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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 12e séance du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 21 octobre 2020, le Comité entreprend une séance d’information sur la question de l’indemnisation des éleveurs de volailles et des producteurs d’œufs.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 septembre 2020. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. Assurez-vous que votre micro est éteint lorsque vous ne parlez pas.
[Traduction]
Sachez que la ministre comparaîtra pendant une heure, après quoi nous examinerons les travaux du Comité comme prévu.
Nous sommes maintenant prêts à commencer.
Madame la ministre, je pense que vous devez impérativement partir à 17 h 45; nous nous efforcerons donc de respecter cette limite.
[Français]
Madame la ministre, je vous souhaite à nouveau la bienvenue à notre comité. Nous sommes très fiers de vous recevoir aujourd'hui.
Je vous cède la parole pour votre discours d'ouverture.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir de vous retrouver après une dizaine de jours seulement.
Je suis accompagnée aujourd'hui de la sous-ministre déléguée, Mme Annette Gibbons, et de Mme Colleen Barnes, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Je veux d'abord remercier le Comité de son bon travail et de son dévouement envers le secteur de l'agriculture.
Je vous remercie aussi d'avoir lancé le dialogue sur nos producteurs de volaille et d'œufs, qui travaillent tous très fort, ainsi que sur le système de la gestion de l'offre.
Le gouvernement a clairement démontré son plein appui aux producteurs de volaille, d'œufs et de produits laitiers en annonçant le versement d'indemnités de 2,7 milliards de dollars pour les répercussions de l'Accord économique et commercial global, ou AECG, et de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, ou PTPGP.
Pour les producteurs laitiers, cela comprend la somme de 345 millions de dollars qui leur a déjà été versée en paiements directs l'année dernière, ainsi que l'aide de 250 millions de dollars du Programme d'investissement pour fermes laitières.
Nous nous préparons maintenant à distribuer 1,4 milliard de dollars additionnels au cours des trois prochaines années en paiements directs aux producteurs laitiers canadiens, en fonction des quotas qu'ils détiennent. Il s'agit donc de 468 millions de dollars d'ici le 31 mars 2021, de 469 millions de dollars en 2021-2022 et de 468 millions de dollars en 2022-2023.
Par exemple, une exploitation moyenne de 80 vaches laitières recevra un paiement direct annuel d'environ 38 000 $ pour les trois prochaines années.
Les mesures d'indemnisation que nous avons annoncées comprennent aussi le versement de 691 millions de dollars aux producteurs de volaille et d'œufs pour les répercussions du PTPGP. Ensemble, les producteurs d'œufs d'incubation, les producteurs d'œufs de consommation et les producteurs de dindons et de poulets soutiennent plus de 140 000 emplois au Canada. Nous avons promis d'indemniser ces industries pleinement et équitablement pour les pertes qui découlent de ces accords, et c'est ce que nous faisons.
Il y a deux semaines, nous avons tenu notre promesse aux 4 800 producteurs de volaille et d'œufs du Canada. Le 28 novembre, je me suis jointe aux dirigeants de l'industrie pour annoncer un investissement de 691 millions de dollars. L'investissement servira à lancer différents programmes qui répondent aux priorités relevées par le groupe de travail sur la volaille et les œufs.
Nous mettrons l'accent sur l'innovation et la croissance des entreprises. La conception des programmes se fera après avoir consulté les représentants du secteur. Nous allons tout mettre en œuvre pour les lancer le plus rapidement possible.
[Traduction]
Au cours de nos échanges avec les divers secteurs avicoles et ovocoles, des producteurs nous ont indiqué que les programmes devraient mettre l'accent sur les investissements dans des projets d'immobilisation afin d'améliorer l'efficacité des opérations, ainsi que sur le soutien à la mise en marché. Monsieur le président, notre annonce a reçu un accueil favorable de la part de ces secteurs.
Nous savons qu'il y a encore du pain sur la planche. Notre gouvernement reste déterminé à indemniser entièrement et équitablement les secteurs pour le nouvel ALENA. Nous avons également à cœur de soutenir nos transformateurs de produits laitiers, avicoles et ovocoles afin qu'ils fassent leur marque sur le marché. Nous avons déjà investi 100 millions de dollars afin d'aider les transformateurs de produits laitiers canadiens à investir dans de nouvelles technologies afin de demeurer à la fine pointe de la technologie. Aujourd'hui, 92 producteurs laitiers du Canada ont obtenu le feu vert pour lancer des projets afin d'acquérir du matériel de production et d'emballage automatisé, de lancer de nouveaux produits et de suivre une formation spécialisée.
