 25 janvier, nous avons annoncé des ententes de contribution et des projets pour Ottawa, Edmonton, Hamilton, la région de Waterloo, London, Calgary, Winnipeg, Toronto, Halifax, Montréal et Québec. Les travaux de construction ont déjà commencé dans certaines de ces villes.
Le deuxième volet de l'Initiative de création rapide de logements est celui des projets. Ce volet comprend un financement de 500 millions de dollars offert dans le cadre d'un processus de demande ouvert aux provinces, aux territoires, aux municipalités, aux gouvernements et organisations autochtones, ainsi qu'aux organismes sans but lucratif.
La date limite pour présenter une demande dans le cadre du volet des projets était le 31 décembre. Nous terminons notre évaluation et nous informerons tous les candidats d'ici la fin du mois de février afin qu'ils puissent lancer leurs projets le plus rapidement possible. Nous prévoyons que tous les fonds seront engagés d'ici le 31 mars 2021.
Je tenais à souligner que la SCHL a reçu un nombre impressionnant de demandes de très grande qualité. Plus de 765 demandes ont été soumises à un processus de triage pour évaluer leur admissibilité. Nous avons examiné et priorisé 678 demandes représentant plus de 4,2 milliards de dollars de financement.
Cela montre clairement les besoins profonds en matière de logement qui existent au sein des communautés et la capacité de nos partenaires, comme l'a mentionné le secrétaire parlementaire, M. Vaughan, à agir rapidement grâce au soutien financier.
Je tenais également à souligner que même si la SCHL mène cette initiative, elle continue également de mettre en œuvre les programmes à long terme de la Stratégie nationale sur le logement. Comme vous le savez, il s'agit d'un plan sur 10 ans et de plus de 70 milliards de dollars, et cela comprend plus de 13 milliards de dollars proposés dans l'Énoncé économique de l'automne 2020.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis extrêmement fière de la capacité de la SCHL de mettre rapidement en œuvre cette initiative. Je suis très fière de nos partenaires du logement qui travaillent avec nous pour en faire un succès. Cela signifie que dans l'année à venir, nos populations les plus vulnérables seront plus en sécurité et nos communautés seront plus résilientes et mieux positionnées pour se remettre de cette crise.
Merci beaucoup, monsieur le président. Mes collègues et moi serons très heureux de répondre à toutes les questions du Comité.
Merci beaucoup.
J'aimerais revenir au processus de demande. Je sais que vous avez reçu beaucoup de candidatures, mais je crois que cela vaut pour presque chaque programme gouvernemental, qu'il s'agisse d'infrastructure ou de logements, tous sont concernés. Il y a toujours beaucoup de candidatures. À ce moment-là, les collectivités se livrent une bataille acharnée.
Je recherche toujours des façons de rationaliser le processus afin que les collectivités puissent en bénéficier. Je songe également aux municipalités qui recherchent un financement stable, comme la taxe sur l'essence, et qui peuvent emprunter au titre de programmes ou de projets en sachant qu'elles pourront se fier à une certaine entrée de fonds.
Cela pourrait être un facteur pour le logement, qu'il s'agisse de la création rapide ou autre. De cette façon, chaque municipalité, communauté des Premières Nations ou autre groupe pourra accéder à un financement stable et n'aura pas à se battre contre des concurrents.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir, chers collègues. J'aimerais aussi remercier Mme Bowers et les autres représentants de la SCHL qui sont venus répondre à nos questions sur cette Initiative fort prometteuse de création rapide de logements.
Le logement est un droit de la personne. Je suis fier que notre gouvernement ait reconnu ce droit au moyen de la Loi sur la stratégie nationale sur le logement. Je suis également fier que nous ayons pris des engagements historiques pour faire respecter ce droit, y compris notre Stratégie nationale sur le logement, qui est doté d'un budget de 55 milliards de dollars.
Cependant, il nous reste encore beaucoup de pain sur la planche et du terrain à rattraper afin que le droit de tous les Canadiens soit respecté et que la stratégie porte fruit.