Les transformateurs de produits laitiers, de volailles et d'autres produits profitent également du Fonds d'urgence pour la transformation, qui s'élève à 77,5 millions de dollars, afin d'apporter des modifications pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs et de leur famille, et améliorer, automatiser et moderniser les installations nécessaires à l'augmentation de la capacité d'approvisionnement alimentaire du Canada.
En outre, pour les producteurs membres de coopératives des secteurs laitiers, avicoles et autres, nous avons prolongé de cinq ans le programme de part à imposition différée dans l'énoncé économique de l'automne. Cette mesure permet aux agriculteurs membres de reporter les impôts dus sur les ristournes qu'ils reçoivent de la coopérative sous la forme de parts. Voilà qui profite tant aux producteurs qu'aux coopératives, qui jouent un rôle crucial dans le secteur agricole des régions rurales du Canada.
Monsieur le président, le soutien que nous offrons aux producteurs de produits laitiers, de volailles et d'œufs s'inscrit dans notre ambition globale d'édifier une industrie solide et prospère. Nous savons quand les exploitations agricoles vont bien, l'économie se porte bien. C'est pourquoi nous mettons l'accent sur de solides programmes de gestion des risques d'entreprise. Il y a deux semaines, des ministres des quatre coins du pays se sont réunis pour discuter d'un certain nombre de priorités clés pour le secteur, notamment de réformes substantielles des programmes de gestion des risques d'entreprise. Faisant fond sur tous les soutiens d'urgence que nous avons mis en œuvre cette année pour aider les agriculteurs, notre gouvernement s'apprête à apporter des améliorations à ces programmes.
Nous entendons augmenter de 50 % le montant versé aux agriculteurs au titre du programme Agri-stabilité. Comme point de départ, notre gouvernement veut éliminer la limite sur la marge de référence, et nous sommes disposés à envisager d'apporter au programme Agri-stabilité d'autres améliorations immédiates qui s'appliqueraient rétroactivement à l'année 2020 et dans l'avenir. J'espère aussi obtenir le consensus quant à une augmentation du taux d'indemnisation du programme Agri-stabilité pour le faire passer de 70 à 80 %. Conjointement, ces modifications pourraient augmenter de 50 % le montant total que le programme verse aux agriculteurs. Même si nous n'avons pas encore réuni de consensus national à propos de ces changements, j'espère que nous pourrons trouver bientôt une solution.
[Français]
À la réunion des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux, nous avons aussi discuté des frais imposés par certains détaillants et de leurs répercussions sur les transformateurs et les consommateurs.
Nous avons formé un groupe de travail chargé de discuter avec l'industrie pour trouver des solutions profitables à tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement. Nous leur avons demandé de nous proposer des mesures concrètes d'ici notre réunion, en juillet prochain.
Je remercie le Comité de se concentrer sur les producteurs de volaille et d'oeufs. Aujourd'hui plus que jamais, les Canadiens choisissent le poulet, le dindon et les oeufs de haute qualité produits dans les fermes canadiennes. Je sais que l'industrie a des plans d'avenir ambitieux, et elle a le plein soutien de notre gouvernement.
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je voudrais remercier la ministre de participer à la séance du Comité aujourd'hui.
Madame la ministre, je tiens à vous remercier du travail que vous avez accompli au cours des dernières semaines, travail qui est, bien entendu, le fruit des mois de travail que vous avez abattu pour vous assurer que ces mesures soient en place pour les agriculteurs assujettis à la gestion de l'offre.
Dans votre exposé, vous avez également indiqué que le gouvernement est disposé à améliorer les programmes de gestion des risques d'entreprise. Je considère que c'est extrêmement important et je voulais le souligner aux fins du compte rendu.
Je rappellerai aux honorables membres du Comité que nous parlons ici de la gestion de l'offre. Nous avons aussi parlé du bœuf. Une de vos questions portait sur le bœuf, mais je voulais discuter de l'indemnisation annoncée pour les secteurs avicole et ovocole. Ces mesures sont différentes de ce que réclame l'industrie des produits laitiers, qui souhaite obtenir une indemnisation pour ses producteurs. Il s'agit en fait de mesures d'atténuation, comme les parties prenantes en ont parlé.
Vous avez indiqué qu'il s'agira d'une démarche conjointe et que vous travaillerez avec l'industrie. Pouvez-vous nous expliquer un peu plus comment cette collaboration pourrait se faire?