Dans ma circonscription de Saint John-Rothesay, nous connaissons malheureusement une crise de l'abordabilité du logement, comme bien d'autres endroits au pays. La crise a été exacerbée par la COVID-19. Plus de 1 500 personnes attendent un logement abordable. Malheureusement, malgré tous nos efforts, cette liste continue de se rallonger d'un jour à l'autre. C'est la raison pour laquelle j'ai revendiqué des façons supplémentaires d'allouer directement des fonds fédéraux au logement abordable au moyen de la Stratégie nationale sur le logement. J'étais ravi l'automne dernier lorsque notre gouvernement a annoncé l'Initiative pour la création rapide de logements dotée d'un milliard de dollars. Moi-même et mon équipe avons immédiatement commencé à collaborer avec la ville de Saint John et d'autres proposants après l'annonce du programme dans ma circonscription afin que notre collectivité puisse profiter pleinement de l'occasion qui consiste à faire augmenter rapidement et considérablement le nombre de logements abordables.
Réunissant nos efforts, nous avons présenté une demande au nom de Housing Alternatives afin d'obtenir des fonds au titre du volet projets de l'ICRL et faire construire 30 unités de logements abordables dans l'ancienne école secondaire St. Vincent à Saint John.
Nous travaillons de près avec l'équipe du pour faire valoir le projet. J'étais fort heureux de voir des annonces faites dans les grandes villes au cours des dernières semaines, et j'ai bien hâte que les autres demandes faites au titre du volet projets soient traitées rapidement par la SCHL. C'est avec plaisir que je vous ai entendu dire que tous les proposants auront reçu une réponse de la SCHL d'ici la fin du mois.
Je sais qu'il y avait deux volets. Halifax était la seule ville du Canada atlantique retenue au titre de ce volet. Dans ma province, Moncton, Fredericton, Saint John, Bathurst, Miramichi et d'autres villes espèrent évidemment avoir une réponse positive à la suite de leurs demandes.
Madame Bowers, j'aimerais tout d'abord savoir quelle était la ventilation régionale des 765 demandes présentées au titre du volet projets?
Dans ma circonscription, Don Valley-Nord, le problème de l'itinérance n'est pas aussi flagrant. Nous voyons des sans-abri dans les ravins pendant les mois plus chauds. C'est un problème que de nombreux électeurs et surtout les organisations locales m'ont signalé. Certains travaillent depuis des décennies pour tenter de résoudre ce problème dans différentes parties de la ville.
Le sentiment général qu'ils ont est que chaque fois qu'une initiative en matière de logement est annoncée par le gouvernement fédéral, il faut des années pour que le financement soit versé pour la construction de l'unité de logement. C'est très frustrant. Très honnêtement, avec le climat politique, s'il y a un changement de gouvernement, il y a beaucoup d'incertitude liée à ce type d'investissements.
En quoi l'Initiative pour la création rapide de logements est-elle différente de cela, et qu'a mis en place exactement la SCHL pour éviter le traditionnel retard dans le versement des fonds? Si vous avez plusieurs ordres de gouvernement qui interviennent, il semble que le symptôme soit que vous avez toujours ces interruptions dans le versement des fonds. Existe-t-il des preuves que le plan fonctionne réellement pour résoudre le problème des sans-abri en milieu urbain?
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Merci, monsieur Dong et madame Bowers.
Nous avons un peu dépassé l'heure prévue, mais je voudrais demander aux députés de se tenir prêts à examiner quelques points d'ordre administratif.
Madame Bowers, madame Sanfaçon et monsieur Monaghan, merci beaucoup d'être des nôtres. Nous espérons que vous avez aimé l'expérience, car la motion que nous avons adoptée fait état que vous allez revenir. Nous sommes tous impatients de recevoir de nouvelles mises à jour. Nous vous sommes reconnaissants de la manière exhaustive dont vous avez répondu aux questions aujourd'hui et votre coopération en acceptant de fournir des renseignements supplémentaires lors de comparutions ultérieures ou sous forme écrite.
Bonne chance avec ces 678 demandes. Bonne chance, et à bientôt. Vous pouvez rester, mais vous êtes libres de partir.
Chers collègues, je tiens à vous rappeler que la date limite est mardi, 17 heures, heure de l'Est, pour les listes de témoins pour notre prochaine étude, qui portera sur l'assurance-emploi.
Monsieur Vis, je veux vous faire savoir que, malgré tous nos efforts pour ramener les membres du personnel, il est apparu que la seule solution, que nous avons découverte cinq à sept minutes avant la fin de la réunion, était de mettre fin à la réunion et de la reprendre, ce qui n'avait aucun sens. Veuillez leur transmettre nos excuses de ne pas avoir pu régler les difficultés techniques plus tôt. Le temps qu'il a fallu pour trouver la solution, il était trop tard pour la mettre en œuvre.