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C'est plaisant de vous voir anticiper mes questions. Effectivement, j'allais vous dire qu'on ne part pas de zéro. C'est censé être déjà tout fait. C'est donc une mise à jour rapide. On a bon espoir que cela se passe rapidement. C'est parfait.
Parlons maintenant des transformateurs. Les autres groupes sont rassurés, mais les transformateurs en sont encore à l'étape où vous réitérez un engagement ferme. Ce n'est pas une parodie que je fais, c'est ce qu'on entend. Ces gens sont inquiets. Peut-on espérer une annonce concrète?
Vous avez mentionné le fonds de 77,5 millions de dollars, mais celui-ci a été débloqué pour répondre à la COVID-19. Ce n'était pas nécessairement une compensation en fonction de ces ententes. Donc, il faut faire la part des choses. Les transformateurs ont besoin de ces compensations. Avez-vous une annonce pour eux?
Sans me donner une date exacte, avez-vous l'objectif de leur annoncer quelque chose au retour des Fêtes, avant mars, du moins?
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Bonjour, madame la ministre. Je suis ravi de vous revoir.
Si j'ai bien compris les mesures prévues, l'indemnisation versée totalisera 691 millions de dollars sur une période de 10 ans, ce qui donne un peu moins de 70 millions de dollars par année. J'ai moi aussi eu l'occasion de rencontrer les producteurs d'œufs et les éleveurs de volaille, et je peux dire qu'ils se réjouissent vivement de voir de telles sommes versées dans un fonds qui favorisera l'innovation et l'efficience.
J'aimerais toutefois mettre ces chiffres en perspective. Ce sont des secteurs qui doivent utiliser des bâtiments agricoles devant être chauffés tout au long de cet hiver canadien qui est à nos portes. Il y a un peu plus de 5 000 de ces producteurs. Si l'on suit la logique de mon collègue, M. Blois, on en arrive à quelque 14 000 $ par producteur chaque année en divisant l'indemnisation annuelle d'environ 70 millions de dollars par 5 000, soit le nombre de producteurs. Je suis conscient que les montants ne seront pas nécessairement répartis de cette manière, mais c'est simplement pour nous donner une idée.
Coïncidence intéressante, ce montant de 14 000 $ correspond presque exactement à celui calculé par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante quant au coût moyen de la taxe sur le carbone pour une entreprise agricole. Je rappelle que ce coût sera plus élevé que la moyenne pour les producteurs d'œufs et les éleveurs de volaille du fait qu'ils doivent avoir recours à des bâtiments agricoles.
Estimez-vous que les gains d'efficience découlant des innovations et des mesures d'atténuation rendues possibles par ces fonds d'indemnisation, comme vous l'avez mentionné, permettront d'éponger les coûts de la taxe sur le carbone pour ces producteurs?
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Merci, monsieur le président.
Je voulais en fait démontrer que... M. Epp qui est, comme nous le savons, le député de Leamington n'a pas manqué de devoir rectifier ses propos. Il a parlé de tarification de la pollution et a pour ainsi dire tiré du néant un chiffre laissant entendre qu'il y aurait une indemnisation équivalant à 14 000 $ pour les producteurs. Nous savons que cet argent ne va pas nécessairement aller aux producteurs, ce qui ne l'a pas empêché d'affirmer que toute majoration provenant de la tarification de la pollution allait en quelque sorte annuler ce soutien financier. Il s'est effectivement corrigé en indiquant qu'il n'y aurait pas de répercussions pour les agriculteurs étant donné le recours à la formule de calcul des coûts de production. Je voulais seulement que cela soit bien clair aux fins du compte rendu. Si vous souhaitez commenter la situation, madame la ministre, je vous invite à le faire.
Il y a aussi M. Steinley qui a mentionné la gestion de l'offre en parlant des marchés d'exportation. Je suppose qu'il est au courant que la gestion de l'offre relève principalement de la politique intérieure, mais il a renchéri en disant que nous ne devrions pas renoncer à cet accès aux marchés. Je sais qu'il ne faisait pas partie du gouvernement qui a fait exactement cela avec l'AECG et le PTPGP; c'est en fait le député d'Abbotsford qui a négocié de cette manière alors qu'il était ministre.
Madame la ministre, je vous laisse nous dire ce que vous pensez, si vous le désirez, de la question des coûts de production, mais je voulais m'assurer que ces deux précisions soient bel et bien consignées.